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Les avis de - Bolt

Visualiser les 11 avis postés dans la bedetheque
    Bolt Le 19/03/2024 à 15:59:34

    Future est une anthologie des 10 numéros que Tommi Musturi a au préalable publiés en auto-édition, en format fascicule comics. Explosion de couleurs quand l'objet est en main, explosion graphique quand on le feuillette, le bouquin est une collection de petites capsules très pulp de quelques pages ou en format strips qui se feuilletonnent d'un numéro à l'autre, se répondent et s'autoréférencent.
    Présenté pêle-mêle l'oisiveté d'une bourgeoisie high-tech, une téléréalité grandguignolesque peuplée d'individus augmentés, un survival sur fond de la férocité du formatage culturel, une IA hautaine qui répond dans le traditionnel courrier des lecteurs à la fin de chaque fascicule, références multiples entre autres au pulp SF / fantasy / horreur, etc... Le tout enrichi d'un propos politique dont la frontalité et le manque de finesse peuvent agacer plus d'un.
    Un laboratoire d'expérimentations, pas dans le sens "recherche de nouvelles formes de BD" mais plus dans la juxtaposition et la succession d'esthétiques, de mises en page, de points de vue, de narratifs...
    Un bouquin plein d'asperités mais d'une grande générosité, et dans le genre "alternatif qui tache" un incontournable de ce début d'année.

    Bolt Le 11/03/2024 à 21:14:47

    Traversant une période délicate, commencer It's Lonely at the Centre of the Earth de Zoe Thorogood il y a quelques semaines n'était pas la meilleure des idées. Beaucoup d'éléments sont entrés en résonance, m'ont perturbé dans ma lecture et m'ont forcé à m'arrêter à plusieurs reprises. A froid, le bouquin peut se voir comme une longue litanie, avec peu de perspectives à l'horizon. Et à ce titre, il peut souffrir de comparaison avec ce qui existe en BD autobiographique. Je pense particulièrement au formidable Journal de Fabrice Neaud, remis en lumière récemment par sa réédition et sa suite inédite, où dans ce dernier sont dressés des constats systémiques sur la vie d'un jeune gay en province qui subit l'hétéronormativité ambiant dans les années 90, en conjonction avec la précarité et la misère sexuelle que vivait l'auteur.

    Ici, Zoe Thorogood n'appose aucun contexte particulier, et n'avait sans doute pas la prétention d'aller plus loin, le sujet reste la prison de sa maladie mentale. Son prisme. Celui par lequel fuse de saisissantes fulgurances graphiques, qu'elles soient réalistes, éclatées, esquissées ou grotesques, pour raconter un monde intérieur fait d'une immense détresse, de lâchetés et de haine de soi.

    Thorogood anthropomorphise une partie de son entourage, et personnifie quelques facettes d'elle-même, ainsi que la maladie elle-même, un mélange du sans-visage des Voyages de Chihiro et autre chose sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt. Il est forcément d'un noir qui absorbe toute lumière, l'abîme qui cache le monde extérieur que Zoe peine retrouver. Cette porte vers l'extérieur qui est peut-être le seul enjeu que les lecteur.ice.s auront à se mettre sous la dent. Ce qui est dans l'air du temps dans un pan de la littérature actuelle (fictions, livres de bien-être, etc...), déployant une mécanique de l'épanouissement de soi.

    Ne serait-ce que certaines compositions de pages, le bouquin a le mérite d'exister, et je ne doute pas qu'il va faire sa petite place dans les sensations du début d'année. Quand à savoir si je le considère comme quelque chose de marquant, ou comme un livre-pansement qui va se perdre dans l'oubli au milieu des autres autobio-dépressives...

    Bolt Le 25/09/2023 à 22:59:13

    Glen retrouve son pote au bar, tout pressé de raconter son dernier plan cul : alors qu'il rentrait d'un mariage sous une pluie torrentielle, deux pneus de sa voiture crèvent sur une route isolée. Il trouvera l'hospitalité chez Arthur et son épouse Cyndi. Arthur est aux petits soins avec Glen. Affable également, il se raconte volontiers, embarrassant tour à tour sa femme et son hôte. Puis la nuit avançant, la conversation prend une tournure inattendue : Arthur propose à Glen de partager le lit conjugal avec Cyndi...

    Si le premier chapitre laisse à penser que le bouquin va être une variation érotique de Misery, la suite surprend par la direction choisie. C'est que Conor Stechschulte, qui a travaillé pendant presque dix ans dessus en marge de ses boulots alimentaires, a repensé plus d'une fois son histoire en cours de route. D'abord publié en quatre parties de 2014 à 2021 sous le nom de "Generous Bosom", puis repris dans un volume unique édité par Fantagraphics en 2022 (adaptation française chez Cambourakis), Ultrasons traite de l'identité et de la mémoire... Et c'est peut-être déjà trop en dire, même si le bouquin n'est pas avare en twists. Une des clés se trouvera dans la palette de couleurs minimaliste, qui habille le graphisme rugueux Stechschulte, le tout tenu dans un gaufrier. Cette palette révèle patiemment les ressorts de l'histoire... à moins que...

    Et c'est une des idées du bouquin, du moins à mi-chemin : instiller le doute. Un thriller multipliant faux-semblants, allers-retours et mystères, et qui appelle forcément une relecture.

    Bolt Le 07/09/2023 à 00:24:01

    Que de chemin parcouru depuis Doggybags, The Grocery, puis le plebiscité P.T.S.D. avec lequel Guillaume Singelin s'est affirmé comme un auteur complet, il n'était qu'une question de temps avant qu'il aborde la science-fiction. Frontier est une nouvelle pierre à une oeuvre patiemment et solidement construite.

    A l'instar de P.T.S.D. et de sa participation aux Midnight Tales, les personnages féminins mènent le récit. En particulier Ji-soo, la scientifique rêveuse spoliée par son entreprise. Elle sera amenée à rencontrer Alex, humain né dans l'espace qui n'a jamais connu la Terre, et qui décide de sauver un jeune singe cobaye, et enfin Camina, mercenaire ayant perdu un bras, pour qui c'était peut-être la mission de trop.

    Récit de prise de conscience, récit de rupture, récit de renaissance, Frontier est une grande fresque qui prend le temps de développer son propos (exploitation de ressources à outrance, aliénation dans le monde de l'entreprise, trouver sa place...) et ses personnages.

    D'ailleurs ceux-là sont caricaturés avec une tête proéminente et des membres minuscules et vaguement définis, façon "chibi". Le parti-pris esthétique est osé, mais il donne du cachet au melting pot graphique inspiré des comics et mangas, propre aux auteurs du label 619. De plus Guillaume Singelin profite du grand format pour multiplier les cases, les décors, les palettes de couleurs selon le lieu. Son art déborde de générosité, et c'est bien un des maitres-mots de cette BD : "généreux".

    Bolt Le 27/07/2023 à 22:34:35

    Ce qui frappe en premier, c'est l'ambiance dépeinte dans les 2/3 du bouquin : un ciel bleu blafard, une ville anonyme en constante mutation, les murs défoncés par les tags, rues, appart's et terrains vagues en dépotoir, les odeurs d'alcool et de cigarettes qui montent au nez... bref, un quotidien bloqué dans la grisaille de la fin des années 80. Une évocation lointaine d'un possible conflit nous rappelle que nous sommes en ex-Yougoslavie.

    Miroslav Sekulic-Struja aime bien pousser jusqu'à l'absurde la crasse et la surpopulation, ça grouille à chaque case. Ca pourrait sonner comme du Kusturica en plus anarcho-punk.

    Dans ce vacarme arrive Petar. Il vient de terminer son service, accompagné de Bobo et Francesco. Les trois décident de tracer chacun leur route. Et du côté de Petar, ça sera une longue série d'écrits sur des bouts de papier, de déménagements, de poisse et de rencontres excentriques à la lisière d'un "dehors" fait de petits boulots et d'un "souterrain" alternatif peuplé de fêtards, d'anciens camarades d'université, d'artistes désœuvrés. Il a beau être entouré, l'écrivain reste taciturne voire triste. La danseuse Liza entend parler de lui, le croise une, deux fois, mais peine à mettre un visage sur le personnage. Ca sera au détour d'un énième boulot alimentaire que les deux se mettent à converser... et tout le reste est comme une évidence. Un peu trop même car même si les couleurs gagnent en vivacité autour de lui, Petar reste hanté par son univers intérieur. Est-ce que Liza arrivera à le tirer de là ?

    Une très belle BD, poétique à souhait, émouvante. Un des grands albums de 2022.

    Bolt Le 16/07/2023 à 21:03:32

    Depuis qu'il a validé ses passages chez les Big Two Marvel (Beta Ray Bill: Agent Star) et DC (Wonder Woman: Dead Earth), Daniel Warren Johnson est revenu au creator owned chez Image (et en VF chez Urban) avec un nouveau projet en tête : faire un comic book sur son intérêt grandissant pour le catch. Pour ce faire, il remixe quelques ingrédients de son jouissif Murder Falcon : un côté très premier degré (certes moins humoristique), un investissement dans le folklore, un rythme de folie, des scènes punchy en cascade... Et un script qui fleure bon les séries B des années 80.

    Espérant suivre la carrière de Yua, sa mère décédé après un match, la jeune Lona Steelrose fait tout pour rentrer dans le circuit pro, au grand désespoir de ses proches. La proposition d'un nécromancien d'un autre monde lui fera accéder à ses désirs les plus fous : si elle gagne la plus grande compétition de catch de tout l'univers, elle pourra faire revenir sa mère à la vie. Pour cela, elle devra s'allier avec le méprisable luchador Cobrasun, responsable de la mort de Yua Steelrose.

    En résumant l'équation plus simplement : Catch + DWJ = explosion thermonucléaire. Un shoot d'adrénaline à chaque page tournée, de l'entertainment à l'état pur, des twists et flashbacks qui tiennent en haleine (ce qui pousse les adversaires à participer, l'identité de Cobrasun, la dénouement de la finale, la véritable confrontation ultime et sa jolie fin...), tant en étant respectueux de l'art du catch.

    Sa filiation avec l'art de Paul Pope est de plus en plus éclatante, c'est toujours un grand plaisir de retrouver l'énergie folle et communicative de Daniel Warren Johnson.

    Bolt Le 16/07/2023 à 18:46:13

    Je suis métisse (Mongrel en VO) relate l'histoire de Shuna, alter ego fictif de l'autrice, tiraillée entre l'éducation religieuse stricte (venant particulièrement de sa mère) et les désirs d'évasion. Dans une interview pour Broken Frontier, Sayra Begum raconte son besoin de créer des avatars pour d'une part rejouer ses souvenirs et leur part de vérités (en toute subjectivité) et d'autre part garder une distance pour une analyse plus objective. En tout cas, sans chercher à tout prix une linéarité temporelle, elle déroule l'essentiel de l'histoire familiale, et celle de la construction de l'identité de Shuna/Sayra, marquées par les frictions, les failles et les zones grises entre les "perversions" et le "droit chemin".

    Et la patte graphique de Sayra Begum, très personnelle, traduit à merveille tout cela. Le trait est gras, charbonneux, chargé par des ombrages gribouillés. Les planches sont d'une grande singularité, alternant gaufriers et compositions beaucoup plus libres, aérées et surréalistes.

    Une autrice à suivre.

    Bolt Le 09/07/2023 à 23:11:48

    Publié en Espagne sous le nom de "Maganta" (mot spécifique de la région d'origine de l'autrice, la traduction proposée dans l'édition française est "feignante, pâle et pensive"), Mary-Pain est d'abord la fin d'une fuite en avant, le retour contraint à la maison, le sentiment d'échec qui l'accompagne. Même si l'histoire semble hors du temps, elle fait echo aux crises (immobilière puis économique en 2008) qui touchent de plein fouet l'Espagne, comme Lola Lorente l'explique dans une de ses interviews. Puis ce sont les attentions des gens qui ne sont jamais partis qui se portent sur la personnage principale, leurs attentes, leurs regards culpabilisants, en plus d'être vaguement grossophobes. Elle a déjà trente-quatre ans, de quoi déjà être mère comme ses amies d'enfance. Elle semble plutôt être une adolescente un peu rêveuse, pas autonome, une artiste dans l'âme qui ne trouve pas sa place dans le village. Dans la même interview, l'autrice réfute que Mary-Pain soit autobiographique, mais reconnait y avoir retranscrit une partie de ses sentiments quand elle a dû retourner chez elle lors de la crise. Enfin, c'est le poids des souvenirs, d'un deuil qui ne s'est jamais fait, qui va paralyser Mary-Pain.

    Loin de représenter les rêvasseries de sa personnage sous une quelconque forme onirique, Lola Lorente préfère mettre en image, souvent dans un gaufrier 2 x 3, ses errances à travers la maison, la piscine, ou dans le village. La patte graphique est très organique, personnelle, une maturation des styles de Ludovic Debeurme (surtout), d'un peu de Charles Burns et peu Robert Crumb, et plus globalement tout un pan de l'alternatif des années 90.

    Le bouquin n'est pas aussi noir que ce qu'il laisserait paraître. Lola Lorente insuffle un peu de bizarrerie et de positivité dans des rencontres et des moments-clés, éléments nécessaires pour que Mary-Pain, "enfant" espagnole de la fin des années 2000, puisse enfin tourner la page.

    Bolt Le 08/07/2023 à 18:05:26

    "Dessiner un trait dans un paysage et prétendre qu'il s'agirait de Sibylla Schwarz : la grande poétesse baroque ! Celle qui a écrit des tas de sonnets et qui succombé à je ne sais quel maladie ragoûtante. Née pendant la guerre de trente ans, elle n'en a pas vu la fin. Morte avant d'avoir eu dix-huit ans, elle a laissé un paquet de poèmes. Ils ont été compilés par ses contemporains, commentés et publiés. Et dans l'ensemble, on les trouve plutôt bons. Puis elle tombe dans l'oubli pendant quelques siècles, jusqu'à que son oeuvre soit redécouverte. On crée une association et on attend le prochain anniversaire. Meilleur voeux pour tes quatre cents ans, Sibylla !

    Fin du roman graphique !"

    Voilà comment l'auteur allemand Max Baitinger expédie, dans les huit premières pages, la vie de la poétesse Sybilla Schwarz. visiblement pas excité à l'idée de faire une BD hagiographique. Mais cette approche sera suffisante pour séduire L'Association des Amis de Sibylla Schwarz, qui se propose d'aider Baitinger à prolonger l'expérience en fournissant documentation, extraits de l'oeuvre, et surtout support financier. Baitinger ne se fait pas prier, et déroule alors des métaphores visuels d'extraits de poèmes, de digressions méta et de saynètes sur le quotidien imaginé de Sibylla Schwarz, sans répéter à la lettre le formalisme de ses bouquins précédents.
    Toujours aussi minimaliste, le trait est nettement plus souple, peut-être plus spontané, La mise en page laisse entrer beaucoup de lumière, 2-3 mises en plan par page tout au plus, avec une palette de couleurs resserrée.
    La réelle nouveauté à l'apport bienvenu de quelques coups de pinceaux qui peuvent rappeler un Simon Spruyt en plus brut. Ce qui colle parfaitement avec les paysages de la Poméranie de l'époque, mais aussi avec l'onirisme et la soif de liberté qui s'évadent de l'isolement créativement fécond de la jeune poétesse, surprotégée par son père veuf. Isolement perturbé par deux sinistres personnages, deux hommes évidemment. Et ça résume tout l'horizon de Sibylla Schwarz, un monde dominé par les hommes où l'écriture est la seule échappatoire.

    Bolt Le 19/06/2023 à 00:45:00

    Rosie, Dennis, Angel, Gloria, Beth, Rayanne, Thomas, Neil, Danielle, Lou... Dix personnes étrangères entre elles pour la plupart. Dix personnes vivant un quotidien angoissant, oppressant et précaire. Dix personnes qui espèrent trouver un échappatoire en s'inscrivant au cours de théâtre de John Smith. Le topo est simple : les 4 premiers cours hebdomadaires sont gratuits et les élèves choisiront de continuer ou non.
    Pour les exercices, le professeur donne quelques thèmes et directives et laissent ses élèves amateur.ice.s improviser. Les élèves ne sont pas tou.te.s convaincu.e.s de ce qu'apportent ces cours à l'issue des premières séances, mais l'opportunité de la gratuité leur suggèrent d'aller au bout de ces 3 semaines...

    Le début sonne comme du Drnaso classique mais la suite d'Acting Class s'éloigne des concrets Beverly et Sabrina pour établir un espace trouble entre performance scénique, imaginaire et réalité, tout en mettant en exergue le biais cognitif de l'escalade de l'engagement.
    Les performances d'acteurs se signalent par un changement de décor, d'une case à l'autre. C'est absolument sans artifice, à l'image de la patte graphique de Drnaso. On peut noter une évolutions des expressions faciales, mais sinon trait coupé au cordeau, aplats de couleurs, pas besoin de plus. Je trouve même que le découpage de séquences va plus à l'essentiel que dans ses bouquins précédents, faisant la part belle aux échanges entre personnages, puis au délitement des unités de lieux et de temps.

    Car c'est un des autres points du bouquin, la perte de points de repère des protagonistes qui rompent avec leurs environnements respectifs pour en suivre un autre.

    Bolt Le 19/04/2023 à 16:26:35

    Stella aime Marco, se plie en 4 pour lui, prend un boulot supplémentaire, lui paie ses heures de permis... Et affichent ensemble des sourires de façade auprès de leurs ami.e.s et familles. Mais rien ne va quand elle et lui se retrouvent au lit, Marco n'y arrive pas, ce qui met la patience de Stella à rude épreuve. C'est la rencontre avec Ludovica, pour qui Stella fait du babysitting, qui va réveiller des fantasmes insoupçonnés chez Marco. L'histoire est déjà écrite, on ne peut qu'assister à la descente en flammes du couple, qui était de toute façon promis à rester dysfonctionnelle.

    Après son intéressant Padovaland, Miguel Vila (né en 1993) frappe fort avec son nouveau bouquin et ne fait pas dans la dentelle pour rentrer dans l'intimité de ses personnages, en particulier Marco qui est le noeud de l'histoire. Fleur de lait est un peu une extension de Padovaland, on retrouve cette même province italienne, morne, artificielle, sans avenir. Vila pousse plus loin la représentation des jeunes qui n'ont que des centres commerciaux et parcs pour tuer le temps, et la représentation des physiques imparfaits, loin des publicités dont les jeunes sont abreuvés.

    Sa science du cadrage, et surtout des petites vignettes, de leur positionnement, du vide tout autour, etc... donne des compositions de page très chouettes et singulières. Les vignettes sont tour à tour contextuelles (très ware-ien), voyeuristes, ou dans le flow d'une conversation, et donnent parfaitement le rythme de la page. Je suis très fan de tout ça.

    Une des forces de Fleur de lait est qu'il est très explicite dans son analyse, mais je crains que ça soit à double tranchant dans son appréciation, et que d'autres lecteur.ice.s trouvent que Vila en fait trop.