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Les avis de - mallory

Visualiser les 13 avis postés dans la bedetheque
    mallory Le 29/05/2018 à 10:11:23

    Ethan travaille dans l’industrie pétrolière. Son entreprise l’envoie prospecter en Norvège au-delà du cercle polaire dans l’archipel des îles Lofoten. Il y découvre une petite communauté de gens vivant du pétrole, du tourisme et de la pêche. Il va rencontrer des personnes attachantes puis surtout découvrir des paysages extraordinaires et le spectacle des aurores boréales. Touchés par ses expériences, Ethan va progressivement se fondre dans son nouveau mode de vie et petit à petit se questionner sur les impacts que son activité de géologue produit sur ces territoires.
    Le monde moderne contre les traditions, éternel combat entre l’ancien et le nouveau, mais là, la question de l’avenir de l’industrie pétrolière pourrait passer dans le camp des activités d’un autre âge et la protection de mode de vie plus respectueux de l’environnement et des hommes devenir un horizon souhaitable.
    Pour Ethan, ce voyage va au-delà de l’expérience professionnelle aboutie comme une espérance de promotion, il devient une occasion d’une remise en cause personnelle, une façon d’envisager son avenir à l’aune de nouveaux principes qui mettent en avant l’altruisme et l’écologie et relèguent au deuxième plan la carrière : une lumière fantastique sur nouveau monde, une aurore boréale…
    Arne Naes laisse planer sur Ethan et sur les pages de cette BD une empreinte profonde !

    mallory Le 03/06/2015 à 12:37:17
    Kililana song - Tome 1 - Première partie

    Benjamin Flao nous entraine dans les pas de Naïm, onze ans, orphelin de Lamu (côte nord du Kénya). Naïm préfère ne pas respecter les injonctions de son grand frère qui veut qu’il fréquente la madrasa et courir dans les ruelles de sa ville pour lui échapper. Flâner avec les autres enfants, discuter avec les pêcheurs, flirter avec les prostituées et écouter les histoires des étrangers dans les échoppes du port fait donc partie de son quotidien.
    Pour vivre il apporte régulièrement sa dose de qat à un vieil infirme qui le rémunère en monnaies et histoires.
    Pas bien loin de la ville des promoteurs immobiliers convoitent une mangrove ou se trouve un vieil arbre sacré. Ali, le dernier descendant des gardiens de l’arbre connaît son histoire. Saura-t-il la transmettre ? Naïm est-il prêt à recueillir cette histoire ?

    Le dessin, encre et aquarelle, est fluide et dynamique et souligne le rythme du récit avec soin. Construit comme un récit d’apprentissage, cette bande dessinée nous entraine à la suite d’une flopée de personnages pittoresque au cœur d’une intrigue ou se mêlent les traditions ancestrales africaines et la modernité du monde moderne globalisé. Récit sur l’enfance, sur la débrouille, empreint de gravité et de poésie, Kililana Song est une réussite. Naïm est le Tom Sawyer africain.

    mallory Le 17/04/2015 à 10:39:42

    Ce livre est le résultat d’un projet de Thierry Joor directeur éditorial chez Delcourt. L’idée est de rendre compte des grandes catastrophes qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Pour Corbeyran, l’évidence se situe à Fréjus ou pas très loin, là ou vie familiale et amitiés l’emmènent régulièrement. 2009, cinquantenaire de la tragédie de Malpasset, on en parle beaucoup et Corbeyran découvre cette tragédie. L’idée lui vient alors de construire un récit. Mais son point de vue l’éloignera du sensationnalisme et de la relation chronologique classique, c’est en faisant un travail d’enquête auprès de rescapés, en recueillant des témoignages que l’idée lui vient de se concentrer sur les paroles et les émotions, sur la relations de vie brisées par une tragédie et leurs effets encore visible et touchant cinquante années plus tard.
    Angle d’attaque original, assez loin du pathos, difficile car sans reconstitutions d’« images » édifiantes (la tragédie s’est passée une nuit de décembre) et pourtant réussite scénaristique de Corbeyran, et défi pour le dessinateur de rendre compte de la douleur des gens et des interviews.
    Seuls trois passages (une dizaine de pages) nous renvoient au moment des faits, le reste nous montre les personnes interviewées. Horne a su trouver des images simples illustrant les propos des rescapés en montrant des objets (un escalier, quand les gens se réfugient dans les étages, une radio, des fils électriques – alors que le courant a sauté – des bottes sales, des briques, un canot de sauvetage, etc…) qui nous permettent d’imaginer, de reconstruire à partir de ces quelques indices ce qui a pu se produire. Des mots, quelques images, le son (trouvaille d’une case rayée de grosses lignes blanches reproduisant un K R O entremêlés rendant le fracas de l’eau déchainée) et notre imaginaire reconstruisent l’horreur de cette nuit tragique.
    Paradoxe pour un médium de l’image de finalement ne rien montrer d’explicite, mais de suggérer et de laisser l’imaginaire du lecteur faire son travail.

    Une bande dessinée réussie qui reste au plus près des victimes, n’éludant pas les polémiques (beaucoup d’argent fut récolté et distribué, mais aucun suivi psychologique) sans prendre parti, montrant simplement les ravages de la catastrophe.

    mallory Le 10/12/2010 à 11:06:30

    Paracuellos c’est le surnom de l’un des nombreux foyers de l’Assistance Sociale de l’Espagne franquiste, le foyer de Batalla de Jarama. Ce genre de foyer était souvent administré par des religieux.
    Ce sont les petits moments du quotidien d’un foyer d’enfant qui nous sont racontées sur deux à trois pages. Ces histoires ont paru une première fois dans les années 1970. Dans sa préface l’auteur précise bien que toutes ses chroniques sont tirées de faits réels, rien n’est inventé. Elles forment un recueil de 6 tomes et sont largement autobiographiques. Carlos Gimenez a vécu lui-même ces histoires, ou entendu ces anecdotes contées par d’autres enfants.
    On découvre ainsi toute une ribambelle d’enfants, portraits justes et attachants, les enfants sont à la fois tendres et cruels. Ils subissent les conditions de vie qui leur sont imposées. Le choix de leurs parents (pour ceux qui les ont encore, tous ne sont pas orphelins) de les confier à l’institution et les règles de vie fortement hiérarchisée. Ces règles sont fondées sur la religion omniprésente et l’instruction militaire où la violence, institutionnalisée, sert les adultes dans l’asservissement des enfants qui leur sont confiés. Les rapports entre adultes et enfants sont loin d’être sains et basés sur les notions de respect et de confiance. Du coup l’entraide devient une valeur incontournable pour ces enfants qui cherchent par tous les moyens à adoucir leurs conditions de séjours. La faim étant leur souci principal, la possibilité d’échapper aux brimades et coups des adultes venant ensuite, ils développent des stratégies multiples et variées, mais ne sont pas à l’abri de trahisons et de déceptions profondes.
    Le portrait de leur condition de vie n’est donc pas très gai. Mais la façon dont Carlos Gimenez aborde cette expérience est empreinte d’émotions et de respect. Les dessins en N&B sont très expressifs et restent dans un registre doucement caricatural : ce ne sont pas des « gros nez », mais tous les personnages ont les « oreilles décollées » qui donnent aux enfants un air naïf, coquin et doux. Les trognes des adultes sont aussi très expressives mais traduisent leurs perversions et travers moraux. La dureté de leur trait, la confirmation de leurs défauts physiques, sont en concordance avec l’expressivité de leur violence physique et morale.

    mallory Le 10/12/2010 à 10:44:10

    Joe Sacco est un pleutre ! Et c’est vraiment une très grande qualité lorsqu’on se trouve dans des pays en guerre. Sa prudence et sa couardise lui servent de ressort dramatique pour ses histoires et lui permettent de rester en vie malgré le danger. Il se met en scène, en tant que journaliste enquêtant sur des sujets sensibles.
    Pour cette bande dessinée c’est l’équivalent de 6 années de travail et un résultat de 400 pages. En nous plongeants dans les racines de la crise Israélo-palestinienne il nous aide à mieux décrypter l’actualité. Grâce à un dessin sec, en noir et blanc, précis et dépouillé il donne à voir toute une galerie de personnages – ceux qu’il a rencontré pour ses enquêtes – et nous permet d’entrer dans leur vie et leurs histoires en sondant les mémoires ; Joe Sacco ne fait pas qu’interviewé différents protagonistes, aidés par des amis historiens et journalistes, il enquête aussi sur les différentes sources existantes : archives de l’ONU, du gouvernement israélien, etc…
    Joe Sacco a enquêté sur des massacres perpétré par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, à Rafah et Khan Younis pendant l’année 1956. L’armée israélienne était alors occupée à apporter son soutien à la France et à la Grande Bretagne empêtrées dans la crise de Suez. Tsahal avait envahi le Sinaï et occupait la bande de Gaza.
    Autant dire que cette BD est admirable, et apporte une pierre indispensable au processus d’écriture historique en mettant en avant des évènements méconnus de cette guerre.
    Le point de vue de Joe Sacco reste engagé et neutre, il s’attache aux faits et donne la parole aux différents protagonistes.

    mallory Le 18/05/2010 à 10:03:06

    Michel Crespin est un auteur de bande dessinée trop tôt disparu. Talentueux et aujourd'hui trop méconnu, il était originaire des Hautes-Alpes, du côté du Champsaur, un pays où la nature est omniprésente, et belle, si belle... Michel Crespin la dessine merveilleusement bien. Ses histoires se passent très souvent dans les paysages qui l'entourent.
    Son premier livre édité, Marseil, parait en 1979 après quelques publications dans Métal Hurlant. Viennent ensuite deux séries de BD, Armalite 16 (4 titres de 1980 à 1987) et Troubadour (3 brins de 1991 à 1993), de nombreux travaux d'illustrations notamment pour des causes engagées (des collectifs contre le nucléaire, Greenpeace, Amnesty International, l’aide aux Taulards, les innus, les enfants des cités...) complèteront son oeuvre ainsi qu'une libre adaptation de Faust.

    Plantés dans le décor des montagnes des Hautes-Alpes, les albums d'Armalite 16 racontent la résistance d’un groupe de jeunes montagnards contre un envahisseur totalitaire dans un monde post-atomique.

    Je vous propose aujourd'hui de découvrir Elie, un manga édité par Kodansha au Japon puis par Casterman en France. Très accessible, Elie raconte une histoire d'enfance tendre et émouvante. L'initiation d'un jeune garçon vivant dans la montagne. Une économie de mot et des images splendides, le dessin est formidable.
    Michel Crespin se définissait comme un "raconteur d’histoires dessinées". Pour lui, la nature est plus bavarde que les hommes.

    mallory Le 18/05/2010 à 09:59:47

    Un vieil homme peint une très jolie jeune fille qui pose nue devant lui. Un dialogue s’instaure entre le peintre et son modèle :

    - Elle : Vous êtes vieux.
    - Elle : Quel âge avez-vous ?
    - Elle : A quoi vous pensez ?
    - Lui : Tu me fais penser à ma mère.
    - Elle : Votre… ?

    Leur conversation les conduit inéluctablement vers les souvenirs du vieil homme, ses premiers amours, sa façon de voir la vie, d’envisager les relations avec les femmes. Le vieil homme dit qu’il a passé sa vie à tenter de « mesurer la distance qui sépare l’homme de la femme ». Tout deux vont cheminer par un habile jeu de questions / réponses vers une approche de ce qui parfois ressemble à un fossé ou peu paraître tout aussi imprécis.

    Edmond Baudoin joue avec ses personnages et entraîne ses lecteurs dans une valse colorée et chatoyante. Il dévoile l'intimité de chacun d'entre eux, comme il aime aussi se dévoiler lui-même, mais toujours avec pudeur, sensibilité, tendresse et intelligence, nous invitant ainsi à sonder notre propre intimité, à sonder nos secrets, à chercher nos propres réponses.
    Son dessin accompagne merveilleusement les tâtonnements du peintre et de l’auteur, leurs découvertes communes de la sensualité, révélant la beauté des femmes, leur complexité et leur ambivalence. Une maîtrise parfaite de la couleur, des richesses chromatiques, font de ce maître du Noir et Blanc, un artiste joyeux, heureux de ses dessins, de sa peinture. L’arleri devient une nouvelle œuvre intimiste, qui donne à Edmond Baudoin l’occasion de continuer à questionner ses racines, fussent-elles familiales, intellectuelles, culturelles ou artistiques. L’homme, l'artiste, aime à se confondre avec ses personnages de fiction, jusqu’à devenir lui même jeune, vieux, homme, femme, peintre, modèle. La diversité des points de vue offre une illustration complète de l’humain dans toute sa complexité. L’amour, l’amitié, la rencontre entre deux êtres est le carburant de son œuvre créatrice… et de sa vie toute entière.

    Merci monsieur Baudoin, pour le plaisir que vous partagez si chaleureusement.

    mallory Le 22/12/2007 à 00:17:24
    Marzi - Tome 1 - Petite carpe

    La série doit parcourir trois différentes périodes de la vie de Marzena Sowa : l'enfance, l'adolescence et les débuts dans l'âge adulte. Ce premier tome, Petite Carpe, est dédié à l'enfance. Le récit est autobiographique, basé sur le témoignage et, dans sa démarche, fait beaucoup penser à Persépolis de Marjane Satrapi.

    Marzi, une petite fille de 7 ans, regarde le monde normalisé par le stalinisme avec ses yeux d'enfant. Elle vit dans une HLM de la ville industrielle de Stalowa Wola, et aime par dessus tout l'aventure et le mystère.

    Intégralement raconté sous forme de voix off, ce quotidien polonais vu par les yeux d’une enfant ne cherche à véhiculer aucune idéologie politique. Toutefois, on ne peut s’empêcher de constater le fossé entre le système de pénurie permanente de l’époque (c’était il y a à peine 20 ans…) et notre économie de marché « européenne » d’aujourd’hui.
    Le rythme n'est certes pas rapide, mais l'histoire se déroule tendrement comme la vie de Marzi et on se prend au jeu de ce regard d'enfant, plein de douce naïveté, sur un monde dont on sait ce qu'il a été.

    mallory Le 22/12/2007 à 00:12:41
    Klezmer - Tome 2 - Bon anniversaire Scylla

    Nous voilà tranportés vers l'Ukraine et les cultures slaves, tziganes, cosaques et juives bien sûr.

    Klezmer, c'est avant tout un style musical d'Europe de l'Est joué par les musiciens itinérants juifs ashkénazes, un voyage entre musique manouche et jazz... enfin pour se faire une idée, vaut mieux se mettre un bon disque et commencer la lecture. Je connais et apprécie la musique de David Krakauer dont le site est ici, mais vous pouvez aussi allez vous renseigner auprès de ces deux groupes : The Klezmatics et Amsterdam Klezmer.

    Nous allons suivre plusieurs personnages : Yaacov le jeune homme, Hava, la jolie jeune femme, Le Baron taciturne au passé trouble, Vicenzo plutôt naïf et faire valoir et le gitan Tchokola formidable conteur d'histoires. Tous ont en commun la musique et vont se rencontrer. Ils traversent un monde où la violence domine et où les sentiments ont parfois du mal à se frayer un chemin, mais prendront une importance grandissante au fil du temps. Le premier tome permet de camper les personnages à la façon d'une randonnée contée. Dans le second ils se retrouvent à Odessa dans la maison d'une vieille dame qui fête son prochain départ pour Israël : les amitiés se nouent, les histoires se délient, l'alcool ,coule à flot et les notes de musiques accompagnent tout ce petit monde...

    Les dessins (en couleurs directes - aquarellées - ) et l'écriture sont extraordinaires : rythmées, saccadées, colorées, spontanées elle confirme le talent de leur auteur Joan Sfar. C'est riche, passionnant, culturel, drôle, émouvant et même fichtrement documenté... car en fin d'ouvrage Joan Sfar partage ses impressions sur son travail de dessin et de recherche. Il nous parle de ses influences : Hugo Pratt, Quentin Blake, Sempé... et décrit sa découverte de l'aquarelle et son rapport à la bande dessinée.

    mallory Le 22/12/2007 à 00:10:14
    Le cycle de Cyann - Tome 4 - Les Couleurs de Marcade

    Lorsque François Bourgeon explore un univers littéraire, il n'y va pas avec le dos de la cueiller : tous les poncifs du genre se trouvent ici déclinés. De plus, nous étions déjà habitués à des galeries de personnages exubérantes, nous sommes servis.
    Ce dernier épisode amène Cyann sur une nouvelle planète, Marcade. Fidèle à son habitude, François Bourgeon ne fait pas l'économie de nous décrire cette planète et sa société où règne un ultra-libéralisme, où les échanges sont poussés à leur paroxysme puisque même parler coûte de l'argent. Poser une question peut vous ruiner. C'est aussi une société qui ne connait pas de limite à l'intrusion dans la sphère privée et la belle Cyann en fait les frais à ses dépens. Mais elle réussit à retourner sur Ohl, seulement un petit problème s'est glissé lorsqu'elle a franchi la Porte lui permettant de se jouer de l'espace et du temps, et la voici sur Ohl mais 40 ans plus tard...

    Les dessins sont toujours aussi somptueux, les couleurs éclatantes. Chaque case se rapproche du tableau de maître.
    Profitez-en pour relire la série ou attendez le prochain opus sinon vous risquez de rester sur votre faim...


    mallory Le 22/12/2007 à 00:07:56
    Le cycle de Cyann - Tome 1 - La sOurce et la sOnde

    Lorsque François Bourgeon explore un univers littéraire, il n'y va pas avec le dos de la cueiller : tous les poncifs du genre se trouvent ici déclinés. De plus, nous étions déjà habitués à des galeries de personnages exubérantes, nous sommes servis.
    Ce dernier épisode amène Cyann sur une nouvelle planète, Marcade. Fidèle à son habitude, François Bourgeon ne fait pas l'économie de nous décrire cette planète et sa société où règne un ultra-libéralisme, où les échanges sont poussés à leur paroxysme puisque même parler coûte de l'argent. Poser une question peut vous ruiner. C'est aussi une société qui ne connait pas de limite à l'intrusion dans la sphère privée et la belle Cyann en fait les frais à ses dépens. Mais elle réussit à retourner sur Ohl, seulement un petit problème s'est glissé lorsqu'elle a franchi la Porte lui permettant de se jouer de l'espace et du temps, et la voici sur Ohl mais 40 ans plus tard...

    Les dessins sont toujours aussi somptueux, les couleurs éclatantes. Chaque case se rapproche du tableau de maître.
    Profitez-en pour relire la série ou attendez le prochain opus sinon vous risquez de rester sur votre faim...

    mallory Le 21/12/2007 à 23:59:53

    Pour commencer, il y a un parti pris graphique et littéraire : raconter une histoire sans texte et pourtant pleine de bruits et de mots, avec des images qui oscillent entre réalisme et fantastique. Le ton employé, souligné par la teinte ocre et brune du dessin, place le récit sur un pont reliant deux mondes : les mondes réels et imaginaires, l'ancien monde et le nouveau monde, la fin agonisante du XIX° siècle et le XX° siècle naissant. C'est un travail de longue haleine qu'a accompli Shaun Tan : plus de quatre années pour accoucher de cette bande dessinée. Ce récit est en partie autobiographique puisqu'il est basé sur le témoignage de son père, Malaisien d'origine, migrant en Australie. Mais c'est aussi un travail d'enquête auprès de nombreux migrants de nombreux pays et de différentes époques. Les portraits, si poignants qui sont sur les pages intérieures de couvertures sont inspirés de photos de passeports et de migrants prises à Ellis Island entre 1892 et 1954.

    Vous l'aurez compris, nous voici plongé, dès les premières pages dans une aventure hors du commun et intemporelle, celle d'un homme prêt à quitter sa famille (femme et enfant) pour tenter de trouver une vie meilleure ailleurs. Avec cette question qui taraude tant d'hommes : "Existe-t-il une chance pour moi là-bas ?" et cette autre qui en inquiète tant d'autres : "Pourquoi ne restent-ils pas chez eux ?". Mais Shaun Tan nous montre aussi qu'il existe non seulement une solidarité active entre migrants, et que leur accueil pourrait être différent. Si sa vision est utopique (et là Shaun Tan nous entraine dans un univers fantastique pour bien montrer la césure qui s'opère avec la réalité) elle n'en est pas moins plausible. Les trouvailles graphiques nous offrent cette liberté d'imaginer, une nouvelle fois, ces ponts entre notre monde et sa vision. Lorsque le paquebot, chargé de migrants entre dans le port du nouveau monde, on reconnait la mégapole de New-York grâce sa statue monumentale. Mais à la place où doit se trouver la fameuse statue de la Liberté, nous découvrons deux statues gigantesques qui se saluent en se serrant la main et en se prosternant un peu. L'arrogance de la statue de la Liberté, symbolique à souhait (l'Amérique moderne n'est-elle pas arrogante ?), et qui a dû offrir à tant de migrants un espoir de liberté enfin acquise et revendiquée, laisse place à une statuaire qui donne l'image rassurante d'un pays qui sera à vos côtés et ne vous laissera pas tomber. A partir de là, tout s'enchaine : l'enregistrement administratif, la recherche d'un toit, de nouriture, de travail, les rencontres, l'apprentissage de la langue... et enfin l'amitié, le partage et le regroupement familial, happy-end synonyme de réussite et d'un nouveau commencement.

    Voilà une bande dessinée essentielle pour nous amener à réfléchir sur cette épineuse question des migrations internationales, sur les notions d'accueil et d'intégration des migrants. Shaun Tan donne le point de vue des migrants et n'hésite pas à nous questionner sur ces sujets de société. C'est une oeuvre magistrale, d'une immense qualité !

    mallory Le 21/03/2007 à 01:20:14

    Attention chef d'oeuvre !!!
    Le premier manga traduit en France de Kyoko Okazaki (岡崎 京子).
    Le genre de celui-ci est une chronique de la vie quotidienne. Nous suivons Yumi, une jeune femme, employée de bureau, qui se prostitue pour arrondir ses fins de mois et nourrir son crocodile. Comme animal de compagnie, on ne peut pas faire plus original.
    "Si tu n'es pas heureuse, il vaut mieux mourir" lui disait sa mère. Et cette dernière est morte, laissant sa fille seule, avec un père riche mais trop souvent absent. Yumi choisi de vivre et même de mordre la vie à pleine dents. Alors tout paraît simple pour elle.
    Mais son père s'est remarié et elle déteste sa belle-mère - des sentiments d'ailleurs amplement partagés. Keiko, sa petite soeur, tente de faire le lien entre tous ces éléments : Yumi, le crocodile, la belle-mère et... Haruo. Ce dernier est l'amant de sa mère. Un jeune homme qui tente vainement de devenir écrivain.

    Tout semble se dérouler comme Yumi l'entend : une vie plus ou moins bien réglée, presque ordinaire... jusqu'au jour où elle surprend les deux amants et décide de suivre le jeune homme. Elle s'immisce dans sa vie sans lui laisser le choix. Haruo tombe progressivement amoureux de sa nouvelle colocataire... Mais la mère de Keiko, en horrible marâtre - elle a lu les contes de notre enfance - décide de se venger de tout ce petit monde...

    C'est frais, dynamique, plein d'humour, c'est bigrement bien raconté et largement bien dessiné. La technique de tramage est originale : les trames figurants les ombres semblent être posées maladroitement sur les personnages, les objets, les décors ; on a parfois l'impression de se retrouver avec ces vieilles BD, lorsque la couleur dépassait des contours des personnages, procurant une vision double. Ici, rien de tel, ni de désagréable, simplement une impression surannée qui colle bien au propos en s'en démarquant. Kyoko Okazaki décrit admirablement bien une certaine réalité des familles urbaines modernes au Japon.

    Qui est Kyoko Okazaki ?
    Une jeune femme, née en 1963 à Tokyo. Elle fait ses débuts à 17 ans et se distingue de ses consoeurs en accordant une large place à la sexualité dans ses récits. L'humour le dispute souvent au tragi-comique de situations parfois rocambolesque. Elle dépeint une société japonaise moderne avec des valeurs très proches de ce que nous connaissons, ce qui en fait une œuvre qui facilite l'identification des lecteurs occidentaux.
    C'est avec impatience que j'attendrai la traduction d'ouvrages comme Happy House (1992) et River’s Edge (1994). Pink date de 1989.
    Malheureusement Kyoko Okazaki a eu un accident de voiture, en 1996, qui l'a contrainte à arrêter sa carrière.