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Les avis de - jblanc

Visualiser les 52 avis postés dans la bedetheque
    jblanc Le 17/04/2009 à 11:07:40

    Récit tronqué d'un séjour de vrai routard au Cambodge : l'auteur se concentre sur une période précise, celle où il erre (d'une errance douloureuse du fait de la maladie qui le poursuit, mais faite de découvertes et de routes) en attente d'un visa de retour, après s'être fait voler ses papiers.
    Bonne maîtrise du récit, même si la fin est un peu courte. L'évocation du pays est sans complaisance.

    jblanc Le 04/01/2009 à 19:03:11
    Akira (Glénat cartonnés en couleur) - Tome 1 - L'autoroute

    A la lecture des 13 volumes - récit monstrueux, chef d'oeuvre narratif et
    n'importe-quoi philosophique.
    Il est difficile d'entrer dans le récit sans y être happé irrémédiablement. Ne pas
    avoir les 13 volumes à la suite impose une rupture terrible ! (D'un point de vue
    technique, d'ailleurs, la coupure de volume en volume est arbitraire et
    franchement malvenue, il aurait fallu respecter les sauts de chapitre existants
    dans la version originale, ou des changements de scène.)

    On retrouve dans Akira les obsessions japonaises présentes dans maints mangas
    et dessins animés : le moment fondateur de la bombe thermonucléaire ou de
    l'explosion gigantesque (qui ouvre ici le récit, sans explication puisqu'elle viendra
    plus tard, et se reproduit par la suite) ; les pouvoirs surnaturels développés par
    certains humains, dont la télékinésie et la télépathie ; les dérives d'une recherche
    scientifique sans respect de l'être humain, les dérives d'un pouvoir militaire, etc.
    On trouve aussi un trait intéressant en conclusion du livre : au passé japonais de
    sortie de la seconde guerre mondiale par l'occupation américaine, Otomo
    présente une autre solution : le rejet de l'occupant, fût-ce pour vivre au milieu de
    ruines encore fumantes et ne pas nourrir et soigner correctement sa population.
    La leçon laisse songeur.

    Le tout est formidable, mais présente aussi les faiblesses de ce type de récit :
    action à toute berzingue parfois répétitive, on se demande pourquoi certains (les
    héros !) ne meurent pas aussi vite que d'autres, relations entre personnages
    assez schématiques, etc. Comme tout le monde est très élogieux, je souligne un
    peu les limites !

    jblanc Le 01/09/2008 à 07:51:51

    Mise en image du roman de Cartarescu, qui conduit à une double mise en abyme : dans le récit de Cartarescu lui-même, le narrateur (à 34 ans, écrivant le livre, dans un hôtel, en hiver, près du lieu où se déroule l'action narrée) et le narrré (Victor, à 17 ans, dans une colonie de vacances, au printemps ou en été) ; mais aussi Baudoin en Roumanie et en Allemagne rencontrant l'auteur lui-même.
    Histoire d'un passage difficile, d'une révélation, d'un adolescent qui ne peut accéder, et le refuse même, à l'humanité grasse (presque animale) de l'âge de sa génération.
    On retrouve des obsessions de Baudoin, que lui-même révèle : par le petit garçon, qui apparaît deux fois dans le récit, et rappelle les livres des années 1980 (Passe le temps, etc.) et l'interrogation sur l'enfance ; la mise en images de romans qui l'ont marqué, et particulièrement le Procès verbal, de Le Clézio, qui marque, avec le Premier voyage et le Voyage, une interrogation sur le décrochage d'une personne à l'égard de son monde quotidien, sa volonté de s'enfuir. Ici, l'adolescent, Victor, est ailleurs, et le récit est plutôt celui d'une reconstruction, du retour difficile dans le monde normal (que semble avoir atteint l'auteur lorsque Baudoin le rencontre) par une auto-analyse douloureuse et fantasmatique.

    jblanc Le 30/08/2008 à 09:33:30

    Un livre de Baudoin en couleur, mêlant encre de chine et aquarelle. Le résultat est particulièrement beau et expressif.
    Obsessions baudoinesques, d'emblée : le peintre et son modèle ; la quête amoureuse ; et, bientôt, l'histoire personnelle. Le peintre et le modèle engagent un dialogue, autour de réflexions du peintre, contant son histoire sentimentale au modèle. Vers le milieu du récit, l'auteur reprend la main, si l'on peut dire : p. 47 : "Pourquoi dois-je rester nue ?" demande le modèle ; "parce que celui qui nous dessine cherche à comprendre quelque chose de la femme, avec ta nudité". Dès lors l'auteur, toujours masqué derrière le vieux peintre, est néanmoins dévoilé et le récit devient proprement le sien. Le peintre / l'auteur devient le modèle, et le modèle le peint. Puis ils se peignent eux-mêmes...
    L'ensemble est réjouissant. Il conte l'aventure sentimentale et sexuelle de la génération de 1968.

    jblanc Le 06/07/2008 à 18:53:28

    Très beau livre : graphiquement, narrativement. L'auteur a un trait magnifique, un de ceux qu'on n'oublie pas, à la fois simple et capable de rendre des sensations diverses et complexes. En mûrissant, cela donnera des chefs d'oeuvres graphiques. Ici déjà, on n'en est pas loin, certaines planches sont extraordinaires. Ses qualités graphiques, on les retrouve notamment dans un livre très différent, puisque récit de voyage dessiné au fil des jours (Un Américain en balade).
    L'histoire est complexe, derrière son apparente simplicité et un fond que certains qualifient de mielleux. Mielleux : pas du tout ! ce n'est pas qu'une histoire d'amour, bien que ce soit une très belle histoire d'amour, celle d'un premier amour encore adolescent. Les sentiments dépeints par Thompson sont très complexes. Par exemple, le 1e chapitre, sur le "cagibi" (cubby hole) est formidable de complexité : sans concession sur lui-même, thompson raconte un épisode d'enfance où la cruauté de l'enfant et sa lâcheté, combinés à la brutalité d'un père, donnent un résultat terrifiant. Ce n'est pas qu'une histoire d'amour : c'est un récit d'enfance et d'adolescence, avec ses difficultés, sa soumission à un ordre religieux et familial très strict alors que les adultes dérapent eux-mêmes hors de la voie qu'ils semblent imposer à leurs enfants, et un amour naissant qui n'a pas le loisir de se déployer.
    Bref, une bande dessinée adulte et des plus réussies.

    jblanc Le 04/01/2008 à 11:26:15

    Relu quinze ans plus tard, la poésie demeure mais les manques de l'histoire sont plus flagrants. Le récit de Luna ne manque pas de finesse et de poésie, en effet, et cela donne un grand charme à ces historiettes de gentil looser qui s'habille comme Bogart, prétend vivre de ses enquêtes de détective privé mais cède souvent (et naïvement) devant des personnes qui lui expliquent simplement la difficulté de leur situation. Mais il manque plusieurs histoires pour compléter ce qui apparaît un peu trop court. On comprend bien que la "source de la nuit", qui ouvre le récit, est surtout un fantasme d'enquête, mais l'ensemble laisse un goût d'inachevé.
    Le dessin de Prado fait merveille, il campe un monde un peu tordu (à l'image des immeubles façon tour de Pise) et poétique, loin de l'acidité qui caractérise la série des Chroniques absurdes. On se plaît à rêver d'un Prado ayant collaboré plus longuement avec Luna...

    jblanc Le 15/11/2007 à 13:47:41

    Trondheim semble tomber dans le piège qu'il dénonce lui-même : le récit d'action à grand spectacle entre le bien et le mal. Parodie de ce type de récits, donc, mais parodie qui essouffle vite le lecteur par la volonté monomaniaque de Mildiou de tuer le Lapin, et par la presque identique monomanie du Lapin d'esquiver et fuir.

    jblanc Le 15/11/2007 à 13:45:47

    Petit bijou. Recueil de petites histoires composées de 4 images par page, chacune illustrant un commentaire. Toutes commencent par des cases blanches ou noires, illustrant le début - le début de tout, où il n'y avait rien, ou l'éternité, etc. Dessus se greffent des développements jamais hasardeux, dans une direction bien déterminée. Exploitation d'une idée de départ sous diverses formes, donc. Ces historiettes ont en commun l'idée de départ, le traitement, et la façon dont est considéré le monde : on rencontre particulièrement quelques catégories d'hommes comme les héros, les philosophes, les pacifistes, etc. La récurrence de ces quelques thèmes a un effet humoristique certain.
    Cela fait parfois penser aux shaddocks dans la façon d'illustrer des commentaires qui, certes, priment sur le dessin, mais qui ne seraient rien sans lui.
    Au sommaire : "le héros" (discours sur la volonté d'aller toujours plus loin de l'homme, idée récurrente par la suite), "la mort farceuse" (discours sur la mort et sur le discours sur la mort...), "monnaie de singe" (discours sur l'organisation de la société par l'argent), "génèse à la bolognaise" (discours sur l'existence et son sens, sur Dieu et autres), "histoire avec des martiens" (la plus gratuitement aventureuse de ces histoires), et "le vrai sens de la vie" (... sur le sens de la vie).
    Petit bijou, donc.

    jblanc Le 15/11/2007 à 13:35:57
    Maus - Tome 1 - Mon Père saigne l'Histoire

    Oeuvre forte, on est happé par le récit dès les premières pages, aussi difficile que puisse paraître le dessin lorsqu’on est encore à l’extérieur. Une fois entré dans les premières cases, on n’en sort plus. Il s’agit d’un récit tout à fait autobiographique. Art Spiegelman se raconte, renouant avec son père un dialogue et un amour tiraillé après des années de vide, à propos du passé de son père. On découvre, plus peut-être que l’horreur de la mort lors de l’holocauste, celle de la survie, qui a transformé, meurtri, bouleversé à jamais les survivants, et ce jusqu’à leurs enfants. Le père d’Artie, que les petites manies, les habitudes d’épargne, de propreté ont largement contribué à sauver lors des épreuves inhumaines qu’il a traversé, est devenu un vieil acariâtre et maniaque, dont la personnalité écrase Artie depuis sa naissance. La mère du narrateur, plus faible, n’a survécu que grâce à l’appui sans faille de son mari ; elle se suicidera en 1968. Artie, second fils du couple, né après la guerre et après la mort de son grand frère, souffrira toute sa vie du traumatisme parental. Ecrasé par son père, rejeté comme celui qui est imparfait, à la différence du premier fils, idéalisé. Artie sombrera dans la drogue, devra être soutenu par un psy... MAUS, oeuvre extrêmement puissante, est donc double : elle conte l’horreur de l’holocauste avec une justesse, une vérité et une pudeur extraordinaire ; mais elle conte aussi l’horreur de la survie, l’horreur de l’après. Sur le plan artistique, cette oeuvre est fabuleuse.

    jblanc Le 15/11/2007 à 12:26:37
    Les terres creuses - Tome 2 - La terre creuse

    Second album de la série “les terres creuses” à laquelle il donne, rétrospectivement, son nom en étant lui-même renommé Zara. Il succède ainsi, dans cette série, à Carapaces.
    Zara est le nom d’une planète sur laquelle (dans laquelle) nous pénétrons après un très brillant prologue. Il existe en réalité deux terres creuses dans cet album, précisément celle du prologue, une terre dans laquelle la population marche sans fin au bas de l’intérieur de la terre pour toujours rester à l’horizontale (cela suppose une attraction terrestre située sous ce “bas” et qui ne varie pas malgré la rotation évidente de cette terre), puis celle du récit proprement dit, où l’héroïne du prologue, Olive, se rend sans l’avoir voulu en étant transportée par des être mi-oiseaux mi-éphémères. Cette seconde terre est tout aussi étrange : la population de femmes aux moeurs saphiques - on apprend plus loin qu’elles ont adopté le comportement d’un insecte qui rappelle évidemment la mante religieuse - y vit entre deux parois, la croute et le “coeur”, très proches l’une de l’autre et qui vont dans un sens contraire. Ce monde est un monde vertical et sans hommes, en opposition au monde d’Olive qui est plutôt horizontal (bien qu’en réalité rond) et avec des hommes.
    Difficile de décrire tout cela...

    jblanc Le 15/11/2007 à 12:23:10
    Persepolis - Tome 2 - Persepolis 2

    Récit très fort. Le type de récit et sa force rapprochent, d'une certaine manière, de Maus.

    jblanc Le 15/11/2007 à 12:21:58

    Petite merveille, qu'on peut déguster comme une friandise.

    jblanc Le 15/11/2007 à 12:17:36
    Les errances de Julius Antoine - Tome 2 - La maison

    Julius Antoine revient à Lyon, lieu de son enfance, car sa mère est mourante, et retrouve, des années après, sa soeur et son frère, leurs défauts et leurs complots. Cela lui rappelle une série de souvenirs qui commence à le déstabiliser. Peu à peu des allusions de son frère vont le pousser à envisager l'euthanasie de sa mère. Julius Antoine va sombrer dans le maëlstrom de sa mémoire, la maison révélant sa présence quasi-maléfique. Le deuxième album de cette série est tout aussi cruel et angoissant que le premier, Léa, mais on se prend moins au jeu. Le coté Hitchkockien du scénario échoue un peu mais il reste un album agréable, rapide, nerveux, c'est à dire en définitive presque réussi.

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:48:38
    Corto Maltese - Tome 6 - Les Celtiques

    Véritable chef d’oeuvre d’humour, de mélancolie et de rêveries. “Les Celtiques” voit Corto Maltese se promener - ou plutôt stationner dans 6 lieux différents, depuis la lagune de Venise (écho de la future Fable de Venise ?) jusqu’à l’Irlande froide et sanglante, en passant par la Bretagne française, celle anglaise et les côtes flamandes.
    6 histoires reliées par le personnage Corto Maltese, sa démarche nonchalante et ironique, un peu désabusée, et quelques événements dans lesquels il est tantôt arbitre, partie prenante, ou simple spectateur regardant la tête en l’air voler l’avion du Baron Rouge. 6 histoires d’une grande poésie, où Pratt fait appel aux rêves et aux références littéraires (“Songe d’un matin d’hiver” reprend évidemment Shakespeare, son Songe d’une nuit d’été et ses personnages féériques ; “Sous le drapeau de l’argent” voit un personnage américain nommé Hernestway participer à la guerre en Europe et qui, plus tard, rédigera un ouvrage titré Adieu au Bataillon : Ernest Hémingway et son Adieu aux armes), à un humour basé sur une ironie douce et mélancolique et sur un constant décalage des discours par rapports aux situations des personnages, et sur des intrigues plus inégales. De ces dernières, parlons-en : Pratt a la capacité d’intéresser le lecteur tant sur une histoire complexe d’espionnage que sur un conte de marionnettes a priori abscons et qui revient sur le premier type, que sur des histoires plus linéaires et simples.
    A noter le superbe “Concert en O mineur pour harpe et nitroglycérine”, où Corto Maltese, sans exprimer quoi que ce soit, montre une faille en lui qui en fait un véritable solitaire malgré tous les amis qu’il semble avoir de par le monde.

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:44:53
    Corto Maltese - Tome 10 -

    Ce n’est pas transcendant, ce n’est pas un chef d’oeuvre de Pratt. Sur le plan simplement graphique, Pratt n’a pas fait d’efforts, mais cependant ses dessins restent très efficaces : ils ne perdent que peu de choses (la précision, le décor peut-être) à la simplification. Pratt a donc de ce point de vue su dépasser le côté graphique traditionnel de la bande dessinée ; en quelque sorte il en transcende les règles graphiques. On peut rapprocher ce geste de celui de Baudoin qui affirme n’être pas plus juste que lorsqu’il va au plus vite, au plus spontané (son "trait"). Reste l’histoire, qui est peut-être le point le plus discutable, malgré les apparences, de Mû. Pratt nous emmène dans une histoire onirique, fantasmagorique, hallucinatoire, où pour avancer, être sauvé ou comprendre il faut absorber un champignon ; une histoire simplifiée, comme le dessin, à l’extrême dans ses structures : Corto dialogue directement, dans une sorte de demi-rêve, une ivresse des profondeurs indéterminée, avec les statues au fond de l’eau. Corto et sa bande sont dès la première case sur le lieu où l’on accèdera à Mû, ou si près que cela ne fait pas de différence. Mais à côté de cette simplification narrative, le propos reste très mystérieux, Pratt adorant les énigmes comme Venise. Bref on est un peu perdu, à vrai dire, et le fond de l’histoire nous laisse un peu sur notre faim...

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:39:15

    Un vétéran de la guerre du Vietnam interroge Hans Von Hammer, le Baron Rouge, à l'orée de la mort en se faisant passer pour un journaliste. En réalité il cherche à exorciser la félure qui s'est faite en lui lors des moments horribles qu'il a vécus au Vietnam.Von Hammer l'a senti et, comme si lui aussi cherchait à se confier, à exorciser son propre passé, à pardonner quelqu'un pour se pardonner lui-même, il va lui conter des moments de guerre qu'il a vécus. Au bout de ce voyage dans le passé et dans l'horreur de la guerre, il y a pour Mannock (l'ancien du Vietnam) le pardon et la libération et pour Von Hammer le repos de la mort. George Pratt n'est ici pas tout à fait dessinateur mais plutôt peintre. Autant dire que l'ensemble de son travail graphique est exceptionnel. Le sujet est, en plus de cela, maitrisé et intéressant quoique peut-être, au premier abord, le traitement des dialogues est un peu impersonnel. Mais peut-être est-ce ce lettrage carré et ces bulles trop parfaites qui donnent cette impression.

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:36:03

    Cette version du conte est courte (22 pages), et donne une impression contradictoire de légèreté extrême (phrases simples, dessins présentant des physionomies proches de celles connues dans l'enfance, comme le chat, l'oiseau et l'enfant) et de complexité et de profondeur tant les dessins, aux couleurs pleines, fortes, sombres, donnent un relief rare à l'histoire.
    Jusque là Prado ne s'était pas aventuré dans le récit pour enfants ; par cet album il semble viser deux publics : adultes et enfants, en souhaitant fournir pour ceux-ci des souvenirs pour leur avenir, comme lui-même en a du temps où on lui contait Pierre et le Loup. De cette ambivalence - deux publics fort différents - il réussit à faire un album riche, précisément, et qui peut ravir les deux publics: limpidité de l'histoire et atmosphère sombre suggérée par les couleurs donnent aux enfants, en effet, une sensation qui, me semble-t-il, doit être très forte ; et le travail de profondeur du dessin, de sa complexité malgré sa simplicité apparente, qui apparaît par exemple dans les flous inspirés de la photographie, ravit aussi l'adulte : qualité du travail, sérieux, et aussi intérêt de suivre l'évolution picturale de l'auteur.
    Donc, court mais bon, très bon.

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:32:54

    Le recueil comprend des récits de la même période que Chienne de vie, c’est à dire écrits en 1986 et 1987. On voit par la qualité inégale de ces récits que Prado a vite progressé en peu de temps. C’est un écorché vif. Le match de marelle en est un bon exemple, particulièrement réussi, ainsi que “Plans sur la Comète” ou “le triomphe de l’entropie”. Kafka n’est pas loin.

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:31:14

    Premier album de Prado publié en France, il n’est cependant pas le premier réalisé par l’auteur, déjà remarqué outre-pyrénées avec Stratos et Fragments de l’encyclopédie des Dauphins. Ici Prado se livre à un tout autre registre, bien que fils légitime des précédents : le cadre est celui du quotidien, un quotidien exagéré à souhait, kafkaïen, absurde, et génial. Comme toujours chez Prado, cela se présente sous la forme de petites histoires, fragments de vie arrachés au réel. L’absurdité de la société éclate, la stupidité de l’homme explose, nous voilà placés devant nous-mêmes... Ca grince... Même si le ton est moins grandiloquent, moins humaniste que dans Demain les Dauphins, et pour tout dire franchement terre à terre, on aime...

    jblanc Le 12/11/2007 à 14:25:22

    Très fort et émouvant, et dans le même temps assez dérangeant.

    jblanc Le 02/11/2007 à 15:17:21
    Lucky Luke - Tome 19 - Les rivaux de Painful Gulch

    Cet album est excellent pour un Lucky Luke. On y retrouve la patte inimitable de René Goscinny qui multiplie les trouvailles humoristiques. La rivalité des O'Hara aux gros nez et des O'Timmins aux grandes oreilles (à moins que ce soit l'inverse) est tout simplement géniale. Le dessin de Morris est quant à lui presque dans sa forme classique (rappelons que les rivaux datent de 1962). Le tout est très agréable et pour le moins réussi.

    jblanc Le 02/11/2007 à 15:15:39
    Lucky Luke - Tome 9 - Des rails sur la prairie

    Le nom de Goscinny n'apparaît pas encore sur la couverture mais seulement en bas des pages, lorsque Morris signe "Morris & R.G.". Agréable. Certains éléments sont à noter, comme le méchant qui, démasqué et arrété, avoue ses forfaits, leurs raisons, et dit qu'il est mauvais par nature... Clin d'oeil sympa à ces bons qui le sont par nature et inversement, sans qu'on ait à leur trouver de justificatif.

    jblanc Le 02/11/2007 à 15:13:04
    Lucky Luke - Tome 6 - Hors-la-loi

    Première intrusion des quatre frères Dalton dans la série. Morris y est encore seul maître à bord, aussi les scénarii sont-ils moins finis et performants que par la suite avec Goscinny au stylo, mais aussi y-a-t-il des morts, chose que Goscinny bannira. Les morts, ce sont ceux des Dalton -oh, bien rares ; les morts, ce sont aussi les Dalton eux-mêmes qui finissent mal l’histoire. Par quel miracle les reverra-t-on plus tard ? Il est vrai qu’ils présentent ici un tel potentiel comique, encore peu exploité, que l’on comprend la tentation. A noter que ces quatre frères ne sont pas, dans l’ordre croissant, Joe, Jack, William et Averell, mais Bob, Grat, Bill et Emmett. Et si Bob est bien déjà une terreur, le chef de la bande (et petit parce que cadet), Emmett (futur Averell) n’est pas encore le gaffeur au grand coeur que l’on connaîtra. A vrai dire, le traitement des 3 personnages est plus comico-tragique que coméd-ique : là encore, patte de Morris. L’histoire en elle-même est assez décousue ; et se complète par un petit récit, “le retour des Dalton”, où ils sont bel et bien morts, mais où Lucky Luke se déguise avec 3 comparses pour démasquer le mensonge d’un petit shériff à la manque - Lucky Luke est alors déguisé en Emmett, futur Averell...

    jblanc Le 02/11/2007 à 15:06:20

    Succession d'histoires courtes : The Long Tomorrow, la plus longue, qui conte les péripéties d'un détective dans une cité bien étrange (du type de celles de Jodorowski dans John Difool ?) aux prises avec un espion arturien bien charmant lorsqu'il prend un apparence humaine et très féminine... L'Homme est-il bon ? donne son titre à l'album mais n'est en aucun cas une réflexion métaphysique. C'est en définitive l'histoire la plus intéressante, particulièrement jubilatoire. Suivent les Merveilles de l'univers, tableau d'un humour étrange (mais bien moebusien), puis Jeudi noir, rigolade ratée et enfin Ballade dont les couleurs sauvent le reste. Cette dernière histoire est peut-être bien celle qui mériterait le titre de "l'homme est-il bon ?", et cette fois au niveau métaphysique... Globalement, la succession d'histoires courtes n'est jamais formidable en album (à de rares exceptions) et ici la rêgle joue. D'autant que l'humour de Moebius est assez lourd.

    jblanc Le 02/11/2007 à 14:55:11

    L'histoire se déroule dans un Japon médiéval dirigé par le Shogun. Il est toujours appétissant de voir les traditions, les mentalités et le mode de vie japonais, surtout lorsque le dessin est à ce point maitrisé et que l'histoire est claire, limpide. Sur un îlot relié à Hondo, la Grande Ile du Japon, un vieillard aveugle rêve de la progéniture mâle qu'il n'a pas encore eu. Sa femme lui a donné trois filles et est morte lors de son troisième accouchement. Son espoir réside donc aujourd'hui dans ses filles mais surtout dans sa concubine qu'il choie au point d'oublier les premières. 3 samouraïs, avant de partir à la guerre, viennent se présenter au vieillard et demandent la main des filles. Chacune fait son choix, et ils s'en vont. Commence un huis clos vénéneux et mortel où la peur qu'aucun ne revienne transforme les trois soeurs en trois ennemies. Alors : qui des trois soeurs et de la concubine donnera au vieillard un héritier membré ? Superbe, agréable, pas étouffant mais quelque peu sanglant, Tako est une réussite.

    jblanc Le 02/11/2007 à 14:50:33
    Air mail - Tome 3 - Palmer special number one

    Troisième et dernier volet des aventures de Babel Man telles que les a contées Micheluzzi. Aventure autonome des autres, comme le veut la loi des séries traditionnelles.
    Le récit à la façon Micheluzzi a un effet extrêmement dynamique dès la première page : la voix off, la plupart du temps celle du héros Babel Man, donne une vitesse exemplaire au récit, avec cette façon très particulière d'énoncer les événements, avec un ton à la fois méticuleux, détaché, et pourtant très impliqué dans les événements relatés. C'est propre à Micheluzzi et à personne d'autre, pas même Pratt dont les monologues ou même les dialogues prennent parfois la valeur d'une voix off.
    L'histoire : Babel Man réchappe de peu à un accident de vol lors d'un concours de vitesse. Il est remarqué par un jeune ingénieur génial qui manque de moyens pour construire son avion révolutionnaire. Babel est aussi remarqué par un puissant industriel du cinéma qui voit dans l'aviation un moyen de réaliser des profits et étendre son empire : il leur donne ainsi les moyens de réaliser leur projet. Mais voilà, chez Micheluzzi les femmes ne sont jamais très loin : là, c'est celle du magnat qui met le feu aux poudres, en ayant une liaison avec l'ingénieur, qui reste trop peu de temps secrète. S'ensuivent quelques marrons, l'intervention d'un concurrent du magnat, une tentative de meurtre, un homicide involontaire, un challenge réussi dans la bravoure et le défi. Micheluzzi démare merveilleusement bien le récit, puis s'enlise un peu car on sent un peu que notre attention se relâche, mais cela ne dure pas. Micheluzzi applique ses recettes classiques avec efficacité.

    jblanc Le 02/11/2007 à 09:56:15

    Le pari fou de l'Association - qui est complètement réussi. D'accord, c'est inégal, mais le résultat est extraordinaire. Le pari est d'abord de faire des histoires sans paroles, compréhensibles de façon universelle. Le pari est ensuite de regrouper des auteurs de tous horizons, sans a priori sur leur nom ou leur CV, par un appel à propositions.
    Le résultat est tout simplement celui-ci : un volume sans équivalent, dont la lecture est épatante, qui propose des pistes nouvelles pour maîtriser le récit en dessin. Oui, c'est inégal, mais c'est une somme, incomparable, et pour longtemps.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:43:39
    Théodore Poussin - Tome 8 - La Maison dans l'île

    Variation sur le thème du rêve de l’aventure. Il s’agit d’abord, dans la vie de Poussin, d’un retour en arrière, en 1929 lorsque Théodore parcourt les mers de l’Indonésie à bord du mangeur d’archipels. Le cadre est posé, le reste, comme la noire prédiction d’un indonésien nommé Confucius sur le quai d’où part Poussin par une nuit de brouillard à couper au couteau, ne sert au fond qu’à permettre au lecteur de décrypter rapidement l’état de rêve dans lequel on va bientôt retrouver Théodore. Celui-ci part donc, rencontre une mouette qu’il baptise Tchékhov et, conformément à la prédiction de Confucius, s’échoue sur une île à la suite d’un terrible ouragan. Sa première rencontre est une ornithologue nommée, précisément, Tchékhov. Les surprises se succèdent dans cette île : personnages étranges, sensation de labyrinthe végétal, d’absurde et de folie, et cette maison qu’il aperçoit toujours à la même distance sans pouvoir l’atteindre... Le Gall nous offre donc ici une variation sur le thème du rêve comme aventure à part entière (ou de l’aventure comme rêve, ce qui revient pour Le Gall à méditer sur ses motivations de conteur d’aventures), mais cette variation est-elle bien nécessaire à la série ? Elle n’est en outre pas véritablement convaincante et, au bout de l’album, on est un peu déçu. Manifestement, Le Gall cherche un second souffle. Après la vallée des roses qui permettait une transition plutôt réussie vers un ailleurs, de nouvelles aventures à la suite du cycle des six premiers albums, il nous sert une nouvelle parenthèse dont on ne saisit pas bien la logique, sinon celle du second souffle reporté et non trouvé.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:42:05
    Théodore Poussin - Tome 7 - La Vallée des roses

    Rosendaël, la Vallée des Roses, est le village où Théodore Poussin passa son enfance, loin des sirènes des navires qui le berçaient à Dunkerque lorsqu’il était plus jeune encore. Le Gall, par un récit simple et intimiste, tente de nous plonger dans l’atmosphère protégée et ingénue de l’enfance, en soulignant néanmoins les occurences de la vie, et en particulier l’arrivée de la Grande Guerre, celle de 14. On ne sait dans quelle mesure Le Gall s’inspire de la vie de son ancêtre qui lui inspira Théodore Poussin. Néanmoins chaque événement nous ramène à cela : dans quelle mesure a-t-il romancé, extrapolé, et dans quelle mesure a-t-il utilisé ce qu’il sait de sa vie... Mais tout cela est en définitive peu important. L’important est que, avec ses couleurs directes, ses voix off, cette ambiance provinciale et discrète, Le Gall réussit en partie ce qu’il cherche : créer une émotion. Enfin, on sent confusément que cet album, qui est une parenthèse dans la série de T.Poussin, nous dit Le Gall, sonne le glas de Théodore tel qu’il fut dans le premier cycle de ses aventures : un “poussin”, un homme sans expérience et balloté au gré des événements.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:40:45
    Théodore Poussin - Tome 6 - Un Passager porté disparu

    Ce sixième tome est le dernier de la série des aventures de Théodore Poussin en Orient. Poussin revient à Dunkerque, mais en faisant escale à Colombo sur l'île de Ceylan, il retrouve par hasard le mystérieux Novembre. Ce dernier lui fait des révélations qui vont le bouleverser. Cet album est particulièrement bon. Le Gall manie un humour discret mais qui colle tout à fait à l'ambiance de l'oeuvre. L'atmosphère est un peu froide, en attente ; Le Gall sait ménager le suspens, mais aussi construire et laisser filer l'histoire avec une maitrise certaine. Admirable.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:38:48
    Théodore Poussin - Tome 2 - Le Mangeur d'Archipels

    Suite des aventures de Théodore Poussin. Le Gall y affine son dessin en même temps que l'on cerne mieux son personnage et son histoire. Certaines scènes (celle du meurtre de Novembre dans le bar) son particulièrement réussies et maitrisées. Pourtant, cet album n'est en définitive qu'une douce transition et introduction pour Marie-Vérité... Le fait que Le Gall soit parvenu malgré tout à ce résultat est très révélateur de ses progrès. Le Gall tient désormais Théodore Poussin d'une main ferme et c'est un véritable plaisir que d'en lire les aventures.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:38:10
    Théodore Poussin - Tome 1 - Capitaine Steene

    Débuts de Théodore Poussin. On le suit de son départ de Dunkerque, où apparaît déjà l'inquiétant M. Novembre, son "destin", à l'Indochine. Récit intéressant, mais pas encore transcendant. Le dessin de Le Gall y est encore très "spirousien" mais peu à peu évolue. Poussin voit le dessin de sa tête s'arrondir au fil des pages (comme au fil des albums) et l'atmosphère inquiétante, parfois oppressante et étouffante, agit sur lui comme modération de son caractère au départ joyeux. Bref, Le Gall définit son personnage au fur et à mesure qu'il définit ses aventures. Poussin finira beaucoup plus inquiet et introverti (mais dans un certain sens serein de par les épreuves que la vie a mises sur ses pas) qu'au début ; en outre, en même temps que le vécu de ce personnage s'épaissit, son physique aussi, signe d'un équilibre qui vient progressivement. Poussin n'est alors plus du tout "spirousien".

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:35:08
    Les exploits de Yoyo - Tome 1 - La Lune Noire

    Yann est le scénariste, cela se sent ; Le Gall est de l’école de Spirou et cela se sent aussi, même s’il prend peu à peu ses distances en se créant un style propre [troublante proximité de traitement du dessin par Le Gall et Conrad]. L’album est très agréable, même raffiné sur le plan graphique. Yoyo est un drôle de noir américain directement importé d’Afrique et ayant gardé en lui un certain nombre de caractéristiques de “non-civilisé”. Il a sous sa garde la petite Eve Grimaldi, 7 ans, petite-fille de son bienfaiteur qui en mourrant lui a légué sa fortune et la surveillance d’Eve. Mais les Grimaldi ont sur eux un terrible joug, une malédiction directement inspirée de Dracula. C’est la malédiction de la Lune Noire qui, tous les 7 ans, tue un Grimaldi. Eve est la dernière et part donc avec Yoyo conjurer la malédiction en Transylvanie, dans les Carpates, d’où viennent ses ancètres et où la malédiction contre la famille fut prononcée. L’humour est noir, l’esprit aussi, les références abondent (Dracula, Baudelaire, etc) et l’ensemble est joliment empaqueté dans un thème de losanges rouges sur fond blanc. On apprécie beaucoup...

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:21:52
    Cowboy Henk - Tome 0 - Maurice le cowboy

    Etrange humour à la fois extrêmement lourd et si lourd qu’il en est efficace. Le gang des offreurs de chevaux n’est pas en lui-même terrifiant, et d’ailleurs rien n’est terrifiant dans cet album si ce n’est l’épaisseur de l’humour. Il s’agit d’un univers de total nonsense que crée Kamagurka, complètement débridé, sans aucune retenue. Bref, si l’intrigue est vide on ne s’en soucie pas et si le dessin est mauvais (quoi que) cela ne fait rien car l’essentiel est ailleurs, dans les enchaînements, les réparties, les dessins qui représentent efficacement l’esprit de l’auteur. En définitive on prend un vrai plaisir à suivre les aventures de ce cow boy niais (quoi de plus niais d’ailleurs que son nom : Maurice le Cow Boy) car les trouvailles abondent. En outre l’appétit est ouvert par les deux strips imprimés sur la quatrième de couverture qui sont un chef d’oeuvre de décalage vers le nonsense. Néanmoins la lourdeur l’emporte lorsque l’on relit plusieurs fois l’album et que l’on est moins surpris par l’histoire.

    jblanc Le 09/09/2007 à 21:16:17
    Jeff Hawke - Tome 5 - Un corps étranger

    Dernier album de Jeff Hawke sorti dans la collection BDVF de Glénat, on peut également le considérer comme le meilleur. Au fil des histoires on se prend d’un véritable intérêt pour des intrigues moins rocambolesques et plus finenement présentées qu’aux débuts de Jeff Hawke. En particulier, on observe un saut qualitatif important lorsque l’on passe à" La grande traversée de l’Atlantique" et ses suivants : le dessin est plus stylisé, moins surchargé d’effets de trames ; il se veut moins réaliste et gagne en lisibilité ce qu’il perd (légèrement) en fascination. En outre, le lettrage devient enfin un vrai lettrage de bande dessinée, effectué à la main, et non plus écrit à la machine. La pâte de la série s’en trouve largement fortifiée (et pourtant, c’est un détail). Enfin, il semble que le ton devient plus badin (presque négligé dans "le moteur qui marchait à l’herbe", mais est-ce un effet de traduction ou le texte original était-il ainsi ?), plus décalé de ce qui est présenté. Les deux personnages diaboliques apparaissent désormais à chaque transition et ajoutent un élément de décalage et de désinvolture pour une bande qui se voulait trop sérieuse malgré son sujet, auparavant. On assiste alors à de très bonnes histoires, en particulier le petit chef d’oeuvre (si, si) "le patrouilleur fantôme" où les auteurs manient extrêmement bien le mystère, le suspens, et même la tendresse. La technologie et l’aspect purement science fiction cessent de l’emporter, ainsi en est-il dans "esprits purs et purs esprits", "une grêve sauvage", etc, pour au contraire presque s’en moquer. D’une bande magnifiant les mystères scientifiques et la science, on est passé à une bande la concevant avec plus de pragmatisme, de recul et presque de défiance, malgré le ton des récits. Cela devient tout bonnement excellent. Un seul regret qui tient à la mauvaise qualité formelle de la collection : on aurait aimé un récapitulatif chronologique des récits de la série pour mieux se repérer.

    jblanc Le 09/09/2007 à 18:49:10
    Zorry Kid - Tome 3 - Tout part en fumée

    Dessins surchargés de références à l’univers spécifique de Jacovitti : saucissons omniprésents, serpents partout, dés et peignes qui jaillissent des personnages lorsqu’ils se prennent une raclée, etc. : cette série, 3e album paru chez Garnault de Zorry Kid, est dans la lignée de Coccobill. On y retrouve le même absurde, peut-être cependant moins virulent, moins foisonnant d’idées. Le fond de l’histoire est une démarque des aventures de Zorro, tournées dans une dérision qui les rend plus qu’étrangères à leur modèle. Le reste se greffe en toute innocence (folie) débridée ; même si les ficelles sont très grosses, les jeux de mots traduits en français tiennent encore la route, et l’épaisseur du trait (scénaristique) fait partie des règles du genre. Il y a de quoi bien rire si l’on passe le cap du graphisme, rendu plus difficile encore par l’absence de couleurs, et donc par l’absence de points saillants qui guident le regard. On est déjà heureux, ici, lorsque les longues moustaches noires de Perfidio apparaissent, et lorsqu’elles sont transformées en poisson par le sorcier Abraca, on souhaite vivement qu’elles reviennent vite.

    jblanc Le 09/09/2007 à 18:36:48
    Blake et Mortimer (Les aventures de) (Historique) - Tome 10 - Les 3 Formules du Prof. Sato - 1ère partie

    Dernier volume complet écrit par Jacobs, cette aventure reprend des trames présentes dans les albums précédents : la présence récurrente d’Olrik, cette fois “homme de main” d’une organisation qui le dépasse mais dont il restera la seule partie visible (le commandant auquel il s’adresse au début reste invisible) ; le détournement de Mortimer dans une affaire qui le dépasse, avec ses multiples poursuites et tentatives d’assassinat ; l’appel à un Blake invisible dans la première partie de l’histoire mais qui va se révéler déterminant pour la suite (cela rappelle un peu la Pyramide), les inventions et l’avant-garde technologique comme prétexte à l’histoire (à moins que l’histoire ne soit que le prétexte à la présentation de ces visions) avec en filigrane l’idée des conséquences positives ou funestes pour l’humanité que ces inventions peuvent avoir, etc. La base est donc une histoire de savants, classe à laquelle appartient Mortimer, dont les inventions extraordinaires sont l’objet d’une récupération par une puissance invisible et secrète dont le dessein ultime est de modifier l’ordre planétaire et millénaire. Derrière ses grandiloquences habituelles, Jacobs parvient à dresser une atmosphère tendue, à couper au couteau, et construire un récit qui se tient et un suspens efficace.

    jblanc Le 09/09/2007 à 18:30:53
    Le rayon U - Tome 1 - Le Rayon "U"

    Il s’agit presque d’un manifeste. Il a en la caricature. Il donne l’impression d’être le résumé d’une histoire, et non l’histoire elle-même ; en ce sens il condense et transcende tous les poncifs du genre - héroïc-fantasy juste né à l’époque, mais récit d’aventure en général, tant un récit de Bob Morane pourrait s’en approcher. Côté graphisme, Jacobs est déjà très maître de lui, malgré quelques imprécisions ; son art des couleurs est fort étonnant pour un premier album. En ce sens aussi il est un manifeste, celui d’une bande dessinée aux dessins recherchés et léchés, d’un académisme rigoureux mais pleinement assimilé. Un académisme si achevé qu’on peut s’interroger sur sa succession : a-t-on trouvé, dans le cadre de cette “école”, un auteur qui dépasse l’art de Jacobs ?
    C’est aussi un manifeste en ce que le rayon “U” contient en germe des inspirations qui serviront au moins à Jacobs et Hergé dans leur carrière ultérieure : le secret de l’Espadon, l’énigme de l’Atlantide, le piège diabolique, et trois ou quatre personnages de la série de Jacobs se laissent déjà deviner (Jacques Laudy apparaît déjà, sous les traits du valeureux Lord Calder, centre de l’histoire, avant de devenir un capitaine Blake un peu plus effacé ; et il existe déjà un professeur barbu, le Pr. Marduk) ; de même, chez Hergé, on sens que le Temple du Soleil s’en inspirera partiellement.
    Coup d’essai, coup de maître, donc, malgré les défauts du genre qui se révèlent ici être une qualité de second degré, pour quelqu’un qui n’a jamais considéré ce métier comme le sien, et encore moins comme un art.
    NB : l’allusion très claire à la recherche d’un uranium (l’uradium) qui changera les relations guerrières, dans un cadre géopolitique à peine esquissé - Mcguffin dérisoire.

    jblanc Le 08/09/2007 à 15:57:32

    Le commentaire d'Yvantilleuil correspond assez bien à ma lecture, à ceci près que pour moi la frontière du mauvais goût est franchie. Je progressais, surpris et intéressé, dans l'ouvrage, puis la succession de l'histoire "Le duei" (qui, certes, contient encore de beaux moments d'humour avec tous ces avaleurs de sabre que les duellistes utilisent pour se réarmer) puis "les deux prostituées" a emporté mon avis : ça sombre dans le malsain.

    Oui, essai OuBaPien ; oui, maîtrise de la narration et du découpage ; oui, décalage parfois réjouissant entre dialogues et action (cf "Stéréoscopie de saloon") ; oui, très original et inventif ; mais malsain.

    jblanc Le 30/08/2007 à 17:40:43

    Recueil de 5 histoires parues dans Fluide Glacial à l'exception de la "préhistoire de la poste". L'humour décalé de Goossens fonctionne en régime de croisière ; les entrées en matières, les développements et les chutes empruntent toujours le même type d'inspiration délirante, auxquels des formulations pseudo-littéraires et des enchaînements pseudo-scientifiques donnent un éclat que l'on ne trouve pas ailleurs dans la BD. Et, comme d'habitude, certaines histoires (ce ne sont pas vraiment des gags) tombent à plat - même si on apprécie finement tous les éléments réunis pour nous faire rire, même si on jubile - et d'autres, comme l'introduction de la "Princesse aux petits poix" ou la digression sur le muscle du mollet dans "Adieu mélancolie", font rire aux éclats.

    jblanc Le 08/05/2007 à 17:19:36

    Gros ouvrage (recueille deux albums parus précédemment, les aventures d’Al Crane et le retour d’Al Crane) d’humour à froid ; la plupart du temps très jubilatoire, parfois même éclatant. Il s’agit d’une parodie de western en courts épisodes d’envion 8 pages. Al Crane est un gars un peu rustaud, sans doute pas très alphabète, qui traîne sa carcasse à la Clint Eastwood dans les villes de l’Ouest sauvage. Ses aventures sont l’occasion non pas d’assister à des duels en veux-tu, en voilà, mais d’assister à des morceaux de nonsense grinçant. Au fond, il se laisse balloter par les aventures, Al Crane, et sa réputation de dur à cuire n’est peut-être que du vent (cf “le retour d’Al Crane”). En tout cas il ne s’en laisse pas compter par les noirs, les indiens, les mexs et même les femmes - mais sur un autre plan. Bref : c’est du bon, et le dessin précis d’Alexis colle assez bien à ce genre d’humour.

    jblanc Le 08/05/2007 à 17:17:49
    Indiana Jones (Bagheera) - Tome 1 - Le secret de la pyramide

    Pitoyable essai de sérialisation autonome d'Indiana Jones.
    Cela emprunte à Indiana Jones, à Blake et Mortimer (que de références - lancées en guise d'hommage, mais ô combien palots - au Mystère de la Grande Pyramide), au récit d'aventure égyptologique en général, mais sans parvenir à s'arracher de lieux communs éculés et d'un scénario mille fois vu.
    Pire encore : est-ce possible ? Indiana Jones (le personnage, le récit, l'environnement) est plus aseptisé encore que le film... Etrange d'ailleurs que cela apparaisse chez Baggheera, qui a produit des séries bien plus osées.

    jblanc Le 08/05/2007 à 17:16:34
    Pat'Apouf détective - Tome 1 - Le secret de l'urne zapotèque

    Seul album de Pat'Apouf réalisé par Jean Ache, c'est aussi le seul album de ce détective à être abordable (et trouvable). L'intrigue en est le vol par une bande de malfaiteurs d'une série d'objets d'art précolombien, en l'occurence d'urnes zapothèques. Pour aider un ami dans la détresse à la suite du vol d'une de ces urnes, Pat'Apouf plonge dans cette affaire. On ne peut pas dire que ce soit un album formidable, d'autant que le dessin est parfois maladroit, mais il reste agréable à lire (et assez dense). A noter les trombines impayables des méchants chez Jean Ache. A noter aussi une évolution dans le graphisme et même dans le ton des Pat'Apouf de Jean Ache : cet album possède un ton plutôt léger, il n'est pas rare d'y voir Pat'Apouf arborer un rictus moqueur ou ironique, et d'être plein d'entrain. Les Pat'Apouf des années 1985 environ sont beaucoup plus sombres, pesants, si ce n'est ternes. Pat'Apouf y paraît toujours soucieux. Reflet du vieillissement de l'auteur ?

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:15:27
    Freddy Lombard - Tome 5 - F-52

    Retour de Freddy Lombard dans les années cinquante fantasmées de l’avant - vacances à Budapest. Un nouvel avion, révolutionnaire (on le subodore) et rapide, va effectuer son premier vol public du Bourget à Melbourne : il s’agit du F-52. Parmi le personnel d’accompagnement figurent Freddy, Sweep et Dina. A peine décollé, on s’aperçoit de la présence d’un espion Russe ; mais à cette première intrigue, à vrai dire plus un détournement du sujet qu’autre chose, se noue une seconde, plus profonde et plus émouvante : une petite fille est - comment dire ? - accaparée par un couple aigri par le handicap de leur propre fille (elle est mongolienne). Cette petite aventure donne lieu à quelques épisodes au sein du F-52 en plein vol ; nos trois héros en prennent chacun beaucoup dans la cafetière. Le ton de l’album est simple, rectiligne, presque trop car on croit y deviner un peu de vide. De fait, il se lit plus vite que Budapest et est dépourvu de la véritable “possession” qui caractérisait Carthage. Néanmoins, même si la chute est trop rapide après une histoire lentement démarrée, les dernières pages sont assez haletantes et le résultat relativement réussi. C’est le dernier album de Chaland qui mourra peu après (1990). Il ne comporte pas de mention d’album en préparation.

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:13:55
    Freddy Lombard - Tome 4 - Vacances à Budapest

    C’est je crois le premier album de Freddy Lombard qui entre de directement dans l’histoire ; les années cinquante sont précisées : on est cette fois en 1956 et l’insurrection de Budapest approche. Le trio, en vadrouille en Italie, est au contact d’un jeune hongrois de 14 (?) ans momentanément expatrié et qui ne souhaite que revenir au pays pour lutter pour la liberté. Dina lui donne des cours de latin, mais un jour, après un accroc avec sa tante qui le garde ici, il s’enfuit en Hongrie... en compagnie de Sweep et Freddy qui plantent là sans rien dire Dina. L’idéaliste jeune homme va se trouver confronté aux couardises de Sweep, à l’inconscience de Freddy et l’incompréhension de son oncle, à Budapest, qui refuse de le garder en Hongrie. Eclate l’insurrection et ce fils de riche s’opposera à nouveau à son oncle qui restera favorable à la cause pro-soviétique. Album différent des autres par ce fort contenu historique. Il permet à Chaland de s’exprimer à nouveau sur des tons de cynisme, d’humour à froid, de décalage. Le drame est relaté sans que cela soit pesant et les relations entre les trois héros sont un peu plus approfondies (bien que toujours déconcertantes). A noter que Freddy s’est coupé sa houppe à la Tintin, et que la couverture annonce en préparation la parabole de la soucoupe, qui paraîtra sous le titre F52.

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:12:40
    Freddy Lombard - Tome 3 - La comète de Carthage

    Véritable chef d’oeuvre, tout en ambiance, magnifiée par les couleurs. Difficile d’en parler, ou de résumer. Mais cet album se savoure comme un grand vin. Chaque instant est magique, et peut se voir de plusieurs façons. Cet album est habité de folie.

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:12:01
    Freddy Lombard - Tome 2 - Le cimetière des éléphants

    Se compose de deux histoires tout à fait réjouissantes tant l’univers et la maitrise de Chaland sont excellents.Le trio est intéressant, chacun ayant un caractère qui paraît nécessaire à l’ensemble.Leur statut est ambigû. Il semble qu’ils soient tous trois cousins ou de la même famille car leurs revenus proviennent d’un individu qu’ils nomment l’oncle Isidore. Pourtant les relations avec Dina sont troublantes. La tête du trio est évidemment Freddy, au caractère affirmé, un peu rêveur et parfois irresponsable : nous dirons qu’il est lunatique ; Sweep dynamise en douceur la bande par son mauvais caractère et son ironie, tandis que Dina apporte une dimension de charme et presque d’érotisme fort bienvenue. Le tout est léger mais sait être grave. Si l’on voyage dans une Afrique d’opérette dans le premier épisode, on ne s’y sent pas moins comme un poisson dans l’eau. Les noirs caricaturés à la Spirou époque Franquin sont délicieux ; on vogue mine de rien en plein délire sans en être incommodé du tout. Chaland sait nous présenter un univers cohérent, une sorte d’années 50 fantasmées, dans un style belge mais dans un décor parisien.

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:10:39
    Freddy Lombard - Tome 1 - Le testament de Godefroid de Bouillon

    Album que j'aurais tendance à considérer comme mythique, de même que le cimetière des éléphants (non pas celui de Chaland mais celui de la mémoire commune) est mythique.
    A l'usage, cette première aventure éditée de Freddy Lombard se révèle déroutante, même pour un lecteur qui a passé outre la chronologie et a lu tous les autres albums auparavant.
    Déroutant car l'histoire est en réalité faite pour dérouter le lecteur, lui enlever ses points de repères habituels qu'il possède des intrigues historiques ou policières dans la bande dessinée. Chaland déconstruit son récit pour mieux nous montrer les limites du récit classique, sans doute aussi pour lui rendre hommage, c'est dans sa manière, toute inscrite dans le dessin.
    L'intrigue, donc, est un McGuffin invisible, rêvé, fantasmé, à peine inscrit sur un parchemin (a-t-il une réalité, celui-ci, ou n'est-il qu'une imagination du noble déchu ?) : un fabuleux trésor qu'aurait caché Godefroy de Bouillon avant de partir en croisade, où il mourut.
    Freddy Lombard et ses deux acolytes (trio tout à fait hors des normes de la BD classique : Lombard n'est pas spécialement invisible mais il possède certains attributs des faire-valoir habituels ; Sweep, coléreux, est plus classique mais possède certains côtés d'un héros principal ; Dina n'est pas l'ingénue écervelée que l'on pourrait s'attendre à trouver, mais constitue au contraire l'élément modérateur, réellement féminin, du trio, à la différence d'autres bandes où la femme est soit absente car "l'aventure est celle des hommes", soit belle et stupide, belle cruche en somme). Freddy Lombard et ses deux acolytes, donc, se rendent à Sedan dans une vieille aronde qui les lâche avant l'arrivée. Ils font donc un détour par le village qui se dresse tout près : Bouillon. Ils y rencontrent un noble déchu et alcoolique qui rêve de récupérer le trésor de son ancètre, mais qui rêve surtout d'aventure malgré sa poltronerie. Le récit de ce trésor fait rêver Freddy toute la nuit ; ce rêve est l'essentiel de l'album, il est donc complètement irréel. Le lendemain, ils engagent une chasse au trésor qui les mène à une cave à vin.
    Voilà donc la réalité de l'intrigue : du vent, des paroles, de l'imagination, du fantasme. Mais Chaland mêle à cela deux éléments qui déroutent plus encore le lecteur : un meurtre et une mystérieuse ombre moyennâgeuse qui les sauve du cachot...
    On est donc bien, finalement, dans un album de Chaland, où les apparences ne sont pas de mise, où elles ne sont là que pour tromper le lecteur. Jeu de piste plus intéressant que cette vaine chasse au trésor à laquelle nous convient beaucoup trop de bandes dessinées du premier degré !

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:04:24

    Album tout en décalage, en humour à froid, pince-sans-rire. Il est à la fois très sérieux et désopilant, il se lit à plusieurs niveaux. Il se présente comme la critique très inspirée et admirative d’une certaine bande dessinée belge cultivant un certain pompiérisme naïf. Chaland démonte ce monde en présentant le sien, à première vue similaire, au moins graphiquement et dans les bases premières, pour le pervertir. Alors que la bande dessinée belge classique repose sur une lutte sans cesse magnifiée entre le bien et le mal, celle-ci, qui a priori en est la fille, s’en décale absolument. En définitive, monde réel et monde fantasmé décrit dans la littérature se confondent (le héros de comics existe réellement), et, de même, bien et mal s’entremèlent. Un père tue son fils ; le héros dont les comics encensent le courage et l’honnêteté sans faille se laisse soudoyer sans remords et presque par habitude ; un enfant fait le mal en voulant faire le bien, etc. La mort est crue et directe, et non pas sous-entendue et cachée comme dans les classiques belges. Et au fond, Chaland, en voulant renouveler par l’absurde le genre, lui rend un savant et subtil hommage.

    jblanc Le 08/05/2007 à 15:02:20

    Recueil de quelques aventures d’Albert, pour la plupart en une page de format à l’italienne, soit une demi-page normale. C’est court, et cela permet à Chaland de faire montre de son esprit très incisif, presque cynique. Albert est un sale gosse - mais est-ce un gosse ? - affublé d’un pote grand et effilé qui subit très souvent son mauvais caractère. Il écrit avec beaucoup de fautes mais son esprit recherche sans cesse, avec une philosophie certaine, des explications à tout. Il est cruel, désabusé ; c’est une loupe intéressante pour voir le monde. C’est du grand art, mais faut-il encore répéter que Chaland faisait du très bon ? Se lit très bien, avec un plaisir constant, jonché de rires francs et de sourires jubilatoires. Quelques références, dans ces aventures, à d’autres déjà écrites par Chaland : référence aux Morantins (cf Bob Fish), dont la nature fasciste est ici affirmée, et référence à Godefroi de Bouillon. Le tout se déroule toujours dans cette Belgique fantasmée des années 50, avec le goût désuet des cours d’école, du temps gris, etc.

    jblanc Le 20/04/2007 à 14:27:11

    Récit à tiroirs ? à clés ? La pierre, le singe, la poursuite : la contrainte de la vie en société qui bloque la volupté.

    jblanc Le 02/09/2006 à 09:42:11
    Tot

    Plusieurs histoires très courtes, dans le style carte à gratter (on retrouve ça aujourd'hui chez Thomas Ott, un nom qui pourrait tout à fait apparaître dans les personnages de ce livre), et dans l'ambiance punk apocalyptique de la fin des années 70 / début des années 80. C'est très décalé, parfois en roue libre, parfois jubilatoire. C'est Caro d'avant la rencontre avec Jeunet : intéressant pour la suite, pas inoubliable. Pour amateurs éclairés uniquement !