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Les avis de - Arkadi

Visualiser les 303 avis postés dans la bedetheque
    Arkadi Le 29/07/2022 à 07:57:26
    Donjon Monsters - Tome 1 - Jean-Jean la Terreur

    Après le nihilisme d'antipode moins et la poisse noire de Potron Minet ( si l'on suit le fil chronologique de lecture), voici que nous entrons dans les couleurs vives et la joyeuseté de Zenith. Cet album en est une introduction séduisante.

    4 monstres gentils et puissants, naïfs et viandards sont en quête d'un paradis ou leurs différences au monde ne seraient plus jugés, ou ils pourront vivre avec d'autres comme eux. C'est un peu "Les vieux de la vieille" de Gilles Grangier en mode héroïque fantaisie animalier. et cet Eden est Donjon.

    Bien sur, ils choisiront comme guide le pire d'entre eux : Guillaume de la Cour. Personnage incroyablement pleutre, mauvais, cynique mais qui s'en sort toujours grâce à son manque évident de valeurs humaines et d'ego. Un personnage absolument génial pour toute narration cynique et ironique. Et Guillaume ( Guy Delcourt? Sérieux!) va les conduire dans une quête commerciale d'arnaque en arnaque (qui prouvent leurs incapacités à s'adapter dans ce monde) véritablement drôle et truculente.

    C'est à mourir de rire, pétillant. Chaque élément narratif qui construit l'univers Donjon ( le héros, l'épée du destin, les villages et monde que traversent cette équipe de bras cassé) permettent des ressorts drolatiques à leurs dépens pour la plupart du temps. Et parce que nous rions à leurs dépens que nous nous attachons vite à ses personnages touchants, à ses gentils monstres.
    L'album se construit autour de la dramaturgie d'une quête. C'est une équipe avec un guide, Ils ont un but, des défis et des énigmes et tous ne sortiront pas vivant de ce périple. Mais bien sur, les auteurs décortiquent les codes pour extraire de l'absurde, du rigolo, du sautillant pour nos zygomatiques.

    Le dessin de Mazan, coloré, éthéré avec espace et silence, est en harmonie avec le propos de l'histoire même s'il manque toutefois un peu de caractère.

    Cette quête débute dans une auberge rouge pour se clôturer dans une auberge espagnole....et on trinque à rire avec nos monstres gentils.

    Arkadi Le 28/07/2022 à 15:42:54
    Donjon Potron-Minet - Tome -82 - Survivre aujourd'hui

    Et si "survivre aujourd'hui" est le dernier tome de la saga Potron minet? Cela ne me dérangerais pas. Car il construit la jonction entre Potron Minet et Zenith.

    Certes des questions resteront sans réponse. Que deviendrait Alexandra ou Jean-Michel?

    Peu importe car nous ne savons pas non plus comment est mort l'oncle Florotte ou encore pourquoi et comment Hyacinthe se marie avec Elise. Cette dernière longue ellipse a eu lieu entre "une jeunesse qui s'enfuit" et "mon fils ce tueur" et elle a permis une narration de ce dernier tome plus vive et plus haletante faisant de "mon fils ce tueur" un excellent opus.

    Dans ce tome, il faut bien l'avouer l'histoire est écrite sans inspiration. Les ressorts sont poussifs voire trop étonnant. Il y a trop de hasard heureux pour y croire sincèrement. Mais les auteurs font la jonction avec Zenith et satisfont ainsi les fans de l'univers " Donjon" dont je fais parties.

    Mais plaire aux lecteurs en remplissant les trous ne permet pas de faire de bonnes histoires en règle générale. Cet album en est la preuve. Mon plaisir est entier mais sans saveur, sans surprise.

    De plus le dessin ne me plait guère. Trop d'aplat, trop naïf et sans ligne fluide. Le dessin est en antinomie totale avec les couleurs et les courbes de toute cette série proposée au départ par Christophe Blain. Mais est-ce le but puisque l'univers graphique de Zenith est tout le contraire?

    Alors Mr Sfar et Mr Trondheim ne remplissait pas les trous si vous ne sentez pas suffisamment bonne votre histoire qui le ferait. Même si il est nécessaire, il est vrai, de faire jonction entre les séries pour nous, pauvres lecteurs tellement exigeants.

    Un tome nécessaire mais tout en facilités et fadeur...

    Arkadi Le 28/07/2022 à 15:17:09
    Donjon Potron-Minet - Tome -83 - Sans un bruit

    Il est toujours compliqué d'écrire une histoire de reprise qui suit un cycle aussi parfait que celui d'Antipolis. Et pourtant, c'est réussi en tout point dans ce nouveau tome.

    D'abord parce qu'il clôture ce cycle dans la destruction totale des grandes familles d'Antipolis suite à la vengeance ( final magnifique de cet opus).

    Parce que le dessin de Gaultier est somptueux. Le détail des décors épouse la bible graphique de Blain. Les cases, certes parfois trop petites, sont toujours dans cette noirceur qui caractérise la saga Potron-Minet et le mouvement des personnages sont toujours d'une grande fluidité.
    Parce que le scénario est bougrement intelligent. Antipolis est donc détruite et ses poussières de stupre et de de vices se seraient déversés sur Terra Amata. Et durant la quête épique et chevaleresque d'Arakou, accompagnée par le personnage magnifique et torturé d'Alexandra, l'ancienne vie dont il est le symbole va se télescoper avec celle qui fut dans la ville du vice. Et peut être même que pour éviter la désillusion (voire la mort sinistre) sur la condition humaine, il faut faire comme Miguel.

    Car au delà des moments drôles autour de Cormor et de sa naïveté positive ainsi que du Troll au pont en quête d'un nouveau pont, "Sans un bruit" est poisseux, inquiétant et le drame monte crescendo jusqu'au final ultra violent autant que salvateur.

    Encore un coup de maitre.

    Arkadi Le 27/07/2022 à 09:31:29
    Donjon Potron-Minet - Tome -84 - Après la pluie

    Album qui clôture la période "Antipolis" de Donjon. Et la fin, tout comme le cycle ( à part le triste "crève cœur") est magistrale.

    L'histoire passionnelle entre Alexandra et Hyacinthe est la matrice de cet opus. Tour à tour mortifère, proche de la folie des sens, vulgaires ( la scène de la prostitué) et courtoises ( Alexandra en blanc lors de la convalescence), violente et destructrice autant que douce et infantile, cette relation dévorante est magnifiquement bien écrit avec deux personnages torturés, cyniques, suicidaires car leurs vies et leurs émotions ne coïncident en rien avec leurs désirs et leurs besoins de maturité.
    Que j'aime le personnage d'Alexandra, tour à tour domina et soumise, violente et douce, son rapport au monde est dans la chair et la passion la rendant folle au cheveux hirsutes autant que blanche et belle au bois dormant allongée et pleurant son prince broyé dans son lit.

    Et Blain construit autour de cette relation un décorum tentaculaire et tortueux de rues et de toits qui symbolisent la passion de ce couple. la ville, autant nocturne, pluvieuse que lumineuse, épouse les émotions. Jusqu'à sa destruction plus symbolique qu'architectural dans le dessin. Blain a fait d'Antipolis un personnage à part entière qui s'exprime par ses dédales et ses toitures. Du grand art pour un illustrateur génial.

    Et tout le capitalisme décomplexé de la ville l'amène à sa destruction. Elle meurt donc par là ou elle a péché. Antipolis, c'est Sodome. Antipolis est biblique dans son existence. Biblique aussi dans sa conclusion. Il suffit d'un jour pour les hommes redeviennent des bêtes. Ils étaient donc des animaux sans âme auparavant. seul la ville leur en donnait un semblant.

    Le final est absolument magnifique enfin. Epique et sanglant, on assiste peut être à la première quête d'aventuriers en mal d'aventure qui sera la raison du DONJON. Les monstres sont lâchés. Il y a un trésor. Le Donjon est donc prêt à rentrer dans son ZENITH.

    Encore du grand Art.

    Arkadi Le 27/07/2022 à 08:16:15
    Donjon Monsters - Tome 8 - Crève-Cœur

    Alors que le cycle Antipolis de potron Minet est une réussite totale grâce aux crayons de Blain, Blutch et Vermot-Desroches, alors que Joann Sfar et Trondheim ont été d'une inspiration géniale durant ce même cycle, voici l'album à oublier vite mais alors très très vite.

    D'abord le dessin. Nine, d'habitude incroyable dans ses espaces, son architecture et ses couleurs livre ici le minimum syndical. Ses estampes sont ici proche du "j'en ai rien à f...". Les personnages sont figés dans une posture toujours identiques ( Comment alexandra peut-elle rester si propre, ses cheveux si fluides en étant rester des semaines dans un cloaque?), ses décors ne sont que des formes grises et ses couleurs, la force originelle de l'artiste, sont sans aucune motivation. Certes, cet auteur est très atypique et son travail d'illustration est toujours proche de l'œuvre. Ici, rien.

    Pourtant, il me semble que les scénaristes ont tout fait pour lui rendre la tache plus aisée. Car, pour moi, lire une histoire si décousue de deux scénaristes- orfèvres à l'accoutumée implique une raison et cette raison est celle-ci: permettre à Nine de construire confortablement ses dessins.
    Certes, j'ai aimé que l'histoire prenne le temps sur la détention d'Alexandra dans l'égout-cachot comme j'ai trouvé pertinent et accrocheur émotionnellement le traitement du personnage de la souris prisonnière. Mais le reste...bon dieu...le reste que c'est étrangement mauvais! L'interview prétexte à un guet apens fait tellement "deus ex machina". Les 3 tentatives d'empoisonnement font chuter le rythme de lecture qui prend déjà tellement son temps en interview et en prison. Mais c'est La réaction de Hyacinthe vis à vis d'Alexandra lors de leur rencontre finale qui est le pire. Ayant tout fait pour la sauver jusqu'à séquestrer des dizaines de personnes, il la rejette car elle est rentrée chez lui ( maisonnée gigantesque) et qu'il est en famille? Sérieux ? Alors oui cela tente d'expliquer le meurtre d'Elise dont on ne sait quasiment rien. On l'a quitté folle excitée par Horous pour la retrouver mariée à Hyacinthe et si cynique à son endroit. A peine est-elle mariée qu'elle est morte. C'est dire le peu d'intérêt que le lecteur peut avoir sur son décès tant il y à d'incompréhension sur son sujet. Et, même, le personnage d'Alexandra qui est une surhumaine puisque elle n'est jamais exténuée malgré l'enfer, part folle et retourne dans le sensé comme qui rigole.

    Question univers Donjon, on comprend comment Hyacinthe est devenu maitre des assassins et ça c'est bien.

    Mais à part ça.....on oublie vite

    Arkadi Le 26/07/2022 à 09:17:06
    Donjon Monsters - Tome 7 - Mon fils le tueur

    Encore un opus dès plus réussi avec toutefois quelques regrets.

    Le plaisir de voir Blutch dans l'univers Donjon d'abord. L'artiste construit des décors de la ville absolument somptueux de gothisme et de traits désordonnés construisant un tout harmonique architecturale. Les magnifiques cases ou la chemise de la nuit vole de toit en toit sont tout simplement superbes. Petit désidérata tout de même: les nuits de Blutch sont grises et non noires, les soirées trop colorées et cela entache la bible graphique de Potron minet. Du coté des personnages, les propositions du dessinateur sont magistrales. Horous est inquiétant. hyacinthe, tout en rondeur, est cynique.

    Du coté du scénario, il y a un saut dans le temps qui ne permet pas d'entrer dans cette histoire policière pourtant haletante et à rebondissement, suite et fin de l'album de "la nuit du tombeur". Car Hyacinthe est marié et chef des assassins. Jean Michel est battu dans cette bataille entre lui et hyacinthe durant les 3 premiers tomes de Potron Minet. Il semblerait même que notre futur gardien soit désormais le chef de maison appartenant à son oncle. Tant de changement sans explication nous oblige à nous repositionner avant d'intégrer la narration qui apporte encore de nouvelles réponses à l'univers Donjon, tel que la mise au ban des magiciens.

    Ce genre d'ellipse étonne. Et nos scénaristes aiment surprendre. Je ne suis pas contre d'ailleurs ces effets de saut dans le temps tant que l'histoire que je lis est surprenante. Et tel est le cas dans cet album sans temps mort ou le cynisme de hyacinthe est à maturité. Cet ellipse sert d'ailleurs le rythme de l'album, particulièrement drôle grâce au duo de Marvin enfant avec sa mère.

    Car, oui, Marvin fait sa première apparition ici et c'est truculent. Il est le déclencheur de tous les rebondissements sans en comprendre les tenant et aboutissant comme un chien hilarant dans un jeu de quille.

    Arkadi Le 26/07/2022 à 08:21:07
    Donjon Potron-Minet - Tome -97 - Une jeunesse qui s'enfuit

    Tout d'abord, le travail de Blain. Magnifique. les premières pages de nuit noire dans une ville noire le prouve. La violence du meurtre et la transformation du personnage de hyacinthe le prouve aussi. les premières planches sont tout simplement superbes d'intensité émotionnelle et de maitrise graphique.

    Puis vient le périple ou deux types de justices (l'ubuesques et racistes de Xaumatauxisne et la kafkaïennes de Nécropolis) se télescopent avec celle de la chemise de la nuit, (courtoise et chevaleresque). Et cette quête de sens ou Hyacinthe (meurtrier et perdu) découvre les croyances et les facettes nombreuses d'une justice multiple lui permette enfin de voir juste, selon le taureau avocat ( meurtriers et rentre dedans). Derrière ses pleurs d'enfant se cache le passage à la maturité. Il n'empêche la cause reste noble puisque c'est pour sauver une princesse en détresse que notre adulte-enfin utilisera tous les ressorts et manipulations. pour gagner. Ainsi, si le but en soi est chevaleresque, les moyens pour l'obtenir, désormais, ne l'est plus. Hyacinthe suit le chemin de vie, pragmatique et calculateur, de Horous ( dans le tome "la nuit du tombeur").

    Enfin, il y a dans cet album l'un des plus beaux fusils de Tchekov qu'il m'est été donné de lire: La bourse. Car il est surprenant et détonnant dans son obtention et son utilisation. Car il est un symbole parfait de transformation de Hyacinthe. Car il est utilisé avec les brous qui, dès le premier album, furent les premiers à commencer de détruire les rêves chevaleresques de notre personnage principal. Avec cette bourse, c'est eux véritablement qui le transforme.

    Un sans faute pour un opus parfaitement réussi.

    Arkadi Le 25/07/2022 à 10:18:40
    Donjon Monsters - Tome 5 - La Nuit du tombeur

    Lorsque le personnage principal d'une histoire est habillement écrit, cela donne presque toujours un excellent moment. C'est le cas dans cet album, peut être l'un des meilleurs de la saga Monster chez Donjon.

    Ici Horous est le personnage central. Tour à tour, naïf et pragmatique, calculateur froid et amoureux puceau, s'il possède la froideur du scientifique mortifère il est également digne de valeurs fraternelles comme de fidélité. Autour de lui donc se trame une intrigue magique et policière dont il est victime assez haletant et son caractère particulièrement bien définie par les scénaristes permettent des rebondissements dans l'histoire détonant, surprenant ainsi le lecteur tout le long de la lecture.

    L'humour est toujours présent au dépend souvent de la difficulté pour Horous de s'insérer dans la vie sociale, lui qui est, il faut bien le dire, un sociopathe. Et c'est par les visicitudes du destin qu'il y parvient. C'est drôle, haut en couleur jusqu'à la bataille finale dans la morgue qui est parfaite de maitrise. L'étonnement d'une narration haletante et bourrée de rebondissement font de cet opus l'un des meilleurs de la série.

    On peut considérer que le désir féminin est caricatural dans ce tome. Les personnages féminins ne sont que des midinettes assoiffés de plaisirs, prêtes à tout pour obtenir de jouir. Mais Sfar sait d'habitude habillement les dépeindre dans tous les autres albums comme des personnages fortes. alors on peut croire que leurs comportements est le résultat d'un sortilège.

    De plus, Le DONJON continue petit à petit sa construction pour entrer dans son Zenith. Ici ce sont les raison pour lesquels les monstres apparaissent dans le monde. Et c'est amené de manière drôle et pertinente.

    Et les 46 planches, en plus d'être magnifiquement écrites sont superbement dessinées. Vermot est au diapason dans l'univers de Blain qui a construit la bible graphique de Potron minet. Et, en plus, il y met sa patte plus perfectionniste dans les décors et les personnages. Et c'est un sans faute.

    C'est surprenant car cette histoire secondaire d'un personnage secondaire est peut être l'un des meilleurs de la saga.

    Arkadi Le 08/07/2022 à 09:15:14
    Michel Vaillant - Tome 7 - Les casse-cou

    A l'époque insouciante des années 60, la bande dessinée avait fort mauvaise presse pour les psychologues pour enfants et autres trublions des valeurs familiales. trop violent, trop peu littéraire et trop indiscipliné, les "petits mickeys" comme aimait nommé Goscinny par réactions aux mauvaises critiques, ces planches à dessin de distraction qui deviendront le 9ème art avaient fort à faire pour obtenir l'agrément des adultes bien pensant.

    C'est pourquoi, le journal de Tintin aimait à faire du documentaire intelligent et verbeux. Les casse cou en est un digne représentant. Et c'est avec la rencontre de Gil Delamare que Graton trouvera son chemin à faire du docu BD.

    Gil Delamare était LE cascadeur du cinéma français. Il mourra quelques années plus tard la parution de cet album dans les pages du journal d'Hergé dans une cascade pour un film avec Jean Maris ou son obsession du perfectionnisme le condamnera.

    Dans cet album, Gil Delamare est un personnage aussi important que Michel vaillant. Il en est même un double du champion dans la vrai vie tant il est dépeint avec les mêmes valeurs humaines. Steve Warson , absent de l'album, n'est même pas mentionné ( ni ellipse, ni introspection). C'est dire combien cette amitié entre Vaillant et Delamare est importante aux yeux de Graton.

    Certes, l'album est parfois trop verbeux. A vouloir être un documentaire précis sur la cascade au cinéma ralentit le rythme d'une histoire hybride. Certes l'historiette policière n'est qu'un prétexte à construire un peu de suspense et de rythme. Sans elle, il n'y aurait guère d'intérêt pour un lecteur des années 2000.

    Il n'empêche et comme toujours les dessins sont superbes. La vaillante "Grand prix" est certainement l'une des plus belles vaillantes dessinée par Graton. Et les multiples histoires autour de l'intrigue principale font toujours mouches de drôleries humaines ou de constructions simples mais magiques des personnages secondaires. Ici on prend le temps de construire des cases pour, juste, dire ce que choisissent les personnages comme menu au restaurant. Et ce temps qui prends le temps est agréable et apaisante. Ici, on prend le temps de faire des cases pour raconter les émotions des personnages. Et ça aussi ça fait du bien.

    Cet album est un triple documentaire en définitive. Sur la cascade au cinéma bien sur mais aussi sur les coulisses du cinéma des années 60. C'est surtout un documentaire sur la société des années 60 en France. Car à prendre tant de temps comme le fait l'auteur, il nous permet, comme dans ces 13 premiers albums, de prendre une machine à remonter le temps et, par la lecture, d'y passer du temps comme si on y était.

    Et c'est aussi cela le plus magique de cet album curieux, atypique et si sincère dans son humanité et ses valeurs nobles.

    Arkadi Le 08/07/2022 à 08:25:15
    Donjon Potron-Minet - Tome -98 - Un justicier dans l'ennui

    Potron-minet au Zenith?

    Le second tome de cette série est certainement presque aussi réussi que le premier. Au delà des petites histoires qui font corps à l'intrigue principale et qui construit l'arc narratif dans sa totalité de tous les tomes, ll y a la bataille homérique (et drôle aussi) entre le personnage principal et son némésis, entre ce qu'il veut devenir et ce qu'il risque d'être dans son avenir.

    Quand Jean-Michel parle quasiment par phrase courte et vulgaire, Hyacinthe est lyrique. Quand l'un agit selon son cœur, l'autre le fait pour ses intérêts. Quand l'un est d'un égoïsme crasse ( il n'a aucune sympathie, ni d'attention pour celui qui le traite comme son fils), l'autre est entouré d'amis qui le sauvent d'ailleurs sans faire exprès ( le tabac de la pipe à bon dieu) et qui construisent son avenir ( le DONJON). Quand l'un baise, l'autre est un chaste amoureux ( avec toutefois une propension aux mains baladeuses- il reste aussi un ado-). Et parce que les deux forces sont diamétralement opposés, le duel à l'épée est dantesque sur de longues planches!

    Comme le premier tome, l'histoire centrale est une totale réussite de symbole et de pertinence. Les ^personnages sont extraordinairement bien écrits et le rythme, l'humour ne cessent pas une seule seconde. Le tabac qui dénude, par exemple, est une drôlerie de pertinence.
    Comme le premier tome, le dessin est superbe d'ombre et de lumière, de contraste et d'émotion. Christophe Blain est un orfèvre qui construits sur les lieux multiples ( la ville, la forêt, le futur donjon), des ambiances qui racontent et approfondissent plus encore l'histoire que l'on lit. Et il suffit parfois à Blain d'un seul trait pour raconter l'émotion vécu par le personnage.

    Blain est un orfèvre qui se met au service du propos intense et superbe de Trondheim et Sfar. Du grand art.

    Arkadi Le 08/07/2022 à 08:02:48
    Donjon Potron-Minet - Tome -99 - La chemise de la nuit

    Capitalisme et cape et épée:

    "La chemise de la nuit" raconte la découverte d'un candide, jeune homme chevaleresque à la Chrétien de Troyes, dans les rues cloaques d'une capitale à la SIN-CITY. ( l'esprit pouvoir anarchique en plus). Et c'est magnifiquement raconté.

    Toutes les anecdotes que rencontrent Hyacinthe le ramène à sa candeur infantile et son esprit romanesque face à cet univers du chacun pour soi ou tout est affaire d'argent.

    Quand Hyacinthe accède à la capitale ou, sans argent, il faut se baigner de merde, s'imprégner de la ville pour y vivre. Quand Hyacinthe narre, noble, qu'il rédige un journal intime sur son cheval, son meilleur ami qui sera bouffé trois cases plus tard et dont ces écrits finiront en PQ. Lorsque Hyacinthe tente des actions d'adulte au cœur noble qui se clôture toujours par un bain ou les femmes l'infantilisent. A chaque fois que Le petit héros tente de s'émanciper en suivant ses rêves, cela se clôture par le retour maternant et la désillusion.

    Et quand il réussit, il ne le fait guère exprès. Ce sont les autres qui réussissent pour lui. Ces autres-là qui sont bien les seuls à mériter d'être sauver de cette ville mortifère. Les lutins, L'arbolesse, Hyppolite ( Le père du Alcibiade du Donjon Zenith). Ce sont ces autres, enfin, qui, soudés autour de la personnalité généreuse , honnête et sincère de Hyacinthe, construisent les réussites de "la chemise de la nuit" ( ce double vengeur qui permet à Hyacinthe de ne pas succomber dans cette ville sombre). Tout comme ils construisent aussi ce qui deviendra le donjon à son zénith.

    Car la ville est un personnage à part entière. les meurtres d'argent y prolifèrent. La police y meurt dans l'indifférence totale. Les rues y sont sales et les personnages honnêtes y sont salis juste d'y vivre. C'est la ville de la tentation et du marasme humain qui est magnifiquement dessiné par Blain.

    Dans cette multiplicité de personnages savoureux, il y a le dessin génial de Blain. Son trait, ses ombres, ses perspectives toujours finement dessiné par un virtuosité de traits brouillons offrent à la lecture une ambiance nocturne et oppressive qui rendent aussi la ville omniprésente.

    L'œuvre est donc un chef d'œuvre. Tout fait sens. Chaque action de hyacinthe, notamment, permet les symboles de ce qu'il est face au monde autour de lui qui va, on le sait, le bouffer. Car, dans Zenith, il est aussi un un capitaliste prêt à tout pour son trésor.

    Et "Potron minet" va nous expliquer pourquoi.
    Et oui j'ai hâte de la savoir.

    Arkadi Le 05/07/2022 à 07:37:40
    Donjon Monsters - Tome 11 - Le Grand Animateur

    Bon. Dans une série de plus de 50 publications, il faut bien des albums préférés comme des honnis. Et celui-ci est clairement en compétition avec les derniers du classement.

    Car, ici, rien ne va. Tout est en carton pate.

    Les personnages sont tous lissent autant que les comportements des automates. La bataille avec le mal absolu qui devait être dantesque est un pétard mouillé. Il y a tellement de rebondissement que c'est la tête à queue assurée dans la lecture. Et les ressorts ( du feu sacré qui ne sert à rien comme l'entité qui apparait comme par enchantement) sont des "deus ex machina" à répétitions.

    Et, comme si tout cela ne suffisait pas, les dessins sont au diapason. Couleurs fades, aucune profondeur, les planches sont boursouflés de carrés, de ronds, de rectangles et de triangles pour tout mouvement et crayonné. Ces géométries en aplat constant ralentit le rythme de lecture alors que le scénario se veut rapide.

    Je comprends ce choix de faire dans le naïf, comme les estampes du moyen Age dans les lignes de fuite, et le dessin d'apprentissage dans la géométrie. Nous sommes dans une genèse. Il est donc amusant de dessiner comme avant et comme au début. Mais cela ne fonctionne pas. Le parti pris est trop aux antipodes avec la série.

    Et puis cette genèse est si décevante. Il y a certaines réponses en effet. Mais elles nous sont donnés rapidement et sans aucune pertinence. Certes, il y a de bons moments. Certes les repères fonctionnent parfois, mais cela ne suffit pas de surfer sur la nostalgie. C'est sans couleurs, ni relief. Sans savoir faire. Exactement comme le dessin.

    Une génèse raté avec deux, trois bons moments.

    Arkadi Le 04/07/2022 à 17:14:02
    Donjon Antipodes - - Tome -9999 - L'inquisiteur mégalomane

    A part un titre pas vraiment pertinent ( Si l'inquisiteur est la lie de l'humanité, il n'a pas le défaut de mégalomanie mais il faut bien un titre qui rime, non?), l'album est savoureux.

    La première partie est d'un humour noir irrésistible. La dictature Elfique, proche du monde Orwellien, assujettie avant tous les esprits. Et de là découlent des dialogues si nihilistes dans la dénonciation, la peur des autres et de soi même, des actions si stupides dans le jusqu'au boutisme de la doctrine de peur. C'est un pur régal de cynisme. Seul Yoda, avant de mourir, dit une chose sensée....et ridiculement drôle.

    Puis vient une seconde partie, légèrement moins drôle, mais qui n'a pas que ça à faire car le développement de l'histoire dans la saga est aussi important que son humour. Et, dans ce tome, les auteurs construisent à nouveaux et par petites touches l'univers Donjon. On découvre le proto-Donjon qui était déjà un lieu de trésor. On comprend comment les animaux deviendront bipèdes et loquaces. Et c'est franchement bien vu, pertinent avec des ressorts qui fonctionnent parfaitement. Et tous les personnages sont, comme toujours, très bien écrits.

    Les dessins sont aux diapasons de l'univers graphique du Donjon durant sa période Potron-Minet et, moi, cela me plait cette harmonie des couleurs et de palettes. Certes Panaccione se prend les pieds dans le tapis durant les planches ou les dragons sont des personnages importants. ils sont tout petits petits ,rabougris et même gauche (aussi dans les grandes cases) mais cela ne gène pas le rythme de lecture car son dessin reste en mouvement et impulsif, tout en courbe et vivant...bref en osmose avec le scénario.

    Bref du bon travail réjouissant.

    Arkadi Le 02/07/2022 à 22:45:33
    Donjon Antipodes - - Tome -10000 - L'Armée du Crâne

    Une histoire de chiens errants seraient à l'origine de l'univers "Donjon"? Le postulat de départ est savoureux.

    Ici, on assiste à l'errance de deux cabots ayant des buts simples et opposés dans un monde forcément rude et barbare. Entre les peuples d'orques et d'elfes qui ont en eux la même violence et le même égoïsme individuel et les humains lâches et pleutres, le monde d'avant Donjon est aussi moche et misérable que celui de Donjon.

    Dans cette périnigration à but trivial, les auteurs nous servent une multitude de personnages savoureux. jusqu'à un Yoda cynique et égoïste. Et seuls les deux chiens deviennent, petit à petit et malgré leurs souhaits de confort pour l'un et suicidaire pour l'autre, attachant. Particulièrement le chien d'orque qui est le seul à avoir un but un tantinet noble : mourir aux pieds de son maître. Lui même le dit, il est différent des autres car il est le seul dans ce monde à avoir un sentiment réel d'amour.

    Les dessins sont tout de mouvement, vivant et rythmé. Les couleurs servent merveilleusement ce monde rustre et rugueux.

    C'est une belle histoire digne d'un Donjon de parfaite facture. Les auteurs nous régalent par ce premier tome, augurant une nouvelle série qui sent bon le plaisir insatiable d'en savoir d'avantage dans cet univers à plus de 50 albums déjà..

    Arkadi Le 02/07/2022 à 22:10:52

    histoire apocalyptique comme il était coutume d'écrire dans les années 80.

    la terre est devenue acide par la pollution et la gestion capitaliste des hommes. La mer l'est plus encore. Et, les derniers animaux restant se sont adaptés à cet écosystème. Ils sont devenus aussi plus destructeurs. Alex, le personnage principal, est un loser beau gosse, marié à Marylin, belle, vénale et égoïste.
    Il pèche, la nuit, l'alligator blanc en scaphandre et arme létale pour donner la belle vie que sa femme croit méritée.

    Beaucoup d'action dans un rythme qui se veut haletant mais qui, par un mauvais découpage, casse la vitesse de lecture. Il y a de belles idées.: le sexe technologique, le fils déjà désabusé et une civilisation décrépit par des détails bien amenés, construisant ainsi une ambiance de fin de monde. Les couleurs sont glacés. Le dessin fait le minimum syndical et le final, étonnant de froideur émotionnelle, est une conclusion rapide, trop d'ailleurs, qui enfonce le clou au propos global. Un sorte de twist qui se veut surprenant mais qui tombe à plat car la raison du twist est expliqué verbalement pendant que, hors champ, cela se passe. On ne peut pas mieux faire pour désintéresser le lecteur à ce qu'il lit.

    Il y a parfois de vrais et beaux moments de lecture visuelle ( L'ascenseur, les scènes de ville). Mais, à part cela, la lecture demeure froide.

    Voila un one shot qui fait le job sans motivation particulière. Dommage.

    Arkadi Le 01/07/2022 à 08:07:38

    La curieuse et ridicule traduction du titre ne doit pas minorer l'excellence de l'œuvre. Car, l'air de rien, c'est une petite pépite de derrière les fagots que nous avons là.

    Grandement inspiré (évidemment) de "la moisson rouge" de Dashiel Hammett ( qui avait déjà inspiré le Yojimbo de Kurosawa puis le "Pour une poignée de dollars" de Leone ou le "Dernier recours" de Hill) Mignacco y ajoute une suite spectaculaire de rebondissements. Le final, inspiré lui du "Parrain" de Coppola est un twist assez savoureux. Le rythme, haletant en diable, empêche toutefois le développement des personnages. On ressent bien qu'il y a des tentatives de profondeur comme celui du personnage féminin, magnifique de nudité et à l'esprit machiavélique. Mais ces essais échouent malgré tout car l'œuvre se veut aussi bourré de scènes d'actions particulièrement réussies.

    Du coté du dessin, Rotundo est un orfèvre du noir et blanc. Son dessin impressionnant de maturité, ses scènes d'actions parfaites et ses découpages oscillent à la perfection avec l'ambiance des romans noirs des Sam Spade, Mickey Spillane et Philip Marlowe.

    Un pépite du polar bien noir que voila.

    Arkadi Le 30/06/2022 à 22:47:41
    Michel Vaillant - Tome 6 - La trahison de Steve Warson

    Que les choses soient claires, les 13 premiers albums de la série sauront toujours indispensables à mes yeux.

    Le temps de lecture en 64 pages ou la tension monte toujours crescendo ? Graton sait faire.
    Prendre le temps aussi pour raconter tout plein de petites histoires savoureuses, rieuses dans la grande histoire charpentant ainsi une structure narrative dense par la personnalité des personnages et les situations multiples qui racontent si bien les vies que l'ont suit par la lecture ? Graton sait carrément trop bien le faire.
    Raconter la course automobile en ravivant des courses cultes et des lignes de voitures magnifiques? Graton est carrément là un génie.
    Raconter les vrais coureurs automobiles, les rendre attachant? Graton débute ici en mettant en lumière les frères Bianchi qui sont devenus un peu éternel grâce à la série.
    Des dessins splendides et des couleurs magnifiques? Graton et sa femme savent faire. D'ailleurs c'est la meilleure période à mes yeux pour Jean Graton en tant que dessinateur. Car ici les personnages sont aussi importants que les décors.

    1ère trahison de Steve Warson ( et il y en aura bien d'autres), l'histoire certes raconte toujours un peu la même trame que le 1er tome, 3ème et 5ème tome. Certes, la conclusion n'est que du verbiage, certes cet album est moins réussi que les précédents dans son histoire principale. Mais Jean Graton publie quasiment 3 albums de 64 pages tous les 2 ans durant ces années là. Il est un stakhanoviste absolu du 9ème art. Alors, ce n'est pas si grave que ça.

    Car les années 60 sont là, l'histoire est intense et la culture de la course automobile devenue éternelle.

    Arkadi Le 30/06/2022 à 22:26:48
    Broussaille - Tome 1 - Les baleines publiques

    Elles sont rares ses histoires ou la poésie et le vagabondage poétique priment sur la structure de la trame. Car Certes, l'histoire est une ineptie. Comment une baleine peut-elle vivre sous une bibliothèque depuis tant de décennie? Comment peut-elle transmettre ses pensées par télékinésie? Et, si tel est le cas, pourquoi à ce Mr Petit il y a 30 ans et ces deux ados aujourd'hui en particulier ?

    Peu importe, le plaisir est ailleurs.

    D'abord la ville et ses habitants. Franck par son dessin superbe de détails féconds et de rondeurs juvéniles en font des personnages aussi important que notre couple. L'ambiance morne et marine, gris et surannée est palpable dans sa chaque case de son dessin magnifique. L'ambiance d'un automne nostalgique coule littéralement en envahissant la lecture.

    Puis il y a les cases qui par le simple dessin raconte la déambulation poétique. L'imaginaire lumineux qui enrobe la nostalgie monotone de cette ville grise.

    L'enquête alambiquée est un prétexte pour nous proposer une palette de personnages secondaires plus savoureux les uns que les autres. Chaque visage raconte une émotion, chaque dialogue (même les plus anodins) aussi.

    L'œuvre est faite pour les enfants sans les infantiliser. Elle est intelligente ou le fantastique ne sert que la poésie des émotions humaines et des rêveries humanistes (le passage de l'homme politique transformé en oiseau est savoureux).

    Et le dessinateur adore "Kate" de Cosey. Alors il ne peut avoir que des qualités...

    Arkadi Le 30/06/2022 à 22:05:32
    L'horloge - Tome 3 - L'Horloge - Tome 3

    Il y a deux options critiques à la fin de la trilogie:

    1- On reste médusé par l'ineptie finale, incrédule par tant d'intrigues non clôturées (jusqu'à la principale). Alors on file sur BDgest vérifier que la série n'est pas abandonnée. Et elle ne l'est pas. Alors on peste contre un auteur qui ne connaît pas son job à raconter des histoires. On lui colle quelques noms d'oiseaux au passage et puis on furète sur les réseaux pour connaitre l'avis d'autres et on reste ébaubie par tant de louanges. Et alors on passe ( peut être) à la seconde étape.

    2- On réfléchit. Oui les 12 signes zodiacaux ont été poser dans chaque chapitre possédant une couleur spécifique. Oui Roosevelt nous offre un jeu de piste réflexif jusqu'à l'incompréhension. L'horloge est le symbole d'une vie. Une vie non rêvée. Le troisième tome narre la fin de vie. L'ïle. Avalon que nos héros rejoignent par la représentation des 3 formes de vie humaine, par le même ange en 3 anagrammes. Clôture-t-on les histoires lorsque la vie se tarit? Qu'est ce qui est le plus important la quête du Graal ou le Graal? Ce même Graal que personne jamais n'atteint durant une vie entière. Une fin de vie ou la résignation est la dernière énergie.
    Les premiers chapitres narraient l'enfance dans cette dictature parentale ou la bienveillance est fait de couleurs et de lumière, sans savoir ni réflexion. Puis les chapitres suivant narrent la violence des émotions de l'adolescence et des chemins à prendre bon ou mauvais. Enfin la vie d'homme et les conséquences de ses actes et enfin la fin de vie, résiliente. Une vie qui se clôture sans rien clôturer.

    Il y a donc deux choix possibles.:
    1- Roosevelt est une feignasse. Sa trilogie est de la masturbation intellectuelle. Il est pas foutu de tenir ses trames et s'est pété les dents en se foutant de notre gueule.
    2- Roosevelt est un génie. Sa trilogie est immersive, détonante d'ésotérisme avec une multiplicité de pistes afin que la réflexion du lecteur soit totale. Son jeu de piste, certes complexes, apporte des éléments majeurs à la pensée philosophique. Si Roosevelt les sème, il n'aide pas à l'arrosage et encore moins à la récolte. Tout est le fruit du travail du lecteur.

    Au vue de ma note attribuée, vous savez quel est mon option. A vous maintenant de choisir après la lecture de cette trilogie qui détone littéralement dans l'œuvre de l'auteur.

    Arkadi Le 06/06/2022 à 22:01:25
    Dérives (Andreas) - Tome 1 - Dérives

    Andréas demande à des copains de faire des scénarios sur 3 ou 4 pages. Avec ces histoires, ce génie construit des graphismes avec lesquels il quitterait son champ de confort. Et oui, il nous prouve encore et encore que c'est un orfèvre le gugusse. Mais non, il ne quitte en rien son champ confortable car toute sa carrière est d'une grande exigence et, presque, à chacun de ses albums, il nous en met plein les mirettes tant son champ confortable est justement de ne jamais y être!
    Alors, oui, il y a quelques histoires qui résonnent plus que d'autres et, oui, le dessin est comme toujours détonnant de malice et de savoir faire.
    Mais ce plaisir de lecture est tellement sautillant de courtes histoires en courtes histoires que l'ennuie nous emporte aussi. Ce genre-là irait bien dans un mensuel ou l'on découvrirait un épisode tous les mois avec toujours ce même plaisir béat à la prouesse technique et même à l'histoire souvent bien foutue...

    Là non

    Les historiettes ? ça fait un bon album? Ma réponse à moi est non. Même si c'est de l'Andréas au pinceaux.

    Arkadi Le 06/06/2022 à 21:36:12
    L'horloge - Tome 2 - L'Horloge - Tome 2

    4 nouveaux chapitres, 4 nouvelles heures. 4 nouveaux signes zodiacaux.

    Dans le 5ème chapitre ( le lion), ce sont les préparatifs du voyage qui œuvre. Et les personnages retirent tout le savoir d'un coquillage pour en faire un véhicule afin de leurs permettre de voyage vers l'ouest. Là ou se trouve les réponses.
    Dans le 6ème chapitre ( la vierge), ils échouent contre un mur immense et sont recueillis dans le verbiage et la connaissance saturée de présomption. Hélas, ces chants du savoir imbue causent la séparation. Et la nudité innocente de Vi se transforme elle aussi en prétention de marquise.
    Dans le 7ème chapitre ( Balance), c'est les promesses qui seront non tenues, les cadeaux merveilleux qui ne dureront pas. D'ailleurs, c'est l'automne et les couleurs changent. Nos héros font semblant de trouver cela beau.
    Dans le 8ème chapitre (le scorpion), c'est le retour à la réalité et la violence. La mort et la désillusion immédiate.

    Roosevelt narre son propos aux travers de ses tableaux peints avant la rédaction de cette trilogie qui a l'apparence de la beauté mais qui s'enfonce petit à petit dans la désincarnation du mythe du savoir, dans la destruction du corps car ils ne sont plus en harmonie avec les émotions primaires.

    La narration reste certes classique et le dessin, un brin naïf et peu détaillé, ne sert que le propos. Certes le cadrage est également très conforme aux cases des tintinophiles. Rien par là ne pousse à l'œuvre ambitieuse. Mais le montée crescendo vers le néant, vers la face viscéralement horrible de l'homme se ressent au fur et à mesure. Et il apparaît au tout dernier chapitre de ce tome dans la violence d'une exécution d'une jeune fille prisonnière (et qui le souhaite tant sa vie est décharnée) et dans l'avenir en cliffhanger de Vi.

    on croit l'œuvre naïve. Il n'en est rien. Roosevelt sait gérer son propos, à sa manière indiscutablement différente et unique dans le 9ème art.

    Arkadi Le 05/06/2022 à 19:21:46
    L'horloge - Tome 1 - L'Horloge - Tome 1

    L'œuvre de Roosevelt est si atypique, L'univers de Juan Alberto plus encore. La trilogie de l'horloge est le premier caillou dans l'univers du Canard, double de l'auteur. Nous attendons le 4ème tome de Juanalberto, maitre de l'univers. Ici, on retrouve également Ian et Vi, qui seront les personnages principaux de "CE" , œuvres testamentaire de Roosevelt selon ses propres dires et ou apparait Juanalberto en personnage secondaire. On les reverra tous trois dans "la table de vénus" et "Juanalberto dessinateur".

    Bref, ici apparaissent les personnages principaux, égéries et véritables doubles de l'auteur. D'ailleurs ( et est-ce une prémonition?) Roosevelt donne au visage du peintre aveugle le sien et se tue ( par meurtre ou suicide) dès le premier chapitre.

    12 chapitres feront la charpente de la trilogie. les 4 premiers font le premier tome. 12 chapitres,, 12 signes du zodiaque, 12 heures dans une journée. Bélier, (le fauteuil), Taureau (les vases), gémeaux ( les orateurs), cancer ( la cueillette et le repas). 12 anges qui sont les acronymes (ou quasi) du même et unique ange.

    Dans ce premier tome, il n'y a pas de dictature et on en parle. Ian, Vi et Juanalberto y vivent en plein dedans mais il y fait bon vivre. L'écriture, les dessins prohibés mais la vie est douce dans le monde des coquillages volants. Il y a les fêtes autour de la dernière œuvre du peintre (Roosevelt donc). Et il y a de la joie dans cette rareté. Il fait chaud, il fait doux. il fait bon vivre. Heureux les simples d'esprit.

    Ce premier tome apporte une paisibilité tendre dans un monde merveilleux. Les dessins sont beaux et les personnages surannés et heureux. A part le premier tome, noir et déstructuré, les 3 autres chapitres ne sont qu'harmonie. Après la naissance ( Dans un endroit sombre, aveugle ou l'on n'entend que du verbiage incompréhensible) les 3 premiers temps de la vie sont colorés et joyeux ( l'enfance) ou les coquillages volent , ou le danger n'existe pas. Il y a dans ce premier tome, la sensation d'un agréable lecture et d'une construction d'univers mature.

    Mais les tableaux qui ornent chaque chapitre sont, eux, d'une grande violence à la Dali ou dans l'univers du surréalisme. Mais Ian est en colère. On ne sait pourquoi alors que le peintre a parlé à nos trois protagonistes par le biais d'un rêve. Il faut partir à l'ouest. Pour trouver des réponses alors qu'ici personne ne s'en pose…

    Vous l'aurez compris, rien chez Roosevelt n'est du déjà vu. Et la lecture se doit d'être intelligente car cela nous semble plutôt naïf et mal géré. Il n'en est rien . Roosevelt ne veut juste pas suivre les structures narratives communes.

    Arkadi Le 05/06/2022 à 17:51:31
    Camelot 3000 - Tome 5 - L'accomplissement

    Final d'une mini série dantesque! Et ce dernier épisode est certainement la plus importante raison pour lire tout e la saga!

    Car celui-ci est d'une beauté graphique absolue. Brian Bolland nous démontre tout son savoir faire. Tout son génie du cadrage incisif, rythmé apparait dans chaque planche. Toute sa maitrise des corps et des émotions irradie chaque case. Bolland prend de la hauteur. Son trait est viscéral et précis. Il amène le ressenti profond dans les multiples sensations de la narration. Tous les corps sont magnifiés dans leurs laideurs ou leurs beautés. La chair est partout dans des décors magnifiques, des lignes d'horizons profonds.

    Du côté de Barr, le final est absolument maitrisé. Certes l'apocalypse final n'est pas d'une limpidité scénaristique mais le côté ésotérique fonctionne à plein grâce au dessin de Bolland. Les émotions sont là, nombreuses. Et, les personnages sans âmes ont des finaux sans épaisseur mais ceux que nous avons suivi et ce sont écorchés l'âme, ont des conclusions de toute beauté. Jusqu'à une scène d'amour tendre lesbien qui devait être chose rare à l'époque.

    Camelot 3000 est le préambule prémonitoire du comics pour adulte. Le temps de Moore, Miller, Millar viendront après. Et ils doivent beaucoup à ce genre de série qui préparait l'avenir de la BD étasunienne. Camelot 3000 est une référence outre atlantique contrairement à chez nous ou cette mini série est passée totalement inaperçu par feu les éditions AREDIT. D'ailleurs, dans cette revue, il y a aussi une publication de Warlord ( trop bien!). Mais ça c'est une autre histoire.

    Arkadi Le 24/05/2022 à 08:05:57
    Orn - Tome 2 - La fille et la tortue

    Cothias prend le temps et c'est tout bon.

    Orn, un chien dans un corps d'homme, réapprend tout car il doit se réapproprier un nouveau corps. Cela se passe dans une île proche de l'Eden pour sa créatrice toujours nue, Orkaelle. Orn, le sauvage humain aux émotions de peur carnassière détruira cet Eden ou les animaux ont l'intelligence et la finesse de la parole philosophique. Cothias télescope les inversions. Ce sont les être humains (Orn et Orkaelle) par leurs désirs viscéraux ( la rage et la peur pour l'un et le désir de sexualité pour l'autre) qui détruiront le paradis des êtres de plumes et de poils intelligent et raisonnable. Orkaelle quittera sa création sans trop de regret. Le paradis est-il un lieu d'ennuie? Cothias est brillant dans ce second tome. il prend le temps ( trop parfois peut être) de nous raconter une pensée simple mais diablement bien écrit.

    Taffin, de son coté, a une plume bien atypique. Si Orkaelle est sensuelle en mouvement gracile, si Orn le chien est, lui aussi, bien souligné dans ses attitudes d'homme en devenir et si le méchant reste particulièrement attirant de malice, de perversion et de mensonge, l'Eden est fade sous le trait et les couleurs du dessinateur. Le mouvement y est certes mais le trait est approximatif et les décors trop neutre et trop sirupeux. Taffin dessert le propos par trop de vide rempli par trop de couleurs en aplat.

    Vraiment dommage...

    Arkadi Le 24/05/2022 à 07:46:45
    Camelot 3000 - Tome 4 - La quête du Graal

    Mike Barr veut tant raconter ! Il y a tant d'histoires secondaires attractives et tant de personnages si bien narrés. Mais voila, il faut conclure et ceci est une mini série. Alors, il y en a partout. ça déborde de propos et tout est évidemment désordonné. Mike Barr est un boulimique et nous fait profiter pleinement de cette soif de raconter. Même Bolland est perdu tant il a raconter dans ses planches. Et son dessin en pâtit malgré la beauté incroyable de certain cadres.

    Bref,
    Barr doit clôturer une œuvre intense et généreuse, et durant ces deux épisodes, il doit faire passer le tout dans un goulet.

    Il n'empêche, c'est toujours réussi. les personnages toujours marquants et, même si l'intrigue file trop vite, on aime à suivre toutes ces personnalités si fortes, désaxées, objets à tous leurs désirs et leurs besoins. leurs pulsions de morts et de sexualités, l'entrave charnel des corps, le besoin de fidélités et d'infidélités. Le besoin d'être toujours quelqu'un d'autre.

    Arkadi Le 23/05/2022 à 09:58:24
    Victor Billetdoux - Tome 1 - La pyramide oubliée

    Je ne possède que l'ancienne édition, celle en noir et blanc.

    Wininger est un auteur oublié alors qu'il ne devrait pas l'être tant sa plume est superbe et ses histoires fantasques.
    Dans "la pyramide oubliée" l'auteur fait ses gammes. Et déjà c'est superbe de finesse et de grâce dans le trait et les décors. Digne fils d'un Tardi avec son Adèle Blanc-sec, Wininger n'a pas à rougir de la comparaison sur ces prochains albums. Bien au contraire, je le trouve bien plus doué dans l'ambiance et la restitution d'un paris au début du siècle dernier.
    Mais dans ce premier opus, le noir et blanc dessert la plume si précise de l'auteur. De plus, l'histoire , bien que merveilleuse dans la légende urbaine, est aussi une succession de facilité scénaristique. Ce n'est pas grave, le plaisir est entier car si la claque ( que j'ai personnellement eu à chacun de ses albums futurs) n'est pas, il en reste pas moins un plaisir véritable à lire une œuvre de jeunesse sans temps morts, plein de rebondissements foutraques, servie par un dessin qui fait du bien par sa précision et sa, encore une fois, finesse.

    Arkadi Le 23/05/2022 à 09:43:24
    Camelot 3000 - Tome 3 - Trahison

    ça y est. On y est!

    Après 4 épisodes ou Bar pose son intrigue, tel un comics de super héros des années 80, avec rapidité et ou Bolland fait ses gammes avec ses pinceaux, on y est dans la maturité. On y est dans ce qui est culte outre-Atlantique.
    Certes le comics reste ciblé aux ados mais en toile de fond le shakespearien abonde, les personnages se densifient, le théâtre de la condition humaine avec ses pulsions et ses choix irradie la trame. Oui, il est regrettable que cette histoire soit patinée des obligations narratives des mini-séries des années 80. Mais nous assistons ici au prologue de ce qui sera plus tard Miller ( Dark night) et Moore ( Watchmen). Si la guerre contre les extraterrestres est secondaire, l'ambition narrative psychologique des personnages est présent avec une intensité rare pour l'époque. Toute la force se situe du côté de la table ronde jusqu'à la mort d'un personnage important par le personnage principal.

    Le trait de Bolland est sublime. Ses cadrages, splendides. Il utilise merveilleusement ses planches pour créer une ambiance, une atmosphère. Les personnages sont magnifiés car le dessinateur sait, avec brio, leur transmettre leurs émotions même les plus anodines. Les couleurs également font preuves de maturité et l'érotisme, qui parfois s'amène, est troublant de grâce et de nudité ( ce qui est atypique pour une création de l'époque).

    Oui, au départ Camelot 3000 est destiné aux ados comme toutes les productions de l'époque mais les auteurs intensifient leurs propos pour qu'elles puissent s'adresser à des adultes en devenir. Ils ne prennent pas leurs lecteurs pour de simples boutonneux.

    Voila la réussite de cette mini série

    Arkadi Le 20/05/2022 à 08:00:01
    Camelot 3000 - Tome 2 - La sorcière et le roi

    second tome d'une saga culte outre-Atlantique et quasi inconnue chez les gaulois.

    Ici est introduit le plus beau des personnages : Tristan. Réincarné dans le corps d'une femme, ce personnage va raconter tout le long de la série ce qu'éprouvent les êtres humains qui vivent dans le mauvais corps. C'est osé et précurseur pour une mini-série des années 80. Surtout que beaucoup de ces personnages ont des quêtes spirituelles au travers de leurs corps. La tentation de chair pour Lancelot et Guenièvre, être vivant alors qu'on doit être mort pour le samouraï, le corps d'un monstre et son comportement pour un autre chevalier...etc...

    Par une trame, certes peu adulte et courant tout feu tout flamme d'une action à une autre, les sous intrigues, elles, apportent une réflexion étonnante sur les corps et l'âme. Même Guenièvre, la méchante, qui est la réincarnation par excellence du fantasme érotique dans une quasi nudité sur le long de la saga, est boursouflée de furoncles à cause de sa quête de pouvoir absolue. Chaque personnage est tiraillé par ses désirs, ses besoins entre le corps et l'âme. Seuls Keu et Gauvin sont des sous intrigues sans intérêt.

    C'est surtout du coté du dessin que cela impressionne. Certes La cité de Camelot et les vaisseaux sont encore très kitsch, mais les cadrages entrent en maturité incisive et créatrice, les personnages et leurs mouvements sont d'une maestria incroyable ( mention spéciale pour Merlin) . Bolland devient le grand de la BD qu'il sera tout le long de sa carrière.

    Arkadi Le 20/05/2022 à 07:34:27
    Orn - Tome 1 - Orn cœur de chien

    Curieuse histoire et vintage ouvrage que voila.
    Dans l'ancienne collection "Histoire Fantastique " chez Dargaud durant les années 80, il y a eu des histoires psychédéliques, des narrations soixante-huitardes, des contes atypiques. "Orn" clairement fait partie de cette ancienne garde.
    Cothias construit une narration ou se personnifient les éléments dans un monde de magie. Bien sur le plus méchant des éléments veut le pouvoir absolu et fait bobo aux autres pour tout obtenir. Alors, on fait preuve de malice pour préserver un de ces pouvoirs: Un adolescent (qui a le pouvoir de la terre) va prendre le corps d'un chien et le chien, celui de l'ado.

    Et, c'est le chien dans le corps de l'ado qui devient le héros de cette saga en 6 tomes.

    Histoire à rebondissement plutôt imprévisible et qui prend son temps au développement , son premier tome est une introduction à l'univers. Et la trame ne prend certes pas les sentiers rabâchés des histoires en bande dessinée mais son évolution reste conventionnelle. L'instigue , en tout cas, donne envie de connaitre la suite.

    Côté dessin, Taffin ne rend pas grâce à l'histoire atypique. Il ne sait visiblement pas construire du décor et de la nature. Il y a donc une impression de vide absolu dans cet univers pourtant magique. Le mouvement des personnages-éléments restent cacophoniques. Et les ocres des couleurs ne permettent pas véritablement la perspective. Taffin fait le job sans inspiration.

    Ce premier tome est une introduction à un univers pas banal avec le début de l'intrique qui fera la saga. C'est aussi un retour dans le passé. Une époque bénie ou Dargaud, dans cette belle collection, permettait toutes les envies (réussies ou non) de ses auteurs maisons.

    Arkadi Le 10/05/2022 à 08:25:07

    Tout démarre comme un comics des années 80 lambda, de beaux dessins mais avec des décors tellement kitsch.

    L'histoire du premier épisode est d'une grande naïveté. Il y a des gentils et des méchants et les méchants colonisent les gentils, en les tuant sans scrupule. La narration file vite, trop même, faisant des impasses et des raccourcis. mais cette mini-série de 12 épisodes doit appâter le lecteur au plus vite pour le fidéliser dans ces futurs achats.

    Mais, dès le second épisode et le troisième publiés dans ce numéro , les choses changent. Le scénario va toujours trop vite certes mais les personnages sont aussitôt ni lisses, ni classiques. La reine n'est plus une jouvencelle mais une guerrière. Le roi Arthur est un être vociférant, impétueux mais sans la moindre once de sagesse ( un vrai ado!), Merlin est inquiétant et Lancelot, ce salop qui pique les gonzesses est d'une grand intelligence et d'une grande fidélité envers les valeurs et les hommes. Il y a même un samouraï suicidaire, un monstre à la Frankenstein et un pleutre dans la troupe de la table ronde.
    Du coté du décorum, la civilisation humaine à détruit faune et flore. La dame du lac conserve Excalibur dans une usine de nourriture à pilule. On transforme des gens en des bêtes pour faire respecter l'ordre et la société est tellement de consommation que le symbole à la télé est acquis par l'ensemble des peuples totalement décérébrés.

    Le comics qui démarra naïf devient vite complexe et écorne la société des années 80 tout en étant particulièrement prophète des années 2020.

    Et Brian Bolland, bien qu'étant un bon artisan en ces premiers épisodes, va devenir, le long des 12 épisodes, un grand maitre du comics. Et c'est toujours magique de contempler la création d'une virtuosité graphique.

    Il faut le savoir, si Camelot 3000 est passé inaperçu en France, le comics est une référence au états unis.

    Et c'est carrément mérité.

    Arkadi Le 10/05/2022 à 07:46:27
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 14 - La Fin des Temps

    Fin du cycle....enfin!!! Et pourtant

    Nous assistons à une fin d'un monde et la lecture propose une grille de lecture plate. Absolument rien ne se dégage du scénario narrant juste les préparatifs logistiques du départ de peuples. Et si quelques scénettes sont tintées de réussites émotionnelles véritables, (J'ai adoré les retrouvailles de Pile ou face avec sa mère et son frère et j'ai beaucoup ri à la réaction de Wismerhill . J'ai également adoré l'apparition du premier des dragons jusqu'au départ de tout son peuple par la grande porte. ) d'autres sont plus préjudiciables...voire légèrement raciste ( des peuples entiers sont interdits de passage, pourquoi ? parce que leurs cultures guerrières sont incompréhensibles au peuple de Wiss?)….Et pourquoi les peuples premiers décident de rester ? Cela donne un peu d'émotion certes mais expédier en deux pages. Quel gâchis. Bref le scénario, malgré quelques fulgurances, est encore bâclé et c'est triste pour un final. Tant de pages sur les préparatifs et si peu sur les peuples.

    Demeurent les dessins de Pontet...Et là c'est une claque absolue! Les passages sur les dragons sont proprement sublimes! Les personnages et les perspectives magnifiques et les décors grandioses. Les couleurs de Nicolas Guénet donnent tellement de profondeur et de majesté à la plume de l'artiste que j'avais tant détestée auparavant et j'adore tellement désormais.

    Tout comme Ledroit au début de la saga, c'est Pontet qui fait tout le job pour cette saga qui se clôture sans émotion véritable scénaristiquement mais avec un style unique et sublime au dessin.

    Arkadi Le 09/05/2022 à 09:05:02
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 0 - En un jeu cruel

    Pourquoi? Mais alors pourquoiiiiiiii?

    Si du coté du dessin, Angleraud fait sa part du contrat ( largement et avec talent), le scénario est d'un ridicule sans nom. Pire, il est en antinomie totale avec les 14 albums qui suivent !!! Et ça c'est proprement extraordinaire d'incompétence et de ridicule.

    Donc, Wismerhill est le fiston de Pazuzu qui le conçoit après un pari avec Lucifer qui, lui, va concevoir Hazel pour le gagner ce fameux pari.. Et Pazuzu va éduquer le Wiss pour en faire un méchant pas content puisqu'il est sur ses cotes tout l'épisode. Mais à la rencontre de Pile ou face, il disparait le papa pas gentil. Pour réapparaitre qu'au 12ème tome et vite fait, en plus. De plus, Hazel va le prendre sous son aile 8 tomes durant alors que dans le pari, il y a bien compétition entre les deux fistons ? Et de ce pari, pourquoi on en entend plus parler pendant les 14 tomes du 1er cycle de la saga!!!!

    Alors on passe sur l'ineptie de la princesse qui chantonne du Disney et d'un seigneur qui, en dépression nerveuse pour aucune raison, fait du rien avec du rien, mais on reste en colère avec autant de contre vérité sur une saga entière.

    Froideval se fiche de nous. Espérons qu'il ne le fasse pas exprès en plus.

    Arkadi Le 09/05/2022 à 08:18:10
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 13 - La Prophétie

    Que se passe-t-il? La saga retrouve-t-elle son droit chemin?

    Depuis une parenthèse de 6 albums ou c'est n'import-nawak autant dessin que scénario, ou ça tire en longueur avec des sous-intrigues qui possèdent des débuts mais rarement de milieux et jamais de fin, voila que tout se redresse. Enfin.

    D'abord Pontet qui se débarrasse enfin de l'héritage de Ledroit pour construire sa propre identité visuelle. Et ça fait du bien. Et c'est beau! Les gouaches sont superbes, la profondeur des champs et les personnages tout autant. Si Pontet quitte Ledroit, il s'approche d'un Segrelles ou d'un Macedo. Et cette école, certes naïves dans l'émotion des personnages, mais si intense dans les décors, les perspectives et les couleurs. Et je dis bravo à ce dessinateur qui, enfin, me donne un vrai plaisir de lecture.

    Ensuite Froideval. Comme toujours, il nous fait le coup des préparatifs avant la bataille et la bataille enfin. La troisième et dernière. Et, ça roule. C'est impressionnant visuellement et même si on n'a jamais peur une seule seconde car il y a pas d'enjeu ( par exemple, beaucoup de personnages meurent mais on sait que ça va ressusciter à tour de bras alors on ne frissonne pas une seule fois) et que la fin est prévisible ( ce tome ne s'appelle-t-il pas "La prophétie? ), cela reste rythmer et vif. Froideval sait faire quand il ne se perd pas même si la mort de Fratus est ridicule et les doutes du général incompréhensible car peu expliqué.

    Le final de la saga est prévisible mais se recentre à l'essentiel avec des dessins superbes et maitrisés. Je respire donc. La conclusion ne sera pas gâché alors que les 6 albums précédents, totalement en roue libre, nous le faisaient craindre.

    Arkadi Le 04/05/2022 à 10:00:42
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 12 - La Porte des Enfers

    Là c'est croquignolesque. Papa revient. Le même papa qui, par sa mort supposé, a rendu fou de rage Wismerhill. Et, il frappe à la porte tranquille pour expliquer à son fiston qu'en fait il s'est fait avoir par le grand méchant vu qu'il est pas mort. Pourquoi maintenant et pas avant ? On n'en sait rien. Le temps de faire gouzi gouzi avec son petit fils et il repart aussi sec. Et forcément Wiss est encore plus colère vis à vis du grand méchant. Vous le sentez le rebondissement scénaristique nécessaire et opportuniste pour faire évoluer la trame ? Surtout que le dit papa ne reviendra plus du tout après. Froideval ne s'empêtre pas de réalité, ni de bon sens. Tout comme Pontet qui ne s'embête à faire du beau, ni du lisible.

    Il en demeure pas moins de jolis moments. La prise de pouvoir par Murata de son fief par exemple ou celui de Ghorghor aussi. cela donne un peu d'épaisseur à ses deux personnages plutôt faire valoir d'habitude. Cela donne l'épaisseur aussi au royaume régie par Wiss.
    L'érotisme de certaines planches aussi est toujours agréable. Cela n'a aucun sens mais c'est fantasmagorique tout de même du harem et du pouvoir absolu de Wismerhill malgré le peu de psychologie du personnage.
    La bataille finale de la porte des enfers est bien foutu enfin. Visuellement Pontet s'éclate et nous fait plaisir même si le côté brouillon reste très marqué. Et puis Froideval crée (un peu) de tension même si le dénouement est encore un ressort scénaristique qui se veut détonnant mais qui, en fait, rajoute à l'incompréhension. Parsifal était logiquement dans un espace temps différent de cette terre. Alors comment Wismerhill a réussi à le contacter et pourquoi les chevaliers de la justice ont-ils acceptés. Cela n'a aucun sens.

    Mais la recherche de sens et de pertinence est le cadet des soucis de notre scénariste semble-t-il. ou alors il explique vraiment mal.

    Arkadi Le 04/05/2022 à 09:02:27
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 11 - Ave Tenebrae

    Ouh la la le personnage principal est mort dans l'album précédent ! Mon dieu ! Que va-t-il se passer dans celui-ci ( la tension est à son comble...) ? Eh ben il ressuscite ! Dites moi cher Froideval, si on prend la carte fidélité et après 10 résurrections, est-ce que l'on gagne une tringle à rideau?

    Le bon dieu quitte ce monde et ramène le peuple élu avec lui. Bon. Et il détruit tous les kraks pour cela....euh, pourquoi? Et c'est qui ce peuple élu? Et tout le monde suit, comme ça, sans rien dire? Et c'est quoi cet arrachement de la terre du royaume de Sisygie. La page 12 est absolument incompréhensible visuellement à ce propos. D'ailleurs le dessin de Pontet est de plus en plus illisible. ça vire même désormais au moche sur des planches entières. Même Wismerhill a fait de la chirurgie esthétique pour être aussi lisse. C'est peut être même plus Wiss mais Madonna qui a repris le rôle principal.

    Bref la série vire au nanardesque.

    Il n'empêche. J'ai des plaisirs coupables à lecture de ce tome. La mini-quête pour chercher des cadeaux à ses poteaux est trop choupinou. Surtout le cadeau de Ghorghor. Oui cela m'a touché. Autant de planches pour raconter comment il a fait n'a aucun intérêt mais Froideval fait durer sa série le plus qu'il est possible car, commercialement, elle est rentable, je suppose. Le retour de Goum aussi fut plaisant. Disparu des radars depuis plusieurs albums, je m'étais dit que Froideval l'avait fait disparaitre dans les limbes comme à son habitude. Et bien, non, et c'était sympa.
    Il y a aussi les grands décors de Pontet sur toute une page qui raconte la politique du nouvel empereur. Du côté scénario, ça pète pas trois pattes à un canard vu qu'il est parfait, à l'écoute de son peuple et tout et tout. mais du coté dessin, Pontet sait construire des perspectives et des décors péplums. Et même si la lisibilité n'est pas simple à la lecture, c'est quand même sympa.

    Mais à part ça....

    Arkadi Le 03/05/2022 à 08:46:56
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 10 - L'Aigle foudroyé

    C'est la guerre ! Encore.

    Mais voila, cette bataille est racontée avec une jolie pertinence. Enfin. Et il y a de l'enjeu. Pas des masses des masses mais suffisamment pour que la lecture soit agréable, alerte. Les forces en place, les batailles dans la bataille sont attractives, avec la sensation d'une tension guerrière.

    Coté dessin, Pontet est toujours dans un style boursouflant mais, ici, cela fonctionne. La mêlée des batailles, le carnage des forces qui se percutent les uns contre les autres sont parfaitement adapté à la plume de l'artiste. Et il y a des allégories guerrières, des profusions de belles idées pour décrire l'atmosphère violent de la bataille dans les cadrages.

    Les chroniques de la lune noire n'est pas vraiment une BD d'héroïque Fantaisie. Elle fleure plutôt vers le jeu de plateau. les personnages sont peu construit et fonctionnent dans l'usage que l'on en a besoin au fur et à mesure de la nécessité de plateau. Ils apparaissent et disparaissent donc au gré de ses besoins. il est un succession d'avancés de pion, de mort et de vie pour aller de batailles en batailles. Et en cela cet album prouve cette opinion.

    La saga se redresse donc au travers de ce nouvel épisode. espérons que cela perdure. Car je suis un aficionados de cet univers. Et mes déceptions passées ne m'empêchent pas d'avoir la série dans ma bibliothèque personnelle.

    Arkadi Le 03/05/2022 à 08:05:59
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 9 - Les Chants de la négation

    Après un stage pour devenir cureton ou Wismerhill est mort et ressuscité, voila une nouvelle formation accélérée pour devenir prince du mal absolu. Ici, par de E-learning mais de la mort et de la résurrection.
    Puis il y a une grosse mais alors trop grosse machine de guerre....et on en parle des pages entières. Et devinez quoi ? On en parlera plus dans deux albums.
    Il y a aussi un nouveau personnage qui change de forme à volonté. Il est apparu lui aussi par divin miracle. Espérons qu'il est une durée de vie de plus de trois cases. Parce que du côté de Froideval, non seulement ça ne dure pas les bonnes idées mais en plus ce n'est pas utilisé dans le déroulement de l'histoire.

    Sinon cela se prépare à une nouvelle guerre. Les négociations entre chaque force en place s'opèrent. Cela n'a aucune pertinence ni de finesse politique, ni d'enjeu tortueux. Les conversations se limitent à " tu es avec moi?" "oui" ou " non" et puis basta cousine. Tout cela est du déjà vu. Du déjà vu dans cette même série en plus.

    Coté dessin, rien ne change. Saturation des couleurs, aucune rondeur et peu de perspective...les corps sont schématiques, le s décors aléatoires. Reste du mouvement et, parfois, du cadrage intelligent.

    Bref, la dégringolade des chroniques de la lune noire continue.

    Arkadi Le 02/05/2022 à 08:56:42
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 8 - Le Glaive de justice

    Les "chroniques" partent à volo

    Après un passage chez les morts vivants qui n'est d'aucun intérêt sur le propos principal (et même les secondaires d'ailleurs) et qui dure des plombes, voila que tous les copains sont morts. Encore. Bon en fait non, vu qu'au milieu de l'album, y a de la résurrection dans l'air et ils sont tous re-re-vivant. Puis s'ensuit un nombre de scénette sans le moindre intérêt qui prépare une guerre future sans ambition.
    On découvre aussi un dieu qui apparait comme par miracle ! Cela surprend le lecteur qui le découvre après 7 tomes déjà lus mais absolument pas les protagonistes de la justice qui, visiblement, sont habitués à ses allées et venues. Bon. Ok. D'héroïque fantaisie on passe à de la bondieuserie. Aprés nous avoir fait une interview ridicule du personnage principal à un dieu égyptien, nous voila dans une nouvelle dimension. espérons juste que le personnage de l'archange serve à quelque chose parce que, en général, Froideval s'en tape les steaks des personnages rajoutés.

    Question dessin, c'est la bérézina. De plus en plus brouillon et illisible, Pontet construit désormais son cadrage d'une manière classique. Et c'est moche. Si Pontet fait disparaitre un par un l'héritage de Ledroit, il n'en sort absolument rien de son travail à part de l'indigeste. Pourtant on sent le talent de sa plume. Alors quoi ? Pontet choisit-il le mauvais chemin ? C'est une possibilité.

    Il n'y a même plus de blague potache, ni d'instant de gaudriole. Tout cela se prend au sérieux alors que tout est vide de sens et de pertinence. Dommage...

    Arkadi Le 02/05/2022 à 08:23:40
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 7 - De Vents, de Jade et de Jais

    Wismerhill fait un stage pour devenir curé et, après deux ou trois morts et résurrections, le voila cardinal. Il y a des mages qui, pour le devenir, ont mis toute une vie. Wiss, lui, a torché ça en sept cases de BD (brouillonnes et boursouflées bref pas belles et illisibles).

    Pendant ce temps, un petit vieux s'en remet à la justice de Parsifal pour sauver la lumière de Fratus. Inconnu au bataillon depuis 6 tomes, il disparaitra aussi sec dès que Froideval n'en aura plus besoin pour se dépatouiller de son histoire.

    Et pis voila, rien de neuf sous le soleil. Les "Chroniques " se perd en longueur inutile et en un nombre incalculable de "Deus ex machina" . Les rites d'initiation se montent les uns sur les autres et le tout sans aucun enjeu, ni émotion.

    Du coté dessin, Pontet est un orfèvre dans le cadrage mais, petit à petit, son expression est hachurée, cafouilleuse Et la lecture, déjà inintéressante par le scénario, est compliquée tout autant désormais visuellement.

    Froideval s'est perdu corps et âme dans sa narration et Pontet commence à se perdre aussi.

    Arkadi Le 29/04/2022 à 09:10:34
    Michel Vaillant - Tome 5 - Le 13 est au départ

    Voici un classique du 9ème art franco-belge et un chef d'œuvre.

    C'est aussi le 1er album ou Jean Graton entame l'immortalité de Michel Vaillant. Car c'est la 1ère fois que Michel va concourir avec des véritables champions automobiles: Mauro et Lucien Bianchi et René Bonnet notamment. Et, parce qu'ils entrent dans un album de Michel Vaillant, eux aussi deviennent immortels. Et puis Mauro et Lucien sont des personnages secondaires à part entières et pas seulement de simples apparitions.
    C'est également le premier album ou l'album est d'une précision presque documentaire sur une course automobile aussi prestigieuse que les 24 heures du Mans. L'immersion du lecteur y est totale. On est dans les coulisses, les petites histoires. Nous sommes des témoins privilégiés tant Jean Graton, dans sa narration, nous accompagne partout par la main et nous présente à tout le monde.

    Les dessins sont justes magnifiques. Jean Graton est un orfèvre. Mouvement, décors, personnages, émotions et évidemment bolides....Jean Graton est un artiste absolument complet. Et sa femme, Francine, l'est tout autant aux couleurs et aux pinceaux.

    L'histoire, elle, est comme toujours multiple. Avec une trame principale sur la base d'une vengeance personnelle ( ce qui n'est pas d'une grande pertinence cette fois-ci contrairement au précédents albums), il y a une multitude de petites histoires succulentes et drolatiques.

    Et c'est ça la force des premiers albums de Michel Vaillant qui sont tous des chefs d'œuvres à mes yeux. L'intensité des détails et des émotions. La psychologie des personnages qui, même si elles sont datées aux années 60, reste très bien écrit et ressenti par le lecteur. Et la montée crescendo des émotions liées à toutes ses histoires en totale harmonie les unes aux autres.

    "Le 13 est au départ" , dés sa publication en édition relié, fut aussitôt un best seller de l'édition française 1963. Normal, c'est l'un des plus beaux albums de la série...et de la BD tout court.

    Arkadi Le 29/04/2022 à 08:35:17
    Les arcanes de la Lune Noire - Tome 2 - Pile-ou-Face

    Angleraud tout d'abord! Un dessin magnifique aux couleurs pastels sublimes ! Le plaisir de lecture est avant tout un plaisir visuel absolu ! Angleraud est un artiste complet et abouti dans cet album. Et sa colorisation est d'une beauté surannée surprenante de douceur et d'ombres splendides qui construisent de la profondeur pour des cadres et des cadrages tout en mouvement. l'artiste est fortiche. L'univers visuel des "Chroniques" est assimilé et sublimé par un talent incroyable.

    Coté scénario maintenant. Froideval a de bonnes idées qu'il met bout à bout. Comme toujours chez Froideval, l'histoire est une multiplicité d'action qui permet une lecture alerte et plaisante. Mais comme toujours, cette multiplicité ne permet pas l'émotion. Aucune émotion pour le lecteur lorsque la famille "adoptive" disparait de la vie de pile ou face. Encore moins d'émotion quand le mentor du personnage principal meurt au billot. Comment Froideval fait il pour instaurer si peu d'enjeu émotionnelle? La faute certainement à cette sensation de mise bout à bout cette succession de bonnes idées, comme des scénettes sans cause à effet. Il y a beaucoup d'action mais pas d'harmonie globale.

    Malgré tout, c'est plaisant et agréable, digeste et beau visuellement. Un BD pop corn sans prétention et qui ne se prétend pas l'être.

    Arkadi Le 29/04/2022 à 08:18:50
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 6 - La Couronne des Ombres

    Wismerhill est Baron de Moork et demeure le pion du grand méchant. Et pis c'est tout.

    Froideval procrastine devant son scénario. Certes, les scénettes sont sympathiques. La rousse sexuellement atomique bouffe les âmes des gens. Wiss est un petit malin sans non plus révolutionné la "malinerie" des héros de BD. L'empereur est bien seul à la tête de l'empire. Et les héros morts reviennent à la vie, comme d'hab dans les chroniques. C'est donc sympa. C'est tout du déjà vu dans les tomes précédents de la série mais sympatoche.

    Coté dessin, Ledroit laisse la main à Pontet…. qui fait du Ledroit. Tout est du Ledroit. Le lettrage, le cadrage, l'ancrage et la couleur. Et comme Pontet n'est pas Ledroit, on aurait préféré du Ledroit. C'est toujours pareil quand on reprend la suite d'une série avec une telle identité visuelle. Comment se réapproprier l'univers avec son empreinte artistique tout en essayant de conserver le confort de lecture de celles et ceux qui suivent la série? Pontet, par ce mimétisme, reprend les rennes comme un parfait petit élève. L'espoir est que, dans les prochains tomes, il pose ensuite sa pierre artistique à l'édifice. Car, il y a clairement du potentiel.

    Car c'est Pontet qui sauve l'album. Non pas par le dessin, trop mimétique, mais par son cadrage vif, violent, acéré. Sans cela, la lecture sans enjeu ni surprise de l'histoire n'aurait été qu'une lecture entrecoupée de bâillements.

    Arkadi Le 27/04/2022 à 07:45:27
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 5 - La danse écarlate

    Froideval raconte les préparatifs d'une bataille et la bataille.

    Enfin, il le souhaite mais bosse pas des masses pour cela. Le scénario est une succession de moments ni inspirés, ni inspirant. Wismerhill possède une force armée jusqu'au dent offert par le général en chef...et peut l'utiliser à sa guise selon les dire du même général. Et Wismerhill ne va rien faire avec pour, au final, se barrer et récupérer une baronnie. La baronnie du gars qui lui a offert la fameuse armée. Euh....cela s'appelle de la haute trahison. En fait.
    Et puis, Il y a des morts partout...et des résurrections à la pelle. Ou est l'enjeu, l'émotionnel pour le lecteur s'il sait que le scénariste, en claquant des doigts, fait revivre son beau monde dès qu'il en a envie? Froideval est paresseux. Il laisse la main à son dessinateur et lui demande de faire le job pour un scénario rédigé sur un post-it.
    Alors, on se dit que malgré tout on va en prendre plein les yeux! Que Ledroit allait nous montrer son savoir faire et sa maestria déjà admirer dans les tomes précédents! Que Froideval lui laisse les coudées franches pour qu'il puisse s'exprimer avec carte blanche!
    Et bien non. Ledroit choisi un ancrage brouillon et hachuré. Les cadrages sont parfois illisibles. Et certaines cases sont proche de l'amateurisme. Celle de "à la bataille" est d'une niaiserie incroyable. Elle gâche à elle seule une bonne partie de lecture. Il y a des fulgurances bien sur. Il y a des planches absolument sublime. Il y a même des moments d'orfèvrerie violentes ou érotiques sublimes. Mais il y a aussi du brouillon, de la rature et de l'approximation.

    Comme si Ledroit n'était pas seul. Comme si Pontet (le prochain dessinateur de la série) participait à ce tome et qu'il apprenait en même temps le métier.

    Bref le temps de lecture de cet album rallonge le temps de la saga. Ce chapitre-là était il nécessaire pour la trame principale ? Sincèrement, j'en doute. Il est louable de nous raconter une bataille perdue car c'est rare d'en lire au travers d'une histoire. Mais sans sacrifice, sans enjeu, sans pleurs, raconter une défaite n'a que peu de sens . Mais en effet, ce n'est pas vraiment une défaite. Froideval adore désormais les cliffhanger finaux. Quitte à foutre en l'air toute la trame de l'album qui précède le cliffhanger.

    Arkadi Le 26/04/2022 à 15:42:13
    Les arcanes de la Lune Noire - Tome 1 - Ghorghor Bey

    Ledroit revient et ça fait du bien! Les cadrages, la lumière et les dessins sont d'une fluidité et d'un brio! Ledroit garde certainement une nostalgie particulière pour cette série. Celle qui l'a fait connaitre et sur lequel il appris son métier (les tome 1 et 2 de la série principale sont comme des carnets à spirale de travail). Il y a un vrai plaisir fou à revoir Ghorghor dessiné par celui qui l'a vu naitre et qui l'a crée.

    Par contre, question scénario, c'est plutôt mignon et choupinou avec de grandes embardées de violences et de boucherie. Bref question psychologie on repassera. Froideval nous concocte une histoire plein de rebondissement mais sans finesse. Il n'y a pas d'enjeu à suivre l'histoire, on ne tremble jamais et la lecture est plutôt neutre en émotion. La faute toujours a l'action, toujours l'action. ça file et ça va (trop) vite et puis il y a tant et tant!

    Mais Ledroit est au dessin, alors le temps de lecture reste trop bien.

    Arkadi Le 26/04/2022 à 09:10:47
    Michel Vaillant - Tome 4 - Route de nuit

    Si j'ai 600 BD à la maison, c'est à cause de "Route de nuit". Si j'aime tant qu'on me raconte de belles histoires en dessins et en mots, c'est aussi à cause de "Route de nuit". Si la BD est une passion dévorante, c'est toujours à cause de "Route de nuit".

    L'album était dans la bibliothèque familiale et je l'ai lu 20 fois, 100 fois peut être. Grosbras, Boule, Jules, Marcetto, Régis, Benjamin et, bien sûr, Yves ont accompagné mon enfance à dévorer les histoires. Et mes décors d'enfance étaient Pelissanne, la nuit provençale, l'intérieur des camions et évidemment la national 7.

    Car tout est absolument parfait dans cette aventure de Michel Vaillant ou Michel n'est quasiment qu'un personnage secondaire (Il n'est même pas présent dans la conclusion finale).

    1er album ou l'action ne situe pas sur un circuit (juste un petit passage sympa à Monaco ou l'on parle de Maurice Trintignant, le papa de Jean Luc) , il raconte le quotidien des chauffeurs routiers des années 60 saupoudré d'une trame policière. Et c'est quasiment documentaire. Des planches entières racontent comment on conduit ces engins, d'autres racontent les relais routiers, la cohésion, le sens de la loyauté et de la fraternité.

    On comprend que Jean Graton aime cet univers autant que celui des circuits de l'époque. les valeurs humaines sont les mêmes. Car à l'époque des Fangio et des Moss, la F1 n'était que cela: courtoise, fraternité, loyauté. Un champion pouvait laisser gagner une course un autre champion car il considérait qu'il le méritait d'avantage. C'était l'époque des gentlemen pilotes avant que l'argent détruise tout. Chez la fratrie des routiers, c'est la même chose. Et si les classes sociales sont aux antipodes. Les valeurs sont identiques.
    Mais Jean Graton construit aussi une atmosphère de nuit autour d'une émission radio. Ces dessins sont somptueux de détails et d'ambiance. Il utilise à la perfection les couleurs qui lui sont possibles. Car ces aventures sont d'abord publié dans un journal et il est dans l'obligation d'utiliser un quadrichromie standard.
    Les personnages, des principaux aux secondaires, sont tous d'une précision psychologique intense grâce à une multiplicité de petites histoires qui harmonisent merveilleusement la trame principale.

    Il y a l'amitié entre Michel et Steve qui devient fraternel au travers de cette aventure qui lient les hommes les uns aux autres. Il y a la paternité de Jules pour Grosbras et puis pour Yves, de benjamin pour ce gavroche. Il y a la famille Vaillant, toujours. Et il y a le Marseille des années 60 et La nationale 7.

    Et puis il y a la poursuite finale dans la nuit, la quête du fantôme blanc au travers d'une émission radio et d'un esprit de corps. Cette recherche monte crescendo jusqu'au dénouement. Graton gère comme toujours parfaitement cette montée émotionnelle.

    Tout y est parfait, unique, absolument maitrisé avec des envolées sur la fraternité et les valeurs humaines. Et il y a l'enquête ou je mets quiconque au défi de trouver "le méchant" tout lecteur avant sa découverte par les protagonistes.
    Et ça sent bon les années 60, Gilles Grangier réalisant "Gas-Oil" avec notre Jean Gabin national et toujours toujours la nationale 7.

    Oserai-je dire que cet album est LE monument du 9ème art ? Oui, j'ose. Mais, vous l'aurez compris, je ne suis guère objectif puisque "Route de nuit" est l'un des piliers de mon enfance.

    Arkadi Le 26/04/2022 à 07:38:04
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 4 - Quand sifflent les Serpents

    L'univers visuel de cette saga est sans nul doute sa force majeure. Et les 3ème et 4ème de celle ci sont les points d'orgues de cette série. Cadrage majestueux et nerveux. Dessin subtil, violent autant que détaillé et grandiose. Les "chroniques" lu doivent, je crois, absolument tout.

    Car du coté scénario si tout est très sympa, rien n'est novateur. Une chose positive toutefois: Froideval prend son temps pour poser ses pions sur l'échiquier. La présentation lente des protagonistes permet au lecteur de mieux s'approprier le plateau des opérations. Mais quand est-il des enjeux ? Froideval, là, est plus évasif. Ici, c'est par la mise en scène de la mort du père que le personnage principal se transforme et choisit son camp. Seulement voila, son père, durant les trois premiers tomes, Wissmerhill, il en avait un peu rien à fiche. Sa quête du père débute dans ce tome et se clôture dans ce tome (ou quasiment). Et puis il y a la déclaration de guerre qui finalise la dernière planche de l'album. Quels sont les enjeux? Quel est le phénomène déclencheur ? Et surtout pourquoi veulent-ils se mettre sur la gueule ? Juste parce qu'ils ne s'aiment juste pas? Froideval ne développe pas. Il ne précise rien. Et du coup cela n'implique pas le lecteur.

    Mais reste que ce tome comme les précédents se lit avec un vrai plaisir coupable. La violence, l'érotisation de la violence et des femmes fatales, les décors extraordinaires et les séquences de bataille dantesques. Et une histoire qui file d'action en action et de baston en scène de rigolade.

    Du bourrin pop corn comme on en voit peu en BD et qui fait du bien

    Arkadi Le 25/04/2022 à 08:37:05
    Michel Vaillant - Tome 3 - Le circuit de la peur

    Clairement les 13 premiers albums de cette série sont pour moi presque tous des classiques du 9ème art. Les trames étant à cette époque construit sur 64 pages, un auteur qui a un talent de conteur ne peut que nous offrir que du bonheur s'il sait harmoniser les petites histoires dans la grande, celle qui est l'ossature de tout l'album.

    Et Jean graton fut un orfèvre dans la narration.

    Au delà d'un dessin vif, alerte, au pastel simple mais magnifique, au mouvement parfait et au cadrage classique mais pertinent, l'auteur nous régale dans une histoire sans temps mort, auréolée d'une multitude d'autres qui sont comme des témoins d'une époque qui n'est plus. Les gosses ( symbolisant les lecteurs du journal Tintin) qui visitent l'usine comme la baronne à la station essence sont des petits moments joyeux qui donnent le sourire dans une période heureuse ( ou fantasmée comme heureuse).
    Et puis il y a la course automobile ou les européens combattent les américains qui combattent les russes. Sur les circuits, point de guerre froide mais une fraternité de pilote qui s'épaulent et se soutiennent. Jean Graton ne transmet pas une opinion politique pro ou contre le capital. Il met à l'honneur seulement les valeurs humaines de l'amitié et de l'honneur.
    Il construit aussi une trame qui monte crescendo dans l'angoisse et la peur, autour d'attentat commis dans l'équipe européenne. Et ce crescendo est parfait car, là encore, Graton construit des petites histoires dans l'histoire absolument au diapason de son propos.
    "Le circuit de la peur" est une œuvre d'un autre temps certes. C'est un aussi un magnifique témoin de ce temps-là avec de superbes dessins et une histoire simple mais aux émotions parfaitement maitrisées.

    Arkadi Le 25/04/2022 à 07:53:20
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 3 - La Marque des Démons

    Ca y est; Ledroit maitrise son art. Et oui, Froideval peut remercier d'avoir au dessin un artiste aussi génial que lui!
    Car, non seulement, ils sont superbes ses dessins mais ils sont surtout rares. Rare dans une création d'atmosphère unique, dans la singularité de l'univers, dans l'identification absolu du monde crée par Froideval. Ledroit est certainement la raison du succès de la série.

    Car, du coté du scénario, si Froideval continue dans une lancée épique bourrée d'humour potache et de violence sans en avoir l'air, si il construit un déroulé sans temps mort, à l'action pétée de testostérone, il utilise aussi bien des facilités scénaristiques. Un personnage iconique meurt trop vite dans le premier tome? Hop il ressuscite par le biais d'un anneau qu'on savait même pas qu'il existait. Un personnage est trop lisse? Hop, on le dézingue par le biais d'un village qui apparait et disparait et on le remplace aussi sec par un autre, visiblement plus alléchante érotiquement et plus ténébreuse. Utiliser ce genre de facilité implique surtout la construction d'une histoire au doigt mouillée sans véritablement réflexion sur là ou le scénariste veut aller.

    Malgré tout ce tome est l'un des meilleurs de la série. Car visuellement, il dépote autant que dans sa trame.

    Un vrai plaisir pop corn et coupable.

    Arkadi Le 22/04/2022 à 08:46:42
    Michel Vaillant - Tome 2 - Le pilote sans visage

    Voila une petite pépite du 9ème art, un petit chef d'œuvre qui ne le dit pas, une superbe madeleine de Proust. "Le pilote sans visage" est peut être l'un des albums les plus réussis de la série et peut être même de toute la BD francophone.

    Construire à la perfection une enquête dans le monde de la F1 des années 50 avec une multitude de petites histoires qui racontent la famille, l'aventure industrielle d'un constructeur dans une bonne humeur qui narre aussi les trente glorieuses et son insouciance d'un futur forcément sans nuages, vaut dans l'orfèvrerie. Et les dessins sont précis, vivant, joyeux !

    Cet aventure a été publié dans le journal Tintin durant 6 mois toutes les semaines et les jeunes lecteurs de l'époque ont été absolument happés à vouloir découvrir l'identité de ce pilote sans visage. Les ventes de l'hebdomadaire ont d'ailleurs explosé à l'époque! Et il fallait être sacrément malin pour le découvrir.

    L'identité du pilote sans visage que l'on découvre à la fin de l'album est en totale harmonie de l'album qui parle aussi de famille, sacrifice pour le bien être commun et tout cela dans une bonne humeur car, à cette époque, les lendemains chantent. les petites histoires drôles le sont vraiment et on rit facilement à ses pérégrinations familiales du rôti de veau à cheveux trop longs.

    Et puis il y a l'apparition de courses automobiles moins fantasmées et plus réalistes, l'apparition de vrais champions. Tout cela deviendra la force de la série dans quelques albums. Car, dans dans cette histoire, le plaisir de lire réside autant dans l'enquête que dans la chronique d'une famille bourgeoise de 1960 aux valeurs simples mais sacrés, le tout baigné par ces années glorieuses ou le temps est au beau, l'avenir radieux et la planète en pleine forme.

    Arkadi Le 22/04/2022 à 08:15:34
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 2 - Le vent des Dragons

    C'est fou combien une série peut, en quelques tomes seulement, devenir une référence sur la thématique de l'héroïque fantaisie en BD!

    Publié par feu l'édition Zenda, ce second tome sera le dernier de la maison. La série continuera chez Dargaud. Il faut bien l'avouer, ils ont eu le nez fin. Car rien ne prédisposait cette série à un tel engouement !

    Froideval construit un scénario classique de la quête et de la construction du groupe de celle-ci. Toutes les introductions des personnages secondaires dans cette histoire sont savoureuses car Froideval prend un peu temps à les intégrer, comme dans le premier tome. C'est pas très inspiré certes mais ça fait le job suffisamment pour s'attacher vite à toutes ces personnalités (qui ne sont ni fins, ni travaillés avec détails). Froideval amène aussi des tonalités d'humour potache et de l'action. Alors là beaucoup d'action. Oh là là qu'il y en a! ça court, ça vole, ça chute, ça s'écrase et ça se réduit en bouillie. ça n'arrête pas une seconde. Et entre deux blaguounettes, ça file, ça file. Et c'est peut être ça la raison du succès.
    Car Froideval, par l'écriture d'un scénario visuel, sans temps morts et bourré de péripéties (qui ont d'ailleurs du sens les uns par rapport aux autres) offre la possibilité à Olivier Ledroit de se laisser aller à dessiner le mouvement, l'action dans de larges cases dynamiques. Olivier Ledroit commet encore des fautes, des difficultés de perspectives et des approximativités. Mais il a également des fulgurances et des moments de purs génies graphiques.

    Ce second tome est un plaisir des yeux avec un scénario alerte et classique. Un petit moment de régal sans prétention aucune. Et on hâte de lire la suite. Ce qui est toujours bon signe.

    Arkadi Le 20/04/2022 à 08:34:38
    Chroniques de la Lune Noire - Tome 1 - Le Signe des Ténèbres

    Cette série, toujours en cours, fut une référence de l'univers Héroïque fantasy dans la bande dessinée francophone. Et les premiers tomes étaient en effet de jolies bouffées d'air frais dans la structure narrative, comico fantastique. Et puis il y a les dessins de Ledroit.

    Autant flamboyant qu'amateur, le dessinateur apprend son métier tout le long de ce premier tome. Et il y a clairement une évolution de son savoir faire au fur et à mesure que les planches défilent. Le cadrage, puis les armures, puis les corps et visages puis enfin les mouvements. Il y a toujours, pour ma part, une émotion forte de lecteur à contempler une évolution d'un artiste. Et surtout un artiste qui va devenir un grand du 9ème art tel que Olivier Ledroit.

    Du coté scénario, c'est alerte et sans temps mort. Cela file comme l'air. les scènes ne cessent de défiler les unes après les autres. Le comique troupier fonctionne malgré la violence des cadres ( Un peu comme l'humour Marvel dans ses films de super héros qui désamorce toujours la tension des personnages). On rigole sur un copain transformé en grenouille et que l'on jette après usage d'une bonne scénette rigolote par exemple.

    Les chroniques se veulent drolatiques avec enjeu politique. Et, dans ce premier tome, tout fonctionne à la perfection. La rencontre des personnages fonctionne. Les implications jusqu'à la scène de bataille final aussi. ça se mange sans faim même si ce n'est pas fin.

    BD pop corn en diable qui fait le job et qui donne envie de lire la suite vite vite.

    Arkadi Le 20/04/2022 à 07:47:01

    Roosevelt est dans son meilleur comme son pire dans ce dernier opus.

    Le pire d'abord: Roosevelt, par le biais du maitre et sa femme, explique la musique à un personnage qui n'en connaissait même pas l'existence. C'est beau mais c'est long. C'est professoral pour le personnage mais surtout pour le lecteur puisque l'auteur explique surtout au lecteur. Hélas Roosevelt est coutumier de ce genre de scène dans tous ses albums.

    Le meilleur ensuite: Les décors flamboyant et baroques autant que simple et lumineux. Les personnages bien écrits et attachants. L'histoire, contrairement au second tome (heureusement!), reprend du coffre et de l'enjeu avec une pointe de suspens! Le fil narratif du premier tome sur les peuples crées par ce maitre canard de l'univers reprend et c'est tant mieux.

    Ainsi donc Roosevelt fait du Roosevelt. il reste dans sa zone de confort et ne peut que plaire à ses aficionados. ça tombe bien...J'en suis.

    Arkadi Le 19/04/2022 à 15:21:47

    Est ce qu'une Bande Dessinée peut être contemplative, et déambulatoire dans un propos sur l'art et la philosophie? Est-ce qu'une BD peut elle être sans enjeu ( ou très peu), sans une histoire véritable qui déclenche l'envie de poursuivre pour connaitre les destinées des personnages au demeurant fort attachant? C'est difficile en tout cas. le 9ème art est analogue au 7ème, un art de mouvement et de récit. Et ce tome prouve toute la complexité à construire ces thèmes dans une BD. Car si ce n'est pas raté, ce n'est pas réussi non plus.
    Il y a certes des merveilles de planches silencieuses et magnifiques. Il y a de belles balades qui narrent les notions bénéfiques du simple, du hasard et du bonheur; qui racontent une certaine philosophie ( peut être un peu trop didascalique avec un ton un tantinet professoral de la part de l'auteur).

    Mais sinon, tout cela est un peu trop d'un ventre mou ennuyeux. C'est beau. C'est une randonnée raffinée mais Roosevelt ne raconte pas son histoire. Alors la contemplation devient ennuie. On aimerait parfois courir.

    Alors j'espère que le troisième tome donnera à nouveau du corps à l'histoire qui était si intrigante dans le premier tome.

    Arkadi Le 13/04/2022 à 07:58:52

    Lorsque l'on découvre l'univers de Roosevelt, il est difficile ensuite de le quitter. Après "Ce" ( génialissime! ), mon dealer de BD préféré dans le 9ème arrondissement me recommande d'acheter le nouvel opus de l'auteur. Et c'est tout aussi bon.
    Juanalberto est LE personnage récurrent de Roosevelt.

    Secondaire dans "CE", il est principal dans beaucoup d'autres. Car, Roosevelt construit ses œuvres avec toujours les mêmes personnages et cela donne une charpente subtile et maniaque de tout son univers. Comme un réalisateur ayant ses acteurs préférés. Et ce principe me plait beaucoup.

    Ici, ce canard est un dieu-constructeur d'univers qui vit avec sa petit femme, loin de ses créatures. Créatures qui ont évolués, pas forcément en bien, alors le dieu canard construit des réunions pour remettre tout ça en ordre mais, bon, ça ne marche pas non plus du coté administratif alors les créatures viennent à lui, dans son monde à lui.

    C'est ésotérique et ludique. C'est érotique et bon enfant. C'est spirituel et rigolo pouêt-pouêt. C'est surtout frais, contemplatif avec du Dali dedans. Du simplement beau avec des réflexions à tiroirs. Juanalberto est un dieu si humain alors que c'est un canard. C'est un foutoir harmonique.

    Les dessins sont superbes, pétris de détails parfois à la Dali toujours, comme vertigineux de beautés contemplatives. Le scénario est un ode à la réflexion autant qu'à la simplicité.

    Roosevelt est un électron libre. D'ailleurs la maison d'édition qui publie est la sienne. Il sort des sentiers battus avec contemplation et détails de la masse de choses vendues dans nos magasin de BD adorés.

    Et ça fait du bien.

    Arkadi Le 12/04/2022 à 10:20:18
    Michel Vaillant - Tome 1 - Le grand défi

    Dans la bibliothèque familiale, il y avait quelques albums disparates de la série Michel Vaillant entre les Astérix et les Gaston Lagaffe. J'ai lu et relu et relu encore ces 6 albums. Mais je lisais aussi leurs quatrièmes de couverture ou étaient indiquées les albums déjà parus sur la vingtaine déjà publiée et je rêvais de posséder le tout premier: "Le Grand défi".

    Mon premier album acheté lors de mon adolescence fut "Le grand défi". Depuis 600 autres BD ont constituées ma collection personnelle. C'est dire le rapport affectif que je porte à ce premier épisode.

    Les décors sont minimalistes. Les personnages encore gauche dans leurs ébauches picturales et les pastels indiquent une réflexion balbutiante sur la nécessité de belles couleurs pour raconter une belle histoire. Par contre les lignes des automobiles déjà sont belles et leurs mouvements sur circuit sont maitrisés. C'est dire combien Jean Graton se passionne déjà sur la course automobile en elle même. Le scénario y est simple voire simpliste: Deux champions automobiles vont s'affronter autour du monde.

    Alors quoi? Ou est le plaisir de lire ?
    Elle réside dans la bible des personnages qui charpenteront la série: La famille vaillante, la marque vaillante, le némésis du héros qui deviendra son meilleur ami et même tous les personnages secondaires.
    Elle réside surtout sur la vision du journal Tintin des années 60. Il n'y a pas de lutte des classes. Ici les patrons Vaillant aiment leurs ouvriers et les ouvriers Vaillant aiment leurs patrons. Ici les valeurs humaines de fidélité, de travail, de loyauté et de respect sont les maitres mots de toutes les vies de tous les personnages. Ici, les trente glorieuses sont sublimés par des morales patriarcales. Ici pas de traumatismes, ni d'écorchures de l'âme. Tout est bienveillant. Et les méchants n'ont que des considérations d'argent ( et c'est caca, l'argent alors que la famille vaillant en est pétées. Oui, il y a aussi un rapport judéo chrétien). Et Steve Warson retourne dans le bon droit par la notion travail.

    Le grand défi raconte la fin des années 50 au travers de la morale que l'on prodigue aux enfants qui lisent le magasine TIntin. mais de toutes les séries de l'époque, c'est peut être la seule qui se rapproche le plus de ces années-là. C'est donc le témoin d'une génération.
    Et sa lecture est optimiste, agréable, sans méchanceté aucune. Le Grand défi est une œuvre de jeunesse encore immature. Mais très vite, Jean Graton va ancrer son savoir. Les 13 albums qui vont suivre sont à mes yeux des petits chefs d'œuvres de la série et même de l'époque. Car, oui, à cette époque les grands auteurs et les grandes séries du 9ème art français sont tous en train d'éclore.

    Arkadi Le 08/04/2022 à 17:10:12
    Colby - Tome 1 - Altitude moins trente

    Une série qui fleure tellement une tentative de série à succès dans les années 80, période ou l'album de BD prend son plein essor. On prend des noms de renoms, une idée conventionnelle avec un brin d'originalité pour pas faire comme les autres séries et hop, on envoie! Colby ( comme bien d'autres) c'est ça.

    Du coté dessin, c'est le carton plein! Blanc Dumont est un orfèvre. Tant dans l'ambiance, le décor et l'action, le dessinateur sait faire. C'est poisseux et sale. C'est vertigineux et grandiose. C'est tout en mouvement et vibrant. Dans sa précédente série "Cartland", Blanc Dumont avait déjà expérimenté tout cela. "Colby" profite pleinement de ce savoir faire d'avant.
    Du coté du scénar, Greg fait dans la digne lignée des séries à épisodes des périodiques de l'époque Pas de surprise et pas de vague. Les méchants sont trés trés méchants. Les victimes sont pas débrouillards pour un sou sans le héros. Les héros n'ont pas le moindre putain de défaut. et les rebondissements n'ont ni queue ni tête mais il faut bien des cliffhangers pour les épisodes dans Spirou, Pilote ou Tintin.
    C'est classique et conforme. ça se lit sans déplaisir mais sans surprise non plus. Et Blanc Dumont nous régale.

    Arkadi Le 02/02/2022 à 14:49:33
    San-Antonio (Les Aventures du Commissaire) - Tome 4 - San-Antonio chez les Grecs

    Cette série est d'un nanardesque indispensable!
    Ici San A et Béru courent après une statue en Grèce. Ne vous y méprenez pas. Il n'y a pas d'histoire.

    Tout part en sucette, les rebondissements n'ont ni queues ni têtes. Tout est prétexte à de nombreux calembours pas drôles, à des caricatures de personnalités de l'époque que l'on ne reconnait pas le moins du monde ( d'abord parce que c'est mal caricaturé et ensuite parce qu'ils ne sont pas entrés dans la mémoire populaire de notre cher pays et sont donc aujourd'hui inconnus au bataillon)
    San A ne sert à rien ou presque ( un sauvetage héroïque par ci et du beau gosse par là), Béru est un clown alcoolique et violent. C'est la petite nièce insolente et moche qui fait tout le taf dans des péripéties abracandestesques. Et oui, faut qu'il y ait un enfant puisque c'est une BD. CQFD vu que les "petits mickeys" c'est pour les bambins ( pensées d'adulte de l'époque en tout cas)

    Les décors apparaissent puis, paf, disparaissent comme par magie sur la même page. Franz n'est plus. Mais je crois reconnaitre la patte de Dimitri parfois ( auteur de la série "Le Goulag" qui me semble-t-il est injustement oublié)

    Et c'est franchement hilarant à lire aux 12ème degrés. C'est si foireux que le plaisir de lire est irrésistible. Oui, j'avoue me sentir coupable d'aimer une série qui ne comprends rien à la BD et qui s'en tapent d'ailleurs la coquillette. C'est un produit dérivé de la série littéraire. Faut surfer sur le succès.

    J'ai hâte de me dégotter les 4 derniers albums de cette série qui me manquent pour bien me fendre encore la poire!!!

    PS: j'ai mis 5 étoiles comme j'aurais pu mettre aucune étoile. C'est ça le problème avec les nanars.

    Arkadi Le 02/02/2022 à 14:31:59

    Si le scénario d'Andrieu est plutôt conventionnel et bien construit avec des rebondissements surprenants malgré des passages un peu brouillon, le plaisir de lire est ailleurs.

    Ici, ce sont les illustrations de Philippe Berthet qui font l'étonnement. Voici la première œuvre de l'auteur et c'est déjà d'une telle maitrise ! "Couleur café" démontre que Berthet était un étudiant sérieux qui, au fur et à mesure, a construit un style, une patte identifiable qui fait l'unicité du talent.

    Constater ici une telle maitrise des décors, des paysages et des personnages sur une ligne si limpide et si claire frôle le brio. Et on pourrait même regretter le systématisme du sexy dans les partie pris de l'auteur dans son futur tant il y a un savoir faire incroyable.

    Cette œuvre prouve à elle seule le talent incroyable du dessinateur. De plus le scénario propose un vrai suspense avec de nombreuses surprises. Alors, que demandez de plus?

    Arkadi Le 01/02/2022 à 07:44:23

    Deux histoires fantastiques:
    Andreas est au stylo et Berthet aux pinceaux. Et ça donne deux histoires publiées dans Spirou et un album regroupant une œuvre de jeunesse de deux maitres du 9ème art.
    Evidemment, scénarios et dessins fleurent bon la série télé " la quatrième dimension" . Et c'est en cela que l'album est un vrai plaisir de lecture.

    La première d'ailleurs est plus réussie. Elle est plus viscérale, plus angoissante et plus oppressante sur son déroulé et, surtout, dans les dernières cases de conclusions. Andréas gère parfaitement le crescendo et Berthet offre des ambiances de neige qui oppresse plus encore. Il y a du " Je suis une légende" (le film des années 50) et " de "l'invasion des profanateurs"....la courte histoire rend parfaitement hommage à tous ces classiques. Un magnifique nouvelle. une vraie pépite.

    La seconde, encore plus courte que la première, vaut aussi d'être lu pour sa montée crescendo afin d'atteindre le final apocalyptique. C'est bien plus téléphoné. les rebondissements sont bien plus forcés. Les dessins de Berthet ne nous offrent pas une narration visuelle supplémentaire à l'histoire,. Ils restent toute de même magnifiquement à son service mais sans grande plus value.

    Mais si vous aimez la "quatrième dimension", la série en noir et blanc, foncez sur cet album. Vous allez être aux anges. Et, perso, j'adore qu'on prenne possession de mon téléviseur.

    Arkadi Le 01/02/2022 à 07:27:07

    Trois curiosités dont une pépite que voici. Ces trois aventures étant publiées dans le journal "Spirou", les voici en publier en album. Et c'est très sympa. Berthet et David B. utilisent les codes de l'histoire courte (Un final surprenant après une narration rapide d'une histoire) ou des Pulps américains.

    La première histoire est la plus réussie. L'ambiance mexicaine du jour des morts est un vrai plaisir visuel, et l'histoire ( aux rebondissements forcément poussifs à cause de la brièveté) se lit avec grand plaisir. le final, lui, permet la respiration et la projection de nos personnages dans leurs futurs.
    La seconde est une histoire courte maitrisé de bout en bout. le dessin est au service du suspense. Là encore Berthet et David B. maitrisent leurs sujets.
    La troisième est ratée totalement. Toutes les actions sont construites pour la conclusion. Et les actions sont tellement mais alors tellement illogiques pour une conclusion qui est tellement mais alors tellement prévisible.
    Il reste deux histoires bien fichues et surprenantes avec un dessin qui fait le job de l'ambiance et des actions, sans non plus tenter la maestria.

    Il n'empêche les œuvres de jeunesse de Berthet sont de vrais pépites sucrées.

    Arkadi Le 31/01/2022 à 16:56:24
    Le privé d'Hollywood - Tome 2 - Amerika

    Comment raconter une enquête qui est la pire dans la carrière d'un détective?

    "Amerika" le raconte parfaitement. Alors que Hyppolite Finn, dans le précédent album, prouva ses facultés d'enquêteur, il est ici totalement largué. Toutefois, son égocentrisme lui fait croire le contraire. Il reste grande classe, cynique à souhait, pertinent et beau gosse. Il est l'archétype parfait du détective privé des années 30.Et j'adore ce personnage!
    Cet album est bien plus profond que le premier tome. Si ce dernier utilisait parfaitement tous les codes du polar, celui-ci raconte un échec du début jusqu'à la fin. Et dans l'atmosphère et les décors grandiloquant et fastes d'un Hollywood de cinéma, l'échec est encore plus cuisant. La dernière page de l'album magnifiquement découpée et dessinée en est le symbole magnifique.
    la parti pris est hasardeux. Cela pourrait surprendre et déplaire celles et ceux qui souhaitent lire une histoire codifiée. Mais moi j'ai adhéré totalement à ce choix scénaristique. D'ailleurs, que le meurtrier raconte, avant de tuer comme une cigarette au condamné, en est une illustration claire. D'habitude, je déteste cette facilité scénaristique. là, je la comprends.

    Berthet fait plus que le job. La maitrise de son dessin permet une lecture limpide. Mais, au delà de cela, il construit de nombreuses pages ou son découpage emprunte avec talent les codes des films noirs, dans les ambiances et les mouvements.

    Au delà d'un scénario atypique, le dessin suffit pour une magnifique lecture

    Arkadi Le 31/01/2022 à 16:30:13
    San-Antonio (Les Aventures du Commissaire) - Tome 1 - Olé ! San-Antonio

    La série "fleuve noir bd" de San Antonio est une commande pour surfer, à l'époque, sur le succès incroyable des livres ( toujours considéré aujourd'hui comme un monument de la littérature populaire française).

    Foutraque, l'histoire nous envoie dans une Amérique du sud à la Pancho Villa fantasmée. Les calembours souvent lourdingues et datés fourmillent dans tous les dialogues. Il y a des moments ou l'on sourit tout de même. Le personnage de Béru est bien le seul à être drôle dans tout ce fatras mais il emprunte tellement à Obélix dans ses comportements que cela pourrait être considéré comme du plagiat.
    Les dessins sont faits en atelier, donc à plusieurs. L'album est une commande à livrer vite et cela se ressent dans les visuels, les cadrages et les (rares) décors.

    Cette série pourtant est dans ma bibliothéque. Alors pourquoi y est-elle? car il y a de la madeleine de Proust dans cette œuvre. C'est le plaisir de lire un temps révolu, une époque qui a cessé, qui me plait. Hors, dans cet opus, ce plaisir nostalgique ne prend pas. peut être parce que l'action ne se déroule pas en France justement. Car les autres albums sont des nanars merveilleux ! Et ici à part le régime de Béru, rien ne m'est nostalgique.

    Arkadi Le 28/01/2022 à 11:59:56
    Le privé d'Hollywood - Tome 1 - Le privé d'Hollywood

    Aaaaaaah l'Hollywood horrifique de Bela Lugosi et de Boris Karloff, l'Hollywood des grands domaines ou vivent les stars, des studios de la grande époque! Les auteurs nous y mettent un privé charismatique et cynique dans la lignée magique des Sam Spade et Philip Marlowe avec la classe en plus!

    C'est classique, sans grande surprise et déjà vue maintes fois lu mais, moi, j'adore Hyppolite Finn!!!! J'adore ce télescopage scénaristique entre le polar codifié et l'univers hollywoodien fantasmé des films d'épouvante. J'adore tous les personnages secondaires qui sortent tous des romans de Mickey Spillane sans la misogynie outrancière du créateur de Mike Hammer (Bien que les personnages féminins restent des poupées sexy à émotions vives).

    Bref, c'est du déjà vu....mais ça marche à fond chez moi. Les rebondissements, les courses poursuites, les secrétaires sexy et téméraires, je fonce à fond à fond

    Arkadi Le 28/01/2022 à 11:32:22

    La jeunesse de Berthet en Bd apporte son lot de belles curiosités voire d'œuvres qui auraient pu être considéré comme indispensable à lire. L'œil du chasseur en fait parti assurément.

    Du coté du dessin, rien à dire. Berthet, dés le début de sa carrière, maitrise parfaitement les paysages américains des années 50, les jolies poupées et les grands cadrages silencieux qui apportent une ambiance réelle d'oppressions et de luxuriance moite des bayous. Sa gestion du trait mi réel-mi comics nous immerge totalement. C'est fluide et limpide. Le trait est au service de l'histoire. Berthet est doué.

    Du coté du scénario, Foerster est doué aussi. les personnages sont intenses dans cette recherche du paradis perdu. Car tous cherchent un Graal. Tous sont en quête. les frères fanatiques le sont pour un parchemin. La jeune fille, d'amour. le chef du pénitencier de son chef d'œuvre et bien sur le personnage principal de son paradis terrestre. C'est dense et plein de rebondissement.

    ça va vite. ça va trop vite.

    Parce ce que cette histoire doit entrer dans 48 pages alors qu'elle en mérite le double, il y a des incohérences. Pourquoi le chef Hunter laisse libre la jeune fille ( ce n'est clairement pas dans sa philosophie de vie) ? Et il y a hélas de longs tunnels explicatifs ( Comme je déteste les personnages qui vont tuer mais explique tout avant !!! et pourquoi cette amoureuse ne dit pas tout de suite son choix d'avenir auprès du jeune homme?
    Et, cette intuition finale du chef qui fait cesser le monologue de cette fameuse jeune fille est bien opportuniste!

    L'œuvre aurait pu être peut être un chef d'œuvre de polar noir et oppressant, il en devient seulement une très belle curiosité avec un final incroyable.

    Car le final, lui, vaut seul l'obligation à lire cet album! La claque est juste incroyable et je suis sorti sonné de la lecture. Oncle Paul est un sadique. il n' y a pas de paradis. Seule la quête du pervers sadique sera concrétisé. Doublement d'ailleurs. les auteurs nous livrent un final sordide, un message qui résonne dans notre actualité.

    J'aurais tant aimé que Foerster prenne plus de temps à nous raconter sa magnifique histoire!

    Arkadi Le 28/01/2022 à 10:16:08
    San-Antonio (Les Aventures du Commissaire) - Tome 3 - San-Antonio fait un tour

    Attention BD incroyablement nanardesque !

    Voila pourquoi j'hésite entre le 5 étoiles (indispensable) et le 0 ( a fuir!). Car, oui, il existe des nanards même dans le 9ème art.
    Un nanard, c'est une histoire sans queue ni tête., une mise en scène foutraque, une production fauchée et des acteurs qui jouent mal. Et c'est tellement mauvais que cela devient jouissif de lecture. et ici toutes les cases sont cochées.
    C'est le fiston qui écrit les dialogues et à chaque case, il y a un calembour...faut en mettre, faut en mettre un max parce que, chez San-A, il y en a tout plein dans les bouquins. Et ils sont tellement poussifs, faciles et douteux qu'ils en sont forcément drôles au douzième degré.
    L'histoire? Généreuse d'extravagances folles. ça part dans tous les sens et ça n'en a aucun. Elle est construite au fur et à mesure pour mettre en bulle les fameux calembours. Le propos est tout en gaudriole mode " faut rigoler!" et forcément on rigole au dépens des auteurs. Et là on rigole franchement.
    Même les personnages jouent mal...ce qui est incroyable tout de même pour une bande dessinée. Franz, aux dessins dans les deux premiers tomes pour les visages, s'est barré. Alors on réutilise les têtes qu'il a dessiné sur les corps du commissaire par exemple. et ça c'est hilarant!
    Clairement, y a pas le budget! Ce qui est ébouriffant pour une BD qui a besoin que feuilles blanches, de crayon et de pinceaux!!! C'est fait vite, à plusieurs....faut livrer!

    Bref j'adore lire cet album pour m'en moquer ! Car, tout de même, il y a cette sensation de machine à remonter le temps. Tous les clins d'œil, toutes les références sont datés à l'époque de la publication. Et, par exemple, revoir Jean Richard en Commissaire Maigret ( qui sait aujourd'hui que Jean Richard fut à la télé ce personnage-là ?), me rappelle mes années 70 à moi.

    PS: Je mets zéro car ce serait pas sympa pour le vrais chefs d'œuvre mais j'hésite encore pour 5 étoiles vu que je l'ai déjà lu plusieurs fois cet album-là et je ris toujours autant. Et malgré tout, c'était bien le but de départ du bousin, non?

    Arkadi Le 25/01/2022 à 13:15:28

    Voici un "road movie" de petites histoires humaines qui se clôturent dans les étoiles.
    C'est l'histoire de 3 adulte-enfants à la recherche d'un papa immature au travers des grands espaces américains qui défilent sur les routes.

    Et tout n'est qu'effleuré.

    Les personnages le sont à peine dans leurs profondeurs. Tout n'est que détails et petites anecdotes comme les paysages qui défilent au travers des vitres de voiture. On se sait rien de Seymour à part son indécrottable besoin de séduire et son travail de publicitaire (un prince charmant vieillissant). On sait peu sur Virgil et encore moins sur sa tripotée de gosse (Blanche neige et les sept nains) On en sait d'avantage sur Ruby avec ses angoisses et ses troubles ( L'envers de la médaille d'une princesse à sauver). Et c'est trois archétypes de contes pour enfant sont en quête d'un roi infantile.

    le road movie n'est pas une quête d'un amour paternel par des enfants à la dérive. Non. Ici tout le monde s'aime. tout le monde tient à tout le monde malgré les égoïsmes et le fantasmes de chacun. Est-ce là la vision de l'Amérique de l'auteur ? Un monde de paysage splendide balafré par les routes et l'urbanisme. Des êtres humains heureux sans l'être, sans but véritable ( et n'en auront pas d'avantage à la fin de l'histoire) et qui essayent par petites décisions d'être moins seul? Une vision surannée d'une Amérique qui a perdu ses rêves et se raccrochent à peu de chose...

    Les décors sont splendide et les silences visuels sont des spleens contemplatifs. Toutes les séquences sont touchantes d'humanité alors que rien ne mène vraiment nulle part.

    Une belle histoire simple sans rebondissement qui roule sans entrelacement sur une autoroute sans but.

    Arkadi Le 24/01/2022 à 13:07:35
    Jonathan - Tome 17 - La Piste de Yéshé

    Ils sont rares les finaux de série qui sont réussis. A chaque fois, le lecteur qui fut passionné par la vie du personnage attend tellement que la fin raconte tout ce qui fut oublié, que toutes les questions sans réponse soient faites tout en espérant une fin heureuse.

    Alors, lorsque l'ultime tome de cette série qui est l'une de mes préférés, écrit par un auteur qui est l'un de mes préférés, est parus, j'ai d'abord tout relu ( et construit des critiques sur bdgest) …pour ne pas aller trop vite à la conclusion et profiter encore un peu de mes fantasmes de lecteur de ce qui pourrait être.

    Je voulais d'abord que Drolma revienne. L'abandon de ce personnage avait heurté considérablement ma lecture des albums. Comment un père adoptif (Jonathan) pouvait abandonner de la sorte une enfant (Drolma)? Et je voulais que Jonathan cesse son errance et soit enfin heureux pour lui seul.

    Drolma est réapparue. Et ce fut une immense joie pour moi, plus affirmée encore par une simple parole du personnage et du jeu dans le scénario sur l'inexistence présumée de Jonathan par les enfants de Drolma. Et cette simple réponse suffit à tout excuser.

    Une histoire ou la mort du personnage fut comme un choc violent et sa résurrection en moine fut merveilleux à lire. Comme si l'errance était enfin clôturée. Pas de manière physique mais spirituelle avec cette facétie systématique qui s'est toujours immiscée dans le destin du personnage sur les derniers album. Une résurrection qui se clôture simplement. Jonathan a erré dès le premier album par la mort de Saîcha. Cela se termine par une allégorie simple et naïve offerte par Drolma qui fait la leçon à un moine bouddhiste déguisé. Et personnellement j'aime ce pied de nez qui est le symbole même des choix scénaristiques de la série toute entière. Pas de grande leçon. Juste des histoires simples de personnages qui se perdent de voir la vie avec trop de complexité et qui retrouve le chemin à aimer le temps présent ( Et c'est cela la définition du bonheur dans "Elle": Aimer ce qui est là)

    J'ai aimé les multiples références et la vieillesse de Jonathan qui ne lui permet plus de commettre les actions du passé. J'ai aimé ces quelques jours d'attente qui deviennent quelques mois. car, dès que Jonathan veut prendre sa vie en main, la facétie du destin, toujours, le rattrape. J'ai aimé ce temps suspendu et l'histoire secondaire ou encore une fois Jonathan devient ange gardien une dernière fois.

    Mais par dessus tout J'ai adoré le final! On pourrait y voir les simples retrouvailles de deux amis. Evidemment il y a un sens second et ces dernières cases sont extraordinaires. Jonathan qui invective son créateur à venir vivre la vie plutôt que de l'écrire dans son atelier vient à l'auteur dans ses premiers vêtements et sa première moto. Il réintègre l'auteur. Ils vont ne faire à nouveau plus qu'un. le temps du voyage fantasmé, le temps du voyage prennent fin. Jonathan n'est plus un personnage de papier libre dans l'esprit de l'auteur. Il rentre à la maison. L'errance du fantasme miroir est fini dans une dernière case qui rappelle dans son symbole les premières cases de " Souviens toi, Jonathan…"

    Les dessins sont sublimes. Le silence et les grands espaces somptueux. et le "blanc Cosey" inonde d'éclats les autres couleurs magnifiques.

    Peut être le plus beau final d'une série.
    Merci infiniment Mr Cosey de m'avoir fait rêver pendant 30 ans grâce à votre double.

    Arkadi Le 24/01/2022 à 12:11:31
    Jonathan - Tome 16 - Celle qui fut

    Avec "Atsuko" et "Elle", Cosey était déjà redevenu un maître du 9ème art alors que son style visuel avait tant changé. Dans cet album, à nouveau, le graphisme et les couleurs sont d'une lumière éclatante et il y a ce plaisir inénarrable du carnet de voyage qui perdure depuis les 5 derniers albums. Carnet de voyage visuel sublime qui nous immerge dans la vie quotidienne et les traditions des pays visité par Jonathan (ou plutôt Cosey qui désormais se balade beaucoup à travers le monde). Jonathan n'est plus un double fantasmé de l'auteur mais son double miroir.

    Et le scénario abuse moins de rebondissements opportunistes.

    C'est un oiseau bavard, ici, qui déclenche le retour dans les souvenirs. Et construire une histoire qui narre le passé du personnage est rare dans cette série. Alors le plaisir de lire est plus vorace par la curiosité des espaces vides de son existence.

    "Celle qui fut" est comme souvent une histoire optimiste et belle malgré le fond qui toujours raconte les vicissitudes des états totalitaires ou gangrénés par la corruption. C'est aussi une belle histoire d'amour qui s'intègre parfaitement dans la bible de la série.
    Certes le final peut être considéré comme forcé et que le hasard fait tout de même bien les choses. le hasard reste prépondérant dans la bibliographie de Cosey mais ce hasard rappelle les réflexions bouddhistes et Jonathan est, pour la plupart de ses aventures, un ange gardien qui apporte le bonheur ou la fin heureuse aux protagonistes pour qui il est un témoin privilégié.

    Jonathan serait-il un ange réincarné? En tout cas, cette sensation permet la lecture d'histoire "feel good" et qui font du bien.

    Arkadi Le 17/01/2022 à 10:55:39
    Jonathan - Tome 15 - Atsuko

    Certes le scénario est conventionnel et déjà vu dans la propre bibliographie de la série. Les hasards sont bien trop heureux. La découverte du premier carnet qui déclenche la quête est tout à fait improbable. L'incroyable possibilité de Jonathan à aller de pays en pays pour une simple intuition est proprement extraordinaire alors que celui-ci est sans le sou.

    Il n'empêche, ça fonctionne pour moi. Et la nostalgie est certainement l'énergie qui me porte à être si heureux dans cette lecture. D'abord parce que les grands espaces sont là, oxygénant l'histoire, avec ce "Blanc Cosey" toujours aussi magnifique. Ensuite , il y a ce périple humain ou Jonathan n'est toujours qu'un témoin privilégié d'une histoire d'amour maudite. Les personnages sont attachants, troublés et troublant. Ils construisent à eux seuls l'intensité de l'histoire.

    Certes, "Atsuko" est un récit confortable pour un lecteur absolument adorateur de la série. Mais c'est comme ça. Je suis un lecteur de la première génération de cette magnifique série.

    Arkadi Le 17/01/2022 à 09:04:49
    Jonathan - Tome 14 - Elle ou dix mille lucioles

    Cosey est de retour.

    Durant la "3ème époque" de l'auteur, les deux albums précédents n'avaient guère le souffle, la clarté, ni la qualité graphique du maître malgré ce choix judicieux de raconter le réel du tibet au travers de ce témoin privilégié qu'est Jonathan. Cosey cherchait à raconter ses histoires autrement que durant ces chefs d'œuvres précédents. Et à mes yeux cela ne fonctionnait pas.

    Avec "Elle", non seulement l'auteur s'est retrouvé mais, en plus , il se sublime. Quelle beau carnet de route que cet album là. Cosey choisit l'écrit d'un journal intime qui n'est pas illustré par les images car les dessins racontent le quotidien d'un Jonathan, témoin de la vie Birmane. Les échanges épistolaires entre Jonathan et Cosey, entre Jonathan et Kate ( pourquoi pas entre Jonathan et Drolma?) sont savoureux de réflexions métaphoriques et d'amitiés intellectuelles. Et j'avoue que cette inversion qu'est l'échange entre un auteur et son personnage fictif, et déjà utilisé durant le premier tome, offre une mise en abime savoureuse.: c'est le double fantasmé qui incite l'auteur à quitter ses crayons pour vivre la vrai vie...donc sa propre vie qui est de papier.

    Puis il se déclenchent une histoire malicieuse sur fond de résistance, une histoire que l'on ne voit pas venir puisque l'on se sert de la naïveté de Jonathan pour combattre. Une sorte de manipulation positive qui prouve qu'à vouloir trop intellectualiser le bonheur et sa recherche, on oublie la dictature et l'instant présent. Le final est un truculent pied de nez à toute la réflexion de l'album.

    Et il y a les dessins. Enfin, pourrais-je dire, il y a les dessins. les personnages étaient au scalpel, ils le seront désormais toujours mais les profondeurs des visages et des corps reviennent. Les émotions aussi. Il y a les grands espaces de retour. Les belles images de ce quotidien Birman magnifiées par les couleurs et leurs aplats les uns contre les autres. Certes, ont disparu les ombres et les ambiances cotonneuses. Cosey joue avec les couleurs chaudes et vives. Les ombres sont secondaires. Mais, si Cosey a transformé son dessin de manière drastique, il réutilise son savoir faire pour densifier son nouveau style.

    C'est beau et limpide à nouveau. Enfin.

    Arkadi Le 14/01/2022 à 17:11:27
    Jonathan - Tome 13 - La saveur du Songrong

    Bien sur je regrette que Cosey n'utilise plus sa maitrise sublime des grands espaces, que ses personnages n'aient plus les détails visuels comme les ombres ou les multiples petites traits qui donnent de la profondeur et une sensation d'humanité supplémentaire. Ainsi donc Cosey va à l'essentiel. C'est triste de n'être plus soi même

    Oui, les couleurs restent des aplats. mais ici Cosey réutilise son savoir faire de la couleur qui raconte une ambiance à certains moments. Mais alors à certain moment seulement.

    Il n'empêche. Cet album ou Jonathan tente de retrouver une personnage du tome précédent, non pas pour un but désintéressé mais bel et bien parce qu'il est amoureux, raconte à nouveau l'horreur du colonialisme chinois dans le pays tibétain par les petites histoires multiples qui tressautent tout autour du double fantasmé de l'auteur.

    Les destins se détruiront pour un simple livre qui, pourtant, doit être sauvé. Sans cela, les vies des multiples personnages n'auraient plus de sens. un livre est un symbole capital pour une culture tout entière si celle-ci est condamnée.
    L'album est plus abouti. L'histoire est intense. Cosey ne fantasme plus. il raconte le tibet que l'on détruit par le biais des petites histoires humaines comme il sait si bien le faire.

    Jonathan est devenu adulte et Cosey aussi. Aller à l'essentiel pour sauver ce qui peut l'être pour l'un comme pour l'autre, voila l'intensité du propos. Mais, l'âme de la série a encore disparu.

    Arkadi Le 14/01/2022 à 16:47:51

    Voici l'œuvre reine de l'auteur. La plus mature et la plus magistrale peut être.

    "Voyage en Italie" est la quête onirique, dans les espaces superbes d'une péninsule italienne baignée de couleurs chaudes, de trois personnages perdus. Deux hommes vétérans du Vietnam amoureux depuis toujours d'une femme inconséquente. De ce voyage à se trouver, deux d'entre eux ne se trouveront pas. Les émotions qui accompagnent la lecture sont le bonheur de vivre à l'italienne, la joie du moment présent en anecdotes qui construisent l'amitié mais aussi la mélancolie de la vie avant le carnage et le traumatisme de l'avoir vécu.

    Les personnages sont sublimement écrits. Celui qui prévient de ne pas se projeter dans l'avenir ne fait que ça pour lui même. et cela le consommera de l'intérieur. Celle qui cherche des réponses les recherchent aux mauvais endroits. Elle ne voit que les murs du sacré alors qu'il lui suffit de lever la tête pour admirer le ciel bleu de la foi (peut être juste en soi d'être là). Et le seul qui assume ses traumas acceptera l'aide d'un enfant qui, simplement, portera sa main sur son front fiévreux alors que les deux autres voudront l'utiliser ou pour trouver des réponses personnelles ou pour encore plus se projeter.

    Et, malgré les défauts de chacun, tous sont bigrement attachant. On vibre pour eux dans ce voyage ou l'Italie est magnifiée par les couleurs et les dessins sublimes du maitre suisse.

    L'intrigue évolue par petites touches, par de petites scénettes exquises ou terribles, drolatiques ou sublimes de décors silencieux qui collées les unes aux autres donnent un intensité crescendo aux propos de toute beauté. Les personnages évoluent sous nos yeux. L'intériorité de l'un s'extériorise pour accepter enfin les autres. Le faux semblant joyeux et immature de l'autre se renfermera jusqu'à l'extinction d'avoir trop tenter d'oublier.

    Le final est un happy end sans en être un. Autant heureux que d'une tristesse infinie, on sent bien que, désormais, Cosey sait écrire une histoire pour nous chambouler à chaque page, pour nous immerger sans fausse note, sans facilités scénaristiques, par petites touches ou des moments brefs de vies permettent de raconter une histoire intense. Et le dessin est somptueux. La narration visuelle est une autre histoire merveilleuse dans l'histoire.

    Arkadi Le 12/01/2022 à 14:05:53
    Jonathan - Tome 12 - Celui qui mène les fleuves à la mer

    Après 10 ans, Jonathan revient. 10 ans également que Cosey transforme son travail d'artiste par le biais de ses romans graphiques. voici la 3ème période de l'auteur.

    le temps d'un Tibet fantasmé est révolu. le temps de la contemplation et des grands espaces aussi. Cosey veut raconter le génocide d'un peuple, la destruction d'une culture par le colon chinois. Un long préambule écrit exprime le besoin de Cosey à rendre compte.

    Jonathan est toujours un témoin privilégié d'une petite histoire qui raconte la grande. il y a du Jo Sacco désormais chez Cosey. Mais la narration est alambiquée. Les ellipses du passé s'intègrent mal dans celle du présent. Et puis je me suis perdu aussi dans la multitude des personnages, dans, parfois aussi, leurs ressemblances physiques. Et cela heurte la lecture, cela la perturbe. Cosey veut raconter une histoire et il va vite. Trop à mon gout. La puissance de ses silences narrative n'est plus car elle a disparu.

    Question dessin là encore Cosey va à l'essentiel. Les décors ne servent plus une ambiance mais son histoire. Il privilégie le portrait et le gros plan. Son travail devient minimaliste. A l'instar d'un Hugo Pratt, chaque trait de crayon doit avoir son importance. ce minimalisme qui doit servir toujours et encore la narration ne profite pas à l'ambiance. les pages entières ou le silence était d'or, ne sont plus.
    Les couleurs, là encore, sont des aplats. Il n'y a plus de recherche dans la texture, ni dans les dégradés.
    Malgré tout cela, il y a des images iconiques, des recherches pour indiquer une émotion dans un seul dessin. Il y a ce besoin de raconter le vrai, la réalité et ne plus être dans le fantasme. Jonathan devient un véritable témoin d'un monde qui détruit d'autres mondes.

    Cette histoire qui aura une suite dans le prochain album est une remise en question du travail de l'auteur. le tome 12 n'est pas réussi à mon goût car j'ai tant aimé le travail de Cosey auparavant et il m'est difficile d'en faire le deuil.

    Il n'empêche. je ressens le besoin de transformation de l'auteur qui prend un nouveau départ avec un risque véritable à déplaire ses afficionados tel que je suis.

    Et on ressent malgré tout cette force inouïe. Très bientôt lorsque l'auteur sera à nouveau maitre de son nouveau style, il sera peut être à nouveau grand.

    Arkadi Le 12/01/2022 à 11:41:48
    À la recherche de Peter Pan - Tome 2 - A la recherche de Peter Pan 2

    la lumière éclatante dans un village alpin abandonné, la nuit cotonneuse puis le repas nocturne dans un hôtel délabré, le périple contemplatif d'une histoire d'amour naissante pourchassée... Cosey est un maitre coloriste de l'ambiance, du silence et de la générosité des grands espaces. Sa narration est limpide, son cadrage inspiré et harmonique.

    L'histoire est celle d'une histoire d'amour qui nait. La superbe Evalona n'est pas une princesse attentiste mais agit par des actions claires pour obtenir ce qu'elle veut face à un anglais pétri de courtoisie. Et cela fait du bien ce genre de personnage féminin qui construit son destin affectif. Et j'aime l'épilogue qui nous raconte jusqu'au bout du bout l'histoire d'amour que l'on a vu naitre. Et si cela est clairement fleur bleu, j'assume de l'être.

    L'histoire est celle d'un vieux à la recherche d'un graal doré et qui se brulera les ailes ( au même endroit que la cassure du sac) à avoir y été de trop prés. A avoir tant rêver, par trop de solitude en alpage peut être, du trésor de son prédécesseur, il se fera avaler par les légendes réelles du passé.

    C'est l'histoire enfin d'une fin d'époque ou tout va être avalé par la beauté blanche. Tout est détruit et tout renait ( par le biais toujours de l'épilogue)

    Certes il peut y avoir une facilité scénaristique dans le choix de Wilfried à aller chercher Baptistin vers le glacier, mais Cosey sait écrire une histoire et sait surtout prendre le temps pour que les ressenties des personnages ne soient pas mis en mot et puissent être ressentis aussi par le lecteur. Cosey sait qu'il faut prendre du temps et du silence pour que sa force narrative visuelle soit la plus forte. Une marche dans les alpes, un mouvement de barque, une rencontre entre deux être qui vont s'aimer, cela prend du temps et Cosey prend ce temps-là et le lecteur est immergé.

    cette œuvre est un merveilleux classique du 9ème art. L'une de mes œuvres préférées. Une œuvre qui va à l'essentiel: l'émotion.

    Arkadi Le 11/01/2022 à 12:20:40
    À la recherche de Peter Pan - Tome 1 - À la recherche de Peter Pan 1

    J'ai découvert la bande dessinée dans les étagères poussiéreuses d'une bibliothèque de province. Je suis devenu aussitôt "bdphage" par la lecture d'un certain nombre d'album. "A la recherche de Peter Pan" fait partie de ces œuvres qui furent révélations. Et après une centaine de relecture, je n'en démords pas : Voici un chef d'œuvre !!! Et avec "Le voyage en Italie" , le chef d'œuvre de Cosey !!!

    Car les pages d'introduction sont des merveilles de grands espaces alpins, des cadrages qui permettent l'oxygénation, la limpidité de la narration au travers des galops des chevaux. Parce que le "Blanc Cosey" inonde parfois des pages de neige blanche et lumineuse mais parce que les ocres et le noir nuit aussi sont parfaitement maitrisés. Car, Cosey sait dessiner la brume et le brouillard cotonneux des alpes mais aussi les aubes et les crépuscules. Tout baigne dans des couleurs parfois éclatantes et parfois nocturnes. Chaque visage raconte une vie, une histoire de vie.

    Toute l'ambiance mélancolique et heureuse se met en place jusqu'à la page 24 et, dés que le personnage principal se demande ce qu'il va raconter dans son livre, alors, par le biais de la musique de son frère (son Peter Pan, sa quête), l'histoire commence….

    Car le scénario est en harmonie avec la splendeur du dessin. Cosey ne commet aucune facilité scénaristique. Il dresse ses personnages par petites touches de détails et d'humanité. Et l'apparition de l'inconnue-naïade dans l'oasis chaud m'avait fait beaucoup frissonner à l'époque. Et aujourd'hui encore, à chaque relecture, j'ose avouer frissonner toujours. Tous les personnages sont interconnectés. il n'y a pas de méchants encore une fois. Il n'y a que des personnages ayant une mission à mener. Et tous sont attachants. Les personnages secondaires d'abord du cocher au gendarmes, et bien sûr les principaux.

    Dans ce premier tome tout se met en place. et se clôture. On s'approprie les alpes valaisiennes des années 30 et les enjeux de chacun aussi. Une menace craque parfois mais le temps n'est pas encore à l'inquiétude. Cela viendra au second tome. Le personnage principal, par son choix de rester, entre en combat: la nature lui permettra d'aller au bout de sa quête existentielle?

    Et, puis bon sang, quel couverture magnifique ! Comment un tel vide de dessin peut offrir une couverture aussi splendide. Cosey est un maître de l'ambiance et de la couleur.

    Arkadi Le 10/01/2022 à 09:30:47
    Jonathan - Tome 11 - Greyshore Island

    Final du roman graphique de la série Jonathan et le maitre mot est haletant.

    les rebondissements s'enchainent. le hasard de la destinée dans la spiritualité tibétaine reste toujours présent certes mais la plus grande partie des péripéties sont crées aussi par la personnalité des protagonistes déjà dressée dans le premier album. Kate par exemple n'est juste pas une pauvre princesse en difficulté en attente de son prince charmant. Elle agit, tout aussi obstinée que dans le tome 7. Il est appréciable que les personnages secondaires demeurent les mêmes au fil de leurs apparitions.

    Dans une ambiance visuelle magnifique de tempête et d'orage, les destins de chacun s'entrechoquent les uns contre les autres. le hasard, les actions et réactions se cognent et se recognent comme le sac et le ressac des vagues en furie. Après nous avoir conquis par une narration visuelle urbaine dans l'album précédent, Cosey nous offre une ambiance visuelle en harmonie totale avec le suspense de son histoire dans le chamboulement des destins des uns et des autres. On lit d'une traite. On veut connaitre la fin vite tant l'histoire est trépidante. On relira ensuite pour apprécier d'avantage les dessins superbes du maître.

    On pourrait parfois chipoter sur certaines facilités scénaristiques. Certes. Cosey en utilise souvent dans l'ensemble de son œuvre. Mais la destinée est aussi un thème majeur chez Cosey.

    Ce diptyque reste l'une des œuvres majeures du maître suisse. D'ailleurs, durant 10 ans, Jonathan ne reviendra plus, Cosey préférant les romans graphiques. Et, 10 plus tard, la série entrera dans la 3ème période artistique de l'auteur qui est pour moi la moins satisfaisante.

    Arkadi Le 10/01/2022 à 09:04:13
    Jonathan - Tome 10 - Oncle Howard est de retour

    1984.
    Cosey se lasse de Jonathan. Il souhaite écrire une histoire plus longue, plus structurée. Il propose l'idée à son éditeur. -"Pourquoi? Retorque-t-il" Jonathan fonctionne! Continue sur cette série! Les histoires uniques, ça ne fidélise pas les lecteurs, ça ne marche pas" Cosey insiste. Il aura gain de cause. Ce sera "à la recherche de Peter Pan", à mes yeux l'un de ses chefs d'œuvre absolu. Le succès sera plus retentissant que Jonathan. la collection "Aire Libre" débute et les romans graphiques avec. Cosey en sera le fer de lance.
    1985,
    Jonathan revient dans un roman graphique. Deux albums pour une même histoire, c'est un roman graphique. Avec " Le voyage en Italie", Cosey construira ses 3 œuvres les plus majeures de sa carrière durant cette période de 5 années.

    Ici, Cosey pose les bases d'une histoire ou le suspense sera le thème. Jonathan y apparait toujours témoin privilégié d'une histoire qu'il ne mène pas. Toutefois, il prend des des décisions ( ce qui est rare pour ce personnage), des décisions liés à l'affection. Tout l'album introduit le final haletant de sa suite, dresse les personnages, prend le temps de tous les connaitre par de nombreux détails qui font l'humanité de ces personnes de papier. On prend un plaisir fou à s'y attacher qu'ils soient "bons ou méchants".

    Cosey illustre merveilleusement les grands espaces. Dans cet album, il utilise son savoir faire pour rendre somptueux l'environnement urbain des villes… Il nous immerge dans l'ambiance américaine des années 80 ce qui offre plus densité à son histoire.

    Un vrai régal

    Arkadi Le 07/01/2022 à 12:12:24
    Jonathan - Tome 9 - Neal et Sylvester

    Pour suivre le propos d'un auteur, il faut que se construise un pacte de confiance entre celui-ci et son lecteur.

    Croire, par exemple, qu'un adolescent puisse être mordu par une araignée (même radioactive) est assez facile en fait si, tout au long du récit, demeure une certaine logique réaliste dans l'univers au fil de lecture.

    Ici hélas Cosey n'a pas su construire ce pacte avec moi. Trop de "Dux ex machina". Un chien à peine rencontré peut-il sauvé une vie? Un enfant peut il se balader de la sorte, sans le sou, en territoire occupé ? Une œuvre, aussi gigantesque soit-elle, peut elle être visible dans le monde sans presse, ni service de communication? Combien de temps un homme peut vivre sur un récif qui est à trois mètres du sol ?A chaque rebondissement, je quitte la narration pétrie d'une multitude de questions.

    Et Sylvester, ce compagnon invisible, me ramène à Drolma. La bible de cette série n'est pas épaisse en personnages secondaires et l'une d'elle a disparu corps et bien depuis 3 albums déjà. Nous n'avons plus de nouvelles de Drolma, l'enfant adopté de Jonathan. Et cette disparition crispe mon plaisir de lire. Je m'étais attaché à cette princesse sauvage qui était sous la responsabilité du héros. Qu'est elle devenue? Va-t-elle bien? Les questions continuent. C'est après la lecture de cet album que je me suis convaincu que Drolma fut l'amie imaginaire de Jonathan. Voila pourquoi Jonathan est si compréhensif vis à vis de Neal. A la relecture des albums ou elle est présente je me dis que c'est une merveilleuse solution à remplir ce vide narratif.

    Reste la maestria de l'auteur pour les dessins, les cadrages et les couleurs. C'est simplement somptueux, merveilleux, unique. J'en ai donc pris encore plein les mirettes…

    Mais voila tout.

    Arkadi Le 07/01/2022 à 11:40:48
    Jonathan - Tome 8 - Le privilège du serpent

    Que j'aime cet album!

    il est toute la quintessence de ce que j'aime chez Cosey : Des personnages attachants et empruntés d'un parcours en quête de sens, et de leurs rencontres avec Jonathan, témoin privilégié de la transformation, les grands espaces et le dessin magnifique de l'auteur, l'humour aussi… bon enfant.

    Ici, c'est un point de vue sur la les valeurs du hippie qui fait le corps du propos au travers du personnage de Casimir. ( Derib au tibet après Cosey au far West chez Buddy Longway!). Présomptueux et généreux, il est savoureux de suivre sa mauvaise foi, ses lâchetés, ses certitudes et sa confiance en lui tout d'apparat vêtue.
    Alors que c'est la seule fois en album ou Jonathan construit une petite entreprise, Casimir est une sorte d'inverse du double fantasmé de l'auteur depuis le début de la série. alors que le parcours de Jonathan résonne littéralement par des valeurs spirituelles de partage ( prépondérante dans la culture hippie), Casimir les utilise à des fins plus personnelles sous les artifices de la bienveillance.

    Mais, il n'est pas un méchant. Car, d'abord, il n'y a pas de méchant chez Cosey. Et c'est parce que casimir est cela mais aussi en proie au doute, que Casimir est follement attachant. Les personnages...la force incroyable narrative de Cosey.

    Et, après une scène à la fureur de vivre ou j'ai sincèrement tremblé pour lui, le final est d'une ironie malicieuse. Aurait-il changé après sa rencontre avec Jonathan? Certes oui., il a une plus grande confiance en sa virilité. Ce changement est-il en harmonie avec les valeurs qu'il tente de transmettre par ses théories psychologiques de comptoir? Oh que non. La dernière image le montre clairement.

    Le dessin raconte une autre histoire que les mots.
    Et j'ai adoré cela…

    Arkadi Le 04/01/2022 à 10:55:17
    Jonathan - Tome 7 - Kate

    si "Kate" a obtenu des prix dans divers festivals, ce n'est pas pour rien. Cet album est le second chef d'œuvre de l'auteur.

    Bien sûr, il y a les décors, les couleurs, le dessin et les cadrages qui offrent toujours une narration visuelle limpide. On ressent bien que Cosey utilise ses pinceaux pour mieux raconter son histoire tout en mouvement. Cosey sait que la BD n'est pas le roman. Que tout est utile pour immerger le lecteur.

    Mais il y a aussi le scénario et les personnages. Utilisant une nouvelle fois la quête d'un graal inaccessible et spirituel, il construit ici un final plus réaliste et intérieur plutôt que poétique et visuel.

    Kate, le personnage féminin, est moins lisse que les précédents personnages construits par l'auteur. Voici une femme écornée par la vie et la maladie, hystérique parfois même en colère, douce et généreuse mais aussi capricieuse et égoïste. elle est surtout en quête de sens de (fin) de vie.

    Alors que Jonathan est baigné par la spiritualité tibétaine ou les actions ne sont pas nécessaire puisque le destin agit en tout ( art de vivre pour le personnage qui est établit me semble-t-il lors des tome 2 et 3 qui sont les inverses du tome 1), Kate refuse, s'obstine à agir même sous les fièvres d'une maladie inconnue (et peu importe qu'elle le soit puisqu'e cela ne sert pas l'histoire). quitte à être détestable.

    le duo est donc magnifique entre résilience pour l'un et obstination pour l'autre. Les rebondissements sont en harmonie avec ce duo de sentiments antinomiques. Et Jonathan dans cet acceptation en tout permet à Kate d'entrer dans l'acceptation de son propre destin. Et, puisque la destinée est chafouine, un "deux ex machina" pointe son bout de nez qui sert parfaitement le propos final de l'œuvre: le destin ne veut que ton bien

    Une œuvre majeure, généreuse de bons sentiments et tant mieux.

    Arkadi Le 03/01/2022 à 15:16:21
    Jonathan - Tome 6 - Douniacha, il y a longtemps...

    1980.... Cosey construit deux albums. " l'espace bleu entre les nuages" et celui-ci. L'un est superbe et l'autre peu enthousiasmant. ce fut le même cas avec le 1er et le second tome de la série publiés la même année aussi (1977).

    Bref….
    Bien heureux de retrouver Drolma la princesse sauvage, il est regrettable d'en faire une sorte d'ésotérique sans le savoir en rêve prémonitoire. Dommage également que tous les rebondissements soient des "ex machina" spirituels. Cosey s'y était essayé dans le second tome de la série, il m'avait d'avantage convaincu. C'est dire. Et un seul personnage secondaire fait du bien. dans cette histoire abracadabrantesque. Un personnage-parfum.

    Reste l'incroyable maitrise du trait, du cadrage et de la couleur. Cosey dessine merveilleusement bien durant cette seconde époque. Ma période favorite. la plus belle. J'en prend à chaque fois plein les mirettes.

    Arkadi Le 03/01/2022 à 14:44:24
    Jonathan - Tome 5 - L'espace bleu entre les nuages

    Voici la première œuvre indispensable du maître suisse. "L'espace bleu entre les nuages" (bon dieu quel titre sublime encore!) est d'une telle maitrise!

    Les dessins et les cadrages sont iconiques. Certaines frôlent la poésie pure dans une maitrise du trait absolument idéal…. La Kamba dans la chambre d'hôtel, le cottage au tibet, la balade aux chapeaux et bien sûr le blanc unique de Cosey.

    Et le scénario qui raconte par des personnages denses une belle aventure humaine ou l'art se mélange avec les hommes et les grands espaces. Tout y est simple, épuré tout autant qu'intense. Un scénario mélancolique pleines de couleurs vives.

    Comme souvent Jonathan est un témoin privilégié d'un conte humain et poétique. Plus que cela, il est surtout un ange qui accompagne certains personnages dans leurs derniers souffles à atteindre leurs inaccessibles étoiles. Ce n'est pas la première fois. Dans le 1er tome, le second et le 4ème tome, il est l'ange accompagnateur de final de vie superbes d'au moins 4 personnages, et de final mérité par mauvaises actions de 2. le principe scénaristique est donc un peu usé? Certes.

    Mais c'est dans ce tome qu'il est le plus beau..

    Arkadi Le 24/12/2021 à 09:24:10
    Jonathan - Tome 4 - Le berceau du Bodhisattva

    Début de la seconde période de Cosey.. Après celle de la jeunesse , voici celle des chefs d'œuvre. Et, pour moi, peu d'auteurs en ont créé autant.

    Ici, Cosey s'essaie au suspense en utilisant la narration du périple au début puis de l'assassinat à la fin. Et, comme pour le second tome qui s'essayait au fantastique spirituel, ce n'est pas la bonne voie. L'histoire fonctionne certes mais sans résonnance véritable. Il y a malgré tout un rebondissement, auquel je ne m'attendais pas en première lecture, et qui prouve que la force narrative de Cosey sont les personnages.

    Pourtant, cet album est unique.

    Car, ça y est, Cosey maitrise son dessin, la forme narrative du cadrage, son propos visuel et ses personnages. Et, par dessus tout, ici apparait véritablement pour la première fois le "blanc Cosey". la réutilisation du blanc de papier qui illumine la page de neige, qui offre des grands espaces laiteux et sublimes débordants sur toutes les bordures.

    L'album est lumineux! Son cadrage est harmonieux et n'heurte en aucune façon la limpidité de la narration.

    Cosey est désormais maitre de tous les outils pour construire de belles histoires.

    Arkadi Le 24/12/2021 à 08:58:11
    Jonathan - Tome 3 - Pieds nus sous les rhododendrons

    Cet album clôture la fin de la première période de Cosey que j'aime à appeler période "Tintin" puisque Jonathan est prépublié dans le journal.

    Et bon dieu que j'aime cet album!
    Car les images toujours silencieuses et contemplatives arrivent à maturité avec les défauts d'un auteur en construction notamment sur les personnages et les émotions dans les corps et les visages. et cette dualité offre une œuvre de jeunesse généreuse.

    Car l'histoire est narré dans le crescendo d'une multiplicité de détails mis en scène dans un temps apaisé de silence et d'espace exiguë malgré les montagnes.

    Car les personnages secondaires racontent des brèves de vie ou les émotions de chaque suffisent à les densifier: le penseur rieur, la paysanne amoureuse, le percepteur spirituel. Cosey commence à narrer sans dire de mots, juste en construisant autour d'arcs narratifs émotionnellement simples.

    Car, enfin les mantras qu'utilisent Cosey depuis le début de la série pour son cadrage ont enfin un sens. L'auteur nous narre le conte d'un animal qui se transforme en princesse. D'ailleurs il ne réutilisera plus cela par la suite.

    Et tous ces petits éléments visuels comme narratifs construisent, à elles seules, une atmosphère délicieuse. L'histoire est un tantinet too much, trop pétris de bons sentiments....certes. Mais peu importe...Cosey a enfin trouvé sa voie...celle d'être un conteur humaniste privilégiant l'histoire avec un petit h.

    Arkadi Le 22/12/2021 à 11:11:44
    Jonathan - Tome 2 - Et la montagne chantera pour toi

    1977 toujours

    Et Cosey dessine et dessine encore. En début d'année était publié le 1er tome de la saga, voici le second, suite du premier, publié en fin de la même année.

    Sous ce titre magnifique, voici une histoire de guerre toujours magnifiée dans les grands espaces tibétain. Cosey utilise ses pinceaux pour écrire visuellement son histoire. il le fait dans la continuité de ce qu'il nous a offert dans " Souviens toi, Jonathan.."

    Et Cosey se cherche aussi. Ici, son histoire se faufile entre extraordinaire et fantastique. Et ce sera la première fois dans les œuvres de l'auteur. Ce n'était donc pas le bon chemin car il y en aura guère d'autre. Les rebondissements sont nombreux et le final un peu poussif afin d'obtenir une conclusion qui, elle, clôture magistralement le diptyque : Jonathan est un personnage apaisé et le sera désormais toujours.

    Alors que son style graphique évolue en douceur et qu'il réfléchit encore aux choix scénaristiques qui lui ressemblent, Cosey développe ici l'art de construire ses personnages et la sublimation du détail. Ici, les protagonistes sont bien plus en finesse (même s'ils manquent encore de profondeur) que ne l'étaient celles et ceux du tome précédent. la construction des personnages seront bientôt la force narrative de l'auteur.

    Cosey se cherche donc en dessinant encore et encore. Et suivre sa quête au fil de son œuvre pour un lecteur est assez jouissive. cet album en est une preuve: On y ressent les doutes, les erreurs commises pour faire évoluer l'histoire et malgré tout, ce second tome est d'un plaisir fou à lire!

    Arkadi Le 22/12/2021 à 09:28:14
    Jonathan - Tome 1 - Souviens-toi, Jonathan...

    1977

    Cosey quitte Derib avec qui il a appris le métier. Cosey a de la chance. Derib est déjà un géant du 9ème art qui l'incite à créer sa série. Tout deux auront le souci du cadrage et du paysage, tout deux considèrent la narration visuelle plus pertinente aux dialogues. Leur amitié demeurera. Alors que Derib se lance en 1974 dans la série Buddy Longway (alors que Yakari et Go West ont déjà commencé depuis 5 ans), Cosey entame la création de son double fantasmé dans un univers tibétain qui l'est tout autant. Cosey ne se documente que très peu. il se laisse aller à ses pulsions créatrices.

    Et, aussitôt, Jonathan devient une référence dans le journal Tintin. Le héros, comme Buddy Longway, est un pacifiste, un anti héros sur qui l'histoire se passe mais qui n'est pas acteur véritable de son destin. Il est un témoin privilégié même si, dans cet album, il est à noter moult rebondissement contrairement aux albums futurs qui privilégieront les ressenties à l'action.

    Et, aussitôt, le lecteur est happé par cette narration quasi silencieuse ou les grands espaces sont sublimés par des cadrages qui permettent d'oxygéner plus encore le visuel. le tibet de Cosey est superbe, grandiose par des couleurs bleutés et ocres. Et le "Blanc Cosey" déjà apparait.

    Bien sûr ici, tout débute. Rien n'est encore véritablement maitrisé. Nous sommes dans sa première période. Les corps et les visages des protagonistes sont au scalpel. Mais là encore, Cosey sait utiliser les ombres et les contrastes pour effacer les défaillances de trait novice.

    Et Saîcha est si belle.

    Arkadi Le 22/12/2021 à 08:26:10

    Ok, le scénario est indigeste. D'accord, on peine à arriver à la fin de l'histoire tant les rebondissements sont sans intérêt, abracadabrantesques voire même incompréhensibles. Bon, le scénariste, depuis la sortie de l'album, a disparu des radars et ça, c'est pas plus mal peut être.

    Mais il y a le dessin "première époque" de Cosey qui en aura trois dans sa carrière et ça c'est choupinou. Bon, il se foule pas des doigts, le Cosey. Les décors sont au rabais. Il faut voir la capitale du pays perdu! Trois pauvres maisons au milieu d'un désert de paysage. Mais, moi, j'aime bien ce Cosey "première époque" car toute la moelle de l'auteur pointe déjà son bout de nez: la recherche du cadrage, l'utilisation narrative des couleurs entre autres... Cet album respire les prémices d'une quête à raconter une histoire par le dessin. Et puis Clarence est sexy.

    Bon, Cosey déteste l'album. Moi, j'y vois plutôt le début de l'un de mes auteurs préférés. Et Rien que pour ça, "Un shampoing pour la couronne" est bel et bien dans ma bibliothèque entre ses "Jonathan" et les autres chefs d'œuvre du maitre suisse.

    Arkadi Le 10/05/2016 à 18:11:06
    OmS en série - Tome 2 - L'exom

    Second tome d’une adaptation toujours aussi réussie…

    Tout en continuant son travail de fidélité et de découpage réussi, Morvan densifie les rapports affectifs entre les hommes, (alors que dans le roman, seul les Draags le sont). Ce point de vue nouveau, au travers d’un personnage crée par Morvan (le frère de Terr) donne une saveur supplémentaire à un lecteur tel que moi, adorateur de l’univers Wulien. Surtout que Morvan conserve tout le miel du roman : un peuple « fourmiesque » qui ne peut vaincre et survivre que dans le salut de l’intérêt général malgré la perte d’un grand nombre… (Petit regret tout de même dans l’oblitération des « espions domestiques » de Terr par Morvan dans ce second tome).

    Les dessins d’Hawthorne se bonifient. Toujours classique, il y a une ambiance qui se dégage petit à petit de ce trait plutôt simple sans être simpliste. A la fois sombre et austère lorsqu’est narré le peuple des Oms autant que lumineux et large pour les Draags (mention spéciale d’ailleurs à Maître Shin et ses séances d’interrogatoire qui glace le sang)

    Ainsi donc, Morvan, par un parti pris humaniste à singulariser les caractères de certains Oms, donne une dimension supplémentaire à une adaptation déjà très réussie d’un bouquin génial. (Et les scènes de l’interrogatoire parce que le lecteur a identifié l’un des interrogés, glace plus encore le sang !)

    Vivement la fin !

    Arkadi Le 10/05/2016 à 17:27:27
    OmS en série - Tome 1 - Terr, sauvage

    Attention culte !!!

    « Oms en séries » l’est assurément autant qu’il est considéré comme un classique de notre science-fiction franchouillarde ! Et il est bien vrai que cet œuvre mérite tous ces éloges car elle était incroyablement novatrice pour 1957 et demeure toujours aussi étonnante aujourd’hui !

    D’ailleurs, René Laloux ne s’y ai guère trompé en empruntant sa première moitié pour construire son dessin animé « La planète sauvage », prix du jury du festival de Cannes en 1973. Cet OVNI filmique, aux dessins brulants et sexués de Roland Topor, allie la lente contemplation, l’expérimentation visuelle post soixante-huitarde et les émotions poétiques. Mais « La planète sauvage » n’est pas « Oms en séries » car le roman, lui, s’attèle à la survie d’un peuple « fourmi » d’humains face à une civilisation Draag en déliquescence. Et Terr, le héros, est tout à la fois un Spartacus et, un Périclès moderne, alors que le dessin animé privilégie les Draags…

    Morvan revient, au contraire de Laloux, en la fidélité du roman qui n’a guère besoin de modernisme tant il l’était déjà. Toutefois, le scénariste rajoute un propos filial fort salutaire entre la mère et le héros qui débute et clôt ce premier tome et qui donne la juste mesure de l’asservissement et du renouveau des Oms. Morvan ne cherche d’ailleurs pas à inscrire sa patte personnelle dans cette adaptation : il est au service de l’univers Wulien (et de son roman) qui n’a ni faille, ni vide (à part peut-être les rapports humains un peu trop vague et lapidaire dans le roman) contrairement à beaucoup d’autres œuvres de Stefan Wul.

    Hawthorne, lui, ne rend pas hommage à Topor. Ses couleurs glacés sont aux antipodes des couleurs brulantes du dessin animé. Et c’est, à mon avis, préjudiciable pour la bonne immersion rapide du lecteur dans ce monde….Toutefois, le classicisme de sa plume sert merveilleusement l’histoire…Et la narration visuelle est de toutes les réussites : Les Draags sont superbes tout comme leur civilisation et leur « home, sweet home »…

    Ce premier tome est une belle adaptation, sans parti pris nouveau et risqué certes, mais le roman étant suffisamment dense pour ne pas en rajouter, le découpage et les choix de mises en avant de certains propos romanesques plutôt que d’autres par Morvan sont judicieux et percutant.

    L’homme connaît son boulot pour nous faire aimer Stefan Wul.

    Arkadi Le 10/05/2016 à 10:13:51
    Rayons pour Sidar - Tome 2 - Lionel

    Il y a des BD ou c’est la relecture qui donne tout le sel et les saveurs du bel ouvrage. « Rayons pour Sidar » est de ces œuvres-là.

    Comment faire ? Lire une première fois. Prendre en compte les heurts d’un dessin trop fouillé et certaines entre-scènes trop « cut » qui donne peine à la bonne lecture…puis laisser reposer une semaine, un mois et lire à nouveau. C’est alors que l’œuvre prend tout son essor.
    De la volupté d’illustrations magiques (il n’y a que Civiello qui sache dessiner des poulets-serials killers) à la narration qui privilégie l’émotion. Sans cette relecture, vous risquez de passer à côté.

    On regrette alors, que Valérie Mangin n’est pas approfondie la thématique du duo robotique. Il manque de l’Asimov dans cette adaptation-ci. Wul avait laissé dans le vague cette notion. Il y avait donc tout un champ libre à explorer pour un scénariste. On regrette aussi l'aspect ridicule et trop figé des méchantes chauve souris à cube poitrinaire.
    Mais, on apprécie le final (presque) commun entre la BD et le roman. Car Valérie Mangin donne à Lionel un libre arbitre anti colonial salutaire en notre 21ème siècle.

    Il est vrai qu’une BD peut se lire, se relire et se relire encore si elle se trouve dans votre bibliothèque. Celle-ci est de celle qui prenne toute sa densité dans ce cadre précis. Les dessins-illustrations de Civiello y sont pour beaucoup et Valérie Mangin a bien eu raison de privilégier, dans son découpage, les peintures de cette artiste.
    Si bien sur, on relit l'œuvre. Car sans cela, les lecteurs qui considèrent que cette adaptation est ratée auraient raison...

    Arkadi Le 09/05/2016 à 15:23:51
    Rayons pour Sidar - Tome 1 - Lorrain

    Stefan Wul n’était ni pro, ni anticolonial. Homme de son temps, il n’avait d’opinion que celle de la majorité des français en une époque ou encore la France était coloniale. Et vous ne lirez aucun parti pris sur ce thème dans les romans. D’ailleurs, « rayons pour Sidar » n’est qu’un préambule à « Piège sur Zarkass ». La différence étant que pour l’un, seul deux personnages sauvent toute une civilisation alors que pour l’autre, c’est bien tout le peuple indigène qui se sauve de la main mise d’un futur colon destructeur. Car la civilisation terrienne, dans les deux cas, est bonne pour l’émancipation de ces peuples respectifs. A méditer, lorsque l’on croit que Wul est un dénonciateur. Hélas, bien au contraire.

    En préambule, Valérie Mangin explique clairement la position de Wul et, dans ce premier tome y demeure fidèle. Les peuples rencontrés par les héros sont plus sauvages les uns que les autres, et on comprend les colères multiples de Lorrain, alors qu’il tente de les sauver, face à ces peuples agressifs.

    Si l’adaptation est de bonne facture, fidèle au roman et plutôt réjouissant dans la description de Sidar, les découpages entre scène peuvent parfois heurter le bon déroulement de lecture. Et si le dessin de Civiello est superbe avec des couleurs extraordinaires, là encore, la profusion des détails et l’absence d’ancrage précis heurtent aussi la lisibilité de l’histoire. Ce défaut récurrent, à la fois au dessin et au scénario, nous empêche l’immersion dans cet univers unique. Dommage…

    Valérie Mangin joue la carte de la fidélité au roman jusqu’au boutiste et, comme le roman, n’approfondie pas le thème du duo robotique, tout en laissant la part belle aux dessins.

    En sortant de ce premier tome, il y a toujours cette question qui point à l’horizon. Un dessinateur de bande dessiné peut-il être illustrateur ? Car les illustrations magiques et magnifiques de Civiello dessert la lecture par sa force agressive de trait et l’atypisme de la gouache. Tel Carlos Nine ou Mattoti, Civiello nous prouve le génie de son travail dans cette adaptation. Mais il me semble qu’un dessin dans une BD doit servir avant tout l’histoire. Alors que dans cette BD, l’histoire semble être un simple réceptacle à un vrai savoir-faire pictural, au détriment du lecteur et de sa lecture.

    Arkadi Le 06/05/2016 à 14:42:40
    Piège sur Zarkass - Tome 3 - Gaïa, Go Home !

    Final du triptyque…et continuité en ce tome dernier des grandes réussites autant que du désastre « comique » des deux premiers.

    Bravo à Didier Cassegrain d’abord pour le plaisir visuel véritable et haro à Yann qui réussit une adaptation rythmé en diable au travers d’une mélasse « second degré » qui gâche toute joie de lire.

    Pourtant, le côté « Fin du monde » de « Gaïa, Go home » aurait pu faire recette à la lecture. Tout y étais mis en place pour :
    un dessin franchement sublime et un découpage alerte… mais voilà, il faut que Yann nous y colle une orgie hors-champs (limite viol collectif si l’on en croit le dialogue de la femme qui propose) et tout autre caricature de type macho, macho (wo)man !

    Triste donc de se saborder soi-même.

    Malgré un final plutôt réjouissant ou Yann met en avant les personnages de Zinn, Louis et Marcel avec une chute qui diffère un tantinet du livre (savoureuse et étonnante histoire d’amour) ainsi qu’une transformation de chenille franchement bien vu…le lecteur que je suis ne peut être que songeur et un peu triste.
    Dans cette trilogie, Yann ne s’est pas mis au service de l’univers « Wulien ». C’est Stefan Wul qui s’est mis au service de l’humour potache de Yann. Et si le fond de cette adaptation est franchement réussi, c’est la forme (style « faut rigoler ! ») qui nous laisse la bouche pâteuse. Cela manque de finesse, c’est certain. Cela manque surtout de recul.

    Loin d’être aussi mauvaise que l’adaptation de « La peur géante », « Piège sur Zarkass » n’arrivera tout de même pas à la hauteur d’un « Temple du passé », « retour à zéro » ou « Niourk » et « Oms en séries », les quatre grandes réussites à ce jour de cette collection.

    Arkadi Le 06/05/2016 à 11:08:40
    Piège sur Zarkass - Tome 2 - New Pondichery mon amour

    Dans ce second tome, les auteurs continuent à creuser leurs sillons entamés par le premier…

    Et c’est grand oui pour Didier Cassegrain ! Sa retranscription visuelle de l’univers de Wul est superbe ! Son trait unique et incisif, les décors de la jungle, du fleuve et même des quartiers pauvres zarkassiens donne au lecteur, que je suis, un plaisir véritable. Les cases larges vont à l’essentiel du propos tout en nous offrant une immersion totale dans ce monde imaginaire. Il y a aussi du mouvement, de la fluidité, des couleurs superbes et des espaces tout en équilibre. Son traitement des bêtes et des personnages sont tout autant réussis. Les zarkassiens ne peuvent être autrement que comme il les imagine graphiquement, les bêtes sont superbes (particulièrement les chenilles) et les femmes sont très belles…et il y a même un clin d’œil à Vatine pour son adaptation de « Niourk « fort sympathique.

    Et c’est un grand oui pour Yann dans son traitement de cette civilisation ! Yann fouille, la culture zarkassienne, densifie le rapport d’un peuple d’autochtone plutôt sauvage et naïf face à des colons expropriateur entre collaboration de pouvoir, mimétisme de certains (plutôt drôle ici contrairement au roman) et rejet pour la plupart.

    Ces deux grands « oui » aurait dû offrir au lecteur une adaptation de l’œuvre de Wul de belle qualité ?
    Et bien non ! Car Yann veut nous faire rire avec des dialogues aux seconds degrés et il force tant le trait dans la caricature et la facilité des bons mots que cela gâche beaucoup le plaisir de lecture.

    La faute est due à son traitement de la civilisation terrienne car les femmes ont pris le pouvoir et, pour Yann, les femmes sont des hommes misogynes, vulgaires, à la testostérone galopante, comme les autres. Les militaires, les gouvernantes sont des « bad guys » tout droit sorti du film « Expendables » avec la drôlerie de camionneuse. Tout ceci est peut être juste pour nous faire rire ? Je répondrais alors que tout ce qui est excessif devient insignifiant.

    Pourquoi avoir généralisé à toute une civilisation ce qui faisait la truculence de Marcel ? Car, oui, si j’aimais le second degré à la Fréderic Dard pour ce personnage, je ne comprends pas son clonage à l’ensemble des femmes terriennes. Et toute cette pantalonnade indigeste, nous fait oublier, au fil de lecture, la finesse d’une adaptation réussie et la qualité d’un découpage sans temps mort.

    Yann se met une balle dans le pied tout seul et c’est bien dommage…

    Arkadi Le 06/05/2016 à 09:55:47
    Piège sur Zarkass - Tome 1 - Une chenille pour deux

    Sans être culte (tel que « Niourk », « Oms en séries » ou « Retour à 0 ») « Piège sur Zarkass » n’en demeure pas moins un roman réussi de Stefan Wul. Une écriture automatique maitrisée et une foisonnante imagination sur le thème de la jungle (thème de prédilection de l’auteur) sont les raisons de cette réussite.

    Le dessin de Cassegrain fait merveille sur ce dernier point. L’écosystème de Zarkass, imaginé par Wul, est parfaitement retranscrit. Grace à un trait unique, aplats réussis et tonalités des couleurs plutôt pastel du dessinateur, le lecteur est immergé avec leurs héroïnes dans ce périple en terre inhospitalière. Mention spéciale, d’ailleurs, aux planches superbes des rêves prophétiques.

    Le scénario de Yann peaufine l’univers en construisant des liens économiques et symbiotiques entre indigènes et chenilles. Tout comme il est bien vu de sa part, de donner corps et cultes à une civilisation « Zarkassiennes », alors que Stefan Wul ne narre rien, ou très peu, à ce sujet. Et il est bon de suivre, au fil des découvertes sur ce peuple, les ressentis des personnages principaux, entre dégout, curiosité et parfois adhésion.

    Yann peaufine aussi les héros. Des deux agents spéciaux en mission du roman, il créait un duo mal assorti, tel que dans « L’arme fatale » de Richard Donner, avec de vraies personnalités et vrais nécessités personnelles à remplir la mission. Il y a Louis, par qui nous découvrons l’univers de Zarkass, et Marcel, la reprise de justice aux verbes fleuries. Les dialogues de Marcel sont plutôt drôles dans ses injures à la misogynie inversée. Et même si l’usage de l’humour « pipi, caca » est un tantinet outrancier, cela fonctionne particulièrement bien pour dessiner la personnalité de Marcel.

    Mais Yann, hélas, ne limite pas cet humour potache à la seule bouche de Marcel. Il le généralise sur l’ensemble des femmes qui ont pris le pouvoir terrien. Carton rouge, donc, pour la scène du pénitencier ou prisonnières, gardes et même directrice de prison (pseudo-domina BDSM à talon aiguille et matraque) ont le même comportement que Marcel. Cette seule scène indigeste rend la lecture de ce premier tome nauséeuse malgré le monologue bien vu de Marcel face à la directrice sur les agissements des colonisateurs.

    Alors que dans « le temple du passé » l’inversion d’une norme rend la lecture jubilatoire, celle choisi par Yann aurait dû être source de ressort scénaristique novatrice, mais son traitement n’est qu’une simple accumulation de blagues d’ado et comportements de mauvais gout ou les femmes ne sont que des hommes cavernes comme les autres. Il n’y a de plaisir à voir ces femmes au pouvoir que par leurs plastiques superbes (Cassegrain les dessine merveilleusement !)

    Bref, voici une BD à ne pas faire lire à une féministe qui rêverait d’une civilisation « Girl Power ».

    Arkadi Le 04/05/2016 à 09:07:46
    Le temple du passé - Tome 2 - Envol

    En voici un superbe diptyque ! !

    Peut-être la plus réussi, à ce jour, dans cette collection.
    D’abord parce que le scénario explore avec brio les espaces de narration vide du roman. En effet, Wul va à l’essentiel sur son propos « mutation génétique » et ne développe aucun autre ressort annexe. Hubert, lui, explore tous les chemins de traverse, oubliés par Wul, avec grande subtilité narrative, construisant ainsi une adaptation à plusieurs niveaux.

    Tout comme le premier tome, le voici jouant à la poupée russe (pour notre plus grand plaisir) et l’Histoire principale englobe une histoire qui englobe une autre histoire. Tout d’abord, une histoire à trois peuples distincts (le roman n’en narre que deux et n’utilise le troisième pour prétexte à explication finale). Ensuite, il y a une histoire d’amour onirique à trois concluant ainsi, avec brio, le parti pris de la civilisation homosexuelle dans le premier tome. Et, enfin, une histoire à trois temporalité (passé, présent et futur après sommeil).

    Le thème de la tierce, déjà exploité sur le premier tome (le héros est dans son vaisseau qui est dans « Monstro ») se transforme ainsi en thématique de la trinité car chacune des trois civilisations sont imbriquées les unes aux autres dans leurs créations jusqu’à leurs destructions. Et il y a de la divinité en notre héros (d’où le titre du roman).

    C’est aussi de solitude et d’incompréhension entre les êtres que narre cette adaptation magistrale ! Le héros rêve au lieu d’avoir vécu ses désirs ; c’est à cause de la peur d’être seul que tout un peuple est addictive en la divinité et c’est par incompréhension que l’on hume la destruction dans un hors champ scénaristique final…

    Voilà ce qui se nomme une adaptation parfaitement réussi car Hubert est fidèle au roman tout en insufflant un air frais de modernité aux partis pris risqués. Cerise sur le gâteau, le final (presque) analogue au roman est une claque qu’auraient adoré lire les lecteurs de « Métal Hurlant » !

    Du côté du dessin, Etienne Leroux est au diapason du scénario. Le classicisme de son trait sert le propos avec maestria. On pourrait parfois regretter qu’il n’y ait que très peu de narration visuelle, il n’empêche qu’on sent bien le plaisir d’Etienne Leroux à avoir dessiné notamment sur les flashbacks et les rêves du héros. Et son plaisir est aussi le nôtre.

    Arkadi Le 14/03/2016 à 15:07:05
    Le temple du passé - Tome 1 - Entrailles

    « Le temple du passé » est d’abord un roman plutôt bien construit dans sa narration avec un joli final « Push-line » (Ce qu’appréciaient particulièrement les éditions « Fleuve noir anticipation » de l’époque). Il est donc plus aisé à adapter que d’autres œuvres de la bibliographie de Stefan Wul. Mais c’est avant tout l’élaboration d’un thème principal d’une totale innovation pour l’époque : la mutation génétique. Et si, en 2016, ce thème est lié intrinsèquement à notre civilisation, dans les années 60, le seul fait d’en parler vous pronostiquez fin fou. C’est dire le visionnaire qu’était Stefan Wul.

    Hubert construit son adaptation tout autour de cette base solide, tout en insufflant la technique scénaristique de la poupée russe. Ainsi, les héros (tout petit) sont à la fois enfermés dans leur vaisseau en perdition (plus grand univers hostile mécanique), lui-même emprisonné dans une sorte de « Monstro », La baleine de Pinocchio (Encore plus grand univers hostile chimique). La mise en abime des infinies fonctionne parfaitement car la règle en est bouleversé. C’est l’infiniment petit, tel un virus intelligent et mécanique, qui transforme l’infiniment grand qui est chimique. Il y a là un vrai bonheur de lecture à tiroir. Lecture qui est, par bien des cadrages, magiquement anxiogène.

    Mais là ou Hubert excelle dans son adaptation, c’est par l’inversion d’un apostat. Car dans la civilisation de « le temple du passé », l’homosexualité est la norme. Cela aurait pu être juste un effet de style, mais Hubert construit tous les rapports entre personnage sur cette base. Et il démêle dans ses dialogues ce postulat comme un fil de laine interrelationnel. Chaque personnage en devient attachant, humain, sans caricature. Et on s’attache très vite à l’ensemble des protagonistes, même ceux qui n’ont qu’un passage bref dans l’histoire.

    D’ailleurs, si l’intrigue principale est dans un environnement clôt (couleur noire, horizon muré), l’histoire périphérique est aérée (couleur chaude, ciel et espace) et le choix esthétique d’un peuple aux allures gréco-romaines pour inspirer une civilisation finie et homosexuelle est parfaitement bien vu.

    Etienne Leroux assure un dessin avec grande maitrise. L’ancrage et le découpage permettent une lisibilité sans faille, alerte mais tout en prenant le temps de la narration. Les personnages sont identifiables les uns des autres tout en étant désuet dans les tenues et coiffes, servant le propos admirablement. Mais c’est dans les choix des couleurs que Mr Leroux excelle. Couleur froide et noire pour le vaisseau, verte et sombre pour Monstro, chaude et claire pour l’histoire passé.

    Ainsi donc, l’adaptation d’Hubert et d’Etienne Leroux, en plus d’ être parfaitement fidèle, magnifie le propos par des idées nouvelles pleines de richesses et incroyablement bien vu. Une réussite véritable…

    Arkadi Le 11/03/2016 à 10:03:44
    La peur géante - Tome 3 - La Guerre des abysses

    Le tome 2 était tout en psychologie reaganienne ? Le tome 3 sera un feu d’artifice ! Il y aura des pleurs, du sang et des larmes et vous allez voir ce que vous allez voir !!! Hélas, pour le lecteur, tout est du déjà vu si l’on connait bien les faiseurs de film à la Georges Pan Cosmatos (Rambo 2 et 3) des années 80, et l’on ne frémit pas une seule seconde.

    La faute au roman de Stefan Wul trop manichéen ? Certes. L’auteur, à l’incroyable imaginaire, était aussi un homme de son temps. Ni idéaliste, ni idéologue, Wul était, comme beaucoup de français de l’époque, plutôt colonial et craintif de la guerre froide. Certes donc, mais pas seulement.

    Denis Lapière est, lui aussi, un homme de son temps. De notre temps. Il aurait pu, grâce aux multiples pistes offertes mais pas utilisées du roman, construire une adaptation autrement plus riche que la simple notion de bien et de mal. Il n’en fait rien. Pire encore, il en rajoute.

    Ici, les militaires sont des altruistes (pléonasme ?). Alors que le peuple mondial est assuré d’extermination et crevant la dalle sévère, les voilà nanti à profusion de haute technologie couteuse au plus haut point. Leurs valeurs humaines sont si infinies, qu’aucun d’entre eux ne doute du cap à tenir : exterminer avant d’être exterminé. Et on ne peut que rire sous cape lorsque ceux-ci hurlent un « Yeaaahh ! », en rang par deux derrière leur général, à la vision des lasers de satellite qui défoncent leurs ennemies en même temps que tout l’écosystème de l’océan. . Même que le général « Dobey » est triste d’annoncer à son généralissime à lui :-« il faudra peut-être négocier… » Tout cela est peut être légitimé par le propos haineux du dernier Torpède emprisonné ? En tout cas cela légitime le prosélytisme du scénario pour Denis Lapière visiblement.

    Le lecteur que je suis est déçu voire même triste. Oui, c’est vrai, il est difficile d’adapter un roman déjà très bancal, bourré d’abracadabrantesques situations (notamment le retour de Bruno à la surface). Mais, ce n’est pas le pire roman dans l’œuvre de Stéfan Wul. « Odyssée sous contrôle », « la mort vivante » le sont bien plus… mais il est navrant de lire un scénariste, aussi talentueux d’habitude, à ne pas essayer de dépoussiérer, de rendre contemporain une histoire qui possédait de vrais thèmes d’aujourd’hui sous-jacent à l’intrigue principale. Pire encore, d’en exagérer le propos des méchants qui sont vraiment méchants et les gentils qui sont si gentils.

    Et lorsque Bruno murmure un « Désolé, je suis désolé » dans le musée des horreurs…j’ai l’impression que c’est Denis Lapière qui me le murmure à l’oreille.

    Mention spéciale toutefois à Raul Arnaiz qui reprend sans faute la patte si singulière de Mathieu Reynès. Il nous livre, par ce mimétisme réussi, une lecture visuelle sans heurt véritable entre les trois tomes. En plus, il y a un très joli clin d’œil à « Pacific Rim » bien foutu et au bon moment.

    A lire donc si vous aimez Stalonne période « Cobra », sinon foncez sur « Niourk », « retour à zéro » et « Le temple du passé ». Surtout ce dernier !

    Arkadi Le 08/03/2016 à 16:21:10
    La peur géante - Tome 2 - L'Ennemi des profondeurs

    Le problème dans une trilogie en bande dessinée est souvent le second tome. Il est le passe plat entre l’univers construit et proposé du premier et le final (qui se doit être feu d’artifice) du troisième. Hélas, ce deuxième opus de « La peur géante » n’échappe pas à la règle.

    Stefan Wul avait construit son roman en deux parties. La première narrait l’attaque des Torpèdes (excellent choix d’ailleurs de les représenter ainsi dans cette adaptation !) puis la seconde relatait la contre-attaque des humains. Entre les deux, un incroyable « deus ex machina » d’à peine quelques phrases permettait le lien. Denis Lapière décide, lui, de le traiter en axant ce second tome sur le seul personnage féminin de l’histoire…

    Cette vision féminine aurait pu proposer une alternance psychologique intéressante à cette flopée de bonhommes, tous plus caricaturaux les uns que les autres déjà présent dans le premier tome. Hélas, non et même que son traitement est bien pire.

    Mais, d’abord les hommes. Les voilà devenu des super héros ! Avec les blagues potaches de super héros, le physique de super héros (Mathieu Reynès les a gonflé de muscles plus encore qu’au premier tome et c’est peu dire)…Mention spéciale, au général qui a un corps de super héros ventripotent, mais musclé tout pareil, avec la tête du Capitaine Dobey (Bernie Hamilton dans la série starsky et Hutch). Ils sont aussi des militaires…sympa…qui sont triste du sort du peuple mondial et comprennent pourquoi le peuple est si colère contre eux…mais sont conscient d’être le dernier rempart de la civilisation et donc évitent d’y penser ! D’ailleurs, je suppose qu’ils n’ont ni famille, ni enfants…

    Puis, vient la femme…C’est par le biais de son regard novice qu’est traité l’histoire de ce tome. D’abord apeurée (un peu), elle devient elle-même bon soldat et, par une réflexion que même un ingénieur dans « Star Trek » aurait du mal à saisir du premier coup, elle découvre le plan machiavélique des Torpèdes en base militaire…

    Quid de la situation des peuples ? Rien. Quid de la catastrophe écologique ? Rien non plus. Quid de la situation politique d’Afrance ? Toujours rien.
    Denis Lapière se borne à une construction de série B digne des années 80 ou Stalonne et Sharwzy mettaient de côté toute notion psychologique pour laisser place à toute la testostérone Reaganienne. Et Mathieu Reynès, par son dessin réussi et ses cadrages rythmés confortent dans ce sens.

    Voilà donc une bonne série B de facture classique, sans prétention et qui se lit vite. Dommage, la matière du roman aurait pu nous amener bien au-delà mais tous les thèmes, qui auraient pu nous rendre riche en émotion, ont été écartés…

    Arkadi Le 08/03/2016 à 15:00:27
    La peur géante - Tome 1 - La Révolte des océans

    « La peur géante » est avant tout un roman bancal. L’écriture automatique de stefan Wul atteint ici ses limites. Si les 70 premières pages sont, comme toujours chez Wul, bourrées d’idées incroyablement novatrices pour l’époque et sincèrement bien vu (la catastrophe écologique narrée ici est une des premières dans les années 60), les 70 dernières sont, hélas, empêtrées de « deus ex machina » franchement risibles. L’auteur doit terminer son propos et visiblement n’y arrive pas correctement.

    Alors, comment adapter un roman moyen ?

    Le choix, ici, est de réactualiser un futur, possible d’aujourd’hui, à un roman de science-fiction des années 60. Le dessin de Mathieu Reynès est une pure réussite sur cette thématique. Le dessinateur (et c’est ce que j’aime chez un dessinateur de BD) a une patte unique, une signature personnelle qui le dissocie du travail des autres dessinateurs.

    Puisque les 70 premières pages du roman sont bons, voire très bons, le premier tome de cette histoire ne peut que suivre une narration réussie. Et c’est le cas. Le découpage va à l’essentiel tout en conservant l’imaginaire de Wul …mais, hélas, aller à l’essentiel, c’est aussi s’handicaper. Car le roman est, par la suite, moyen voire médiocre…et les 70 premières pages sont traitées, dans cette adaptation, dans les 30 premières de l’album.

    Et après ? Comment un scénariste peut-il adapter un roman plein d’ « Eus ex machina » ? En les oblitérant, et pour cela transformer le propos ? Ou en les inscrivant dans la narration afin d’être fidèle? Denis Lapière fait le choix de la fidélité et il réussit, par un découpage rapide d’action, de mouvement et rythme effréné, à nous faire passer la couleuvre des énormités du roman (sincèrement, a-t-on déjà vu une base stratégique militaire déplacée « manu-militari », après un génocide, dans un appartement, surtout que c’est celui du héros ? l’U.E.M., Mieux qu’Allo Pizza ?).

    Mais, là où je grince les dents, c’est le traitement des personnages, toujours lisse dans les romans de Wul et propice, donc, à une prise en main du scénariste. Dans cette adaptation, c’est raté. Voici, des militaires…sympa…avec un côté super héroïque assez agaçant. Mathieu Reynès, hélas, n’en atténue pas leurs complexes de supériorité par des physiques massifs, noueux de muscles, au style capillaire footballistique à la mode de chez nous et implant technologique « marvelesque »….

    D’ailleurs, petit clin d’œil de Mr Reynès j’imagine, Wolverine passe sa retraite à Oran et il est bedonnant. On le voit siroter un phénix à la piscine de l’hôtel… Ah ! Et, au fait, il n’y plus d’arabe à cette époque en Algérie ?

    Bref, voici un BD « pop-corn », comme je peux les aimer aussi. Un dessin à l’ancrage et au dessin sûr et sans faille ; Un scénario rythmé et limpide… Mais le meilleur du roman a été traité en trente pages alors que restera-t-il pour les deux prochains tomes ? et si, en plus, le traitement des personnages se trouve être caricatural ? Alors ?

    Arkadi Le 08/03/2016 à 10:46:22

    Voici la légende : Madame Perrault aurait lu un très mauvais roman de science-fiction, le signifie à son mari qui, pris au jeu, aurait écrit en une quinzaine de nuit « Retour à « O » et ce mari est le futur Stefan Wul.

    Dans « retour à « O », l’imagination d’une écriture automatique maitrisée y est foisonnante ! Certains spécialistes pensent d’ailleurs que Larry Niven aurait emprunté la thématique de la sélection naturelle à « retour à « O » » pour son « anneau-monde », tout comme Richard Fleischer et la guérison de l’homme par une équipe d’hommes miniatures dans le corps du malade pour son film « Le voyage fantastique »…C’est dire l’imaginaire débridé de ce roman qui, au-delà de ses deux exemples, a bien d’autres idées incroyables pour ces années-là !

    Du roman, l’auteur construit une trame réussi avec un final « push-line » comme on l’aimait dans les années cinquante. Par contre, et comme toujours chez Wul, les personnages y sont lisses.

    Pour l’adaptation, Thierry Smolderen ne dépoussière pas, n’actualise pas le propos et assume pleinement les idéologies de l’époque (guerre froide, misogynie latente…). Au contraire, il rend un hommage appuyé au « Pulp » d’antan. Le scénariste, d’ailleurs, ne peaufine pas d’avantage les personnages, n’améliore pas la trame du roman, bourrée de situations abracadabrantesques, mais son découpage est plus incisif. La lecture va à l’essentiel et c’est une BD véritablement Pulp que nous lisons
    .
    Au dessin, Laurent Bourlaud construit une vision à la fois rétro et très contemporaine. Le dessinateur assume les formes avec excès, comme s’il exagérait le propos géométriques de Stanley Kubrick dans « 2001 », film de fin 1960 tout comme le roman. Certes, il y a une adaptation forcée pour le lecteur en tout début d’album mais l’expérience est belle par la suite : les cases aérées et inspirées, les cadrages toujours novateurs, la couleur et l’ancrage servant parfaitement le propos du concept-art.

    Tous ces partis pris audacieux font de cet album un objet rare et précieux ou la recherche graphique est aussi innovante que fut le roman en son époque. Une franche réussite, limite un chef d’œuvre…