



Théodore Poussin
14. Aro Satoe
Une BD de Frank Le Gall chez Dupuis - 2023
01/2023 (27 janvier 2023) 76 pages 9791034747559 Grand format 463156
Après son retour en grandes pompes à bord de l'Amok pour son dernier voyage, Théodore Poussin, l'intrépide héros imaginé par Frank Le Gall, se retrouve aujourd'hui pris entre les feux croisés des autorités de Singapour qui détiennent son équipage et l'armée britannique qui veut lui mettre le grappin dessus au motif de ses actes de piraterie. Réfugié chez la belle Aro Satoe, il tente d'échapper aux forces de la perfide Albion et s'enfonce dans les méandres labyrinthiques de l'île mystérieuse. Entre grande aventure, voyage introspectif, bilan d'une... Lire la suite
Si le dernier voyage d’Amok était un volume tout simplement horrible (le pire de la série, amha), Aro Satoe est au moins lisible. Cela ne signifie pas que c’est un épisode réussi, cependant. Les personnages errent en rond sans but et parlent pour ne rien dire. Le dessin est extraordinairement flottant, alternant des scènes suggestives avec beaucoup (trop) de cases dépouillées et peu inspirées. Les couleurs sont vraiment laides et rendent le tout peu suggestif, là où dans l’original noir et blanc (voir la série des Cahiers) on peut remarquer des textures qui rendaient les planches plus riches et que la colorisation couvre complètement.
Dans l’une des préfaces des Intégrales, Le Gall se souvient, avec beaucoup de colère, d’un fan qui lui dit un jour qu’il devrait terminer la série avec le volume 6, donc après le premier cycle (un petit chef-d’œuvre, en fait). Si par la suite il y a eu des choses très appréciables (l'album 7 est probablement le plus beau de la série, et La terrasse des audiences n’est pas mal non plus), il est vrai que la deuxième moitié de la série a été une baisse progressive de qualité : l’insipide et banal whodunit Novembre toute l’année et le bizarre Les jalousies, malgré leurs bons moments, ne sont pas particulièrement intéressantes ; les deux derniers albums sont franchement inclassables.
La dernière planche laisse présager une fin pour cet interminable cycle qui s’était ouvert avec La terrasse des audiences (je considère La vallée des roses et La maison dans l'île comme deux one-shots), beaucoup moins cohésif que le premier, mais qui présente néanmoins un fil conducteur précis (l’histoire entre Théodore et Chouchou et celle de sa plantation). Et peut-être une fin pour la série (?) : espérons que Le Gall réussira à sauver son héros in extremis.
(Espérons aussi - et surtout - ne pas avoir à attendre encore cinq ans...)