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Zaroff est de retour et ça va faire très mal !
Après un premier opus qui réintroduisait le personnage du comte et le présentait comme une proie pourchassée par des anciennes victimes, le revoici envoyé en Russie pour une mission très spéciale impliquant des scientifiques, des commissaires politiques et des Nazis (ces derniers vont prendre très cher).
Zaroff est présenté comme le diable en personne et ses actions nous sont présentées dans toute leur horreur, même les autres personnages nous martèlent que c'est un tueur sadique et sans pitié, voire un démon tiré d'un folklore slave.
L'action est menée tambour battant après une courte introduction aux Etats-Unis et ne perd pas de temps dans son déroulé. L'immersion dans la Russie hivernale des années 40 est magnifiée par les couleurs de Miville-Deschênes et c'est un plaisir visuel de tout les instants.
Je déplore quand-même le fait que Zaroff puisse réussir à connaître les positions des mines dans un champ après toutes ces années et à se mouvoir très rapidement dans le dos de ces ennemis en mode téléportation discrète.
Au final, un opus plus sanglant, plus gore, plus implacable que le précédent et bien divertissant à lire.
Une one-shot polar mettant en scène une aveugle accusée de matricide. L'histoire est classique avec un suspense assez peu présent et peu de rebondissements.
Certaines cases nous présentent le ressenti de Luna dans son environnement, ce n'est pas totalement approfondi (un peu comme l'histoire) mais l'idée est là.
Cela se laisse lire mais ne demeurera pas un souvenir impérissable pour ma part.
Troisième opus de cette série consacrée au comte de Champignac avant sa rencontre avec Spirou et Fantasio. Un album toujours très beau visuellement et de bonne qualité au niveau des dessins, mais malheureusement décevant sur bien d'autres aspects.
Cela commence fort, très fort avec un drame bien amené, quasiment sans dialogue, puis trois pages de fondu pour les "années noires" de Pacôme, et ensuite… le début de la fin: une trop longue séquence didactique à propos de la pilule contraceptive, une course-poursuite molle du genou et finalement inutile (tout ça pour ça, sérieusement ?), une révélation finale un peu sortie du chapeau et c'est fini, circulez il n'y a plus rien à lire.
Un album avec beaucoup de remplissage, infantilisant, pas subtil pour un iota et au final très convenu malgré de superbes dessins et un début bien sombre. Le précédent volet ne m'avait déjà pas convaincu à 100% et au demeurant, j'aurais dû rester sur le premier qui se suffisait à lui-même.
Pour les "années noires" énoncées dans le présent album, je vois venir les auteurs qui vont nous sortir un truc gros comme une maison: Pacôme, inventeur de la bombe atomique ou d'une grosse bombe chimique.
Un diptyque prenant place en Australie et nous faisant suivre les itinéraires de Birdy et Ellie, deux jeunes femmes diamétralement opposées qui vont se retrouver à devoir coopérer pour une histoire de magot, sur fond de corruption, de magouilles d'entreprise privées, et d'histoires de famille.
Malgré des couvertures peu attirantes, il serait dommage de passer à côté de cette série tant le scénario est bien construit et ménage ses rebondissements au compte-goutte. Le rythme est mené tambour battant afin de miser sur l'efficacité et aller à l'essentiel au niveau de l'action.
Le dessin n'est pas en reste avec les décors australiens mis à l'honneur, la mine présentée comme un huis clos, et enfin le véhicule de chantier comme élément pivot dans la poursuite finale.
Ce n'est peut-être pas la bande-dessinée de l'année, en revanche c'est très bien exécuté pour, au final, proposer une lecture agréable et bien divertissante à souhait.
Critique d'un monde hédoniste, du capitalisme exacerbé, des jeux télévisés et autres télé-réalités-poubelles, de la robotique sans garde-fou et des dérives sécuritaires, 'Urban' nous relate l'histoire du pauvre Zachary Buzz, jeune fils de fermier idéaliste, cherchant à se faire une place dans un monde où Las Vegas passerait pour une cour de récréation d'enfants de chœur.
La gestion de l'histoire, des différentes intrigues, des personnages, et de l'univers est absolument incroyable de par le déroulement et la fluidité. Roberto Ricci aux dessins et couleurs donnent une identité unique à cette ville-parc d'attraction via les costumes référencés à la culture populaire et l'aspect sombre à la 'Blade Runner'.
Derrière les couleurs pétantes, les sourires et les écrans géants, que de noirceur: pauvreté, violence, prostitution, manipulation médiatique, meurtres… le tout distillé par touche successive au fur et à mesure pour un final qui ne jouera pas sur le spectaculaire ou sur un dernier rebondissement.
Je ne vais pas en écrire plus: jetez vous dessus si ce n'est pas déjà fait. Me concernant, le verdict est sans appel: 'Urban' est une pentalogie de très haute qualité qui tutoie les sommets de la bande-dessinée d'anticipation. La note maximale est parfaitement justifiée.
Avant la lecture de ce premier volume, je dois dire que j'étais plus que sceptique, et pour cause on nous a vendu cette série comme, je cite: "bousculant les codes habituels du western, […] place au premier plan des personnages d'habitude invisibles ou cantonnés à des clichés, comme les noirs, les femmes et les guerriers indiens, dans une fresque haletante […]".
Dans mon esprit, j'ai traduit le texte précédent par: "une relecture progressiste, mettant en avant des minorités opprimées, le tout enrobée d'un joli discours sur les inégalités sociales, le racisme et le machisme/méchant patriarcat oppressif et teintée d'idéologies 'woke' sectaires, sans aucune nuance ni une seule once de subtilité".
Au final, même s'il y a des incongruités ethniquement correct (un déserteur blanc, un indien, un noir, un orphelin, une nonne et une fille de joie qui s'associent ?), me rappelant le pitoyable remake des 'Sept Mercenaires', c'est globalement moins manichéen et moins rocambolesque que d'autres œuvres s'inscrivant dans ce nouveau genre (La Venin et Ladies with guns).
Le dossier en fin d'album est très intéressant à lire puisque revenant sur la création des mythes et histoires du Far West. Les auteurs ont essayé de déconstruire certaines mythes et clichés afin de coller à une réalité moins romancée. J'attends de lire la suite afin de savoir si les auteurs sauront éviter certains pièges actuels (manichéisme, révisionnisme historique, facilités scénaristiques).
Casado ne démérite pas quant au résultat final: les dessins sont bons et il y a de bonnes gueules à l'ancienne. Un premier opus qui se laisse lire sans déplaisir.
Terrence Matterly est un homme en colère. Ceux qui l'ont amené à devenir un cyber-soldat à la Robocop, l'ont trahi et fait exécuter sa mère. Il rejoint alors un groupe d'écoterroristes, plus terroriste qu'écolo, et décide de faire le ménage avant les élections présidentielles.
'Cyber' est un diptyque équivalent à un gros blockbuster décérébré et survitaminé à la testostérone, pour un résultat généreux en action et jubilatoire pour tout les amateurs du genre. C'est efficace et bourrin comme il faut.
En somme un gros plaisir coupable et il ne faut clairement pas chercher plus loin.
Avis portant sur les trois tomes de cette série.
'Marie des Loups' nous plonge dans un univers mélangeant empire napoléonien, complot politique révolutionnaire, samouraï, costumes de clowns et lingerie érotique.
Autant le premier album pose les bases de l'histoire et introduit trois personnages avec un fil conducteur lisible, autant les deux albums suivants vont plonger dans les méandres du n'importe quoi jusqu'à cette fin improbable.
C'est très simple au fur et à mesure des pages le scénario va user de raccourcis divers et nous faire douter de la notion même de suspension d'incrédulité. C'est d'autant plus dommage puisque les couvertures de Penet sont superbes, les dessins sont par moment très bons et à d'autres instants semblent figés voire volontairement grotesques (par exemple le visage de Marie dans le volet 2 et 3).
Le scénario va accumuler donc les raccourcis/incohérences mais également précipiter les évènements (Marie qui est séduite par Frédéric en quelques pages, le combat entre les deux furies…). Passé le premier album, le style emprunte à Batman et aux comics sans vraiment crier gare, ce qui toutefois aurait pu marcher s'il y avait un peu d'ordre dans ce désordre.
Je ne mentionnerai pas la vulgarité gratuite, l'érotisme racoleur omniprésent, les anachronismes et les cadavres découpés au sabre. Le tout m'a finalement laissé une impression de gros gloubi-boulga teinté de rouge et noir, qui lorgne vers le nanar.
N'étant pas fan de comics, je n'en lis que très rarement et très exceptionnellement. Puis je suis tombé sur la critique du membre @Captain_Eraclés qui m'a finalement donné envie de lire ce 'one-shot' avec Frank Castle au Viêt-Nam en train de dézinguer des cocos au M16.
Effectivement c'est brillamment bien raconté, efficace dans les scènes de combat et bien sanglant comme il faut. Frank Castle n'est pas encore l'homme expéditif et violent qu'il deviendra, néanmoins on peut constater qu'il devient très à l'aise avec les armes à feu et autres objets tranchants.
Un récit de guerre basique, des morts, des explosions au napalm, de bonnes références en pagaille (Rambo, Full Metal Jacket, Platoon), et au final une très bonne lecture.
Un premier album retraçant l'histoire du pirate français Olivier Levasseur, dit 'La Buse', dans les Indes Orientales à la fin du XVIIe siècle. Ce dernier est passé à la postérité pour avoir amassé et dissimulé un trésor inestimable à un emplacement connu de lui seul (un peu comme le capitaine Kidd).
Autant le préciser tout de suite: le niveau de qualité n'a jamais été aussi élevé à ce jour de la part de Delitte. En effet, l''album est visuellement superbe avec de très belles doubles pages qui pourraient très bien être des tableaux tant elles sont magnifiques.
L'histoire est scindée sur plusieurs personnages mais il n'y a aucune perte en ligne et tout se termine en apothéose sur l'abordage du fameux navire portugais, le 'Nossa Senhora do Cabo'.
Un très bon cru sur une légende de la piraterie, moins mis en avant que d'autre.
Après un dernier album scénarisé par Cauvin (T.64) très moyen et une reprise catastrophique (T.65), j'avais arrêté la série et pensais passer à autre chose. C'était sans compter ce nouvel opus qui titillait mon regard en grande surface et qui ne demandait qu'à être lu. Après lecture, je suis soulagé de dire que la barre a été (heureusement) relevée.
Bon soyons clair, ce n'est pas un chef d'œuvre et il ne s'y passe pas grand chose au final. Néanmoins, le scénario écrit par Kris ajoute un côté plus brut de décoffrage dans le sens où nous revenons à la réalité meurtrière de la guerre.
Il y a bien entendu de l'humour mais moins qu'à l'accoutumée. J'ai aussi noté la qualité de certains dialogues bien amenés et piquant par moment. L'histoire globale m'a rappelé l'excellent album 'les cousins d'en face' par instant, même si cet opus n'en atteint jamais la qualité.
Au dessin, Lambil est fidèle à lui-même et à 86 ans passés, on peut dire qu'il a du mérite de continuer.
Un album sympathique, sans prétention, mais largement mieux que le précédent (ce qui n'était pas difficile). J'attends de voir les opus suivants avec de nouveau Kris à la barre.
Buck Danny Origines ou la série 'spin-off' destinée à nous relater la jeunesse du célèbre pilote de Charlier Hubinon. La première question qui m'est venu à l'esprit aura été: est-ce vraiment nécessaire de raconter les origines de Buck sans Tuckson ni Tumbler ?
D'un côté, je vois une mode opportuniste et lucrative destinée à surfer sur la nostalgie (comme à Hollywood) en lançant des séries dérivées, parfois au détriment de la qualité et/ou de tout respect envers les lecteurs.
D'un autre côté, l'idée est louable de donner plus de profondeur au personnage principal, qui demeurait mystérieux sur bien des aspects (raison de son célibat, relations familiales, sa passion pour l'aviation). Néanmoins, ce côté mystérieux, quant à ses origines, laissait aux lecteurs le soin d'imaginer eux-mêmes ces éléments.
Avec ce double album, nous aurons donc le droit à des explications/révélations à propos du père de Buck Danny, des moments d'émotion avec sa mère notamment au début et à la fin, sans oublier les scènes de bataille aérienne lors de l'épisode de Guadalcanal.
Guiseppe de Luca a repris le style d'Hubinon d'avant l'album 'Ciel de Corée' d'où un aspect très rétro qui se dégage. Yann a également singé le jargon et le style de dialogue de Charlier de cette époque avec par exemple: "Les avions des copains vont vous expédier danser le boogie-woogie avec les sirènes chez Neptune!".
En revanche, des erreurs historiques au niveau matériel (le radar FD-2) et avions seront également de sortie. Je pense surtout à des hydravions bombardiers japonais lourds et peu maniables attaquant des porte-avions américains !?! Ils auraient été abattus de loin bien avant d'avoir largués la moindre bombe.
Ce diptyque est au final sympathique à lire mais cela ne constitue en rien une obligation pour les fans de Buck Danny.
Un diptyque qui porte très bien son nom: 'Back to Perdition' et effectivement le lecteur va plonger dans les eaux troubles avec une histoire bien sordide à souhait.
Angie et Mayaw s'aiment. La première est la fille d'un propriétaire-éleveur blanc de crocodiles, tandis que le second est un aborigène effectuant le travail d'esclave pour le père d'Angie. Après la découverte de cette liaison cachée, les deux amants vont essayer de fuir le racisme, la ségrégation, la violence et la soif de vengeance paternelle.
C'est une œuvre qui ne laissera absolument pas indifférent qui que ce soit tant elle est d'une noirceur abyssale et sans concession. Ici, tous les personnages vont en prendre plein la figure tant psychologiquement que physiquement.
L'histoire qui s'apparente sur une grande partie à une traque, emprunte les codes de l'horreur pour mieux restituer la sauvagerie humaine. De plus, il se dégage une tension bien palpable accentuée par l'ambiance humide et poisseuse du 'wet' (ouragan australien).
Les dessins sont magnifiques et sublimes avec de belles compositions de couleurs et lumières, jouant sur le contraste entre le ton sombre pluvieux et le jaune pour le bush.
Le racisme larvée des Australiens envers les Aborigènes sera exacerbé via un langage grossier et des insultes en tout genre (il y en a même un peu trop). Le racisme de certains Aborigènes envers Angie et Mayaw sera également mis en avant, apportant de la nuance.
Une plongée en enfer impitoyable et violente qui se lit avec délectation et angoisse, néanmoins certains défauts sont à soulever, à commencer par le parallèle peu subtil entre le père et le crocodile coincé dans la mare, le deuxième opus qui tombe dans les délires mystiques et autres rituels aborigènes (c'est un peu le passage obligé quand on traite de ce peuple) et la fin qui m'a laissé dubitatif.
Une histoire bien noire pour un diptyque d'exception.
Après un premier volet qui introduisait la géopolitique de l'époque (1634), les us et coutumes des cosaques et les différents personnages, nous poursuivons l'initiation de Karlis afin de devenir cosaque via un vote entre les différentes factions composant cette micro-société. Ce vote va être mis en péril par un ancien compagnon d'arme, Emelyan, rempli de griefs à l'égard de Zahra et Sachko.
Une suite bien ficelée au niveau scénario: c'est simple mais efficace. Les dessins de Guillo et Toulhoat sont superbes (je pense notamment à certains environnements extérieurs) et l'action est lisible dans les combats.
J'ai bien apprécié la fin avec Karlis qui fait figure de médiateur et tente d'apaiser les tensions entre les différents belligérants. Certains dialogues sont par ailleurs bien écrits (la tirade de Matviy notamment).
Un cadre géopolitico-historique peu connu, une peuplade réputée pour sa férocité au combat, une histoire classique mais bien remplie, des dessins et couleurs appréciables: une série à suivre de très près.
Après Kenya, Namibia et Amazonie, nous retrouvons de nouveau l'espionne Kathy Austin au service de sa Majesté en Ecosse pour des vacances qui ne lui seront pas reposantes du tout.
Ce nouvel arc permet d'admirer les magnifiques décors du Nord du Royaume-Uni entre lochs, landes et falaises escarpées. Les auteurs nous proposent de revenir sur une partie de la jeunesse de l'héroïne, le tout entrecoupé d'espionnage, d'apparitions surnaturels, de 'crop circles' et autres méchants russes intriguant autour d'un mystérieux artefact.
Le dessin manque parfois de détails mais dans l'ensemble, la copie rendue par Marchal est de bonne facture. L'intrigue est bien menée sans réellement de temps mort.
Les nouveaux personnages sont bien campés et il faut noter le 'retour' d'un personnage de l'arc amazonien qui était parti mener une enquête pour la Bram Stoker Society en Transylvanie et aux États-Unis. Son retour demeure encore un mystère par bien des aspects.
Ce nouvel arc est appréciable à lire avec un bon whisky à côté.
Suite des aventures de l'agent-secret anglaise Kathy Austin, envoyé au fin fond de la jungle amazonienne à la recherche d'une créature difforme. En parallèle, d'anciens nazis cherchent à retrouver un sous-marin abandonné, objet de beaucoup de convoitises.
Léo et Rodolphe continuent les aventures de l'espionne anglaise après Kenya et Namibia, avec toujours le même cocktail teinté d'exotisme, d'animaux, de surnaturel pour un menu copieux mais plaisant à suivre.
Le personnage de Jo est l'élément-pivot de cette aventure, objet de frayeur et de dégout à la manière d'un 'Elephant Man', d'ailleurs tout le folklore associé est présent (freaks, masque et autres expériences sordides). Les nouveaux personnages sont assez truculents, je pense au révérend fan de jazz et porté sur l'alcool et les femmes, le consul désabusé, le marin brésilien, la cantatrice allemande…
La fin m'a paru par certains aspects un peu expédié, mais le plus problématique pour moi aura été l'enquête des deux anglais en Roumanie et aux Etats-Unis traitant de vampirisme et d'extra-terrestre à la Roswell, cela ajoute inutilement de la matière et ralentit le tempo des intrigues, pour une histoire qui pouvait uniquement se focaliser sur la mission de Miss Austin.
Une série de bande-dessinée ayant pour thème… le café.
Nous suivons les pérégrinations en Amérique Latine d'Albane Laroche, une spécialiste du café grâce à un odorat plus affuté. Cette dernière travaillant pour une société de commerce équitable, se retrouve plongée dans une sombre histoire impliquant des traders de Wall-Street, des Colombiens susceptibles, des commerçants brésiliens aux abois, des dirigeants avides d'argent…
Corbeyran est au scénario et il connaît bien son affaire. L'écriture est classique mais efficace et les péripéties s'enchaînent sans déplaisir mais sans réel investissement de ma part. En effet, il manque des scènes un peu plus 'marquantes' et des personnages plus haut en couleur: ici c'est très réaliste et terre à terre. En soi, ce n'est pas mauvais, cependant rien qui ne m'ait réellement surpris ou sorti de ma zone de confort.
Ce triptyque a au moins le mérite de proposer une approche didactique vis à vis du café: c'est notamment expliqué par des dialogues entre Albane et son assistant brésilien.
Cela se laisse lire sans déplaisir mais rien d'inoubliable pour ma part.
Pierre Alary nous revient avec un 'one-shot' revisitant le mythe fondateur de Zorro.
Visuellement, l'auteur a appliqué de la trame japonaise et opté pour un format de type comics (assez inhabituel au demeurant). Les enchaînements et découpage sont au service d'une intrigue assez simple, pour une lecture fluide sur 87 planches.
M. Alary n'avait visiblement pas les droits sur leur totalité et n'a pu faire intervenir le sergent Garcia, le cheval Tornado et le serviteur Bernardo (ce dernier apparaît néanmoins en caméo), ce qui est dommage.
Un très bon album qui aura eu le mérite de me redonner envie de visionner le très bon film 'Le Masque de Zorro'.
Avis global portant sur les quatre tomes parus à ce jour.
'Nevada' s'apparente à un western se déroulant dans les années 20 du côté de la Californie, que l'on pourrait résumer de la façon suivante: un homme de main taciturne mystérieux chevauchant son fidèle destrier (une belle Harley-Davidson) qui règle des différents impliquant des célébrités hollywoodiennes, tout en cherchant vengeance d'un certain Carlsen.
Les décors de Wilson sont superbes et rappellent qu'il a œuvré par le passé sur 'La jeunesse de Blueberry'. Le charme de l'ancien Hollywood est bien là également de même que les histoires sordides inhérentes à cette industrie du rêve, à une époque où le parlant faisait son apparition.
Le scénario des trois premiers opus est finalement assez basique: une chasse à l'homme sur chaque volet pour XY raisons, le tout mêlant fusillades, actions, courses-poursuites motorisées, dialogues teintés d'humour, références cinématographiques à foison. Le cocktail est bien dosé et se laisse lire sans déplaisir.
J'émet un bémol relatif à certaines séquences d'action parfois "brouillonnes" dans le sens où la distinction entre différentes personnages et l'enchaînement dans l'action ne sont pas forcément clairs du premier coup.
Là où les trois premiers volets nous lancent sur une histoire de stars à escorter ou récupérer, le quatrième opus revient plus en détail sur la jeunesse des protagonistes et leur lien avec Jack London, marquant une vraie césure au sein de sa narration.
Voilà un thriller rural en 'one-shot' qui titillait mes yeux depuis un moment avec cette couverture rouge sang et les trognes patibulaires de mafiosos au premier plan.
Pour le postulat, nous suivons donc Aldo, un membre de la pègre juste sorti de prison, et se retrouvant dans une histoire rocambolesque mêlant la Mafia italienne, des tueurs à gage, des policiers un peu niais, des politiciens véreux, un chien, des porcs et des cadavres à la pelle.
L'auteur mélange les genres et les clichés pour notre plus grand bonheur: gangster, comédie, polar et même horreur par moment et cela accouche en un joyeux cocktail explosif au niveau univers, narration, personnages et dialogues.
Malheureusement, le dessin, lui, n'est pas à la hauteur, cela ressemble à du cartoon sans en être et cela manque de détails ou de précision à pas mal d'endroits, dommage.
Le résultat est au final peu convaincant malgré son mélange d'humour et son côté film des frères Coen. Cela ne sera pas non plus une lecture inoubliable pour ma part.
Une histoire se déroulant à Douelle dans le Lot, et ayant pour sujet une enquête policière en 1960. Nous y suivons donc un inspecteur de Cahors, qui cherche à démêler le meurtre par noyade de plusieurs filles, impliquant plusieurs suspects dont Octave, un handicapé souffre-douleur du village.
Le style de Gilles Aris est, disons-le, très singulier et ne laissera pas indifférent: on aime ou on n'aime pas. J'ai noté un jeu sur les couleurs et l'encrage sur pas mal de cases, démontrant la large palette de compétences des auteurs. La rupture par chapitrage créé une gradation au niveau de l'enchaînement des péripéties et autres révélations.
Le scénario explore différentes thématiques et brouille les pistes jusqu'à la révélation finale, me poussant à la relecture afin d'en saisir tous les éléments. Les spectres de la Seconde Guerre seront bien présents et accentuent les blessures non-cicatrisées et autres inégalités sociales de cette France profonde.
Un bon 'one-shot' socio-rural qui réussit l'exploit de synthétiser beaucoup de choses en une soixantaine de pages.
Barney Stax est le cliché sur patte du détective privé, désabusé alcoolisé, taciturne et plongé dans une histoire de mari plombier trop fidèle à sa femme aguicheuse pour être honnête.
James et Guerse revisite les archétypes et autres clichés du film noir et d'espionnage en y insufflant des bons mots, de l'humour grivois, des références, de l'absurdité, dans le but de détourner les codes pour mieux en rire.
C'est mis en page par case de trois en trois lignes séparées à l'image des planches comiques à chute. Le dessin est simple et souligne davantage le détournement et le non-sérieux de l'intrigue global.
C'est amusant et sympathique dans l'ensemble mais sans plus. Pour ma part, aussi vite lu, aussi vite oublié.
Adaptée d'un roman de Bernard Minier se déroulant dans les Pyrénées, 'Glacé' nous permet de suivre un duo de policier/gendarme en charge d'une enquête sordide impliquant des corps mutilés et l'ADN d'un tueur en série interné dans un centre à proximité des lieux du crime.
L'exercice d'adaptation d'un livre vers le format bande-dessinée est toujours très compliqué, puisqu'impliquant un nombre de pages limité et parfois un style d'écriture incompatible avec tout autre format.
Néanmoins, les auteurs Philippe Thirault et Mig réussissent un adaptation de très bonne tenue en une centaine de pages. Evidement, des passages ont été tronqués/raccourcis voire s'agencent parfois de façon maladroite (je pense à une poursuite en voiture en deux planches p.35).
Pour le reste, c'est du très bon avec une immersion dans les paysages glacés du sud-ouest français, un petit côté 'Seven' et 'Silence des Agneaux' comme référence et des personnages solides.
L'histoire est pleine de rebondissements et d'indices sur l'identité du tueur, sublimé par les dessins de Mig en adéquation avec le fond noir sur chaque page. Malgré une voire deux petites facilités d'écriture (le coup de Martin qui se fait assommer), c'est un plaisir de suivre cette intrigue sombre et tortueuse pour peu que l'on soit client du genre.
Le dernier livre de la jungle ou la suite non officielle du 'livre de la jungle'.
Oubliez la version pour enfant, place à la dangerosité, à la violence et à la dure réalité de la vie ! Ici Mowgli nous relate son enfance en compagnie des loups et son rapport au tigre Shere Kan qui ne cessera de revenir le hanter, dans une première partie (tome 1 et 2) se déroulant exclusivement dans la jungle.
La seconde partie (tome 3 et 4) mettra l'accent sur la transformation de Mowgli découvrant les Hommes, la civilisation occidentale et l'amour pour une suite inédite par rapport au matériau de base.
Cette édition intégrale (2012) est agréable puisque Henri Reculé a retravaillé les planches pour un meilleur rendu des premières versions datant de 2004.
Le scénario n'est pas en reste puisque le tour de force des auteurs aura été de dépeindre la jeunesse de Mowgli puis sa fin de vie tout en y imprimant les thématiques de Kipling, mais surtout l'histoire de la vie avec son lot de joies, de beautés, d'incohérences, de bêtises… sans pour autant trahir le personnage de Mowgli ni ses fidèles amis Baghera, Baloo, Kaa...
Une relecture du mythe plus sombre, plus mature et plus intéressante que la gentillette version de Disney.
Suite des pérégrinations de nos hérauts, en compagnie de Marie, qui poursuivent leur travail de référencement dans la France moyenâgeuse.
Dans ce nouvel opus, il sera question d'un blason, objet de discorde, entre deux fiefs voisins de quelques lieues. Il y a toujours ce côté 'Sherlock Holmes' via les déductions de Landri et une enquête policière développée sur un album.
Je suis légèrement déçu par un certain choix scénaristique ajoutant du drame à l'intrigue principale (je ne dévoilerai rien). Autrement, c'est toujours un plaisir à lire et à suivre, avec une histoire moins alambiquée que la précédente.
Avec cet ultime opus de 'la Venin', il est venu l'heure des explications et autres révélations sur le pourquoi du comment du peut-être.
Nous aurons donc la droit à une apparition de quasiment tous les précédents personnages encore vivant et une conclusion pour chacun et cela au détriment de la cohérence du scénario. En effet, c'est capillotracté à l'extrême et il faut digérer des retournements et autres éléments difficilement plausibles.
Au fil de cette aventure, il y aura eu un thème qui sera revenu tout le temps et qui atteint son paroxysme ici, il s'agit de la manipulation: tous les personnages auront été manipulés à leur détriment pour des enjeux qui les dépassaient. Finalement la Venin saura se défaire de tout pour redevenir maîtresse de son destin.
Au final, une saga qui aura été sympathique à suivre dans son ensemble malgré son flagrant manque de subtilité, ses incohérences et ses gros sabots lourds bien progressistes dans la figure du méchant patriarcat blanc hétérosexuel raciste phallocrate oppressif !
'Kidz' aurait pu être une énième histoire de zombies comme il en existe des centaines. Néanmoins, les auteurs ont su injecter un peu de nouveauté dans un genre en putréfaction: une bande d'ados et une temporalité bien après l'invasion des morts-vivants (il n'y en a que très peu au final).
Cette bande d'ados/enfants que nous allons suivre peut paraître très cliché sur beaucoup d'aspects, mais nous allons assister à un peu plus de nuance au fur et à mesure des trois tomes, en se focalisant plus sur l'aspect survie au quotidien.
C'est rythmé et visuellement très clinquant dans le bon sens du terme, les jets d'hémoglobine seront bien évidemment de la partie. C'est tantôt violent, émouvant et parfois drôle avec un bon dosage des genres.
Les auteurs ont décidé de jouer la carte de la référence cinématographique ('Bienvenue à Zombieland' entre autre) au détour de pas mal de planches, graphiquement et/ou au niveau des dialogues, le dernier tome en est le plus chargé. Il y a même un côté méta prononcé dans ce dernier opus avec le couple de vieux, notamment au début.
On notera le tacle adressé à Donald Trump au détour d'un slogan dans le dernier volume, c'est un peu facile et anachronique vu la date de sortie dudit volume (Janvier 2023), c'est Papy Joe Bidon qui 'dirige' les Etats-Unis actuellement.
Une bonne trilogie visuellement très dynamique/colorée qui ne s'éternise pas. A réserver aux derniers amateurs de zomblards.
Ce 'one-shot' est magistral à tous les niveaux: découpage, dessins, écriture des personnages, dialogues, décors… Une réussite qui tire son épingle du jeu avec une historie racontée du point de vue des Amérindiens (c'est assez rare pour être soulevé).
J'avais peur d'une œuvre manichéenne sans grand nuance: il n'en est rien, bien contraire, l'auteur donne à réfléchir à différents moments sur la nature humaine de façon globale.
Une œuvre-somme qui se hisse aisément parmi les meilleures de l'année 2022 et de la décennie en cours.
Un deuxième et dernier opus portant très bien son titre "Carnage", puisqu'ici les cadavres vont s'accumuler, l'action s'enchaîner vitesse grand V et les destins des différents protagonistes s'entremêler pour le meilleur mais surtout pour le pire !
Les dessins de Macho et les couleurs d'Aguirre sont superbes, doublé de surcroît par un découpage dynamique et efficace.
Au final, un diptyque de très bonne qualité que je ne peux que recommander.
Voilà une série plus que prometteuse tant par son univers que par son anthropomorphisme insectifère.
Nous y suivons les aventures d'un puceron, Bug, mêlé à une histoire de plastique au sein d'une société composée d'insectes divisée par classe et type. Le mélange anthropomorphisme et culture romaine antique accouche d'un résultat plus que séduisant, bien mis en valeur par les décors et dessins de Nicolas Signarbieux.
La trame scénaristique est très classique: un personnage principal accusé et déchu, découverte des inégalités sociales, péripéties avec alliés/opposants… pas de doute, nous suivons bien le parcours initiatique du héros qui va se révéler.
Assez étonnamment le meilleur personnage, pour moi, n'est pas tant Bug mais bien son amie, Sagawa la mante-religieuse. En effet, à la fois inattendue, attachante, débrouillarde et très imposante physiquement, cette dernière vole la vedette au puceron chétif.
Ce premier opus est un très bon cru alliant la dénonciation des méfaits de l'Homme sur l'environnement, les jeux de pouvoir et autres jeux du cirque. La fin de cet album annonce un virage plus orienté aventure marine.
La rencontre au sommet entre Van Hamme et Hermann pour un one-shot d'excellente facture.
C'est au départ inspiré d'une histoire authentique (du moins le postulat), à savoir une lune de miel gâchée par une tomate à la crevette pas très fraîche, dans un restaurant normand au fin fond de la campagne, et qui va dégénérer en règlement de comptes.
L'histoire est excellemment maîtrisée de A à Z d'un point de vue narratif. L'œuvre pointe du doigt la bêtise humaine, l'orgueil, la lâcheté, l'infidélité, le sadisme, les rapports de classe dominants/dominés, l'opposition campagnard/villageois… avec un sens de l'équilibre et du dosage quasi-parfait. Seule la fin abrupte m'a laissé… sur ma faim, une conclusion-bilan aurait été plus intéressant, je trouve.
Hermann s'est décarcassé afin de bien dissocier au maximum tous les personnages présents, même si certains se ressemblent beaucoup. Certaines succession de cases et enchaînement sont superbes et le tempo va crescendo jusqu'à ce final ensanglanté.
Un des meilleurs 'one-shot' d'Hermann, un opus qui se hisse parmi les meilleurs ouvrages de la bande-dessinée moderne.
Yacht people ou le détournement du film 'Piège en haute-mer' version trash écrit par Soral et Dieudonné.
Ce diptyque est peut-être le doigt d'honneur ultime de ces polémistes envers un système hypocrite, malsain et malhonnête. Non seulement la critique du 'show-business' y est féroce et sans concession, mais également tout ce qui en découle (magouilles politiques, manipulations journalistiques, démocratie à coup de bombes…).
Inutile de préciser que les auteurs ont décidé d'y aller franchement dans la caricature et la surenchère, un peu à l'image de nos sociétés occidentales actuelles: c'est vulgaire, décadent, hédoniste et superficiel à l'extrême. L'action sera omniprésente sur les deux opus jusqu'à ce final explosif digne des grosses productions hollywoodiennes.
Le dessin de Zéon fait le travail et je salue les multiples représentations des innombrables personnalités présentes dans les deux albums, même si certaines sont parfois bien gratuites (BHL par exemple).
Les allergiques aux deux polémistes en seront pour leur frais, les autres découvriront avec bonheur cette peinture au vitriol, doté d'un humour politiquement incorrect et parfois bien noir. Pour ma part, j'ai pris bien plus de plaisir à lire ce délire artistico-politique que le pitoyable 'ministère secret' de Sfar et Sapin.
Suite et fin de l'histoire initiée dans le volet précédent avec cette histoire de tueur masqué au kunais empoisonnés.
Le présent album est encore très classique et terre-à-terre avec en point d'orgue un bon gros duel entre Takeo et un adversaire pugnace à sa hauteur.
Du classicisme certes, mais qui au moins se termine sur les retrouvailles entre Sayuri et Takeo: une conclusion parfaite me concernant pour une série qui tire un peu trop sur la corde depuis un moment (nombre conséquent de volumes, séries dérivées à l'intérêt discutable).
Quelques mots sur le dessin: Mormile a su relever le niveau depuis le tome 10 et maintenir un très bon niveau de qualité visuelle.
Blackjack ou l'épopée d'une bande de gamins dans le New York de la Prohibition qui va se retrouver mêlé aux sordides histoires de gangsters italo-siciliens, avec à la clé, un pactole de quatre millions de dollars.
Cette édition intégrale m'a permis de me plonger dans cette série que je ne connaissais pas et grand bien m'en a pris !
Le scénario est savamment construit avec son lot de péripéties et rebondissements, mais également un subtil dosage entre le monde de l'enfance confronté à la violence et réalité du monde adulte.
Steve Cuzor a fourni un excellent travail accouchant de quatre opus avec un dernier album qui conclue brillamment ce qui a été bâti précédemment. Mention spéciale à l'encrage et couleurs donnant une facture 'rétro' à cette œuvre.
Les décors sont calqués sur des œuvres bien connus ('Il était une fois en Amérique' notamment) pour une bonne immersion. Seul bémol, la qualité de certains portraits laissent à désirer dans le sens où la différenciation est parfois confuse.
Enfin le personnage de Peanuts est pour moi le personnage le plus insupportable de cette série: lâche, idiot et pleurnichard: il n'est rien de plus qu'un gros boulet qui va provoquer le plus de catastrophes tout au long de l'histoire. Heureusement l'auteur lui a réservé une "certaine" progression scénaristique et au final la rédemption.
Une bonne série à découvrir.
Jonathan Munoz nous revient avec un nouveau 'one-shot' de son cru biberonné à et édité par Fluide Glacial.
Pour l'histoire, nous allons suivre Joshua travaillant dans un café parisien et amoureux de Dara, une autrice de bande-dessinée pour un journal. A l'aide d'une collègue et d'un client, il va tenter de la découvrir via son œuvre et de la séduire.
Une bande-dessinée traitant de la bande-dessinée, des lecteurs et des diverses interprétations possibles, entrecoupée de planches d'histoires aussi tordues que délicieusement noires: voilà ce qui attend le lecteur averti. J'étais impatient de retrouver le mordant de Munoz et son sens du politiquement incorrect exacerbé, ce qui est d'ailleurs toujours le cas ici. Le tour de force global est d'avoir su dessiner dans plusieurs styles tout en jouant sur les transitions et les ruptures de ton.
Pourquoi donc est-ce que je lui attribue une note aussi sévère ?
Pour commencer, le discours naïf bien gentillet qui ressort à un moment donné, je cite: "j'ai vu… qu'on est tous différents". MDR j'ai envie de dire.
Et surtout, la planche page 55, le coup de l'homme blanc qui siffle une africaine dans la rue ou quand la malhonnêteté intellectuelle l'emporte sur le réel, c'est majoritairement plutôt le fait coutumier d'une certaine catégorie de "jeunes" d'origine d'Afrique du Nord qu'il ne faut surtout pas stigmatiser selon certains. Du ethniquement correct qui n'a pas sa place ici.
Dommage pour ces quelques ratés, j'espère que l'auteur se rattrapera la prochaine fois.
Après le succès de 'Go West Young Man', Tiburce Oger nous revient avec un nouveau recueil cadavre exquis dessiné par plusieurs grand noms de la profession. Cette fois-ci, l'exercice sera davantage centré sur la culture amérindienne et son extinction avec l'arrivée des colons européens et la conquête de l'Ouest.
Chaque histoire met en scène une tribu différente avec une histoire se déroulant sur plusieurs heures, jours voire années. Le fil d'Ariane entre chaque récit correspond à chaque fois à un personnage qui va revenir. Ici les Blancs ont majoritairement et malheureusement le mauvais rôle, heureusement il y a de la nuance et des exceptions bien amenées en terme d'écriture.
Chaque lecteur aura ses préférences graphiques et techniques suivant l'auteur concerné. Pour ma part, c'est toujours autant un régal, la qualité est au rendez-vous et je ne peux qu'en recommander la lecture.
Avis global sur les six albums.
Frank Lincoln est détective privé et très porté sur le whisky et les cigares. Vivant seul avec sa fille Jean à Anchorage dans le Grand Nord, il cherche à élucider la disparition de sa femme cinq ans auparavant sans pour autant avoir eu du neuf. Epaulé par un nouvel équipier inuit, il va se replonger dans cette affaire qui le mêlera à beaucoup de problèmes et de cadavres.
Avec son air à la Stallone, son magnum à la ceinture, ses bottes en cuir, Frank Lincoln est un héros 'bad-ass' que l'on va prendre du plaisir à suivre. Ici nous sommes dans un bon récit policier à l'ancienne avec ses dialogues parfois vulgaires, des cadavres à la pelle, de l'action, de la baston, des fusillades et autres explosions.
Cela aurait pu tomber dans l'excès, il n'en est rien: le dosage est très bien équilibré et chaque album apporte un élément de plus à l'enquête globale.
Les personnages sont profondément humains avec leur lots de qualités, de défauts et d'incompréhension. Cela tire l'ensemble davantage vers le haut.
Marc Bourgne compose de belles planches mettant à l'honneur Anchorage et l'Alaska sauvage. Il y aura un petit détour à Tokyo et Kyushu dans le tome 5, avant de finir à San Francisco dans le dernier album.
J'ai bien apprécié l'ensemble pour une histoire qui possède une fin en bonne et due forme.
Il est temps pour moi de parler de ce premier opus conséquent (au niveau de la pagination et de son poids) revenant sur l'histoire des naufragés du Batavia en 1629 sur une île perdue du Pacifique. Cet album est inspirée d'une histoire vraie et a déjà été adapté en 2008 par Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx pour un résultat impressionnant par son rapport distancié avec Jéronimus, la tension qui s'instaurait au fur et à mesure et son aspect impressionniste magnifique.
Par rapport à cette nouvelle monture menée par Xavier Dorison et Thimothée Montaigne, il y a pas mal de choses à dire.
Le rendu visuel est magnifique que cela soit vis à vis des décors, du navire lui-même: c'est un régal pour les rétines. Les personnages lorgnent du côté de Mathieu Lauffray rappelant l'excellent triptyque consacré à Long John Silver (un des marins lui ressemble à un moment donnée, clin d'œil j'imagine).
Mes reproches portent sur le personnage principal à savoir le sociopathe apothicaire Jéronimus Cornélius. En effet, il est extrêmement verbeux et nous avons le droit à sa 'voix en off' tranchant avec le Jéronimus de la version de 2008 plus silencieux et plus inattendu.
Nous avons le droit à la critique de la religion, mais protestante luthérienne cette fois-ci, soulignée avec les commentaires athées de Jéronimus et d'autres personnages un peu trop insistant (par ailleurs il n'y a pas "messe" chez les protestants réformés comme indiqué à la page 32).
Le scénario est riche en trognes, en rebondissements et autres éléments classiques à ce registre, d'ailleurs cela commence à être un peu trop évident. En effet, depuis 'Long John Silver', certains éléments scénaristiques sont devenus un peu trop téléphonés à mon goût: la cargaison d'or convoyée par les pires marins du monde, que pourrait-il arriver de mauvais en chemin ? La séquence de punition au fouet, le capitaine qui refuse de faire une escale augmentant la grogne des matelots, la grosse tempête…
Dans tous les cas, je salue la restitution fidèle d'un trajet en haute-mer avec toutes les conditions qui y régnaient (chaleur, scorbut, odeur d'urine, nourriture avariée, privations).
Malgré ses menus défauts, un premier tome de très bonne qualité.
Cet opus est la fin de la piste pour Duke qui mène son baroud d'honneur afin de délivrer Peg des mains du sinistre M. King et de ses sbires.
Tous les personnages auront soit souffert, soit été blessés, soit été exécutés, soit les trois à la fois. Dommage d'éliminer quasiment tous les personnages du récit juste pour enfoncer le clou, on a bien compris le message: noir, c'est noir comme disait un certain chanteur.
Autant les décors sont de toute beauté sur certaines cases, autant le visage des personnages par moment aurait pu être plus affirmé. On sent également une forme de précipitation: le manque de détails sur certaines cases et les loups qui font peur à voir mais pas dans le bon sens du terme.
Autant j'ai apprécié cette saga depuis ses débuts malgré ses défauts, autant cette conclusion est loin de me satisfaire au regard des éléments précédemment énoncés.
Album où se mêle l'ennui et l'inintérêt, en cela, c'est bien dans la continuité du précédent qui était catastrophique à un niveau jamais atteint dans cette saga.
Je ne vais pas en rajouter davantage puisque cela s'apparenterait à tirer sur l'ambulance au bazooka.
Un western en un album se déroulant à la fin de la sanglante guerre de Sécession mettant en jeu un sergent nordiste afro-américain et un sudiste homme de main de Quantrill. Ce duo improbable va se retrouver face à plusieurs situations dangereuses jusqu'au moment où la chaîne (physique) les reliant va être rompue, il n'en sera rien de la chaîne émotionnelle qui subsistera jusqu'à la fin.
En 56 planches, le récit est mené sans vraiment de temps mort (à une voire deux exceptions) et va à l'essentiel dressant le portrait de deux hommes que tout semble opposer au départ. C'est également le portrait d'une Amérique sauvage, violente et qui ressort meurtrie d'un conflit fratricide et pour lequel les plaies ne cesseront jamais de rester ouvertes.
Genzianella livre un travail soigné avec un découpage bien pensé malgré la faible pagination et bien amené (je pense notamment aux moments d'émotion).
Depuis le film d'Inaritu, ' The revenant', j'ai comme l'impression qu'il faut une scène de combat avec un grizzly et ce dans beaucoup d'œuvres de ce type (West Legends Sitting Bull ou le dernier film avec un Predator).
'Stalingrad Khronika' ou la chronique d'un tournage durant la meurtrière bataille de Stalingrad en 1942. En effet, nous allons suivre quatre personnages chargés de mener à bien la mission consistant à réaliser un film patriotique à la gloire de l'Armée Rouge et indirectement à Staline. Cette plongée dans le chaos est au départ habilement bien écrite via ses différents personnages ayant chacun des motivations très diverses et cherchant à s'en sortir vivant au détriment de son prochain.
Entre le commissaire politique Kazimir, obligé malgré lui de gérer ce tournage tout aussi chaotique que la bataille qui fait rage, Simon, ancien directeur cinématographique et ex-bagnard des camps de rééducation sociale de Staline, Jaroslav, le lâche et pitoyable cinéaste profitant de la position de son oncle pour se protéger et enfin, Igor, soldat idéaliste et un peu trop formaté par le régime, tout ce beau monde forme une belle équipe de bras cassé dont on se demande bien comment ils vont finir.
Cette édition intégrale permettant la fusion de deux albums en un seul est très bavard. Chaque personnage ou nouveau personnage rencontré fera l'objet de longs dialogues où chacun cherchera à s'en tirer soit par supériorité hiérarchique soit à coup de flagornerie ou manipulation. Vu le cadre du récit, les auteurs ont bien injecté à chaque situation l'absurdité du système soviétique de Staline (on ne recule pas devant l'ennemi).
Au dessin, Frank Bourgeron s'est orienté vers une mise en page très théâtralisée. En effet, les décors sont soit peu marqués soit effacés. L’attention se porte finalement plus sur l'expression et les dialogues des protagonistes qui finissent par porter à eux seuls le récit, jusqu'au final où chaque élément dissimulé sera révélé au grand jour.
J'ai suivi sans déplaisir cette petite histoire dans la grande. Cela se laisse lire mais j'ai trouvé dommageable la surabondance de dialogues et le manque de décor par moment.
Kérioth, quatrième ville de la Confédération de la mer intérieure, voit ses ressources, le gaz de fermentation et l'hydraulique mécanique, baisser en même temps que le niveau d'eau de l'immense fleuve qui la fait vivre.
Deux modestes ouvriers scaphandriers, Alcéus et Siméon, sont recrutés au sein d'une équipe et mandatés par la ville pour partir à la recherche des causes de la baisse du niveau du fleuve. Sans le savoir ils font partie d'un plan ourdi pour faire tomber la ville…
Voilà une trilogie qui me laisse mi-figue mi-raisin pour diverses raisons.
Le scénario s'inscrit dans un univers steampunk et orienté sous-marin. C'est bien là la force principale de cette œuvre: l'univers est riche, beau et intéressant à comprendre et à explorer en compagnie de nos deux héros malgré eux. La politique et les différentes factions qui s'affrontent sont mis en avant de même que leurs magouilles et traquenards afin d'obtenir la place de dirigeant de Kérioth.
Le scénario est construit de tel sorte que les rebondissements, trahisons et complots politiques se succèdent au cours des trois opus. L'action, l'exploration et de joyeux parasites viendront s'inviter à la fête.
Malgré de belles planches et doubles planches de décors, le dessin global des personnages ne m'a pas marqué outre mesure, ce qui est dommage au vu du nombre conséquent.
Le plus problématique pour moi étant la fin complètement balancée, bâclée afin de clôturer au plus vite. C'est d'autant plus rageant qu'il y avait encore des éléments à fignoler ou développer (le groupuscule religieux, l'idylle entre Alcéus et Marion, la mort de certains méchants).
Eric Stalner est de retour ! Partant d'un postulat mêlant absurdité et enquête policière, nous suivons avec grand plaisir un récit sublimé par la qualité du dessin de Stalner (fidèle à lui-même) et d'un sublime noir et blanc teinté de rouge.
Le duo de personnages principaux est tout aussi truculent que bien écrit: un policier intègre aux méthodes discutables et une jeune héritière insouciante et pétulante.
Les autres personnages ne sont pas en reste avec des 'gueules' à l'ancienne (Lagloire et ses sbires, Maurice, le scientifique, le préfet).
J'ignore s'il aura une suite, néanmoins si tel est le cas, je suis preneur.
Un 'one-shot' ayant pour cadre la ville de Juarez au Mexique. Nous y suivons l'enquête d'un jeune homme, Gael, à la recherche de sa sœur dans un pays en proie aux cartels de la drogue et autres politic(h)iens véreux.
L'histoire est mené de main de maître par Nathalie Sergeef qui nous met face à une réalité peu mise en avant concernant les enlèvements et meurtres atroces de femmes à proximité de la frontière.
En 70 pages, le récit mêle plusieurs personnages plus ou moins innocents vis à vis des faits et parvient à capter l'attention jusqu'à un excellent retournement de situation, qui apporte une toute autre saveur à la relecture. Autant bien le préciser, les auteurs n'ont pas lésiné sur les cadavres et les effusions de sang.
Les dessins de Rouge sont superbes et les couleurs/filtres retranscrivent bien la chaleur oppressante du récit et de l'environnement.
Une très bonne bande-dessinée.
Suite des (més)aventures des cinq demoiselles, hors-la-loi malgré elles, dans ce deuxième volet qui reste dans la continuité du premier au niveau de la forme: c'est toujours très beau, très dynamique et un régal à suivre.
J'ai aussi bien apprécié le mise en abîme du braquage avec les multiples répétitions du groupe.
Pour le fond, c'est toujours autant la même tambouille, à savoir la revanche de la gente féminine, présentée avec toujours autant de subtilité qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine… et encore des facilités d'écriture (la dynamite dans le magasin, la Gatling qui tombe à point nommé, le puma de compagnie à la fin).
Au rayon nouveauté: le quota lesbien est finalement introduit. Ouf, me voilà rassuré ! Autrement, les personnages féminins prennent un plus d'épaisseur et c'est toujours appréciable.
Rodolphe revient mais sans Léo pour un 'one-shot' de Science-Fiction en compagnie d'Olivier Roman et Denis Béchu.
L'histoire se déroule sur une planète où la mer s'est retirée pour laisser place à un désert, mettant en péril les habitants de la Baie de Sprague (d'où le titre de cet album). Deux frères, Niels et Vivian, décident de traverser le désert afin de sauver leur village.
C'est à partir de ce pitch classique que débute l'album et je dois d'emblée dire que c'est beau. C'est très beau ! Il y a un charme 'vintage' qui se dégage à chaque page, en effet les habitants de cette planète et l'ambiance globale s'inscrivent dans un univers proche d'un jeu comme 'Célestia' avec un côté très 'steampunk' sans le côté technologique charbon/acier.
L'aspect graphique général et les couleurs de Béchu apportent un cachet 'ancien' voire suranné, c'est délicieusement agréable à l'œil.
Concernant l'histoire, c'est assez dommage sur plusieurs points. Nous suivons ce récit sans forcément de grande surprise ou retournement bien amené, c'est du classique vu et revu, seule la fin apporte un élément qui déjoue les attentes. Et puis quel dommage de se limiter à un 'one-shot', l'univers est tellement prometteur et riche que lancer une nouvelle série ne serait pas un problème.
Malgré ces quelques défauts, je salue le travail et la qualité visuelle.
Un nouvel opus des aventures de Blake et Mortimer doté d'une bonne intrigue géopolitique se déroulant des deux côtés du rideau de fer.
Le cahier des charges est respecté avec de la ligne claire, des descriptions, la présence d'Olrik, des avancées scientifiques plausibles, de l'espionnage et de l'action pour une histoire relatée sur un album.
Le menu est copieux mais pas désagréable: en effet, du début jusqu'au milieu l'histoire est bien posée et se tient parfaitement. Mieux cet album aurait même pu être excellent si certains défauts n'avaient pas pointé le bout de leur nez:
- Le changement de vêtement de cadavre un peu trop rapide pour être crédible
- Le conditionnement cérébral annulé après quelques heures de sommeil (!?!)
- Le sempiternel retour d'Olrik, à quand un nouveau méchant charismatique ?
- Un final anti-spectaculaire, assez décevant au vu du très bon traitement de l'histoire au début
Je serai presque tenté de dire que développer ce récit sur deux tomes aurait été plus judicieux et permis d'éviter certains des défauts énoncés au-dessus.
Au final, un bon album qui sera toujours bien mieux que 'Le cri du Moloch'.
'Tatanka' nous relate le combat militant de l'association du même nom pour la défense et la protection des animaux, même si cela implique des actions violentes et illégales. A la suite d'une opération qui tourne mal au sein d'une animalerie, certains membres vont se retrouver mêlés à une affaire bien plus épineuse impliquant l'Armée américaine, le FBI, des épidémiologistes du CDC, des journalistes, des 'Rednecks', des SDF… et des animaux un peu enragés sur les bords.
Je ne tarirai pas d'éloge à l'égard de cette série tant le travail fourni est d'excellente facture. Le dessin de Séjourné est impeccable et nous immerge bien dans cette histoire de virus avec des cases parfois bien crades sur des patients atteints ou sur l'entité (je déconseille la lecture avant de manger). Certaines cases sont de toute beauté et il y a un très bon jeu sur les regards des protagonistes ou animaux; parfois de très belles compositions (par exemple, Kim en train de s'automutiler et une affiche placardée au-dessus avec écrit "Help"). Le cadrage est bien fait et j'ai noté deux-trois séquences bien amenées émotionnellement (le vétérinaire qui termine d'achever le chien ou sa longue agonie à l'hôpital).
Le scénario est un quasi-sans faute: le récit est mené avec efficacité malgré la multiplicité des personnages en mode récit choral par moment. J'ai enchaîné les pages avec curiosité afin de connaître la suite jusqu'à cette fin assez particulière.
La force de Callède aura été de débuter son récit par une banale histoire de méchant virus avant de basculer dans l'anticipation pour finir sur une conclusion d'aucuns diront inattendue et peut-être décevante. Pour ma part, cela me paraît raccord avec le changement opéré et le parcours de chaque personnage.
En revanche, j'ai été plus mitigé par une voire deux facilités scénaristiques (Kim qui saute d'un toit avant de tomber sur Brian et qui finissent par rencontrer Geena au détour d'une ruelle en quatre cases).
Thématiquement parlant, cette œuvre est d'une richesse appréciable. Entre la critique des institutions, des conditions de détention animalières, les manipulations de l'Armée, les manipulations de l'information/désinformation, l'euthanasie, l'homophobie et surtout les actions menées par certaines associations écologistes pro-animales. A une époque où l'écoterrorisme et l'écofascisme sont devenus une norme chez certains/certaines, cette série entend condamner ces actions violentes et autres idéologies extrémistes avec fermeté, c'est notamment le cas du personnage de Geena qui va évoluer et finir par comprendre la futilité de ses actions, revenant à un discours plus nuancé. Et oui, le discours est équilibré et non-manichéen, même s'il y a quelques gros sabots par moment (le coup des 'Rednecks' homophobes dans le bar avec Brian).
Au final, une excellente série ni trop longue ni trop courte, glauque par moment, doté d'un bon rythme et de bons personnages.
Cosplay ou le 'Die-Hard' des "geeks" au Comi-Kon de Paris.
Nous suivons les pérégrinations d'Abel, ado très grand fan de Batman partant en pèlerinage à la Mecque des "geeks" et autres fanatiques de cultures populaires des années 80 à aujourd'hui. Il devra, tel le cheminement classique du personnage de fiction l'indique, affronter des obstacles, conquérir la jolie demoiselle et se révéler lui-même.
Les auteurs se sont ainsi fait plaisir en rendant hommage à toute la culture dite "geek" via une multitude de références (il y en a plus d'une centaine !) et le regard qu'ils posent sur ces jeunes fans et autres passionnés est plein de bons sentiments à leur égard.
J'ai néanmoins quelques reproches à formuler, à commencer par le festival des gros clichés (le gros balourd maladroit qui va réussir à se dépasser, le gamin sexiste, le frère peu amène, le rival malhonnête et prétentieux…). Il n'y a pas non plus de de grosse dénonciation de ce milieu: j'aurai par exemple souhaité quelques critiques au sujet de l'enfermement de certains de ces "geeks" dans un autre monde, les communautés toxiques prétendument sympathiques, les dérives de certains influenceurs, les prix prohibitifs alimentaires de ces évènements…). Non, rien de tout cela, juste une gentille histoire avec des gentils maladroits et sympathiques contre des méchants terroristes pas beaux.
Enfin, je ne mentionnerai pas l'inaction de la police face à la prise d'otages et quelques petites facilités d'écriture.
Le dessin et les couleurs s'inscrivent dans une démarche proche du manga et c'est à la fois coloré et très dynamique. Tellement dynamique que le récit va à cent à l'heure, au moins on ne s'ennuie pas.
Ce 'one-shot' est rempli d'humour et de bons mots et se laisse lire sans déplaisir mais ne sera pas inoubliable pour ma part.
Une histoire se déroulant dans un cadre très peu exploité: la région du Primoré en Russie aux frontières de la Chine et Corée du Nord.
Nous allons suivre une bande de journalistes tournant un documentaire sur la faune locale, mais également sur la déforestation des lieux avec son lot de magouilles mafieuses. Nous aurons le droit à des mots d'argot et expressions en russe et des éléments folkloriques inhérents aux anciens indigènes autochtones.
L'immersion est accentuée avec les magnifiques paysages de Macho et la sensation de froid extrême est bien retranscrite au fil des pages.
Le scénario est intéressant abordant des thématiques écologiques mais également sociétales (corruption, mafia, braconnage et exploitation), le récit nous tient bien en haleine et il y a des rebondissements bien sympathiques. Mention spéciale au mafieux russe qui a des airs de Balkany :)
J'attends de voir si le deuxième volet transformera l'essai pour de bon.
Troisième volet des aventures de Miss B, César et des autres tentant d'évacuer le tyran Silvio du pouvoir, au profit d'une société plus juste, plus apaisée et démocratique.
Je salue le grand travail d'écriture de Dorison qui arrive en une double page et deux planches à donner une autre dimension au personnage de Silvio. D'ailleurs, l'écriture est toujours bien gérée avec l'absence de tout manichéisme et quelques bons jeux de mots bien placés.
Cet opus est celui de la rupture, après la violente fin du tome précédent, ici la désobéissance civile sera le maître-mot de même que les séances de torture au savon.
Je n'ai pas grand chose à ajouter aux dessins et couleurs de Delep: c'est toujours excellent.
Vivement le tome final.
Après deux opus qui m'avait très moyennement convaincu, ce troisième volet m'a enfin laissé une assez bonne impression à l'issue de la lecture.
Le scénario est bien plus intéressant avec comme élément central l'échange d'otage contre rançon. Le retournement final est efficace et finit par initier un Robin des bois en mode 'je suis Negan'.
Les dessins et couleurs sont au top pour un découpage de l'action que j'ai trouvé moins brouillon que dans les opus précédents.
A l'exception de deux-trois mots trop modernes pour être historiquement crédible ('merde' notamment), c'est de loin le meilleur opus pour l'instant.
Waouh ! Mais qu'est-ce que c'est que cette BD ?
Qu'est-ce que je viens de lire ?
Un 'one-shot' post apocalyptique à la Mad max ultra-référencé ?
Une peinture au vitriol de la société actuelle et de ses dérives idéologiques malsaines ?
Un cartoon à la Tex Avery version trash ?
Un western pessimiste sur la nature humaine ?
Une ode à l'amour et à la paix universelle entre les peuples ?
C'est à peu près tout cela à la fois (sauf pour le dernier point) mais surtout : un bug dans la matrice, un coup de pied bien placé, une anomalie dans le paysage de la BD franco-belge actuelle. Le duo Jef/Stevens nous revient après le tonitruant 'Mezkal' (qui était déjà bien haut perché) avec ce convoi de la peur transitant de Paris vers Marseille, objet de convoitises.
Cette œuvre est absolument un "ovni" tant il est à la fois inattendu, teinté d'humour noir et une grosse critique bien virulente de sujets actuels (transition de genre, vaccin, écologie, racisme, sectarisme, superficialité, bobo-gauchisme, véganisme…).
Les personnages sont des clichés sur patte et pour la plupart débile ou totalement fou. On prend plaisir à les voir se tirer dessus à coup de 'punchlines' bien senties ou tout simplement à coups de flingues.
Les références sont légions sur à peu près toutes les planches et c'est fort bien plaisant de les relever ajoutant une dose d'humour bienvenue dans cet univers particulièrement sordide. La pagination est importante pour une histoire complète et les dessins de Jef s'inscrivent bien dans le délire débridé de l'ensemble.
A réserver à un public très averti (outre la violence, la vulgarité extrême, il y a des scènes de sexe). En conclusion un one-shot à la fois jubilatoire, pas subtil du tout, violent, gore, rentre-dedans et politiquement très incorrect.
Celle qui parle ou le destin de la Malinche, l'indienne qui aida Cortes et ses hommes à s'emparer de l'Empire aztèque. Ici il sera plus question de dresser le portrait d'une jeune femme, fille d'un cacique, vendue comme esclave et qui sera amenée à utiliser ses capacités linguistiques pour s'en sortir.
Longtemps considérée comme une traitresse, la Malinche est devenue un symbole féministe dans les années 60, au vu de son combat contre sa condition de femme soumise. Elle est ici présentée avec intelligence et nuance, même si des passages ont été romancés ou allégés puisqu'au final nous ne savons peu de choses sur elle.
Je salue tout le travail effectué par l'auteure (scénariste, dessinatrice, coloriste, traductrice) même si les décors de certaines cases laissent parfois à désirer.
Avis global portant sur les quatre opus.
Une série se déroulant dans l'extrême nord américain (Alaska) sauf pour le tome 3 situé au Texas. Nous suivons les aventures d'Andy et Flo, deux adolescents qui devront surmonter bien des épreuves et risquer leurs vies à plusieurs reprises.
Le scénario est à double tranchant: d'un côté nous prenons du plaisir à suivre ces aventures, en même temps il y a des rebondissements et quelques éléments assez peu crédibles à plusieurs occasions (par exemple Andy qui fait décoller et atterrir un avion dans des conditions météos lamentables dans le deuxième opus).
Nous aurons aussi le droit à quelques passages assez peu subtils sur le racisme (tome 3) et l'écologie (tome 4). Par ailleurs, le dernier tome est le plus sanglant avec quelques mises à mort d'animaux et un marin qui se prend une balle dans la tête.
Les décors sont magnifiquement bien illustrés par Marc Bourgne au top de sa forme, le dessin global n'est pas en reste tant il est de très bonne facture.
Une bonne série malgré quelques défauts.
Je n'ai pas pour habitude de lire des comics (trop de super-zéros) mais il arrive, de temps en temps, qu'un 'one-shot' ou une série vaille le coup de la lecture.
Ibrahim Moustafa nous livre une œuvre futuriste mettant en scène des agents chargés de la sécurité temporelle des évènements passés. Bien évidemment, il va être question d'altération du passé, de manipulation, d'agences anti-terroriste et d'action pour un traitement très rigoureux des différentes lignes temporelles.
Le récit est mené sans trop de temps mort et il se dégage au fil des pages de la tension et un côté 'Edge of tomorrow'.
En résumé, un 'one-shot' bien sympa qui renouvelle pas le genre mais qui l'exploite bien.
La surprise des débuts a effectivement disparu, le schéma narratif est toujours le même, néanmoins il y a ici et là quelques idées originales pas déplaisantes.
Les auteurs se sont visiblement inspirés de 'The Thing' de John Carpenter sur certains visuels. Cet album ne lésinera pas sur le gore, les chairs et os qui mutent et autres giclées de sang.
Cette réunion des nations africaines à la technologie futuriste m'a un peu rappelé le 'Wakanda' de chez Marvel (l'opportunisme, l'humour lourd et l'hypocrisie en moins).
Un opus qui relève un peu plus la barre.
Après "Tango" le duo Matz/Xavier nous revient avec ce 'one-shot' qui nous narre l'itinéraire d'un vieux truand repenti désireux de se faire oublier de ses anciens amis.
Le scénario peut paraître basique et déjà vu mille fois, néanmoins il faut bien avouer qu'il y a un savoir-faire indéniable tant au niveau découpage, chronologie, flashbacks, tant au niveau des dialogues bien affûtés.
Les références à tout un pan du cinéma sont bien présents et les personnages ont de bonnes têtes. Au final il se dégage un doux parfum de nostalgie de cette Amérique des années 70.
Je suis toujours en admiration devant les dessins de Philippe Xavier depuis "Tango" et encore une fois, c'est effectivement à tomber part terre (cela me fait penser à du XIII/Largo Winch de la bonne époque).
Une œuvre qui prend son temps afin d'installer son atmosphère et ses personnages et dotée d'une belle mise en page dépaysante. Que demander de plus ?
Une bande-dessinée revenant sur la première partie de la vie de Fritz Lang en Allemagne avant son exil aux Etats-Unis à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
Il sera question ici de son ascension en tant que réalisateur de films, de sa relation avec sa scénariste Thea von Harbou, du suicide de sa femme (est-ce bien le cas d'ailleurs ?), de Metropolis, de sa rencontre avec Goebbels… en parallèle de l'Histoire de l'Allemagne (Grande Guerre, montée du nazisme).
Les planches sont magnifiques et retranscrivent bien l'expressionisme allemand de l'époque. Certaines planches de cauchemar permettent d'introduire notamment le sinistre Hitler et ses idées national-socialistes.
Un 'one-shot' qui synthétise bien la biographie du cinéaste (sur une bonne partie), son époque et les idéologies qui y étaient en vogue. Nous n'aurons malheureusement pas de conclusion tangible à l'enquête au sujet du suicide de sa 1ère femme.
'Le bossu de Montfaucon' débute là où se termine l'histoire de 'Notre Dame de Paris' avec Quasimodo se laissant mourir au côté d'Esmeralda. Il est alors récupéré par un mercenaire désireux de se venger de ceux qui ont assassiné ses parents et spolié ses terres. Le récit va présenter et installer son contexte géopolitique à une époque où la France est divisée et le trône toujours sujet de conflits.
Soucieux de coller à l'Histoire, le scénariste est obligé d'expliciter au mieux les différents intervenants et personnages historiques (un trombinoscope est présent sur les deux opus) tout en essayant de donner de l'épaisseur à son personnage principal. C'est peut-être là que le bât blesse: au vu du nombre de personnages et des évènements, il aurait fallu opter pour un plus grand nombre de pages ou au moins un troisième opus.
Il y a également une tentative de donner une issue différente au personnage de Quasimodo, celui-ci est mis à l'honneur et s'en tire, entre guillemet, le mieux à l'issue de ce diptyque.
Rien à dire au niveau du dessin: Eric Stalner fait ce qu'il sait faire de mieux et me concernant c'est toujours un plaisir.
Après avoir lu 'la Nuit des Temps' version Christian De Metter, il était temps que je m'attaque à la version Philippe Gauckler, ou du moins sa très libre adaptation du roman de Barjavel.
'Kebek' se déroule au Canada à notre époque et reprend des éléments du roman mais également certains aspects du film 'Sphere' de Barry Levinson. Les personnages et leur noms sont différents et permettent de partir sur de nouvelles bases.
Les thématiques tirées du roman sont bien sûr au rendez-vous mais il y a une grosse valeur ajoutée avec le cadre politique canadien (la reconnaissance des droits des natifs amérindiens et leurs revendications sociales).
Le dessin de Gauckler est correct et je dois dire que les différents véhicules terrestres possèdent un rendu particulièrement bien soigné (c'est rare pour être souligné). Niveau colorisation, les teintes blanches et bleutées des régions enneigées du Canada sont de sortie, au moins nous y voyons plus clairement que chez De Metter.
Le scénario est un peu problématique. Après un premier opus posant les bases, enjeux géopolitico-sociaux et les personnages, le deuxième opus trace sa route pour un final assez décevant au regard de tout ce qui aura été présenté avant. L'avantage de cette libre adaptation repose sur sa liberté d'intrigue (loin du chemin balisé du roman) et l'inattendu que l'auteur a apporté.
Au final, un diptyque très correct mais décevant sur son final.
Un album d'Hermann que je ne connaissais pas et que je me devais de lire au moins une fois.
Commençons par chanter les louanges des décors et environnements: c'est beau, c'est très beau ! L'immersion est totale et le dépaysement assuré. Rien à dire sur le choix des couleurs et les scènes nocturnes sont toujours aussi bien maîtrisées par un Herman au top de sa forme.
Seul bémol: les visages et corps des personnages qui se ressemblent furieusement pour une grande majorité, il faut également apprécier le faciès typique des personnages d'Hermann.
L'histoire est intéressante et explore des thématiques réalistes et toujours d'actualité en Afrique (problématiques écologiques, braconnage, magouilles de politiques véreux, corruption, nettoyage ethnique, pauvreté, immigration…). La chasse à l'homme est bien menée et nous tient en haleine sur la moitié de l'album.
Dario Ferrer est un gros dur à cuir et malgré son côté rentre dedans et peu subtil, il démontre ses talents de survie en milieu hostile et sa capacité à lutter. La journaliste, Charlotte, ressemblerait un peu au lecteur lambda qui découvrirait la réalité du terrain et suivrait l'action au plus près.
Dernier bémol: seule la fin m'a paru exagérée avec l'avion qui a pu rallier l'Australie depuis l'Afrique (?!?), autrement j'ai bien aimé la fin des autres personnages.
Un bon 'one-shot' par le maître Hermann, pas le meilleur mais un bon cru quand-même.
Suite des aventures de Julie Doohan, qui continue ses activités de contrebande d'alcool durant la Prohibition.
Direction Haïti et ses réserves de rhum pour cet opus qui va enchaîner les clichés sur ce pays tels des perles. Nous aurons donc le droit à une attaque de 'zombies' haïtiens qui se terminera à la mitrailleuse 'Sophie', un Jean-Baptiste qui fait dans le vaudou, des explosions de navires mettant en jeu des garde-côtes à la gâchette facile.
Cela ne vole pas haut et se lit assez vite au final. Il y a quelques facilités d'écriture (l'explosion d'un yacht et les personnages à quai qui n'ont rien du tout) et des enchaînements un peu trop rapide, liés à la contrainte de tout boucler sur un album.
Pour ma part, il est temps de conclure.
Ubu roi ou l'ascension grotesque grandguignolesque d'un tyran d'opérette dans une Pologne uchronique.
Adaptation du chef d'œuvre d'Alfred Jarry, 'Ubu roi' est une critique intemporelle de tout les maux impliquant la politique (lâcheté, fourberie, trahison, coup bas, cruauté, injustice). A une époque où la France est dirigée par des fous et autres dégénérés sexuels, cette œuvre est toujours d'actualité et mérite d'être remise en avant pour le plus grand nombre.
Ici humour absurde, références à tout va, jeux de mots, traits volontairement exagérés, inventivité et audace visuelles sont légions pour une œuvre absolument originale et atypique. J'ai par moment pensé à la 'Nef des fous' de Turf, autre grand spécialiste de l'humour absurde et décalée.
'Nymphéas noirs' est une œuvre de Michel Bussi, réputée inadaptable dans un autre format que celui d'origine, et pourtant, Duval et Cassegrain se sont mis à la tâche et ont réussi !
Doté d'une très bonne écriture et d'un dessin délicat, le résultat en vaut largement la peine.
Cette histoire est très centrée sur le peintre Monet et la ville où il a passé le restant de ses jours (Giverny) et aligne les références/détails historiques sur le sujet. Il y aura bien évidemment une grosse enquête policière avec son lot de révélations que l'on ne voit pas venir jusqu'à la révélation finale, permettant d'enfin saisir tout les tenants et aboutissants.
Les dessins de Cassegrain sont épatants (surtout l'institutrice ^^) et les couleurs apportées en mode impressionniste sont raccord avec le scénario et constituent un charme indéniable.
En conclusion, jetez-vous dessus si ce n'est pas déjà fait.
Valérie Mangin et Jenolab signent une œuvre d'anticipation intéressante tant certains éléments résonnent avec l'actualité (attentats terroristes, immigration, sécurité, connectivité aux réseaux Internet, illusion de la démocratie, flicage des citoyens…), tant d'autres sont presque une réalité (revenu universel, implants obligatoires).
Pour les dessins de ce 'one-shot', Jenolab participe pour la première fois et n'a pas à rougir du résultat: les cases et couleurs sont très léchées, mais peut-être trop numérisées à mon goût.
La vision de cette France du futur est bien amenée et il faut noter la présence de multiples références via des structures (bâtiment François Hollande, Stade Zinédine Zidane), des œuvres littéraires (Universal War bien affichée) ou encore le confinement avec un clone du Conarovirus énuméré.
Comme dit en préambule, la critique est très portée sur l'hyperconnectivité via Internet et les réseaux (de cas) sociaux (Twitter prend cher), mais également sur les "fake news" et autres sources d'informations officielles manipulées avec soin (les médias et Wikipédia se prennent un bon tacle).
J'ai grandement apprécié la critique du monde politique dans le sens où il n'y a aucun manichéisme: chaque parti et faction politique en prend pour son grade, il n'y a pas de parti pris. A une époque où le politiquement correct et l'extrémisme sont légions, c'est appréciable d'avoir une bande-dessinée qui expose ces problématiques sans tomber trop à gauche ou à droite
Malgré Anastasia, l'héroïne, coriace et nuancée à souhait, le récit accumule certains poncifs et phases obligées du genre (poursuite, IA rebelle, complots) vu une bonne dizaine de fois ailleurs. Certains éléments anticipent le twist de fin (ce qui est dommage je trouve), néanmoins la fin est sans concession et raccord avec le reste.
Adaptation d'un des romans de Barjavel et sans doute le plus connu de tous, cette version de 'la nuit des temps' par Christian De Metter est appréciable à bien des égards.
Le dessin de l'auteur est beau et ne m'a pas dérangé, seul bémol au niveau des couleurs et de l'ambiance très sombre qui gêne dans le discernement des traits sur certaines cases.
L'histoire a été retranscrite à notre époque avec un peu trop de politique à mon goût: les marches contre le réchauffement climatique, les méchants CRS, Internet, les théories du complot… Des passages du roman originel ont été supprimés permettant à la narration d'être recentrée sur l'essentiel à savoir les deux temporalités du récit (notre époque et celle du Gondwana).
Il manquait peut-être une présentation globale des personnages de l'équipe scientifique puisque le lecteur est largué directement dans l'histoire sans rien savoir.
Au final, un bon one-shot doté d'une très belle couverture.
Après 'Evil road' que j'avais bien apprécié malgré sa (trop) courte pagination, Dominique Monféry nous revient avec ce nouveau 'one-shot'.
Cette fois-ci, plus de pages pour une histoire simple, certes mais explorant les tréfonds de l'âme humaine et les dilemmes moraux du personnage principal, le tout se déroulant dans le Klondike lors de la ruée vers l'or.
Il y a des longueurs à certains moments provoquant un ralentissement du rythme, néanmoins l'histoire se suit sans problème et ménage quelques moments bien mis en page par l'auteur. Je pense notamment à la scène d'exécution avec ses teintes rouges ou encore la survie et confrontation dans la forêt face à une meute de loups.
Au final, une œuvre réussie, malgré quelques ralentissements, et dotée de magnifiques dessins.
Wesh, la banlieue c'est trop cool !
Relom caricature avec jouissance la banlieue et tout ses travers via une galerie de personnages tous plus clichés les uns que les autres.
Tout y passe: les noirs, les arabes, les prostituées, les femmes voilées, le rap, les voitures brûlés, l'homophobie, le caillassage de policiers, le vol à l'étalage…
Certaines situations sentent bien le vécu et malheureusement le constat final est amer: cette bande-dessinée a beau dater de 2009, même en 2022 elle reste d'actualité et ce d'autant plus que le caillassage de pompiers/policiers, les bus brûlés, les agressions et autres actes de violence ont bien augmenté et se sont aggravés.
Suite des aventures des résidents de la Tour avec toujours le dessin de Mr. Fab qui tient la route multipliant les décors de ce 'Transperceneige' immobile.
Une tour de Babel en l'apparence tranquille à l'extérieur mais bouillante à l'intérieur avec les différentes factions des lieux qui cherchent à survivre entre les Intras qui veulent la serre et plus de place, les religieux qui refusent de déplacer leur lieu de culte et les Anciens cherchant à consolider leur place, le tout entrecoupé d'explosions à la bombe. La critique sociale est plus qu'évidente et bien menée dans un genre plus qu'exploité depuis plusieurs années.
Nous suivons en parallèle les pérégrinations d'Aatami à la recherche d'une solution extérieure pouvant désamorcer la situation à l'intérieur. C'était sans compter la présence de ce cher Jan Kounen au scénario qui n'a pas pu s'empêcher d'être fidèle à lui-même, et de nous présenter Aatami tombant dans un trip psychédélico-mystico-hallucinogène pendant quatre planches (belles au demeurant). Était-ce vraiment utile ?
Après un premier opus de présentation et qui lançait son intrigue principale et des sous-intrigues d'amourette pour ados, ce deuxième opus continue sur sa lancée mais réussit à être plus insupportable que son prédécesseur.
Les dessins et couleurs sont toujours biens avec notamment ce côté très accentué, très pétant visuellement et très rose bonbon. j'en conviens cela correspond à l'univers dépeint et met en exergue la superficialité de tout ce système (télé-réalité, influenceurs, fans hystériques…).
Les défauts ne sont malheureusement toujours pas en reste, à savoir:
- Dialogues parfois un peu neuneu, à l'eau de rose fané
- Les candidats hommes trop éphèbes pour être vrai
- Il y a visiblement un gros problème de tatouages pour tout ces jeunes
- Quelques facilités d'écriture, genre une recherche google avec "deux noms + animalerie" et un ordinateur cracké en quelques instants
- Un clébard de faible proportion qui récupère un téléphone portable dans un placard fermé, c'est un peu gros à gober comme tour de passe-passe.
Dans tout cet océan de défauts (liés aux livres auxquels ils sont adaptés), j'ai bien apprécié l'aspect manipulation télévisuel et autres magouilles politiques qui ont lieu en sous-main. C'est néanmoins bien peu pour maintenir mon intérêt pour la suite.
Enfin dernier clou dans le cercueil de ce deuxième volet: 'La fille d'Ipanema' ou 'Girl from Ipanema' est une chanson brésilienne de Bossa Nova et non de Samba !
Relecture de 'L'île de au trésor' de Stevenson, cette trilogie est un plaisir à pas mal de niveaux.
Le dessin de Vastra est sublime et retranscrit bien diverses ambiances propres à la piraterie (abordage, tempête en mer…) tout en y apportant des références tirés à droite et à gauche (Cyrano, Capitaine Haddock, John Hammond). A noter la présence de superbes double-pages qui viennent titiller la rétine du lecteur.
Le scénario est intéressant même pour les grands fans de Stevenson, puisque l'auteur a incorporé des nouveautés et éléments originaux absent de l'œuvre d'origine ! Cela ajoute une plus-value non négligeable pour un livre culte maint fois adapté. Mention spéciale au pirate qui se prend une ancre de navire en plein buste, du grand art en matière de piège inattendu.
Enfin, l'anthropomorphisme renouvelle l'intérêt au genre et permet à cette trilogie de sortir du lot.
Une œuvre de grande qualité et je ne peux qu'en conseiller la lecture.
Suite des aventures du jeune Machiavel en prise avec des espions à la solde de Pise et les intrigues de pouvoir afin de récupérer le trésor de Laurent de Médicis.
Les dessins de Andrade sont très détaillés et nous permettent d'admirer par exemple le somptueux palais de Florence ou le siège de Pise au détour d'une grande case. Je trouve néanmoins la tête de Machiavel un peu étrange sur la couverture (?).
Le tempo est bien soutenu, et malgré une petite facilité scénaristique (Sandro qui révèle un indice capital à l'issue d'une soirée bien arrosée), l'intrigue se tient et se conclue sur un Machiavel moins finaud qu'il n'y paraît.
A noter la grosse référence à la saga de jeu 'Assassin's creed', avec les espions déguisés et armés tels Enzo et se faufilant de toit en toit.
Il y a énormément de choses à dire sur ce one-shot de plus de 200 pages. Afin d'éviter de rédiger un pavé, je vais résumer le tout en quelques points:
- Une histoire de pirates riche en péripéties et doté d'un contexte bien posé
- De multiple thématiques sont abordées avec intelligence et nuance
- Plusieurs double pages de séquences d'abordage à tomber par terre
- Un très bon découpage et de très belles compositions de couleurs
- Des personnages bien écrits
- La présence de Barbe-Noire et Bartholomew Roberts apportent un cachet d'authenticité
- Un final déchirant et magnifique
Vous l'aurez compris, nous avons affaire à une œuvre absolument incroyable et qui résonne beaucoup avec l'actualité.
Conclusion: jetez-vous dessus si ce n'est pas déjà fait !
Joshua se réveille auprès de l'Ordinatrice, gardienne du savoir humain, et en découvre un peu plus sur ses origines et ce qui est advenu de l'humanité avant le chaos.
En parallèle, Vittorio et sa fille s'associent avec Cult et les puiseurs afin de se libérer du joug de Sylvio et de son grand-père.
La séquence d'assaut du camp amérindien est clairement un hommage à Mad Max de par sa violence et son esthétique (la colorimétrie axée sur le rouge rend bien l'ambiance).
Visuellement, je n'ai rien à ajouter de plus que je n'ai déjà indiqué sur les deux opus précédents.
L'album se lit très bien: les révélations se succèdent pour Joshua, le tempo s'accélère, les différentes intrigues arrivent bientôt à leur terme et le grand méchant Zehus pointe (enfin) le bout de son nez.
Je n'ai en revanche pas compris pourquoi avoir nommée "la data croix" en lieu et place de "la croix de données" ou éventuellement "la croix du savoir" (?)
"Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît" avait écrit un certain Michel Audiard pour un film devenu culte. Cette réplique semble avoir inspiré Carl Aderhold à l'écriture de son roman en 2007: 'Mort aux Cons". Finalement, le livre aura été adapté en bande-dessinée par Corbeyran au scénario et Saint-Georges au dessin en 2022.
Le ton est bien raccord avec l'œuvre d'origine: ici le cynisme est roi et le constat amer par rapport à une société occidentale gangrénée par de multiples dysfonctionnements (isolement social, manque de communication, solitude, dépression…). La peinture est réalisée au vitriol et peu de choses se révéleront mélioratifs au cours de cette histoire dérangeante.
Nous suivons Ben, un jeune trentenaire, désabusé par la vie et qui va tomber dans un délire d'éradication des cons, ce qui amène la question: qu'est-ce qu'un con ?
A travers le cheminement de son personnage principal, de ses questionnements et autres raisonnements, l'auteur tente d'apporter une réponse ou du moins des éléments de réponse.
J'ai bien apprécié la relation de Ben avec l'inspecteur chargé d'enquêter sur son cas, cela apporte beaucoup de nuance sur une œuvre très engagée et parfois bien sordide.
Je reste très sceptique au regard de défauts qui plombent le récit, à commencer par la transition trop rapide de Ben de tueurs d'animaux de compagnie à tueur tout court. A lui tout seul, Ben fait un beau ménage de Printemps, cela fait beaucoup cadavres pour un seul homme.
Enfin, cela a beau être une adaptation, il y a toujours cette lamentable obsession de représenter des personnages racistes comme étant des blancs (qui plus est bretons ici ou des vieux). J'attends le jour où des auteurs nous montreront des noirs ou arabes racistes, histoire de voir les réactions indignées des soumis au politiquement correct.
Un "one-shot" coup de poing avec une fin qui laissera KO, mais qui n'évite pas certains poncifs et facilités d'écriture.
Avec cet album, Tome & Janry introduise un nouveau méchant original dans l'univers de Spirou: Cyanure ou la Marylin Monroe robotique hostile envers le genre humain.
Ce nouveau personnage tour à tour diabolique et manipulatrice est le gros point fort de cette nouvelle aventure. Pour le reste, les dialogues sont toujours aussi bien affûtés, l'humour bien dosé, le dessin au top.
Dommage que ce méchant n'est pas été réutilisé pour le reste de la série, il y avait un énorme potentiel avec Cyanure. Potentiel qui sera heureusement mieux exploité dans le dessin-animé produit dans les années 90.
Avis global portant sur les six albums parus à ce jour
Hermann et son fils reviennent avec 'Duke', série western, qui à priori ne payait pas de mine (les archétypes étaient de sortie dès le premier tome).
Cependant, c'était sans compter la qualité de l'écriture du fils Hermann qui vient tirer ce western vers les sommets du genre. A l'image d'un 'Marshall Bass', le récit dépeint de façon désabusé une Amérique qui se construit sur la violence, le sang, l'injustice sociale, l'intolérance et l'odeur de la poudre. Ici la quasi-totalité des personnages sont soit désespérés, soit accablés par leur destin évoluant dans un univers sordide et impitoyable.
'Duke' est riche en thématiques fortes et les aborde au compte goutte au fil des albums, tout en apportant de l'épaisseur au personnage principal, Cet ange de la mort qui aspire à vivre paisiblement loin de toute violence en compagnie d'une prostituée, devra souffrir puisqu'au Far-West, les bons sentiments n'existent pas.
Ici celui qui tient un colt a voix au chapitre et distribue la mort à son prochain de façon souvent expéditive (ici pas de héros à la John Wayne). Le nombre de cadavres est absolument stupéfiant: il y a beaucoup de morts au fil des tomes, une vraie boucherie si on enchaîne tout les opus.
Un mot sur le dessin: Hermann fait du bon boulot, je pense notamment à certaines cases se déroulant de nuit ou certains décors typiques du Far-West bien rendus. Malheureusement, les personnages sont toujours aussi "particulier", les femmes se ressemblant toutes et peu attrayantes.
A noter que le premier opus pourrait faire office de "one-shot" mais ce serait passer à côté d'une somptueuse fresque westernienne lorgnant davantage vers un Sergio Leone voire un Clint Eastwood.
Adaptation d'un livre de Marek Halter, 'le vent des Khazars' est une plongée intéressante dans l'histoire d'un peuple qui s'est converti au judaïsme et qui a officiellement disparu d'une région avoisinante de l'actuelle Kazakhstan et Azerbaïdjan.
Nous suivons une double narration: la première au Xe siècle impliquant un groupe d'émissaires apportant une missive au roi des Khazars, la seconde se déroulant en l'an 2000 avec un écrivain pro-juif mêlé à une sombre histoire de terroristes se revendiquant des Khazars.
Le moins que l'on puisse dire est que le découpage, l'histoire et la narration se suivent très bien, c'est un plaisir à lire. Plaisir renforcé par le dessin de Nardo avec de très beaux personnages (notamment la sœur Attek du roi Khazar qui est à tomber). Nous avons également le droit à quelques rebondissements bien sympas et le récit se boucle bien en deux tomes, j'ai trouvé cela finalement bien équilibré.
Cela aura eu le mérite de me donner envie d'en apprendre davantage sur cette civilisation qui s'est imaginée faire partie du peuple élu.
Reprise de Spirou et Fantasio par deux jeunes auteurs au milieu des années 80, 'Virus' est un très bon démarrage pour Tome et Janry.
L'album ménage des moments d'humour à base de références, jeux de mots et autres gags que n'auraient par renié Franquin. L'histoire se tient et mélange aventure, dépaysement et thématiques plus modernes, ce qui sera une constante sur à peu près tous les autres albums de la série par ces auteurs.
Le scénario est pour moi le plus intéressant à souligner surtout si on le résume: nos héros partent en Antarctique trouver un vaccin remède face à un virus créé artificiellement en laboratoire comme arme par un puissant groupe pharmaceutique. Au regard de l'actualité d'il y a deux ans, la réalité a rejoint une fiction datant de 1984 !
Malheureusement, contrairement à la résolution du récit, Big Pharma et consorts n'ont pas (encore) été condamné, et le "vaccin miracle" censé tous nous sauver n'en est pas un…
Walter Hill, le célèbre cinéaste et scénariste de grosse série B bourrine des années 80/90, a stocké quelques scénarios qu'il avait pour le cinéma, mais qui finalement ont atterri sur les bureaux de Matz et Jef. C'est donc en bande-dessinée sous forme de one-shots que ces œuvres voient le jour, 'Balles Perdues' étant l'une d'entre elles.
Ce polar de gangsters plongés dans les années 30 est très classique dans le fond et efficace dans sa forme: pas de surprise, beaucoup d'archétypes et des fusillades à la pelle.
Les couleurs passées au filtre sépia donnent une ambiance rétro à cette histoire mille fois vue auparavant. Je n'ai pas été très fan des dessins un peu trop figés sur certains gros plans notamment au début; par ailleurs, certains visages se ressemblent par moment.
Le découpage fait très cinématographique et l'atmosphère est noire et froide (comme son tueur) à souhait.
Cela se laisse lire sans trop de souci mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable.
Ah, ça ira… ou pas du tout !
JD Morvan, l'inépuisable scénariste, nous livre une histoire se déroulant à la Révolution Française mettant en scène Lisandro un orphelin très remonté contre le système de castes, sa sœur Eglantine et son meilleur ami Frédéric. Chemin faisant, ils rencontreront de grandes personnalités de l'époque: Lafayette, Robespierre, le roi Louis XVI, Marie-Antoinette… participeront à la prise de la Bastille et d'autres épisodes historiques connus.
Afin d'évaluer la qualité globale du bousin, je me suis imposé la lecture des trois opus et je n'ai pas été déçu. Par où commencer ?
- La première ellipse temporelle qui nous envoie directement en pleine guerre d'Indépendance en Amérique sans transition, où le personnage principal fait une pirouette en mode yamakasi au dessus des lignes ennemis pour aller dézinguer tout le monde au tomahawk !
- Le dessin qui perd en détail sur certaines cases (plus de bouche, plus de yeux, plus de visages), ou au contraire qui se la joue manga avec des visages crispés comme constipés. Dans tout les cas, pour moi, le dessin est à la ramasse.
- Un découpage par moment assez chaotique
- Le héros qui se fait tirer au pistolet à travers la main, mais qui n'a pas l'air de trop en souffrir pour la suite
Mais le summum de la tête à claque ultime revient à la sœur du héros, qui n'est autre qu'une féministe revancharde qui la ramène tout le temps sur le sujet, au secours! Tout y passe: "patriarcat", "la chorale des phallocrates" et j'en passe. Il n'y a aucune subtilité ou nuance dans le propos, c'est pitoyable et tout aussi insupportable que les féministes idéologiques hystériques actuelles.
J'ai noté "l'oubli" du scénariste de nous parler des philosophes des Lumières et autres francs-maçons qui ont aussi participé à l'esprit de révolte de la population (il y a d'ailleurs un beau triangle en haut de la Constitution, pas un mot dessus…).
En conclusion, un triptyque assez difficile à avaler, seule la fin différente de la réalité est intéressante et osée. Comme le résumait si bien un certain Louis de Funès: "Ce n'est pas mauvais, c'est très mauvais".
Avis global portant sur les deux tomes
Il fallait un génie italien de la bande-dessinée afin de transposer la vie d'un autre génie italien ! Milo Manara retranscrit la vie d'un des meilleurs artistes de la Renaissance, Le Caravage, commençant par son arrivée à Rome en tant que jeune prodige débutant pour terminer sur sa mort assez controversée.
Les dessins sont de toute beauté ! il n'y a rien à y redire tant chaque case est composé tel un tableau avec des détails qui fusent. Manara sublime les corps de ces hommes et (surtout de) ces femmes du XVIe siècle. L'auteur nous rappelle que le Caravage a été un précurseur par rapport à la composition, la scénographie et les jeux clair/obscur d'un tableau bien avant l'école hollandaise avec Vermeer.
Le scénario n'est pas en reste, tant il est passionnant et rempli de rebondissements comme a pu l'être l'existence de cet artiste; un artiste qui aura cherché la perfection dans chacune de ses œuvres, un peu à la manière d'un Manara tout au long de sa carrière.
Ce dernier réalise indubitablement ici son chef d'œuvre ultime et mérite bien toutes les louanges.
Suite et fin avec cet album pour cette série sans prétention.
Aucun dépaysement au niveau de l'histoire ou en terme de rebondissements. Il n'y a pas non plus réellement de grosse surprise, cela reste dans la continuité du précédent: du pur divertissement avec son lot d'incohérences et autres facilités d'écriture.
Concernant le dessin, autant certaines planches ont été bien travaillées (la fuite en hydravion par exemple), autant d'autres sont en revanche très en-dessous et les personnages deviennent tous indissociables/interchangeables.
Comme pour le précédent, cela s'enchaîne vite, se lit vite et malheureusement, s'oublie tout aussi vite.
Avec ce nouvel opus, Yasuke devient officiellement samouraï au service du premier unificateur du Japon, Oda Nobunaga. Complot, trahison, combats au katana, mariage arrangé seront au menu de cet album qui continue de nous plonger dans les méandres de la politique japonaise du XVIe siècle.
Le dessin de Zarcone est toujours très bon et sublimé par les couleurs de Saint-Blancat pour un résultat grisant. Par ailleurs, mention spéciale à la couverture qui est à tomber.
Tout comme le précédent opus, il sera difficile pour une partie du public de saisir toutes les subtilités et les différents personnages de l'histoire. Il faut connaître un minimum cette période historique, ses tenants et aboutissants, ce qui peut se révéler être un défaut pour certains et je peux le comprendre.
Thierry Gloris, le scénariste, a visiblement tenté d'être le plus clair possible vis à vis de l'histoire et de l'intrigue. Je ne peux que saluer sa démarche surtout au regard du nombre d'évènements et des personnages (il y a un trombinoscope au début de l'album).
Enfin, pour la blague, le personnage de Asakura Yoshikage ressemble furieusement à un certain Dwayne Johnson mais version nippone, ce qui n'a pas manqué de me faire rire.
Une bande-dessinée de science-fiction considérée par beaucoup comme un classique du genre, et après sa lecture, je ne peux que participer à mon tour au concert de louanges à son propos.
Il sera question de guerre civile intergalactique, de politique, d'amour et surtout de voyages temporelles: un sujet bien casse-gueule qui comprend généralement son lot de paradoxes et d'incohérences.
Et pourtant, l'auteur a très bien géré son affaire et relève le gant avec panache à l'aide d'une histoire qu'il a bien mûri avant de se lancer. Le postulat de départ peut paraître assez peu clair et cliché avec son lot de personnages, il n'en demeure pas moins qu'ils possèdent tous un développement clair et logique.
Les rebondissements et explications seront également de la partie au service d'un dessin au top, d'une très belle palettes de couleurs et de beaux clairs/obscurs: un régal !
Seule ombre au tableau: le fait qu'il y ait une suite alors que les six opus réunis dans cette belle édition suffisent (à mon avis) largement.
Après un premier opus que j'avais trouvé très moyen, il me fallait vérifier si la suite relevait ou plombait le niveau.
Pour commencer, les graphismes de Dellac et les couleurs de Béchu sont toujours aussi excellents et m'ont bien satisfait les rétines.
J'ai constaté quelques problèmes de transition/découpage: par exemple à la planche 38, la messagère va voir l'assistant du shérif pour lui annoncer une missive, la dernière case avant la transition sur Petit Jean est totalement étrange et peu intuitive.
Autre grosse problématique peu intuitive également: les flashbacks présentés en début d'histoire sont tellement peu clairs qu'il m'a fallu tout relire pour bien saisir le pourquoi du comment de leurs présences !
Autre écueil: les scènes de combat sont très stylisées mais toujours peu claires vis à vis de la spatialisation des combattants et de leurs chorégraphies respectives.
Narrativement, cette opus introduit les personnages de Petit Jean et Frère Tuck permettant d'avoir l'équipe au complet (avec Robin et Marianne).
L'album est globalement de bonne facture, même si loin d'être parfait, et je le trouve finalement mieux que le précédent.
Voilà une série qui ne se démarquera pas via son postulat de départ, à savoir un monde post-apocalyptique où l'Homme essaye de survivre dans un univers chaotique où la nature a repris ses droits. Néanmoins certains points vont la tirer au-dessus de la moyenne des séries du genre.
Il faut déjà saluer le dessin de Stalner, dont la qualité et le sens du détail sont à plusieurs coudées au-dessus de ce que peuvent proposer certains auteurs actuels.
Le tome 1 démarre sur les chapeaux de roue et va nous tenir en haleine avec un deuxième tome d'aussi bonne facture, tout en distillant révélations et scènes d'action.
En revanche, les deux derniers opus m'ont bien refroidi non pas au niveau du scénario mais au niveau de la colorisation. En effet, cette dernière n'est plus la même que celle des premiers opus et j'ai ressenti une désagréable sensation de visuel flou et moins attrayant.
Passé ce détail, le déroulé privilégié par le récit (l'alliance avec les cannibales) à partir du troisième tome ne m'a pas gêné et l'histoire possède au moins une fin digne de ce nom.
Une bonne série que je recommande.
Voilà un triptyque qui avait tout pour me plaire mais qui échoue sur bien des tableaux.
Nous suivons l'itinéraire d'Alex Otoishi, métis américano-japonais, offrant ses services de mercenaire/détective privé pour le compte de quatre familles de yakuzas tokyoïtes. Flanqué d'acolytes singuliers, il va devoir remplir plusieurs contrats et éviter une nouvelle guerre sanglante entre mafieux.
Les auteurs ont su se renseigner comme il fallait sur le sujet avec un soin apporté à la culture nipponne, les rites yakuzas, la représentation de Tokyo et ses alentours… Un glossaire des termes nippons se trouve à la fin de chaque album illustrant bien une volonté d'immersion au pays du soleil levant avec cette œuvre.
Les personnages présentés sont bien campés et même si certains disparaissent rapidement, il y a de bonnes "gueules" à l'ancienne.
Chaque tome implique une histoire différente avec une progression des personnages principaux (pour celles et ceux qui survivent en tout cas). La première histoire aurait mérité plus de rebondissements et de développements sur deux voire trois opus, là où le deuxième album et surtout le dernier m'ont déçu de part leur rapidité et surtout par les nombreuses facilités d'écriture qui pullulent le récit (le héros qui échappe de quelques mètres au jet d'un lance flamme braqué sur lui ?!?).
Le dessin ne m'a pas plus marqué que cela et c'est d'ailleurs à l'image de cette série, c'est plutôt correct mais ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Terra Prohibita est fascinant.
Fascinant de par son univers riche, coloré, inventif.
Fascinant par les dessins de Laumond qui viennent nous en mettre plein la vue sur certaines cases et double-pages.
Fascinant par son aspect visuel très steam punk qui me rappelle le jeu de société 'Célestia'.
Fascinant par la trame de son scénario qui est absconse par bien des aspects ou totalement alambiquée (le tome 2 est un festival).
Fascinant de par sa fin totalement ramassée et décevante.
Un format en "one-shot" dotée d'une bonne pagination aurait peut-être largement suffi pour cette histoire et évité ce deuxième tome qui rallonge inutilement les choses.
Quel dommage.
Voilà une bande-dessinée pour le moins très curieuse, pleine de promesses mais qui m'a fait un peu déchanter.
Le point de départ est à la fois bien vu et tout autant plausible: imaginer Mark 'Fessebook' Zuckerberg comme président des Etats-Unis, la création d'une nouvelle langue à base d'émojis, la création d'un comité d'éthique de censure et la fin des livres papier est tout à fait envisageable. Vis à vis de ces deux derniers éléments, les références à "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury sont évidentes et d'ailleurs le livre est cité à un moment du récit.
Le scénario commence de façon dynamique en instaurant le postulat de départ et en le développant, puis nous allons suivre un couple qui recherche leur fille qui a été kidnappée et…. et après arrive un long passage qui revient sur les origines historico-techniques des livres. Pour certains, cela sera une belle profession de foi des auteurs, pour les autres cela sera le début de l'ennui. Dans tout les cas, le récit ralentit drastiquement mais va tenter de se rattraper avec une conclusion expédiée un peu trop vite et un peu trop cousue de fil blanc pour réellement convaincre.
Il est évident que les auteurs ont voulu déjouer les attentes des lecteurs et partir dans une direction inattendue avec ce long interlude, malheureusement cela risque d'en laisser plus d'un sur le carreau malgré des intentions louables.
Après un premier volet introductif où Mandor et Beth étaient plus passifs que réellement acteurs des évènements qui leur arrivaient, ce deuxième opus relance l'intérêt, joue sur différentes temporalités et met en avant les autres personnages.
Un album non dénué d'actions et toujours bien réalisé par Dubois (la couverture est à tomber), j'ai pris du plaisir à la lecture et la révélation finale était inattendue me concernant.
Avec cette version intégrale, j'ai pu enfin achever le premier cycle de cette série me permettant d'ajouter ma pierre à l'édifice des louanges.
'Gung Ho' dépeint le monde dans un futur proche, où les rippers (sorte de singes blancs carnivores) ont presque complètement décimé l’humanité. L’Europe toute entière est devenue une zone de danger, où la survie n’est plus possible qu’à l’intérieur de villes ou de villages fortifiés. Nous suivons deux frères adolescents qui vont se retrouver dans un de ces camps perdu au milieu de nulle part, et qui vont devoir survivre face aux rippers mais également face aux autres survivants.
Ici pas de manichéisme, pas de politique, pas de jugement ni de partis pris, les auteurs ont fait le choix de raconter une histoire mettant en exergue les sentiments humains avec leur lot de cohérence et d'incohérence, le tout au service d'un récit mené avec efficacité et intérêt. J'ai bien aimé les personnages et leur évolution, certains révèlent ce qu'ils sont au fur et à mesure pour le meilleur et surtout le pire (Holden notamment).
Le découpage est dynamique et permet un bon enchaînement de phases d'action qui détonnent. Les auteurs n'ont pas oublié l'hémoglobine et la bestialité qu'incarne les rippers comme pour les humains. Le final est à ce sujet particulièrement bien sanglant et tragique comme il faut.
Les seuls défauts qui m'ont (légèrement) refroidi sont quelques passages très vulgaires sans que cela apporte quoique ce soit, certains personnages un trop expédiés (par exemple un jeune à moto qui apparait pour vite mourir après), et quelques passages un peu capillotractés (par exemple le maître japonais qui élimine à lui tout seul une garnison sans être blessé). La fin m'a plu même si je peux comprendre que cela peut ne pas satisfaire tout le monde.
Une belle édition intégrale pour une très bonne histoire. Vivement la suite.
Sorte de James Bond moderne mais au service du Vatican, nous suivons l'histoire de Vince qui va devoir assurer entre protection de membres ecclésiastiques, filatures, course-poursuites, le tout en démêlant sa jeunesse qui paraît très floue au premier abord.
Cette série réussit à mêler des thématiques et questionnements intéressantes telles que la mondialisation, la réunion des puissants de ce monde à Davos, la puissance financière et religieuse du Vatican… Des membres du IIIe Reich seront également de la partie, de même que sombres sociétés secrètes ayant des desseins tout aussi sombres pour l'humanité.
Boucq rend un très bonne copie des dessins et le découpage est dynamique, on ne s'ennuie pas une seconde.
Un élément fantastique apparaît à plusieurs reprises permettant à notre héros de se sortir de situations où normalement il aurait dû mourir. Le procédé est utilisé plusieurs fois et s'apparente à de la facilité scénaristique bas de gamme (on appelle cela un "deus ex machina" dans le jargon).
Cette édition intégrale comprend les cinq volets existant formant un premier cycle laissant la porte ouverte à des suites qui ne verront probablement jamais le jour, et ce n'est peut-être pas une mauvaise chose.
Sympathique et divertissant comme pourrait l'être un film de James Bond.
Classique absolu de la littérature de Science-Fiction, "Fahrenheit 451" est une œuvre métaphorique dénonciatrice de la perte des libertés individuelles via le prisme de la lecture et des livres, remplacé par les divertissements et de l'absence de réflexion, le tout saupoudré de propagande.
L'adaptation de Tim Hamilton est extrêmement fidèle au livre et réussi à transposer à l'image des pages entières de métaphores de l'œuvre d'origine. Le dessin et les cases sont très particuliers dans le sens où ils sont volontairement rétros, qui plus est, le rendu est très sombre même le récit se déroule (rarement) de jour.
Ce récit mêle réflexion existentielle, dénonciation des dérives gouvernementales, dénonciation de la société du divertissement, tout cela à travers les dialogues que peut entretenir le héros Montag avec toutes celles et ceux qu'il rencontre. Cela m'a rappelé un autre grand classique "1984" d'Orwell.
Pour finir, je ne résiste pas à la tentation de citer deux passages qui résonnent toujours d'actualité, puisqu'au aujourd'hui on ne réfléchit plus, on ne vit plus que sur des émotions et de l'instantané:
"Imaginez un peu. L'homme du dix-neuvième siècle, ses chevaux, ses chiens et ses chats, l'image est au ralenti. Puis vient l'homme du vingtième siècle, le film s'accélère. On condense. On abrège. Tout est réduit au mot de la fin. On sabre les classiques pour les faires tenir dans une chronique de deux minutes.
La politique ? Un paragraphe, deux phrases.
Plus de sports pour tous, l'esprit d'équipe, le divertissement et vous n'avez plus besoin de penser, n'est-ce pas ?"
"Le téléviseur est bien "réel". Il est sous nos yeux, il a une dimension. Il vous dit quoi penser, il le martèle."
La Seconde Guerre Mondiale. Une période historiquement très chargée qui aura été siphonnée à l'overdose sur tous les formats possibles et inimaginables mettant quasiment toujours en scène de gentils Américains libérateurs se dressant face aux méchants Nazis oppresseurs et barbares.
Autant dire qu'à la longue, cette surexploitation aura eu raison de mon envie de lire des BD en lien avec cette période. Néanmoins il m'arrive de me laisser tenter par des histoires moins connues et/ou plus originales que la norme et c'est justement le cas avec ce 'one-shot', puisqu'ici il est question d'une poursuite entre deux sous-marins.
Les dessins au niveau décor et couleur sont magnifiques, on sent qu'il y a eu un souci du détail. Les visages paraissent parfois un peu trop statiques voire figés mais ce serait dommage de s'arrêter à ce défaut tant cette œuvre est prenante avec une bonne atmosphère anxiogène.
Une très bonne BD de sous-marins menée tambour battant.
Après un opus consacré à Billy 'The Kid' correct et très fidèle à la réalité, l'hyperactif Christophe Bec nous revient avec la figure iconique de Butch Cassidy et sa horde sauvage, sauf que… cette fois-ci terminé la sobriété, place à la surenchère, à la violence, aux cadavres, aux mutilations et autre joyeusetés !
Le début est assez laborieux en raison d'un très grand nombre de personnages dispatchés à plusieurs endroits se ressemblant plus ou moins et qui vont par la suite converger vers un même lieu pour une issue, dont on se doute bien, qui sera tragique pour une grand majorité.
Autant le préciser tout de suite: cette opus est sans doute le plus sadique et le plus sordide de cette saga, incluant des cases ne nous épargnant pas aucun détails relatives à des scènes de torture assez gratuites. Le nombre de morts dans cet album est excessivement considérable, je n'ai pas établi le total mais Rambo peut clairement aller se rhabiller.
Je trouve que le dessin est plus agréable que celui consacré à l'album sur Billy 'The Kid', cela reste correct et assez bien troussé.
Pas le pire (Buffalo Bill est passé avant) mais pas non plus le meilleur.
Deux frères un peu trop vieux pour ces c*nneries se lancent dans un 'road trip' à travers les Etats-Unis au volant d'une vieille auto. En chemin, ils vont tomber sur un dépanneur très susceptible qui va se mettre à les pourchasser.
En quarante-huit pages, l'auteur raconte une histoire qui va à l'essentiel, enchaînant les situations les plus rocambolesques et parfois improbables avec une grosse pointe d'humour, pour le plus grand plaisir du lecteur. L'hommage avec le film 'Duels' d'un certain Steven Spielberg est plus qu'évident et la résolution est plus explicite dans ce cas présent.
J'ai également bien apprécié le dessin et les couleurs mettant en valeur les paysages désertiques de certains coins des Etats-Unis.
Je suis un peu déçu par le nombre de pages et en aurais souhaité un peu plus histoire d'étoffer l'histoire de ces deux frères au caractère bien trempé; il n'en demeure pas moins que c'est un très bon album qui se lit très vite au final.
"Go West Young Man" est un magnifique cadavre exquis, réunissant seize dessinateurs spécialisés dans le genre du western sous la direction d'un seul scénariste, autant dire nous avons affaire à l'équivalent d'une superproduction hollywoodienne qui serait composée d'une équipe et d'un casting cinq étoiles !
Quatorze histoires différentes qui se succèdent dispatchées sur plusieurs époques et relatant la longue et douloureuse histoire de la conquête de l'Ouest; le dénominateur commun à toutes ces histoires étant une montre en or, objet de bien des convoitises et autres passions, finissant généralement par des effusions de sang.
Chaque dessinateur a relevé avec brio le défi et il n'y a aucun déséquilibre malgré les styles divers de chacun. C'est très beau et bien mise en scène. Mon seul reproche concerne le fait que certaines histoires soient trop courtes dans certains cas au regard de la richesse tant thématique que scénaristique de ce projet.
Ce "one-shot" est un formidable hommage au western, ne tombant jamais dans le manichéisme ni un quelconque révisionnisme. Un grand bravo à tous les auteurs ayant participé.