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Les avis de - LEAUTAUD

Visualiser les 8 avis postés dans la bedetheque
    LEAUTAUD Le 18/04/2024 à 17:35:17

    Cette version en bande dessinée des célèbres nouvelles d'Oscar Wilde (parues en 1887) s'inscrit dans une longue série d'adaptations dont quelques films, pièces de théâtre et radiophonique, albums, etc... Ces récits de la fin du XIXè sont toujours lus et étudiés, la déclinaison de leurs thèmes victoriens et gothiques, sublimés par l'ironie de Wilde, sont validés dans la durée comme repères culturels universels : aucun dépaysement à les lire encore aujourd'hui car on en reconnait les archétypes.

    Rodolphe sert de près le texte original mais y apporte sa patte de scénariste éprouvé et dialoguiste d'expérience. Il a su préserver toute la saveur humoristique et critique d'Oscar Wilde, se permettant tout de même d'infléchir la conclusion du crime de Lord Savil sans en dénaturer la finalité : le Lord reste menacé par l'ombre de son crime, commis au nom d'une morale victorienne et d'un cynisme de classe qui affûtent le piquant de la plume de Wilde (dont on retrouvera, entre autres, la trace dans l'inoubliable film "Noblesse oblige", sur ce registre des travers de l'aristocratie anglaise moquée avec ce merveilleux humour british)
    Son découpage en séquences dynamiques rythme les mésaventures du Fantôme de Canterville et le pragmatisme imperturbable de la famille américaine qui occupe le château en inversant les rôles et en démoralisant le pauvre fantôme, pour lui offrir au final une mort bienvenue ...
    Le dessin expressif de Marcelé restitue la beauté et la bonté de la jeune femme qui apportera la paix au spectre !
    Si la joliesse des traits de Virginia possède cette douceur c'est en contraste avec la grisaille ambiante : ce choix graphique de Marcelé accroît l'étrangeté des récits, chacune de ses cases est nimbée de gris pulvérisé comme un nuage menaçant décors et personnages, présent dans les deux nouvelles, le château hanté comme le Londres victorien.
    Cette maîtrise des dégradés de noir sur un blanc contaminé hisse l'adaptation en images au diapason de cette haute littérature classique, un traitement chromatique original appartenant sans contestation à cet univers réaliste et fantastique. Les codes de la bande dessinée sont ici bien présents, onomatopées incluses, avec ce point d'orgue de la page de fin, une composition pleine page où l'action s'éloigne en ligne de fuite alors qu'à l'avant-plan les auteurs réassignent au lecteur sa véritable place, celle du spectateur. Une réussite !
    Jean-François DOUVRY

    LEAUTAUD Le 10/10/2023 à 10:19:37

    Sean l'irlandais catholique doit la vie à un damné british d'anglican, lors du sanglant débarquement des Dardanelles en 1915. Démobilisé et pacifiste il retourne à sa ferme sur cette terre irlandaise où s'affrontent l'IRA et les "Black and Tans", mercenaires anglais à l'âme "noire" et adeptes du carnage tels des "fauves".
    Embuscades meurtrières, exécutions et massacres se succèdent, sur fond de vengeance et de lutte pour l'indépendance.
    Il y a un double enjeu dans ce récit : le pacifiste Sean reprendra-t-il les armes ? le membre qui trahit leur commando de l'IRA sera-t-il démasqué ?
    Cette problématique du traitre rappelle la scène finale du film "Il était une fois la Révolution" , et surtout "Mon traitre", le roman de Sorj Chalandon (adapté en BD par Alary). Ici, le scénariste Schneckenburger ajoute aux crimes et châtiments une alternative cornélienne : le héros, Sean, tuera t-il celui qui lui avait sauvé la vie ? (pour ne pas divulgacher je précise que ce dernier n'est pas le traitre)
    Le récit avance sur fond de verte Erin avec toutes les nuances du vert (très bon rendu des couleurs), le dessin réaliste de Peultier parvenant, avec ses minces détourages, à fondre les personnages dans le décor, qui font littéralement corps avec cette nature irlandaise faites de landes et rochers. Cette trilogie minérale, animale (les hommes) et végétale offre un cadre puissant à cette tragédie.

    LEAUTAUD Le 14/06/2022 à 10:56:01

    Il fallait ce dessin onirique de Marcelé pour illustrer cet énigmatique récit de Rodolphe.
    La prédominance des gris, des noirs dégradés, accentuent la dimension métaphysique de cette histoire de SF en apparence classique : un vaisseau spatial se crashe sur une planète inconnue aux habitants mystérieux ...
    Le trio de rescapés va passer dans un autre monde, et cette rupture est soulignée à deux reprises par une page entièrement noire. Ce procédé reste une audace qui nourrit intensément l'imagination du lecteur : ce noir symbolise -t'il un temps d'inconscience, un oubli, une menace ?
    Si les survivants du crash disparaissent sans explication serait-ce parce qu'ils sont déjà morts ? L'impossible rencontre avec les habitants de la planète a t-elle pour origine leur religion mormone, et leur croyance en un monde d'esprits post-terrestres ?
    Au-delà des péripéties de cette aventure nous sommes bien ici en présence d'une interrogation intemporelle qui m'a rappelé celle du "Madrapour" de Robert Merle.
    Ce domaine du récit post-mortem est présent dans la littérature, le cinéma, et la bande dessinée ( comment oublier les troublants "Contes démoniaques" d'Aristophane ?). L'album de Marcelé et Rodolphe prend toute sa place dans ce registre, avec de belles réussites graphiques comme ce visage extatique de Shirley qui exprime la jouissance féminine (une scène torride traitée avec pudeur, c'est rare).
    Une planche à clé montrant un vol d'oiseaux blancs sur fond noir et noirs sur fond blanc nous ouvre sur le délitement de la conscience, qui est un des ressorts du récit ... il existe donc une double lecture, voire une invitation à une re-lecture parvenu à la planche finale : les auteurs y livrent une explication, sans fermer les autres pistes menant vers l'inéluctable fin.
    Jean-François Douvry

    LEAUTAUD Le 21/03/2022 à 17:48:54

    J'ai lu "Elise" il y a quelques temps et cet album a réveillé dans ma mémoire une époque déjà lointaine qui s'est soudain mise à revivre.
    D'emblée, j'ai été frappé par la modestie de Dominique Grange, qui, bien que le récit soit autobiographique, ne la met en avant qu'accompagnant les soubresauts militants de la période dans lesquels elle se fond : et c'est exactement la bonne distance pour rendre compte de cet ample mouvement de révolte par rapport auquel nous avons du nous positionner.
    La guerre d'Algérie et ses horreurs furent une matrice majeure du rejet de cette société gaulliste qui avait succédé à la non moins calamiteuse 4ème République, ces évènements déclencheurs sont bien restitués, avec l'apport évocateur des compositions de Tardi (ça "sonne" juste à mes yeux).
    La répression sanglante de la manif du FLN en octobre 61 est largement documentée sur plusieurs pages poignantes. Reste qu'à l'époque c'est surtout Charonne et ses suites qui avait tenu le devant de la scène politique et médiatique (l'enterrement des 9 victimes fut une des plus grosses manifestations de toute l'histoire du pays) : le choix de Dominique Grange de privilégier la manifestation algérienne réprimée sauvagement est décalée par rapport à la réalité de 1961 et sa perception, mais bien compréhensible car depuis l'importance historique des exactions d'octobre 61 a été étudiée et réévaluée.
    Toutes les étapes du mouvement d'opposition au régime sont vues au prisme de l'extrême-gauche maoïste mais toujours dans
    un contexte restitué avec précision. Nous suivons les engagements successifs de Dominique Grange avec un clair exposé des motifs qui nous la montre abandonnant une prometteuse carrière de chanteuse et comédienne pour ses combats engagés (jusqu'à "s'établir" en usine !).
    Personnellement j'ai été touché par les évocations du Centenaire de la Commune fêté à Paris, et par l'enterrement de Pierre Overney, des temps forts que je ne suis pas prêt d'oublier pour y avoir participé. Et un demi-siècle plus tard je trouve remarquable le refus constant de l'injustice qui anime toujours Dominique Grange.
    Ce récit sincère, dynamiquement imagé par Tardi (et ce n'était pas acquis d'avance au vu de la complexité du sujet) peut être lu avec profit par toutes les générations, il est le bienvenu dans la foireuse période actuelle, non tant comme modèle à suivre que comme confirmation qu'une révolte est toujours possible quelle que soit sa condition d'origine et les contraintes de tous ordres.
    Une aventure individuelle, certes, mais bien inscrite dans un mouvement solidaire, dont les acteurs peuvent être minoritaires (comme l'est la trajectoire militante de Dominique Grange qui s'achève dans la clandestinité)
    Il est réjouissant que ce parcours ai débouché, entre autres activités, sur ... la bande dessinée (traductrice et rédactrice), qui fut aussi un vecteur culturel de la révolte de ces chaudes années.
    C'était notre monde, merci aux auteurs de l'avoir fait revivre avec cette énergie mêlée d'émotions.
    Jean-François Douvry

    LEAUTAUD Le 04/04/2021 à 13:58:41

    Scotto nous invite ici dans une bande dessinée animalière aux interrogations philosophico-humoristiques, avec clins d'oeil à F'murr et au Covid !
    Ce genre est lié à l'histoire du neuvième Art depuis Krazy Cat et Pogo, pour ne citer que deux classiques. Scotto nous livre sa version avec une santé graphique et un brio certain dans ses dialogues.
    Renar le curieux et Blerô le bellâtre se chamaillent et baguenaudent en devisant, comme chez ce bon La Fontaine, y ajoutant quelques calembours de bon aloi, et des déclinaisons sur le racisme, la séduction, l'altérité, etc...les décors bucoliques servant de repères narratifs, habillés de chaudes couleurs.
    Chemin faisant, nos deux héros rejoignent le petit Panthéon des Chlorophylle, Snoopy et autre Lapinot, en exposant leurs avanies et aventures de tous poils.
    On se surprend, entre deux rires, à envier l'existence ludique et innocemment cruelle du duo.

    LEAUTAUD Le 03/03/2021 à 12:27:16

    On connaissait la vitrine de E.P. Jacobs dans sa maison du Bois des Pauvres, présentant quelques objets en 3D issus de sa série Blake et Mortimer. Mais qui savait que Sergio Toppi, auteur de tant de récits militaro-historiques, avait réalisé de ses propres mains des dizaines de figurines de guerriers à travers les âges et les civilisations ?
    Ce magnifique album au dos toilé rend justice à cette passion qui accompagna toute sa vie Toppi (qui utilise parfois la pâte à modeler de nos enfances).
    Toutes les époques sont représentées, avec une prédilection pour le Japon et les samouraïs. Mais les chevaliers teutoniques ne sont pas oubliés, en fait ils sont tous là si l'on excepte ceux de l'épopée napoléonienne et la Légion Etrangère.
    Ce sont de belles statuettes dont Toppi restitue l'aspect usagé du temps qui a passé, et privilégie le réalisme des plis et des imperfections : Sergio Leone plutôt que Hollywood !
    La minutie de la reconstitution, la variété des matériaux utilisés et l'authenticité des armes et uniformes n'étonneront pas le lecteur des récits de Sergio Toppi mettant en scène la figure du guerrier comme référent d'une humanité fascinante et tragique.
    Jean-François Douvry

    LEAUTAUD Le 03/03/2021 à 12:07:37

    L'album s'ouvre sur "Les choses cachées" un récit sur l'irrépressible instinct de tuer chez l'humain, mais ici la victime est un sanglier, et le meurtre n'est qu'une partie de chasse. Banalité du mal, donc, et tout le tragique de l'effroi de la mort dans l'oeil du sanglier cerné par ses bourreaux saisis dans leurs paisibles travaux quotidiens.
    Mais bourreaux !
    Le récit suivant, "Le manteau de Saint Martin" offre quelques belles gueules d'assassins et de soudards pratiquant une autre traque : la chasse à l'homme !
    Mais c'est avec "Fable de Toscane" que l'album expose plus longuement cette thématique existentielle. Le savetier de La Fontaine est ici menuisier, et l'iniquité de l'impôt des puissants le mène à une évasion spectaculaire dans le temps, avec une fin ouverte sur tous les possibles, et une morale à usage du lecteur ému.
    Ce récit se décline en découpages classiques, une rupture avec les éclatements centrifuges habituels chez Toppi, et qui font danser la page : c'est qu'ici la fable est paisible et la narration chemine tranquillement au rythme de la vie bien réglée de ce héros, simple artisan. Une fable sur le temps comme échappatoire, un récit sur les bienfaits de la mort douce alors que l'injustice perdure pour les vivants.
    Le récit suivant montre en gros plans successifs la peur qui saisit un village où rôde un incendiaire inconnu, mais que tous les villageois connaissent...
    Quant au dernier chapitre, c'est une variation héroïque sur la Geste de Roland le preux, qui se termine en farce. Une chute qui cueille le lecteur à froid car jusqu'à la dernière page il baignait dans la chaleur des compositions hardies de Sergio Toppi, saturées du cliquetis des épées et des armures, portées par le tragique et le fantastique...avant que l'illusion disparaisse brutalement !
    Jean-François Douvry

    LEAUTAUD Le 19/12/2020 à 12:19:58
    Tintin - Divers - Tome 3 - Hergé, Tintin et les Américains

    Exceptionnel ouvrage réunissant tous les documents qui ont concouru à la vision de l'Amérique par Hergé, depuis les films muets, la vie scoute, ses rencontres et ses deux voyages aux USA.
    Ce large panorama intègre toutes les créations de Hergé ayant trait à l'Amérique, et elles sont nombreuses tout au long de sa vie !
    L'édition néerlandaise dans Het Laastst Nieuws de Tintin en Amérique est proposée en français, le traducteur Patrick Vandersleyen transposant les textes calibrés dans les surfaces modifiées des phylactères de la version hollandaise: un travail d'orfèvre !
    D'incroyables ébauches de scénarios crayonnés et sommairement découpés sont exposés "dans leur jus", qui auraient pu mener Tintin chez les Peaux-Rouges. Plus généralement, le livre fourmille d'anecdotes inédites, dont plusieurs lettres de voyage dans lesquelles Hergé révèle son intérêt pour la nation Sioux, ses rencontres avec les dessinateurs américains et Andy Warhol.
    Philippe Goddin, dans la lignée de ses ouvrages précédents sur l'oeuvre, comble l'amateur par la qualité de ses analyses pertinentes : il a eu cette chance d'avoir connu Hergé, et sait en partager sa connaissance étendue.
    Jean-François Douvry