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Les avis de - Arkadi

Visualiser les 294 avis postés dans la bedetheque
    Arkadi Le 13/12/2022 à 22:45:04
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 16 - Le Train où vont les choses...

    ernier album de Philémon et dernier album tout court pour Fred. Il en a bavé le moustachu pour le finir. Lorsque, sous sa plume, est apparu sur planche la Lokoapatte, Fred a été en panne sèche pendant plusieurs années. impossible de poursuivre. Le corps et le cœur lui faisait défaut.

    Et puis, il a redémarré un beau jour. Pis c'est reparti. Doucement, fébrilement, avec angoisse. Fred et la Lokoapatte....le même personnage. Il a repris la voie de l'imaginaire. Il faut dire qu'il n'en pouvait plus. C'est compliqué de trouver encore et encore de belles idées, des dialogues savoureux, des contre pieds d'histoire et de la poésie. C'est difficile de dégager d'une page blanche, une ambiance lunaire, des dessins bouffis de superbes et de naïveté, de l'inventivité à raconter l'histoire par toute une planche flanquée de cases. C'est dur de faire croire que tout est simple aux lecteurs alors que cela ne l'est pas.
    La fin du chemin est donc ici et "Le train ou vont les choses" ( quel titre extraordinaire et en même temps si prophétique pour ce qui est après la vie) résonne comme une œuvre testamentaire. Et cette résonnance n'en est que plus sublime.

    Il est difficile de clôturer une série phare. Beaucoup se sont plantés. Fred y réussit parfaitement bien. Pour que la Lokoapatte fonctionne et que l'univers ne périclite pas alors il faut raconter encore et encore les histoires de Fred, les relire encore et encore et alors l'univers perdurera. Alors, oui, c'est triste. Fred condamne Philémon à raconter pour l'éternité. Fred est un faux heureux. Mais c'est beau car le final donne envie de retourner au 1er tome pour le relire et puis les autres ensuite. Et ainsi Fred devient éternel.

    Merci monsieur moustache. Merci pour tout.

    Arkadi Le 13/12/2022 à 22:21:18
    Philémon - Tome 15 - Le diable du peintre

    Fred écrit et dessine beaucoup moins durant cette décennie. La faute à un corps qui lui échappe et à un esprit retord qui, parfois, lui fait défaut.

    Il y a dans cet avant dernier tome d'une série d'anthologie tout le meilleur et le moins bon de l'auteur.
    C'est verbeux mais les dialogues sont drôles, piquants. Les bons mots pleuvent de d'humour nostalgique même si l'auteur les a déjà utilisé dans les albums précédents. ils deviennent alors comme un lightmotif qui construit aussi l'univers si foutraque et si jubilatoire. Les dialogues sont savoureux d'esprit vif mais, oui, il y en a beaucoup.
    Les dessins sont boursouflés d'habitude et saturent parfois trop la case. Mais l'ambiance, grâce à cela, est folle tout le long de la lecture. On est immergé. On n'halète pas à savoir la suite (on s'en fout presque) mais on profite de l'instant présent, du climat poétique, de l'humour aigrefin.
    Le scénario est un prétexte pour Fred. Parfois cela fonctionne merveilleusement comme par magie, parfois c'est juste un voyage, une errance de scénette en scénette. Dans cet opus, on oscille entre le grand n'importe quoi et la délicatesse des émotions humaines.

    Fred sait doser ces effets. Du grand-guignol de cirque à la comédie dramatique, cet album est tout à la fois. Et c'est en cela que l'œuvre faussement naïve se lit aussi dans la réflexion philosophique intense. Fred maitrise la double lecture à la perfection. Ce 15ème album le prouve encore une fois.

    Arkadi Le 11/12/2022 à 01:25:52
    Philémon - Tome 14 - L'enfer des épouvantails

    On ne peut pas faire du très bon tout le temps et la construction intuitive d'une œuvre possède ses limites.

    Dans cet album, les histoires se succèdent sans véritablement de liens les uns aux autres. L'errance de Philémon est totale. Le hasard guide l'aventure et le propos. Il y a des fulgurances certes comme le Don Quichotte de l'atlantique mais il y a aussi des histoires sans saveurs ni truculence. L'enfer des épouvantails par exemple ne raconte rien de particulier, le non-sens ne raconte rien et même le non-sens doit raconter quelque chose.

    L'histoire est toutefois agréable à lire. C'est drôle, relevée parfois et parfois tristounette de tranquillité. Il y a parfois de belles planches qui ravissent les yeux et les sens et puis d'autres qui ne font que raconter l'histoire joliment. Jusqu'au final qui réjouira les aficionados de Philémon tel que je le suis.

    Bref, le moment de lecture est agréable. La série Philémon ne peut pas être une continuité de chef d'œuvre. Il y a des hauts et des bas comme dans le monde de l'océan atlantique.

    Arkadi Le 11/12/2022 à 01:02:08

    L'art fre(u)dien dans une œuvre, chef d'œuvre.
    Le corbac aux baskets est une réponse drôle et boursouflée de non-sens merveilleux à la dépression que vivait l'auteur. Et quel pied de nez! Quel pied tout court!

    Des dialogues savoureux à la foultitude de personnages absurdes mais tellement logiques dans l'univers du corbac. Des histoires dans l'histoire toutes plus surprenantes et exquises de non sens. Tout est d'une drôlerie funeste. Tout est d'une tristesse hilarante. Là encore Fred sait si bien faire raconter par la drôlerie que l'on croit naïve, la bêtise de la guerre et de ceux qui la font, l'ennuie de la bourgeoisie boursouflée dans ses traditions, La prétention des psychologues qui ne sont que des enfants roi à la Dolto, le rapport de force psychologique du chefaillon en entreprise. Et cette drôlerie naïve fait passer crème les nombreuses satires de l'œuvre.

    Car de tous ses personnages drolatiques, pétries de conformisme ridicule, il y en a un qui vit un calvaire, une angoisse latente jusqu'au final horrifique : Le corbac aux baskets. Lui vit l'enfer de la dépression la plus totale car il est le seul à être lucide et sensé dans ce monde en absurdie. Alors il traine ses baskets de cases magnifiques en cases splendides, de planches superbes en planches toujours innovantes (mais un peu moins que d'accoutumée). Il les traine dans un spleen nonchalant, une résignation de la bêtise. Il est une victime avant tout. jusqu'à l'horreur du final.

    Le Corbac aux baskets est certainement le personnage le plus triste, au destin le plus horrifique que j'ai pu croiser dans mes lectures. Je crois que Fred est le corbac aux baskets, que Fred a construit le destin du corbac pour raconter son histoire, l'histoire de sa dépression.

    Sa seconde œuvre majeure. avec "le petit cirque". Une œuvre majeure tout court.

    Arkadi Le 10/12/2022 à 23:36:03

    Fred, ce conteur merveilleux, cet artiste incroyable est en difficulté durant cet année-là. Les aventures de Philémon se délite et les parutions de ses aventures s'espacent en plusieurs années. Durant cette période, Fred, toutefois construira des histoires. 3 pour être précis: Le corbac, le conteur électrique et la dernière image. Un quatrième opus intégrera ce quatuor dont le titre commence par "L'histoire de". bien que le Magic palace ( c'est lui) soit publié 10 ans avant.

    "La dernière image" est publié en 99. Ce sera l'avant dernier album de Fred qui publiera son dernier (qui est le dernier Philémon) en 2013. Car Fred a le corps et l'esprit qui ne va pas bien. De cet esprit qui est entré en dépression, Fred en tirera "le corbac aux baskets" qui est proche de la perfection Fre(u)dienne.

    Mais "L'histoire de la dernière image" est une grande déception de lecture. De la construction intuitive sur ses œuvres, l'auteur en tire le meilleur comme le médiocre. Fred laisse ses personnages le porter là ou ils veulent aller et la narration se construit ainsi, sans véritable ossature. "La dernière image" est d'abord une promesse non tenue: Une boutique ou l'on vend la dernière image que l'on perçoit avant de mourir (enjoy!) et le traiter sous une gaudriole bouchère et en à peine 2 planches (déception). Débuter l'œuvre avec une telle intensité dramatique ( superbe) et la poursuivre dans l'errance des idées les plus abscons et déjà vu et revue dans l'univers de Fred pour la clôturer comme un rêve (pffff).
    D'ailleurs le dessin toujours superbe n'a aucune prétention narrative. La planche est classique. les cases ne servent à rien d'autres qu'à construire l'histoire et l'histoire part à volo. Et d'ailleurs la conclusion de l'album est comme un aveu d'échec. Fred n'a pas réussi à laisser aller son génie sur une idée de départ absolument géniale: Vendre la dernière image que l'on voit avant de mourir. Peut être que Fred a eu trop peur de s'approcher de l'inéluctable car, Oui, Fred n'allait pas du tout bien en 1999.

    Arkadi Le 04/12/2022 à 21:44:02
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 13 - Le Secret de Félicien

    Les derniers albums de la série Philémon sont tous magnifiques de narration inspirées et poétiques.
    Ici, c'est autour de la dernière feuille d'automne qui demeure sur l'arbre pour raconter aux autres futures feuilles du futur printemps que se construit une histoire ou plutôt une double histoire qui s'imbriquent l'une à l'autre malgré une temporalité différente.
    Et le plaisir de lire est toujours là, authentique et jubilatoire. Car l'histoire est racontée autant en visuel que dans sa narration. Et Fred réinvente la planche de BD, le regard du lecteur qui ouvre son panorama sur toute la planche pour comprendre la narration que raconte l'auteur. Fred innove toujours un peu plus alors que le synopsis de base est d'une poésie absolue, d'une beauté véritable.
    Et cette réinvention ( déjà en cours durant les derniers albums mais là qui est d'une maitrise telle que cela intègre en harmonique totale le déroulement) permet à cette poésie d'exploser dans toutes les cases qui rebondissent les unes aux autres.
    Le dessin de Fred est également dans une saturation d'ombres et de lumières d'une totale maitrise. Fred est à son firmament durant cette période. Car sa poésie fulmine avec ses dessins, sa construction visuelle, ses couleurs superbes et ses déroulements toujours surprenante empreint d'une nostalgie magique.
    Du grand art

    Arkadi Le 04/12/2022 à 21:40:20
    Philémon - Tome 13 - Le secret de Félicien

    Les derniers albums de la série Philémon sont tous magnifiques de narration inspirées et poétiques.
    Ici, c'est autour de la dernière feuille d'automne qui demeure sur l'arbre pour raconter aux autres futures feuilles du futur printemps que se construit une histoire ou plutôt une double histoire qui s'imbriquent l'une à l'autre malgré une temporalité différente.
    Et le plaisir de lire est toujours là, authentique et jubilatoire. Car l'histoire est racontée autant en visuel que dans sa narration. Et Fred réinvente la planche de BD, le regard du lecteur qui ouvre son panorama sur toute la planche pour comprendre la narration que raconte l'auteur. Fred innove toujours un peu plus alors que le synopsis de base est d'une poésie absolue, d'une beauté véritable.
    Et cette réinvention ( déjà en cours durant les derniers albums mais là qui est d'une maitrise telle que cela intègre en harmonique totale le déroulement) permet à cette poésie d'exploser dans toutes les cases qui rebondissent les unes aux autres.
    Le dessin de Fred est également dans une saturation d'ombres et de lumières d'une totale maitrise. Fred est à son firmament durant cette période. Car sa poésie fulmine avec ses dessins, sa construction visuelle, ses couleurs superbes et ses déroulements toujours surprenante empreint d'une nostalgie magique.
    Du grand art

    Arkadi Le 26/11/2022 à 21:57:20
    Donjon Monsters - Tome 16 - Quelque part ailleurs

    Guy Delisle aux crayons! Cela fait causer et cela donne envie. Auteur certes majeur de notre 9ème art et génie de la narration (ces albums sont justes topissimes), il se sert de la structure narrative en BD pour construire des histoires et il le fait incroyablement. Mais il n'est pas à mes yeux un dessinateur, un illustrateur. Ici, il fait le job. Son visuel est en adéquation totale avec l'univers Donjon mais sans habileté particulière. Il ne se moque pas de nous et il est fidèle aux lecteurs de "Donjon". Et il a du bien s'amuser à faire cet album.

    Question scénario, c'est la boulimie! Tant de choses et tant de situations!
    Alors il y a de vrais réussites. Les personnages tout d'abord sont toujours aussi bien brossés. La maitresse d'école tout particulièrement. La drôlerie administrative également. Et Delisle, il est vrai, donne du panache à tout cela. Andrée, le personnage principal est une petite bonhomme de femme qui est tellement attachante. Suivre son histoire est un vrai plaisir en soi.
    Alors, il y a de l'indigeste comme ce final qui conclut tout en deux planches comme si les auteurs avaient 4 heures pour rendre une copie et n'ont plus vu l'heure passé. Curieux et frustrant. Comme ce voyage dans le temps qui nous donne l'espoir à découvrir des nouveautés dans notre donjon préféré. Et beh non. Rien. Que dalle. Parce que toujours, ça va trop vite dès qu'apparait le coffre des esprits. 20 ans dans un claquement de doigts. Par contre le début de l'album (Nécroville) est un réussite totale d'intensité dramatique, de tendresse, de liens entre personnages jusqu'à une description sociologique formidable de la ville.

    Joan et Lewis vous aviez un train à prendre, c'est ça?

    Arkadi Le 26/11/2022 à 21:13:40
    OmS en série - Tome 3 - La vieille-terr

    Le final est au diapason des deux premiers tomes: classique, fonctionnel, mise en scène et de cadrage formalistes avec, tout de même, une pointe de nervosité et d'émotions. Revoir Tiwa fut réjouissant et construire le final autour des retrouvailles entre Terr et elle, une vrai bonne idée même si le ressort est conventionnel.

    Question dessin, c'est tout pareil: classique, fonctionnel avec de la nervosité et de l'émotion. Les décors privilégient les grands espaces et le vide mais la structure narrative est parfaitement orchestrée par Hawthorne.

    Bref L'adaptation au roman est parfaitement maitrisé et Morvan ajoute à l'intrigue encore plus de pertinence et de personnalités aux personnages ( le roman en manquant cruellement). Il y a aussi de vrais moment du roman qui sont admirablement mise en avant tel que la loi de l'ohm (en série continue).

    Il manque toutefois de la complexité dans le personnage de Terr. Il est comme un monolithe, chef absolu, qui se pose, certes, des questions existentielles mais y répond avec une telle dextérité! Il manquerait peut être un tome supplémentaire pour y construire d'avantage de densité, d'émotions et d'exaltations dans la lecture.

    L'œuvre n'est pas un chef d'œuvre mais il fait le job d'une adaptation parfaitement maitrisée et réussie avec un supplément d'âme. Le final, par exemple, est fort plaisant. Il ressemble à la fin de Niourk (de la même série) et le nom trouvé de la planète résonne comme un final sur l'ensemble de l'histoire. On ferme l'album entre nos mains, le sourire en coin.

    Arkadi Le 13/11/2022 à 22:42:56
    Philémon - Tome 12 - Le chat à neuf queues

    Comment Fred, avec des pitch tout pourris, ( ici, un capitaliste cherche des monstres pour faire fortune) peut réussir des albums d'une si grand richesse visuelle et poétique?

    Comment les émotions véhiculent entre le lecteur et ce monde merveilleux des lettres de l'océan atlantique avec autant de grâce ?
    Par sa plume et sa narration pourtant improvisée ( on le sait par ses divers interviews) se dégage tant de plénitude. Il y a toujours l'errance en toile de fond. Il y a toujours la nostalgie et cette sensation de ne jamais être vraiment heureux. On retrouve l'enfant Mano Mano mais ces retrouvailles n'en sont pas vraiment et sont remplies d'une immense nostalgie triste.

    Fred prend le contre pieds d'absolument tout. Et la lecture, on le sait, sera toujours onirique. Mais, Fred assume sa plume poétique même visuelle. Et ce sont des planches superbes qui nous en mets plein les mirettes !!! Pourtant les dessins sont simples mais d'une telle maitrise dans le découpage et la narration visuelle. Et puis il y a les couleurs de Fred. Toujours simple et toujours efficaces dans toujours une narration visuelle qui, toujours, nous surprend et sert admirablement le propos.

    Et puis il y a les personnages. Pas ceux des humains qui sont tous connus depuis déjà 11 albums. Mais ceux des "monstres": philosophes et oniriques, généreux et fatalistes. Tous racontent quelques choses de simplement beaux et tous prennent de la place majestueusement dans les cases ou ils oblitèrent tout avec ravissement et dans les textes ou ils sont les seuls être juste.

    Fred aime ces beaux "monstres" et nous les aimons tout autant.

    Arkadi Le 13/11/2022 à 22:42:20
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 12 - Le chat à neuf queues

    Comment Fred, avec des pitch tout pourris, ( ici, un capitaliste cherche des monstres pour faire fortune) peut réussir des albums d'une si grand richesse visuelle et poétique?

    Comment les émotions véhiculent entre le lecteur et ce monde merveilleux des lettres de l'océan atlantique avec autant de grâce ?
    Par sa plume et sa narration pourtant improvisée ( on le sait par ses divers interviews) se dégage tant de plénitude. Il y a toujours l'errance en toile de fond. Il y a toujours la nostalgie et cette sensation de ne jamais être vraiment heureux. On retrouve l'enfant Mano Mano mais ces retrouvailles n'en sont pas vraiment et sont remplies d'une immense nostalgie triste.

    Fred prend le contre pieds d'absolument tout. Et la lecture, on le sait, sera toujours onirique. Mais, Fred assume sa plume poétique même visuelle. Et ce sont des planches superbes qui nous en mets plein les mirettes !!! Pourtant les dessins sont simples mais d'une telle maitrise dans le découpage et la narration visuelle. Et puis il y a les couleurs de Fred. Toujours simple et toujours efficaces dans toujours une narration visuelle qui, toujours, nous surprend et sert admirablement le propos.

    Et puis il y a les personnages. Pas ceux des humains qui sont tous connus depuis déjà 11 albums. Mais ceux des "monstres": philosophes et oniriques, généreux et fatalistes. Tous racontent quelques choses de simplement beaux et tous prennent de la place majestueusement dans les cases ou ils oblitèrent tout avec ravissement et dans les textes ou ils sont les seuls être juste.

    Fred aime ces beaux "monstres" et nous les aimons tout autant.

    Arkadi Le 13/11/2022 à 22:20:16
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 11 - La Mémémoire

    Philémon perd la mémoire et le monde des lettres de l'océan atlantique est en péril. On a les pitch que l'on peut tant Fred écrit et dessine cette série pour paraitre dans l'hebdomadaire "Pilote" et ce depuis plusieurs années déjà.

    Fred ensuite improvise et il est inspiré en diable !!!!D'abord la guerre des éléphants qui permettent aux personnages d'atteindre le monde merveilleux. Puis le temps qui n'est plus ce qu'il l'est. Pour ensuite un retour à mai 68, la guerre des bonhommes de neige, les rêves d'un ivrogne...Et le périple jusqu'à la mémémoire qui est une conclusion détonante.
    Tout rebondi à volo, la poésie est partout ( dans les images comme dans le texte). Fred est généreux, volubile. Il maitrise à merveille une errance poétique, surannée, nostalgique et bougrement vivifiante.

    Désormais les opus sont dans toute dans une lignée féconde et toujours étonnant. Fred est en maitrise parfaite de son art visuel et poétique...

    Arkadi Le 13/11/2022 à 22:19:21
    Philémon - Tome 10 - La mémémoire

    Philémon perd la mémoire et le monde des lettres de l'océan atlantique est en péril. On a les pitch que l'on peut tant Fred écrit et dessine cette série pour paraitre dans l'hebdomadaire "Pilote" et ce depuis plusieurs années déjà.
    Fred ensuite improvise et il est inspiré en diable !!!!D'abord la guerre des éléphants qui permettent aux personnages d'atteindre le monde merveilleux. Puis le temps qui n'est plus ce qu'il l'est. Pour ensuite un retour à mai 68, la guerre des bonhommes de neige, les rêves d'un ivrogne...Et le périple jusqu'à la mémémoire qui est une conclusion détonante.
    Tout rebondi à volo, la poésie est partout ( dans les images comme dans le texte). Fred est généreux, volubile. Il maitrise à merveille une errance poétique, surannée, nostalgique et bougrement vivifiant.

    Désormais les opus sont dans toute dans une lignée féconde et toujours étonnant. Fred est en maitrise parfaite de son art visuel et poétique...

    Arkadi Le 08/11/2022 à 23:05:22

    Cosey est un grand auteur pour les petites histoires. Ces histoires qui ne révolutionnent pas les vies, qui ne sont pas des charnières d'existence mais juste des moments de respirations, de tranquillité et d'apaisement. Ici, Cosey construit un dialogue téléphonique entre un vétéran du Viêt-Nam pas particulièrement traumatisé et une jeune fille qui n'a pas particulièrement 11 ans. Deux personnages qui n'ont rien à se dire mais qui vont le faire tout de même.

    Le dialogue d'une nocturne saint sylvestre enneigée ou rien ne se passe et un reportage télé qui sert de prétexte à un merveilleux carnet de voyage graphique. Cosey aime les voyages immobiles, les grands espaces qui ne racontent que la beauté du paysage, des visages et des brèves de vie attrapées en vol par son crayon magique.

    Ici, rien n'est en mouvement. Seule la conversation téléphonique construit l'action, le déroulement narratif et, pourtant, rien n'est raconté vraiment. L'œuvre est un petit bijoux de poésie humaine ou la mélodie des mots simples échangés sont en harmonie avec les grands espaces montagnardes et asiatiques. Il y a aussi le blanc Cosey, superbe.

    Le final de l'album est absolument parfait. Il y a un chien de Tchekhov et un rendez-vous qui a eut lieu malgré tout. Cosey raconte par petites touches de sublime et de sincérité. Et puis construire out un album sur la présence d'un seul personnage, ce n'est pas rien. Le partie-prie narratif, en plus d'être rare voir exceptionnel, est maitrisé de bout en bout car Cosey assume son choix et, en grand conteur, en tire le meilleur.

    Arkadi Le 18/10/2022 à 23:01:49

    Voila une œuvre de jeunesse d'un futur maître du 9ème art. Une curiosité grandiose, une anomalie superbe. Je m'explique...

    Car le graphisme est incroyable. L'auteur rend hommage aux sérigraphie des éditions illustrés de la folle époque des années folles ou l'aventure fantastique était partout. Jules Vernes certes, mais Jean de la Hire aussi, Jean Ray également et tant d'autres. Les illustrés foisonnaient dans les journaux tellement nombreux. Et Tardi est un génie du dessin, de sa mise en scène en cadrage qui donne des perspectives de grandeurs et de décors autant terrifiant que grandiose. il est déjà un maitre du noir et du blanc. Cette ambiance de neige qui oblitère tout et ces drapages de noir sont absolument suffocant de beauté. Et puis il y a les corps morphologiquement parfait, aux visages d'une précision émotionnelle absolu. Question graphisme l'œuvre est un chef d'œuvre.

    Car il y a le scénario pauvre. En chapitrale de 4 à 6 pages, Tardi s'amuse certes à reproduire les aventures à épisodes qui se trouvaient tellement nombreux, dans les journaux, d'aventures de héros désormais oubliés: Le nyctalope en tête. Les rebondissements clôturaient toujours l'épisode avec soubresaut et une multitude de question qui se devait d'appâter le lecteur. Ici, c'est drôle en diable quant on saisit l'hommage. Mais est-ce que cela peut construire un album? Hélas non. La multiplicité de "deus ex machina" et de rebondissement aux forceps ne font pas une bonne histoire pour un album. On y croit donc pas et on s'amuse seulement à en prenant plein les mirettes.

    Mais le plaisir est entier lorsque l'on sait les codes des feuilletons littéraires des années 20. Codes qui passeront l'atlantique pour devenir les pulps américains et ces héros fantastiques de feuilleton qui traverseront aussi l'océan pour devenir....des super héros.

    Arkadi Le 12/10/2022 à 22:51:49
    Philémon - Tome 9 - L'âne en atoll

    Clairement la période est prolixe en une multitude d'histoires que doit envoyer l'auteur au journal Pilote. ça n'arrête pas et forcément la qualité s'en ressent.

    Evidemment qu'il y a malgré tout des bons moments dans ce nouvel opus. Quelques scènes qui donnent du plaisir dans la découverte du bateau ivrogne et de son capitaine Imbo. Il y a aussi de beaux visuels comme les attaques lanières des colonnes gardes.

    Evidemment il y aussi un travail plus soutenu de lettrages qui offre l'image véritable des émotions. Fred va s'en faire un style propre que j'aime tout particulièrement.

    Mais sinon,
    Clairement il n'y a aucune cohésion dans l'histoire. Les hommes meurent dans l'indifférence totale du lecteur et qui n'ont aucun sens dans le déroulement. Déroulement maigre. Philémon est séparé et condamné parce qu'il rigole dans l'indifférence de son âne. Et les explications sociales de l'île sont sans intérêt. D'ailleurs rien ne se crée, rien ne se transforme et tout se perd. Cette histoire est une histoire banale d'errance dans une société sans intérêt.

    Je sais que Fred, à l'époque, n'écrivait plus de scénario. Il laissait vivre ses personnages au travers de lui et de ses dessins. Cela donne parfois de superbes opus d'écriture intuitive et parfois aussi de tristounettes séquences. C'est le cas ici.

    Quand aux dessins, l'auteur agrandit ses cases ( c'est bien) pour du remplissage de planches ( c'est moins bien).

    Bref cet album se résume à son titre. Un simple jeux de mots comme idée de départ à une histoire, c'est maigre.

    C'est en tout cas l'impression qu'on a au fil de lecture.

    Arkadi Le 12/10/2022 à 22:50:08
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 10 - L'âne en atoll

    Clairement la période est prolixe en une multitude d'histoires que doit envoyer l'auteur au journal Pilote. ça n'arrête pas et forcément la qualité s'en ressent.

    Evidemment qu'il y a malgré tout des bons moments dans ce nouvel opus. Quelques scènes qui donnent du plaisir dans la découverte du bateau ivrogne et de son capitaine Imbo. Il y a aussi de beaux visuels comme les attaques lanières des colonnes gardes.

    Evidemment il y aussi un travail plus soutenu de lettrages qui offre l'image véritable des émotions. Fred va s'en faire un style propre que j'aime tout particulièrement.

    Mais sinon,
    Clairement il n'y a aucune cohésion dans l'histoire. Les hommes meurent dans l'indifférence totale du lecteur et qui n'ont aucun sens dans le déroulement. Déroulement maigre. Philémon est séparé et condamné parce qu'il rigole dans l'indifférence de son âne. Et les explications sociales de l'île sont sans intérêt. D'ailleurs rien ne se crée, rien ne se transforme et tout se perd. Cette histoire est une histoire banale d'errance dans une société sans intérêt.

    Je sais que Fred, à l'époque, n'écrivait plus de scénario. Il laissait vivre ses personnages au travers de lui et de ses dessins. Cela donne parfois de superbes opus d'écriture intuitive et parfois aussi de tristounettes séquences. C'est le cas ici.

    Quand aux dessins, l'auteur agrandit ses cases ( c'est bien) pour du remplissage de planches ( c'est moins bien).

    Bref cet album se résume à son titre. Un simple jeux de mots comme idée de départ à une histoire, c'est maigre.

    C'est en tout cas l'impression qu'on a au fil de lecture.

    Arkadi Le 11/10/2022 à 23:44:43
    Philémon - Tome 8 - L'arche du "A"

    Scène biblique de l'arche de Noé vu par Fred. L'arche mouvante est une ile fixe. Le bois du bateau est un palace. Et la colombe est un animal tout moche qui avale la crue par ses extrémités.

    Ici est le monde des lettres de l'océan atlantique, merveilleux et poétique. L'auteur s'amuse à coller, à sortir du cadre et construire de beaux dialogues qui racontent de belles choses souvent drôles, souvent absurdes et diablement rafraîchissantes.

    Ici, la réinvention de ce déluge biblique est farfelue à souhait mais aussi profondément humaniste. Ici tout les peuples des iles-lettres sont saufs. Personne ne meurt contrairement au génocide du cataclysme divin car Fred est un profond humaniste. D'ailleurs Philémon sauve le personnage de la mort dans les dédales d'un arc en ciel. Et il n'est clairement pas un mauvais bougre. Peut être trop chef d'entreprise arriviste. Et la comparaison certes peu pertinente n'en demeure pas moins drôle de jeux de mots.

    Fred n'est pas un méchant ici. Il raconte juste de belles histoires. Cet opus en est un. Réjouissant.

    Arkadi Le 11/10/2022 à 23:43:58
    Philémon - Tome 7 - Philémon à l'heure du second "T"

    Il faut bien le dire. Fred enchaine les histoires de Philémon durant ces années 70 de manière stakhanoviste. 2 histoires par an publié dans pilote, forcément cela donne de la perte de qualité. Cet album le prouve.
    Certes c'est toujours détonnant mais c'est confortable. Les péripéties se ressemblent, les moments de changement également.
    Là encore, il y a de vrais bonnes idées Félicien est kidnappé mais son sauvetage est traité avec une pichenette. Le Manu-Manu est un ressort scénaristique mais il est abandonné en pleine histoire. Le Bonimenteur est drôle mais je ne comprends pas ses motivations. On ne rit pas mais on rit quand même.
    Cet album a pour toile de fond le conformisme et il est confortable. Sa lecture a le rythme de (presque) tous les opus précédents. De ceux qui manquent de cohésion.

    Question dessin Fred est en maturité. Il recommence un travail de collage ( et perso j'adore car cela offre une ambiance unique).

    Alors, oui, je mets en cause ce manque de fraicheur par la quantité astronomique de planches que doient livrer cet auteur de génie à Pilote pour payer son loyer. Et je relis Simbabbad.

    Arkadi Le 11/10/2022 à 23:42:57
    Philémon - Tome 6 - L'île des brigadiers

    Revenons dans le passé. Durant la période Hara-Kiri, Fred écrit "Le petit cirque", son chef d'œuvre en même temps qu'il crée la race des "Manu-Manu" en de courtes scènes de deux pages, tout pareil que le petit cirque, mais en moins bien. Il y aura également une étude sociale de l'animal. Le tout sera publié en un seul album bien des années plus tard et je ne vous le conseille pas.

    Fred reprend son animal fétiche pour l'intégrer à l'univers de lettres de l'océan atlantique tout en l'habillant littéralement du monde du guignol lyonnais. L'île des brigadiers est grâce à cela bourré de riches idées savoureuses. Le plaisir de découvrir cette île est succulent. Certes l'auteur aurait pu oser d'avantage, aller plus loin dans l'absurde ( il est à mon goût trop timoré dans son plaisir à déconstruire les codes du genre marionnette) mais le fonctionnement sociétal ubuesque reste génial de trouvaille.

    Côté dessin, Fred continue à s'amuser dans le cadrage et les décors qui font le lien entre plusieurs cases. Le passage du bateau immobile naviguant sur des décors en mouvement lui permet d'aller un peu plus encore dans un travail novateur pour l'époque (nous sommes en 1975). Rien de transcendant si l'on compare ce tome au précédent mais suffisant pour prendre un plaisir visuel sur toute une planche.

    A noter toutefois que cette aventure est la première à ne pas posséder une aventure plus courte dans son édition. Désormais, Fred tient ses 46 planches.

    Arkadi Le 11/10/2022 à 23:39:37
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 9 - L'arche du

    Scène biblique de l'arche de Noé vu par Fred. L'arche mouvante est une ile fixe. Le bois du bateau est un palace. Et la colombe est un animal tout moche qui avale la crue par ses extrémités.

    Ici est le monde des lettres de l'océan atlantique, merveilleux et poétique. L'auteur s'amuse à coller, à sortir du cadre et construire de beaux dialogues qui racontent de belles choses souvent drôles, souvent absurdes et diablement rafraîchissantes.

    Ici, la réinvention de ce déluge biblique est farfelue à souhait mais aussi profondément humaniste. Ici tout les peuples des iles-lettres sont saufs. Personne ne meurt contrairement au génocide du cataclysme divin car Fred est un profond humaniste. D'ailleurs Philémon sauve le personnage de la mort dans les dédales d'un arc en ciel. Et il n'est clairement pas un mauvais bougre. Peut être trop chef d'entreprise arriviste. Et la comparaison certes peu pertinente n'en demeure pas moins drôle de jeux de mots.

    Fred n'est pas un méchant ici. Il raconte juste de belles histoires. Cet opus en est un. Réjouissant.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:34:26
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 8 - A l'heure du second T

    Il faut bien le dire. Fred enchaine les histoires de Philémon durant ces années 70 de manière stakhanoviste. 2 histoires par an publié dans pilote, forcément cela donne de la perte de qualité. Cet album le prouve.
    Certes c'est toujours détonnant mais c'est confortable. Les péripéties se ressemblent, les moments de changement également.
    Là encore, il y a de vrais bonnes idées Félicien est kidnappé mais son sauvetage est traité avec une pichenette. Le Manu-Manu est un ressort scénaristique mais il est abandonné en pleine histoire. Le Bonimenteur est drôle mais je ne comprends pas ses motivations. On ne rit pas mais on rit quand même.
    Cet album a pour toile de fond le conformisme et il est confortable. Sa lecture a le rythme de (presque) tous les opus précédents. De ceux qui manquent de cohésion.

    Question dessin Fred est en maturité. Il recommence un travail de collage ( et perso j'adore car cela offre une ambiance unique).

    Alors, oui, je mets en cause ce manque de fraicheur par la quantité astronomique de planches que doient livrer cet auteur de génie à Pilote pour payer son loyer. Et je relis Simbabbad.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:19:26
    Philémon - Tome 5 - Simbabbad de Batbad

    Voila on y est.

    Fred sort des sentiers battus, la narration est visuelle avant tout. L'auteur nous offre une multiplicité de jeu dans le dessin et le cadrage. Le gaufrier a explosé. Les cases se font échos les uns aux autres racontant, par l'ensemble de la planche, autre chose. Fred est sorti des cases ( il y était trop étriqué) pour narrer visuellement au travers de la planche entière. Et le bonheur est total pour le lecteur. D'ailleurs, l'une des planches ( celle ou Philémon erre sur Simbabbad) est parfois étudiée en cours de 9ème art. Fred en était fier de cette planche ( il avait raison) et il l'avait conserver dans sa bibliothèque.
    Du côté de l'histoire, là encore, Fred se lâche. Ce ne sont plus des scénettes collées les unes aux autres, formant un tout parfois malhabiles entre elles que Fred nous propose mais bel et bien une échappée poétique qui rencontre la philosophie, l'absolu tout dans le rien infini. L'auteur ose aller ou personne en 74 n'avait été: l'absurde qui résonne et qui donne du sens à l'iconoclaste.
    Ici, le monde des lettres de l'océan atlantique est décortiqué. L'océan est un tapis; le monde, un chien; l'eau de la mer, de la bave; le ciel, des ronds de fumée. Et l'univers n'est plus simplement poétique. Il va bien au delà de la perception.

    "Simbabbad de Batbad" parle certes toujours d'errance mais il en parle avec gravité, avec une pointe de suspens surannée.. La lecture de Philémon est adulte malgré tous les enfantillages qui n'en sont pas tant que ça.

    A noter enfin que la seconde histoire de l'histoire se joue totalement des codes du 9ème art. Une histoire de guimauve qui assume être dans l'univers codifié d'une bande dessinée et qui cassent tous ces codes pour construire l'enjeu, le mouvement et le rythme même de l'histoire. Et c'est absolument réjouissant!!!

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:16:51
    Philémon - Tome 4 - Le voyage de l'incrédule

    Dans les œuvres de jeunesse de Fred, période ou Fred certes maitrise les codes du 9ème art sans encore les sublimer, celle-ci est certainement ma préférée (A l'exception du "petit cirque" qui, selon moi, est son chef d'œuvre).
    Car, déjà, il y a ce ressenti que Fred sait enfin construire une histoire qui possède un corps entier. Car, oui, les précédents opus sont comme des scénettes (très réussis) qui se collent l'une à l'autre sans véritable souci de cohésion. Ici, la théâtralisation et son univers offre à cette errance océane une continuité harmonique dans les affres poétiques et surprenant de l'auteur. La poésie est folle. la comédie humaine, inquiétante et les bons mots multiples.
    Car, ici aussi, le dessin offre véritablement une homogénéité admirable entre les émotions des personnages secondaires qui sont une multitude dans cet univers ou la surprise fait loi bien qu'il y ait des échos nombreux avec notre société. Et Fred construit des pages superbes ou le cadrage raconte merveilleusement ce que l'on lit. Et puis il y a enfin ces autres cases qui se partagent les décors marins, ou Fred retourne au collage d'illustration d'époque, ou un mouvement en plusieurs cases sont décorés du rideau pourpre de théâtre. Fred, enfin fait du Fred. C'est encore timoré mais c'est un ravissement.
    Et puis il y a les personnages haut en couleur. Cet incrédule, donc, qui décide de ne rien voir jusqu'à trouver les escaliers dans l'eau et considère cela comme logique, SA logique. Philémon, qui est un peu le Tintin de Fred, par qui l'aventure saugrenue se passe sans qu'il n'en décide rien. Et les acteurs marins, les critiques pirates et insulaires...Et bien sur, ce troupeau de souffleur.

    Cette œuvre est, après plusieurs tomes de cette série, le premier album digne successeur du "Petit cirque" . Certes, Il y a encore trop de classicisme par certain côté et encore quelques liaisons maladroites. Mais le plaisir de lire est tout de même total.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:15:42
    Philémon - Tome 3 - Philémon et le château suspendu

    Fred construit deux albums publiés en 1973 ( le tome 3 et tome 4 de la série). C'est une période ou l'auteur est prolixe et l'on peut considérer que ce tome est la suite du précèdent même si c'est bien deux histoires bien distinctes.

    Oui, c'est deux histoires se ressemblent. Les ressorts, toujours détonantes, se multiplient sur cette nouvelle errance dans ce monde, certes poétique mais aussi violent, de notre jeune héros. Il y a des moments, des lieux qui ravissent l'imaginaire (Une baleine-métro, un chemin lumineux d'un hibou-phare, un château suspendu par une corde) mais, la lecture demeure confortable, sans vraiment de surprise. Fred est un merveilleux poète mais Fred, dans ce tome, n'est encore pas révolutionnaire. Il va bientôt l'être.

    En terme de dessin et de narration visuelle, là encore, Fred demeure dans un certain classicisme. Même si, enfin, il se permet d'agrandir ses cases pour se permettre de plus beaux décors, de plus belles ambiances (pour notre plus grand plaisir). Mais, dans ce tome, on peut remarquer que Fred déploie un plaisir sincère à travailler ses lettrages. C'est encore frémissant.

    Mais Fred commence à se déployer dans sa chrysalide pour devenir, au fil des tomes, un artiste de génie.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:11:42
    Philémon - Tome 2 - Philémon et le piano sauvage

    Les aventures de Philémon continuent et, petit à petit, Fred devient Fred. ce tome 3 encore ne démontre pas la transformation. Fred demeure encore dans le cadre normé et aux dessins normatifs d'une bande dessinée des années 70. Et, malgré cette sagesse, il règne sur ce nouvel album un accent de renouveau.

    Oui, cette histoire est bougrement pété de ressorts scénaristiques faciles voire même carrément miraculeux. les retrouvailles entre Philémon et Barnabé en sont la preuve, autant que l'ancre qui attrape le paletot et sauve la vie du héros, autant que la porte ouverte qui est LA porte de sortie parmi des milliers.
    Oui, mais " Le piano sauvage" est d'abord l'histoire d'un rêve et, le parti étant pris, tout fait corps dans cette allégorie de l'ennuie et du jeu mondain à tout prix ( jusqu'à la justification d'un procès) mais aussi de l'errance et de la perte de repère. car, au delà de la belle poésie et des superbes dialogues d'un piano magique à dresser d'une gamme, d'un zèbre prison et d'une cours de justice ou tout est illogique, c'est bel et bien d'ennuie et de solitude dont on parle ici. Solitude de tout un groupe social, solitude d'un puisatier car il n'est jamais heureux du moment présent et nostalgique du temps passé. Solitude du père de Philémon qui se refuse à voir l'évidence farfelue de sa réalité. Solitude même d'une traversée en solitaire de l'océan. Et de ces solitudes découlent l'ennuie, l'envie de jeu, et de règlement qui permet d'avoir des ressenties forts lorsque l'on est offusqué par les dites règles. Et tout se clôture par un labyrinthe d'une comédie ou tout n'est que perception.

    La poésie de l'œuvre est à la fois magique avec des saillies humoristiques superbes tout en décalage et bons mots truculents mais le sentiment de fond demeure une nostalgie et une tristesse latente. L'œuvre de Fred est unique en cela. L'ambiance d'un album de Philémon est tellement atypique. et dès ce second tome, nous y sommes. La petite musique surannée et magnifiques sera toujours fredonnée.

    Question dessins, Fred commence à décortiquer un peu l'art du cadrage. Il est à noter toutefois que, sur une des deux petites histoires (le spéléologue) qui suit l'aventure du piano magique, Fred construit une planche superbe qui narre l'agrandissement du corps du spéléologue sur trois cadrages, construisant le visuel du corps entier tout en donnant une notion de ce physique qui s'allonge. C'est la première planche véritable d'un auteur qui va nous offrir les plus visuels narratifs, fait d'intelligence et de beauté.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:09:44
    Philémon - Tome 1 - Philémon et le naufragé du

    Philémon voyage sur les lettres-iles imaginaires de l'océan atlantique. L'histoire est connue et cela a tant offert de plaisir à lire pour les enfants-lecteurs de Pilote.!

    L'histoire est si connue que l'univers de Philémon est entré dans le Parthénon de la BD Franco-belge. Le naufragé du A est l'introduction féérique et bourrée d'imaginaire poétique à un univers qui s'étalera sur 16 tomes, tous plus farfelues les uns que les autres.

    Ici, Les ressorts sont multiples de contemplativités. Les idées foisonnent de drôlerie, de simplicité et de poésie à l'état pur. Tout est irréel et tout existe. Malgré un récit de 68, la narration est fraiche, drôle sans excessivité et va de surprise en surprise. Toutes les situations sont innovantes, les parties pris détonnant dans la folie d'un auteur avec qui tout est possible.
    Fred reste toutefois dans le cadre. La mise en page est classique mais déjà les pieds de nez apparaissent. Un radeau de la méduse pour touriste, des lampes de salon agressives qui veulent des naufrages, Un cabanon, royaume de la solitude qui est un palais. on ressent bien que Fred se libère petit à petit du carcan classique. Même si dans cet opus, nous ne sommes qu'au frémissement.
    S'en suit ensuite deux petites histoires dont l'une possède un charme fou: Faire dégourdir les pattes des animaux de son manège. L'idée est d'une simplicité métaphorique rafraichissante. Et il n'y a que Fred qui peut nous raconter cela.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:08:29
    Philémon - Tome 0 - Philémon avant la lettre

    Fred, le maitre du 9ème art, a fait comme tout le monde. En cette année 1968, il dessine deux histoires su personnage qui n'est pas encore LE Philémon d'anthologie pour courir les magasines de l'époque afin de se vendre. "Spirou" n'en veut pas mais Goscinny et "Pilote" adore. "Goscinny m'a sauvé la vie" racontera Fred.
    Pourtant la parution des 2 histoires ne plaira pas aux lecteurs de Pilote.. Trop naïf, trop d'incompréhension poétique, un dessin trop maladroit. Les lecteurs ont raison. Fred étire jusqu'à la limite deux intrigues qui tiennent sur post-it. Il n'y a pas d'inspirations particulières, pas de trouvailles poétiques qui font rebondir la narration. Et son dessin est scolaire, pétri de faux raccords et même parfois proche de l'amateur.
    Pourtant les lecteurs ne voient pas ce que ressent Goscinny: Une formidable promesse d'un auteur visionnaire. Ici, on sent déjà les champs du possible. Fred, déjà, s'amuse à construire des lettrages qui offrent l'émotion et, en toile de fond, oui, il y a déjà un univers d'une belle poésie qui pointe son bout du nez.

    Pourtant, et c'est là l'incompréhension, Fred a déjà publié ce qui est à mes yeux son chef d'œuvre dans les pages d'Hara-Kiri: "Le petit cirque". Peut être que Fred voulait faire comme tout le monde: Une structure narrative carré, une mise ne page en gaufrier, une histoire avec un début, un milieu et un fin. Et, ainsi, obtenir le sésame de l'édition en entrant, ainsi, dans le moule. Peut être qu'à la rédaction du "Petit cirque", Fred n'en avait rien à fiche du moule pour vivre de son art. Et puis ce chef d'œuvre est une multiplicité de courtes scènes alors qu'ici Fred apprend l'histoire qui dure plus de 4 pages. Bref Fred veut faire comme tout le monde et pouvoir payer son loyer.

    heureusement pour nous, l'auteur sortira des sentiers battus dès le véritable 1er tome de la série. Et deviendra le magnifique poète d'illustration que nous aimons tant. "Avant la lettre" est une curiosité à lire.: celle de découvrir les gammes d'un auteur en devenir immense.

    Arkadi Le 08/10/2022 à 22:01:15
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 7 - L'île des brigadiers

    Revenons dans le passé. Durant la période Hara-Kiri, Fred écrit "Le petit cirque", son chef d'œuvre en même temps qu'il crée la race des "Manu-Manu" en de courtes scènes de deux pages, tout pareil que le petit cirque, mais en moins bien. Il y aura également une étude sociale de l'animal. Le tout sera publié en un seul album bien des années plus tard et je ne vous le conseille pas.

    Fred reprend son animal fétiche pour l'intégrer à l'univers de lettres de l'océan atlantique tout en l'habillant littéralement du monde du guignol lyonnais. L'île des brigadiers est grâce à cela bourré de riches idées savoureuses. Le plaisir de découvrir cette île est succulent. Certes l'auteur aurait pu oser d'avantage, aller plus loin dans l'absurde ( il est à mon goût trop timoré dans son plaisir à déconstruire les codes du genre marionnette) mais le fonctionnement sociétal ubuesque reste génial de trouvaille.

    Côté dessin, Fred continue à s'amuser dans le cadrage et les décors qui font le lien entre plusieurs cases. Le passage du bateau immobile naviguant sur des décors en mouvement lui permet d'aller un peu plus encore dans un travail novateur pour l'époque (nous sommes en 1975). Rien de transcendant si l'on compare ce tome au précédent mais suffisant pour prendre un plaisir visuel sur toute une planche.

    A noter toutefois que cette aventure est la première à ne pas posséder une aventure plus courte dans son édition. Désormais, Fred tient ses 46 planches.

    Arkadi Le 06/10/2022 à 22:35:28
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 6 - Simbabbad de Batbad

    Voila on y est.

    Fred sort des sentiers battus, la narration est visuelle avant tout. L'auteur nous offre une multiplicité de jeu dans le dessin et le cadrage. Le gaufrier a explosé. Les cases se font échos les uns aux autres racontant, par l'ensemble de la planche, autre chose. Fred est sorti des cases ( il y était trop étriqué) pour narrer visuellement au travers de la planche entière. Et le bonheur est total pour le lecteur. D'ailleurs, l'une des planches ( celle ou Philémon erre sur Simbabbad) est parfois étudiée en cours de 9ème art. Fred en était fier de cette planche ( il avait raison) et il l'avait conserver dans sa bibliothèque.
    Du côté de l'histoire, là encore, Fred se lâche. Ce ne sont plus des scénettes collées les unes aux autres, formant un tout parfois malhabiles entre elles que Fred nous propose mais bel et bien une échappée poétique qui rencontre la philosophie, l'absolu tout dans le rien infini. L'auteur ose aller ou personne en 74 n'avait été: l'absurde qui résonne et qui donne du sens à l'iconoclaste.
    Ici, le monde des lettres de l'océan atlantique est décortiqué. L'océan est un tapis; le monde, un chien; l'eau de la mer, de la bave; le ciel, des ronds de fumée. Et l'univers n'est plus simplement poétique. Il va bien au delà de la perception.

    "Simbabbad de Batbad" parle certes toujours d'errance mais il en parle avec gravité, avec une pointe de suspens surannée.. La lecture de Philémon est adulte malgré tous les enfantillages qui n'en sont pas tant que ça.

    A noter enfin que la seconde histoire de l'histoire se joue totalement des codes du 9ème art. Une histoire de guimauve qui assume être dans l'univers codifié d'une bande dessinée et qui cassent tous ces codes pour construire l'enjeu, le mouvement et le rythme même de l'histoire. Et c'est absolument réjouissant!!!

    Arkadi Le 06/10/2022 à 22:05:17

    Le chef d'œuvre de Fred! Et Peut être même un chef d'œuvre absolu du 9ème art. Et pourtant...

    "Le petit cirque" est constitué de courtes scénettes de deux pages publiés dans Hara-Kiri, journal crée par Fred, Choron, Gébé, Reiser bref toute la clique des anticonformistes à l'époque des années 60. Fred n'a donc que deux pages. Il écrit des histoires méchantes dans une urgence fébrile et cette fébrilité construit une multiplicité de thématiques que Fred veut exprimer. Poésie, absurde, pamphlet sordide, méchanceté ( tous les personnages le sont) et...errance. Et cette fébrilité résonne à chaque page comme des cris morbides mêlant poésie et cynisme.

    "Le petit cirque" est la première œuvre de l'auteur. Il fait ses gammes en tant que dessinateur et raconteur d'histoire. Et le dessin est maladroit, parfois gauche, rude et brouillon. Mais l'ambiance est superbe, les couleurs au lavis incroyable de tension. Les visages approximatifs sont d'une émotion grave, incroyable d'intensité. Les dessins sont pour moi comme des œuvres d'art brut et naîf comme le douanier rousseau et les autres de cette catégorie de peinture. Et perso j'aime l'art naïf.

    Dans "le petit cirque" il y a tout ce que sera Fred. Déjà, il y a des recherches sur le lettrage afin de mettre en lecture des sensations émotionnelles. Déjà il y a des cadrages qui se jouent du haut et du bas, de la perspective fuyante, du jeu avec le gaufrier.

    Dans "le petit cirque" il y a surtout l'errance, le thème majeur de toute son œuvre. Fred raconte que ces histoires racontent aussi l'errance de ses parents, de leur long voyage et de leurs désarrois à l'arrivée. .

    Alors, oui, pour moi, "Le petit cirque" est un chef d'œuvre du 9ème art. Pour l'auteur, c'était sa création préférée de toute son bibliographie. Alors ça tombe bien. On est raccord.

    Arkadi Le 01/10/2022 à 22:41:03
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 5 - Le voyage de l'incrédule

    Dans les œuvres de jeunesse de Fred, période ou Fred certes maitrise les codes du 9ème art sans encore les sublimer, celle-ci est certainement ma préférée (A l'exception du "petit cirque" qui, selon moi, est son chef d'œuvre).
    Car, déjà, il y a ce ressenti que Fred sait enfin construire une histoire qui possède un corps entier. Car, oui, les précédents opus sont comme des scénettes (très réussis) qui se collent l'une à l'autre sans véritable souci de cohésion. Ici, la théâtralisation et son univers offre à cette errance océane une continuité harmonique dans les affres poétiques et surprenant de l'auteur. La poésie est folle. la comédie humaine, inquiétante et les bons mots multiples.
    Car, ici aussi, le dessin offre véritablement une homogénéité admirable entre les émotions des personnages secondaires qui sont une multitude dans cet univers ou la surprise fait loi bien qu'il y ait des échos nombreux avec notre société. Et Fred construit des pages superbes ou le cadrage raconte merveilleusement ce que l'on lit. Et puis il y a enfin ces autres cases qui se partagent les décors marins, ou Fred retourne au collage d'illustration d'époque, ou un mouvement en plusieurs cases sont décorés du rideau pourpre de théâtre. Fred, enfin fait du Fred. C'est encore timoré mais c'est un ravissement.
    Et puis il y a les personnages haut en couleur. Cet incrédule, donc, qui décide de ne rien voir jusqu'à trouver les escaliers dans l'eau et considère cela comme logique, SA logique. Philémon, qui est un peu le Tintin de Fred, par qui l'aventure saugrenue se passe sans qu'il n'en décide rien. Et les acteurs marins, les critiques pirates et insulaires...Et bien sur, ce troupeau de souffleur.

    Cette œuvre est, après plusieurs tomes de cette série, le premier album digne successeur du "Petit cirque" . Certes, Il y a encore trop de classicisme par certain côté et encore quelques liaisons maladroites. Mais le plaisir de lire est tout de même total.

    Arkadi Le 30/09/2022 à 22:16:06
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 4 - Le château suspendu

    Fred construit deux albums publiés en 1973 ( le tome 3 et tome 4 de la série). C'est une période ou l'auteur est prolixe et l'on peut considérer que ce tome est la suite du précèdent même si c'est bien deux histoires bien distinctes.

    Oui, c'est deux histoires se ressemblent. Les ressorts, toujours détonantes, se multiplient sur cette nouvelle errance dans ce monde, certes poétique mais aussi violent, de notre jeune héros. Il y a des moments, des lieux qui ravissent l'imaginaire (Une baleine-métro, un chemin lumineux d'un hibou-phare, un château suspendu par une corde) mais, la lecture demeure confortable, sans vraiment de surprise. Fred est un merveilleux poète mais Fred, dans ce tome, n'est encore pas révolutionnaire. Il va bientôt l'être.

    En terme de dessin et de narration visuelle, là encore, Fred demeure dans un certain classicisme. Même si, enfin, il se permet d'agrandir ses cases pour se permettre de plus beaux décors, de plus belles ambiances (pour notre plus grand plaisir). Mais, dans ce tome, on peut remarquer que Fred déploie un plaisir sincère à travailler ses lettrages. C'est encore frémissant.

    Mais Fred commence à se déployer dans sa chrysalide pour devenir, au fil des tomes, un artiste de génie.

    Arkadi Le 28/09/2022 à 08:18:27
    Elle s'appelle Taxi - Tome 1 - Une croisière en enfer

    Découvrir des séries des années 80, courtes car elles n'ont pas connu pas les succès escomptés est un petit bonheur en soit. Elles sont comme des pépites, au détour d'un chinage en brocante et l'on se prend à chercher avec satisfaction les autres albums de la (petite) série.

    Ici on découvre Taxi, une journaliste freelance qui n'a pas froid aux yeux et qui est une casse cou absolue pour un bon scoop. Détail intéressant, l'héroïne bien que trop mignonne et sexy n'est jamais vu comme une nympho, ni une femme fatale. elle n'est d'ailleurs jamais nue ( mêmes si elle est légèrement dénudé sur une ou deux cases de manière gratuite). c'est quand même rare dans ces années là et c'est à souligner. Au delà de ça, taxi est parfois écervelée, naïve mais elle fait preuve d'un sacré sang froid et d'une âme d'aventurière.

    Le scénario est franchement bien foutu même si ce côté écervelée peut paraitre "très" écervelée et donc agaçant. les rebondissements sont nombreux et la narration secondaire (celle de taxi) prend la place du déroulement est devient principale à la lecture. Ce qui m'a totalement satisfait me concernant dans la lecture des rebondissements de l'histoire et de sa conclusion.

    Mais là ou le plaisir absolu réside est dans le dessin. Bon dieu que ce classicisme est magnifique! Les décors du périple dans le désert sont somptueux. l'ambiance nocturne du réseau ferroviaire est incroyable de noirceur et de technique. Et les visuels à Barcelone et au Caire, incroyable de précision. Et l'auteur est un orfèvre surtout dans les mouvements de ses personnages et l'action entre protagonistes.

    Si la narration visuelle et scénaristique sont d'un classicisme certain, il n'empêche: c'est franchement bien foutu et c'est dessiné par un auteur qui connait parfaitement son job.

    Arkadi Le 28/09/2022 à 07:46:19
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 3 - Le piano sauvage

    Les aventures de Philémon continuent et, petit à petit, Fred devient Fred. ce tome 3 encore ne démontre pas la transformation. Fred demeure encore dans le cadre normé et aux dessins normatifs d'une bande dessinée des années 70. Et, malgré cette sagesse, il règne sur ce nouvel album un accent de renouveau.

    Oui, cette histoire est bougrement pété de ressorts scénaristiques faciles voire même carrément miraculeux. les retrouvailles entre Philémon et Barnabé en sont la preuve, autant que l'ancre qui attrape le paletot et sauve la vie du héros, autant que la porte ouverte qui est LA porte de sortie parmi des milliers.
    Oui, mais " Le piano sauvage" est d'abord l'histoire d'un rêve et, le parti étant pris, tout fait corps dans cette allégorie de l'ennuie et du jeu mondain à tout prix ( jusqu'à la justification d'un procès) mais aussi de l'errance et de la perte de repère. car, au delà de la belle poésie et des superbes dialogues d'un piano magique à dresser d'une gamme, d'un zèbre prison et d'une cours de justice ou tout est illogique, c'est bel et bien d'ennuie et de solitude dont on parle ici. Solitude de tout un groupe social, solitude d'un puisatier car il n'est jamais heureux du moment présent et nostalgique du temps passé. Solitude du père de Philémon qui se refuse à voir l'évidence farfelue de sa réalité. Solitude même d'une traversée en solitaire de l'océan. Et de ces solitudes découlent l'ennuie, l'envie de jeu, et de règlement qui permet d'avoir des ressenties forts lorsque l'on est offusqué par les dites règles. Et tout se clôture par un labyrinthe d'une comédie ou tout n'est que perception.

    La poésie de l'œuvre est à la fois magique avec des saillies humoristiques superbes tout en décalage et bons mots truculents mais le sentiment de fond demeure une nostalgie et une tristesse latente. L'œuvre de Fred est unique en cela. L'ambiance d'un album de Philémon est tellement atypique. et dès ce second tome, nous y sommes. La petite musique surannée et magnifiques sera toujours fredonnée.

    Question dessins, Fred commence à décortiquer un peu l'art du cadrage. Il est à noter toutefois que, sur une des deux petites histoires (le spéléologue) qui suit l'aventure du piano magique, Fred construit une planche superbe qui narre l'agrandissement du corps du spéléologue sur trois cadrages, construisant le visuel du corps entier tout en donnant une notion de ce physique qui s'allonge. C'est la première planche véritable d'un auteur qui va nous offrir les plus visuels narratifs, fait d'intelligence et de beauté.

    Arkadi Le 26/09/2022 à 16:10:30
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 2 - Le Naufragé du "A"

    Philémon voyage sur les lettres-iles imaginaires de l'océan atlantique. L'histoire est connue et cela a tant offert de plaisir à lire pour les enfants-lecteurs de Pilote.!

    L'histoire est si connue que l'univers de Philémon est entré dans le Parthénon de la BD Franco-belge. Le naufragé du A est l'introduction féérique et bourrée d'imaginaire poétique à un univers qui s'étalera sur 16 tomes, tous plus farfelues les uns que les autres.

    Ici, Les ressorts sont multiples de contemplativités. Les idées foisonnent de drôlerie, de simplicité et de poésie à l'état pur. Tout est irréel et tout existe. Malgré un récit de 68, la narration est fraiche, drôle sans excessivité et va de surprise en surprise. Toutes les situations sont innovantes, les parties pris détonnant dans la folie d'un auteur avec qui tout est possible.
    Fred reste toutefois dans le cadre. La mise en page est classique mais déjà les pieds de nez apparaissent. Un radeau de la méduse pour touriste, des lampes de salon agressives qui veulent des naufrages, Un cabanon, royaume de la solitude qui est un palais. on ressent bien que Fred se libère petit à petit du carcan classique. Même si dans cet opus, nous ne sommes qu'au frémissement.
    S'en suit ensuite deux petites histoires dont l'une possède un charme fou: Faire dégourdir les pattes des animaux de son manège. L'idée est d'une simplicité métaphorique rafraichissante. Et il n'y a que Fred qui peut nous raconter cela.

    Arkadi Le 26/09/2022 à 08:05:04
    Philémon (Nouvelle édition) - Tome 1 - Avant la lettre

    Fred, le maitre du 9ème art, a fait comme tout le monde. En cette année 1968, il dessine deux histoires su personnage qui n'est pas encore LE Philémon d'anthologie pour courir les magasines de l'époque afin de se vendre. "Spirou" n'en veut pas mais Goscinny et "Pilote" adore. "Goscinny m'a sauvé la vie" racontera Fred.
    Pourtant la parution des 2 histoires ne plaira pas aux lecteurs de Pilote.. Trop naïf, trop d'incompréhension poétique, un dessin trop maladroit. Les lecteurs ont raison. Fred étire jusqu'à la limite deux intrigues qui tiennent sur post-it. Il n'y a pas d'inspirations particulières, pas de trouvailles poétiques qui font rebondir la narration. Et son dessin est scolaire, pétri de faux raccords et même parfois proche de l'amateur.
    Pourtant les lecteurs ne voient pas ce que ressent Goscinny: Une formidable promesse d'un auteur visionnaire. Ici, on sent déjà les champs du possible. Fred, déjà, s'amuse à construire des lettrages qui offrent l'émotion et, en toile de fond, oui, il y a déjà un univers d'une belle poésie qui pointe son bout du nez.

    Pourtant, et c'est là l'incompréhension, Fred a déjà publié ce qui est à mes yeux son chef d'œuvre dans les pages d'Hara-Kiri: "Le petit cirque". Peut être que Fred voulait faire comme tout le monde: Une structure narrative carré, une mise ne page en gaufrier, une histoire avec un début, un milieu et un fin. Et, ainsi, obtenir le sésame de l'édition en entrant, ainsi, dans le moule. Peut être qu'à la rédaction du "Petit cirque", Fred n'en avait rien à fiche du moule pour vivre de son art. Et puis ce chef d'œuvre est une multiplicité de courtes scènes alors qu'ici Fred apprend l'histoire qui dure plus de 4 pages. Bref Fred veut faire comme tout le monde et pouvoir payer son loyer.

    heureusement pour nous, l'auteur sortira des sentiers battus dès le véritable 1er tome de la série. Et deviendra le magnifique poète d'illustration que nous aimons tant. "Avant la lettre" est une curiosité à lire.: celle de découvrir les gammes d'un auteur en devenir immense.

    Arkadi Le 20/09/2022 à 13:22:21

    Simplicité et poésie. Et peut être même un petit majeur tendu bien haut de la part de Fred. Car, si monsieur Mousse ( puisque l'on ne voit pas le visage) ce serait Fred lui-même ? Alors son propos serait délicieux.

    Lui qui n'a pas la télévision, qui vit dans son propre univers et ses propres histoires à l'ombre même de la lune céleste. Et moi j'aime cette idée que c'est peut par là la source du bonheur: la déconnexion, le cocon de l'imaginaire. Et cette simple histoire pleine de poésie à l'allure de conte pour enfant deviendrait une allégorie philosophique sur le choix, aussi, de vivre déconnecté de tout. Ne rien faire que rêver dans son lit. Et monsieur Mousse vit dans son lit. Ne faire qu'écouter les histoires. D'ailleurs Monsieur Mousse est peut être malade pour garder toujours le lit durant toute l'histoire . Comme Fred qui, durant cette période, a beaucoup garder le lit en hôpital.

    Car le message final est également un message plein d'amertume sur le monde connecté, ce peuple dans l'impossibilité de rêver par soi même. Le final est d'une infinie tristesse. Alors que toute l'allégorie était à la fois cynique et naïve.

    Du coté des dessins, Fred explore toujours autant les cadrages du gaufrier qui déborde de toute part, les lettrages qui racontent bien plus que les simples mots. il y a toujours chez Fred, le plaisir absolu des planches bourrées de trouvailles et d'émotions visuelles.

    La lecture est double de poésie. Visuelle d'abord ou le plaisir curieux de découvrir à chaque planche une narration visuelle qui en met plein les mirettes et plein les émotions. sémantique ensuite car les mots de Fred sont toujours empreint de légèreté et lourdeurs car l'émotion prime toujours chez cet auteur incroyable.

    Arkadi Le 19/09/2022 à 07:56:29

    Album atypique ou la couverture est la représentation exacte d'une case de l'album ( d'ailleurs assez moche et peu représentative de l'histoire) que celui-ci.

    Ici, nous suivons les premières aventures de Taxi, enquêtrice casse cou et journaliste canon qui ose tout malgré une naïveté sur les évènements qu'elle engendre. Et cette héroïne qui connaitra deux autres aventures traduites en français (nous y reviendrons) ne sera jamais représentée nue ou sexuée par l'auteur espagnol. Ce qui est un évènement pour les femmes en papier des années 80/90!

    Dans "Le labyrinthe du dragon", l'intrigue est somme toute classique pour un polar conspirationniste des années 80. Une multinationale, un organe de presse à sa solde, des meurtres racistes sous couvert d'une épidémie et d'un parti à l'extrême droite...bref, tous les ingrédients sont présent. Mais le final détonne. le petit arrangement entre amis offre un propos plus réel, donne un vertige plus grand.

    C'est du coté du dessin que le plaisir est total. Alfonso Font illustre une ville espagnole avec superbe, osant des contre plongées magnifiques et des scènes fluides d'une maitrise absolue. Ici, un accident de voiture est dantesque de précisions. le détail des décors, les corps en mouvement offrent une immersion totale dans ce monde des années 90 parfaitement daté dans les vêtements, les véhicules et les modes de communication et de technologie.

    Un beau retour en arrière, vers le passé avec toutes les thématiques matricielles de ces années qui fleurent bon tout de même ceux d'aujourd'hui.

    Arkadi Le 16/09/2022 à 07:27:24
    Le privé d'Hollywood - Tome 3 - Retour de flamme

    D'abord Hipp n'est plus Hipp. Son visage qui était acéré, vénéneux, reptilien avec une coupe de cheveux parfaite de dandy impeccable n'est plus. Sa transformation, car Berthet évolue dans son travail de dessinateur, est tristounet. le voici devenu bonhomme et rondouillard avec une prestance capillaire brouillonne. Le charisme n'est plus. son regard alors perçant est devenu vague.
    Ensuite, il y a Hollywood qui disparait. L'enquête a lieu ailleurs. sur un yacht et dans une contrée américaine profonde. alors que, dans les deux premiers albums, La cité des rêves était la toile de fond et une merveilleuse plus value. Un privé à Hollywood...c'était ça le bonheur de lecture. Ici, le choix des lieux rend l'album des plus communs.
    Enfin, il y avait les cadrages, découpages qui empruntaient allégro aux codes des films noirs de la période ou progresse Hipp dans ses aventures. Et c'était le kiff en terme d'ambiance. Dans cet album, rien de tout cela. Ici, aucune narration visuelle qui ne raconte autre chose que l'histoire. C'est propre mais sans saveur particulière.

    Alors, oui, La narration est pro. L'histoire, bien foutue et, oui, intégrer Connie la secrétaire comme personnage principale est réjouissant. Mais, malgré tout Connie finit en princesse en détresse qu'il faut sauver (en plus par le personnage le plus répugnant de l'histoire) et c'est dommage. Construire un personnage détective féminin qui enquête avec savoir faire et se sorte de toutes les situations aurait été bien plus pertinent.

    Et, oui, le scénariste connait son job tout comme le dessinateur qui a un vrai talent mais cela n'excuse pas le ronflant du récit. On ne s'ennuie pas mais presque.

    C'est classique, déjà vu un peu partout alors que les deux premiers albums avaient été si incisifs et détonnant. Dommage....

    Arkadi Le 14/09/2022 à 07:56:16
    Nicéphore Vaucanson - Tome 3 - Le Mystère Van Hopper

    Bon...Ok. On a beau vouloir défendre un auteur oublié au trait génial, à l'ambiance éclectique, féérique des années folles et à l'architecture formidable des années 20, c'est quand même pas toujours possible.
    Ok on essaye de sortir de l'abime un artiste injustement disparu, parfois même maudit qui vécu une dépression sévère et un décès trop brutal., mais on ne peut pas le défendre mordicus sur tout.

    "Le mystère Van Hopper" est tout pété de "deus ex machina" qui, carrément, s'amoncellent dans une seule et même pièce au fur et à mesure des révélations toutes les plus verbeuses les unes que les autres. Pris au second degré, c'est très drôle. Ils se retrouvent dans la serre à plus de 100 persos ( car il y a aussi toute une secte dont les membres sont entichés d'un masque égyptien et on ne sait pas pourquoi).

    Faut l'avouer, le final n'est pas loin du nanar scénaristique. C'est jubilatoire pris au troisième degré. On dirait un Adèle Blanc-Sec qui s'est pris les pieds dans le tapis. On dirait du Jules vernes qui ne sait pas quoi faire de son histoire et doit la clôturer en 46 planches. C'est tout foutraque, sans queue ni tête et c'est sympatoche voire marrant parce que c'est tout foutraque, sans queue ni tête.

    Même les dessins de Wininger, d'habitude dantesque, est mis de côté tellement il y a de persos et tellement il y a de textes dans les cases. Il n'en demeure pas moins des moments superbes d'ambiance. Au début d'abord, dans une ambiance pluvieuse, l'auteur nous traine nostalgiquement dans un port aux navires effilés et somptueux. Et aussi dans un paris en noir et blanc ou l'on déambule dans un métropolitain pétri de féérie verte.

    Autre chose enfin positive, la trilogie se clôture véritablement. Pas de cliffhanger non résolu, Nicéphore Vaucanson nous quitte comme il est venu....tranquillement en voguant vers d'autres aventures que nous ne connaitrons pas.

    Arkadi Le 13/09/2022 à 06:50:15
    Nicéphore Vaucanson - Tome 2 - L'ombre du scarabée

    Il faudra bien l'avouer un de ces quatre....mais oui, les scénarios de Wininger ne valent pas tripette. Pas d'enjeu, ni de ressorts dramatiques. Pas de suspens et les résolutions viennent par la bonne destinée. C'est linéaire malgré le fantastique.

    Peut être bien que oui mais moi j'aime bien ce fantastico-romantique, cette déambulation surannée qui se veut être un thriller mais qui n'est juste qu'un périple extravagant dans un siècle féerique à la Jules Vernes. Wininger fait du Jules en BD sans son génie mais, malgré tout, avec son talent.

    Et puis il y a ce dessin tout à la fois figé dans les corps et si ressemblant dans les visages mais aux décors absolument superbes parfois même lyriques et aux couleurs vanille et délavées.

    Ce qui est agréable dans la lecture de Wininger, c'est l'ambiance fantasmée du début du 20ème siècle. C'est les voyages des personnages par bateaux et voitures dans les différentes villes de France et Iles du monde. C'est aussi la visite guidée d'un siècle ou tout était possible avant 14 et ou tout était à explorer et découvrir.

    Wininger, pour cela, est un guide génialissime.

    Arkadi Le 12/09/2022 à 08:06:44
    Nicéphore Vaucanson - Tome 1 - Evergreen

    Nicéphore Vaucanson (un ancêtre de Herbert Vaucanson de la saga Donjon???) s'en va sur une île mystérieuse pour résoudre une enquête. Enfin, non...Il se pose des questions à haute voix (pour nous lecteurs) qui se résolvent par le truchement du destin.

    Tout comme Tintin, Nicéphore est journaliste, porte une tenue proche du petit belge à la houppette et se laisse guider pas sa destinée, témoin privilégié d'une histoire extraordinaire en cours..

    Tout comme Tintin, Il est accompagné d'un docteur spécialiste et d'un illuminé maniant le pendule ( le prof Tournesol), d'un capitaine (Haddock) et même de deux presque-jumeaux enquêteurs ( Les Dupont et Dupond) voguant tous, donc, vers une île mystérieuse ou la flore est intense de mystère. Wininger reprend tout de chez Hergé avec en particulier ce fameux album à champignon pour en faire une aventure bretonne sérieuse.

    Et, moi, j'adore!!!!

    La précision du trait qui conte une aventure marine de toute beauté. L'auteur est un orfèvre dans la représentation des bateaux à voiles et de leurs intérieurs. Il l'est également pour nous conter cette histoire dans une atmosphère iodée et maritime, ou le bois craque. Même l'île est superbe de mystère durant une première partie. Et même si le suspens véritable fait couac lorsque la solution pointe son nez, même si les ressorts scénaristiques font tout même pschitt dans leurs conclusions, l'aventure est celle de Gentlemen qui sont d'une courtoisie savoureuse et d'une délicatesse vaporeuse. Et cela donne là aussi une atmosphère british qui, moi, me ravit.

    L'aventure est douce, sans heurt avec ce je ne sais quoi d'exotisme breton qui fleure merveilleusement les périples des bateaux à voiles. L'album est atypique en cela et c'est en cela qu'il fait qu'il est unique.
    C'est une BD Okapi. Rien que cela donne le sentiment nostalgique. Et bien la lecture l'est tout autant et c'est savoureux.

    Arkadi Le 09/09/2022 à 09:42:39

    Attention petite perle de derrière les fagots dans le monde merveilleux du 9ème art !!!! Et cette critique espère remettre en avant cet album des années 90 réaliser par un artiste méconnu mais incroyable de talent.

    Ici, c'est 7 histoires ou l'on suit 7 personnages formant un tout global, une évolution dramatique. 7 histoires qui poussent la logique mercantile et capitaliste de notre société d'aujourd'hui jusqu'à l'extrême et l'ubuesque. c'est glaçant de drôlerie avec tant de passage pertinent avec notre civilisation.

    Par exemple, Les étudiants des écoles normales supérieures considèrent que la condition ouvrière est à 5 pour cent de la population alors qu'elle est est à 20 ( disparition donc de celle-ci). Par exemple, les influenceuses ressemblent tant à ces personnages féminins qui vivent dans l'album dans leurs seuls besoins reptiliens. Par exemple, le propos d'un plan mondial resonne parfaitement lorsqu'on compare ce propos avec la communication des multinationales d'aujourd'hui. "Stratos" serait-t-elle prophétique?

    Au delà de ces références qui font mouche, le dessin d'un noir de plomb, ces décors surchargés de poncifs mercantiles, ces visages torturés par une société qui sclérose donne un ton noir profondément torturé qui assoit le propos de fin du monde. l'ambiance glauque pourtant offre un ton d'humour glaçant. Le noir du trait raconte autant que les cases d'une blancheur extrême. Ubu ici est roi. Kafka serait en terrain conquis.

    La structure narrative est d'une pertinence inouïe. Du détail des vies abscons de chaque personnage dans les premières histoires, l'auteur construit un discours profond au travers d'un monde qu'il construit avec intelligence dans les dernières.

    Prado raconte la société des années 90 et ce qu'elle pourrait devenir dans ses travers et son jusqu'au boutisme mercantile et totalitaire. Nous sommes en 2020, et je considère qu'il fait mouche sur bien des aspects de notre société d'aujourd'hui.

    Arkadi Le 07/09/2022 à 08:28:03
    Victor Billetdoux - Tome 3 - La nuit de l'Horus rouge

    Convenons-en, lire Wininger est un plaisir véritable afin de ressentir l'ambiance sirupeuse de ce Paris 1910. Sous la neige de l'hiver, on déambule tranquillement ( malgré l'histoire policière) entre Javel et Montsouris tout en se baladant surs les rives du Nil sous la Seine.

    Il y a biens des meurtres, des poursuites et une intrigue atypique de deux bandes rivales qui sont pourtant de la même secte. Mais les meurtres sont planplans, les courses poursuites aux ralenties et les ressorts dramatiques bien faciles. Si le second tome de cette trilogie rappelait les histoires d'Adèle Blanc-Sec, le dernier album de la série Victor Billetdoux se veut apocalyptique sans surprise. Les héros ne sont que des spectateurs inoffensifs d'une guerre fratricide entre les 2 clans possédant tout deux des armes de destruction massive surannées à la sauce science fictionnelle de l'époque ( et ça c'est savoureux).

    Et puis, il y a ce final ou un champignon atomique pète sur le Nil et en plein Paris. Le final de la trilogie est sans appel. Tout le monde y passe même les héros qui, au final, n'ont été que témoins à peine privilégiés d'une histoire foutraque dans des décors splendides.

    Wininger avait pourtant tenté de construire un 4ème tome à cette série durant l'année 1987., alors qu'il travaillait déjà sur 2 autres albums. Que s'est-il passé? Il a tout arrêté pour revenir à la BD plus de 10 ans après. On parle d'une dépression importante durant cette décennie de silence. Et voila pourquoi le final est sans appel. Le cliffhanger au départ est devenu le point de conclusion. Et, moi, j'aime bien ce final là. Pourquoi les héros devraient toujours s'en tirer? Ils ne quittent pas tous leurs aventures solitaire et au soleil couchant. Et puis il n'avaient pas qu'à être là au mauvais endroit et au mauvais moment. Surtout que clairement ils n'ont rien fait pour inverser ce qui devait être. Et la secte voulait être arroseuse de destruction et elle est arrosée. Et cela convient parfaitement avec le ton de la trilogie.

    Arkadi Le 06/09/2022 à 08:16:24
    Sera Torbara - Tome 1 - Le vol des dieux

    Rotundo au début de sa carrière est déjà un grand en devenir. Décor, cadrage, personnage, tout y est déjà dans le plus pur style de ce que sera le grand Rotundo. Nous en sommes aux balbutiements d'un trait certain et d'un savoir faire d'artiste génial. Mais ce balbutiement est déjà si beau!!!

    Coté scénario Ferrandino fait aussi le job avec un twist final bien sympatoche, lié à un objet qui fait la trame de la narration ( qui ramène cette fiction dans la chronologie des évènements historiques). Et même si la narration n'est pas tant rythmée que ça, il y a toutefois de beaux moments et de beaux dialogues.

    Les personnages certes ressemblent à tous le personnages des années 80 avec leurs archétypes et leurs caractères mais ici rien n'est manichéen et surtout pas les protagonistes qui sont de véritables études aux naturels du livre sacré dont l'album est la quête. "Le vol des dieux" raconte une comédie humaine en déliquescence jusqu'au raz de marée des sentiments qui ramène chacun d'entre eux à leurs véritables natures puisqu'auparavant, ils ne portaient que des masques.

    Un album qui ramène aux années 80 avec tout le meilleur de la période.

    Arkadi Le 05/09/2022 à 08:07:15
    Victor Billetdoux - Tome 2 - Les ombres de nulle part

    Wininger serait-il un Tardi en mieux? Je sais. L'affirmation peut déplaire mais je m'explique.

    Car Wininger ( un artiste injustement oublié dans le 9ème art) lorgne vers l'Adèle Blanc sec de Jacques ou des groupes éclectiques et atypiques se coursent les uns derrière les autres dans un paris en l'époque du début du siècle dernier.
    Et si on demeure dans cette seule période Tardienne alors il faut se plonger dans les œuvres Wininger.
    Car l'auteur suit à la lettre les déroulés scénaristiques d'Adèle avec des personnages hauts en couleurs tout pareil avec un mélange tout pareil d'ésotérisme, d'égyptophilie et tout un tintouin d'autres choses qui sent bon l'uchronie et le modernisme vu à l'époque. Wininger, tout comme Tardi, est grave fortiche pour nous créer un melting pot de thématiques qui sent bon l'imaginaire de l'époque. En cela, les ombres de nulle part ( Mais quel titre!!!!" ne diffère pas d'Adèle Blanc Sec et égalise en qualité le rythme, le déroulé et le suspense narratif.

    Mais je préfère le dessin, le cadrage, les séquences de Wininger. Et Bon dieu que l'atmosphère de ce Paris-là est superbe. Que la finesse du trait des personnages autant que les décors sont superbes! Que les couleurs offrent une nostalgie sincère autant qu'une noirceur visuelle! Wininger est un orfèvre dans le cadrage de ces décors. Certes le rythme a cette lenteur sirupeuse de ce début de siècle-là et la lecture de ce BD, pour ado reconnaissons le, est d'un vrai régal.

    La pseudo enquête et les pseudos sciences occultes sont prétextes à nous faire déambuler dans Paris 1901 magnifique de neige, de pluie, période dans laquelle une crue centennale se déclenche. Et là encore le crayon de Wininger est somptueux de précision et d'ambiance nostalgique.

    Voila un Tardi en scénario qui nous en met plein les mirettes à la Wininger.

    Arkadi Le 02/09/2022 à 10:25:39
    Michel Vaillant - Tome 8 - Le 8e pilote

    Que les choses soient claires, les 13 premiers albums de Michel Vaillant sont tous (quasiment) des chefs d'œuvre du 9ème art. C'est dit, on n'y revient pas. je ne suis pas objectif.

    Et Jean Graton est un visionnaire. Car en 1962 ( date de publication dans le journal de tintin du 8ème pilote), il n'existe pas d'école de pilote chez les grandes marques automobiles. Certes, l'auteur utilise ce ressort scénaristique pour élaborer un huis clos sportif ou la comédie humaine tourne autour d'émotions simples mais riches pour la structure.

    En 1962, nous sommes également en pleine guerre froide et Jean Graton, amoureux de la fraternité entre les peuples, construit sa trame principale autour d'un duo de pilotes dont l'un est russe et l'autre américain. Et l'auteur choisit de privilégier le russe. Le choix aussi se tourne sur le rapport social entre un marseillais à la condition modeste et le reste du groupe gravitant dans l'aristocratie et l'industrie.

    Comme toujours Graton, construit sa narration avec, en toile de fond, la course automobile. Ici, il parle de courses "ville/villes" (courses interdites depuis un certain temps déjà). Et c'est avec bonheur que l'on redécouvre l'ambiance du Liège Sofia Liège, course mythique.
    Sous des aspects naïfs, Graton propose une histoire plus complexe qu'il n'y parait. Et même si les valeurs (de l'époque) du sport et humaines sont les thématiques maitres de l'opus, il y a sous jacent une narration sur l'incompréhension des uns aux autres par le prisme sociale et politique. J'aime beaucoup le personnage d'Yves Douléac dans cette histoire qui offre, par son parcours, une vrai leçon de vie aux lecteurs.

    Oui, c'est trop verbeux mais c'est l'époque qui voulait cela et oui c'est foisonnant de bon sentiments, de classicisme dans les hautes valeurs humaines. Nous sommes en 1962. Une période ou l'on va à la messe de minuit, ou les échanges se font à la poignée de main. Et alors? On peut construire une belle histoire avec de beaux sentiments. Et puis il y a ces moments de plaisir à lire les anecdotes d'une famille autour de la table. Ce n'est pas du remplissage. Ce sont des brèves de vie drôles et intimes réjouissantes.

    Et le dessin de Graton, comme les couleurs de sa compagne, sont toujours un vrai bonheur de lecture avec des décors superbes, des physionomies qui racontent parfaitement l'émotion et, évidemment, des courses automobiles incroyables de mouvements et de vacarmes.

    Je suis toujours subjugué par le Jean Graton de l'époque qui construira chaque années et durant 13 ans des histoires de 62 planches d'une telle qualité graphique mais aussi scénaristiques dans la condition humaine des 30 glorieuses. C'est toujours juste.

    Enfin, l'ouvrage prépare, en de nombreuses planches, le retour de Steve. Et j'aime moi les hors champs qui permettent de nous situer sur le futur.

    Chapeau bas l'artiste

    Arkadi Le 31/08/2022 à 08:21:46

    En 1978, dans le journal PIF Gadget, est publiée une petite histoire à propos d'un héros à la Zorro sous le règne de Louis 13. Fort du sucés des lecteurs du magasine, il y aura plusieurs petites histoires du héros "Masque rouge". Les auteurs ne savent pas vraiment ou ils vont véritablement mais ils ne se doutent pas encore que débute ainsi une grande saga.

    Ce tome 1 regroupe les 3 premières aventures riquiquis de ce Zorro à la française. Au delà d'être d'abord une curiosité à lire, on pressent vite le potentiel du héros et de ce qu'il va devenir. Cothias construit donc 3 aventures distinctes qui vont vite, évidemment trop vite allant à l'essentiel pour une conclusion rapide. Les personnages sont à peine effleurés malgré le fort potentiel de beaucoup d'entre eux. La narration est coupée au scalpel avec de grosse facilités scénaristiques pour que tout rentre en 6 ou 8 planches et les histoires sont parfois à la limite de l'anecdote. On se demande par exemple pourquoi Masque rouge apparait comme dans la dernière histoire de ce tome ou il donne juste son point de vue avant d'être attaqué par une dizaine de soldat.
    Mais malgré tout cela le scénariste construit une ambiance, une légende autour de son héros. Il apporte une tonalité mystique autour de lui qui donne envie et qui subjugue. Le héros est tour à tour fantôme revenu des morts, symbole de justice pour le peuple, figure christique du sauveur. Et c'est par là que ce tome 1 est bien plus qu'une simple compilation d'aventure publié dans un mensuel, il y a presque déjà 40 ans.

    Et cette ambiance de légende est merveilleusement portée par un dessin superbe. Certes Julliard est encore ici dans l'apprentissage de son art. Mais la maitrise est déjà présente dans les décors, les personnages et les combats à l'épée. Il y a même parfois des moments de grâce absolu dans le coin d'une case, sur le visage d'un personnage secondaire, une rue, un cadrage brumeux d'un cheval au galop.

    Et il m'est toujours agréable de lire une œuvre majeure en devenir. Ce tome 1 comme les deux suivants sont comme des madeleine de Proust pour ceux qui aiment les 7 vies de l'épervier. Voila le véritable intérêt de cet album.

    Arkadi Le 30/08/2022 à 10:06:03

    Attention plaisir coupable.

    La chatte est une super héroïne serbe dans un New York à la Marvel dans les années 80 et qui a des pouvoirs de chatte ( elle retombe sur ses pattes et possède des griffes).

    Mais son souci premier reste ses costumes qui ont une propension terrible à s'arracher à tout va. Evidemment "la chatte" est un pastiche avec les codes (maitrisés) du comics américain. Ne nous y trompons pas, même s'il est sexué, l'album n'est pas pornographique (Il n'y a pas de sexes masculins ou féminins visibles et il n'y a pas de scène porno).

    Ici Les femmes ( super vilaines ou super héroïnes) sont très exhibes à fond et les hommes ( sidekicks et super méchants) sont très très habillés. mais là encore ne nous y trompons pas. Ce sont les femmes qui ont (presque toutes) du caractère et de la personnalité. les hommes, eux, sont des brutes épaisses, des abrutis finis, des couillons absolues dans tous les clichés possibles du con de base.

    Les dialogues sont tous idiots, alliant les blagues potaches, les parodies aux douzièmes degrés et le scénario n'a aucun intérêt. Et c'est en cela que c'est drôle de bêtise. C'est un pastiche. au scénario grossier mais aux dessins très fins à la Jim Lee.

    Et la maitrise est incroyable, du combat, du cadrage et des perspectives ainsi que de les corps tout est méticuleux, vifs, en mouvement, propre et cela permet de profiter encore plus de ce pastiche pas finaud pour un sou. Il y a même du Will Eisner dans la présentation des épisodes avec le nom de l'auteur dans le décor et les titres qui racontent une histoire. mais la correspondance avec Eisner s'arrête là car si celui-ci était un vrai maitre de la finesse, Bane Kerac est un orfèvre de la lourdinguerie scénaristique. Et c'est ça que c'est bon.

    Pour qui a fantasmé de voir les costumes de supers héroïnes, dessinés par le grand Jim Lee, se déchiraient aux endroits adéquats va adorer le non sens du bousin. Et qui veut voir des méchantes avec des seins comme des citrouilles ( littéralement), aussi. Ensuite tout est dans le pouet pouet ( avec parfois de vrais moments dramatiques bien foutus) et perso j'adore ce genre de bd pour préado qui se fend la poire sur un prout.

    J'avais découvert La Chatte dans USA magasine, il y a fort longtemps. Et j'avais acheté l'album car oui j'adore cette chatte catin et chatoune au cœur d'artichaud, belle comme le jour dans des postures de combats superbes et coquines ( comme dans un comics des années 80 finalement mais avec le costume déchiré en plus). Et le chiffre "1" préconisait des suites et c'était que du bonheur. Hélas les éditions USA ont mis la clé sous la porte dans un claquement de doigt. Même l'album n'est plus réédité et même que d'occasion y a pas non plus.

    Et je suis sur que vous allez être deux à lire la critique tant La Chatte est partie dans le monde de l'oublie. Ce qui veut dire que je dois être le seul en France à un être un fan absolu de La Chatte, super héroïne qui décidément devrait prendre des leçons de couture.

    Arkadi Le 29/08/2022 à 08:09:32
    Donjon Antipodes + - Tome 10001 - Le coffre aux âmes

    Certes il y a du rythme comme presque toujours dans un album Donjon. Certes il y a des personnages bien écrits, drôles, touchant, avec toujours ces détails supplémentaires qui les rendent attachant. Certes, ceux, nouveaux, le sont autant que ceux du premier tome. Certes, il y a des rebondissements bien menés ( L'appel du quotidien notamment qui oblige à l'évasion, excellent!) et Certes le twist final renverse le lecteur de sa chaise.

    A cela, on rajoute un dessin percutant parfois, superbe à d'autres moments autant que simplistes sur certaines planches. Vince est parfait en illustrateur à la fois post industriel et dans la jungle.
    Enfin j'ai aimé comment on pouvait transformer son histoire lorsque l'on a peu de preuves historiques (tel est la quête de l'album). Ainsi l'atlas ( personnage assez génial) mélange antipode - et Crépuscule dans son explicatif historique ( soit 10100 albums de différences, ce qui est lot de tout historien amateur qui mélange les époques croyant sincèrement que cela peut coïncider)

    Mais tout cela n'a pas suffit pour que ma lecture soit poussive. Elle fut juste agréable tout au plus. car si le début et la fin sont géniaux ( mickey mouse obèse en voyou de banlieue excellent!!!), l'essentiel de la trame à la Indiana Jones ne m'a pas plu. Trop de deus ex machina (avec une enquêtrice pile poil au bon endroit parce qu'elle est en filature), et un passage dans un sanctuaire trop mystérieux et dangereux. car à peine est-on rentré qu'il se détruit. le passage en jungle prend trop de temps dans la recherche et pas assez dans la fouille. On ne s'est rien. On ne saura rien. D'ailleurs est ce utile de savoir? Les auteurs ont une propension à faire toujours tout péter et parfois trop vite. Là c'est le cas. Même pas le temps d'appréhender le lieu que c'est fini.

    Et puis, nous sommes déjà au second tome et toujours rien dans connexions avec l'univers Donjon ( à part le twist final biensur). Et je me dis de plus de plus que je lis une série qui n'a rien à voir avec l'univers que j'aime tant.

    Bref de la frustration avec un énorme passage à vide ( passage qui ne servira à rien dans la série, j'en mettrai ma main au feu) malgré un début et une fin rythmé en diable et bien écrit.

    Arkadi Le 28/08/2022 à 20:20:22
    Donjon Antipodes + - Tome 10000 - Rubéus Khan

    Et voici une nouvelle série à 10000 albums de "Cœur de canard". Les auteurs aiment à multiplier les univers même si celui-là est loin de Donjon. Mais comme tout album, il faut les lire avec un regard neuf presque naïf à l'univers pour les saisir et passer un agréable moment de lecture.

    Ici l'univers est industriel. Les automates de Vaucanson sont remplacés par des robots empruntés aux Kaîju japonais. Mais si l'emprunt de cet univers est inspiré aux mangas robotiques, les décors sont d'un parisien à la Tardi. Il me rappelle "Avril et le monde truqué" très américanisé avec du "Métropolis" de Fritz Lang pour le nouveau Donjon qui est à la fois la demeure des Vaucanson et l'usine des robots. On est en plein monde supra industriel.

    Y-at-il des correspondances avec l'univers Donjon? Nullement bien qu'il y ait des allusions par ci et par là. Robert de Vaucanson est rouge avec un surnom qui fleure bon le grand Khan. Il y a aussi les automates donc qui sont désormais des robots. Et pis c'est tout.

    Cette série pourrait donc n'avoir rien à voir avec le Donjon dont elle est affiliée mais je doute que les auteurs en reste là et c'est en cela que ce nouvel univers est savoureux. Cela va venir. Il ne peut en être autrement.

    Malgré tout, cette introduction est bougrement fraiche. Toutes les inspirations des auteurs y sont mis pèle mêle avec panache et un certain bonheur. L'univers carcéral, la mafia, une civilisation mortifère et tyrannique sont autant de thématiques qui rythment diablement la narration. Et le nouveau personnage principal ainsi que les secondaires sont, comme toujours, bougrement bien écrit dans leurs schémas psychologiques.

    De plus, Vince fait un joli travail d'illustration. L'univers Disney dans un univers violent, voila ce qu'il nous propose. Les décors sont souvent réussis, la technologie aussi. Il y a de vrais cases lyriques ( tel que l'évasion) et des moments de violences inouïes édulcorés par le personnage de Jo-Mimi si drôle dans son incapacité à comprendre ses gestes de morts. Vince colle bien à ce nouvel univers. Qui l'aurait cru.

    Bref, la narration est limpide, fluide. Les scènes de combats bien illustrés. La rythmique est soutenu par tant de thématiques. Et tout a un sens . C'est réussi et ça donne envie de connaitre la suite avec l'espoir que cela se connecte avec l'univers Donjon.

    Une introduction réussie.

    Arkadi Le 28/08/2022 à 20:20:18
    Donjon Antipodes + - Tome 10000 - Rubéus Khan

    Et voici une nouvelle série à 10000 albums de "Cœur de canard". Les auteurs aiment à multiplier les univers même si celui-là est si loin de Donjon.
    Ici l'univers est industriel. Les automates de Vaucanson sont remplacés par des robots emprunté aux Kaîju japonais. Mais si l'emprunt de cet univers est inspiré aux mangas robotiques, les décors sont d'un parisien à la Tardi. Il me rappelle "Avril et le monde truqué" très américanisé avec du "Métropolis" de Fritz Lang pour le nouveau Donjon qui est à la fois la demeure des Vaucanson et l'usine des robots. On est en plein monde supra industriel.

    Y-at-il des correspondances avec l'univers Donjon? Nullement bien qu'il y ait des allusions par ci et par là. Robert de Vaucanson est rouge avec un surnom qui fleure le grand Khan. Il y a aussi les automates donc qui sont désormais des robots. Et pis c'est tout.

    Cette série pourrait donc n'avoir rien à voir avec le Donjon dont elle est affiliée mais je doute que les auteurs n'en reste pas là et c'est en cela que ce nouvel univers est savoureux. Cela va venir. Il ne peut en être autrement. Sinon, cela n'aurait aucun sens contrairement à "Antipodes -" qui, elle, a du sens.

    Malgré tout, cette introduction est bougrement fraiche. Toutes les inspirations des auteurs y sont mis pèle mêle avec panache et un certain bonheur. L'univers carcéral, la mafia, une civilisation mortifère et tyrannique sont autant de thématiques qui rythme diablement la narration. Et le nouveau personnage principal ainsi que les secondaires sont, comme toujours, bougrement bien écrit dans leurs schémas psychologiques.

    De plus, Vince fait un joli travail d'illustration. L'univers Disney dans un univers violent, voila ce qu'il nous propose. Les décors sont souvent réussis, la technologie aussi. Il y a de vrais cases lyriques ( tel que l'évasion) et des moments de violences inouïes édulcorés par le personnage de Jo-Mimi si drôle dans son incapacité à comprendre ses gestes de morts. Vince colle bien à ce nouvel univers. Qui l'aurait cru qu'il puisse.

    Bref, la narration est limpide, fluide. Les scènes de combats bien illustrés. La rythmique est soutenu par tant de thématiques. Et tout a un sens . C'est réussi et ça donne envie de connaitre la suite avec l'espoir que cela se connecte avec l'univers Donjon.

    Une introduction réussie.

    Arkadi Le 28/08/2022 à 19:06:21
    Donjon Crépuscule - Tome 112 - Pourfendeurs de démons

    Le Donjon Crépuscule n'est plus. Le roi poussière et le grand Khan non plus. Les scénaristes toutefois continue l'épopée avec deux personnages secondaires qui deviennent principaux et qui l'étaient déjà dans l'opus "haut septentrion". J'ai nommé Zakutu et Marvin le rouge.

    Un fond philosophique sur la place du héros dans l'histoire avec un grand H est saupoudré par ci par là au détour de quelques conversations et les questionnements bien légitime de Zakutu. Mais cette démarche n'est pas le sel de cette œuvre qui utilise tous les codes du rônin, ces samouraïs sans maitre. Car le début de l'opus utilisent tous les codes des films de sabre.
    Puis vient le gros de l'histoire. Marvin se fait courser le train par une nouvelle entité démoniaque " le démon des profondeurs". Cette poursuite est poussive voire énervante. Trop de cris, trop de répétitions, trop poussives aussi. Et les auteurs clôturent le combat du bien contre le mal dans le même album. alors qu'avec l'entité il aura fallu au minimum une dizaine. On dirait d'ailleurs un résumé.

    Mais si le développement est harassant, le final lui est réussi. Le roi poussière revient ainsi que la cité des Olfs et les invisibles. les éléments du Donjon cumulés permettent un duel final dès plus réussis. Et on prend plaisir de savoir le roi poussière dans une retraite heureuse.
    Zakutu, elle, est toujours bougrement bien écrite dans ses désillusions, sa notion réelle des choses et sa soif insatiable de reconnaissance. Marvin le rouge est lui aussi parfait dans tout ce qu'il représente d'énervant, de stupide et d'adolescence perverse.

    Le dessin D'Obion sert bien le propos d'un japon féodal. Il est lisible, agréable et construit même parfois une patte qui sublime la bible graphique de Donjon. Contrairement à son précédent opus dessiné. L'auteur fait un job qui sied bien à cette histoire toutefois sans rythme véritable dans son déroulé, à l'exception du final.

    Malgré tout, je ne peux m'empêcher de penser que cette aventure est un prequel à la série qui suit "antipodes +". En effet, ce donjon très identifiable au moyen âge japonais et ses samouraïs laisse place à un "Rubeus Khan" qui va emprunter tant au films de monstres ou Kaîju de cette même culture japonaise. De plus, on retrouve en ennemi ce fameux Démon des profondeur.

    Les auteurs nous préparent au futur de Donjon. Peut être est-ce le seul intérêt de cet album...

    Arkadi Le 28/08/2022 à 16:18:10
    Donjon Crépuscule - Tome 111 - La fin du Donjon

    Donjon Crépuscule se clôt avec son narratif principal. Et il faut lire simultanément "Haut septentrion" et " la fin du donjon" pour comprendre combien la conclusion est dantesque car, sans cela, les deux œuvres semblent bâclées, bourrées de trous scénaristiques. Et c'est en dansant dans la lecture avec l'un et l'autre que l'on comprend mieux le génie des scénaristes et que l'on prend un plaisir fou à lire cette conclusion apocalyptique.

    Car dans "Haut septentrion", le début de l'histoire est tellement parsemé d'incompréhensions que le rythme de lecture se désagrège au fur et à mesure. C'est à la lecture de "La fin du Donjon" que le rythme de lecture reprend. C'est en jonglant avec l'un et l'autre que l'on saisit la portée de l'histoire qui nous mène tambour battant vers les confrontations finales époustouflantes: Dans "haut septentrion" (le duel des objets du destin) et dans "la fin du donjon" ( la mort de l'entité noire).

    On assiste aussi à une boucle logique entre "le grand animateur" ( 1er album de la quête de l'entité noire) avec la "fin du donjon" et les réponses aux questions, nombreuses dans ce cycle de l'entité noire, sont faites pour notre plus grande joie de lecteurs avides de compréhensions narratives. Les boucles sont bouclés. Parfois de manières curieuses (Cormor ne sert à rien en fait), parfois de manières violentes (certains personnages principaux meurent) et parfois de manières abruptes (les situations sont trouvés aux hasards).

    C'est donc un grand foutraque qui permet la conclusion. Mais n'est ce pas, après tout, l'identité même de Donjon?

    C'est en tout cas riche, gourmand et la lecture ( cumulé "la fin du donjon" et "haut septentrion", je le rappelle) est copieuse de situation drôle, épique autant que ridicule et drôle.

    Et il est amusant de côtoyer l'épique des grandes batailles avec un tripotage de nichons et le passage aux cabinets. Il est jouissif que la grand bataille soit dans la grande salle pendant qu'un combat stupide se mène entre Marvin et Herbert dans le couloir. Et il marrant de voir que la sagesse des deux héros principaux ne servent à rien face à la colère, la hargne de Zakutu et Marvin le rouge. L'univers Donjon est bâti sur des pieds de nez et des pieds de nez et des pieds de nez encore..

    Car C'est bel et bien Zakutu qui devient le personnage principal de la saga. Incroyable guerrière, stratège bourrine et d'une grande intelligence à comprendre les situations, elle est parfaite dans son duo avec Marvin le rouge qui s'interchange.

    Hélas, le dessin d'Alfred dans "haut septentrion" fait le job sans être foufou de générosité en décors et bataille. Il s'en sort mieux à la fin durant le duel final. Mazan, lui, fait mieux et nous régale parfois, bien que les décors là encore soit minimalistes. Hors un monde en reconstruction aurait pu envoyer du lourd question décor. Dommage donc que du coté dessins cela ne suivent pas.

    Et hélas, si on ne lit pas en simultanée les 2 albums ( l'un en lecture et l'autre sur les genoux à la page de là ou on a laissé l'histoire pour lire la suite sur l'album que l'on lit...vous avez compris le mode d'emploi? ) on passe à côté de tout. On peut même être énervé par le saccage final. Le parti pris est donc osé. il peut ne pas plaire. Il peut même être détester.

    Enfin dans le final de "haut septentrion" on assiste aux départs à l'aventure de nos 2 nouveaux héros. C'était devenu un lightmotif de tous les albums de Donjon Crépuscule. Mais cette fois-ci on change de protagonistes. Donc la possibilité de nouvelles aventures?
    Dans le final de "La fin du donjon", on assiste à un coucou entre un Marvin heureux et un Herbert travaillant sur un bureau comme le gardien du Donjon Hyacinthe. Y aurait il un nouveau Donjon dans la suite des aventures ?. Sachant que celui du gardien est bel et bien en ruine. Et le final de celui-ci est très jolie poétiquement en de très belles cases du temps qui passe.

    Arkadi Le 28/08/2022 à 16:02:24
    Donjon Crépuscule - Tome 110 - Haut Septentrion

    Donjon Crépuscule se clôt avec son narratif principal. Et il faut lire simultanément "Haut septentrion" et " la fin du donjon" pour comprendre combien la conclusion est dantesque car, sans cela, les deux œuvres semblent bâclées, bourrées de trous scénaristiques. Et c'est en dansant dans la lecture avec l'un et l'autre que l'on comprend mieux le génie des scénaristes et que l'on prend un plaisir fou à lire cette conclusion apocalyptique.

    Car dans "Haut septentrion", le début de l'histoire est tellement parsemé d'incompréhensions que le rythme de lecture se désagrège au fur et à mesure. C'est à la lecture de "La fin du Donjon" que le rythme de lecture reprend. C'est en jonglant avec l'un et l'autre que l'on saisit la portée de l'histoire qui nous mène tambour battant vers les confrontations finales époustouflantes: Dans "haut septentrion" (le duel des objets du destin) et dans "la fin du donjon" ( la mort de l'entité noire).

    On assiste aussi à une boucle logique entre "le grand animateur" ( 1er album de la quête de l'entité noire) avec la "fin du donjon" et les réponses aux questions, nombreuses dans ce cycle de l'entité noire, sont faites pour notre plus grande joie de lecteurs avides de compréhensions narratives. Les boucles sont bouclés. Parfois de manières curieuses (Cormor ne sert à rien en fait), parfois de manières violentes (certains personnages principaux meurent) et parfois de manières abruptes (les situations sont trouvés aux hasards).

    C'est donc un grand foutraque qui permet la conclusion. Mais n'est ce pas, après tout, l'identité même de Donjon?

    C'est en tout cas riche, gourmand et la lecture ( cumulé "la fin du donjon" et "haut septentrion", je le rappelle) est copieuse de situation drôle, épique autant que ridicule et drôle.

    Et il est amusant de côtoyer l'épique des grandes batailles avec un tripotage de nichons et le passage aux cabinets. Il est jouissif que la grand bataille soit dans la grande salle pendant qu'un combat stupide se mène entre Marvin et Herbert dans le couloir. Et il marrant de voir que la sagesse des deux héros principaux ne servent à rien face à la colère, la hargne de Zakutu et Marvin le rouge. L'univers Donjon est bâti sur des pieds de nez et des pieds de nez et des pieds de nez encore..

    Car C'est bel et bien Zakutu qui devient le personnage principal de la saga. Incroyable guerrière, stratège bourrine et d'une grande intelligence à comprendre les situations, elle est parfaite dans son duo avec Marvin le rouge qui s'interchange.

    Hélas, le dessin d'Alfred dans "haut septentrion" fait le job sans être foufou de générosité en décors et bataille. Il s'en sort mieux à la fin durant le duel final. Mazan, lui, fait mieux et nous régale parfois, bien que les décors là encore soit minimalistes. Hors un monde en reconstruction aurait pu envoyer du lourd question décor. Dommage donc que du coté dessins cela ne suivent pas.

    Et hélas, si on ne lit pas en simultanée les 2 albums ( l'un en lecture et l'autre sur les genoux à la page de là ou on a laissé l'histoire pour lire la suite sur l'album que l'on lit...vous avez compris le mode d'emploi? ) on passe à côté de tout. On peut même être énervé par le saccage final. Le parti pris est donc osé. il peut ne pas plaire. Il peut même être détester.

    Enfin dans le final de "haut septentrion" on assiste aux départs à l'aventure de nos 2 nouveaux héros. C'était devenu un lightmotif de tous les albums de Donjon Crépuscule. Mais cette fois-ci on change de protagonistes. Donc la possibilité de nouvelles aventures?
    Dans le final de "La fin du donjon", on assiste à un coucou entre un Marvin heureux et un Herbert travaillant sur un bureau comme le gardien du Donjon Hyacinthe. Y aurait il un nouveau Donjon dans la suite des aventures ?. Sachant que celui du gardien est bel et bien en ruine. Et le final de celui-ci est très jolie poétiquement en de très belles cases du temps qui passe.

    Arkadi Le 28/08/2022 à 10:52:19
    Donjon Crépuscule - Tome 106 - Révolutions

    Une histoire dans l'histoire.

    Cela pourrait avoir son charme que de suivre Marvin dans son périple de morceau de terre en morceau de terre afin de nous raconter un propos philosophique. Star trek ( la série originale) allait bien de planète en planète pour nous raconter les thématiques contemporaines des années 60 aux états unis? Ici les auteurs nous parlent évidemment de l'aliénation des peuples, des sociétés patriarcales dans un contexte de mythe de Sisyphe. Et c'est drôle plutôt. Pas mal intéressant dans une belle ambiance anxiogène de morts.

    Certes le propos a de quoi questionner mais on est loin de l'univers Donjon. Rien de nouveau à part cette petite histoire philosophique dans la grande histoire du Donjon.

    Et j'aurais vraiment adoré ce propos à la Albert Camus si le dessin était au diapason. Hélas, les premières planches sont visuellement incompréhensibles, les décors inexistant et les personnages au brouillon. Pire, la narration s'oublie. Pipistrelle disparait. Ok...on ne l'avait pas remarqué. Puis il faut aller le chercher. Ok...on ne remarque pas d'avantage quand on le récupère. Et pourquoi a t-il disparu? Comment s'est il perdu ? Aucune idée. Pourtant cette péripétie est importante dans a narration. Et puis la matrone disparait aussi. Ok. Ou est-t-elle? Aucune idée.

    Et tous ces éléments brouillons en plus d'un dessin bâclé ( selon mes gouts) m'ont fait sortir de la narration plusieurs fois. Une narration qui pourtant offrait quelque chose de différent depuis longtemps. Dommage. L'hypnose n'a pas marché.

    Arkadi Le 24/08/2022 à 08:52:55
    Donjon Crépuscule - Tome 105 - Les nouveaux centurions

    Que l'après Armageddon est réjouissant!

    Drôle, relevé, enjoué cet opus comme le précédent dénote d'un partie pris jovial alors que dans la trame général de l'univers on parle bel et bien de fin du monde. C'est un pied de nez salutaire comme aiment à le faire nos scénaristes. Car précédemment les cycles de potron minet n'étaient pas à la gaudriole et ceux de Zenith entrent dans une période complexe sur la nature humaine, l'ère de Crépuscule choisit l'allégement.

    Et malgré une comédie humaine torturée et une réflexion politique de l'après tyrannie plutôt bien foutue ( on assiste aux désirs de pouvoir d'une multitude de groupe familiale ou de caste et aux manières de l'obtenir) sur lesquels l'ancien grand Khan manœuvre avec brio, l'humour reste potache et les retrouvailles entre les personnages principaux sont pétries de plaisirs.

    Le final un peu en l'emporte pièce prouve clairement du besoin de Marvin à être ce que fut Herbert au début du Donjon Zenith alors que notre canard de Vaucanson, lui, est devenu responsable de ses actes avec des valeurs qui lui sont propres comme le fut Marvin au début de Zenith. Ce revirement de personnalités assoit une longue narration extrêmement bien construit. De plus, la conclusion promet de nouvelles et belles aventure futures ludiques alors que, pourtant, Terra Amata se disloque plus encore jusqu'au risque de disparation mortifère.

    Ce parti pris de rire de la fin du monde, d'être jovial dans la destruction, de ressentir la joie dans l'anéantissement prouve une nouvelle fois le savoir faire de Sfar et Trondheim qui aiment surprendre et qui réussit à le faire pour notre grand plaisir de lecture.

    Le dessin des sieurs qui se cachent sous le patronyme de Kerascoët est sublime à certains moments comme il peut être brouillon à d'autres. Le plaisir de lecture s'en ressent un peu. Certes la chartre graphique est respectée, les ombres, les nocturnes et les décors offrent une ambiance de conspiration et de fin du monde tout à fait pertinents mais les personnages sont hélas parfois cassés par des traits maladroits dans leurs mouvements. Rien de grave mais à noter tout de même.

    Arkadi Le 23/08/2022 à 17:21:19
    Donjon Crépuscule - Tome 104 - Le Dojo du Lagon

    Après l'Armageddon et le monde Terra Amata disloqué, voici la respiration ludique avec un petit gout de paradis.

    Marvin le rouge et le roi poussière s'offre une parenthèse heureuse et joviale. et ce souffle détonne par rapport à l'ensemble des œuvres de Donjon souvent mortifères, cyniques, violentes.

    Dans ce Lagon, le moment de plaisir et de bonheur prime. Et il est agréable de voir un roi poussière détruire ses valeurs religieuses pour juste vivre en paix, il est heureux de le voir Papy gâteau et homme amoureux. Marvin devient ce que fut Herbert au premier tome de donjon Zenith car Herbert ne voulait en définitive qu'une vie simple et fut emporté par sa lignée et les objets du destin.

    Du coté de Marvin le rouge, c'est l'adolescent à la sève qui ne cesse de monter. Et le sexe prend une place importante dans cet opus. Comme si la jouissance était le seul lien du bonheur.

    Bref tous les personnages masculins se transforment pour être plus juste et plus heureux, ouvrant leurs yeux sur l'inutile rigidité religieuse (Baal, Orlandow et Marvin) grâce aux femmes de l'histoire qui rappelle les nécessités simples pour une vie heureuse. Toutefois, seule Zakutu refuse l'Eden, assoiffé par ses privilèges alors que tous les quittent tels des oripeaux pour vivre à l'Adam et Eve.

    Le dessin coloré, chaud et plein de ciel bleu et d'horizons superbes narrent à la perfection cette chaleur humaine et ce petit goût du bonheur.

    Une très belle respiration heureuse

    Arkadi Le 22/08/2022 à 08:59:12
    Donjon Monsters - Tome 4 - Le Noir Seigneur

    Cet album ne peut être lu qu'avec "Armageddon" et " la carte majeure. En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais ludique.

    De cette expérience a trois albums, c'est celui-ci le plus réussi car le plus noir et le moins drôle. Sfar et Trondheim construisent ici un magnifique Herbert. Ses doutes, ses angoisses et sa transformation sont ici merveilleusement narré. Les auteurs prennent le temps de nous raconter le grand Khan. il n'était que le némésis lointain durant un grand nombre d'albums qui narrent le crépuscule. Ici, on l'aborde avec toute la complexité d'un gentil qui est devenu très méchant. Son parcours mais aussi la réflexion politique d'une aire tyrannique qui pourrait changer de main est formidablement décrit.
    Biensur il y a les interconnexions avec les autres albums qui donnent beaucoup de plaisir de lecture mais, contrairement, aux deux autres albums qui ne narrent en définitive que deux périples distincts, ici on suit une transformation tout en conservant le cynisme, le savoir faire politique d'un Herbart désabusé par le monde qui l'entoure et par ses actes propres en tant que grand Khan, autant génocidaire que nécessaire selon lui.
    Raconter les affres d'un tyran sanguinaire que l'on a tant aimé avant, voila le propos principal de cet opus bougrement intelligent dans ses partis pris.

    Pour couronner le tout, le dessin de blanquet ne minaude pas dans le trash et le violent. Au diapason d'u trait gras et boursouflé d'agressivité, il sert parfaitement le propos à la fois naïf animalier et coléreux, frénétiques du personnage.

    Un sans faute.

    Arkadi Le 22/08/2022 à 08:44:07
    Donjon Monsters - Tome 3 - La Carte majeure

    Cet album ne peut être lu qu'avec "Armageddon" et " le noir seigneur". En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais ludique.

    Car Sfar et Trondheim ont la possibilité de construire des narrations multiples sur une même période tant l'univers Donjon est complexe, multiple et tant le nombre de tome est pharamineux. Enjoy donc car le principe est absolument savoureux.
    Ici nous suivons le parcours de Marvin le rouge dans sa quête d'une carte. Tour à tour idiot du village et grand guerrier, le personnage oscille entre plusieurs comportements tout à fait immature. C'est étonnant voire parfois ridicule construisant par là toujours les ressorts drolatiques de l'album. Mais ces divers changements ne facilitent pas la narration. Dommage.
    Il n'en reste pas moins de pur moment de doubles lectures savoureuses tel que ces moines qui attendaient la fin du monde dans le silence et la chasteté. Oui, leurs récompenses à cet ascétisme apparaissent ( les femmes et la terre de miel) mais la réalité altère la prophétie ce qui engendre de vrais moments très drôles tout en y instillant de vrais réflexions sur l'après religiosité. Nos moines ne sont pas préparés, se comportent comme des adolescents alors qu'ils ont construit toute une vie de philosophie.
    Mais à part cela, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. La faute principalement à notre protagoniste principal qui est trop changeant. On aimerait tant assister au passage de Marvin rouge à la vie d'adulte. malgré tout, le plaisir reste total. car ce tome se lit avec les deux autres cités plus haut et l'expérience de ce moment suivi par trois protagonistes est absolument réjouissant dans les interconnexions. Peu importe les quelques lacunes par ci par là. C'est l'expérience globale qui donne le plaisir pur de lecture.

    Le scénario se veut ludique, léger et drôle. Il tient à merveille ses promesses.

    Le dessin d'Andréas est reconnaissable entre mille. la structure de ses cases ainsi que le trait si atypique du génial artiste notamment. Malgré tout, ce génie sert le propos et dessine sans déparasiter la bible graphique de l'univers graphique. Et c'est en cela que l'on sait qu'un artiste est grand. Il ne tire pas la couverture à lui et demeure un artisan qui sait intégrer tout un univers déjà fort étoffé. Bravo à lui d'avoir été si humble.

    Arkadi Le 21/08/2022 à 22:49:42
    Donjon Crépuscule - Tome 103 - Armaggedon

    Cet album ne peut être lu qu'avec "la carte majeure" et " le noir seigneur". En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais jubilatoire.

    Ici donc on suit Marvin avec les dessins du chat du Rabbin car Sfar change une nouvelle fois son trait dans Donjon Crépuscule pour adopter celui qui fait son succès dans cet autre série. Alors, oui, Sfar est un génie du trait simple qui raconte le complexe et le beau. Mais je regrette tout de même qu'il ne fasse pas un choix propre et unique à Crépuscule. Ceci dit le plaisir de lire reste entier.

    Dans cet opus, on rigole un peu dans tout un tas de scène à l'hémoglobine florissante. Les batailles se multiplient avec hystérie et violence. Et toutes les histoires narrées ont du sens psychologique et narratif lorsque l'on lit les autres parcours des autres personnages tel que Marvin le rouge ( la carte majeure) et Herbert ( le noir seigneur, l'album le plus réussi des trois ). Mais sans cet obligation à lire les autres tomes, on peut passer à côté d'une multitude d'évidence tel que les Olfs étaient civilisé mais ne le seront plus car un roi légendaire vient de réapparaitre.

    Réjouissant, l'album reste le plus drôle des trois. Gilberto plane à 100000, le procès est d'une bêtise crasse mais il y a aussi les moments de vérité tel que celui de Pipistrelle la chauve souris concernant sa mère et qui rappelle que les destinées ne sont pas toujours heureuses.

    Un bel album qui fonce de péripéties en péripéties mais qui s'attarde aussi à nous faire réfléchir.

    Arkadi Le 21/08/2022 à 22:33:07

    Musidora a enfin sa BD Bio! Quelle belle idée que voila et le boulot est fait, propre sans bavure avec un dessin suranné qui fleure bon la nostalgie de cette belle époque et de ce temps de guerre que la France a connu au début du siècle dernier.

    Ne vous méprenez pas. Musidora est connu pour être la première star internationale du cinéma français qui, à l'époque, était le plus important du monde. Dans ces rôles tel que Irma Vep (les vampires) et dans Judex, elle est une égérie absolue. Elle est aussi devenue une icone véritable du mouvement existentialiste.

    Hélas, dans cette biographie illustrée tout y est trop sage. Les histoires de vie de la future actrice passe sur elle sans émotion, ni véritable passion. On ne la connait pas d'avantage dans ses ressenties. Elle qui pourtant a bousculé la sensualité sur pellicule, a choqué tant et tant les valeurs de l'époque, a tapé du pied dans la fourmilière de cette civilisation machiste.

    Cette bio, très joliment dessinée, ne gratte qu'à peine, passant à la surface de l'essentiel. Quid de son rapport à Colette? Furent-elles amantes? Quid du rapport de Musidora sur ce siècle bien sombre. On ne sait que peu et parfois même rien. Le scénariste ne fait qu'énumérer un trajet d'existence bien lisse.

    Et même dans ce si joli dessin nostalgique, je regrette que la narration visuelle ne fasse pas de réflexions plus profondes sur les affiches magnifiques de l'époque ainsi que du travail existentialiste superbe dont Musidora fut la muse. Il y aurait pu avoir des interprétations ou des reprises de toutes ces magnifiques illustrations. Hélas non. Tout y est trop sage.

    Enfin, l'ouvrage se clôt au dernier épisode des vampires. Musidora est alors au sommet. Mais cette actrice aura aussi un magnifique rôle dans Judex, réalisera de superbes films muets, vivra en Espagne avec un toréador une relation passionnelle. et aura un fils dentiste dans un petit village français avec qui, je crois, elle va finir sa vie. Qu'il est donc dommage de clôturer ainsi cet unique album. On espère même un second tome mais il semblerait que non. Ce sera tout.

    Il n'empêche. L'album narre merveilleusement la folie de Feuillade, l'onirisme de Colette, l'enfance de Musidora et les coulisses de cette machine à faire des films français triomphant mondialement.

    Et puis oser faire une BD sur cette actrice extraordinaire ( que personnellement je vénère) mais désormais absolument inconnue ( Comme Sarah Bernard ou Harry Baur, tous deux aussi des montres sacrés de notre culture) dans notre culture franchouillarde est déjà en soi un très beau projet.

    Merci à vous pour cela.
    Merci à vous d'avoir sorti Musidora du silence.

    Arkadi Le 16/08/2022 à 10:21:20
    Donjon Crépuscule - Tome 102 - Le Volcan des Vaucanson

    L'apocalypse et le sacré selon Donjon.
    Au détour de quelques drôleries savoureuses, Voici un opus qui clôture le propos messianique du 1er tome lors de la rencontre entre deux figures légendaires dans ce monde détruit. Alors qu'autour du Grand Khan et du roi poussière se dressent religion, légende et rapport mystique, leur rencontre au sommet (d'os) démystifie la totalité du parcours. Certes ils restent des personnages d'une grand force par des talents violents mais entre la légende et réalité, la conversation popotte , en plus d'être drôle par la déconnexion, rappelle qui ils sont vraiment et quel est le véritable parcours. Entre l'un qui possède des pouvoirs gigantesques par hasard mais qui n'en voulait pas et l'autre qui en voulait par religion mais croit en avoir d'avantage, Donjon Crépuscule raconte avant tout une farce malgré tout apocalyptique. Et c'est là la force de cette série.

    Puis viendront le temps de la famille et de la transmission au duché de Vaucanson qui est devenu le mal. Les auteurs alors écrivent sur la famille et de nombreuses informations Donjon viennent à nous avec truculence et actions haletantes.

    Sfar, on le sent, prend plaisir à dessiner. D'un trait assez passe partout dans le premier tome, le voici identifiable à la patte du maitre. Sfar sait tout illustrer...même de l'héroïque fantaisie a à la sauce Bébête.

    Du pur plaisir

    Arkadi Le 14/08/2022 à 13:43:47
    Donjon Crépuscule - Tome 101 - Le Cimetière des dragons

    Retrouver nos deux personnages rigolards, bagarreurs et colériques autant que fêtards dans des comportements quasi bibliques est d'un engouement total pour le lecteur que je suis.
    On découvre le destin d'Herbert à la fin de l'opus. C'est donc un sorte de "Dark Vador" qui, de main de maitre, terrorise Terra Amata. Il est le mal absolu. Mais l'album suit le parcours de Marvin, le "Yoda" sage qui se croit magique. Il est un ermite qui prendra la route pour enfin aller mourir, accompagné de deux trublions. Marvin le rouge, vrai révolutionnaire adolescent et Pipistrelle, à la candeur d'enfant. Ces 3 personnages qui représentent les 3 étapes d'une vie d'homme avancent vers la mort alors que le monde autour d'eux ne bouge plus pour vivre. L'allégorie est belle, empreint de culture et de personnages empruntés à la pensée juive. Le Golgotha, la géhenne et tous ces rapports au destins et à la mort. Marvin est messie pour un enfant et un ado qu'il ne pourra pas tuer car il est trop fatigué pour cela. Alors que Marvin tue et tue encore pour que cesse de bouger le monde et qu'il n'explose pas.

    Bien sûr, il y a du drôle. ces courses poursuites aux multiples poursuivants rappellent les poursuites de Tardi (Adèle Blanc-sec) et de Winninger (Victor Billetdoux) et apportent une drôlerie bienvenue, un peu foutraque. Le parcours de Marvin est jonché d'épreuves singulières et inattendues. Et le dessin de Sfar ( qui voulait tant dessiner un Donjon) est en harmonie avec le propos.

    Car La série sera celle qui narrera le sacré dans l'apocalypse, le sens du religieux et du divin. le 1er tome, l'introduction, est très réussie en cela.

    Arkadi Le 14/08/2022 à 12:46:35
    Broussaille - Tome 5 - Un faune sur l'épaule

    Voici Une OBDNI (Objet Bande dessinée non identifiable) dès plus singulier. Lorsque le temps est perdu alors il faut le remplir et, parfois à perdre ce temps-là, on déambule et on a tout à y gagner.

    Frank scénarise lui même son œuvre et fait, évidemment, la part belle à ses dessins superbes. Ici, beaucoup de campagne à horizons magnifiques, d'arbres à caractères millénaires, d'images oniriques aux couleurs chaudes. Frank magnifie cette campagne qui se trouve de l'autre côté de la fenêtre. Nu besoin de voyager pour en prendre plein les yeux. Il suffit de regarder au dehors.

    Et dans ce temps-là à perdre, Frank nous porte de rencontres fantasmagoriques, avec des propos écolos qui sont trop too much à mon gout (trop sectaire autant que trop naïve), en rencontres végétales, avec des badineries philosophiques qui, elles, touchent juste....Jusqu'à la rencontre du faune.

    C'est long et c'est contemplatif. Il n'y a pas de narration particulière dans cette nuit si atypique ou Broussailles écrit pendant que que Catherine dort. Mais ça fonctionne parfaitement. Le contemplatif et la réflexion poétique suffit à nous faire déambuler au fil d'une histoire chapitrée uniquement en idées.

    Frank propose des réflexions faciles et même parfois irritant de naïveté, et parfois la pertinence est tellement subtile que le plaisir de comprendre vient après la lecture de la case.

    Une œuvre poétique qui déambule dans ce temps que l'on perd à y gagner quelque chose ? Une vrai OBDNI je vous dis.

    Arkadi Le 13/08/2022 à 19:37:32
    Broussaille - Tome 4 - Sous deux soleils

    Deux histoires superbement illustrés. Enfin, deux histoires n'exagérons pas tout de même. Je m'explique:

    La première "histoire" est d'avantage une carnet de voyage au japon. C'est clairement superbe et Frank nous ravit d'illustration merveilleuse de poésie et de réalisme. Mais pour l'histoire...non.

    Brou et Kat se perdent de vue et vont essayer de se retrouver en visitant un peu partout. Perso, si je perds ma femme en voyage, je pars au commissariat. je plaque des photos d'elle partout, Je file au consulat ( vu qu'ils se sont perdus plus de 48h les jeunes adultes!) et j'angoisse à mort. Je comprends que le propos est un prétexte pour nous faire visiter le japon par les dessins sublimes de Frank. Mais quand le prétexte est tout pourri comme celui-là, on l'évite et on assume un carnet de voyage avec un Broussaille et Une Catherine, main dans la main. J'aurais préféré même. Une bête histoire d'amour en voyage, c'est bien aussi. Dans ce cas-là, je suis sorti totalement du contemplatif pour être dans l'incompréhension.

    La deuxième histoire, elle, est ravissante. ça utilise tous les codes, c'est cousu de fil blanc. Mais tous les personnages sont attachants. L'histoire familiale fonctionne. Broussaille ne cherche pas à solutionner quoi que ce soit comme à son habitude et, comme à son habitude, il réussit à changer les choses. Et le personnage de la grand mère est bougrement bien écrit. Mais cela est aussi un carnet de voyage. Frank est un vrai maestro au japon comme en Afrique. son trait est superbe, apporte la poésie là ou elle doit être dans le propos et le réalisme avec des lumières splendides.

    Mais il est vrai que "la nuit du chat" est pour moi un chef d'œuvre et je suis déçu de retrouver mon couple d'amour à la "Bidouille et Violette" dans un japon sublime, certes, mais dans un scénario bidon et prétexte. J'en fus même agacé.

    Arkadi Le 13/08/2022 à 19:15:55
    Donjon Monsters - Tome 10 - Des soldats d'honneur

    Une véritable claque!
    L'un des opus les plus aboutis de la série et, peut être même, un chef d'œuvre à part entière de tout le 9ème art.

    Ici, la narration est à l'estampe. Un texte narratif colle à l'illustration tout comme les premières Bd de 1840. Mais contrairement à "Crève cœur (à oublier)" et "Réveille toi et meurs" ( une tuerie visuelle), il n'y aucune bulle de dialogue. La liberté est donc à 100 pour 100 totale pour Bezian qui construit des illustrations absolument superbes en collant au sentiment du texte.

    Car le texte, monologue intérieur d'un soldat animal, est reptilien.. Il narre l'existence d'un être résigné dans la simplicité intellectuelle la plus totale, la plus abscond.. Et pour que la vie est un sens tout de même, on suit ce personnage avec ses valeurs bancales, sa profession de foi idiote, sa raison d'être sans réflexion. Bien que pour lui, tout fait sens: De son éducation, à ses superstitions, de ses valeurs approximatives de soldats jusqu'à son destin mortifère. Car même au final de l'album, il n'aura aucune réaction de refus de sa condition. Sa résilience est totale, sa bêtise crasse aussi, sa violence surtout.

    Car les deux frères ne sont pas sympathiques. On suit le parcours de véritables anti-héros, de méchants féroces, de violents personnages et qui aiment la violence et le sang. Deux reptiliens qui pensent comme des reptiliens. Pas de réflexions, que des reflexes. Et des reflexes violent puisqu'ils ne connaissent que cela.

    Le dessin de Bezian transmet le mortifère, la violence, la bêtise mais aussi cette résilience qui leurs collent à la peau. Des hachures millimétrées, des ombres anarchiques. Des ambiances toujours grises, glauques, boueuses ou caniculaires....toujours mortifères et oniriques. Avec un travail de décor architectural qui frôle le superbe de perfection en arrière plan avec des ruines qui nous prouvent pourtant le superbe d'avant.

    Les sensations de lecture sont toutes cela à chaque case visionnée, à chaque phrase lue. On quitte alors au mot "fin" avec une âpreté dans la bouche, par ces destins tragiques et pourtant tant mérités.

    Une œuvre rare de génie.

    Arkadi Le 13/08/2022 à 18:36:33
    Donjon Monsters - Tome 13 - Réveille-toi et meurs

    Tout comme "Crève cœur" et "Des soldats d'honneur", Sfar et Trondheim font la part belle à l'illustrateur. Tout comme Rodolphe Töpffer, les scénaristes construisent leurs narrations sous forme d'estampes sur laquelle est intégrée un texte souvent lyrique dans sa conception, non dans son fond.

    Ainsi donc l'artiste dessinateur peut laisser pleinement court à son trait puissant, à sa vision graphique. On dirait que Sfar et Trondheim sont des fans de ses auteurs puisque ce choix ne permet plus un scénario haletant, bourré de péripéties et de drôleries, de mouvements. Mais, si le dessinateur, aux talents atypiques, est au diapason de cette chance fabuleuse, alors le plaisir de lecture est avant tout visuel. Carlos Nine dans "crève cœur" n'aura rien compris et rendra une copie paresseuse...

    Alors que David B. nous en met plein la vue!

    Car entre le cadrage, la couleur et surtout l'ancrage David B m'émerveille dans sa précision millimétrique pour que chaque case soit d'une harmonie rare en même temps que hors du temps. Ce sont de multiples peintures, estampes, illustrations que nous offrent le singulier artiste. Un vrai bonheur!

    Car, oui, pour que se déchaine la virtuosité de l'artiste, le scénario pâlit un peu de lenteur même si le plaisir de lire une bonne histoire reste entier. Car il y a aussi des fulgurances dans la narration. Retrouver Alexandra et Hyacinthe de la sorte, personnages principaux, est aussi renversant que le final de l'album est singulier et saisissant. Cela implique tout de même qu'ils ont été enterré dans la même tombe. Rencontrer Marvin et Herbert et comprendre les raisons qui les poussent à se battre comme à s'aimer. Et on revoit Isis et son fils, Gilberto, Horous ( qui n'est plus spectre contrairement dans "Du Ramdam chez les brasseurs") Les pièces du puzzle continuent tranquillement à se positionner, tout en nous faisant poser autant de questions.

    Mais l'histoire est avant tout une histoire de bataille. Gargantuesque, gigantesque. C'est ça le cœur du thème de l'album. Ses estampes qui l'illustrent, proches de l''art naïf est homérique, superbe.

    Plein la vue!

    Arkadi Le 12/08/2022 à 16:11:45
    Broussaille - Tome 3 - La nuit du chat

    C'est pour moi l'un des albums sacré de ma collection que je considère comme un chef d'œuvre du 9ème art.

    Et pourtant cela ne paye pas de mine de prime abord. Un album d'une petite série pour ado gentil et naïf. Une histoire simple ou un jeune homme cherche son chat toute une nuit, ou un ado au crépuscule sera un homme à l'aurore. Car "la nuit du chat" raconte le passage d'une vie à une autre, à un " je veux plutôt qu'à un je voudrais".

    Pé nous livre une illustration superbe, au découpage quasi cinématographique et haletant alors que le propos ne l'est pas. Bom créant dans son scénario de longues planches silencieuses, il permet à Pé une superbe narration visuelle. Ou les différentes émotions de Broussailles se ressentent par le biais du crayon. Tristesse et joie, nostalgie et angoisse, mal être et tristesse. Tout y est. tout y passe par le dessin uniquement.

    Et Bom construit une quête du félin qui va porter le personnage principale à toutes les réflexions. mais l'enfance aussi rejaillit dans ses considérations d'adulte. La rencontre de ce vieux que pourrait être Broussaille plus tard ( les mêmes rêves d'enfants, la même passion du greffier et une photo d'une identique amoureuse) est superbe. car il semblerait que ce mineur qui a réaliser son rêve de gosse, a lui aussi vécu sa nuit du chat.

    Et ces non-dits sont d'une poésie rare. Ces situations hors champs d'une si belle humanité.

    Alors Broussaille voit la vie qui défile sous ses yeux lorsqu'il est voyeur au travers de fenêtres d'immeuble: se disputer, avoir des enfants, la routine alors peut être vaut il mieux vivre dans les étoiles? Mais il oublie qu'avant cela il y a le présent: l'amour et la passion de l'instant présent à être deux.

    Alors Broussaille connaitra la tentation, le doute et la colère mais il traversera les épreuves pour, qu'à l'aurore, il fasse le bon choix.

    Véritable "Happy BD" et ses faux airs de Bd pour ados, cet album est bougrement intelligent, nous propose des pistes de réflexions sans nous faire de leçon, nous permet d'être bien tout simplement dans cette déambulation nocturne ou un jeune homme devient un adulte.

    Car Broussaille ne fera pas le choix de créer une plage dans sa chambre mais de sonner à la porte d'un appartement. Un choix que n'a peut être pas fait le vieux dans sa nuit du chat à lui.

    Arkadi Le 12/08/2022 à 15:44:45
    Donjon Monsters - Tome 9 - Les Profondeurs

    Une œuvre rare d'âpreté et sublime de violence crue, nauséeuse à la lecture. Et il est rare d'avoir ce genre de ressenti dans une lecture d'héroïque fantasy, un ressenti méticuleusement scénarisé et dessiné par les auteurs. Et c'est en cela que c'est du grand art. Peut être l'un des plus réussis de la saga Donjon.

    Killofer est incroyable dans le cadrage qui mélange le haut du bas, la gauche de la droite. Il illustre à la perfection une civilisation marine qui, dans l'eau, n'a plus de points cardinaux, ni lignes de fuite, avec des mouvements spatiaux qui utilisent toutes les dimensions. De plus, sa précision architecturale est incroyable de finesse, sa violence sanguine est répugnante. Ce monde aquatique est un violence ou l'on se nourrit avec ses œufs, ou le racisme est partout légitime et nourricier, et ou la résilience est totale. Chaque cadrage, chaque personnage, chaque mouvement illustrent à la perfection tous les thèmes de l'histoire.

    Et le scénario est extraordinaire. haletant et violent, on suit une jeune poisson qui d'adolescence deviendra guerrière boursouflée de colère. La dernière case de l'album est d'un onirisme extraordinaire en la comparant à la première. Biensur il y des éléments de l'univers Donjon qui alimentent la saga lorsque l'on quitte l'eau. Herbert fait peur. Sa domination est totale.

    Mais l'œuvre peut être lu seule tant son intensité se suffit à elle même. Ce monde aquatique est un monde à part, et les auteurs ont construit ici un densité sociologique qui leurs permettent de raconter l'histoire de jeune femme qui vivra l'horreur avec un brio rare.

    Cet opus est assurément l'un des plus réussis de la série mais également de tous le 9ème art de France.

    Arkadi Le 12/08/2022 à 09:19:47
    Donjon Monsters - Tome 15 - Les Poupoutpapillonneurs

    Était-il fondamental d'écrire un tome entier sur la génèse du sortilège du "Poutpoutpapillon"? Clairement pas. Était-il nécessaire de le répéter plus que de raison qu'"on est pas des Poutpoutpapillon"? Non, ça non. Et pourquoi les Poutpoutpapilloneurs sont-ils aussi débiles ? Faire tout le contraire parce ce que c'est juste drôle ? Sérieux ! Car, en plus que cela ne soit pas drôle pour le lecteur non plus, cela n'a aucun sens!!! Les héros bêtes peuvent être, certes, savoureux mais l'excessivité devient insignifiant à un certain pourcentage. Et là on atteint des records!.

    Certes, le propos sur le racisme fait mouche sans pédagogie ni manichéisme. Certes le personnage de Horous est véritablement tordant de drôlerie tant son désir de construire une sociabilité à son fils est prégnant alors que lui est un sociopathe notoire. Certes le professeur des écoles est, lui aussi, amusant dans sa déconnexion pédagogique sur la réalité. Et certes, le dessin, sans être foufou d'identité personnelle et bien délavé au mir laine pour les couleurs, possède une identité à lui tout en s'inscrivant dignement dans les chouettes illustrateur du Donjon.

    Mais Le personnage secondaire, Pirzuine, que l'on suit dans cette histoire, la traverse sans réaction, ni émotion particulières. Et, si à la toute fin, elle devient femme forte en réaction à l'inefficacité des personnages masculins, c'est trop tard. On aura rien appris sur elle. Dommage.

    J'ai décroché très vite de la lecture car la trame principale basée sur la bêtise abyssale de deux crétins pathologiques sur autant de planches m'a dépassé. Surtout que le personnage logiquement principal les suit sans dire mot. Scénaristiquement c'est gratuit et facile.

    A vouloir mettre des baffes à des protagonistes parce qu'ils nous gâchent littéralement le plaisir de lire une bonne histoire, m'a fait tomber sans cesse l'album des mains.

    Arkadi Le 11/08/2022 à 09:29:43
    Donjon Monsters - Tome 6 - Du ramdam chez les brasseurs

    Donjon Monsters permet de découvrir à chaque album un dessinateur différent puisque Sfar et Trondheim invitent ceux qu'ils aiment. C'est le vrai plus de la série. Parfois la détestation du dessin est totale, mais sur Monsters c'est infiniment rare. Car , me concernant, je trouve ce parti pris si intelligent que j'ôte de la lecture mes préférences et habitudes d'illustration pour découvrir l'univers d'autres, sans à priori premier. Après la lecture des trois premières planches de ce tome, j'ai commencé à aimer le travail de Yoann pour être totalement emballer à la fin. Son travail de coloriste qui prime sur celui du trait et cette fausse naïveté dans les personnages m'ont totalement séduit, marquant pour moi l'un des plus beaux donjons visuellement avec Blutch, Killofer, Bezian et Baudoin notamment.

    Quand au scénario, lire une quête menée par Grogro est véritablement hilarant. De multiples scénettes construisent la quête d'un personnage bête comme ses pieds car son cerveau se situe uniquement dans son estomac (physiquement car les yeux est à la place d'un crane inexistant). Il n'a pas d'émotions que celui de manger, pas de réflexion que celui de se nourrir immédiatement, pas de sympathie aux autres que celui de les bouffer. Son art de la guerre est celui de l'avalement. Il est même d'un égoïsme crasse laissant tomber ses compagnons (dont il a voulu en manger un par appétit immédiate). Considérer que Grogro est un enfant serait inexact car les enfants peuvent avoir une certaine empathie et le besoin d'aller vers les autres. Non. Grogro est un ventre. Et cet album est hilarant au possible par une multiplicité de scénettes qui est d'une totale logique puisque le ventre est cerveau.

    Et puis il y a Tonfa qui est extraordinaire englué dans ses valeurs chevaleresques et son phrasé tortueux qui est le symbole véritable de sa déconnexion au monde. Et puis il y Marvin le rouge drôlissime pour cette première apparition dans l'univers Donjon. Et puis il y a des lapins transformés ( un clin d'œil à Peyo et ses schtroumpfs noirs?). Et puis il y a même un cousin de Casimir.

    Les scénettes se succèdent sans véritablement de liant entre elles, aux hasards, heureux ou non. Et comme un ventre ne peut réfléchir aux actions autres que celui de bouffer, Grogro est la plupart du temps la cause des péripéties. Tonfa suit sans jamais comprendre ce qui l'entoure, seulement en fantasmant ses valeurs chevaleresques sur sa réalité ( par contre c'est un sacré combattant). Et, en même temps, il ne peut y avoir de continuité entre les actions, ni de sens de trajectoires puis que l'histoire est celui d'un ventre?

    Et, en même temps, le final apporte une évolution à ce ventre qui réfléchit. Car, grâce à cette quête foutraque, Ce ventre de Grogro saura faire autre chose que bouffer. Il saura désormais balayer. Et, à la dernière case, on voit ce personnage extrêmement satisfait et heureux de cette évolution extraordinaire: il sait faire désormais deux choses.

    C'est vraiment drôle, tordant même parfois, réjouissant et frais. et visuellement très agréable. Et le parti pris, l'air de rien, fonctionne à merveille.

    Arkadi Le 11/08/2022 à 08:49:35
    Donjon Zénith - Tome 8 - En sa mémoire

    Si Trondheim et Sfar sont des scénaristes émérites, ils sont aussi de grands dessinateurs et c'est peut être pour offrir à Boulet du champ libre qu'ils ont construit un scénario plus simple qu'à l'accoutumée.

    Car Boulet s'en donne à cœur joie dans cet opus. Pour son plaisir et pour le notre, il illustre de magnifiques cases. Car d'habitude, les cases sans bulles sont rares dans l'univers Donjon et ici elles sont nombreuses, laissant aux dessins le bonheur de s'exprimer, aux émotions simples de l'attente ou de la beauté le bonheur de virevolter dans une lecture qui reste tout de même drôle et haletante sur la fin. Les décors de Boulet sont sublimes, l'ambiance à la fois tranquille et violente aussi. Les personnages (surtout les dragons) ont des caractères propres à chacun juste par l'image. Mais là ou il est très fort c'est dans les actions de combats. Le tout dernier de l'album est visuellement magnifique d'action et de cadrage. Boulet fait du grand art.

    Et l'histoire, si elle est simple, n'est pas simpliste. On en sait tellement plus sur l'ubuesque religion draconiste. Et ce kafkaïen sacrée permet tant de nous faire marrer. Il y a aussi le rapport entre Marvin et Herbert qui, toujours un peu plus, touchent le lecteur. Cette amitié est si bien narrée, sans manichéisme en épousant les complexités de la nature humaine avec brio. Et puis il y a la blague sur la brosse à dent qui m'a fait personnellement hurler de rire.

    C'est si agréable pour moi qu'un album de Donjon prenne le temps alors que tous les autres n'en prennent jamais ou rarement. L'histoire est plus intime, évoluant dans une sphère réduite à quelques personnages et un seul lieu simple. Et, pourtant, elle apporte son lot de nouvelles informations et l'introduction de personnages importants (bien foutu les intro surtout pour Gilberto) dans Donjon Crépuscule. On respire. On profite pleinement de Marvin ( extraordinairement touchant dans cet opus) et de Herbert ( qui a de plus en plus la confiance sans prétention car, désormais, il écoute son instinct sans en douter).

    Certes, si les auteurs prennent leurs temps dans ce genre de respiration scénaristiques, ils vont être nombreux les albums Zenith pour le raccorder à Crépuscule.

    Mais bon, moi ça me va. et Même très bien.

    Arkadi Le 10/08/2022 à 10:14:44
    Donjon Monsters - Tome 14 - La Bière supérieure

    Les histoires de "Donjon Monsters" suivent l'existence de personnages secondaires. Dans cet opus, le personnage secondaire l'est tellement qu'il n'apparait seulement dans l'univers "Donjon" que sur la couverture de l'album " Hors des remparts" et sur une seule case du même album. Ce personnage, au départ de décor, au fil de l'histoire, deviendra l'héroïne nationale qui va transformer, de manière irrémédiable, les gènes fondamentaux de son peuple (peuple absolument raciste qui va accepter, grâce à ce personnage de décor, un autre peuple diamétralement opposé à lui).

    Et franchement j'adore l'idée.

    Bonnie Malone, le personnage principal, n'est tout de même pas une héroïne nationale auréolée de sainteté. Bien au contraire. Elle n'est certes point raciste mais tue sans état d'âme. Elle ne cherche pas à transformer sa société mais faire du profit. Elle ne veut pas être une sainte, elle tue tout ce qui bouge par reflexe ou par vengeance. Et c'est par ses besoins de voyage qui lui apportent la connaissance, elle ne le fait que parce qu'elle est ainsi. Différente. D'ailleurs dans ce parcours ou elle devient une égérie nationale, c'est par une incongruité bête qu'elle le devient. Un lapin rentre dans la roulotte du poisson ( rien que cette phrase prouve la folie du Donjon!) et mange une part de cake. Et il dira cette phrase légendaire " ça irait bien avec de la bière". Tout est dit dans le traitement cynique des auteurs sur les héros nationaux.

    Son parcours raconté dans cet opus est d'une grande violence, peu drôle et d'une grande noirceur. Le magnifique dessin de Quignon, tout d'ombres et de nocturnes, est en parfaite harmonie avec le propos difficile. Les ombres surtout apportent une épaisseur supplémentaire dans ces ténèbres car les villes aussi sont horribles (surtout poisson ville) comme les rapports filiales ou familiaux.

    Et puis Jean-Michel réapparait ! Heureux de retrouver ce salopard absolue qui comme toujours s'en sort toujours comme une fleur.

    J'ai adoré cet opus. Et j'en redemande car Je veux en savoir plus sur Bonnie Malone, sur pourquoi cette personnalité bipolaire et la suite de son destin avec son amie tueuse professionnelle.

    Arkadi Le 09/08/2022 à 08:17:03
    Broussaille - Tome 2 - Les sculpteurs de lumière

    Il y a des œuvres attachantes dans le 9ème art. Broussaille en fait partie.

    Nous sommes ici dans la jeunesse d'un lycéen des années 80 qui retourne sur ses lieux de vacances. Et même ces endroits sont proches de la rêverie car, déjà, les villages des années 80 étaient tout bitumés. Hors, Pé l'illustre, magnifiquement d'ailleurs, dans une végétation luxuriante et ocre de terre.

    Dans ces décors suspendus entre deux époques, évanescents en songe de printemps et superbes d'une nature foisonnante, l'aventure que vit Broussaille est fait de hasards heureux, de découvertes lors d'une sieste ou dans les aléas d'une déambulation nocturne ou en suivant un enfant qui suit un cochon. D'ailleurs, c'est la rêverie qui permet la découverte puisque l'oncle, lui, cherche et ne trouve pas. et quand l'oncle découvre et résout les énigmes, les auteurs ne nous les explique pas. Cela n'a aucune importance car le propos est ailleurs, car le trésor n'est qu'un rêve lui aussi. Un rêve éveillé, certes mais un rêve tout de même.

    Cet album est une vrai réussite émotionnelle. Ils sont rares ces histoires en BD qui nous font juste déambuler, nous font cheminer dans les cases absolument superbes d'un illustrateur de génie. Il nous faut biensur un peu de ressorts dramatiques, un peu de rebondissement nerveux pour ne pas pas nous ennuyer et ils y sont en intégrant parfaitement le propos jusqu'à la conclusion finale, le retour à la réalité ou les hommes détruisent les rêves des autres par conviction monomaniaque.

    Alors, oui, il y a aussi beaucoup de naïveté dans le propos ( des écologistes contents? Une usine à zéro émission et totalement adaptée dans la nature? Mouais…) mais cette naïveté est positive, optimiste malgré tout et cela fait du bien durant 44 planches jusqu'au deux dernières ou le pessimisme de la vraie vie revient...On s'est réveillé.

    Arkadi Le 09/08/2022 à 07:42:49
    Donjon Zénith - Tome 7 - Hors des remparts

    Certes le dessin de Boulet est toujours superbe, osant désormais des découpages qui quittent ce que fut ceux de Trondheim au début du Zenith, étant plus organique, les corps et réactions des corps plus en phase avec la nature respective des personnages, ayant des décors véritablement superbes, des visions quantiques magnifiques et des mouvements harmoniques.

    Certes le scénario se déroule toujours sans temps morts, pétillant de drôlerie, particulièrement liés aux interactions des personnages, rebondissant d'actions détonantes, construisant ainsi un déroulé toujours surprenant.

    Certes, l'idylle naissante entre Pirzuine et Marvin est franchement réussi à l'écriture, touchante et drôle avec des illustrations parfois magnifique ( celui du premier baiser). Certes le couple entre Herbert et Isis l'est tout autant tout comme celui entre Marvin et Herbert et Isis avec Pirzuine. Et ces rapports amoureux et amicaux "animalièrement" humain font la force véritable de l'opus.

    Certes tout ça ..
    Il y a quand même des hics. Des hics fondamentaux qui m'ont fait sortir littéralement de la lecture.

    C'est quoi cet Ordre des pourvoyeurs executaires ? Ordre si capital, si fondamental sur Terra Amata qu'on en a pas entendu parler depuis les 20 premiers albums ? Tellement important que même si Hyacinthe récupère son donjon, ils viendront le détruire. Hein ? Pourquoi viendraient-ils le détruire? Et pourquoi alors Hyacinthe se démène autant à le récupérer? Et puis bon de dieu de bon dieu, c'est quoi cet ordre? A quoi il sert véritablement ? A rédiger la loi ? Mais alors pourquoi il y a des avocats ? Des villes entières avec des lois farfelues en totale antinomie avec les lois des autres villes? De toute façon pas besoin d'en savoir plus. Aussitôt découverte, l'ordre est aussitôt détruite par un Herbert au sommet de sa forme burlesque.
    Et puis Marvin rencontre l'entité noire. Mais pourquoi l'entité noire vit et dort dans le tourbillon ? Quel est son lien avec l'ordre des pourvoyeurs executaires? Aucune visiblement. Et Pourquoi le réveiller? Quel utilité à le faire pour la mission de Marvin? Aucune idée.

    C'est bien la première fois que les scénaristes utilisent des ressorts aussi facile, et sans aucun sens dans la narration.

    Pour moi, une déception car cet opus se lit juste très agréablement sans plus value particulière et, pour la première fois dans la saga (que je lis de manière chronologique pour construire ces critiques -critiques que j'opère avec uniquement avec ma collection personnelle-), je trouve que les auteurs usent de facilités et de paresses.

    Arkadi Le 08/08/2022 à 09:31:41
    Donjon Monsters - Tome 12 - Le Grimoire de l'inventeur

    Au delà de lire une aventure si haletante, débutant de manière si légère pour se clôturer avec une telle gravité (conclusion réellement palpitant, détonnant autant que dramatique), c'est ici par le dessin que l'on déconstruit les codes du genre et c'est franchement bien vu.

    Je m'explique:
    Keramidas a un trait si connoté Disney que lorsque celui-ci bascule dans un drame adulte, la lecture ouvre alors de nouvelles perspectives. C'est comme si on lisez une histoire dans les magasines mensuels "Mickey Parade" ou "Journal de Mickey" avec des morts, des instants psychologiques violents et des rebondissements graves. C'est tout le sel de cet opus, génial scénaristiquement. Proposé à Keramidas d'illustrer un Monster est un coup de maitre voire de génie.

    Au delà de ces dessins frais, palpitant, généreux dans le mouvement, l'histoire suit le parcours de deux personnages qui cheminent leurs vies dans leurs valeurs respectives, chevillées aux corps. Il y a Guillaume de la Cour, méchant versatile et capitaliste, absolument génial qui suit les valeurs du profit maximal qui impose des situations grotesque et drôle autant que génocidaire et destructeur sans réfléchir aux conséquences de ses actes (ça c'est le méchant). Et il y a l'autre, le professeur Cormor qui va en faire tout autant mais qui y réfléchira sans cesse, doutant de ses choix pourtant obligatoires puisqu'il est formaté de la sorte, étant un automate.

    Ici on suit deux personnages pas si différent que ça mais qui prennent des chemins et des conclusions aux antipodes. C'est là que réside le propos principal de ce tome. D'ailleurs, le grimoire qui aurait du être l'artefact autour duquel se construit l'histoire n'est que source de drôlerie et de blagues. La manière qu'ont les personnages de le récupérer est toujours imprévisible, hasardeuse voire stupide. Ici encore, les scénaristiques décortiquent les codes de la quête de l'objet qui fait l'histoire ( l'anneau des seigneurs de anneaux ou tous les artefacts magiques que doivent trouver les superhéros gentils avent les superhéros méchant dans le MCU).

    Et c'est un régal de lecture.

    Arkadi Le 08/08/2022 à 08:46:31
    Donjon Zénith - Tome 6 - Retour en fanfare

    Alors que le cycle de Zenith à son apogée s'est clôturé par le précédent album, voici qu'un nouveau cycle se profile autour du monde de Vaucanson. Et si le précédent cycle était formidable de lecture, de décorticage des codes du genre et de suspens, celui-ci commence ici et augure un bien bel avenir.

    D'abord parce que Boulet est au dessin. Et c'est un travail ou l'organique, la précision du décor et un travail de découpage plus cinématographique est d'une beauté sans pareille. Avec Blain, Boulet est l'un de mes illustrateurs favoris de la série. Et cela tombe bien car il est désormais récurrent sur la saga Zenith.

    Ensuite parce que les scénaristes sont toujours autant inspirés. ce nouvel univers autour du duché de Vaucanson est d'un grand réalisme. Les domaines du sociologique, du politique et même de l'historique sont d'une grande immersion facilitant ainsi l'évolution des personnages dans une narration haletante. si l'humour est toujours présent, le dramatique grave, les failles psychologiques et les résonnances amères du passé apporte à l'histoire un intensité viscérale. Et comme toujours, le déroulé est toujours palpitant avec des rebondissements toujours faisant sens en même temps que détonnant.

    Alors que Hyacinthe perd tout ces combats pour reprendre son donjon ( il est d'un égoïsme rare car les seules actions qu'il mène sont dans ce sens, n'épaulant jamais Herbert ou Marvin), Herbert retourne vers ses racines. Hélas, ce qu'il espérait n'est pas. Ses parents exigent des chose de lui qu'il ne souhaite pas. Prendre place dans l'histoire avec un grand H alors que lui ne veut que vivre sa petite histoire est toute la narration de cet album.

    Bien sur Herbert revivra les colères de son enfance ( génial fin vu aux tomes 2). Ceux à quoi, il ne pourra la contenir jusqu'à devenir le mal lui même. Marvin , comme toujours, suivra avec précision les valeurs de sa religion, ce qui construira des drames autour de lui.

    Cette notion de l'histoire est d'ailleurs tout à fait savoureuse. depuis Potron minet jusqu'à Zenith, les personnages qui ne louvoie pas autour des actions du monde violent de Terra Amata mais qui veulent exister au travers uniquement de leurs valeurs sont ceux qui détruisent toujours les espoirs d'une vie heureuse. Ici par exemple, Marvin met le feu à la forêt en détruisant les reliques du passé glorieux de Vaucanson et les archives qui auraient pu rendre le Donjon au gardien. Mais Marvin ne se pose aucunes questions existentialistes (ni d'ailleurs les autres personnages qui ne lui en font pas grief) puisqu'il agit au travers de ses valeurs religieuses.

    Et puis il ya Isis, toujours la femme forte, toujours celle par qui la réussite, le courage et le combat héroïque vient. et puis il y a les autres personnages nouveaux. Multiples et si bien écrit, si bien construit.

    Cet opus est d'une grande réussite même si il manque un semblant d'âme supplémentaire pour être absolument parfait. Mais c'est le lot des œuvres charnières entre deux cycles, entre deux histoires majeures qui veut cela. Et ce premier tome d'un nouveau cycle est tellement réussi que l'on ne doute pas une seconde du parfait du cycle entier.

    Arkadi Le 04/08/2022 à 08:34:08
    Donjon Zénith - Tome 5 - Un mariage à part

    Et si Le donjon débutait sa longue chute ? Est ce la fin du Zenith pour entrer dans le crépuscule. Si le début est réjouissant, le final est tragique dans le dépouillement et le départ, les poches vides.

    D'abord le début. Qu'il est réjouissant de savoir ce qu'est devenu l'arbolesse, les lutins (Alcibiade a un frère). Certaines de mes questions ont enfin des réponses. Qu'il est drôle de voir Herbert essayer de voir Isis. Les chutes multiples sont drôlissimes dans les dialogues entre les personnages. Qu'il est hilarant de voir Marvin dans sa cuisine et en quête du trésor. Et que le gardien est tel un héros grec en quête de retourner le destin à sa faveur alors que celui-ci est inexorablement tragique.

    Puis patatras , le tragique se déclenche lorsque Herbert n'est plus lâche en décidant de s'enfuir avec celle qu'il aime. Herbert devient adulte et le déclin s'entame. Et ce tragique est magnifiquement écrit. La violence du combat entre Marvin et Herbert n'est pas drôle. Les valeurs monastiques de Marvin qui sape le plan du Gardien ( plan ou tout le monde aurait été content) ne l'est pas d'avantage. Herbert est devenu grave. Le final sera violent de tragique. la fin du Donjon. d'ailleurs il pleut.

    La faute à quoi une tel réussite ? Des personnages magnifiquement écrits. Isis est la vrai héroïne classique de cette histoire. Elle sauve, elle se bat et elle est va au bout de son but sans la moindre hésitation. Les autres sont englués dans leurs valeurs paternelles et patrimoniales (le gardien et le père), leurs passages à la vie d'adulte ( Herbert) et leurs valeurs religieuses ( Marvin). Et qui aurait cru qu'un personnage kafkaïen administratif pouvait faire un méchant extraordinaire ? à la fois drôle, machiavélique, lâche et sans charisme, il est incroyable dans le némésis de l'album.

    Et puis il y a le dessin de Boulet. Plus organique, plus détaillé, au décors plus flamboyant, le style du dessinateur est superbe et reprend le flambeau avec maestria. Boulet est une vrai plus valus dans ce Donjon Zenith magnifique. Il ose les visions en champ, contre champ, les plongés et contre plongés. Il modernise le propos narratif.

    Un superbe Donjon.

    Arkadi Le 04/08/2022 à 07:59:51
    Donjon Zénith - Tome 4 - Sortilège et avatar

    Mais quelle créativité! Quelle imagination !

    Cet opus prend le temps de l'immersion à Cochonville durant les préparatifs du mariage. Pas longtemps car la narration monte crescendo jusqu'au final tambour battant. Mais ce moment de déambulation en ville permet de déployer une inventivité remarquable dans la création d'un monde, d'un univers clos. Les auteurs sont si talentueux dans leurs univers Donjonesque.

    Toutefois, il y a une erreur: Non, les terres de Cochonville n'ont pas été achetées par les magiciens mais léguées par celui qui a exclut les magiciens de Antipolis (dommage) et certes il y a un trou narratif : qu'a fait Isis avec son chevalier servant magicien durant tout ce temps (suspens, j'aime bien ce genre de trou chez Donjon). Mais le tome est extraordinairement réussi. la course poursuite des modérateurs, la drôlerie de type ""cours de récréation" entre deux personnages pas si différent que ça ( Guillaume et Herbert), la manière de récupérer un autre objet du destin. Bref tout est réussi jusqu'au dessin de Trondheim qui prend plus de temps sur les décors et les cadrages.

    Certes il n'y a pas de décorticage de code littéraire, de genre cinématographique. L'histoire se suffit désormais à elle même car elle étonne, détonne, surprend toujours. Rien n'est consensuel. Et plus que tout les choix narratifs ne ronronnent pas de propos éculés. Tout est neuf. Tout est frais. Tout est réjouissant de surprises.

    Le final de cet opus en est la preuve. il est rare de clôturer une lecture avec surprise. Dans les albums de Donjon, c'est souvent le cas. Dans celui-ci en particulier.

    Arkadi Le 03/08/2022 à 08:50:04
    Donjon Monsters - Tome 2 - Le Géant qui pleure

    Le parti pris des auteurs dans la série "Donjon Monsters" de faire venir des artistes au traits atypiques peuvent heurter les lecteurs. Moi même, j'ai décroché de l'album "Crève cœur" pour cela. Et ce parti pris casse gueule fera toujours des mécontents flagrants autant qu'il fera des aficionados sur le même tome. C'est tout ou rien.

    Je suis de ceux qui sont exaltés pour "Le géant qui pleure" car j'ai adoré la violence des courbes, les aplats graves jusqu'au décors de JC Menu. Je trouve que cela va parfaitement avec l'univers Donjon et ce tome en particulier.

    Car clairement celui-ci est déjanté, fou. Deux ingénieurs que l'on peut considérer comme sociopathes sont en quête hors des murs du Donjon. Et toutes leurs solutions, notamment pour se sortir de mauvaises situations, sont hilarantes de folie. Mais si nos héros antisociaux sont pétés du bulbe, les autres personnages le sont tout autant. ce qui rend savoureux tout l'album.

    Evidemment, détourné les codes de la princesse enfermée dans une tour d'ivoire amène des situations hilarantes, des défis détonnant au machisme inversé, des moments de questionnement ubuesque. Et on rit pleinement.
    Mais il y a aussi et comme toujours, de vrais moments dramatiques car un meurtre et un suicide se commettent tout de même dans cette histoire. Et ils n'ont rien de drôles. Comme si on ne pouvait se moquer impunément de la nature humaine sans retour morbide du bâton. et c'est pour cela que j'aime autant cet univers. Son cynisme tragi-comique.

    Et même si je regrette la mort (trop) rapide d'un personnage Donjon qui aurait pu compter dans cet univers que j'aime tant et même si ce tome ne le construit guère, cet aparté est l'un de mes préférés tant ce n'importe nawak à l'extrême est rudement bien écrit....et si bien dessiné.

    Arkadi Le 03/08/2022 à 08:18:34
    Donjon Zénith - Tome 3 - La Princesse des barbares

    Il est vrai que j'aime les doubles lectures ou les décorticages des codes du genre et Sfar-Trondheim le font à la perfection hilarante dans cette série.

    Ici, c'est clairement celle de la princesse enlevée que le prince va se marier à la fin du conte. Le détournement est flagrant et drôlissime. car, encore une fois tout est détourné. la princesse se fait elle même séquestré pour se marier et son prince charmant se fait bouffer en deux cases. Elle a un enfant avant mariage jusqu'au mariage final, ou le prince charmant, pour la blague, propose un autre prince pour l'union.

    Mais le détournement ne construit pas une réflexion profonde. Il est là juste pour que la narration soit détonante, hors des sentiers battus d'une histoire classique. Et c'est le cas. Les péripéties sont nombreuses, les personnages nouveaux sont bien écrits et la lecture est sans temps mort comme toujours, surprenante et drôle comme d'habitude. Le plaisir est toujours entier, irrésistible.

    Mais il y a aussi des moments difficile comme la déchéance finale et aveugle du méchant en quête de rédemption dans la mort. Et ces moment tragiques construisent aussi une narration qui mêle à la perfection le froid tragique avec le chaud comique.

    Cet opus construit toujours un peu plus l'univers Donjon ou les personnages évoluent avec sens, ou les liens entre les uns et les autres ne sont pas manichéens ( cela ne gène pas le gardien que Herbert puisse mourir, il n'est pas une valeur ajouté pour son entreprise, mais fera tout pour sauver Marvin) Et le dessin, simple et coloré, limpide et précis dans les mouvements et les émotions, de Trondheim illustre parfaitement le propos.

    Un très bel opus une nouvelle fois.

    Arkadi Le 02/08/2022 à 09:04:10
    Donjon Zénith - Tome 2 - Le roi de la bagarre

    Que j'aime quand les auteurs décortiquent les codes d'un genre pour les mettre à la sauce Donjon!!! ce tome est certainement un des plus réussis de la saga pour cela!

    Ici ce sont le genre de l'apprenti et du maitre qui est passé à la moulinette pour ma plus grande joie. Peu importe la notion de temps ( 10078 portes en 2 planches, la manipulation psychologique de deux peuples en à peine 3) et de génocide ( tout de même un million de Gobelins et tout un peuple détruit sur une île c'est pas rien), les auteurs se moquent de la réalité et de la logique des choses puisqu'ils exagèrent absolument tout afin de montrer l'absurdité du genre: une arme massive peut être une plume car si nous vivions dans un monde inversé ce serait le cas dixit Marvin (What the funny fuck!), on tue plus d'un million de gobelins pour une paire de chaussette mais ça fait de l'entrainement et dans les tests pour devenir l'apprenti, c'est le plus pleutre, calculateur et personnel des candidats qui est le préféré du maitre. Bref, en allant au bout du bout du bout de la logique de ce thème-là, les scénaristes nous régalent de non-sens drôle et réjouissant.

    Et malgré tout, les conclusions font sens. Herbert devient un guerrier, Marvin prend le chemin de la sagesse. Car ici peu importe le chemin pris ( même les plus ubuesques comme dans cet opus), seul compte les protagonistes et leurs complexités. C'est par là que se font de belles histoires. D'ailleurs les retour en arrières sur la jeunesse de Herbert amènent aussi da la profondeur et de l'inquiétude.

    Tout ici n'est pas que gaudriole dans l'ubuesque des situations. Il y a surtout un univers Donjon qui s'étoffe toujours plus pour nous offrir de quoi réfléchir.

    Et puis Sonia la ronde est irrésistible.

    Arkadi Le 02/08/2022 à 08:19:53
    Donjon Parade - Tome 6 - Garderie pour petiots

    D'abord les illustrations superbes d'Alexis Nesme sont les atouts principaux de l'album. La lumière et les pastels, les perspectives et les profondeurs, tout ici nous rappelle des enluminures modernes car Donjon est d'abord de l'héroïque fantaisie avec les lois du moyen Age fantasmées par les légendes. Et Nesme est un orfèvre dans les décors et les personnages mais surtout dans cette reprise moderne des illustrations de cette époque. Du grand art et un vrai plaisir visuel absolu.

    Ensuite le scénario à la fois surprenant et prévisible. Trondheim et Sfar ont une archi bonne idée scénaristique dans le principe de la halte garderie pour parents guerriers. Les ressorts ne pourront que être drôles ( et c'est le cas!), violentes ( et c'est le cas avec la mort d'enfants et le traitement humoristique de la chose) et détonantes ( avec le comportement de nos monstres pas toujours gentils face aux caprices et perfidies de ces rejetons-là). Clairement Sfar et Trondheim se s'empapouillent pas du politiquement correct et s'amusent des concepts psychologiques sur la protection de l'enfance au travers du comportement d'Herbert, psychologue de comptoir.

    Mais malgré de très bonnes idées et un humour toujours pêchu, la narration est assez convenue. J'aurais préféré une histoire avec de vrais enfants innocents face à la violence mortifère du Donjon ( qui est un peu celle de la vie) mais les auteurs ont choisis le complot et des minots pas si chérubins. Dommage.

    Alors la lecture est agréable, sans temps mort, infiniment drôle et aux ressorts certes convenus pas toujours logiques ( comment font les enfants pour retrouver leurs parents dans cette immensité qu'est le Donjon par exemple) mais efficace.

    C'est un donc un bon donjon qui n'as pas osé.

    Arkadi Le 01/08/2022 à 09:00:53
    Donjon Parade - Tome 5 - Technique Grogro

    La couverture n'est plus un gag à elle toute seule et c'est bien dommage. Ici elle explique quel est la "technique Grogro" par le biais du dessin.

    Cette petite histoire ( trop petite) narre le messie prophétique. Et les auteurs déconstruisent les codes du genre pour nous faire rire. Le messie sera stupide en la personne de Grogro et son binôme avec Zongo est absolument hilarant. L'intelligence sera toujours perdante et c'est la bêtise naïve qui sera le graal de la quête. C'est d'ailleurs par la bêtise naïve que disparaitra toute une civilisation, porter par l'absolutisme de la sainte parole. Le final, en cela, de cet album est absolument génial.

    Ici, Marvin et Herbert sont secondaires. Grogro et Zongo font la paire par des situations et remarques entre eux qui sont si drôles mais aussi si tendres. Transformer aussi la dangereuse épée du destin pour en faire un guide accompagnateur m'a fait aussi beaucoup rire. Le passage à Divinacorpus ( qui ressemble tant aux pirates d'Astérix en carrément plus violent et mortifères) également.

    Hélas, j'ai l'impression que désormais Larcenet fait le minimum ou il n'a pas le temps ou cela l'ennuie. Le plaisir de lecture s'en ressent.

    Il y a aussi, me semble-t-il, une incohérence entre ce tome et celui de "Survivre aujourd'hui". Personne, ici, au Donjon ne sait ce qu'est un Péléen. Hors dans le tome "survivre aujourd'hui" deux personnages du Donjon savent que Grogro est un péléen. En cela en ressort des gags de répétitions.

    M>ais malgré cela cet opus est excellent de drôlerie avec un final particulièrement pertinent dans cette utilisation en satire du propos messianique.

    Arkadi Le 01/08/2022 à 08:37:09
    Donjon Parade - Tome 4 - Des fleurs et des marmots

    Même le gag de couverture n'est pas particulièrement drôle...

    Remake de " 20 000 sous le mer (2), voici un périple en fosse septique ou la bouse est la matière première de tous les décors.

    Et pourtant, j'ai tant aimé le début: Une sortie scolaire. J'avais adoré l'idée d'une salle de classe et d'un professeur dans le donjon. Découvrir le Donjon et son fonctionnement au travers du regard d'enfants dont les parents sont des tueurs de héros.

    Seulement voila, les auteurs décident de faire dans le scato au sens réel du terme jusqu'à nous mettre du caca absolument partout: Peuple et animaux, jardin et maison jusqu'à des tsunamis géants. Les scénaristes vont jusqu'au bout du bout du bout de la civilisation des profondeurs.
    L'idée de départ aurait été détonante si les ressorts n'étaient pas cousus de fil blanc, si les actions n'étaient déjà vus et archi revus ailleurs, et si Larcenet avait été inspiré avec ce décors de caca boudin. Même le final cataclysmique est triste par la destruction du paradis perdu.

    Seul le personnage de Grogro est vraiment drôle car le reste de la lecture est d'un emmerdement lascif. C'est Une contre performance.

    Arkadi Le 31/07/2022 à 18:21:07
    Donjon Parade - Tome 3 - Le jour des crapauds

    D'abord le gag de couverture! Celle-ci m'a fait mourir de rire. On dirait la couverture d'un fluide glacial au sommet de son humour, de ces couvertures qui nous font tant rire tout seul en pleine boutique tabac presse.

    Cet album diffère des deux premiers. Il n'est pas satire mais un remake de "Piège de cristal" ou Herbert Willis deviendrai Bruce le canard. Et c'est carrément génialement drôle! Marvin le rejoindra toutefois vite car Donjon Parade, c'est surtout " une aventure de Herbert et Marvin".

    Parce que d'abord le suspens est curieusement bien foutu. Suite aux premières pages ou le plan d'attaque machiavélique se dresse contre le Donjon, je n'ai eu qu'une envie: savoir comment ils allaient s'en sortir car c'était clairement pas gagné ! Et les solutions sont aussi drôles que bien fichus. Les scénaristes ne nous prennent pas pour des idiots. Et même le "Deus ex machina" ( parce qu'il y en a un: celui du messie) est tellement drôle et si bien amené qu'on le rend comme acquis.

    Parce qu'ensuite, on aime cette famille de monstres gentils qui s'entraident et s'aiment à leurs manières.

    Parce que le scénario n'arrête jamais. Aucun temps mort. Pas un répit entre gaudriole et actions.

    Parce qu'enfin le dessin de Larcenet est parfait de mouvement, de lisibilité superbe. Il va à l'essentiel dans un vrai savoir faire.

    Arkadi Le 31/07/2022 à 18:03:28
    Donjon Parade - Tome 2 - Le sage du ghetto

    "Donjon parade", c'est un peu le "Mickey parade" de l'univers Donjon. C'est bourré d'humour avec un coté enfantin drolatique mais avec aussi un double langage, bref une sorte de satire pour grand enfant.

    Ici c'est au principe philosophique stoïcien que se permet d'attaquer les scénaristes. C'est une quête d'un Socrate vieillissant pour savoir quel dernier vœu faire. Ici on parle du peuple esclave, de la notion de sagesse, du destin et même jusqu'au jardin de Candide. Tout y passe dans les thèmes philosophiques pour une finalité pipi, caca qui m'a mis personnellement dans le vent.

    J'ai adoré la narration. C'est vivace, haletant, sans le moindre temps mort. J'ai adoré le dessin. Larcenet est au diapason avec le mouvement, la couleur du propos et c'est rudement bien dessiné. Et, parfois, j'ai aimé les pieds de nez, le propos philosophique qui se prend les pieds dans le tapis.

    Mais les longues planches de pets? Non. Désolé. Et à cause de ça je suis passé à côté. C'est bête, je sais. Mais je suis resté sur cet élan pestilentielle. Et puis le rapport philosophique est un peu foutraque. Le renversement du 1001ème vœux trop facile scénaristiquement mais si c'était très drôle.

    Bref, quelques couacs par ci par là qui n'en font pas un indispensable.... mais qui reste tout de même très réussie.

    PS: encore une géniale couverture qui fait le gag seul sans avoir de rapport avec l'histoire.

    Arkadi Le 29/07/2022 à 08:37:04
    Donjon Parade - Tome 1 - Un donjon de trop

    Utiliser ses personnages dans une bulle temporelle entre le tome 1 et 2 afin de faire ce qu'on veut avec et qui ne nuira pas à la chronologie des événements et construire quelques satires et critiques de notre société ( dans ce tome-ci, de consommation), c'est ça pour moi Donjon Parade.

    Et ces satires, toujours grinçantes, sont toujours drôles. Ici c'est aussi la libre concurrence, le marchandising et la contrefaçon qui sont passés à la moulinette de l'humour cynique de nos auteurs. les personnages d'ailleurs ne sont pas en reste puisque les scénaristes les utilisent pour dénoncer le versatile même de la nature humaine. Et même si on ressent que Donjon reste une grande et vrai famille de Monstres gentils, et enfantins il y a des couacs sur leurs besoins ( d'où des situations très drôles).

    Peyo, avec ses Schtroumpfs, faisait de même. Utiliser des personnages enfantins pour, en seconde lecture, narrer pour les adultes un propos plus sérieux tout en satire. Donjon Parade utilise tous les codes de la seconde lecture, du propos sous le propos. Et c'est en ça que la série est géniale. Une vraie possibilité de pouvoir s'indigner sans mettre à mal la ligne de évènements.
    Et Larcenet rend tout cela encore plus joyeux et colorés par un dessin absolument génial de fluidité, de mouvement et au diapason de l'univers visuel choisi par Trondheim.

    Mention spéciale à la couverture qui est en soi un gag à elle toute seule.

    Arkadi Le 29/07/2022 à 08:15:30
    Donjon Zénith - Tome 1 - Cœur de canard

    Peut on critiquer une œuvre matricielle? Une œuvre matricielle d'un univers héroïque fantaisie de plus de 50 histoires et qui se nomme "Cœur de canard"? Peut on critiquer "Un nouvel espoir" ( ouvre matricielle de Star Wars? Non. peut-on critiquer "Dies Irae" le court métrage d'où débute la saga Kaamelott? Non plus. "Terminator" ou "Rocky" ou "Rambo" ? Tout pareil...non.

    Trondheim et Sfar s'en donne à cœur joie. C'est foutraque et pétillant, novateur et n'importe nawak. Alexandra n'est pas un serpent ? Le château n'est pas un arbre ? on s'en fiche. l'imaginaire débridé des auteurs va arriver bien vite.

    Là c'est drôle, à contre courant, pétillant avec tous les codes de l'héroïque fantaisie. Et on en redemande. Les personnages secondaires ne sont encore que des silhouettes? On s'en fout. les personnages principaux n'ont encore pas de véritable existence à part celui du moment? On a bien le temps.

    L'album en lui même se suffit. il est haletant, drôle, piquant bourré de référence geek ( Aaaaaaah Dark Vador!) et le relire après la lecture de tant de tome Donjon est une bouffée d'oxygène.

    On aime.
    On ne peut critiquer car de ce petit objet, de cette petite histoire s'est extirpé l'un des plus beaux univers de la bande dessinée.

    Arkadi Le 29/07/2022 à 07:57:26
    Donjon Monsters - Tome 1 - Jean-Jean la Terreur

    Après le nihilisme d'antipode moins et la poisse noire de Potron Minet ( si l'on suit le fil chronologique de lecture), voici que nous entrons dans les couleurs vives et la joyeuseté de Zenith. Cet album en est une introduction séduisante.

    4 monstres gentils et puissants, naïfs et viandards sont en quête d'un paradis ou leurs différences au monde ne seraient plus jugés, ou ils pourront vivre avec d'autres comme eux. C'est un peu "Les vieux de la vieille" de Gilles Grangier en mode héroïque fantaisie animalier. et cet Eden est Donjon.

    Bien sur, ils choisiront comme guide le pire d'entre eux : Guillaume de la Cour. Personnage incroyablement pleutre, mauvais, cynique mais qui s'en sort toujours grâce à son manque évident de valeurs humaines et d'ego. Un personnage absolument génial pour toute narration cynique et ironique. Et Guillaume ( Guy Delcourt? Sérieux!) va les conduire dans une quête commerciale d'arnaque en arnaque (qui prouvent leurs incapacités à s'adapter dans ce monde) véritablement drôle et truculente.

    C'est à mourir de rire, pétillant. Chaque élément narratif qui construit l'univers Donjon ( le héros, l'épée du destin, les villages et monde que traversent cette équipe de bras cassé) permettent des ressorts drolatiques à leurs dépens pour la plupart du temps. Et parce que nous rions à leurs dépens que nous nous attachons vite à ses personnages touchants, à ses gentils monstres.
    L'album se construit autour de la dramaturgie d'une quête. C'est une équipe avec un guide, Ils ont un but, des défis et des énigmes et tous ne sortiront pas vivant de ce périple. Mais bien sur, les auteurs décortiquent les codes pour extraire de l'absurde, du rigolo, du sautillant pour nos zygomatiques.

    Le dessin de Mazan, coloré, éthéré avec espace et silence, est en harmonie avec le propos de l'histoire même s'il manque toutefois un peu de caractère.

    Cette quête débute dans une auberge rouge pour se clôturer dans une auberge espagnole....et on trinque à rire avec nos monstres gentils.

    Arkadi Le 28/07/2022 à 15:42:54
    Donjon Potron-Minet - Tome -82 - Survivre aujourd'hui

    Et si "survivre aujourd'hui" est le dernier tome de la saga Potron minet? Cela ne me dérangerais pas. Car il construit la jonction entre Potron Minet et Zenith.

    Certes des questions resteront sans réponse. Que deviendrait Alexandra ou Jean-Michel?

    Peu importe car nous ne savons pas non plus comment est mort l'oncle Florotte ou encore pourquoi et comment Hyacinthe se marie avec Elise. Cette dernière longue ellipse a eu lieu entre "une jeunesse qui s'enfuit" et "mon fils ce tueur" et elle a permis une narration de ce dernier tome plus vive et plus haletante faisant de "mon fils ce tueur" un excellent opus.

    Dans ce tome, il faut bien l'avouer l'histoire est écrite sans inspiration. Les ressorts sont poussifs voire trop étonnant. Il y a trop de hasard heureux pour y croire sincèrement. Mais les auteurs font la jonction avec Zenith et satisfont ainsi les fans de l'univers " Donjon" dont je fais parties.

    Mais plaire aux lecteurs en remplissant les trous ne permet pas de faire de bonnes histoires en règle générale. Cet album en est la preuve. Mon plaisir est entier mais sans saveur, sans surprise.

    De plus le dessin ne me plait guère. Trop d'aplat, trop naïf et sans ligne fluide. Le dessin est en antinomie totale avec les couleurs et les courbes de toute cette série proposée au départ par Christophe Blain. Mais est-ce le but puisque l'univers graphique de Zenith est tout le contraire?

    Alors Mr Sfar et Mr Trondheim ne remplissait pas les trous si vous ne sentez pas suffisamment bonne votre histoire qui le ferait. Même si il est nécessaire, il est vrai, de faire jonction entre les séries pour nous, pauvres lecteurs tellement exigeants.

    Un tome nécessaire mais tout en facilités et fadeur...

    Arkadi Le 28/07/2022 à 15:17:09
    Donjon Potron-Minet - Tome -83 - Sans un bruit

    Il est toujours compliqué d'écrire une histoire de reprise qui suit un cycle aussi parfait que celui d'Antipolis. Et pourtant, c'est réussi en tout point dans ce nouveau tome.

    D'abord parce qu'il clôture ce cycle dans la destruction totale des grandes familles d'Antipolis suite à la vengeance ( final magnifique de cet opus).

    Parce que le dessin de Gaultier est somptueux. Le détail des décors épouse la bible graphique de Blain. Les cases, certes parfois trop petites, sont toujours dans cette noirceur qui caractérise la saga Potron-Minet et le mouvement des personnages sont toujours d'une grande fluidité.
    Parce que le scénario est bougrement intelligent. Antipolis est donc détruite et ses poussières de stupre et de de vices se seraient déversés sur Terra Amata. Et durant la quête épique et chevaleresque d'Arakou, accompagnée par le personnage magnifique et torturé d'Alexandra, l'ancienne vie dont il est le symbole va se télescoper avec celle qui fut dans la ville du vice. Et peut être même que pour éviter la désillusion (voire la mort sinistre) sur la condition humaine, il faut faire comme Miguel.

    Car au delà des moments drôles autour de Cormor et de sa naïveté positive ainsi que du Troll au pont en quête d'un nouveau pont, "Sans un bruit" est poisseux, inquiétant et le drame monte crescendo jusqu'au final ultra violent autant que salvateur.

    Encore un coup de maitre.

    Arkadi Le 27/07/2022 à 09:31:29
    Donjon Potron-Minet - Tome -84 - Après la pluie

    Album qui clôture la période "Antipolis" de Donjon. Et la fin, tout comme le cycle ( à part le triste "crève cœur") est magistrale.

    L'histoire passionnelle entre Alexandra et Hyacinthe est la matrice de cet opus. Tour à tour mortifère, proche de la folie des sens, vulgaires ( la scène de la prostitué) et courtoises ( Alexandra en blanc lors de la convalescence), violente et destructrice autant que douce et infantile, cette relation dévorante est magnifiquement bien écrit avec deux personnages torturés, cyniques, suicidaires car leurs vies et leurs émotions ne coïncident en rien avec leurs désirs et leurs besoins de maturité.
    Que j'aime le personnage d'Alexandra, tour à tour domina et soumise, violente et douce, son rapport au monde est dans la chair et la passion la rendant folle au cheveux hirsutes autant que blanche et belle au bois dormant allongée et pleurant son prince broyé dans son lit.

    Et Blain construit autour de cette relation un décorum tentaculaire et tortueux de rues et de toits qui symbolisent la passion de ce couple. la ville, autant nocturne, pluvieuse que lumineuse, épouse les émotions. Jusqu'à sa destruction plus symbolique qu'architectural dans le dessin. Blain a fait d'Antipolis un personnage à part entière qui s'exprime par ses dédales et ses toitures. Du grand art pour un illustrateur génial.

    Et tout le capitalisme décomplexé de la ville l'amène à sa destruction. Elle meurt donc par là ou elle a péché. Antipolis, c'est Sodome. Antipolis est biblique dans son existence. Biblique aussi dans sa conclusion. Il suffit d'un jour pour les hommes redeviennent des bêtes. Ils étaient donc des animaux sans âme auparavant. seul la ville leur en donnait un semblant.

    Le final est absolument magnifique enfin. Epique et sanglant, on assiste peut être à la première quête d'aventuriers en mal d'aventure qui sera la raison du DONJON. Les monstres sont lâchés. Il y a un trésor. Le Donjon est donc prêt à rentrer dans son ZENITH.

    Encore du grand Art.

    Arkadi Le 27/07/2022 à 08:16:15
    Donjon Monsters - Tome 8 - Crève-Cœur

    Alors que le cycle Antipolis de potron Minet est une réussite totale grâce aux crayons de Blain, Blutch et Vermot-Desroches, alors que Joann Sfar et Trondheim ont été d'une inspiration géniale durant ce même cycle, voici l'album à oublier vite mais alors très très vite.

    D'abord le dessin. Nine, d'habitude incroyable dans ses espaces, son architecture et ses couleurs livre ici le minimum syndical. Ses estampes sont ici proche du "j'en ai rien à f...". Les personnages sont figés dans une posture toujours identiques ( Comment alexandra peut-elle rester si propre, ses cheveux si fluides en étant rester des semaines dans un cloaque?), ses décors ne sont que des formes grises et ses couleurs, la force originelle de l'artiste, sont sans aucune motivation. Certes, cet auteur est très atypique et son travail d'illustration est toujours proche de l'œuvre. Ici, rien.

    Pourtant, il me semble que les scénaristes ont tout fait pour lui rendre la tache plus aisée. Car, pour moi, lire une histoire si décousue de deux scénaristes- orfèvres à l'accoutumée implique une raison et cette raison est celle-ci: permettre à Nine de construire confortablement ses dessins.
    Certes, j'ai aimé que l'histoire prenne le temps sur la détention d'Alexandra dans l'égout-cachot comme j'ai trouvé pertinent et accrocheur émotionnellement le traitement du personnage de la souris prisonnière. Mais le reste...bon dieu...le reste que c'est étrangement mauvais! L'interview prétexte à un guet apens fait tellement "deus ex machina". Les 3 tentatives d'empoisonnement font chuter le rythme de lecture qui prend déjà tellement son temps en interview et en prison. Mais c'est La réaction de Hyacinthe vis à vis d'Alexandra lors de leur rencontre finale qui est le pire. Ayant tout fait pour la sauver jusqu'à séquestrer des dizaines de personnes, il la rejette car elle est rentrée chez lui ( maisonnée gigantesque) et qu'il est en famille? Sérieux ? Alors oui cela tente d'expliquer le meurtre d'Elise dont on ne sait quasiment rien. On l'a quitté folle excitée par Horous pour la retrouver mariée à Hyacinthe et si cynique à son endroit. A peine est-elle mariée qu'elle est morte. C'est dire le peu d'intérêt que le lecteur peut avoir sur son décès tant il y à d'incompréhension sur son sujet. Et, même, le personnage d'Alexandra qui est une surhumaine puisque elle n'est jamais exténuée malgré l'enfer, part folle et retourne dans le sensé comme qui rigole.

    Question univers Donjon, on comprend comment Hyacinthe est devenu maitre des assassins et ça c'est bien.

    Mais à part ça.....on oublie vite

    Arkadi Le 26/07/2022 à 09:17:06
    Donjon Monsters - Tome 7 - Mon fils le tueur

    Encore un opus dès plus réussi avec toutefois quelques regrets.

    Le plaisir de voir Blutch dans l'univers Donjon d'abord. L'artiste construit des décors de la ville absolument somptueux de gothisme et de traits désordonnés construisant un tout harmonique architecturale. Les magnifiques cases ou la chemise de la nuit vole de toit en toit sont tout simplement superbes. Petit désidérata tout de même: les nuits de Blutch sont grises et non noires, les soirées trop colorées et cela entache la bible graphique de Potron minet. Du coté des personnages, les propositions du dessinateur sont magistrales. Horous est inquiétant. hyacinthe, tout en rondeur, est cynique.

    Du coté du scénario, il y a un saut dans le temps qui ne permet pas d'entrer dans cette histoire policière pourtant haletante et à rebondissement, suite et fin de l'album de "la nuit du tombeur". Car Hyacinthe est marié et chef des assassins. Jean Michel est battu dans cette bataille entre lui et hyacinthe durant les 3 premiers tomes de Potron Minet. Il semblerait même que notre futur gardien soit désormais le chef de maison appartenant à son oncle. Tant de changement sans explication nous oblige à nous repositionner avant d'intégrer la narration qui apporte encore de nouvelles réponses à l'univers Donjon, tel que la mise au ban des magiciens.

    Ce genre d'ellipse étonne. Et nos scénaristes aiment surprendre. Je ne suis pas contre d'ailleurs ces effets de saut dans le temps tant que l'histoire que je lis est surprenante. Et tel est le cas dans cet album sans temps mort ou le cynisme de hyacinthe est à maturité. Cet ellipse sert d'ailleurs le rythme de l'album, particulièrement drôle grâce au duo de Marvin enfant avec sa mère.

    Car, oui, Marvin fait sa première apparition ici et c'est truculent. Il est le déclencheur de tous les rebondissements sans en comprendre les tenant et aboutissant comme un chien hilarant dans un jeu de quille.

    Arkadi Le 26/07/2022 à 08:21:07
    Donjon Potron-Minet - Tome -97 - Une jeunesse qui s'enfuit

    Tout d'abord, le travail de Blain. Magnifique. les premières pages de nuit noire dans une ville noire le prouve. La violence du meurtre et la transformation du personnage de hyacinthe le prouve aussi. les premières planches sont tout simplement superbes d'intensité émotionnelle et de maitrise graphique.

    Puis vient le périple ou deux types de justices (l'ubuesques et racistes de Xaumatauxisne et la kafkaïennes de Nécropolis) se télescopent avec celle de la chemise de la nuit, (courtoise et chevaleresque). Et cette quête de sens ou Hyacinthe (meurtrier et perdu) découvre les croyances et les facettes nombreuses d'une justice multiple lui permette enfin de voir juste, selon le taureau avocat ( meurtriers et rentre dedans). Derrière ses pleurs d'enfant se cache le passage à la maturité. Il n'empêche la cause reste noble puisque c'est pour sauver une princesse en détresse que notre adulte-enfin utilisera tous les ressorts et manipulations. pour gagner. Ainsi, si le but en soi est chevaleresque, les moyens pour l'obtenir, désormais, ne l'est plus. Hyacinthe suit le chemin de vie, pragmatique et calculateur, de Horous ( dans le tome "la nuit du tombeur").

    Enfin, il y a dans cet album l'un des plus beaux fusils de Tchekov qu'il m'est été donné de lire: La bourse. Car il est surprenant et détonnant dans son obtention et son utilisation. Car il est un symbole parfait de transformation de Hyacinthe. Car il est utilisé avec les brous qui, dès le premier album, furent les premiers à commencer de détruire les rêves chevaleresques de notre personnage principal. Avec cette bourse, c'est eux véritablement qui le transforme.

    Un sans faute pour un opus parfaitement réussi.

    Arkadi Le 25/07/2022 à 10:18:40
    Donjon Monsters - Tome 5 - La Nuit du tombeur

    Lorsque le personnage principal d'une histoire est habillement écrit, cela donne presque toujours un excellent moment. C'est le cas dans cet album, peut être l'un des meilleurs de la saga Monster chez Donjon.

    Ici Horous est le personnage central. Tour à tour, naïf et pragmatique, calculateur froid et amoureux puceau, s'il possède la froideur du scientifique mortifère il est également digne de valeurs fraternelles comme de fidélité. Autour de lui donc se trame une intrigue magique et policière dont il est victime assez haletant et son caractère particulièrement bien définie par les scénaristes permettent des rebondissements dans l'histoire détonant, surprenant ainsi le lecteur tout le long de la lecture.

    L'humour est toujours présent au dépend souvent de la difficulté pour Horous de s'insérer dans la vie sociale, lui qui est, il faut bien le dire, un sociopathe. Et c'est par les visicitudes du destin qu'il y parvient. C'est drôle, haut en couleur jusqu'à la bataille finale dans la morgue qui est parfaite de maitrise. L'étonnement d'une narration haletante et bourrée de rebondissement font de cet opus l'un des meilleurs de la série.

    On peut considérer que le désir féminin est caricatural dans ce tome. Les personnages féminins ne sont que des midinettes assoiffés de plaisirs, prêtes à tout pour obtenir de jouir. Mais Sfar sait d'habitude habillement les dépeindre dans tous les autres albums comme des personnages fortes. alors on peut croire que leurs comportements est le résultat d'un sortilège.

    De plus, Le DONJON continue petit à petit sa construction pour entrer dans son Zenith. Ici ce sont les raison pour lesquels les monstres apparaissent dans le monde. Et c'est amené de manière drôle et pertinente.

    Et les 46 planches, en plus d'être magnifiquement écrites sont superbement dessinées. Vermot est au diapason dans l'univers de Blain qui a construit la bible graphique de Potron minet. Et, en plus, il y met sa patte plus perfectionniste dans les décors et les personnages. Et c'est un sans faute.

    C'est surprenant car cette histoire secondaire d'un personnage secondaire est peut être l'un des meilleurs de la saga.

    Arkadi Le 08/07/2022 à 09:15:14
    Michel Vaillant - Tome 7 - Les casse-cou

    A l'époque insouciante des années 60, la bande dessinée avait fort mauvaise presse pour les psychologues pour enfants et autres trublions des valeurs familiales. trop violent, trop peu littéraire et trop indiscipliné, les "petits mickeys" comme aimait nommé Goscinny par réactions aux mauvaises critiques, ces planches à dessin de distraction qui deviendront le 9ème art avaient fort à faire pour obtenir l'agrément des adultes bien pensant.

    C'est pourquoi, le journal de Tintin aimait à faire du documentaire intelligent et verbeux. Les casse cou en est un digne représentant. Et c'est avec la rencontre de Gil Delamare que Graton trouvera son chemin à faire du docu BD.

    Gil Delamare était LE cascadeur du cinéma français. Il mourra quelques années plus tard la parution de cet album dans les pages du journal d'Hergé dans une cascade pour un film avec Jean Maris ou son obsession du perfectionnisme le condamnera.

    Dans cet album, Gil Delamare est un personnage aussi important que Michel vaillant. Il en est même un double du champion dans la vrai vie tant il est dépeint avec les mêmes valeurs humaines. Steve Warson , absent de l'album, n'est même pas mentionné ( ni ellipse, ni introspection). C'est dire combien cette amitié entre Vaillant et Delamare est importante aux yeux de Graton.

    Certes, l'album est parfois trop verbeux. A vouloir être un documentaire précis sur la cascade au cinéma ralentit le rythme d'une histoire hybride. Certes l'historiette policière n'est qu'un prétexte à construire un peu de suspense et de rythme. Sans elle, il n'y aurait guère d'intérêt pour un lecteur des années 2000.

    Il n'empêche et comme toujours les dessins sont superbes. La vaillante "Grand prix" est certainement l'une des plus belles vaillantes dessinée par Graton. Et les multiples histoires autour de l'intrigue principale font toujours mouches de drôleries humaines ou de constructions simples mais magiques des personnages secondaires. Ici on prend le temps de construire des cases pour, juste, dire ce que choisissent les personnages comme menu au restaurant. Et ce temps qui prends le temps est agréable et apaisante. Ici, on prend le temps de faire des cases pour raconter les émotions des personnages. Et ça aussi ça fait du bien.

    Cet album est un triple documentaire en définitive. Sur la cascade au cinéma bien sur mais aussi sur les coulisses du cinéma des années 60. C'est surtout un documentaire sur la société des années 60 en France. Car à prendre tant de temps comme le fait l'auteur, il nous permet, comme dans ces 13 premiers albums, de prendre une machine à remonter le temps et, par la lecture, d'y passer du temps comme si on y était.

    Et c'est aussi cela le plus magique de cet album curieux, atypique et si sincère dans son humanité et ses valeurs nobles.