Loin de l'image glamour que les médias se sentent obligés de coller pour illustrer tout combat féministe, Les Filles du Kurdistan aborde de façon beaucoup plus factuelle et juste la réalité de celles qui ont fait face à Daech. Vingt ans de voyages, d'interviews et de totale immersion ont permis à Mylène Sauloy de connaître parfaitement non seulement ces femmes mais aussi leur environnement politique. Clément Baloup, au dessin, s'est emparé avec brio de ce sujet encore trop éloigné des préoccupations occidentales.
Clément, connaissiez-vous le sujet avant d'attaquer ce projet ?
Clément Baloup : Je n’en avais pas une vision très poussée, peu différente de celle que nous offrent finalement les médias traditionnels auxquels nous avons accès en France. En habitant à Marseille, je suis tout de même au contact de la communauté arménienne, ce qui offre une autre perspective sur l’histoire contemporaine dans cette partie du monde en rapport avec la Turquie, la manière dont les peuples peuvent être dépossédés de leurs terres ou du moins comment les frontières sont malmenées, pour le dire gentiment. Quand j’ai rencontré Mylène, j’ai remarqué que les images que j’avais vu sur Arte, qui étaient un peu plus poussées et intimes, étaient d'elle. Il y avait comme ça, à travers cette journaliste, un accès à quelque chose de bien plus profond et plus documenté que ce que j’avais pu avoir à travers les autres médias.
Comment avez-vous été mis […]