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Les avis de - meuillot

Visualiser les 158 avis postés dans la bedetheque
    meuillot Le 26/02/2018 à 09:56:22

    « Quelle serait pour vous la raison d’une potentielle fin de civilisation ? » Voilà sur quoi neuf auteurs ont planché pour donner naissance à ce numéro -2 de DIG!

    La première planche illustrée décrit une silhouette dont les seules informations indiquent qu’elle porte un chapeau et qu’elle semble marcher dans les profondeurs abyssales. Imaginé collectivement et illustré par Timothée Morisse, il faudra s’habituer à cet homme qui fait le lien entre chaque histoire. Qui est-il ? Les auteurs nous laissent le choix. Le témoin d’une civilisation agonisante ? Un simple observateur ? Le créateur d’un nouveau monde ? Libre au lecteur de se l’approprier. Toujours est-il que cette histoire transversale, par ses couleurs chaudes et apaisantes, offre comme un répit face à ces différentes interprétations aussi anxiogènes que captivantes.

    Ce numéro -2 de DIG! pourrait paraître plombant à la lecture au vu des sujets peu enjoués. Cela serait oublier la formidable richesse graphique proposée par le collectif ajoutée à une maîtrise scénaristique bien sentie, notamment avec cette belle fluidité de l’histoire transversale. Alors, oui c’est sombre, mais c’est beau !

    meuillot Le 08/11/2017 à 14:34:04
    Shelton & Felter - Tome 1 - La Mort noire

    Ce premier tome de Shelton & Felter offre une intrigue qui fonctionne parfaitement. Et pour que cela soit le cas, Jacques Lamontagne s’est concentré sur deux éléments essentiels pour que la réussite soit de mise dans cette aventure.

    D’abord en rendant ses deux héros attachants. Dès le début de l’histoire, Shelton & Felter révèlent des comportements qui attisent la curiosité. Shelton, grand gaillard, est un ancien boxeur contraint d’abandonner son sport. En grande difficulté financière, il doit vite se reconvertir pour ne pas se retrouver à la rue. Felter, quant à lui, incarne la fragilité par sa petitesse accentuée de son côté hypocondriaque. Ainsi, l’auteur, en leur donnant des traits de caractère diamétralement opposés, va les confronter à des situations bien cocasses. Malgré des moments difficiles pour concilier leur entente, les deux hommes utilisent leurs forces respectives (physiques et cérébrales) et deviennent peu à peu complémentaires pour finir complices. Jacques Lamontagne a pris le temps de façonner ses personnages, et le lecteur le ressent.

    De plus, le dessinateur d’Aspic, détectives de l’étrange, a élaboré un solide scénario. Sur fond d’un véritable fait-divers survenu à Boston en 1919 (une inondation de mélasse, conséquence de l’explosion d’une citerne, ayant engendré la mort d’une vingtaine de personnes), l’auteur québécois imagine une enquête policière captivante en pleine période de prohibition.

    Ainsi, en y ajoutant une illustration soignée, des personnages aux expressions très vivantes, des cases riches en texte, ainsi qu’une jolie colorisation de Scarlett Smulkowski, on obtient Shelton & Felter, une bande dessinée policière comme on n’en avait pas lue depuis longtemps. Le deuxième tome étant d’ores et déjà terminé, le terrain de jeu de Jacques Lamontagne a l’air de l’inspirer et ça nous convient très bien !

    Chronique complète sur : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/shelton-felter-1-la-mort-noire/

    meuillot Le 28/09/2017 à 21:49:11
    À coucher dehors - Tome 2 - Tome 2

    Aurélien Ducoudray ajoute une nouvelle belle pierre à son édifice. Pour à coucher dehors, il allie, avec maîtrise, humour et sujets graves. Avec des dialogues détonants et des réparties aussi bien senties que dans le premier opus, l’auteur accorde à chacun de ses personnages une vraie importance. Avec, bien sûr, Amédée au centre de l’intrigue car c’est à lui qu’arrivent toutes les situations rocambolesques.

    En effet, Jean-Pierre Rousseau de son vrai nom, n’est pas épargné dans ce récit graphique. Mais quelle que soit la situation (comme se retrouver sur un « sputnik à l’envers » pour empêcher un drame, supporter un cours sur les bienfaits de la Reine des abeilles régnant dans sa sa ruche, ou s’attacher les services de frères religieux pour former une équipe d’investigations), le scénariste apporte à son héros la psychologie et l’humanité nécessaires pour qu’il réagisse intelligemment. Et ainsi donner l’image d’un grognon au grand cœur.

    Pour le premier tome, nous avions déjà souligné l’importance du travail d’Anlor pour que cette histoire, à priori absurde, coule de source au fil des pages. Il est évident que la dessinatrice s’est totalement imprégnée de la trame imaginée par son compère. Ainsi, son trait qui pourrait paraître surjoué tant les faciès des personnages changent constamment et violemment, illustre en fait parfaitement le feu d’artifice émotionnel proposé par les protagonistes. Et confirme surtout qu’Anlor, en gardant son identité graphique, s’adapte très bien à des sujets plus « légers ».

    Sans oublier la colorisation qui est très variée dans ce diptyque. Anlor offre deux partitions distinctes selon l’album. En témoignent les deux magnifiques couvertures qui résument parfaitement ce qui nous attend à l’intérieur de chacune d’entre elles. Elle ne triche pas et se veut même rassurante avec ses couleurs plus chaudes pour ce deuxième tome. De quoi nous faire pressentir une jolie fin.

    À coucher dehors est une histoire en deux parties différentes. Et n’y voyons rien de préjudiciable tant elles offrent la même richesse…

    meuillot Le 19/09/2017 à 10:27:53
    Outcast - Tome 4 - Sous l'aile du diable

    Ce quatrième épisode d’Outcast garde un rythme effréné. De cette solidarité intouchable entre le Révérend et Kyle, découle de véritables combats contre cette puissance néfaste. Au début de ce récit, on aurait presque la sensation que l’auteur, Robert Kirkman, lève le pied sur le contenu de l’histoire. Mais c’est sans compter sur sa force narrative. Car la fin de Sous l’aile du Diable apporte son lot de nouvelles interrogations alors que d’autres on trouvé leurs réponses.

    Difficile d’oublier le talentueux Paul Azaceta qui ne cesse d’illustrer de superbes cases au fil des chapitres. Les conditions climatiques étant particulièrement rugueuses dans ce quatrième opus, Azaceta en profite pour montrer son aisance à sortir des caves, sous-sols ou autres endroits ténébreux qui sont légion pour ce genre de comics. La neige et le feu sont ainsi de nouveaux éléments de décor qu’il intègre idéalement dans la noirceur de l’intrigue. À la couleur, Elizabeth Breitweiser, habille les planches de façon toujours aussi harmonieuse.

    Une série toujours aussi accrocheuse.

    meuillot Le 15/09/2017 à 19:09:12
    Streamliner - Tome 2 - All-in Day

    Le premier épisode de Streamliner mettait en lumière Billy Joe car après tout, c’est bien lui, le chef de gang des Red Noses, qui est l’instigateur de cette course de vitesse sur la route 666. Sauf qu’il n’avait pas prévu deux choses : que le propriétaire du Lisa Dora mette en jeu sa station essence pour le run. Mais encore moins que O’Neil, n’étant plus en état de conduire sa Black Widow, cède sa place à celle dont le détenteur de la Winchester s’est épris : Cristal.

    Ainsi, au moment où une jeune fille va donner le top de la course, toutes les attentions seront portées par celle qui conduit la voiture mythique du « Duke ». C’est ainsi que commence ce deuxième et dernier tome de Streamliner, c’est ainsi que Cristal devient à son tour le personnage principal.

    Durant quatre-vingt-quinze planches ce deuxième volet de Streamliner nous embarque dans un run fou où chacune d’entre elles nous happe de telle façon que notre cœur subit de fortes perturbations et que nos oreilles sont spectatrices du vacarme de la Black Widow et consorts. De pareilles sensations pourraient être légitimes devant un écran de cinéma et pourtant c’est bien une bande dessinée qui nous produit le même effet.

    Voilà en quoi ‘Fane réussit formidablement son pari. Celui de nous immerger dans ce désert apocalyptique où plus rien ne compte mis à part connaître l’issue de cette course suicidaire. Et pour y arriver l’auteur a su mettre à profit plusieurs inspirations bien senties :

    – En rendant attachants tous les personnages, les bons comme les méchants. Et en donnant quelques repères bien trouvés lorsqu’il les associe à des noms connus (Calamity, The Kid…). Il témoigne un tel respect envers ses héros qu’on a l’impression qu’ils sont tous des piliers de l’histoire.

    – Difficile alors de ne pas penser au cinéaste Quentin Tarantino tellement lui aussi accorde de l’importance à tous ses protagonistes. Mais la comparaison ne s’arrête pas là. On ne peut s’empêcher avec Streamliner de penser à un de ses films cultes qu’est Boulevard de la Mort. Et si, naturellement, on arrive à associer le travail de ‘Fane au cinéma de Tarantino, c’est que inéluctablement, cela a fonctionné.

    – Et puis il y a ce dessin qui n’est qu’une confirmation de ce que nous avait déjà offert ‘Fane. Pour ce diptyque, aucune fausse note (juste un bémol : le « cocard » de Cristal disparaît bien vite dans ce deuxième opus non ?..) Lui qui, au départ, aurait voulu réaliser cette série en un one shot noir et blanc, a apporté une autre dimension en lui donnant de la couleur. Qui plus est avec le très joli rendu d’Isabelle Rabarot qui donne de véritables indications, notamment temporelles.
    Toute la technique et la « patte » graphique de l’auteur sont réussies dans ce diptyque. De ses traits des personnages en passant par la « speed line », cette profusion de traits qui permet de crédibiliser la sensation de vitesse (dans Akira, K. Otomo, l’utilise beaucoup). Sans oublier sa fameuse scène qu’on pourrait traduire comme une itération iconique partielle. Elle apparaît régulièrement dans ses publications et fait mouche à chaque fois !

    Tous ces éléments mélangés à d’autres documents avec lesquels ‘Fane s’est impregné (voir en fin d’album ou à chaque début de chapitre), font de cette histoire transpirante et humaine un coup de cœur incontestable. Lorsqu’on savoure l’épilogue ainsi que les bonus, on se dit que l’auteur a eu du mal à quitter son œuvre et on a envie de lui dire tant mieux !

    meuillot Le 24/07/2017 à 11:13:59
    L'adoption - Tome 2 - La Garúa

    « Quand les tomates sont farcies, y a plus qu’à les mettre au four ». C’est sur cette pensée profonde que Gabriel prend son courage à deux mains avant de franchir la porte de la maison. Celle où vit désormais la petite Qinaya. À ce moment précis, dix-huit mois se sont écoulés depuis que les services sociaux sont venus la chercher pour la ramener auprès de sa mère biologique au Pérou, à Lima.

    Avec pour prétexte de ramener son vélo, lequel symbolisait le début de complicité avec sa petite-fille adoptive, Gabriel ne pouvait s’attendre à mieux que de revoir une enfant heureuse et épanouie. En espérant intiment qu’elle reconnaisse son achachi. Qinaya finira par lui apporter la quiétude nécessaire pour qu’il laisse passer le petit nuage. Désormais, telle une Garùa, Gabriel va devoir affronter la brume épaisse qui se trouve face à lui et pour se frayer un chemin, il pourra compter sur un compagnon nommé Marco.

    Car ce n’est pas encore le moment pour le patriarche Van Oosterbeeck de rentrer auprès des siens. Le destin et le nombre de vols limités en décident autrement. Le temps pour lui de comprendre ce qui l’a vraiment conduit jusqu’au Pérou. Quelques points communs vont rapprocher naturellement Gabriel et Marco. Ce dernier, avec sa propre quête, va aider notre protagoniste à comprendre que ce qu’il était venu chercher en Amérique du Sud, il le possédait déjà. Le boucher retraité qui clame à qui veut l’entendre « qu’il n’y a pas plus tendre comme viande que le cœur d’un papa », ne s’était pas rendu compte qu’il avait endurci le sien. Jusqu’à ce qu’une petite fille de quatre ans lui ouvre les yeux.

    Monin offre avec L’adoption toute l’étendue de son talent. Si l’on devait donner un exemple, ce serait celui où ne l’on voit pas toujours le regard de Gabriel à travers ses verres de lunettes teintés. Le visage de ce dernier étant tellement expressif que cela n’est aucunement gênant. Des couvertures à la profondeur de ses personnages. Des ambiances chaudes et colorées à celles plus troublantes. A. Monin donne cette agréable sensation qu’il s’est complètement approprié cette histoire.

    Pour toutes ces raisons évoquées, ce serait avec grand plaisir de pouvoir retrouver ces deux auteurs dans un nouveau projet commun.

    Au final, en relisant le diptyque dans son intégralité, on s’aperçoit que cette tranche de vie remplie de sensibilité et d’humanité, est d’une constante fluidité. L’adoption est une comédie dramatique qu’on découvre, qui nous séduit et qu’on adopte sans hésitation.

    meuillot Le 13/07/2017 à 13:09:52
    Lazarus - Tome 5 - Génocide programmé

    La fin du tome précédent avait laissé notre héroïne dans une bien mauvaise posture. Dans ce nouveau Lazarus, on la retrouve fort logiquement sur une table d’opération, en piteux état, mais vivante. Bien que rapide, sa capacité de régénération ne lui permettra pas d’être sur pied avant deux mois. Il en faudra peut-être moins connaissant la rage et la pugnacité dont fait preuve Eve. Mais cet épisode qu’est Génocide programmé sera surtout l’occasion pour elle de découvrir une donnée importante la concernant. Et qui devrait, vraisemblablement, l’aider à enfin prendre le contrôle, ce qui serait une première pour un Lazare…

    Le personnage qui va être au centre de ces nouvelle révélations est Johanna. Désormais Chef de la Famille Carlyle par intérim, bien que l’état de santé de son père évolue favorablement, elle aura fort à faire pour assumer cette fonction. D’abord pour gérer le conflit de guerre l’opposant à la Famille Hock. Elle va montrer tout son intelligence tactique pour déjouer les plans de Jakob Hock, et devra faire face à des choix lourds de conséquences. Mais c’est surtout la régence de sa propre famille qui va lui donner un tout autre visage.

    Les derniers épisodes montraient une femme prête à tout pour que son père lui donne l’affection et l’importance qu’elle recherchait auprès de lui. Ses frères ne faisant pas le poids, seul subsistait ce sentiment de jalousie auprès de Forever, laquelle obtenait toutes les louanges de leur paternel. Jusqu’à ce qu’elle sert dans ses bras cette petite fille de onze ans. Y a-t-il eu un effet madeleine de Proust ? Toujours est-il que juste après, ruisselleront quelques larmes le long de ses joues lorsqu’elle verra sa sœur affaiblie et mutilée.

    Les intentions de Johanna sont très ambiguës. Le fait est que pour l’instant, elle veut démontrer à son père qu’elle est à même de lui succéder. Mais elle ira jusqu’à prendre des risques pour sa propre vie en dévoilant à sa sœur-Lazare sa véritable origine. Est-ce par stratégie ou par pure sincérité ? Certainement un peu des deux. Une choses est sûre, quelque soit l’issue de leur relation, Forever ne pourra oublier cette confidence, à moins qu’on le lui impose.

    Toutes les qualités scénaristiques de Greg Rucka relatées maintes fois par la Rédaction ne faiblissent en aucun cas. Ce cinquième tome de Lazarus, pour l’édition française, continue de nous happer tant par son intrigue que par le rendu graphique. En effet, Michael Lark est toujours aussi généreux avec toutes ces planches illustrées. On pense notamment à ces deux scènes d’affrontements d’une grande intensité en début et fin d’histoire, et qui s’ajoutent à celles déjà très marquantes depuis le début de la série. À noter cette évolution dans l’expression faciale des personnages ou cette impression d’avoir enfin des protagonistes montrant leurs émotions.

    meuillot Le 09/07/2017 à 12:03:23
    Streamliner - Tome 1 - Bye-bye Lisa Dora

    Propriétaire d’une station essence dans une zone désertique autant par la population que par le climat, Evel O’Neil y vit avec sa fille, Cristal. Sur cette route 666 perdue au cœur de l’Amérique, le paternel cuve quotidiennement son whisky dans son bombardier vieux de 15 ans, témoin de son parcours à la guerre. Nous sommes en 1963, et O’Neil n’est pas de ceux qui ruminent cette traumatisante période en la noyant dans l’alcool. Le mal est tout autre pour cet ancien champion de course automobile version Streamliner. Victime d’un grave accident avec sa voiture, la black widow, alors qu’il venait d’avoisiner les 500 km/h, c’est bel et bien là que son existence a pris un véritable tournant et qu’il ne s’en est jamais remis.

    Une aubaine se présente à lui quand débarque dans sa station Billy Joe. Un chef de bande qui vient remettre son titre en jeu en Streamliner, ce défi sur route qui ne contient qu’une unique règle, aller plus vite que son adversaire. O’Neil comprend vite que ses terres vont devenir un endroit idéal pour faire revivre cette course mythique et chère à tous ceux dont les moteurs puissants, la vitesse, et leur nom gravé sur la Winchester en guise de trophée, sont de véritables obsessions.

    Cristal, quant à elle, ne voit pas d’un bon œil l’arrivée massive de cette communauté transpirant la sueur, la violence, et dont la vie ne dépend que de la bonne tenue d’un véhicule ultra-trafiqué. Elle, qui « maintient » son père en vie, sent qu’il va lui échapper. Sa seule alternative pour le protéger est de lui donner elle-même ce qui lui a échappé il y a quelques années.

    Billy Joe reste le personnage principal de ce premier opus. On comprend peu à peu qu’il ne s’est pas retrouvé sur cette route désaffectée par hasard. Lui qui, gamin, était fan d’O’Neil, donne l’impression qu’il n’a jamais cru tous ceux qui le déclaraient mort. Billy est l’instigateur de cette course, et tout ce qu’elle implique : des acteurs secondaires hauts en couleur, l’intervention soudaine des médias pour couvrir ce qui va être un événement, et bien évidemment, les autorités.

    Si l’on n’est pas adeptes de voitures, de courses extrêmes, ou de protagonistes sans aucune morale, il ne faut surtout pas passer son chemin pour autant ! Tant vous serez surpris par ce qu’a produit ‘Fane avec Streamliner. Ce féru de motos qui lui a permis de reprendre le célèbre Joe Bar Team, retrouve un univers qu’il maîtrise parfaitement.

    Sa justesse graphique est impressionnante au fur et à mesure que défilent les pages. Chapitré et découpé tel un comics, le premier tome de ce diptyque est un vrai régal visuel. Il faut y ajouter la parfaite colorisation d’Isabelle Rabarot. Que ce soit pour les scènes de flashback, d’essais de piste voire d’interviews télévisées, chacune d’entre elles est si bien différenciée qu’on s’y retrouve en un clin d’œil.

    Pour ce qui est du scénario ‘Fane est tout autant inspiré. Dans la même lignée que Petites Éclipses (One shot écrit à quatre mains avec Jim), tout est à sa place. L’ossature du récit donne corps à plusieurs protagonistes qui ont tous un réel intérêt. La dynamique de l’histoire ne s’essouffle jamais tant subsiste cette folle énergie jusqu’à la dernière image. Sans oublier l’humour qui le caractérise avec certaines cases quasi identiques où seul un geste change et suffit à provoquer le rire du lecteur (pour preuve, aux pages 31 et 32). Ainsi, maintenant que le décor est bien planté, la suite peut démarrer sur les chapeaux de roues.

    meuillot Le 30/05/2017 à 15:35:31

    Juillet 2011. C’est à cette période précise que Face au Mur allait prendre vie. Comme Laurent Astier le raconte dans son blog, les retrouvailles avec un ami photographe seront l’élément déclencheur de la future rencontre avec Jean-Claude Pautot. Le futur créateur de ce polar se voit proposer des ateliers BD dans un établissement pénitentiaire, la maison centrale de Saint-Maur. À sa première venue, Seul Jean-Claude se trouve dans la pièce attitrée. Après plus trois heures de discussion intense, quelque chose se passe entre les deux hommes. Cinq ans plus tard, le fruit d’une amitié évidente s’appelle Face au Mur.

    « Bienvenue dans mon théâtre d’ombres ! » Voici comment la voix intérieure de Jean-Claude Pautot nous accueille. Elle nous accompagnera tout au long de ce sombre récit. Jean-Claude est un membre actif du grand banditisme de l’hexagone. Nous faisons d’abord connaissance avec lui alors qu’il est incarcéré dans ce qu’il décrit comme « la pire prison de France ». Celle de Lyon qui rassemble deux centres, celui de Saint-Joseph et Saint-Paul. Nous sommes en 1982, Jean-Claude, 25 ans vient d’être arrêté par l’antigang lyonnais. Un braquage de banque qui a mal tourné. Malgré son jeune âge, le surnommé « Pépé » n’en est pas à son premier coup, ni à sa première visite aux cellules.

    Ce premier chapitre décrit un homme rusé, expérimenté et endurci par son passé. Des qualités intrinsèques pour préparer son évasion. Celui qui résidait non loin de la pièce ou était enfermé un certain Klaus Barbie, nous raconte de quelle façon il écourtera son séjour à Saint-Paul. Pour ne plus être confronté à ces murs, il devra faire face au vide…

    Les six autres chapitres qui suivront dans Face au Mur sont présentés dans un désordre chronologique. Comme si nous parcourions les souvenirs de Jean-Claude au moment même où surgissaient de son inconscient toutes ces anecdotes narrées. Ainsi, ce qui pourrait paraître perturbant, apporte beaucoup d’épaisseur. Tant chaque partie définit une période précise de la vie du protagoniste.

    Le dessinateur de L’Affaire des Affaires et de Cellule Poison a mis de côté sa palette graphique pour proposer un dessin plus réaliste agrémenté d’une couleur spécifique pour les différents chapitres. Cette technique ajoutée aux effets de plongées ou contre-plongées apportent à Face au Mur ce rythme indispensable pour décrire l’intensité de l’intrigue. On ressentait déjà cette faculté qu’avait ce jeune quarantenaire à faire « mordre la poussière » à ses lecteurs en illustrant le très réussi Comment faire fortune en juin 40. Force est de constater qu’il réussit une nouvelle fois à nous faire partager les différentes émotions par lesquelles passent Jean-Claude Pautot.

    Ce dernier a du sentir toute l’honnêteté qu’il se dégageait du dessinateur. Sans quoi, sa méfiance maladive et justifiée par son vécu aurait pris le pas sur toutes les confidences apportées et qui font de Face au Mur un résultat unique en bande dessinée. Aujourd’hui, Jean-Claude Pautot n’est plus l’homme décrit dans ce récit graphique. Les armes ont laissé place aux pinceaux, les murs sont devenus des toiles qui lui permettent de s’exprimer artistiquement. Celui qui était emprisonné physiquement et intérieurement s’en est brillamment sorti. C’est certainement la plus réussie de ses évasions.

    Mais avant d’en arriver là, il y a encore des épisodes à dévoiler, des zones à éclaircir. Et Laurent Astier se sert de tous ses échanges avec Jean-Claude pour qu’un deuxième et dernier tome voit le jour. En attendant, on peut se délecter de ce premier opus de Face au Mur. Cet album ne se terminant pas sur un frustrant cliffhanger, il permet une véritable plongée dans une vie tumultueuse, où se mélangent morale des truands, système carcéral blâmé. Mais aussi la possibilité d’entendre ceux qui sont condamnés au silence.

    meuillot Le 05/05/2017 à 19:00:00

    Au début des années 1970 dans la ville d’Aberdeen (Washington), un jeune garçon s’apprête à partir avec sa mère rendre visite à sa tante Mari. Elle a une surprise pour lui. Le petit Kurt découvre un tambour accompagné de quelques 45 tours. Les mélodies de groupes tels que les Beatles réveillent un intérêt qui jusqu’alors sommeillait en lui. On est encore bien loin du futur grand Kurt Cobain mais on en aperçoit les prémices.

    L’italien Danilo Deninotti qui scénarise cette histoire, a voulu focalisé le parcours de Kurt Cobain sur son existence avant qu’il ne soit mondialement connu. Avec cette impression qu’il appuie sur le fait que l’enfant blond n’était pas forcément disposé à devenir l’être torturé qui a écourté sa vie.

    Ainsi, Deninotti distille quelques faits avérés. De sa rencontre avec son fidèle bassiste, Krist [Novoselic], en passant par les nombreux batteurs qui n’ont pas fait le poids face à Dave Grohl, jusqu’à la rencontre avec Thurston Moore et Kim Gordon, membres du groupe Sonic Youth. Le scénariste intègre tous ces protagonistes de pertinente manière. Pour démontrer que, malgré une enfance cahotique, Kurt Cobain a su profiter d’un entourage qui correspondait à sa personnalité. Lui qui se prenait pour un extra-terrestre, se tranquillise peu à peu de savoir que d’autres aliens existent… Au travers de ses premières compositions, Kurt s’est servi de son âme écorchée et de ses convictions pour devenir ce fabuleux musicien.

    Avec ces tons bleus, qui ne sont pas sans rappeler un certain Nevermind, Toni Bruno, dessinateur de Kurt Cobain : When I Was an Alien, nous aide à plonger dans ce qui pourrait être les souvenirs du chanteur. Et puis… il y a une certaine frustration qui se dégage à la fin de cet ouvrage. Le dessin de Bruno laisse comme un goût d’inachevé. Les cases et pages défilent vite, peut-être un peu trop. Il ne nous laisse pas l’occasion de s’arrêter sur un plan, une action. On pourrait ainsi regretter une lecture trop rapide.

    Pour autant, ce récit où chaque partie est annoncée par un extrait d’un titre composé par Nirvana, rend un hommage appuyé sur Kurt Cobain. On se surprend ainsi, à écouter intérieurement quelques morceaux qui ont fait de ce groupe de rock, une référence. C’est certainement là l’essentiel pour les auteurs.

    meuillot Le 01/05/2017 à 15:04:44

    Nous sommes le 08 mai 2015, à la Roche-sur-Yon. Sur la place du Monument aux Morts, chacun attend de recevoir sa distinction. Parmi ces futurs décorés, un homme au crâne nu, absorbe chaque goutte de pluie sans le moindre frémissement. Ainsi commence le témoignage de Guy-Pierre Gautier, 91 ans, Résistant à la Seconde Guerre Mondiale et déporté à Dachau. Ainsi commence Ma Guerre.

    Comme si cette pluie battante le ramenait à ses douloureux souvenirs, on retrouve Guy-Pierre 70 ans en arrière. De là débute son histoire, son témoignage de cette douloureuse époque. De cet album dirigé par Tiburce Oger, le petit-fils de celui qui nous délivre sa guerre, ressortent deux parties distinctes.

    C’est en juin 1940 que Guy-Pierre vit pour la première fois un officier allemand sur une avenue de La Rochelle. A peine âgé de 17 ans, il comprit vite le rôle qu’il pouvait jouer auprès de ses camarades résistants. C’est lorsque l’un d’entre eux, Paul Guérit, fut fusillé qu’il entra activement dans un réseau appelé l’Organisation Secrète étudiante (OSE). Les distributions de tracts clandestins prônant la défaite de l’Allemagne signaient le début des rébellions. Ce n’était pas suffisant. Après avoir intégré un groupe de Francs-Tireurs et Partisans Français, Guy-Pierre devient le matricule FTPF 501. Les opérations auxquelles il participe deviennent plus risquées et se concentrent sur les destructions d’infrastructures stratégiques ou sabotages de l’environnement ferroviaire.

    Malgré plusieurs missions accomplies, l’inévitable se produit. Accompagné de quelques uns de ses compagnons qui ne se sont pas fait fusiller, Guy-Pierre se retrouve prisonnier et fut conduit en mai 1944, par des membres de la division Das Reich, à la gare [de Penne]. Le terrible voyage vers Dachau sert de transition glaçante à la deuxième partie de Ma Guerre...

    Ma Guerre, De La Rochelle à Dachau, est avant tout un hommage d’un homme pour son grand-père. On devine aisément que l’énergie employée à respecter la justesse des événements a été pour Tiburce Oger une attention de tous les instants. On a cette sensation que les souvenirs de Guy-Pierre Gautier ressurgissent au même rythme que le lecteur tournant les pages. L’illustration de l’auteur peut être perturbante notamment pour la difficulté, parfois, à reconnaître son protagoniste. Elle se justifie certainement par le fait que là-bas, logés à la même enseigne, encaissant les mêmes atrocités, portant le même costume rayé, subissant la même tonsure, ils se ressemblaient tous…

    Ce nouveau récit de Tiburce Oger sonne comme un devoir de mémoire. Même s’il est très intimiste, il nous permet, une fois de plus, de nous rendre compte de l’ignominie subie par tous ces hommes et femmes durant cette sombre période. Monsieur Gautier en est l’un des rares témoins aujourd’hui. Il nous confie sa guerre, nous nous devons de l’écouter.

    meuillot Le 23/04/2017 à 16:35:47
    Katanga - Tome 1 - Diamants

    Tout commence avec l’histoire du fondateur du Katanga, un certain Msiri. Né en 1830, il devient vite un mercenaire après que son père l’eut chassé de ses terres, pour une tentative d’enlèvement d’une fille de son clan. Accompagné d’une armée de cinquante hommes, il quitte donc le territoire de Nyamwezi et part à la conquête de lieux inconnus vers l’Ouest. Fort de son armement rare à l’époque (ses guerriers étaient équipés de mousquets), Msiri se retrouve rapidement à la tête de plusieurs régions. C’est ainsi qu’il baptisa son royaume Katanga. Celui qui s’était constitué un harem de 1200 femmes instaura terreur et respect très longtemps. Il aura fallu l’arrivée du commandant Le Marinel, mandaté par le Roi belge Léopold II, pour que disparaisse le Katanga avec son monarque. C’était sans compter sur les moult procréations du mercenaire aux milles femmes…

    Cette riche introduction est fièrement narrée par Godefroid Munongo, Ministre de l’Intérieur du Katanga indépendant. Nous sommes en 1960, le Congo proclame son indépendance. Le Katanga présidé par Moïse Tshombé fait sécession. Cette riche province aux zones diamantifères veut garder le contrôle de ses territoires et se revendique comme Etat. La guerre entre le Congo et le Katanga est inévitable. Avec toute l’horreur que cela implique pour les civils. L’ONU fait intervenir ses Casques Bleus en tant que médiateurs. La puissante Union Minière du Haut-Katanga (UMHK), ne s’en satisfait pas et décide, par l’intermédiaire du Conseiller spécial du ministre nommé Orsini, d’embaucher des mercenaires pour protéger l’Etat du Katanga et leurs richesses minières.

    Orsini supervise le recrutement d’une bonne trentaine de soldats désœuvrés. La tête de ce commando spécial est confiée à Felix Cantor, un ancien officier dont le curriculum vitae parle pour lui. Entouré de têtes brûlées sans foi ni loi, idoines pour accomplir leur tâche, on s’apercevra au fil des pages que Cantor sera un personnage phare de ce triptyque. Cette équipe d’anciens criminels aura fort à faire puisqu’une mission subsidiaire lui sera imposée. Celle d’exfiltrer un domestique noir, qui s’est réfugié dans un camp de l’ONU. Charlie, de son prénom, accorde une importance toute particulière dans la mesure où il est en possession d’une belle poignée de diamants. Cette histoire parallèle ajoute une tension considérable à l’ambiance déjà peu respirable.

    Diamants, titre de ce Katanga est doté d’un dynamisme remarquable. Fabien Nury n’a plus rien à prouver si ce n’est de continuer à nous faire plaisir. Avec derrière lui des titres aux succès mérités (Il était une fois en France, Tyler Cross, Mort au Tsar), F. Nury démontre des qualités scénaristiques impressionnantes. Cette nouvelle série ne déroge pas à la règle. En mêlant réel et fiction, il donne le résultat d’un thriller politique palpitant. Et pour que l’illustration soit à la hauteur de l’intrigue, il s’associe une nouvelle fois à Sylvain Vallée. Par sa faculté à faire d’une caricature, un personnage quasi réaliste, le dessinateur nous abreuve de scènes, d’expressions plus vraies que nature.

    Au final, ce binôme qui nous avait déjà conquis avec Il était une fois en France, réédite leur parfaite entente. Il n’est ainsi pas risqué d’affirmer que ce premier volet de Katanga fait partie des meilleurs productions de l’année. Et il ne devrait vraisemblablement pas être le seul puisque la suite devrait paraître fin 2017. Pour notre plus grand plaisir.

    meuillot Le 17/04/2017 à 18:03:15

    Dark Knight est certainement le surnom le plus approprié pour définir Batman. Dark Night est incontestablement le titre le plus éloquent pour résumer la nuit qui changea l’existence de Paul Dini. Ce dernier, scénariste de la série animée la plus populaire du héros masqué dans les années 90, dévoile un détail traumatisant de sa propre vie. Véritable autobiographie, Paul Dini se met à nu et nous permet d’entrer dans une conscience aussi noire que torturée. Avec la complicité d’Eduardo Risso au dessin, Dini exhume sa souffrance intérieure et physique qui ne trouvent répit que lorsqu’il retrouve son univers imaginaire. Un entourage connu du public et qui va peu à peu l’aider à affronter son anxiété. Une histoire bouleversante où le scénariste, comme souvent, met ses héros en second plan tout en étant très influents.
    Dini choisit de débuter le récit dès son plus jeune âge. On y découvre un enfant d’à peine sept ans. On comprend vite que l’école est un endroit incompatible avec son caractère. Lui qui s’employait à être invisible, éludant toute relation avec ces « monstres de l’enfance », était clairvoyant quant à l’effet contraire qu’engendrait ce type de comportement. Plus on essaie de se faire « petit », plus on on devient la cible privilégiée de ceux qui s’imposent comme chefs de bande.

    Naturellement, le jeune Paul s’invente un monde imaginaire qui le rassure et lui permet d’exister. À travers ses héros favoris (Beany & Cecil, James Bond, Superman…), il transforme des situations stressantes voire ennuyeuses en véritables scènes comiques. C’est à huit ans que Paul intègre un nouveau personnage dans son univers déjà bien garni : Batman.

    La rencontre avec l’homme chauve-souris sera le déclic. Paul commence à dessiner et reproduire ses scènes favorites. Voici comment le futur grand scénariste narre ses premiers pas en tant que créateur.
    Vingt-cinq ans plus tard, Paul Dini intègre la Warner Bros Animation. C’est ainsi qu’il écrit ses premières histoires pour Batman: The Animated Series, aventures produites notamment par Bruce Timm. Valorisé par son talent (c’est durant cette période faste qu’il crée des personnages devenus célèbres comme Harley Quinn) et à l’aube de la sortie du désormais très réputé film d’animation, Batman: Mask of the Phantasm, dont il est coscénariste, Paul Dini est dans une spirale très positive.

    S’ensuivront de nombreuses créations d’animation ou de scénarisation. L’occasion de se noyer dans une énorme charge de travail lui permettant de mettre de côté sa vie privée et ainsi refouler les quelques complexes d’antan. Même s’il ressent le besoin de se confier à des thérapeutes, notamment sur sa relation avec les femmes, on a l’impression que cet immense créateur trouve son équilibre auprès de son cercle fictif. Jusqu’à cette soirée où il ne pourra masquer la réalité et sera confronté à cette fameuse Dark Night…
    Batman jouera un rôle phare pour éviter que l’un de ses fidèles créateurs d’histoires ne sombre dans une profonde dépression. Telle la « bonne conscience », le redresseur de torts milliardaire le guidera tout au long de son rétablissement. Paul Dini utilise le chevalier masqué à moult reprises en étant l’écho de ses propres réflexions. Nul doute que le scénariste extrapole à peine ce qu’il s’est passé à cette époque tant Batman et autres personnages étaient des parties intégrantes de son existence.
    En illustrant cet album passionnant, Eduardo Risso fait état de tout son génie. De la colorisation à toutes ces variétés graphiques, le dessinateur de 100 Bullets remplit à merveille son contrat. Toutes les émotions qu’a voulu faire passer son compère sont facilitées par l’incroyable richesse du trait de Risso. Chaque planche, chaque case est un régal pour les yeux.

    Dark Night est un récit autobiographique où Paul Dini mêle savoureusement fiction et réel. En relatant ce sombre fait authentique, il a certainement voulu se purifier de ce sinistre épisode. Un de ceux qu’il aurait très bien pu réaliser mais dans lequel il aurait inévitablement fait intervenir son justicier, pour un dénouement plus heureux…

    meuillot Le 20/03/2017 à 15:19:46
    Lady Killer - Tome 1 - À couteaux tirés

    Le premier chapitre de Lady Killer est remarquable dans sa présentation. On y découvre Josie Schuller grimée en commerciale vendant des produits cosmétiques. En frappant à la porte d’une certaine madame Roman(ov), on comprend que ses intentions sont clairement plus sanguinaires que de parfaire la beauté de sa future victime. Josie est une tueuse à gages et vient honorer son contrat. Cette première confrontation dévoile une femme méthodique, appliquée, et qui s’adapte au moindre écartement du scénario prévu. En somme, une professionnelle aguerrie.

    La cuisine sombre et mortuaire laisse soudainement place à une pièce similaire mais aux tons plus colorés, gais, et où une ambiance familiale règne. Le couteau de cuisine qui servait d’arme de crime sur la page précédente, redevient un ustensile prêt à couper la viande. Une excellente transition pour découvrir l’autre univers de Josie. Celui d’une épouse attendant son mari pour servir le dîner. Celui d’une mère sommant ses deux petites filles de ranger leurs affaires. Un cadre idéal tout juste terni par la présence de belle-maman, suspicieuse face à certains comportements jugés incohérents avec le statut marital.

    Ces cinq premiers chapitres rassemblés par le label comics des Éditions Glénat pour concocter À Couteaux Tirés, sont d’une épatante intensité. Sur plusieurs aspects, ce volume de Lady Killer donne les prémices d’une série attrayante. D’abord par cette histoire imaginée par Jamie S. Rich et Joëlle Jones. La première de couverture est suffisamment éloquente pour comprendre que les auteurs nous emmènent dans une intrigue sans morale. Le récit de cette tueuse à gages trouve son originalité dans la maîtrise de ses actes quels qu’ils soient. Une héroïne qui interpelle tant planent encore moult interrogations autour d’elle. Sans utiliser de cartouche, les scénaristes misent également sur des dialogues vifs qui n’offrent aucun temps mort.

    Et puis, il y a cette partie graphique qui mérite toute son attention. Pour illustrer cette Amérique des sixties, le trait de Joëlle Jones favorise brillamment l’immersion dans cette époque. Associée à la couleur très flashy rendue par Laura Allred, la dessinatrice crée deux univers bien distincts selon la configuration dans laquelle se trouve le personnage principal. Ainsi l’environnement où Josie se définit comme une mère modèle, est lumineux, éclatant et bon enfant. Celui s’efface lorsqu’elle se transforme en tueuse à l’arme blanche, et laisse place à des planches sombres et agressives. En substituant, telle une marque de fabrique, le rouge avec le noir pour évoquer le sang, J. Jones accroche notre œil et rend les éclaboussures dues aux gestes tranchants, beaucoup moins anodines qu’avec la couleur originelle. De surcroît, elle utilise abondamment dans ses cases ces effets de « brush » qui accentuent la noirceur de l’intrigue.

    Au final, on pardonnera certaines incohérences ou raccourcis qui pourraient frustrer le lecteur. Le prochain Lady Killer devra apporter son lot de réponses pour dédouaner les auteurs d’éventuelles facilités prises dans ce premier opus. Il faudra pour cela, en savoir un peu plus sur le passé de Josie et que les liens se fassent naturellement avec les quelques informations distillées ici et là. Cette première partie ne se terminant pas sur un classique cliffhanger, la suite devrait se concentrer sur quelques flashback précieux. C’est, en tout cas, ce que l’on imagine.

    meuillot Le 13/03/2017 à 14:12:02
    L'Érection - Tome 2 - Livre 2

    Trois heures du matin. Alors que la soirée de Léa et Florent s’est achevée sur une violente dispute, l’homme et son organe bien tendu sont priés de dormir sur le canapé. La pression aurait pu gentiment s’amollir dans leur sommeil mais c’était sans compter sur une visite qui gardera tous les sens en éveil.

    Alexandra se présente face à Florent trempée et en larmes. L’amie du couple a subitement quitté Jean-Fab. Elle vient chercher du réconfort auprès de ceux qu’elle considère comme une référence dans la dure vie maritale. Une dure vie… c’est bien ce que va devoir encore subir, quelques heures, Florent. Et il va le faire avec grande maîtrise. En fait, tout au long de ce récit graphique, il gardera cette ligne de conduite qui fait de lui un personnage maladroit mais attachant. Aux intentions convaincues mais malhabiles. Dans le couple qu’il forme avec Léa, c’est lui qui tente de calmer la tempête.

    Sa femme, nous nous en sommes déjà aperçus, est une passionnée. Mais aussi une révoltée. Sa réaction générée par la situation dans laquelle se retrouve son amie, le prouve. Elle passe par tous les sentiments dans ce second opus de L’Érection. Toujours en proie au doute depuis que son mari a avoué son subterfuge, elle ne baisse pas la garde quand son amie se met à nu dans tous les sens du terme. Son attitude volcanique s’atténuera de brillante façon lorsque une aubaine va se présenter. Elle aura de plus, l’occasion de s’abandonner un bref moment. Le temps de comprendre que cette peur de vieillir, aussi légitime soit-elle, aura déclenché un comportement quelque peu disproportionné. Mais tellement fidèle à son caractère.

    Et au milieu de cet imbroglio sentimental se trouve Alexandra. Son discours désespéré se consolide lorsqu’elle compare son échec amoureux à la parfaite harmonie qui règne entre Florent et Léa. C’est d’ailleurs l’élément déclencheur qui la poussera à abandonner le domicile conjugal. Ajouté à une jalousie injustifiée de Jean-Fab envers Florent, Alexandra espère être consolée auprès du couple bercé par cet équilibre tant convoité… Un comble quand on sait ce que traversent actuellement les deux personnages principaux.

    L’Érection est une jolie histoire. Celle de deux êtres qui vieillissent ensemble, avec sont lot de perturbations et d’interrogations. On entre tout simplement dans leur intimité orageuse. Elle nous fait sourire car beaucoup d’humanité se dégage de cette relation. Et puis, il ne serait pas étonnant d’y trouver des points communs avec notre propre vie.

    Transposable au théâtre, L’Érection devrait voir le jour au cinéma sous le titre La Surprise . Cette chronique sociale sans anicroche devrait copieusement s’apprécier avec un petit pot de miel à ses côtés…

    Chronique complète sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/lerection-2/

    meuillot Le 24/02/2017 à 13:00:25
    Outcast - Tome 3 - Une petite lueur

    Dès le début de ce 3e tome, ce n’est pas moins de quinze planches qu’il aura fallu pour décrire la violence inouïe de cet exorcisme. C’est d’ailleurs l’affrontement le plus oppressant ressenti depuis le début de la série. Autant dire que ce nouvel opus d’Outcast démarre sur un rythme effréné qui ne faiblira jamais.

    Megan va jouer un rôle majeur dans cette nouvelle aventure. D’abord possédée, elle va commettre un acte lourd de conséquences envers son mari. Une fois délivrée, Mégan se sentira d’abord désemparée par les abominations qu’elle a commises. Mais elle va également permettre à Kyle de crédibiliser son discours insensé. Ou en tout cas le rendre cohérent. En témoigne cet échange très important avec Allison, l’ex-compagne de son frère.

    Kyle, quant à lui, ne refoule plus sa faculté à faire sortir cette fumée noire dont il découvre peu à peu les faiblesses. Lesquelles vont desservir au Révérend Anderson qui pensait être un atout complémentaire au combat livré contre le Mal… Force est de constater que ce ne sera pas en se servant de ses incantations.

    Après la confirmation apportée dans le second opus, Outcast offre de nouveaux rebondissements en donnant des armes supplémentaires aux personnages principaux de la série. R. Kirkman et P. Azaceta constituent un découpage homogène qui donne cette agréable impression qu’ils suivent parfaitement leur feuille de route. Il faut également mettre en exergue le travail de Elizabeth Breitweiser à la couleur et précisément dans Une petite lueur. Les variations qu’elle apporte dans les différentes épreuves (affrontements, doutes, peur, solitude), offrent au dessin de Paul Azaceta une bonification très appréciable.

    Tout est (bien) en place. Nous n’avons plus qu’à nous laisser porter avec confiance par ce duo inspiré.

    meuillot Le 10/02/2017 à 18:11:45

    Ah ! Voilà un des meilleurs titres de la collection Flesh & Bones !

    Grâce, tout d'abord, à l'histoire imaginée par Rodolphe qui, dès les premières planches, s'autorise à mettre en scène, en guise de clin d’œil, l'un des plus grands écrivains américains du genre fantastique, H.P. Lovecraft.

    Celui-ci est soudainement réveillé par un énième cauchemar (ce qui rappelle les véritables anecdotes pour l'auteur, sujet à des terreurs nocturnes), issu d'une histoire relatée il y a quelques mois...

    Celle de Grogan Masson, qui effectivement, va narrer une aventure aussi terrifiante qu'exceptionnelle. Il décrit un embarquement à bord du Sphinx, un bateau prêt à partir pour une expédition polaire. Qui va s'avérer passionnante. L'intrigue est juste géniale et rondement menée. avec une pression dès le début et qui peu à peu, laisse place à de terribles situations.

    Le plus glaçant dans ce scénario, c'est que tout est tellement bien ficelé, que nous sommes quasiment convaincus de la véracité des faits témoignés. Jusqu'à une fin qui ne ménage pas notre réflexion...

    Et que dire du dessin de J.J. Dzialowski ! En parfaite symbiose avec la noirceur du récit, il faut mettre en exergue les scènes aussi réalistes que la tempête en mer (impressionnant !) que les rencontres Fantastiques toutes aussi bien rendues.

    En mêlant des témoins comme Lovecraft et ses amis (tous auteurs réels de récits fantastiques et qui ont la particularité commune d'avoir publié dans le "Weird Tales"), on savoure pleinement ce one shot de ce binôme qui offre une intensité franchement réussie !

    meuillot Le 07/02/2017 à 21:00:29

    Franck Thilliez adapte pour la première fois l’un de ses romans en bande dessinée. Nous ne ferons pas ici de comparaison avec l’œuvre originelle, nous concentrant sur le contenu de ce thriller graphique. Et c’est un sentiment de satisfaction qui se traduit à la fin de cette lecture. Pour plusieurs raisons.

    D’abord pour l’intrigue. Quoi qu’on en dise, sans en dévoiler le contenu, elle a le mérite d’être accrocheuse. Les avis seront peut-être partagés selon si nous acceptons l’idée d’être « menés en bateau ». On pensera, inévitablement à quelques références comme Shutter Island écrit par Dennis Lehane et superbement revisité par Christian de Metter. Mais de la même façon que Laurent Seksik qui avait laissé le soin à Guillaume Sorel d’illustrer son tragique Les derniers jours de Stefan Zweig, Franck Thilliez va laisser les commandes à Mig (Un petit livre oublié sur un banc, Ogrest…) au dessin. Bien lui en a pris.

    Car c’est certainement le point fort de Puzzle. Cette générosité dont fait preuve le dessinateur est à souligner. Chaque planche est un régal visuel. Mig donne le sentiment d’être à l’aise dans cette histoire. Il agrémente ses cases de beaucoup de détails, qui donneront envie d’y retourner une fois l’album terminé. Les personnages sont régulièrement montrés en gros plan, et Mig offre à leur visage une réelle intensité. Avec ce choix de couleurs où le bleu prédomine, le lecteur ressentira les mêmes émotions fortes que peuvent subir les protagonistes.

    En y ajoutant des décors fouillés, des découpages bien sentis, et une bonne dose d’adrénaline, on peut, sans hésiter, savourer ce one shot qu’est Puzzle. Car bien qu’on puisse ne pas se laisser manipuler par l’histoire, il en résulte tout de même un équilibre parfait dans le travail des deux auteurs.

    Au final, il suffit de lire la première page de Puzzle, pour n’avoir qu’une envie, découvrir la seconde, la troisième et ce, jusqu’au dénouement. Un roman graphique réussi est celui pour lequel la cohérence est de mise, mais surtout quand la curiosité du lecteur est continuellement mise en éveil. F. Thilliez & Mig ont parfaitement respecté ces codes.

    Il est donc temps de trier toutes les pièces…

    En lien, l'article complet sur http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/puzzle/

    meuillot Le 07/02/2017 à 17:28:13

    Dans la collection Flesh & Bones, Christophe Bec est un habitué puisque il est scénariste de 3 des 7 parutions (et ce n'est pas fini). Après le très bon Sunlight et Bikini Atoll, je me procure Blood Red Lake sans aucune appréhension...

    Mais au vu du travail de fou de C. Bec, et de ses multitudes sorties BD, je dois dire que je suis déçu par le contenu de ce one shot. Le pire c'est que l'histoire est bonne au départ...

    Une intro et mise en scène classique mais efficace. On sent que le scénariste va, comme d'habitude, maitriser son sujet parsemé de petites bébêtes qui, une fois entré en vous, vous font devenir les pires tueurs sanguinaires...

    Seulement voilà... tout va très vite. Tellement vite que des transitions semblent "tirées par les cheveux"... Ce qui atténue la crédibilité de l'histoire (et ce qui est le point fort, habituellement, de C. Bec). En fait, c'est très frustrant, car je suis sur que quelques planches de + auraient fait de "Blood Red Lake", un très bon album.

    Dans la même collection, cela me fait un penser au titre "Sonar", de Yang Ong et Runberg où j'avais ce même ressenti d'inachevé. J'imagine qu'il y a une espèce de cahier des charges pour "Flesh and Bones" et qu'il n'est pas toujours aisé de à la fois respecter les codes, et donner assez d'épaisseur à l'histoire pour qu'elle fasse mouche, avec un nombre de pages limité.

    En revanche, il faut louer le très bon trait de Renato Arlem. De la couverture jusqu'aux visages des personnages traduisant excellemment la torpeur, et auquel il faut ajouter une très bonne illustration des décors forestiers, le dessinateur apporte une très belle touche.

    Au final, c'est plutôt un 2,5/5 que je mettrais...

    meuillot Le 24/01/2017 à 15:41:57

    Une femme à la beauté froide et mystérieuse, sortie de nulle part, apparaît dans une forêt et abat sans sourciller un chasseur. Aucune explication. Voici comment débutent les premières planches de Fatale. Puis, on retrouve celle qui se fera appeler Aimée, dans un train qui l’amène dans la ville portuaire de Bléville. C'est à cet endroit que va se décanter cette histoire sombre et qui se découpe en 3 parties :

    - la première faisant office de rapide présentation de cette énigmatique femme.
    - La deuxième détaille sa capacité à se fondre dans la masse et ainsi s'acclimater rapidement à cette ville étrangère.
    - la troisième, la plus accrocheuse, commence avec la très bonne confrontation avec le Baron (je parle bien de l'affrontement "sanguinaire") jusqu'au dénouement où tout va crescendo...

    Sans être un lecteur de Manchette, je pose donc mon avis sans faire de parallèle avec l’œuvre. Mais ce one shot est, de mon point de vue, très réussi ! Le fils de l'auteur, Doug Headline, associé à Max Cabanes ont fait du chouette boulot. M. Cabanes est très habile dans ses couleurs tantôt sombres, tantôt légères et qui collent parfaitement aux ambiances décrites. Quant à son dessin, il est vraiment adapté à la noirceur de ce thriller. Brillant.
    La scène la plus réussie étant celle évoquée plus haut (Aimée vs Le Baron).

    Un bémol cependant... le dénouement et cette dernière case... qui me paraissent tellement invraisemblables...

    Ce qui n'occulte en rien la qualité de ce roman graphique. Est-il une fidèle adaptation du roman ? Aucune idée. Mais un très bon moment de lecture, ça oui, j'en suis certain.

    meuillot Le 24/01/2017 à 11:34:06

    un 3/5 qui vaut plutôt un 2,5 pour moi...
    Bon ce n'est pas compliqué. On assiste, dans cette chronique sociale, purement à l'autodestruction d'une jeune femme qui a tout pour être heureuse. Une fragilité sommeille en Rosângela et, lorsqu'elle se réveille, peut psychologiquement être très dur à vivre.
    La faute à une enfance certainement traumatisante, elle peut même mettre un nom à son angoisse la plus profonde : sa cousine Dani.
    En clair le déroulé du récit se résumé à une femme qui est intelligente, et fait partie d'une classe sociale brésilienne aisée, mais c'est bien dans sa tête que cela ne tourne pas rond... D'ailleurs, on "entend" beaucoup ses monologues, délires, pensées folles... peut-être même un peu trop... bien que cela reste logique sur le sujet traité.
    Et puis le dessin de M. Quintanilha est très spécial. Du moins pour cette histoire. Non pas pour le trait mais pour plutôt pour ces cases répétitives (s'il a voulu qu'une image nous reste en tête, c'est bien le visage avec le sourire ultra-bright de la cousine...).
    Cela reste désordonné et sans vraiment de liens.. Mais encore une fois, ce découpage est paradoxalement idoine à la folie intérieure du personnage.
    Je mets tout de même la moyenne, car je pense que cela aurait pu fonctionner, pour moi, si je m'étais attaché à l'héroïne, ce qui n'est évidemment pas le cas ici.
    Et puis cela reste, tout de même, un scénario courageux & atypique.

    meuillot Le 21/01/2017 à 16:10:36

    Des instants volés, des situations burlesques, des rêves d’enfant, des moments de complicité : voici, entre autres, ce que l’on découvre dans ces douze nouvelles dessinées en toute fluidité par Jim, avec la complicité de Delphine et sa somptueuse colorisation.
    En préambule, se distingue un homme seul en pleine réflexion sur le temps qui passe et qui se demande comment a-t-il pu aussi vite perdre ces moments précieux. Ceux qui forgent les liens avec ses enfants. On pourrait se dire que l’on va entrer dans une lecture empreinte de spleen mais il n’en est rien.
    En témoignage de sa propre existence, Jim nous donne seulement l’ossature de son œuvre graphique : sommes-nous capables de vivre pleinement un agréable moment ou est-il spontanément rangé dans la case « bon souvenir » pour l’apprécier à sa juste valeur quelques temps après ?

    La démonstration apportée par Jim est flagrante. Tout dépend du contexte :
    – Lorsque un père fait tout pour que sa petite fille puisse vivre ses rêves les plus enfouis.
    – Lorsqu’une vieille dame essaie de figer le temps sur son visage comme pour mieux se raccrocher au passé.
    – Lorsque deux potes « virtuels » finissent par se rencontrer et vont immortaliser cette amitié, issue des réseaux sociaux, le temps d’une soirée (histoire drôlissime).
    – Lorsque deux amis se confient l’un à l’autre et que l’un deux se rend subitement compte de l’importance qu’il accorde à son père.
    Dans De beaux moments, on sent que Jim partage beaucoup ses propres expériences ou rencontres vécues pour nous délivrer une ode au bonheur. Il prête attention à toucher chaque génération. Notamment en y intégrant différents supports technologiques modernes. Le lecteur aura ainsi inévitablement, par l’une de ces anecdotes, la sensation d’avoir vécu une scène similaire dans sa vie.

    L’auteur nous (se) fait également plaisir. En distillant quelques informations précieuses et transitoires à une probable parution prochaine d’un troisième opus d’une de ses œuvres les plus réussies, Une nuit à Rome.

    En attendant, si après avoir lu ce roman graphique, vous vous surprenez d’une soudaine envie d’appeler un de vos proches, de serrer dans vos bras votre enfant ou tout simplement d’esquisser un sourire songeur, c’est que vous aurez sans nul doute passé un beau moment…

    meuillot Le 28/11/2016 à 16:02:50

    Encore du très bon Ducoudray ! Cela devient une (bonne) habitude...
    Pour cette histoire, nous allons suivre les aventures de quatre personnages aussi tordus les uns que les autres. Mais avec un joli point commun : ils sont tous attachants !
    Cachés dans une ferme d'un cousin pendant quelques temps le temps de se faire oublier, les quatre protagonistes pourront bientôt se partager un beau magot suite à un braquage en bonne et due forme. Le temps pour le lecteur de se délecter de situations rocambolesques, de dialogues tout droit sortis d'un film d'Audiard et de scènes vraiment hilarantes.
    En y ajoutant le dessin en bichromie de François Ravard vraiment réussi, on adhère complètement à ce récit graphique.
    Un excellent moment de lecture, tout simplement !

    meuillot Le 28/11/2016 à 12:07:00

    Fin août 2014. L’époque où Cécile reçoit cette vidéo dévastatrice. Dans laquelle elle apprend de la bouche de son unique fils qu’il est en Turquie, et pas en Ardèche pour faire du rafting comme il l’avait laissé croire. Non, après un discours froidement serein, Benoît laisse sous-entendre un départ imminent vers la Syrie.

    Face à cette effroyable nouvelle, on comprend rapidement que c’est une mère courage qui se présente à nous. Même laissée dans l’expectative tout au long du récit, elle ne flanche pas, ne s’effondre pas. Son premier réflexe est d’aller trouver Sofiane, son ex-compagnon de six ans durant. Ce dernier la rassure et conforte certainement son idée première. Attendre. Il allait rappeler et elle pourrait le ramener à la raison et à la maison…

    L’ un des intérêts majeurs de cette œuvre tient du fait qu’elle ne porte aucun jugement. Laurent Galandon maîtrise parfaitement son récit. À tel point que cette histoire imaginée nous semble être tellement probable. En utilisant des protagonistes issus de différents milieux sociaux, le scénariste démontre que cela peut arriver à n’importe qui. Il tient également à intégrer ces planches informatrices dont certaines laissent un goût vraiment amer.

    Au dessin, Dominique Mermoux semble porté par l’histoire. Les niveaux de gris collent parfaitement à l’ambiance du récit. Les expressions faciales de chaque personnage sont très parlantes. Tout comme les nombreuses cases sans phylactères si éloquentes. On lui connaissait cette sobriété dont il se sert encore brillamment dans l’appel. N’oublions pas la couverture de ce one shot où le dessinateur traduit de belle manière ce côté oppressant jusqu’à la calligraphie du titre des plus évocatrices.

    À la fin de cette œuvre, se dégage une multitude d’émotions. Sans qu’on puisse en mettre une en avant. Si ce n’est être comme Cécile et se battre à tout prix. être plus fort qu’un discours, par amour. Même si cela semble déjà trop tard. On ne naît pas terroriste, on le devient… Ce qui laisse, entre temps, une chance d’y échapper. Certes, Laurent Galandon n’offre pas clairement cet optimisme, mais au travers de son héroïne, il pousse le lecteur à réfléchir en ce sens.

    meuillot Le 08/11/2016 à 13:44:48

    2h30 du matin. Un portable sonne une première fois et réveille un couple paisiblement endormi. Raphaël, agacé, ne répond pas. Le téléphone retentit de nouveau. Cette fois il se lève. Léo est au bout du fil. Il est en panne de voiture et demande à Raphaël de venir le chercher. Pourquoi le ferait-il ? Les assurances sont faites pour ça et en plus il n’y connaît rien en voiture… Il refuse de se déplacer et raccroche, excédé par le comportement de son ami qu’il juge égoïste. Mais sa compagne, Helen, lui fait comprendre qu’il n’a pas le choix.

    Rongé par la culpabilité qu’Helen a éveillé en lui, Raphaël finit par comprendre qu’on ne laisse pas son copain dans la panade. Alors il y va. Arrivé en moins d’une heure, un beau « Surprise ! » sortant de la bouche de Léo et de cinq autres amis le laisse pantois. C’était un canular. C’était même bien plus que ça. Un test à l’amitié.

    Les fondements de L’invitation se posent à ce moment précis. Les relations humaines vont être mises à nu avec toute la transparence que l’amitié, si elle est sincère, peut engendrer. Il n’y a plus qu’à se laisser porter par une intrigue simple et profondément attachante.
    Jusqu’où peut-on aller par amitié ? C’est certainement plus compliqué que de refuser, ou d’accepter, d’aller aider son pote à cinquante kilomètres de chez soi, en pleine nuit.
    D’ailleurs, on s’apercevra, au fil des pages tournées, que la relation entre les deux protagonistes est beaucoup trop nourrie de moments de complicité pour qu’un quelconque test vienne la parasiter. La véritable amitié prendra d’ailleurs tout son sens lorsque Léo lancera son invitation…

    Associé à Jim, il faut rendre hommage au dessin de Dominique Mermoux qui est aussi sobre, pudique, sans artifice, que peut l’être le sujet de cette histoire… Les scènes de nuit, notamment, sont superbes. Inéluctablement, il permet au lecteur de s’imprégner un peu plus de cette ambiance teintée de nostalgie.

    Le découpage théâtral en six actes de cette chronique sociale a déjà permis une adaptation sur les planches. Aujourd’hui, c’est le cinéma qui se charge de donner vie aux quelques cent-cinquante planches de D. Mermoux.

    Michaël Cohen à la réalisation (et qui joue aussi le rôle de Raphaël), donne le sentiment d’avoir mis beaucoup de cœur à respecter l’œuvre des auteurs. En intégrant des scènes qui devraient épaissir la vie des personnages et en s’entourant d’acteurs talentueux (N. Bedos, C. Chamoux, G. Kervern ou encore un certain B. Bonvoisin !…), L’invitation devrait encore nous donner quelques frissons. Cela serait, assurément, un joli cadeau pour les créateurs de l’œuvre originelle…

    meuillot Le 25/10/2016 à 12:32:47

    Quand on évoque le nom de Jules Verne on s’évade spontanément en pensant à ses romans issus des Voyages extraordinaires. Dans le monde de la bande-dessinée, ses œuvres ont été fréquemment revisitées. Que vont bien pouvoir apporter de plus Esther Gil & Carlos Puerta dans ce nouveau diptyque ? Dans ce premier tome de Jules Verne et l’Astrolabe d’Uranie , les premières planches relatent l’enfance du futur grand écrivain français. On comprend alors que les auteurs vont se démarquer en s’intéressant à sa vie.

    Frustré par une trame qui laisserait sur sa faim sur ce mystérieux Astrolabe ? Gêné par quelques visages dits "figés" (ou plus précisément, immortalisés comme une photo prise sans retouche...) ? Aucunement !

    Tant le dessinateur éblouit nos yeux avec son trait qui, si on l’a vu une fois, devient tellement identifiable. Pour Jules Verne et l’Astrolabe d’Uranie, il met un point d’honneur à reproduire les décors, éléments, structures, bateau tels qu’ils existaient au XIXe siècle (cet effort se vérifiait déjà dans dans Baron Rouge). On sait, en outre, qu’il aime ajouter ce côté fantastique (déjà appréciable dans Adamson). Pour cet album, il y a des passages formidables d’intensité comme la tempête en mer ou l’attaque des indiens. Chaque case de C. Puerta mérite qu’on s’y attarde. Il joue également avec le lecteur en dessinant quelques célèbres acteurs de cinéma…

    Tant la scénariste Esther Gil (qui l'avait déjà démontré avec Victor Hugo : aux frontières de l’exil) prouve son aisance à jongler entre le fictif et le véritable.

    Dans Jules Verne et l’Astrolabe D’Uranie, on y trouve ce respect envers l’Histoire. L’auteur utilise des faits avérés pour y greffer des doutes, des suppositions qui amènent naturellement à de nombreuses péripéties. Ici, E. Gil pose les bases avec une anecdote sur Jules Verne enfant. Puis elle respecte au mieux l’époque dans laquelle l’écrivain s’épanouit : La ville parisienne qui se transforme, la Révolution Industrielle, la traversée sur ce célèbre bateau avec son frère, cet amour secret avec Estelle. Elle prend également plaisir à intégrer Hugo qui faisait parti de ceux qui inspiraient Verne. Ainsi, on observe ce dernier en pleine contemplation devant un poème du dramaturge romantique.


    Pour ce récit imaginaire parsemé de faits historiques et d’anecdotes authentiques, c’est, au minimum, un parcours découverte sur l’existence du romancier que nous proposent ses créateurs. Pour les plus avisés, ils constateront le travail minutieux fourni par un duo, sans aucun doute, passionné par leur sujet.

    Indispensable avant même la sortie du T2 !

    meuillot Le 10/10/2016 à 14:57:31
    À coucher dehors - Tome 1 - Tome 1

    De Bots à L’Anniversaire de Kim Jong-IL, en passant par Mort aux Vaches, 2016 est inéluctablement une année prolifique pour Aurélien Ducoudray. Et on ne va pas s’en plaindre ! Dans ce premier tome d’à coucher dehors, Aurélien fait du Ducoudray en distillant de savoureux dialogues dont il a le secret. De quoi donner beaucoup de présence et d’humanité à ses protagonistes. Les comparaisons élogieuses qu’on peut lire ici & là avec ces mythiques dialoguistes que sont Audiard ou Lautner ne sont pas excessives. De même que les moult jurons administrés par Amédée envers les forces de police qui font penser à un célèbre personnage dont les Dupondt étaient parfois victimes…

    Mais ne parler que de références serait minimiser le talent de l’auteur. Il ne faut pas oublier son habileté scénaristique géniale. Si on regarde l’ossature de la présente œuvre, on a quand même trois sdf qui se suffisent à eux-même, dont le destin va donner un toit. À l’unique condition qu’ils s’occupent d’un trisomique prêt à tout pour s’envoler dans l’espace !

    Quand le contenu est consistant, encore faut-il que son illustration soit du même acabit. Et c’est loin d’être évident. C’est pour cela qu’on peut parler d’alchimie entre Ducoudray et Anlor. Cette dernière assure totalement la dynamique de cette aventure. On lui connaissait son excellent trait pour des scénarios plus graves. Elle ajoute une corde supplémentaire à son arc en prouvant qu’elle peut dégager de sa main des décors aux multiples détails dont l’ambiance sonne comme un havre de paix (la maison, la pièce secrète, le soir de la veillée funèbre voire l’emplacement des trois tentes). De plus, elle rend totalement vivants ses personnages dont la gestuelle et les expressions sont en total accord avec les joutes verbales ou, du moins, d’imposantes prises de parole. Anlor paraît totalement à l’aise dans ce registre et ça se sent...

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/coucher-dehors-1/

    meuillot Le 06/10/2016 à 12:48:35

    Quand deux grands noms de la bande-dessinée tels que Enrico Marini et Jean Dufaux se réunissent, on peut prétendre détenir entre les mains une très belle œuvre avant même de l’avoir lue. Rapaces le confirme. Le dessin rythmé, les décors extrêmement variés, la dynamique des cases, et la colorisation impeccable proposés par Marini forment une belle complémentarité à l’histoire vampirisée de Dufaux. Assurément l’un des plus beaux romans graphiques traitant de ces assoiffés de sang.

    meuillot Le 06/10/2016 à 12:43:07

    le scénariste Philippe Tome développe dans Berceuse Assassine, une idée génialissime : mettre en évidence une même histoire vécue différemment par trois personnages. Chacun d’entre eux aura droit à sa quarantaine de planches. Pour donner leur propre vision des choses. Pour justifier les actes qu’ils s’apprêtent à exécuter. Le dénouement coule de source mais on ne s’en laisse pas moins emporter. Grâce à une belle complexité psychologique des protagonistes que l’auteur ne nous demande pas de juger mais simplement de constater leur mal-être. Cet excellent polar confirme son efficacité sous la palette de Ralph Meyer. Son utilisation judicieuse d’un dessin en bichromie où la couleur jaune monopolise le regard, confirme l’intérêt indéniable que l’on doit porter à Berceuse Assassine.

    meuillot Le 10/08/2016 à 16:10:08

    Oui The Creep peut être considéré comme un "bon album". Le scénario de John Arcudi tient la route. Au fur & à mesure qu'avance l'histoire, les mystères s'éclaircissent peu à peu et restent plausibles.

    On s'attache évidemment au personnage principal, le détective privé Oxel Kärnhus. Mais pas grâce la pathologie dont il est atteint (l'acromégalie où en gros tu finis comme les frères Bogdanov...), c'est d'ailleurs là où ça pêche pour moi.

    A aucun moment je n'ai ressenti cette dégradation physique en voyant le visage d'Oxel. Certes, des mâchoires carrées, des traits grossiers, mais rien de "boursouflé, où qui pourrait donner un visage "différent". Le très bon dessinateur, Jonathan Case, a voulu rendre son perso agréable de l’intérieur et pour qui on accorderait beaucoup de sympathie. C'est réussi mais au détriment de ce qui ronge véritablement le personnage de l’extérieur. Case s'inspire au départ d'un célèbre acteur américain, Rondo Hatton. Trop proche de ce dernier, il a voulu amoindrir les séquelles à son héros... tout ça n'est pas si grave mais elle enlève 1 point à ma note, clairement... Et puis, quand on voit la cover de F. Miller en bonus...

    Mis à part ce "détail", le dessin est bien senti. Entre les rêves, les flash-back et la vie réelle, tout est bien différencié. On s’imprègne donc bien de l'histoire.

    C'est donc un bon one shot pour un bon duo d'auteurs. Avec une fin qui explique tout et où on n'a pas besoin d'informations supplémentaires...

    Un bon moment même si avant cette lecture j'aimais bien les petits ours bruns.... :)

    meuillot Le 23/06/2016 à 11:51:31

    3/5 pour bon album. Oui cela en est un. Mais avec des nuances à apporter. On pourrait ajouter 1 pt à cette note pour le dessin n&b de Manuel Garcia. Très à l'aise dans ce one shot. Son trait rend l'atmosphère anxiogène et horrifique quand il le faut. Un beau rendu graphique donc...

    C'est plutôt l'histoire qui ne m'a pas transcendée... La collection Flesh & Bones suit un code précis. Les autres publications en sont les témoins. On pose la trame, on se familiarise avec les personnages et tout part "en vrille" dans la seconde partie de l'album...

    Ce qui a cloché pour moi, c'est que je ne me suis pas du tout attaché au personnage principal. Alex Morsen est promis à être un grand écrivain... Ok. Mais après ça, rien ne se passe. C'est long. On suit sa psychose sur les notes de piano. Mais il est tellement antipathique qu'on ne s'en émeut pas... Enfin pour ma part...

    Ensuite Le Signe... Pourquoi pas ? Les amateurs du genre seront séduits pas l'idée. Cela fonctionne et impliquera une seconde partie bien (trop...) glauque...

    Donc je n'ai pas accroché au niveau de l’intrigue. En revanche, j'ai beaucoup aimé la partie graphique.
    Je ne pense pas avoir apprécié Le Signe à sa juste valeur mais d'autres lecteurs y trouveront leur compte et c'est tant mieux !

    meuillot Le 22/06/2016 à 16:00:22
    L'Érection - Tome 1 - Livre 1

    Si Jim avait choisi un autre titre que L’Érection pour ce nouveau diptyque, « La Dureté » aurait été tout aussi idoine. Tant celle des mots, des comportements, des réactions et d’un organe sont légion dans le contenu de ce premier tome. Alors pourquoi utiliser ce terme assez évocateur voire risqué ? Parce que le scénariste fait de cette érection, le délit phare dont les conséquences seront tumultueuses au sein de ce couple parisien. C’est donc l’histoire de Léa, Florent et du cadeau qu’il a imaginé pour son anniversaire…

    La suite sur : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/lerection/

    meuillot Le 13/06/2016 à 13:00:43
    Sept - Tome 17 - Sept mages

    3e titre de cette troisième collection qu'est la série 7. Et pour le moment j'ai cette agréable impression qu'on atteint une bonne vitesse de croisière.

    Les 7 mages, des "super-héros" de la mythologie, sont appelés pour sauver le roi mourant Cocaigne d''un imminent assaut qui renverserait le Royaume dans la peur et la soumission. Le roi missionne son capitaine d'aller chercher ces 7 potentiels sauveurs qui ont tous des pouvoirs bien précieux. De Gargan à Lumen en passant par les 4 sœurs de l'épouvante jusqu'à ce philosophe énigmatique, tous ont une faculté qui doivent leur permettre de mettre fin aux agissements du frère du roi.

    Ce one shot fonctionne parfaitement. Toujours limités par la "règle" de cette collection, les auteurs arrivent à nous conter une histoire prenante, manichéenne, certes, mais qui a le mérite de tenir la route. S. Lehman ne peut que distiller des informations rapides et claires pour que l'on rentre très vite dans ce monde imaginé. En intégrant une espèce d'âme errante qui sera le guide de leur quête, tous les ingrédients sont réunis pour faire un bon héroic fantasy.
    Les personnages ont de l'épaisseur, la trame est logique, le dénouement inévitable.

    Accompagné par les bonnes illustrations de E. Roudier, le scénariste nous fait passer un agréable moment de lecture.

    meuillot Le 10/06/2016 à 16:29:02
    Rio (Rouge/Garcia) - Tome 1 - Dieu pour tous

    Lorsque l’on évoque Rio de Janeiro, on pense spontanément au carnaval, à la plage de Copacabana sans oublier ce monument historique qui culmine au sommet du mont Corcovado, le Christ Rédempteur. Louise Garcia et Corentin Rouge aiment cette ville. Avec une telle passion que dès le premier album de cette série prévue en quatre tomes, ils nous servent de guides expérimentés. Et pour commencer cette visite, ils choisissent les favelas avec toute la pauvreté qu’elles entourent. Deux enfants en seront les témoins. Le voyage de Rio débute par de fortes perturbations. S’ensuit une cadence qui ne s’essouffle jamais.

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/rio-1-dieu/

    meuillot Le 31/05/2016 à 13:52:43
    Sept - Tome 16 - Sept frères

    C'est marrant ça. A en lire les avis de Duncan89 et mimassa, voire la chronique de Y. Tilleuil, l'album des "Sept Frères", ne ferait pas partie des meilleurs de la série. Et bien pour ma part, je l'ai vraiment bien apprécié. Si on ne perd pas de vue la charte imposée par la collection, je trouve que D. Convard, J-C. Camus & H. Boivin s'en sortent vraiment bien. Les 7 personnages sont présentés rapidement et distinctement (ce n'est pas toujours le cas pour les autres titres). L'intrigue à résoudre dans un semi huis-clos (on navigue régulièrement dans les souvenirs des protagonistes) est bien menée. La tension est bien présente. Et le scénario se tient. Le dénouement est, certes, peut-être trop expéditif et on ne pouvait pas vraiment le deviner même après relecture puisqu'on est pris à défaut. Donc ce n'est pas vraiment un whodunit puisque le lecteur ne pouvait résoudre l’énigme avant l'enquêteur... Pour autant, c'est un album réussi à mon sens. Dans le top 5 des 17 titres déjà sortis...

    meuillot Le 27/05/2016 à 19:11:57
    Sept - Tome 15 - Sept nains

    Sept nains... Bien évidemment ce titre est idoine pour cette collection dirigée par D. Chauvel. Le 1er opus de cette troisième saison commence plutôt pas mal. On retrouve au scénario Wilfrid Lupano donc on imagine bien que le conte des frères Grimm va subir quelques modifications loufoques. Et ça marche. Les héros ne sont pas gentils. La morale, il n y en a pas. Les sept nains sont désarmants de niaiserie et les caractéristiques propres à chacun servent à décupler leur grivoiserie. Du répugnant Simplet à l'obsédé Joyeux : tous bavent devant la tête à claques qu'est Blanche-Neige. Car bien sûr elle est aux antipodes de la pleureuse qu'on connaît. Le métier de mineur des 7 graveleux est bien exploité dans le déroulement de l'histoire. La Reine, elle, est d'un pathétisme qui se ridiculise avant de devenir elle-même une victime...

    Dans cette collection que je possède depuis le début : il y a eu de plus ou moins bonnes réussites. Sept nains s'en sort plutôt bien. Avec également le bon dessin De Roberto Ali qui s’accapare bien le monde déjanté de Lupano...

    meuillot Le 27/05/2016 à 15:13:14
    Lazarus - Tome 4 - Poison

    Six mois après la parution du 3e chapitre, c’est avec ce nouvel épisode, intitulé Poison, que revient Lazarus. Greg Rucka et Michael Lark nous entraînent cette fois dans deux univers distincts : les conflits d’intérêt entre puissantes familles d’un coté, le terrain & ses violentes querelles de l’autre. Chaque tome de Lazarus, délivrant de précieuses informations, celui-ci ne déroge pas à la règle. Prenant.

    La suite de mon avis ici : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/lazarus-4/

    meuillot Le 13/05/2016 à 18:52:50

    Lu dans la foulée de Alcoolique de Ames, Mal de Mère donne une sacrée claque quand on le finit !
    Contrairement à Jonathan Ames qui se met (partiellement) en scène à l'âge adulte, Rodéric Valambois nous jette l'alcoolisme à la figure du haut de ses neuf ans. Ce n'est pas lui qui boit, bien évidemment. Mais sa maman. Une famille somme toute classique : 3 enfants, une mère institutrice, un père engagé politiquement. Une famille normale au début des années 80. Mais un grain de sable va enrayer cette machine bien huilée... Une maman qui, petit à petit, sombre dans une dépendance qui n'est pas forcément connue chez le sexe féminin. Elle ne s'en est pas forcément aperçue. La seule chose dont elle était sûre c'est que sa vie ne lui convenait pas. Comme si elle n'avait rien choisi de ce qui lui arrivait. Elle se punit alors elle-même et bien évidemment son entourage. Ce petit garçon de neuf ans, qui est donc, 33 ans après, l'auteur de ce roman autobiographique, nous violente avec ses yeux et ses mots. On souffre avec lui. On se dit que ce n'est pas possible, qu'un déclic va surgir pour que cette femme puisse de nouveau éclaircir sa vie. Certaines scènes contées sont tellement dures que cela en est dérangeant. A la limite du voyeurisme, il faut vite se rappeler que R. Valambois a certainement besoin de (nous) raconter ce triste épisode de sa vie. Ce récit est poignant, avec une émotion forte à chaque lecture de page. La douceur des deux dernières planches veulent être un peu rassurantes sur les souvenirs restants mais on voit pertinemment que ces enfants se sont construits dans un contexte très difficile...
    Cela donne beaucoup de respect pour R. Valambois qui se met totalement à nu. C'est raconté, dessiné et mis en couleur de façon sobre et intelligente. Étonnant que Bd Gest n'ait pas mis un peu + en lumière ce témoignage bouleversant d'authenticité...

    En lire + sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/mal-de-mere/

    meuillot Le 13/05/2016 à 18:19:26

    Bon, ce n'est clairement pas celui qui m'a le plus plu dans la collection Flesh & Bones... Pourtant "Sonar", avec S. Runberg au scénario, n'est pas inintéressant, loin s'en faut.
    Mais il y a un je ne sais quoi qui cloche. Le dessin de Chee Yang Ong n'est pas mauvais, bien que parfois on a du mal à bien identifier les personnages, Les couleurs grises sont assez bien rendues. Les monstres marins bien faits. Non, ce qu'il m'a manqué c'est certainement un peu + de crédibilité sur certaines scènes, certains faits. Je sais bien que nous sommes dans de la série B mais cela n’empêche pas qu'il y ait des liens cohérents dans les destins des protagonistes... C'est ce qui pêche (sans mauvais jeux de mots), pour moi dans cette aventure. Cela va un peu trop vite parfois, on n'a pas le temps de s'attacher aux personnages. Frustrant tout ça...

    meuillot Le 13/05/2016 à 13:26:02

    Pas moins de sept années auront été nécessaires pour que The Alcoholic (Alcoolique) soit adapté en France. Monsieur Toussaint Louverture, jolie maison éditoriale, a eu la bonne idée de s’emparer de l’œuvre originale écrite par Jonathan Ames. Devenant pour l’occasion, un bel objet, Alcoolique est aussi attrayant dans le contenu proposé que pour sa couverture séduisante. En y ajoutant le trait sobre de Dean Haspiel, on obtient un équilibre parfait. Alcoolique est prêt à être dégusté.

    Plus de détails sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/alcoolique/

    meuillot Le 02/05/2016 à 16:00:09

    Beaucoup de violence parsemée de sexe. Non, le titre de cette nouvelle publication aux éditions Glénat, n’est pas trompeur. Sex & violence regroupe cinq histoires toutes scénarisées par Jimmy Palmiotti et/ou Justin Gray. Ces deux auteurs réputés chez DC Comics s’entourent de plusieurs dessinateurs pour mettre en images leur imagination sulfureuse, sanguinaire et oppressante. A l’exception d’un, ces mini-récits donnent une impression de déjà-vu mais avec ce mérite non négligeable : celui d’être cohérent et efficace. Du vieux bonhomme cherchant à venger la mort mystérieuse de sa petite-fille, jusqu’à cet homme dont est détaillée toute l’évolution qui le poussera à devenir un meurtrier insatiable, il convient de préciser que le degré d’intensité varie en fonction de l’intrigue relatée. Sex & Violence ne bouleverse pas les codes, mais reste à découvrir ne serait-ce que par sa diversité graphique.

    Suite de l'avis sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/sex-violence/

    meuillot Le 17/04/2016 à 13:23:18
    The bunker - Tome 1 - Capsule temporelle

    Capsule temporelle. Voici le titre de ce chapitre par lequel débute cette nouvelle série qu’est The Bunker. Cette fameuse « capsule-souvenirs », prête à être enterrée par une bande d’amis dans la forêt d’Angeles en Californie, n’a que d’importance le point de départ d’une découverte intrigante. Dans sa collection comics, les éditions Glénat continuent d’alimenter ce fonds dédié. Ce véritable récit de science-fiction imaginé par Joshua Hale Fialkov et Joe Infurnari, commence très fort, s’essouffle un peu en deuxième partie, pour finir non sans une certaine crispation. Pour autant, The Bunker donne l’impression d’une aventure qui peut avoir d’efficaces rebondissements.

    La suite de la chronique sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/the-bunker-1/

    meuillot Le 11/04/2016 à 14:13:12

    Après une rapide introduction explicative sur le lieu historique où se déroule l’aventure, nous comprenons rapidement que l’atoll de Bikini est censé être dépeuplé de toute vie humaine depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les américains ayant fait de cette île corallienne un terrain d’essais pour de multiples expériences nucléaires. Les retombées radioactives, conséquences des diverses explosions de bombes meurtrières (avec la première apparition de la Bombe H), n’empêchent en rien pour l’atoll de devenir aujourd’hui un site touristique ! Non sans avoir préalablement signé une décharge déclinant toutes responsabilités en cas de cancer contracté…

    Reconnu et inscrit par l’UNESCO en tant que « symbole de l’entrée dans l’âge nucléaire » (!), l’atoll de Bikini devient un parfait terrain de jeu pour C. Bec qui ne va pas se priver pour y imaginer ce pur slasher qu’est Bikini Atoll.

    Suite de la critique : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/bikini-atoll/

    meuillot Le 29/03/2016 à 12:38:38
    Monsieur Mardi-Gras Descendres - Tome 0 - Le Facteur Cratophane - Prologue à Monsieur Mardi-Gras Descendres

    Plus de dix ans après la conclusion de Monsieur Mardi-Gras Descendres, Éric Liberge nous fait plaisir avec un prologue à la hauteur de la série mère :

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/le-facteur-cratophane/

    meuillot Le 16/03/2016 à 17:02:17
    Melvile - Tome 2 - L'histoire de Saul Miller

    Un 3,5/5 n'étant pas possible à choisir sur BD Gest, c'est pourtant la véritable note que j'attribue à ce 2e tome de Melvile.

    Un ressenti un peu plus emprunté que l'histoire du 1er opus, celle de Samuel Beauclair.

    Mais parlons d'abord d'un des plus beaux rendus graphiques en matière de BD ces dernières années. Romain Renard appose une ambiance rare et tellement immersive. Les couleurs sépia aident considérablement à rendre une atmosphère aussi chaleureuse qu'anxiogène. L'auteur nous avait déjà fait part de cette parfaite maîtrise dans le précédent album, celui-ci n'est qu'une confirmation. Désormais en BD il y a le dessin type "Romain Renard", un des plus agréables pour les yeux.

    L' Univers qui entoure cette ville imaginaire qu'est Melvile est tellement envoûtant qu'on pourrait acquérir les albums dont il est issu, les yeux fermés.

    Un seul bémol personnellement pour ce deuxième tome. J'ai moins adhéré à la vie de ce nouveau personnage qu'est Saul Miller. Son passé et ce qui lui arrive dans l'histoire ne m'a pas autant convaincu que le destin de Samuel. Ce qui n'enlève rien à la qualité de l'intrigue assurément bien menée.

    Le schéma est similaire d'avec le 1er tome. Un personnage principal écorché, tiraillé par un lourd passé. Un décor sombre, une maison pommée. Des personnages secondaires qui tentent de le maintenir vers le haut et qui ont leur intérêt. Des éléments mystiques, des menaces physiques. Voici les ingrédients principaux pour élaborer un scénario solide dans Melvile.

    Ainsi, outre le personnage pour lequel je n'ai pas trouvé d'empathie, Melvile #2 doit se lire pour des tas de raisons. On entre dans cette ville et notre curiosité voudrait que l'on puisse connaître l'histoire de chacun de ces presque 500 habitants.

    L'appli dédiée à cette série offre la possibilité de voyager un peu + en se baladant dans ce surprenant univers et ce, notamment en musique. Pour peu qu'on veuille nous-mêmes y narrer une histoire....

    A la manière d'une excellente série télévisée (X-Files, au hasard), Melvile se suit intensément et ce même si l'épisode peut s'avérer moins accrocheur que le précédent ou le suivant...

    En résumé, tout amateur de BD se doit de découvrir Melvile ! :)

    meuillot Le 15/03/2016 à 17:25:16
    Kersten, médecin d'Himmler - Tome 2 - Au nom de l'humanité

    Suite et fin de ce diptyque oppressant et terriblement rassurant. Il est bon de voir que lors d'une des plus noires pages de l'Histoire de l'Humanité, il ait pu exister des hommes, presque anonymes, qui par leur courage et leur abnégation ont pu aider, voire sauver de nombreuses victimes.

    Felix Kersten en fait indéniablement partie. Celui qu'on surnommait le médecin du Diable flirte dangereusement avec sa vie avec une conviction incroyable.

    Son pouvoir, ses mains, lui permet de gagner l'amitié d'Himmler mais surtout de glaner de précieuses confidences dont il pourra se servir à bon escient.

    Cet album confirme la tension existante dans le 1er opus. Jonglant régulièrement entre deux époques clés dans l'existence de Kersten, les auteurs n'oublient pas des faits historiques marquants (Contrat au nom de l’humanité, le sauvetage de 2700 juifs, promis à la chambre à gaz, accueillis au dernier moment par la Suisse...).

    Pat Perna et Fabien Bedouel rendent ici un bel hommage en BD à cet homme. L'occasion pour dire l'impact que peut avoir ce type de roman graphique, notamment dans les écoles, et ainsi susciter la curiosité de certains actes heroïques qui pourraient, avec le temps, être oubliés...

    Pour tout ça, bravo aux auteurs et beaucoup de respect à M. Kersten...

    meuillot Le 11/03/2016 à 14:21:38

    Après le succès du premier roman de Saphia Azzeddine, Confidences à Allah, E. Simon et M. Avril adaptent en images chez Futuropolis une œuvre saisissante :

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/confidences-a-allah/

    meuillot Le 04/03/2016 à 15:56:44
    Kersten, médecin d'Himmler - Tome 1 - Pacte avec le mal

    C'est drôle. Ma collection de BD étant rangée par ordre d'éditeur puis titre d'album, Kersten trouve sa place juste après la série "Il était une fois en France"...

    Et après lecture de ce premier tome, j'ai eu cette même sensation qu'avec celle ressentie pour l’œuvre de Nury et Vallée. L'époque similaire y étant pour beaucoup, c'est surtout ce constat affiché : il n'était pas rare de devoir pactiser avec le diable pour pouvoir arriver à ses fins ou en tout cas avoir une chance de sauver sa peau ou celle de ses proches.

    Le titre de cet album est suffisamment évocateur pour comprendre ce que Kersten devra faire face à Himmler pour obtenir de précieuses informations qui lui permettront d'agir pour, notamment, le pays dont il est originaire.

    L'histoire débute à la fin de la seconde Guerre et Kersten se trouve en Suède en demande d'exil qui devait initialement lui être validée. Mais entre temps, un changement de ministre va compliquer les choses. Et puis on se retrouve en 1940-41 avec le nazisme et Himmler en premier plan. Ce dernier souffre de maux terribles et ne trouve son salut que par les soins prodigués par le docteur Kersten. Au fur & à mesure que l'histoire avance, le praticien se rend compte qu'il soigne un des plus grands tortionnaires jamais connus.

    Les douleurs au ventre de bras droit d'Hitler sont de + en + fréquents et concomitants avec la pression qui est exercée sur l'accomplissement de ses effroyables missions qu'il cautionne tant. Kersten devient donc son médecin personnel puisqu'il a le don de calmer ses douleurs. Ainsi, même si il est confronté à ce que le nazisme offre de plus effroyable, il comprend également qu'il à une carte à jouer grâce au pouvoir qu'il exerce sur le Reichsführer.

    Pour ma part, j'ignorais l'existence de cet homme. Le T1 est surprenant par l'atmosphère tendue qu'il dégage. Le dessin, tout en sobriété, de F. Bedouel n'est pas chargé d'éléments futiles. Il s'attarde essentiellement sur les visages, comportements des personnages. Ce qui accentue un peu + la tension déjà présente.

    P. Perna signe ici une histoire extraordinaire dont le deuxième tome devrait apporter son lot de surprises. Une très bonne BD sur un fait historique qu'il est bon de (re)mettre en lumière. Et ce même si, apparemment, des faits ou lieux décrits ne correspondent pas tout à fait à la réalité...

    meuillot Le 03/03/2016 à 12:27:00
    Lazarus - Tome 3 - Conclave

    Avis pour ces 3 premiers tomes de Lazarus : une série au monde dystopique et rondement menée par ses auteurs :

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/lazarus/

    meuillot Le 22/02/2016 à 12:59:03

    Une BD aussi atypique que saisissante si on se laisse porter par l’humour qu'elle dégage. Des situations invraisemblables apportant son lot de conséquences aberrantes. Mais c'est ici que s'exprime la force du récit. Fabcaro se moque, fait de l'auto-dérision, et rend ses personnages aux traits figés totalement expressifs. Car la force est dans l’intérieur des bulles : ce sont les mots qui rendent vivants les protagonistes.
    Mention spéciale à cette double page où interviennent un journaliste et un envoyé spécial. Très bon.
    Zaï Zaï Zaï Zaï se lit vite et bien. Un bon moment où l'absurdité est à la limite de la réalité.

    meuillot Le 10/02/2016 à 23:57:59
    Promise - Tome 3 - Incubus

    Avis global sur ce triptyque angoissant et atypique qu'est Promise :

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/promise/

    meuillot Le 23/01/2016 à 16:13:18

    Comme d'autres lecteurs apparemment, je n'avais pas été attiré par la 1e de couv. du Roi Ours. Non pas que je la trouvais ratée, mais j'y voyais + une BD pour enfant style "Livre de la Jungle"... Et puis est arrivée la Preview. Happé par le dessin je change d'avis et la mets dans ma wishlist. Quelques mois après sa sortie je viens donc de terminer ce One Shot...

    .... Superbe ! On entre dans le vif du sujet dès le début de l'histoire (cette dynamique haletante sera respectée tout au long du récit) avec l'héroïne, Xipil, en bien mauvaise posture car prête à être offerte à la déesse Caïman. L'un des autres Dieux, le Roi Ours n'entend pas les choses de cette façon...

    On comprend vite qu'on se dirige vers une aventure où vont se mêler croyances, divinités, symboles, et légende. D'abord offrande, Xipil évoluera au fil des pages pour devenir la principale instigatrice d'un inévitable chaos.

    Ce premier premier roman graphique de Mobidic est d'une sensibilité profonde tant par son trait que par certaines scènes intimes (je pense à celle où Xipil est emmitouflée dans la fourrure de son Roi...). A laquelle s'ajoute une sensualité joliment imprégnée.
    Le Roi Ours est un conte oui, mais un conte cruel où la violence, le sang et la trahison sont légion du coté des humains qui ont clairement le mauvais rôle. Du côté des animaux, on se prend à penser à Frank Pé. Non pas par comparaison, mais plutôt pour la grande réussite dont fait preuve Mobidic pour rendre humain la Mère des Gorilles, Caïman, Roi Ours & autres bêtes. De l'anthropomorphisme brillamment mis en images.

    Vraiment un très bel album proposé par Mobidic. Pour l'avoir croisé au festival de la BD d'Angers, à ce moment là je n'avais pas lu son œuvre, j'ai tout de suite pensé à elle en découvrant son héroïne. Mais en la voyant pas mal se balader tout au long du festival, et en y ajoutant nos brefs échanges, c'est marrant mais je pourrai plutôt la comparer à un de ses animaux (mais je dirai pas lequel !!! :p )

    Un seul petit bémol : la fin. Un peu convenue et qui laisse trop de portes ouvertes. Cela reste très subjectif. Je ne la voyais pas comme ça. C'est le choix de l'auteur. Ce n'est pas une fin illogique. Elle n'est donc pas mauvaise pour autant.

    Je suivrai le travail de Mobidic. Avec grand plaisir.

    meuillot Le 04/01/2016 à 23:23:04

    C'est un indispensable parce que je m'en suis imprégné "seulement" 1 an après et que chaque dessin résonne encore comme messages de révolte, de tristesse, d'unité, d'émotion palpable. LA BD EST CHARLIE, ce recueil en est la plus belle preuve.

    meuillot Le 16/12/2015 à 18:12:53
    La fille de la plage - Tome 1 - Tome 1

    Ce 1er tome de La fille de la plage vaut le détour tant par son originalité que par la technique graphique d'Inio Asano :

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/la-fille-de-la-plage-1/

    meuillot Le 25/11/2015 à 13:04:32
    Holmes (1854/†1891?) - Tome 4 - Livre IV : La Dame de Scutari

    Chronique du déjà indispensable T4 sur Comixtrip ! :)

    http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/holmes-1854†1891-livre-iv/

    meuillot Le 21/10/2015 à 15:25:59
    Trilogie du Moi - Tome 1 - Moi, assassin

    Frustrant. Sentiment de ne pas avoir apprécié pleinement cet album. La faute à mes lacunes sur l'Espagne, son histoire, son architecture, ses conflits, ses richesses. Qui plus est, je ne suis pas un fana d'Art dit de peintures, tableaux ou autres réalisations sur ce type de mise en scène.

    Je m'attarde donc sur la psychologie du personnage. Enrique est un homme érudit, respecté mais aussi controversé. Il attire et fait fuir la gente féminine. Il a ce côté passionnant et repoussant à la fois. Une attitude assez schizophrénique en somme.

    Qu'il ne dénigre à aucun moment d'ailleurs. Son côté sombre lui sert à accomplir de terribles actes sanguinaires au service de l'Art... Son intelligence sans faille lui permet de passer inaperçu et de ne pas endosser le rôle d'un serial-killer. Profil qu'il trouve bien trop prévisible et faible pour que quelqu'un comme lui puisse s'en emparer...

    Incontestablement, tuer est un Art, un tableau vivant. Il le nous démontre à travers ses divers meurtres. Méthodique, méticuleux, imprévisible, il arrive à justifier chacun de ses actes comme un service rendu à la victime. Et selon lui, son mode opératoire est... beau.

    Antonio Altarriba réalise un album atypique et saisissant. Pour peu que l'on soit issu ou adepte de la culture espagnole, on doit aisément ajouter des points supplémentaires à ma note attribuée...

    Il faut absolument mettre en exergue le dessin exceptionnel de Keko. Un noir et blanc jamais vu auparavant. Peut-être un soupçon du Sin City de Miller. Non, Keko a vraiment sa propre "patte". Un graphisme totalement adéquat à l'histoire. Où seul le rouge apparaît ici et là pour traduire la violence, le sang voire le narcissisme.

    C'est un bon one shot. Mais encore une fois, ma note n'est certainement pas représentative de la qualité de celui-ci.

    meuillot Le 19/10/2015 à 22:25:31

    Quand il s’agit de bandes-dessinées américaines, les Éditions Urban Comics ont pour habitude de nous faire découvrir de véritables petites pépites (Severed, Southern Bastards, Men of Wrath…). Le Secret, one shot imaginé par Mike Richardson et Jason Shawn Alexander, ne déroge pas à la règle. Ce pur slasher n’est pas une révolution en terme d’originalité, mais a le mérite d’être bien ficelé de bout en bout.

    « SOUVIENS-TOI »

    M. Richardson, fondateur de Dark Horse Comics, célèbre éditeur américain (Sin City, Hellboy The Mask…), scénarise ici une histoire où tous les codes du genre sont respectés à la lettre :

    Une bande de jeunes étudiants s’est réunie pour une soirée. L’un d’eux, le plus « pommé », les rejoint malgré une certaine réticence. Sa seule motivation, c’est son attirance pour Pam, l’organisatrice de l’événement. Il les retrouve en plein jeu puéril qui consiste à faire peur à un inconnu au téléphone, en lui révélant qu’ils connaissent son secret… Classique…
    Bien évidemment, Pam, jolie jeune fille, va tomber sur la mauvaise personne. Le jeu stupide va se retourner contre elle. Et elle finira par disparaître. L’intrigue est posée. Laissée pour morte, seul Tommy, l’asocial du groupe, aura raison de suivre son instinct lui dictant de poursuivre ses recherches pour la retrouver.

    UNE PRESSION DE TOUS LES INSTANTS

    Tous les ingrédients sont donc réunis : un petit groupe de post-ados avec celui qui sort du lot, une belle fille, un jeu, et un effrayant psychopathe cagoulé. Du début de l’histoire jusqu’au dénouement, une impression de déjà-lu (ou déjà-vu) subsistera légitiment, mais alors, en quoi ce comics serait-il digne d’intérêt ?

    Tout simplement parce que cela fonctionne ! Mike Richardson dresse une ambiance anxiogène tout au long de son œuvre. Sans de superflus (pas d’onomatopées à foison ou de morts à toutes les cases, il faudra même attendre la fin pour voir une véritable scène d’horreur…), il maîtrise plutôt bien l’art d’installer une crainte perpétuelle afin que le lecteur soit toujours en alerte à chaque fin de page.

    UN DESSIN AU DIAPASON

    Une fois le scénario bien rôdé, il faut l’illustration adéquat. Et c’est certainement là que Le Secret tire son épingle du jeu. Le dessin pictural de Jason Shawn Alexander est formidable d’intensité. Accentuant un peu plus cette pression incessante par des couleurs sombres réalisées à l’aquarelle. Certaines de ses planches sont d’un tel réalisme qu’elles aident grandement à s’imprégner de cette macabre aventure.

    Le Secret est à savourer à sa juste valeur. Et ce, même si certains films peuvent nous revenir en tête. Ce roman graphique s’apprécie plus par sa force d’exécution et sa mise en image envoûtante, que par la profondeur du récit.

    Lien de l'article sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/bibliotheque/le-secret-2/

    meuillot Le 02/10/2015 à 19:11:57
    Melvile - Tome 1 - L'histoire de Samuel Beauclair

    Quasiment 2 ans après sa sortie, je savoure enfin Melvile. En général, j'adore arriver après "la tempête" sur des BD qui ont connu un certain succès au moment de leur parution histoire de m'en imprégner pleinement après les autres... Force est de constater qu'on comprend la réussite de cet album tant il est agréable à lire et à regarder.

    Sam, Sarah, Dave & Rachel : c'est autour de ces 4 personnages imaginés par R. Renard qu'on découvre une ville aussi mystérieuse que fantomatique qu'est Melvile. C'est dans ce cadre très isolé que Sam, écrivain dans le déclin, se voit rattraper par son passé, ses peurs alimentant un profond mal-être...
    Il trouve tout de même un peu de réconfort auprès de Dave et sœur Rachel, comme s'ils étaient la dernière branche à laquelle il puisse se raccrocher pour ne pas tomber dans une folie fatale.
    Accessoirement interviendra l'éditeur de Sam, juste assez pour le rappeler au monde réel si tant est qu'il ait encore envie d'en faire partie.

    Cette histoire n'est pas forcément la plus originale qui soit (j'entends par là qu'avec tous ces scénarii crées, il est désormais difficile de ne pas retrouver des points communs ou des impressions de "déjà-vu"), mais elle a sont petit lot de surprises.

    La force de cet album réside surtout dans le dessin de R. Renard. J'avais beaucoup aimé "Un hiver de glace" illustré en bichromie mais là on est dans un mélange de couleurs somptueux ! Des tons chauds orangés, une maîtrise de la lumière épatante, des cases sublimes : c'est un coup de cœur pour son coup de crayon. Pour ne citer qu'elles, ces deux pages qui annoncent la foudre où on reste case à case sur une image quasi statique d'un poteau électrique : je me suis beaucoup attardé dessus tellement c'était sublime.

    Et je viens tout juste d'apprendre qu'une deuxième histoire de Melvile allait voir le jour ? Pour sûr, le jour de sa sortie, je n'attendrai pas deux ans pour m'en délecter...

    meuillot Le 01/10/2015 à 15:34:14

    Avant tout, parlons de choses qui fâchent, comme ça, ce sera fait ! ;)
    Deuxième fois que Bamboo, après "Héléna", nous fait le coup de ne pas éditer de TL pour le deuxième tome d'une série de Jim. Franchement, je trouve ça moyen. Car je suis certain que c'est totalement injustifié : certainement pas de problème de ventes vu la qualité et la reconnaissance dans le milieu des auteurs. Pourquoi faire d'un 1er tome un TL si la logique ne suit pas pour le deuxième ? Surtout pour un diptyque. Pour appâter le lecteur au départ ? Certes, j'avoue que tous les TL que je possède dont "Où sont passés..." possèdent une magnifique première de couv. (c'est principalement pour ça que je les prends) et s'enrichissent de commentaires instructifs comme le travail cornélien pour, justement, trouver la couv. adéquat. L'éditeur sait donc que proposer un TL est une valeur sûre quand les auteurs sont reconnus. Je trouve ça assez irrespectueux de ne pas jouer le jeu jusqu'au bout. J'aime bien Bamboo car c'est une maison qui s'entoure de chouettes créateurs graphiques et scénaristiques. Mais leur conception marketing est proche du foutage de g***** envers les lecteurs...

    Bref... TL ou pas, cela n’entache, évidemment, en rien le contenu de l'album.

    D'ailleurs la couverture de ce dernier opus est formidablement attirante. Comme si les lumières féeriques du manège voulaient nous entraîner avec elles. Si on met côte à côte les deux couvertures, on s'aperçoit qu'elles sont totalement liées : le regard d'Hugo, sourire aux lèvres, vers les étoiles tranche brillamment avec sa profonde tristesse affichée sur la couv. du T1.
    J'aime beaucoup cet intérêt indéniable accordé par les auteurs, celui de donner un sens profond à la première image visible avant d'ouvrir l'album.

    Quant à l'histoire... Il faut la lire ! Il n y aura pas forcément de grosses surprises (de toute façon, à part peut-être l'issue d'un des personnages de "Héléna", Jim n'a pas l'habitude de nous mener en bateau...), mais simplement des choses qui "coulent" naturellement. De l'héritage de Fred pour ses trois potes qui aura une signification symbolique pour que ces derniers prennent leur destin en mains, jusqu'à l'existence de Hugo qui, complètement pommé, va peu à peu donner un autre sens à sa vie.

    Ainsi, comme à son habitude, Jim respecte sa ligne directrice qui est celle de donner beaucoup de profondeur à chacun de ses personnages. Il s'autorise parfois des "écarts" en y ajoutant des éléments étrangers (comme le propriétaire de l'ancien numéro de tel. de Fred), paraissant parfois superficiels mais qui se justifient au bout du compte.

    Au sujet du dessin d'Alex Tefenkgi, je le trouve toujours aussi idoine à l'histoire. Pas agressif, des gros plans de visage pour bien mettre en évidence les expressions, de chouettes couleurs (surtout celles de nuit et ce beau rouge qui retranscrit les flash-back), et pas de surcharge dans les cases. Tout est fluide. Mention spéciale à 3 (pleines) cases : celle avant l'épilogue qui mériterait 1 ex-libris, ainsi que la 1ère et la dernière de ce second tome. La première parce, je l'ai déjà dit, Alex rend les scènes de pluie plus vraies que nature, et la dernière parce qu’elle est diamétralement opposée à celle de ce début d'album... C'est bien vu...

    Chouette histoire par deux auteurs complémentaires. Merci Jim & Alex.

    meuillot Le 23/06/2015 à 14:45:33

    Je commence par mon impression sur la couverture : je n'ai pas du tout accroché sur celle-ci. A fortiori quand on a fini de lire ce one shot bien prenant. Elle ne véhicule pas le message que donne Alcante dans le contenu de cette histoire. Et puis, cette fâcheuse manie qu'a la collection Aire-Libre chez Dupuis d'intégrer en (si) gros caractères les noms des auteurs au détriment du titre, je trouve ça un peu agressif...

    Pas de spoil donc si je précise que le gamin visible sur la couv est atteint de la progéria, (maladie qui accélère de façon fulgurante l'effet de vieillissement pour donner une courte espérance de vie...). Deuxième fois, en BD, que je rencontre ce type de personnage. K. Otomo dans Akira, avait utilisé cette pathologie en la concomitant à une grande sagesse pour ses 3 gamins télépathes.

    Associé au titre, on se doute que cette histoire ne va pas donner dans la joie et la légèreté. Mais les auteurs se démarquent sur ce genre dans le sens où on ne tombe avec facilité dans le pathos.

    Car le récit ne tourne pas principalement autour de cet enfant au destin fatal. Alcante s’intéressant plus particulièrement à son père, dont la vie est parfaitement sous son contrôle, jusqu'à l'arrivée (tardive) de son fils...

    On va ainsi suivre l'évolution de ce trentenaire qu'est Xavier dont le seul intérêt se résume à deux mots : lui-même. Tout lui réussit, il ne rencontre pas d'obstacles infranchissables, et n'est pas ce qu'on pourrait appeler un sentimental.

    Et puis arrive ce coup de fil, le ramenant une décennie en arrière. S'en suivront plusieurs chocs violents à encaisser.

    Reste à savoir de quelle façon il fera face aux perturbations auxquelles il sera confronté. Une chose est certaine, la baffe qu'il se prend est sans nul doute celle-ci : il s'aperçoit que tout ce qui était réglé, bien formaté n'en était pas moins superficiel.

    Alors bien sur c'est émouvant, puisque on suit parallèlement le quotidien de ce petit bonhomme qui a 13 ans et dont la vie va être inéluctablement écourtée. C'est émouvant car il y a aussi la maman (au second plan, ne faisant que le "lien" entre le père et le fiston), dont la santé est également fragilisée. Mais c'est surtout émouvant parce qu'on donne à un homme l'opportunité de se faire violence pour qu'il constate qu'il a beaucoup à donner.

    Reste à savoir si on a la faculté de s'adapter à de telles situations et en profiter pour s'enrichir émotionnellement où bien si tout cela n'est qu'une parenthèse et qu'on peut très vite retourner dans ce confort qu'on s'est initialement crée ?

    C'est un bon album illustré avec douceur et légèreté par F. Montgermont. Je regrette juste que les changements comportementaux de Xavier n'aient pas été plus développés.

    meuillot Le 18/06/2015 à 16:56:50

    ça me fait toujours quelque chose d'attribuer la note maximale à une œuvre. Mais franchement, comment peut-il en être autrement ? 5/5 se traduisant par "indispensable" sur BD Gest, c'est bien l'adjectif approprié lorsqu'on a fini de s'approprier les riches cases de C. De Metter.

    Bien que je sois un inconditionnel de l'auteur, je n'avais jamais été si loin dans ma note (mais elles montent toujours haut ! :) )

    Ce qui a fait la différence se traduit par 2 distinctions non négligeables : C. De Metter scénarise lui-même "Rouge comme la neige" et, surtout, ses dessins si authentiques respirent enfin ! Grâce à un grand format qui permet aux cases d'offrir encore + de superbes détails.

    C'est beau, c'est puissant c'est colorisé avec un bichrome jaune-orangé ou seul le rouge intervient en adéquation avec le sang qui coule. Magnifique !

    L'histoire est fluide, sans faille. En s’appuyant sur un contexte historique réel de la fin du XIXè siècle, Le massacre de Wounded Knee (opération militaire américaine qui m'était inconnue), C. De Metter met en scène une femme et son fils dont le paternel est mort au combat. Un autre membre de la famille, une petite fille, a été enlevé, six ans auparavant. Le duo restant vit avec ses douleurs jusqu'à ce jour où un homme leur laisse un infime espoir de retrouver celle qu'il considérait comme perdue...

    Agrémenté de multiples rebondissements, c'est une œuvre qui ne peut pas laisser indifférente. Au pire on passe un excellent moment, au mieux on est littéralement transporté dans cette Amérique de 1896 : pour ma part, j'y étais...

    Définitivement, C De Metter est un monstre sacré du neuvième Art.

    meuillot Le 12/06/2015 à 14:32:33
    Back to Perdition - Tome 2 - Tome 2

    Piouffffff ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que Vanders & Marie ne dévient jamais de leur trajectoire : les 4 personnages principaux de cette série, écorchés dès le début, ne peuvent espérer aucun ménagement sous la houlette de leurs créateurs !

    Le début du second tome maintient la pression entamée par son prédécesseur et ne s’atténuera que dans les toutes dernières cases.

    On n'est pas dans une BD d'horreur mais tout ce qui s'y passe s'y apparente ! Des scènes étant à la limite du soutenable tellement elles nous prennent à la gorge. Le pire, c'est qu'on s'attend à ce que Mayaw, Angie, Bruce & Connors subissent des issues fatales. Mais même si on est préparés, on est tellement imprégnés par l'histoire qu'on reste décontenancés par ces événements dramatiques.

    Lorsque le talent graphique s'associe parfaitement au talent scénaristique cela donne des petites perles : Back to Perdition en fait partie.

    Pour les amateurs (en lecture) du "sans espoir", ils devraient être comblés...

    Mention spéciale au personnage qu'est Connors : à lui tout seul, il incarne toute la dureté, la fatalité, l'atrocité dépeintes dans cette œuvre maîtrisée de bout en bout !

    meuillot Le 09/06/2015 à 23:50:22
    Back to Perdition - Tome 1 - Tome 1

    Rien que la 1ere de couverture de ce tome donne le ton : elle est sombre, sanglante. Les crocos sont présentés tels de redoutables prédateurs prêts à avaler le moindre morceau de viande. Cette illu est superbe d'intensité, de noirceur et plante le décor pour celui qui ouvrira l'album. Vanders a un talent de dingue ! Dessiner ces jolies p'tites bêtes de façon si réaliste et surtout avec une précision quasi chirurgicale : regardez bien comment toutes ces bébêtes s'enchevêtrent les unes sur les autres, c'est un vrai tableau cette couv ! Pas très gai, je vous l'accorde, mais superbement rendu.

    Le titre, "Back to perdition" ne fait que créditer un peu + le monde dans lequel le lecteur va entrer. Si on connaît la paire créatrice de cette oeuvre, on se doute bien qu'on va passer un moment lugubre mais tellement efficace !

    Et ce 1er opus confirme toutes nos espérances qu'on attend d'eux. Vanders nous plonge dans une ambiance (très) pluvieuse, agrémentée de personnages aussi durs dans leurs traits de visage que dans leur comportement. Ce dessinateur possède une faculté incroyable à retranscrire des scènes intenses et anxiogènes. Personnellement, je suis fan.
    C. Saint-Blancat, à la couleur, a su harmoniser le tout en alternant le sombre (beaucoup de scènes de nuit) et les couleurs chaudes (zones désertiques) sans fausse note !

    Je "pinaille" juste à la planche 47 pour quelques cases qui ne m'ont pas paru compréhensibles (au niveau de la gestuelle). Je crois également qu'il y a deux astérisques qui sont censées renvoyer à des notes de bas de page qui... n’apparaissent pas....

    Pour en faire une oeuvre complète il faut un bon scénar. Aucun problème avec D. Marie. Son histoire, sur fond de racisme, père protecteur-taré, ferme de prédateur, n'est peut-être pas originale (encore que) mais elle tient la route puisque tout est crédible.

    Le Wet (grosse période pluvieuse en Australie) va servir de prétexte pour nourrir un contexte noir, sans pitié ou l'aborigène n'as pas sa place (vraiment dur la représentation du racisme) qui plus est si l'un d'eux s'éprend de la fille d'un homme dont la raison et la sagesse ne font pas partie de ses qualités premières.

    La chasse commence.

    Définitivement ravi de connaitre (après Welcome to Hope) le boulot de ces auteurs ! Voyons voir l'issue imaginée !

    meuillot Le 03/06/2015 à 12:25:43
    Asgard - Tome 2 - Le Serpent-Monde

    Cet ultime album de la série confirme mon ressenti de départ. Au point d'augmenter d'un point ma note sur ce deuxième tome.

    Certains ne seront pas d'accord quand je qualifie cette série comme référence du genre. Soit. Le fait de ne pas m'être encore imprégné de Thorgal doit certainement jouer en faveur d'Asgard. Il n'empêche.

    Bien qu'ayant + de repères cinématographiques concernant les légendes nordiques, qu'en BD, je maintiens que ce diptyque a tout d'une série référence. Elle ne révolutionne pas le genre mais elle lui est parfaitement fidèle.

    Beaucoup de changements donc, dans les aventures d'Asgard pied de bois (désormais). Le chasseur devient chassé, le périple de la survie ne tient, très rapidement, qu'à deux survivants. Et dans cette avancée lente et glaciale (apparition du deuxième ennemi : le fröst), on a le temps de découvrir plus en profondeur (!) ces deux héros.

    Courage, abnégation, dépassement de soi, remises en question : autant de qualités nécessaires pour un aboutissement heureux (ou pas). En y ajoutant des confrontations brillamment illustrées (le face-à-face Asgard/Krökken est superbe d'intensité !), des décors nordiques à couper le souffle (on lirait presque en doudoune !), c'est une histoire des plus prenantes.

    La faim nous laisse peut-être un peu sur notre fin (ou le contraire), mais elle a le mérite de nous laisser décider de la nouvelle destinée des personnages.

    Binôme de talent pour une série de qualité !

    meuillot Le 28/05/2015 à 23:15:54
    Asgard - Tome 1 - Pied-de-fer

    Comme d'hab', cela fait un bout de temps que je possède ce diptyque, mais je viens tout juste de terminer ce 1er tome d'Asgard.

    Achetée les yeux fermés, R. Meyer & X. Dorison étant pour moi des inconditionnels, cette série m'a bien emballé.

    Apparemment, les inspirations pour certains personnages issus de Thorgal sont évidents. Je confirmerai une fois que j'aurai ingurgité l'oeuvre de Van Hamme ! :)

    Je me familiarise donc au monde des Vikings avec Asgard ou Pied de Fer ou encore Skraëling ! Moult noms pour un homme dont on connaît rapidement le destin depuis sa naissance jusqu'à son apparition d'après homme de la Hilde (comprenez viking de la garde rapprochée du roi Gödfred).

    L'histoire d'un guerrier écorché dont l'errance dans les contrées de Dyflin trouvera un peu de peps grâce à l'abominable murène des mers nommée Krökken !

    Je prends bien évidemment des raccourcis pour décrire l'histoire car cela va au-delà d'une simple confrontation entre un monstre marin et un guerrier unijambiste. C'est surtout un prétexte pour X. Dorison de nous gratifier de ses qualités scénaristiques. Car bien que cela soit un poil manichéen, on se prend au jeu grâce aux autre protagonistes (Sieglind, le Scalde, Kristen ou Gözlin) tous embarqués dans le Drak avec l'unique but de sauver le peuple de Dyflin qui sert de nourriture au gourmand petit poisson.

    Mais l'histoire reste bien narrée et bien évidement joliment mise en valeur par R Meyer. Ce dernier, dont le talent n'est plus à prouver, est toujours aussi précis dans son trait. Les expressions de visage, les scènes d'action ou de nuit aident agréablement à s'imprégner du récit. Certes, les couleurs sont souvent sombres mais maîtrisées donc pas gênantes pour ma part. En revanche je ne suis pas fan des deux couvertures pour ces 2 opus. Je ne parle pas de la qualité des illus mais je trouve qu'elles ne sont pas parlantes par rapport au contenu des albums.

    Un 1er tome qui passe bien. C'est limpide, efficace et distrayant. Le genre de BD où quelque soit l'endroit où tu la lis, tu rentres dedans presque jusqu'à humer avec eux l'odeur de la peur.

    Le deuxième tome se doit d'être aussi dynamique pour que Asgard soit une série de référence du genre. Mais avec ce binôme de talent (associé à C. Delabie), je m'inquiète pas trop...

    meuillot Le 25/05/2015 à 13:57:52

    Une pure série B qu'est ce one-shot concocté par C. Bec et illustré par B. Khattou.

    Qui dit "série B" ne dit pas forcément une BD de seconde facture. Si elle est bien construite, si les codes du genre sont bien respectés, bref si tous les ingrédients indispensables sont réunis, on peut tout à fait prendre plaisir à suivre ce type d'aventure.

    Et dans ce premier opus de cette nouvelle collection qu'est "Flesh and Bones", C. Bec maîtrise parfaitement son sujet.

    3 personnages : Kevin, Caro, & Eva. Jeunes, bien foutus, intrépides avec une passion commune, la spéléo. Le décor : un gouffre dans lequel ils atterrissent après une grosse chute suite à l'expédition d'une mine désaffectée. L'histoire se déroulera dans ce huis-clos étouffant où le trio tentera de survivre en attendant d’éventuels secours.

    Pour nourrir l'intrigue, il est évident que C. Bec doit donner vie à la psychologie des personnages. L'un des 3 protagonistes sera + mis en valeur dans le but de faire écho à l'existence de ses 2 compères.

    Bref, une histoire qui se lit bien. Les dialogues sont bons (sauf à la page 26 où y a un truc qui colle pas dans les échanges verbaux entre les héros...), les effets de surprise marchent. Le dénouement est classique mais assez logique. Le risque dans ce genre de récit c'est qu'il y en ait "trop". Ce n'est pas le cas, je trouve.

    C. Bec prouve que quelque soit son idée narratrice, qu'elle soit complexe comme "Prométhée" ou plus "légère" comme "Sunlight", il crédibilise parfaitement ses scénarii.

    Les dessins en N&b et nuances de gris de Khattou sont excellents. Les découpages de case dynamisent bien l'histoire. Les onomatopées sont nombreuses mais justifiées. Il n y aurait que les traits de visage des persos que je n'ai pas toujours trouvé très aboutis. Ou disons qu'ils me semblaient parfois caricaturaux.

    En résumé, ce n'est pas la BD de l'année, mais elle n'en est pas moins efficace grâce, notamment, à l'intelligence scénaristique de C. Bec

    meuillot Le 20/05/2015 à 23:02:59

    Quelle belle lecture qu'est "Amère Russie" !

    Quand on reçoit une telle claque visuelle et qu'on y ajoute une richesse scénaristique de cette trempe, on ne peut rester indifférent devant tant d'offrandes !

    A commencer par A Ducoudray qui nous concocte un récit aussi atypique que passionnant car, pour ma part, le conflit entre la Russie & la Tchétchénie n'est pour ainsi dire pas celui qui me parle le +...

    C'est très certainement un pari risqué que d'utiliser comme trame de fond un sujet qui n'est pas des plus populaires chez nous... Seulement A Ducoudray sait nous emmener là où il veut avec un naturel déconcertant.

    Tout au long de cette BD, on "subit" cette guerre, on "encaisse" des messages de propagandes, on fait connaissance avec des chefs tchétchènes qui sont aussi tortionnaires que marrants (un personnage comme Bassaiëv peut très bien torturer un Russe mais peut presque paraître attendrissant dans certaines scènes voire drôle face au cessez-le-feu des Russes car pause méridienne !), on se prend une longue séquence à Grozny où tout est détaillé pour définir la dureté endurée par les civils.

    Mais tout est fluide. Grâce à ses personnages qui sont (et ce n'est pas souvent le cas dans une œuvre) tous aussi importants les uns que les autres. D'Ekaterina à Pavlov en passant par le conducteur de taxi ou Asia, l'Amazonienne. Même Milyi a son effet dans le déroulement du récit.

    Cette superbe édition intégrale proposée en fac-similé N&B m'a énormément plu. Anlor illustre ce récit d'une telle façon qu'il est difficile de ne pas s'en imprégner. Les expressions de visage, les décor, l'ambiance, la fluidité des cases font de cette œuvre un objet assurément abouti. Certains préféreront attendre la version colorisée du T2 pour apprécier ce diptyque. Pour ma part, je ne regrette vraiment pas l'acquisition de cette version. L'ex-libris inclus est d'ailleurs superbe.

    Ce beau binôme m'a littéralement transporté. Merci à lui !

    "Amère Russie" aurait pu s'intituler "Aux mères Russes" . Une œuvre profondément humaine.

    meuillot Le 15/05/2015 à 18:41:45
    Un petit livre oublié sur un banc - Tome 2 - Volume 2/2

    Ne pas forcément lire cet avis si ce tome n'a pas été lu :

    Les investigations de Camélia pour savoir qui est cet inconnu, dont elle commence à virtuellement tomber amoureuse, lui prennent tout son temps désormais.

    En parallèle, elle commence à comprendre que sa vie qui lui semblait jusqu'à présent "normale", n'était peut-être pas celle à laquelle elle aspirait... Ce fameux livre annoté par cet inconnu en est l'élément déclencheur et elle sent qu'il lui faut trouver une réponse pour changer le cours de son destin...

    Exit son compagnon d'une dizaine d'années : ce qui ne la dérangeait pas chez lui par le passé devient repoussant désormais.

    A cause ou grâce à une rencontre/aventure éclair (sympa le clin d'oeil à Une Nuit à Rome et Ogrest...) où, malgré le beau gadin, elle lui aura permis de prendre conscience que des paroles, autant que des écrits, peuvent être sacrément influençables.

    Tout est donc affaire de phrases, de mots, de lettres, de messages, qui selon la signification qu'on leur donnent, ont un pouvoir sur vous soit magique, soit dramatique...

    Il aura fallu que j'arrive à la moitié de cet ultime tome pour enfin trouver à qui me faisait penser Camélia. Je trouve qu'il y a un peu d' A. Tautou dans A. Poulain.

    Quant à cette mystérieuse personne, c'est marrant car je l'avais gardé en mémoire dans le 1er opus (on doit la voir dans deux cases...), au cas où.
    J'ai bien aimé ce dénouement. Il me paraît aussi plausible que touchant.

    Le dessin de Mig qui reste dans ma mémoire reste la dernière case avant l'épilogue où cette personne est assise à l'ombre du saule pleureur... Superbe...

    Quant à Camélia, cette autre vie qui s'annonce sera peut-être plus adaptée à cette nouvelle personne révélée en elle.

    A la fin de cette lecture, une chose est sûre, je n'oublierai pas cette BD sur un banc... :)

    Merci à Mig et Jim. Une histoire fluide, poétique mais aussi une œuvre pour les amoureux des mots.

    meuillot Le 13/05/2015 à 15:42:46
    Un petit livre oublié sur un banc - Tome 1 - Volume 1/2

    Ah ! La fin de ce diptyque fraîchement sorti et qui vient compléter le 1er tome ds ma bédéthèque, je peux enfin, sans la frustration d'attente, apprécier l'oeuvre de ce duo inédit, Mig-Jim (Ouf, Mig a eu la bonne idée de baptiser son pseudo en ne commençant pas par la lettre "B". Sans ça, la pression aurait été lourde pour le scénariste.... :p)

    J'ai tout de suite envie de parler du dessin de Mig. J'ai l'impression qu'il est parfois maladroit un peu à l'image de Camélia, l'héroïne. Attention ce n'est pas une critique. Loin s'en faut. Il se justifie pleinement avec ce qui se dégage de ce 1er opus. C'est un trait très dynamique & donc parfois moins précis comme pour accentuer le chamboulement de vie de Camélia qui au début paraissait réglée comme une horloge, mais qui grâce à ce fameux livre, va donner un peu de piment à son existence...

    Donc le dessin de Mig m'a finalement paru en adéquation avec l'ambiance de l'histoire : direct, pas trop de détails mais qui n'en n'est pas moins touchant.

    Juste peut-être un petit bémol pour une prochaine réédition ? C'est p'têt moi mais y a un truc qui colle pas sur deux cases à la page 15... Quand elle est d'abord aux toilettes puis, 1 case après, dans la salle de bains : y a un souci sur le positionnement de la porte non ? et (moins gênant) le carrelage au sol...
    Cela reste un détail... :)

    Concernant cette nouvelle histoire de Jim : en se fondant sur cette originale idée de bookcrossing, il détaille tout simplement la fragilité d'une existence. Qu'elle soit bâtie, sur des bases solides ou pas.
    J'ai cru lire ici et là, que l'héroïne considère ce livre comme une échappatoire face à une vie privée et professionnelle assez terne...

    Je n'ai absolument pas ressenti cette monotonie chez elle !
    Au contraire même. Dès le début j'ai l'impression que Camélia à une vie bien formatée et qu'elle s'en contente pleinement. Jusqu'au jour où elle trouve ce bouquin et ses mots entourés où elle y voit une espèce de code à déchiffrer. Son caractère curieux la pousse à effectivement s'approprier cette énigme et ainsi quelque peu ébranler les bases acquises de sa vie, mais la vraie question ne serait-ce pas plutôt : sommes-nous vraiment constitués pour une vie bien idéalisée ? En occultant ses fantasmes ? Jusqu’où nous poussent nos limites ?

    C'est (comme d'habitude) ce que j'aime chez Jim : cette faculté avec des scénarii simples d'aller un peu + en profondeur pour peu qu'on s'en donne la peine.

    Cerise sur le gâteau, la fin de ce premier volume se termine par un bon rebondissement.

    Chouette je vais pouvoir lire la suite sans attendre ! :)

    meuillot Le 11/05/2015 à 18:00:49

    "Regarde-moi bien, Augustin, mon visage... ma jambe en moins. La guerre m'a tué de la pire manière qui soit... en me laissant la vie. "

    Voici une citation extraite de cette poignante BD et qui illustre tout ce que la Guerre a pu infliger aux hommes. Là, on parle d'un poilu qui revient totalement estropié des tranchées mais vivant... A son plus grand regret...

    Son visage qui ferait pâlir de jalousie le Joker de Batman, voire la balafre d'un certain Scarface... (inspiration M. De Metter ?), est à lui seul le témoin de l'atrocité de cette période.

    Mais revenons au héros principal, Augustin. Toutes les émotions ressenties par ce dernier, de la joie d'être libre au désespoir d'une vie détruite, nous traversent avec une efficacité souvent insoutenable.

    La faute à ce dessin pictural magnifique de C. De Metter qui par ses aquarelles, rend cette histoire tellement humaine et tout aussi envoutante.

    Rentrer au pays avec les effets de la Guerre sur tout son corps ou retourner chez soi avec le choc de voir qu'il n y a plus rien, que tout est à reconstruire, ce sont des destins à l'image de cette époque : tragiques et sans concessions...

    C'est triste, émouvant, intime : C. De Metter et Catel livrent ici une histoire poignante où l’amour et la mort s'entrechoquent inlassablement. Le Grand Prix du Public attribué à Angoulême en 2005 n'est pas étonnant au vu d'un résultat aussi réaliste.

    Nous ne connaîtrons certainement, et heureusement, jamais l'atrocité vécue par ces soldats mais une chose est certaine, on peut aisément penser que ces fameuses "valentines" leur auront apportés un peu de douceur et d'évasion...

    Et ce, même si ces échanges épistolaires pouvaient être faussés par l'identité de l’expéditrice. Quand bien même... à l'instant T, les mots devaient être forcément bénéfiques...

    meuillot Le 02/05/2015 à 14:47:05
    Et Si... / Jamais... / Un Jour... - Tome 3 - Un Jour...

    Fin de cette série et mon sentiment à la fin de ces trois tomes reste que ce 3/5 noté tout au long des albums n'a jamais réussi à monter un peu plus haut...

    Pourtant, le scénario de M. Legendre est vraiment très bon. Ce troisième tome offre, sous les yeux du troisième personnage à plusieurs facettes, tous les ingrédients pour qu'on ne reste pas sur notre faim...

    Rien de grotesque donc, tout s’imbrique naturellement avec ses lots de surprise (pas de spoiler...) qui s'avèrent tout à fait plausibles. Une fin peut-être un peu trop "conventionnelle" mais qui, là encore, reste crédible.

    Là où le dynamisme de l'histoire aurait du être servi par un dessin tout aussi énergique, j'ai toujours cherché (en vain) cette association qui aurait fait de cette série un vrai must du genre...

    Je ne jette aucunement la pierre à K. Spaey ainsi qu'à la colorisation de M. Birkhoder, mais + de détails, moins de cases semblant bâclées m'auraient certainement permis d'apprécier leur travail à sa juste valeur...

    Et puis ce troisième opus offre une belle faute d'orthographe, un oubli de mot supplémentaire (CF avis T2) et ça, franchement, je n'aime pas...

    D'une manière générale, je ne regrette pas d'avoir investi dans cette série, mais n'aurait-elle pas été plus aboutie si elle avait pris un peu + de temps pour sortir ?

    meuillot Le 30/04/2015 à 12:41:49
    Et Si... / Jamais... / Un Jour... - Tome 2 - Jamais...

    Les premières planches colorisées démontrent immédiatement que nous entrons dans un deuxième tome plus sombre que le précédent : exit l'innocence de Laura, nous entrons dans le monde sombre, sanglant et sans concession d'Egon.

    On s'en doutait déjà mais on s'aperçoit qu'Egon est beaucoup plus tordu qu'un escroc antiquaire, En atteste cette violente scène où avec le "Tsar", ils se testent à celui qui aura la meilleure oreille ou le meilleur flair...

    Laura est une proie pour lui, aucun doute la dessus. Sa relation avec Moïra est décidément floue ? Sa soeur ? Vraiment ? Demi-soeur peut-être...

    L’intérêt du scénario résulte du fait qu'on ne revit pas les mêmes scènes que précédemment rencontrées, elles sont, soit développées, soit elles servent de transition vers une autre action.

    De ce fait, on avance dans ce second opus, et on comprend que l'univers décrit ne vas pas laisser place à beaucoup de sentiments.

    Côté dessin, S. Kristof adapte ses traits à la psychologie du personnage, c'est pas mal fait même si j'ai toujours un peu de mal avec le "vide" du décor.

    Petite coquille dans une bulle (deux mots inversés) et un doute quant à l'existence de ce whisky : le Jack Slim... Autant le 1er tome faisait l'éloge de l'incontournable "Lagavulin", autant ce Jack Slim, jamais entendu parlé...

    Album de bonne facture et qui se finit de telle façon que l'ultime tome va être vite ouvert...

    meuillot Le 28/04/2015 à 13:01:28
    Et Si... / Jamais... / Un Jour... - Tome 1 - Et Si...

    BD Must vient tout juste de me faire parvenir cette série et je viens de finir le 1er acte.

    3 raisons m'ont fait prendre assez aveuglément cette œuvre :

    - l’ Éditeur à qui je dois un de mes plus précieux objets : le Grimoire de la Licorne.

    - Les couvertures assez accrocheuses auxquelles s'ajoutent de chouettes ex-libris ainsi qu'un intéressant dossier graphique : tout cela pour un prix tout à fait abordable.

    - La trame de l'histoire qui se vante d'être du même acabit que celle de "Berceuse assassine", une référence pour moi.

    On a donc affaire ici à un thriller psychologique découpé en 3 tomes. Une même histoire racontée par 3 protagonistes différents.

    Et c'est sous les yeux de Laura que sont faîtes les présentations avec le lecteur. Jeune femme jolie, un peu pommée, naïve et un peu "voyeuse" (elle scrute beaucoup le monde qui l'entoure, en même temps elle est photographe...). Son regard s'arrêtera sur un homme, Egon, et Moïra, sa sœur.

    Ces deux-là forment un duo assez mystérieux et qui ne va pas forcément s’éclaircir au fil de ce 1er volume.

    En résumé : Laura rencontre Moïra. Cette dernière l'invite à squatter chez elle et son frère. Laura rencontre ensuite, par hasard, Egon et le sauve d'un accident prémédité.

    Elle en avait été avertie par un petit mot glissé sous le pallier de la porte de son ancien appartement... Ce bout de papier étant le déclencheur de l'histoire.. Lui était-il vraiment destiné ?

    Tout s'accélère ensuite pour une fin énigmatique que le deuxième tome devrait éclaircir.

    Un scénario qui pique notre curiosité donc bien élaboré par Marc Legendre.

    Côté dessin, je suis un peu + sceptique. Il reste assez inégal, dans le sens où les personnages sont plus ou moins bien détaillés sur certaines cases... Attention, cela reste un beau dessin rendu par K. Spaey, mais j'ai été (un peu) gêné par la pauvreté des décors, renforçant une ambiance huis-clos (alors qu'on se balade dans plusieurs lieux). Peut-être est-ce intentionnel ?

    Il n'en reste pas moins que cet album est agréable à lire et que les pièces du puzzle ainsi posées vont certainement commencer à s'assembler dans le deuxième opus.

    meuillot Le 26/04/2015 à 15:41:47

    Avant toute chose, je tiens à parler du dessin de G. Le Coz dans cet album.

    En général lorsqu'on connaît les œuvres d'un dessinateur BD, on est habitué à son style et on peut repérer assez facilement sa "patte" et ainsi reconnaître ses illustrations.

    Pour la première fois, si je n'avais pas su que c'était Gilles qui avait illustré "Nous irons tous au bois", je ne suis pas du tout sûr que j'aurais reconnu sa griffe...

    Ayant découvert (et beaucoup aimé) G. Le Coz avec "Mourir nuit gravement à la santé", je n'ai à quelques expressions de visages près, jamais pu faire le lien graphique entre ses deux œuvres...

    Vous me direz, "Mourir..." étant des dessins plus "squelettiques" que "Nous irons tous...", cela n'aide pas ! Ce n'est pas faux ! Mais cela va au delà de ça.

    Dans "Nous irons tous au bois", G. Le Coz manie de façon impressionnante le N&B qui s'associe parfaitement avec le scénario concocté par le duo A. Austini & A. Sentenac. Est ce que ce sont ses talents en calligraphie qui lui permettent d’être aussi varié dans ses traits ? En tout cas, c'est graphiquement, un bel album qui nous aide un peu + à s’imprégner de cette histoire bien sombre...

    Car ce trio d'auteurs ne laisse aucune chance à leurs personnages... Quelqu’ils soient....

    Il m'a fallu quelques pages avant de faire les liens entre les différents protagonistes et afin de comprendre où les auteurs voulaient nous emmener. Une fois le train pris, j'ai vraiment beaucoup aimé cette façon de dépeindre la réalité d'une certaine classe sociale....

    Dans ce contexte très noir, où chacun doit vivre avec ses propres démons, angoisses, se ressent malgré tout une espèce d'humanité : par cet oiseau, par cette femme dans son camion, par ce flic et son dévouement, par cet homme qui ne veut que justice et son compère qui l'accompagne dans cette voie sans issue...

    Même si aucun espoir n'est ressenti pour ces personnages, on aimerait malgré tout qu'ils soient en paix, tant la vie ne les a pas épargnés.

    C'est une histoire touchante où la colorisation n'aurait pas eu sa place. C'est un vrai polar qui tient en haleine jusqu'à la fin.

    Merci aux auteurs !

    meuillot Le 23/04/2015 à 18:55:31

    Quelle claque à la fin de cette intégrale ! D'ailleurs, Dargaud a bien fait de rassembler ces trois tomes car cette histoire se doit d'être lue d'une traite !

    Alors même si (comme d'habitude) j'ai pris mon temps pour lire "Metropolitan", j'ai eu cette agréable sensation à la fin, d'avoir vu un très bon film issu de Lynch...

    Car c'est un découpage ultra-cinématographique que nous propose L. Bonneau dans ce polar où tout est brillamment maîtrisé. De l'intrigue, à la psychologie des (3) personnages principaux en passant par un dessin atypique. Ce dernier, très "géométrique" (je ne sais pas si le terme est adéquat...), peut paraître parfois spécial (uniquement, pour moi, au niveau des paysages, arbres, décors...) et où certains détails semblent parfois s'inspirer des mangas : je pense aux représentations capillaires de certains personnages qui rappellent fortement celles de Dragon Ball ! :)

    Mais ce qui prime dans "Metropolitan", c'est que cette BD nous aimante au fur & à mesure de sa lecture. Chaque interrogation en amène une autre, puis une autre, puis une autre... Mais elles ne nous laissent pas sur notre faim car les pièces du puzzle s'assemblent naturellement à la conclusion de l'histoire. Et ce, même si certains questionnements demeurent, histoire de faire travailler notre imagination.

    Rien n'est laissé au hasard... D'habitude, lorsque je lis une BD et que je retourne trop souvent en arrière, c'est que des détails m'ont échappés & ça peut vite être fatigant... Avec "Metropolitan", j'ai souvent reculé de quelques pages, mais parce que j'avais souvent besoin de bien m'imprégner d'un fait passé pour que s'en découle aisément l'explication illustrée par l'auteur.

    Les quelques cases sans aucun phylactère n'en n'ont pas besoin : le dessin se suffit à lui-même. A noter l'addenda explicatif qui donne encore plus d'éclairages sur le destin des personnages.

    Merci à J. & L Bonneau ! Un beau moment complexe, anxiogène et terriblement prenant qu'il m'a été permis de savourer !

    meuillot Le 13/04/2015 à 18:20:32
    Les vieux fourneaux - Tome 2 - Bonny and Pierrot

    Album qui se lit différemment du premier. On entre + en profondeur des choses qui sont donc moins hilarantes (quoique...). Les auteurs, par quelques scènes cocasses donnent un ton plus grave mais de façon très habile.

    "Ann Bonny" sera l'élément déclencheur pour alimenter des situations burlesques subies par notre cher Pierrot.

    Lupano et Cauuet nous gratifient de situations déjantées (avec un parti politique un peu mis à mal... ;), d'un running-gag qui prend tout son sens à la fin de la BD, du "canon à mouton" qui vaut le détour, de cette formidable mise en scène pour narrer les conséquences désastreuses subies par la population de l'ïle Nauru...

    En fait on se marre, mais pas de la même façon qu'au 1er tome.

    Habitués au trio vedette, ce sont + les situations dans lesquelles ils se retrouvent qui nous dérident les pommettes, les dialogues (éléments phares du 1er tome), devenant une valeur ajoutée...

    Bref, cela fonctionne toujours. C'est marrant parce que jusqu'à récemment, je pensais que cette série se compilait en 2 tomes. Vraisemblablement, un troisième arrive d'ici quelques mois...

    Pourquoi pas ?

    Mais je trouve que ces deux opus se suffisent à eux-mêmes.

    meuillot Le 09/04/2015 à 14:56:35
    Les vieux fourneaux - Tome 1 - Ceux qui restent

    1 an que ce premier tome est sorti, 3 ou 4 mois que je possède les 2 deux opus et je viens tout juste de terminer "ceux qui restent"...

    Vu l’effervescence (justifiée) autour de W. Lupano, j'ai un peu attendu avant de lire "Les Vieux Fourneaux". Constat après lecture du 1er tome : je vais pas être très original face aux précédents avis !

    La force de Lupano (de ce que j'ai lu jusqu'à présent, en l'occurrence, "Ma Révérence"), réside incontestablement dans l'art des dialogues et répliques. Dans "Les Vieux Fourneaux", on est dans du pur Vaudeville ! Et c'est certainement ce qui fait la réussite de cette série.

    J'ai adhéré à ce 1er volume. On s'attache à ces 3 p'tits vieux qui regrettent le temps qui passe mais qui ne se laissent pas abattre et veulent encore se sentir vivants !

    Un scénario efficace et dynamique s'articulent autour de Lu7 (!), morte mais bien présente dans ce récit, et de sa petite-fille prête à accoucher.

    Cette dernière va amener une touche de fraicheur supplémentaire s’il y en avait besoin. Car lorsqu'on additionne les situations rocambolesques avec ces dialogues décapants, tout ceci au profit d'un voyage aux conséquences drôlissimes, on peut dire aisément que l'ancienne génération offre encore de bonnes séquences qui ne font pas leur âge !

    Associé à P. Cauuet, dont le dessin (mais surtout la couleur), est totalement idoine à l'univers proposé, W. Lupano donne, de nouveau, une belle tranche de vie où certains pourraient trouver ça pathétique (faire 9 heures de route avec son fusil pour réaliser un crime passionnel et se retrouver face à l'ennemi armé d'un vulgaire bâton de bois...), d'autres trouveront réconfort à se dire que ça peut être sympa de vieillir comme ça...

    Pour ma part, je signe tout de suite !

    meuillot Le 03/04/2015 à 12:43:12
    L'ambulance 13 - Tome 5 - Les Plumes de fer

    Bizarrement, j'ai moins accroché à la lecture de cet album...

    J'ai mis plus de temps à m’imprégner de ce nouvel opus. Pas inintéressant pour autant puisqu'on retrouve Bouteloup dans une fonction de formateur pour le corps médical américain (en gros il est mis au placard, vu qu'il dérange...).

    Mais j'ai moins ressenti cette mise en haleine continuelle existante dans les précédents albums...

    Malgré des scènes intenses en fin d'album (notamment avec les "être humains"), et une case où Louis-Charles essuiera lui aussi (on se demandait si cela arriverait...), les conséquences d'un conflit dans les tranchées.

    Je n'omets pas les dialogues efficaces et une belle documentation fournie.

    C'est certainement pour mieux terminer cet ultime cycle dans le sixième tome mais celui-ci m'a moins touché.

    meuillot Le 26/03/2015 à 13:12:37

    Après avoir adopté Derf en lisant "Mon ami Dahmer", je me suis empressé d'acheter "Punk Rock & Mobile Homes" que la maison "ça et là" a eu la bonne idée d'éditer. Rappelons que Derf a dessiné "Punk Rock..." avant "Dahmer" Et que nous, petits français, les découvrons dans le sens inverse...

    Et je n'ai pas été déçu !

    On retrouve les codes (dessins, lieu, espace, temps) assez similaires à Dahmer : à savoir un ado un peu débile (mais pas tant que ça), en marge de la société et qui, naturellement, est une "attraction" pour ses potes de lycée.

    Mais la comparaison s'arrête là. En tout cas pour moi. J'ai lu ici et là que les deux héros des deux œuvres seraient en fait une seule et même personne à qui Derf aurait donné une vie plus heureuse pour l'un, tandis que l'autre connaît une existence effroyable. Je suis pas forcément d'accord avec ça car Otto est un personnage fictif et Dahmer a malheureusement existé...

    Otto Pizcok, donc, le héros de cette BD est un fan absolu de Punk Rock. Un physique type culturiste de deux mètres, une bagnole qu'il s'est trafiquée et dont on n'a pas envie de s'installer à l'arrière, un mobile-home pour crécher...

    Bref, une vie Rock’n’roll parce qu'Otto, qui lui-même se donne le nom du "Baron" (ce personnage qu'il s'est crée et qui le rend totalement invulnérable !), est rock’n’roll !

    Si on suit les conseils de l'auteur (que je n'ai pas fait) et qu'on accompagne la lecture de sa playlist, l'immersion est sans aucun doute encore plus profonde !

    Bref, c'est un album Rock. Avec Ramones ou The Clash en BD pour ne citer qu'eux, Derf nous baigne littéralement dans ce qu'il y a de plus déjanté dans le punk ! A la fin de la BD, il est sympa de nous donner quelques indications sur ceux qu'il a illustrés et qui sont montés sur cette fameuse scène de The Bank.

    On est au beau milieu des années 80, dans cette ville qu'est Akron et ou sévit une crise économique mais où cette musique déjantée fait du bien, beaucoup de bien à cette jeunesse américaine.

    Derf est un formidable conteur, et un illustrateur atypique génial ! Cette BD est remplie de situations drôlissimes (je repense à ces deux mecs sonnant à la porte d'une prétendante, avec un simple carton sur la tête, dans le plus simple appareil, hilarant !), de références musicales qui donnent envie d'aller les écouter, d'alcool, de drogue, de Punk ! Mais surtout de personnages attachants, "Le Baron" en tête !

    meuillot Le 19/03/2015 à 22:37:32
    Héléna (Jim/Chabane) - Tome 2 - Héléna

    Une seule chose à dire à la fin de ce diptyque : ok les gars, je m'incline ! :)

    Ne pas lire cet avis si BD non lue.

    Le premier tome, j'en ai déjà parlé, m'avait quelque peu énervé. Celui-ci confirme l'idée que je m'étais fait de Simon mais la frustration est de mise envers lui désormais...

    D'abord parce que si on se concentre sur sa vie qui était toute faite et tracée, il décide sur un coup du sort de tout plaquer pour une espèce d'amour refoulé. L'argent aidant + certaines circonstances favorables, cet amour à sens unique veut bien de lui 1 fois par semaine... Tous les jeudis...

    Il a envie de se faire mal ? Elle en profite ? pourquoi pas, après tout quelque part, tout le monde y trouve son compte. Mais bien évidemment, Simon a tout plaqué pour elle : une femme et un enfant... Donc il se doit de tout tenter pour récupérer celle qui est censée finir sa vie avec lui... Seulement... Dès le départ il savait que c'était impossible.

    Héléna est belle, n'a pas vraiment beaucoup d'estime pour elle et ne veut pas de quelqu'un qui serait trop "facile"... En gros, elle se refuse tout bonheur car sa vie (pour l'instant) n'est pas concevable ainsi : l'adrénaline n'est pas dans Simon. Il lui apporterait équilibre, relation stable, amour, dévotion, bref.... Tout ce qu'elle s'interdit... Pourquoi ? La BD n'existerait pas sinon ! :)

    Je ne m'attendais pas à ce final. Me suis fait avoir. En revanche, la réaction d'Héléna, conséquence du temps qui passe, était totalement envisageable : arriver à un âge où elle veuille enfin se calmer, s'écouter. Où elle se rend compte qu'en fait, elle est bien seule avec elle-même, vers qui se dirige t-elle ?

    L'issue de l'histoire est plausible et touchante... Mais que ce soit dans ce scénario ou dans un autre (plus joyeux au niveau des retrouvailles...), elle serait partie... C'est sa façon d'être.

    On peut changer d'attitude mais nos convictions, elles, sont solides.

    Simon ne peut rien y faire et n'aurait rien pu y faire. Sa seule erreur aura peut-être été de ne pas l'avoir oublié.

    Encore une tranche de vie formidablement narrée par Jim. Ce qui pouvait paraître bancal au 1er tome devient plus dynamique, réaliste et évident dans le second et dernier.

    L. Chabane a illustré de chouettes cases. Je n'ai, décidément, pas adhéré à toutes. Exemple très simple : page 19, celles où ils sont tous les deux allongés et où n'intervient aucun dialogue... Les expressions des visages devraient parler d'elles-mêmes mais je n'ai pas ce ressenti. En fait, j'ai cette sensation que les visages ne sont jamais les mêmes tout au long de l’album... C'est un peu déroutant... En revanche, les décors, super chouette.

    Pour en rajouter une (petite) couche : y a p'têt une phrase de trop de la part du mec fraîchement marié à Héléna à la page 54 : dans leur dialogue avec Simon, le marié dit : "Et toi ton job ?". Question qui tombe à l'eau, qui n'apporte pas de réponse (j'ai trouvé).

    Et puis Bamboo : pas compris ! Vous nous habituez à mieux : petit oubli sur le TL du 1er (pas signé...) et le deuxième, carrément pas de TL... pas très joli, joli, je trouve.... Pour vos lecteurs, et aussi pour Jim qui apporte sa pierre à l'édifice dans votre maison, non ?

    Il faut lire cette histoire où rien ne se passe entre les deux héros.... En tout cas pas comme on l'imaginait... Mais bien +...

    Merci à Jim, Lounis et Delphine qui rend, par sa couleur, certaines ambiances ultra-on-s'y-croirait !

    meuillot Le 16/03/2015 à 13:02:14

    Waouh ! Un one-shot à ne pas mettre entre toutes les mains ! Et pourtant, je le mets assurément dans mes "indispensables".

    Je n'ai pas lu le roman de J.L. Luciani qui en est l'auteur. Mais ce qui est important de souligner c'est que cet écrivain est avant tout un auteur jeunesse. En s’imprégnant de cette adaptation BD, on imagine qu'il maîtrise la façon de penser des gosses mais aussi la manière de s'exprimer avec eux... Le moins que l’on puisse dire, c'est que ses conclusions accouchées font froid dans le dos !


    Car il ne faut pas attendre plus tard que la septième page de cette bd pour comprendre qu'on va rentrer dans un univers malsain, suffocant et terriblement anxiogène mais pourtant on en redemandera....

    Ainsi on suit l’histoire de ce gosse, dont ne saura jamais le nom, vivant dans ce village perdu où personne ne s'arrête et où vit une poignée d' habitants. C'est ce gamin qui nous raconte sa vie dénuée de sens et dont l'occupation principale est de tuer.

    Lorsqu'on n'a pas plus de dix ans et que l'activité la plus réjouissante entre "copains" est de souffler dans les lézards ! Lorsqu'on se sent presque fier d'avoir "tué" sa mère à la naissance.
    Lorsque le moindre papillon , escargot, être vivant, n'a aucune chance si ils croisent notre passage...

    ... On comprend qu' "Un léger bruit dans le moteur" est un titre qui aurait très bien pu être remplacé par "Un léger pète au casque" ou "Un grain dans la tête" !!!

    L'adaptation scénarisée par Gaet's tient bien la route. Du début à la fin tout concorde avec une fluidité déconcertante. Chaque page finie donnant envie de découvrir l'autre.
    Le dessin de J. Munoz est vraiment à mettre en exergue dans ce trio qui a édifié cette histoire. Les couleurs jaunes/bleues-nuit, les expressions de visage (cette petite fille avec le regard perdu dans le vide...), les décors : c'est un paradoxe mais c'est somptueux...

    Jusqu'au bout (pour ma part, une once d'espoir lorsque le gamin va se confesser auprès du curé...), on se dit que l'on se confronte à l'imagination débordante et morbide de cet enfant. Avec cette sensation de vouloir être réconforté...

    C'est un one-shot maitrisé de bout en bout. Et j'ose le dire : j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire !

    meuillot Le 10/03/2015 à 12:47:00
    The last Days of American Crime - Tome 3 - Tome 3/3

    Tout s'enchaîne vite (et bien) dans cet ultime tome.

    En conclusion et pour faire suite à mes précédentes impressions sur les deux premiers opus, c'est une bonne série. Un bon polar avec les ingrédients nécessaires.

    C'est américain donc on n'y va pas avec le dos de la cuillère avec cette idée utopique où cette gigantesque nation n'aurait plus aucun criminel...

    Mais c'est efficace. Ce dernier tome est bourré d'actions & d’adrénaline pour finir sans surprise, certes, mais au moins, cela tient la route...

    Malgré un dessin peut être un peu dissuasif parfois, Last Days of American Crime et ses trois personnages nous font passer un bon moment.

    meuillot Le 08/03/2015 à 08:34:21
    The last Days of American Crime - Tome 2 - Tome 2/3

    Suite du 1er tome et rien à ajouter à ce que j'ai déjà dit, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi.

    On est dans la continuité. Les bases, la trame, les persos, tout étant bien décrit dans le 1er chapitre, ce second volet est une suite logique avec beaucoup de violence. Quelques rebondissements, notamment, avec Kevin, et une scène particulièrement forte.

    Il n y a pas de place pour l'émotion dans cette série. Ce tome nous le prouve un peu +.

    SI le tome 3 est du même acabit, il devrait être semblable à un chouette bouquet final de feu d'artifice.

    On n'en en a pas fini avec Graham et Shelby : leur position n'étant pas confortable à la fin du tome 2, nul doute qu'ils s'en sortiront mais que rien n'est fini pour ce couple qui n'est pas sans rappeler celui de "True Romance".

    A ne pas mettre entre toutes les mains mais à s'en délecter si on n'est pas une âme sensible...

    meuillot Le 04/03/2015 à 12:40:42
    The last Days of American Crime - Tome 1 - Tome 1/3

    1er tome qui m'a bien plu. Dans l'univers comics style Sam & Twitch, on s'y retrouve complètement : polar noir avec tout ce qu'il faut : violence, agressivité, érotisme, trois personnages qui se démarquent (et pas + !).

    Cet album qui fait office de présentation, plante le décor dès les premières planches. On y voit d'abord Graham (le perso principal) en (très) mauvaise posture, ce qui doit d'ailleurs concorder avec la fin de l'histoire, pour ensuite le retrouver deux semaines plus tôt en plein règlement de comptes...

    Aucun temps mort donc, avec l’entrée en scène d'un
    couple atypique formé par Kevin et la jolie Shelby .

    Ce trio se met dans la tête de tenter le dernier casse possible puisque ces chers américains se sont mis dans l'idée de mettre en service une ultime loi très dissuasive pour quiconque voudrait transgresser les règles établies.

    Beaucoup de folie, des situations complètement psychédéliques, qui s'associent idéalement avec les couleurs agressives de G. Tocchini. Il faut vraiment prendre le temps de s'arrêter sur chaque case (au risque de se dire que cette BD est vite lue...), car beaucoup fourmillent de détails qui peuvent échapper si on les survolent...

    Le scénario de R. Remender est classique mais efficace. Mention spéciale aux couvertures superbes d' A. Maleev.

    Le deuxième opus devrait fournir sont lot de surprises...

    meuillot Le 02/03/2015 à 11:33:46
    Papeete, 1914 - Tome 2 - Bleu Horizon

    Cet avis tient compte des deux tomes réunissant cette série :

    Je commence par l'élément principal qui a finalisé mon envie de me procurer ce diptyque : les couvertures.
    Aussi magnifiques, chaudes & colorées que peuvent l'être l'île de Tahiti (j'imagine, en tout cas...), associées au titre elles ne donnent qu'une envie : découvrir ce qu'elles représentent.

    Justement, ce titre, Papeete, 1914, m'a de suite interpellé dans le sens où je n'avais aucune connaissance sur les conséquences de la 1ère Guerre concernant la Polynésie française.

    Tout était donc là pour assouvir ma curiosité...

    Mais je suis un peu partagé à la fin de cette lecture. Avec cette impression d'être un peu passé à côté. Je crois que je m'attendais un peu trop à une BD qui allait relater plus "en profondeur" de cet épiphénomène.

    Car même s'il fallait "meubler" avec une intrigue policière (meurtre des vahinés), je n'ai pas accroché avec les personnages "fictifs" et aurais voulu en savoir + sur le parcours de Destremau, Morillot ou même avoir + de détails sur la fameuse canonnière Zélée...

    Et ce, même si de riches documents explicatifs s'ajoutent à la fin de chaque tome.

    Gros paradoxe également : autant j'ai trouvé la colorisation superbe et complètement adaptée à l'ambiance, autant je me suis mal imprégné des dessins (les vahinés mises à part).

    Il n'empêche. Cette série est intéressante et se doit d'être lue. Même si elle peut nous laisser sur notre faim...

    meuillot Le 17/02/2015 à 14:37:20

    Avec le même sentiment que Jim qui après avoir terminé son diptyque, n'a pas voulu tout de suite se séparer de ses personnages et surtout de Marie, je suis ravi qu'il ait eu l'idée de sortir cet HS. Comme pour prolonger un peu + cette histoire aussi atypique qu’envoûtante...

    Interviewé par Aurélien Ducoudray, Jim explique, détaille, divulgue mais surtout décrit avec passion la genèse de cette série.

    C'est extrêmement intéressant de comprendre comment naît chez un auteur l'amorce de ce qui pourrait devenir (et deviendra) une chouette BD.

    De ses doutes, jusqu'à la croyance sans bornes qu'il a envers son oeuvre, il nous explique différentes étapes : de comment est "née" Marie (entre nous, superbe photo de Delphine qui pose pour une illu...), jusqu'à la ténacité qu'il aura à trouver l'éditeur qui y croira ! Bravo Bamboo ! :)

    Si on a aimé "Une Nuit à Rome", "Les Dessous...." restent un chouette hommage que Jim fournit à ses propres lecteurs... Il nous implique tellement dans son travail !!!! :) Car si on a lu une de ses histoires, on s'est, à un moment ou un autre, sentis inévitablement concernés.

    Ce HS reste une confirmation, à mon sens. Celle que Jim est un talentueux dessinateur mais c'est avant tout un homme qui se nourrit d'autrui et grâce à son style, retranscrit à merveille les états d'âme les plus enfouis de chacun d'entre nous. Qui plus est, avec toute la pudeur qui s'impose.

    Laissons nous aller par cette petite tentation de passer de beaux moments sans s'étonner d'une érection en vous délectant des illus des "dessous...". A l'aube de la cinquantaine (trentaine ? quarantaine ?), une question se posera certainement : Où sont passés les grands jours où de petites éclipses foudroyaient votre ventre à l'idée de cette invitation à passer une nuit... à Rome ?... L'émotion passée, nous n'aurons plus qu'à oublier ce petit livre sur un banc... :p

    meuillot Le 17/02/2015 à 12:51:01
    Murena - Tome 9 - Les Épines

    Cet avis vaut pour l'ensemble des 9 tomes parus :

    Un an que P. Delaby a joué un mauvais tour au petit monde des Bulles...

    Comme pour honorer cette sombre date je me suis remis une énième fois à parcourir cette Rome Antique si brillamment illustrée par Philippe et si bien nourrie par J. Dufaux.

    Tout a déjà été dit sur cette série indispensable à tout point de vue. Tant par la qualité graphique que par une histoire où chaque scène est dévorée avec passion.

    A la fin de ce premier tome du Cycle de la Mort, les Épines, j'ai toujours cette même impression. Il y a pour moi véritablement deux personnages principaux : Rome & Néron.

    L. Murena étant d'une part, un personnage fictif, n'est pour moi, qu'un simple reflet du sixième César...

    Il n'en est pas moins intéressant pour autant. Mais je préfère suivre les agissements de Néron : ses peurs, ses doutes, sa force, ses faiblesses. Un des empereurs les plus tourmentés de cette période mais qui, paradoxalement, recevait l'admiration de son peuple.

    Et même si nous connaissons le dénouement de sa vie, j'ai hâte que M. Dufaux associé de son nouvel acolyte, Théo Caneschi, termine cette épopée qui devrait accoucher de trois tomes supplémentaires ?

    Merci M. Delaby, merci M. Dufaux. Et soyons tous derrière M. Caneshi qui va, j'en suis sûr, nous gratifier d'un chouette dessin.

    meuillot Le 07/01/2015 à 12:39:10

    Détenteur du très beau TL, avec une superbe couverture, je me suis plongé dans cette œuvre graphique qui me laisse encore perplexe après deux jours de "digestion"...

    J'avais acheté cet album, à l'aveugle, sans savoir que c'était une adaptation littéraire & que même De Palma avait mis en lumière au cinéma.

    Je ne savais donc pas que cette histoire était basée sur des faits réels. Bref, étant passé complètement à côté du destin d'Elizabeth Ann Short, c'est sans à priori que je lus cette adaptation graphique...

    Et j'ai l'impression d'être un peu passé à côté. Quelque chose a gêné ma lecture. Le dessin sûrement. Gros paradoxe puisque notamment au niveau des couleurs chaudes qui sont vraiment chouettes, on s’immerge totalement dans les États-Unis des années 40-50... C'est plutôt le dessin, les traits des personnages, qui m'ont laissés perplexe :

    Avec cette difficulté de reconnaître les 2 boxeurs-détectives, ces visages qui me paraissent trop "carrés". Si on y a joute la multitude de protagonistes, il est difficile de s'y retrouver. Et ce, malgré avoir pris mon temps pour lire cette BD.

    A noter cependant, la beauté des décors qui ne souffrent pas de ce manque de "mouvement" & qui aide à s'imprégner un peu + de l'ambiance de l'époque.

    La complexité du scénario étant ce qu'elle est (D. Fincher qui a participé au découpage des cases, aurait certainement été très à l'aise dans une réalisation sur Grand Écran...), ce manque de clarté graphique, mais surtout ces personnages très "statufiés" , n'ont pas offert, à mon goût, la complémentarité nécessaire à ce style de récit.

    Il n'empêche, je suis certain que je l'apprécierai à sa juste valeur, après l'avoir relue en m'étant habitué à ce style de trait...
    Mais je n'aurai, je pense, pas la curiosité de lire le livre d'Ellroy (surtout qu'apparemment, les dialogues de la BD sont les répliques similaires du roman) ou le film de De Palma.

    meuillot Le 05/12/2014 à 13:04:44
    Sam & Twitch - Tome 4 - L'affaire John Doe

    Ce quatrième volet de Sam & Twitch est, à mon sens, le plus abouti.

    Une fois n'est pas coutume, les 171 planches illustrent une seule enquête. Il n'en fallait pas moins pour déficeler une intrigue vraiment passionnante.

    Parallèlement, on va un peu plus rentrer dans l’intimité de Sam & Twitch. Le second se remettant à peine de la disparition de K.C. dans l'opus précédent, on se focalise + sur Sam qui, jusqu'alors, pouvait passer pour le flic qui ne vivait que par son boulot et rien d'autre...

    C'est d'ailleurs presque le cas puisqu'il vit seul dans son appart avec le strict nécessaire. Exactement le profil recherché par le psychopathe qui va se servir de Sam pour exhiber les sévices qu'il fait subir à ses victimes.

    Cette espèce de malaise ressentie par les crimes commis par le tueur en série s'allège un peu avec la découverte de la vie de nos deux héros, pour lesquels une affection se dégage.

    Tout au long de cette lecture, on suivra l'espoir qui va ressurgir pour l'un & la décadence inéluctable pour l'autre... Sans pour autant léser leur enquête, qu'ils élucideront avec brio.

    Le dessin de Maleev & Lee est aussi bon que le scénario de McFarlane : noir, intense, oppressant.

    Depuis le T1 "Udaku", cette série devient un des meilleurs comics jamais lus pour ma part.

    C'est du vrai, du pur, du bon polar !

    meuillot Le 20/11/2014 à 16:06:17

    Il y a quelque chose qui doit clocher dans ma lecture de cette BD mais en la terminant ce n'est pas le sentiment d'attendrissement qui prédomine en moi...

    C'est une fiction dans laquelle beaucoup de personnes pourraient malheureusement se reconnaître. Alors oui c'est une histoire remplie d'émotions, oui c'est un hommage à l'amour d'une mère pour son fils, oui c'est aussi le témoignage de la difficulté quotidienne à s'occuper d'une personne handicapée...

    Mais selon moi, cela va au delà de ça. Je pense sincèrement que Zidrou n'a pas choisi par hasard la cause pour laquelle Michel, l'enfant d'une quarantaine d'années, se retrouve dans cet état (attention à ne pas lire la suite si vous ne voulez pas savoir)...

    Et lorsqu'on apprend pourquoi, j'ai eu tout de suite un revirement dans ce que je considérais comme courageux dans la façon dont Catherine vivait la vie de son fils...

    Car c'est ensuite de la colère qui surgit, parce que tout cela était évitable pour Michel. LA connerie d'un soir a engendré autour de lui, une destruction violente tel un château de cartes qu'on fait tomber avec un léger souffle. Toutes les fondations établies se brisent à cause d'une erreur qui se paye cash. Lui-même s'en rend compte un moment dans son bain...
    Plus de père, une mère en plein sacrifice (même si elle ne le considère pas comme tel), une frangine qui se protège légitimement, plus d'amis, un entourage familial qui ne vient qu' épisodiquement...

    Lui qui, en tout état de cause, aimait la vitesse, se retrouve désormais à "prendre son pied" avec une voiture à pédales !

    Alors on se dit que parfois nous-mêmes avons eu de la chance, dans nos délires, & que, bien évidemment, si mon fils faisait cette même bourde, je serais certainement dans le même état d'esprit que Catherine...

    ... Mais il n'empêche, j'étais énervé à la fin de cette œuvre...

    Preuve que quelque chose a fonctionné, preuve surtout que Zidrou & Roger ont réalisé une histoire profonde qui peut être interprétée de différentes manières...

    Mention spéciale à la 1ère & 4ème de couverture très efficace avec Michel qui prend toute la place & où une petite main apparaît : la seule qui lui est malgré tout tendue...

    meuillot Le 13/11/2014 à 16:16:24

    " L"assassin qu'elle mérite ", " L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu ", " Ma Révérence "...
    Voici, pour, l'instant, les 7 albums que je possède de Wilfrid Lupano. Jusqu'à présent, je n'avais lu aucune de ces 3 séries...

    Et puis je viens d'achever "Ma Révérence". Et je ne vais pas donner dans l'originalité en qualifiant cette œuvre graphique de profondément touchante...

    Les deux héros, Vincent & Gaby, y sont pour beaucoup dans cet attachement. Une profonde empathie se dégage autour de leur histoire, de leur passé de ce qui les poussent à se lancer dans ce braquage...

    Un braquage en toile de fond pour un objectif totalement réalisable sans avoir besoin d'être hors la loi, donc même si tout tourne autour de cette organisation pensée dans les moindres détails, les auteurs nous guident vers autre chose...

    Dans cette histoire bourrée d'humanité , il ne faut pas oublier les personnages secondaires qui ont tout autant d'importance : en fait on a cette impression que tous se confient à nous (lecteurs). Ainsi, du monologue de Vincent, des confidences de Bernard en passant par les agissements (souvent foireux, mais remplis de sensibilité) de Gaby, rien n'est laissé au hasard.

    Quant au dénouement, pas de spoilers, juste qu'il est vraiment chouette et qu'il a l'avantage de ne pas tout dire, histoire de nous laisser imaginer la destinée de chacun. Parfois c'est mieux ainsi.

    Merci M. Lupano, j'ai comme l'impression que je vais passer d'autres bons moments avec vous.

    Merci aussi à Rodguen qui, avec son dessin, y est pour beaucoup dans la crédibilité de cette BD. Je ne crois jamais avoir autant été frappé par cette faculté à mettre en "mouvement" des personnages de façon aussi "réelle". Pas facile à expliquer mais je pense, notamment, à la page 109 où les 5 cases découpées à l'horizontale parlent d'elles-mêmes.

    A savourer, plusieurs fois !

    meuillot Le 30/10/2014 à 16:50:52

    Il y a des auteurs qui, par leur énorme talent, possèdent cette faculté de nous prendre par la main & de nous emmener avec eux tellement leur histoire nous absorbe.

    Et dans cet art là, J. Taniguchi est incontestablement aux premières loges. La preuve en est avec "Un zoo en Hiver". Je suis d'ailleurs étonné de lire ici & là que cette œuvre se classe en deçà de "Quartier Lointain" voire du fameux "Le Journal de mon père".

    C'est une histoire tellement passionnante : la vie de ce jeune homme qu'est Hamaguchi/Taniguchi dont la passion du manga est le fil conducteur de l'histoire.

    Pas à pas, nous suivons l’évolution de cette passion qui se terminera aux portes du but suprême : devenir mangaka (et bien sûr, il y arrivera !).
    A travers les émois de ce jeune homme, à travers ses doutes, à travers sa jeunesse, Hamaguchi va aussi connaitre toutes les étapes nécessaires pour atteindre son rêve, non sans sacrifices...

    J. Taniguchi transmet tant de mélancolie dans cette œuvre qu'à la fin j'ai eu ce même sentiment (la jeune fille y est pour beaucoup). Mais ajouté à cela, que ce fut intéressant de découvrir la façon dont travaillent les japonais, d'entrevoir un peu de leur culture, de leur philosophie.

    Quant au dessin, je ne suis pas un expert en manga mais une chose est certaine, associé à K. Otomo, J. Taniguchi m'a ouvert les portes d'une nouvelle lecture, claire, fluide, poétique. Une lecture de celle qui se lit d'une traite malgré l’épaisseur des œuvres.

    Dans "Un zoo en hiver", le dessin pleine case pour annoncer un nouveau chapitre est tout simplement magnifique.
    Une chose également assez propre au manga, est le nombre impressionnant de phylactères dans une même case (parfois jusqu'à 5, et parfois 4x plus gros que le texte à l’intérieur !), sans pour autant que cela "parasite" le dessin : c'est assez exceptionnel.

    La case représentative et celle que M. Taniguchi présente plusieurs fois sans qu'on la trouve redondante, celle où on voit toute l'équipe en train de s'atteler pour boucler le boulot de leur maître.

    Lire un "Zoo en Hiver" ou tout simplement lire du J. Taniguchi, c'est tout simplement un pur bonheur.

    meuillot Le 22/10/2014 à 15:49:45

    Une fois n'est pas coutume, j'ai d'abord, par hasard, vu le film réalisé par Bong Joon Ho, 'Snowpiercer" adapté, donc, de "Transperceneige".

    Et ce que je peux en dire c'est que d'une part, j'ai trouvé le film bon mais que, surtout, après avoir fini la BD, cette adaptation n'a strictement rien à voir avec l’œuvre du trio Lob/Rochette/Legrand & ma foi c'est tant mieux...

    Je ne m’attarderai pas sur la comparaison mais sur mon ressenti après avoir terminé cette Intégrale.

    La 2ème réédition de cette dernière pour y réunir les 3 tomes est selon moi très ingénieuse dans le sens où je pense que cette œuvre doit se lire dans son ensemble & d'une traite !
    Car même si le 1er tome signé Lob & Rochette peut se lire en "one shot" et se suffire à lui-même, les deux suites (sorties + de 15 ans après...) que sont "l'Arpenteur" & "La Traversée" sont tout autant de bonne facture.

    On se retrouve dans cette nouvelle période glaciaire ou seul subsiste cet énorme train avec à bord une société de la plus pauvre (en queue de train) à la plus aisée...

    Ce train qui roule sans véritable destination, & qui reste le seul espace vital pour ce qui reste de l'humanité.... C'est anxiogène, notamment grâce aux dessins noirs & blancs de Rochette, & ce huis-clos palpitant est d'une efficacité remarquable si on se prend au jeu : qui peut espérer vivre dans cette jungle de métal ? Le révolté ou celui qui a le pouvoir ?

    Depuis 1984, date de sortie de la BD, bon nombre de scénarii sortis en BD ou au cinéma font qu'on a peut-être cette sensation de "déjà-vu" en terminant "Transperceneige".

    Peu importe... Cela reste haletant, bien dessiné (même si la différence de crayon m'a paru un peu violente entre la 1ère et les deux autres histoires...) & surtout c'est une intrigue qui, à aucun moment, ne déraille...

    meuillot Le 20/10/2014 à 18:21:13
    Héléna (Jim/Chabane) - Tome 1 - Héléna

    C'est un 3/5 pour "bon album" que j'attribue comme note à la fin de cette lecture mais si j'avais eu le choix j'aurais plutôt mis un 2,5...

    Difficile d'être le plus objectif possible lorsque depuis "Une nuit à Rome" je suis devenu adepte du boulot de Jim & surtout de sont talent scénaristique...

    Ce sont donc les yeux fermés que je me procure ses dernières œuvres, dont "Héléna" la dernière en date. Et ce n'est pas cette (petite) déception qui me fera ouvrir les yeux....

    Plusieurs raisons, donc, à cette note :

    - Il est inéluctable de "comparer" le dessin de L. Chabane à celui de son compère tant la ressemblance est frappante avec l’œuvre romaine... Mais paradoxalement on ne devrait pas le faire : ce serait préjudiciable pour L. Chabane. Non pas que le dessin de ce dernier soit moins bon mais, au final, il est différent. Pour en finir avec ça : Marie n'est pas Héléna & la promenade des anglais n'est pas Rome. Un point commun tout de même : la superbe colorisation de Delphine !

    - Non, ce qui m'a "gêné" dans le dessin c'est cette absence d'expression sur le visage des protagonistes & ce quel qu’ils soient. Cela m'a empêché d'éprouver de l'empathie, notamment pour Simon, & de ce fait, de lui attribuer tout crédibilité.

    - Pour autant, le cadre, le décor est vraiment chouette & je trouve, notamment les dernières pages, bien réussies (concernant le parallèle des deux scènes...).

    La 1ère de couverture de la version TL est superbe et en adéquation avec le contenu de l'histoire... En revanche petite parenthèse sur l'info de l'éditeur qui précise à la fin du tome : " Le présent tirage.... comporte 1000 exemplaires, numérotés et signés..." Bah, j'ai pas eu de chance, car il n'en est rien pour mon exemplaire...

    Côté scénario, il est rôdé, aucun problème. Si Jim a voulu nous présenter un Simon puéril, irresponsable & égoïste, pour ma part, c'est gagné. Dans le cas contraire, je n'ai rien compris à la profondeur du personnage ! Mais au vu de ses différents comportements, je ne vois pas comment le considérer autrement.

    Mais qui sait ? Peut-être que c'est Simon qui a raison ? Détruire ce qu'il a édifié "par défaut" pour tenter de récupérer un amour impossible, soit il faut être lâche soit il faut en avoir...

    On le vérifiera au T2.

    Je ne parle, volontairement, pas d'Héléna car mis à part sa plastique agréable & son côté "j'assume ce que je suis", on ne sait pas grand chose d'elle & j'imagine que sa vie sera un peu plus développée à l'avenir.

    Bref, tout ça pour dire que Simon m'a légèrement "énervé" ! :p Il en sera peut-être autrement par la suite...

    meuillot Le 22/09/2014 à 18:37:31
    L'ambulance 13 - Tome 4 - Des morts sans nom

    Fin de ce second cycle.

    Aucun répit dans cet album, c'est le moins que l'on puisse dire.

    La Guerre est telle qu'on l'imagine : avec ses injustices, son sang qui coule inexorablement, ses soldats qui se battent, qui meurent, pour une nation qui ne leur accorde rien. Pas même une once de dignité...

    C'est un album très dur. Les héros auxquels nous nous étions attachés tombent tous un par un... Sauf Bouteloup qui enchaîne les pertes avec un sang-froid glacial...

    De ce fait, en terminant cet album, j'ai senti comme un malaise, celui d'avoir pris toutes ces horreurs en pleine face sans pour autant ressentir l'émotion qui devrait en découler...

    C'est comme si tout ceci était "normal". Que de toutes façons, c'est la Guerre et que forcément tout y est dégueulasse, horrible, irréparable & qu'on ne peut que s'y résoudre...

    Est-ce parce que cette histoire est vécue sous l’œil de Bouteloup qui reste, malgré tout, un homme ne laissant pas transparaitre ses émotions ? Car si ce dernier n'a aucun problème pour se révolter contre la hiérarchie, on le sent également presque "intouchable" face à la faucheuse toujours présente autour de lui & donc de ses compagnons...

    Ceci n'enlève toutefois en rien la qualité de cette histoire, qui nous transporte, nous immerge complètement dans le cœur de ce dramatique conflit.

    Je mets en exergue l'importance de l'Autochir mais aussi l'issue réservée aux soldats africains : le fait pour moi le plus marquant (et pourri...) de ce tome.

    MM. Cothias, Ordas & Mounier ainsi que S. Bouët à la couleur nous gratifient d'une série intense & dont la crédibilité est à louer grâce à un indéniable travail de recherches ! Merci à vous !

    Peut-être que si un troisième cycle voit le jour, on verra notre héros principal percer sa carapace ? ça lui ferait du bien & à nous, lecteurs, aussi ! :)

    meuillot Le 10/09/2014 à 16:28:51
    L'ambulance 13 - Tome 3 - Les Braves Gens

    Les femmes sont à l'honneur dans ce nouvel épisode : clairement !

    Même si le maillon central reste Louis-Charles, Les héroïnes se démarquent telles Emilie, Isabelle, Lorraine ou même Marie Curie...

    Un dessin "sanglant" de réalisme alimente une nouvelle fois la dureté de l'époque.

    Ce tome reste un hommage à toutes ces femmes dont l'abnégation & le courage n'ont pas à rougir face à ceux de nos poilus sur le terrain.

    Des moments émouvants comme ce soldat en permission qui se prend une des terribles conséquences de la Guerre en rentrant chez lui...

    J'ai également apprécié le passage du soldat américain qui débarque dans l'équipe et qui rappelle l'aide des français apporté pour l'indépendance des États-Unis...

    Un poignant album qu'est ce début de deuxième cycle...

    meuillot Le 03/09/2014 à 16:12:22
    L'ambulance 13 - Tome 2 - Au nom des hommes

    Continuité parfaite dans ce second tome : on retrouve notre lieutenant mis plus bas que terre pour avoir commis ce qu'on pourrait considérer comme un acte héroïque mais qui sera perçu autrement par sa hiérarchie...

    Cela ne l'empêchera pas de gérer avec ténacité le commandement d' "Ambulance 13"

    Beaucoup de sang (ce qui est à peu près logique) dans cet opus à la veille de la bataille de Verdun.

    Beaucoup de situations où on se surprend toujours à être quasiment près des protagonistes tellement l'action est prenante & sans répit.

    "Au nom des hommes" est un épisode dur mais qui, une nouvelle fois, retranscrit (certainement) avec brio la dureté de l'époque...

    La scène la plus prenante restant celle où soeur Isabelle opère à "l'aveugle"...

    Fin de ce premier cycle. Je vais de ce pas commencer le deuxième.

    meuillot Le 29/08/2014 à 14:47:24
    L'ambulance 13 - Tome 1 - Croix de sang

    14-18 vu sous un nouvel angle : voilà mon sentiment en ayant terminé ce 1er tome d' "Ambulance 13".

    En effet, c'est à travers le lieutenant Louis-Charles Bouteloup, médecin de formation, que va être disséquée cette terrible période. D'un point de vue essentiellement médical & humain...

    On s'attache très vite à ce personnage principal que l'on perçoit hésitant au début de l'histoire (il faut dire qu'il n'arrive pas dans les meilleurs conditions puisqu'il doit se substituer dans une compagnie à un prédécesseur respecté de tous...), pour finir avec cet acte courageux lorsqu'il propose une trêve avec l'ennemi pour récupérer d’éventuels blessés...

    D’ ailleurs, cette dernière scène reste pour moi, la plus poignante, formidable d'intensité voire d'humanité...

    1er tome réussi donc, avec des scénaristes dont on sent l'implication jusqu'à respecter scrupuleusement (je crois, en tout cas), la façon dont parlait nos poilus, les codes employés, bref cela facilite grandement le lecteur à s'immerger dans l'histoire...

    Quant au dessin, il n'est jamais facile pour ce sujet traité, d'arriver à bien différencier le visage des personnages. De par leurs blessures physiques, de par la multitude de grades, de par les nombreuses explosions ou décors sombres on peut parfois confondre tel ou untel.

    J'ai trouvé qu' Alain Mounier s'était employé à bien distinguer les personnages importants ce qui est beaucoup plus agréable pour suivre le fil de l'intrigue.

    Allons voir ce que donne le T2 !

    meuillot Le 28/08/2014 à 16:35:10

    Après avoir découvert et beaucoup apprécié le boulot de G. Sorel dans "Les derniers jours de Stefan Zweig", c'est tout naturellement que je me suis procuré "Hôtel Particulier".

    Quel envoutement qu'est cette œuvre ! j'ai été complètement happé par cette histoire avec cette sensation d'errer dans mes pensées à chaque fin de planche. C'est comme si j'étais à la place d’Émilie, l'héroïne de cette histoire.

    Tout fonctionne dans cette trame. Tout est logique, tout coule de source. Reste le mystère de l'acte désespéré d’Émilie mais au bout du compte, cela a peu d'importance.

    Ce voyeurisme partagé avec elle n'est même pas gênant tellement la façon de pénétrer dans l'intimité des différents personnages se justifie... Certes, on est bien aidé par le côté fantastique ou peut-être que c'est grâce à la présence du chat , cet animal qui peut vaquer partout dans l'immeuble sans qu'on lui accorde une quelconque importance... Peut-être qu'inconsciemment le chat nous tranquillise sur une éventuelle mauvais conscience...

    Au bout du compte, jusqu'à la fin on ne sait pas trop ce que doit chercher Emilie pour ne plus être cette âme errante... On finit par le comprendre ou en tout cas je l'ai interprété ainsi : elle a enfin trouvé ce que, même de son vivant, elle avait cherché certainement en vain...

    G Sorel, seul aux commandes, nous gratifie d'un superbe album avec un scénario sans failles (sauf peut-être la fin trop "banale" à mon goût) et un dessin aussi particulier que son hôtel.... Mais tellement accrocheur.

    Les visages offrent, selon moi, beaucoup + d'expressions que celles parfois inexistantes dans "Les derniers jours..."

    Un très bon moment de lecture nourri entre autres par de belles strophes empruntées à Baudelaire ou Rimbaud pour ne citer qu'eux.

    meuillot Le 21/08/2014 à 16:23:30

    Un bon p'tit plaisir que ce "Creepshow" ! Ayant lu beaucoup de S. King il y a quelques années on ne peut contester sa patte dans cet album. A l'occasion je regarderai le film réalisé par Georges A.Romero.

    5 histoires horrifiques à souhait ! Mêlant humour cinglant, scènes gores sur fonds d'histoires familiales, d'adultère, ou d'un gars avec sa phobie des blattes.

    Le plus appréciable reste le dessin mais surtout les couleurs du couple Wrightson : complétement appropriés avec le genre !

    A noter la belle édition chez Soleil !

    On passe un bon moment avec Creepy ! :)