Les avis de - p.obin

En Cappadoce, trois Turcomans piégés par un orage se réfugient dans des troglodytes qu'on dit hantées. Poursuivis par des francs vivant de rapines qui veulent les dépouiller, deux mordent la poussière. Mais le troisième turc parvient à s'enfuir, traqué de près par un franc nommé Geoffroy. Ce dernier fait équipage avec notre beau Vasco, lui même flanqué de son amie la princesse Byzantine et d'autres compagnons d'aventures vers la citadelle de Kayseri, tenue par des mongols. Démasqué par le turc survivant, nos héros sont détenus en otage par les mongols qui les rendent responsables des troubles en leur royaume. Bien sur, ils parviennent à s'enfuir avec la complicité de grecs (pourquoi pas !) mais foncent tête baissés dans le piège des mongols qui désirent par ce stratagème découvrir le repère des francs. Après moults péripéties et trahisons, et un siège en règle des mongols, les turcs appelés à la rescousse (merci amie byzantine) délivrent nos héros et le lecteur un peu déçu par la même occasion ! Gilles Chaillet nous livre là un scénario un peu faiblard, mais la richesse des décors, la finesse du trait et la précision des reconstitutions sauvent l'album. Pas vraiment le meilleur album de Vasco.

Le télescope ou le bonheur d'être sexagénaire
JUBILATOIRE, c'est le premier mot qui me vient à l'esprit en refermant cette superbe BD de 86 pages. Sur un scénario brillant de Jean Van Hamme (Thorgal, XIII, Largo Winch, Lady S... excusez du peu) illustré par le trait de crayon très précis de Paul Teng (Shane, l'ordre impair) qui croque superbement les visages et les rend hyper expressifs, cette BD nous entraîne dans l'univers d'une bande joyeuse de cinq amis proches de la retraite. D'une fenêtre d'un appartement, nos joyeux drilles ont installé un télescope où ils viennent mater une pimpante anversoise habitant l'immeuble d'en face ! Cette charmante ingénue n'a que cesse de s'afficher dans des tenues affriolantes qui émoustillent la libido de nos compères. Jusqu'au jour où un hasard bien orchestré rend la possible la rencontre entre la belle et ses soupirants... Notre héroïne qui, sans remord de conscience, se fait entretenir par "Doudou", se fâche avec ce dernier et nos cinq amis, unis depuis la communale comme les cinq doigts de la mains, s'empressent de voler à son secours et là, les ennuis commencent... Mais cela, vous le découvrirez par vous même ...

Après avoir visité le monde Caroline se voit confier deux missions : l'une de sa cousine qui lui demande d'empêcher son fils mineur Jérémie de se mêler à un trafic de cigarettes dans les réserves indiennes du Canada dont les profits vont servir à acheter des armes permettant aux indiens de se soulever contre les autorités canadiennes, l'autre par une libanaise dont la mère a été violée par un militaire français et qui veut le retrouver au Canada pour une terrible vengeance familiale ; mais chut ! Ceci, Caroline ne le sait pas encore... Flanquée de son fidèle compagnon Gary, Caroline essaye de dénouer les fils de l'intrigue... Dont le dénouement sera révélé dans le prochain tome

Alix est sauvé ! Pour succéder à Jacques Martin, ce dernier avait choisi de confier les dessins à des jeunes talents (Simon, Moralès ,Ferry...). A sa disparition, Casterman, après avoir confié la série à des scénaristes et dessinateurs, semble enfin avoir trouvé le digne successeur de Martin : Mr Marco Vananzi (Auriac, Zidane, Masquerouge...). Seul aux commandes, il a trouvé la bonne formule ! Les visages nous sont familiers, les décors somptueux, les couleurs chaudes et chatoyantes. Les bulles ne sont pas alourdis par des textes trop longs, le découpage de la BD fait la part belle à l'action. Enfin, cerise sur le gâteau, l'intrigue nous mène dans l'univers des vestales, ces prêtresses consacrées à Vesta, la déesse du foyer. César a confié son testament aux vestales, avant de partir combattre son éternel ennemi : Pompée le Jeune. Alix et son fidèle Enak sont invités par le général Galva à célébrer les noces d'une de ses deux filles. La mariée est assassinée et Alix va se lancer sur la piste de l'assassin, aidé de l'autre fille de Galva qui est vestale. Mais les ennemis de Rome règnent... et la politique scinde la famille de Galva en deux camps : Les pro-César et les partisans de Pompée.... Mais Alix saura dénouer les fils de cette intrigue criminelle, politique, familiale et historique ! Vivement le prochain Alix ! Un bon moment de détente et un plaisir à savourer... sans modération. Un très bon cru pour ce tome 29 des aventures d'Alix !

La momie ... bleue cette fois.
Voilà notre ami Lefranc en Egypte, convié par son ennemi juré Alex Borg à dévoiler aux médias du monde entier la renaissance d'une momie.
Ce cher Alex voit dans cette opportunité l'occasion de mettre au point un technique qui lui assurera célébrité et richesse ...
En effet, c'est là où l'histoire confine au grotesque, les meilleurs scientifiques à partir de noyaux d'ADN réussissent à cultiver des cellules souches et à reconstruire une momie.
Mais pourquoi une momie bleue ...? Je vous laisse découvrir l'explication convaincante des scénaristes ...
Mais comme l'éternelle opposition du bien et du mal n'étant désormais plus crédible avec la courtoisie que prête désormais les scénaristes à l'infâme Alex Borg, ce qui me désoriente de plus en plus, un subterfuge est ici mis en place : Les méchants, pour ne pas dire les inconscients sont ici les scientifiques, les bons étant incarnés par les membres du MORA, c'est à dire l'association des religions monothéistes qui voient d'un mauvais oeil l'accès sur terre à la vie éternelle !
Par un tour de passe-passe de nos imaginatifs auteurs que je vous laisse découvrir si vous en avez le courage, la momie renaît à la vie et s'enfuit ...
Cette momie, pour le moins inoffensive, s'agissant de la résurrection d'un scribe, sème cependant la pagaille en ville tout en échappant à une cohorte de poursuivants hétéroclites, dont les fameux Lefranc et Alex Borg.
Son secret ? Connaître parfaitement les recoins du temple de Karnak et notamment l'accès au trésor du clergé d'Amon.
Reste évidemment la beauté de quelques paysages égyptiens, la connaissance de Martin de l'antiquité, et le talent de Carin.
La fin de l'histoire se termine en eau de boudin : Alex Borg s'empare du trésor, ce qui comble sa cupidité et la momie reste seule, terrée au bord du fleuve.
Peut être pour le retour de la momie ? Espérons que non !

Ce qui m'a toujours fait frissonner quand j'ai lu et relu le grand Meaulnes, c'est le destin tragique de son auteur Alain Fournier, tué comme tant d'autres en pleine force de l'âge, 28 ans .... par les balles ou obus allemands de la grande guerre.
Toute une génération géniale fauchée : Charles Péguy, Louis Pergaud, Guillaume Appollinaire ...
Lorsqu'on savoure le grand Meaulnes, on se laisse porter par les émotions du narrateur François qui va passer lentement de l'adolescence à l'âge adulte.
Cet hymne à l'amitié est magnifié par les qualités littéraires de Fournier.
La BD n'est pas en reste ... première adaptation sous le contrôle exigeant des ayant-droits, elle respecte fidèlement le roman, allant jusqu'à en emprunter certains textes.
Certes, la richesse des écrits de Fournier se prêtait à cette adaptation, mais le dessinateur s'est mis au diapason de l'oeuvre ... le dessin magnifie la poésie de l'oeuvre, et les décors sont époustouflants.
J'ai vraiment retrouvé l'oeuvre que j'ai aimé ... Mieux même, en lisant la BD, on a envie de rouvrir les pages jaunies de notre lecture d'enfance. ... Bravo Mr CAPO !!!!
Pour ceux qui n'ont pas lu l'oeuvre en voici un bref résumé :
C'est l'aventure d'Augustin Meaulnes, contée par son camarade de classe, François Seurel, devenu son ami.
1 / Augustin Meaulnes est placé par sa mère chez les parents de François, instituteurs de leur métier, au Cours supérieur de Sainte-Agathe. Il partage la même chambre que François. Meaulnes a 17 ans, François en a 15, et on ressent vite une différence d'émancipation, si bien que Meaulnes va peu à peu devenir le mentor de François qui l'admire.
Quelques jours avant Noël », Augustin chargé d'aller chercher les grand-parents de François à la gare, se perd et arrive par hasard dans une vaste propriété.
Il s'y déroule une fête étrange où les enfants sont rois.
Cette fête est donnée en l'honneur des noces de Frantz de Galais
Lors d'une promenade en bateau sur l'étang, Meaulnes y rencontre une jeune fille et en tombe éperdument amoureux.
Il apprend due cette dernière s'appelle Yvonne de Galais, mais elle lui demande de ne pas la suivre.
La fiancée de Frantz ayant semble t-il changé d'avis, la fête prend fin tristement.
2 / Meaulnes a une idée qui l'obsède : celle de retrouver « le domaine mystérieux » et son aimée.
François l'aide de son mieux, ainsi qu'un jeune bohémien masqué : Frantz de Galais, désespéré d'avoir perdu lui aussi son amour.
Augustin poursuit ses études à Paris dans l'espoir d'y retrouver Yvonne, dont Frantz, son frère, lui a donné l'adresse.
A la troisième lettre qu'il recevra de Meaulnes, François comprend que ce dernier préfère tout oublier.
3 / François Seurel, qui va aussi devenir instituteur, retrouve la piste d'Yvonne, revenue en Sologne ; il en avertit son ami Meaulnes.
Rapidement Augustin demande la main d'Yvonne et l'épouse mais il la quitte dès le lendemain pour respecter une promesse faite à Frantz : celle de retrouver la fiancée de ce dernier.
La jeune femme reste seule auprès de son père, égayée par les visites de François.
Une petite fille nait, mais Yvonne meurt deux jours plus tard des suites de ses couches.
François, tuteur de la petite fille, s'installe au domaine.
Il y retrouve un cahier et y découvre le secret de Meaulnes.
4 / Un an plus tard, Augustin revient aux Sablonnières.
Il a retrouvé Frantz et Valentine la fiancée perdue.
Il apprend la naissance de sa fille et l'emmène, laissant François à son désarroi et à sa propre histoire.
La BD est enrichie de quelques pages illustrant les itinéraires du Grand Meaulnes et d'Alain Fournier qui m'ont permis d'en savoir plus sur la génèse de l'oeuvre.
Enfin, elle est préfacée par une héritière de la famille de Fournier qui lui donne une caution morale indéniable.
En résumé : une bande dessinée particulièrement réussie et fidèle à l'oeuvre que je recommande chaleureusement.
En 1913, Henri Alban Fournier écrivait dans une lettre " Je ne demande ni prix, ni argent, mais je voudrais que le Grand Mealnes fût lu" ... il échoua d'un souffle au prix Goncourt qui consacra un autre roman tombé dans l'oubli ! ... Puisse cette BD exaucer les voeux de cet immense romancier !