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Les avis de - Alcapone

Visualiser les 4 avis postés dans la bedetheque
    Alcapone Le 04/11/2015 à 22:17:19

    Un bureau d'immigration dans un pays lambda ("Le Grand Pays"). Un jeune garçon est interrogé par un individu désabusé. D'où vient-il ? Pourquoi a t-il quitté son pays ? Quelle est son histoire ? La tentation de mentir est grande pour "réussir l'entretien" et être accueilli en terre d'abondance. Mais les ombres qui hantent son esprit le rappellent aux dures épreuves de l'exil qu'il a endurées : contrairement à ce qu'il a voulu croire, ce qui importe en réalité, n'est pas l'endroit où l'on va mais bien l'endroit d'où l'on vient... Ses parents, ses compagnons d'exil et enfin sa petite sœur ne sont désormais plus que des fantômes dont la mémoire ne peut être entachée par le mensonge. Soit, le garçon dira la vérité. Mais cette vérité a un prix. Un lourd tribu payé pour tenter de trouver "une vie meilleure'...

    Ecriture et réécriture : une pièce de théâtre somptueusement adaptée en images
    Si au départ, Les Ombres a été écrit par Vincent Zabus pour le théâtre afin d'aborder la question de l'exil forcé des africains, elles ont pris une dimension nouvelle avec la collaboration de Hippolyte pour l'album : le scénario a été creusé et réécrit et somptueusement mis en images par le dessinateur. Jeux de couleurs, univers fantasmagorique, décors contrastés, personnages irréels, Hippolyte plonge le lecteur dans un rêve (ou cauchemar) éveillé où ombres et fantômes font irruption dans des situations bien réalistes. Les dessins enfantins qui évoqueront sûrement à certains les démons de la mythologie japonaise de Miyazaki dans Le Voyage de Chihiro, prêtent à cette BD des allures de fable cruelle qui dénonce sans détours les contradictions de nos sociétés modernes et notre impuissance à résoudre les problèmes qui en découlent...

    L'exil, un cas de conscience souvent insoupçonné mais aussi parfois insoluble pour les exilés
    Cet album, paru en octobre 2013, mettait déjà en exergue les exodes de populations liés aux guerres et aux conflits politiques. Aujourd'hui, en 2015, ces problématiques sont plus que jamais d'actualité : non seulement le nombre d'exilés ne cesse d'augmenter mais en plus leur pays d'origine est de plus en plus diversifié, preuve de la complexité du sujet. Donc, à tous ceux qui ignorent ces problématiques, Les Ombres rappellent la situation inextricable des exilés : de culpabilité en cas de conscience, les candidats à l'exode vivent de terribles souffrances bien susceptibles de les éloigner d'eux-même. Bien que les témoignages réels sur le sujet ne tarissent pas, ce qui touche dans cet album, c'est qu'il expose de façon singulière par ses personnages déshumanisés et anonymisés, une histoire malheureusement plus courante que l'on ne veut bien le reconnaître...

    En bref, Zabus/Hippolyte, une collaboration qui fonctionne bien...
    Récit touchant s'il en est, Les Ombres sont une belle réussite de collaboration : adapter une pièce de théâtre au travail d'illustration est un beau défi que les deux compères ont relevé avec talent. Tant par le sujet abordé que par le travail d'illustration (que j'apprécie particulièrement), ce duo gagnant vous séduira avec cet album de belle facture qui saura sensibiliser au problème (ou pas d'ailleurs) les esprits les plus rétifs...

    Alcapone Le 04/11/2015 à 22:15:40
    L'arabe du futur - Tome 1 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

    "Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Lybie de Khadafi et la Syrie d'Al-Assad" peut-on lire en quatrième de couverture de cet album. Riad Sattouf y revient sur son enfance passée en Libye et en Syrie de 1978 à 1984. Né d'une mère française et d'un père d'origine syrienne, l'enfant jouit d'une double culture quelque peu déstabilisante surtout lorsque ses parents s'installent avec lui au Moyen-Orient et qu'il découvre sa famille paternelle. L'éducation du père calquée sur des modèles orientaux se heurte parfois à l'incrédulité de la mère qui s'étonne parfois de découvrir des facettes inconnues de son compagnon. D'anecdotes en souvenirs d'enfance, c'est avec une naïveté déguisée que le petit garçon aux bouclettes blondes évolue parmi ses cousins syriens dont il ne connait pas la langue et qui lui renvoient l'image d'une certaine vision du monde...

    L'Arabe du futur, un succès retentissant qui fait honneur à un style de BD dédié aux néophytes
    Primé Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2015, ce premier tome de L'arabe du futur de Riad Sattouf a créé l'événement à sa sortie en octobre 2014. Peut-être parce qu'il proposait une œuvre sur un créneau dans lequel on ne l'attendait pas, Riad Sattouf qui aborde ici ses souvenirs d'enfance passés en Libye et en Syrie, surprend par son projet. On le connaissait surtout pour ses travaux auto-dérisoires traitant de l'âge ingrat. On le retrouve ici mu par l'envie de raconter une enfance passée dans ces pays qui font la triste une des actualités politiques du Moyen-Orient. Pari difficile donc pour cet auteur de faire la bascule entre les deux genres mais le coup de crayon reste bien reconnaissable et le ton est proprement ajusté. Peut-être que Riad Sattouf a t-il voulu ainsi donner de sa voix dans ce créneau largement déjà exploité par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi et son Persepolis ? Toujours est-il que le résultat mérite une lecture qui certes, ne marquera pas durablement les esprits mais qui propose un angle de vision intéressant : celui du souvenir à travers les yeux d'un enfant... Une sorte de témoignage du passé qui devait construire l'Arabe du futur... et dont l'objectif est de mettre fin à la mauvaise presse de la BD souvent considérée comme une lecture légère destinée aux lecteurs "débiles" (cf. cet article du Monde).

    ... Mais qui a déjà été bien mieux exploité au travers de multiples romans graphiques...
    Si l'intention est noble, elle ne séduit malheureusement qu'à moitié : le style Sattouf tant marqué par la légèreté des problématiques d'ados, peine à convaincre les lecteurs d'une sérieuse démarche de popularisation du roman graphique (bien que ce soit en l'occurrence le cas). Cela a déjà été brillamment réalisé par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi ou Zeina Abirached dans des styles graphiques bien plus singuliers et dignes d'attention. Au regard de son histoire, c'est vrai que l'auteur a matière à exploiter ce filon mais on retrouve si peu l'ado complexé de ses précédents livres qu'on a l'impression qu'il ne s'agit pas du même auteur. Et puis le ton adopté à travers les mots d'enfants sonne mal : des souvenirs évoqués, il y a beaucoup de reconstitutions qui sortent trop à mon sens du cadre des souvenirs car Sattouf prête à une voix d'enfant des considérations d'adultes (comment peut-on en effet s'étonner des différences culturelles ou rapporter de telles anecdotes lorsque l'on a que 6 ans et que l'on vit la chose ?)... Même si cette BD offre un moment de lecture agréable, ce qui gêne finalement le plus, c'est qu'outre le prétexte de "fermer le clapet une bonne fois pour toutes à ceux qui pensent que la BD est destinée aux débiles légers", on comprend difficilement la pirouette du dessinateur... Cette chronique est certes un peu dure mais heureusement que tout le monde n'est pas toujours d'accord... Cela dit, c'est avec une grande curiosité que je lirai le second volet de la trilogie...

    Alcapone Le 04/11/2015 à 22:13:45

    L'Éternaute, navigateur de l'éternel, est condamné à parcourir le temps et l'espace à la recherche d'une cause perdue. Tout commence à la fin des années 60 lorsque Buenos Aires est victime d'une invasion extra-terrestre. Par simple contact, une neige assassine a soudainement décimé la plupart des habitants de la ville. Rares survivants de la subite attaque, Juan Salvo, sa femme et sa fille (Hélène et Martha) ainsi que deux de ses amis (Favalli et Lucas), mettent au point des combinaisons isolantes contre la neige mortelle pour fuir leur retraite devenue trop dangereuse... Publiée dans le magazine Gente en 1969, cette série imaginée par Hector Oesterheld et initialement illustrée par Francisco Solano Lopez, a été reprise par le scénariste en collaboration avec Alberto Breccia pour cette version. Censurée à l'époque suite aux mécontentements des lecteurs du magazine conservateur, cette seconde mouture de l'Éternaute (rééditée en France en 1993 par Les Humanoïdes Associés pour la présente édition) accentue le désaveu croissant d'Oesterheld pour la politique argentine d'alors...

    Alberto Breccia ou l'explorateur graphique de l'épouvante
    "La bande-dessinée n'a jamais eu pour vocation - aux yeux des éditeurs - d'être un média dérangeant. Avec Alberto Breccia, dont le clair-obscur produit sur notre œil l'effet d'une ingestion d'acide lysergique diethylamide, l'épouvante prend corps et, soutenue par un texte d'une efficacité non moins redoutable, annule soudain tous les repères d'une lecture convenue. La structure du récit entame, de la façon la plus traîtresse, ce parcours cauchemardesque au cours duquel le plus rétif d'entre nous perd son assurance." (p.11). Voilà un extrait jubilatoire de la préface de Jean Rivière qui devrait donner l'eau à la bouche à quelques amateurs. De la même façon que pour d'autres de ses œuvres comme Le cœur révélateur ou Dracula (dont je recommande également la lecture), le dessinateur argentin, en insatiable explorateur de l'art graphique, s'est approprié l'histoire en jouant avec les textures, en jonglant avec les techniques et en exploitant les contrastes de noir et blanc avec une maîtrise remarquable (notamment ses superbes peintures au couteau qui se prêtent particulièrement à l'ambiance apocalyptique de l'Éternaute). Et son art qui distille insidieusement le venin de la terreur, sert à merveille un scénario-cauchemar de science-fiction des plus vertigineux...

    L'Éternaute, le récit d'une dystopie illustrée ?
    Et puisque le succès de ce titre ne tient pas uniquement aux dessins de Breccia, soulignons également l'inquiétant scénario d'Oesterheld. Plus qu'une histoire de science-fiction, l'Éternaute augurait comme une sombre prémonition, l'imminence d'un désastre politique (qui devait causer deux décennies plus tard la disparition brutale du scénariste). Peut-on dès lors parler de l'Éternaute comme le récit d'une dystopie illustrée ? Peut-être que oui, peut-être que non. Toujours est-il qu'il marquera durablement son temps par sa modernité et son côté visionnaire... A (re)lire !

    Alcapone Le 03/11/2015 à 12:47:40
    Les cahiers japonais - Tome 1 - Un voyage dans l'empire des signes

    "Ce livre est une machine à remonter le temps. Il m'a permis de voyager pendant deux ans à reculons, à l'est de moi-même. de redécouvrir des lieux, de revivre des émotions." (Igort). Peu de lecteurs le savent : cela fait plus de 20 ans que le dessinateur italien s'intéresse au Japon (ayant travaillé pendant onze ans avec Kodansha, son éditeur japonais). Parfois contrarié, souvent surpris mais toujours émerveillé par les codes de ce pays à l'inestimable tradition du dessin, Igort à travers son voyage initiatique au pays du soleil levant, livre quelques clés de décryptage sur cette culture aussi déconcertante que fascinante. Grâce aux somptueuses planches de ces Cahiers japonais inspirés de ses notes, croquis, dessins, mais aussi de ses rencontres et collaborations, Igort invite à une fabuleuse et poétique découverte de la culture nippone : du suicide rituel de Mishima à la légende d'Abe Sada en passant par le cinéma de Kurosawa, le réalisme animé de Takahata, la magie féérique de Miyazaki ou la peinture absolue de Hokusai, ce voyage dans l'Empire des signes (cf. l'essai de Roland Barthes du même nom) est un superbe condensé de ce qui fait la richesse et le mystère du Japon d'Igort...
    Difficile de rédiger le compte-rendu de cet album sans évoquer l'intention de l'auteur : "Je mentirais si je disais que tout a commencé de façon inattendue. Avant d'y poser les pieds pour la première fois au printemps 1991, je rêvais du Japon depuis 10 ans. C'est à dire que j'avais commencé à le dessiner de manière presque inconsciente dans les pages de ce qui allait devenir ma première BD : Goodbye Baobab. Ce que je cherche ? Cette question m'accompagne désormais depuis presque 25 ans. Progressivement, ce lieu mystérieux m'est entré dans la peau. Langueurs et nostalgie s'installant en moi m'ont même amené à y vivre pendant une courte période, dans les années 90. Ce livre raconte la poursuite d'un rêve et la découverte de cette évidence, à laquelle il faut se rendre, que les rêves, on ne peut pas les attraper." (p.7). Igort entend-il par là qu'au bout de 25 ans, il n'est pas encore parvenu à saisir l'essence profonde de l'esprit japonais ? Dans son dyptique Cahiers russes / Cahiers ukrainiens, on découvrait un Igort militant pour la cause des oubliés. Avec cet album, c'est à un Igort mélancolique que l'on a à faire. Brossant avec lyrisme un Japon torturé par ses propres démons, le dessinateur rend un brillant hommage à l'Empire des signes en racontant sa quête inassouvie...
    "Le Japon était devenu pour moi l'écrin des désirs et surtout le paradis de tous les dessinateurs". Mais pas seulement aurais-je envie de dire. Et pour cause, si le point de départ de cet engouement d'Igort pour le Japon part de ce constat, son travail a ceci de magique qu'il brasse l'art japonais au sens large : on évoquait plus haut, le dessin (mangas, Ukiyo-e, film d'animations, le Geki-ga de Mizuki), le cinéma (Seijun Suzuki, Kitano), la poésie (l'art du Haiku de Basho), le bushido (code d'honneur des Samouraïs observé par Mishima)... Mais l'auteur aborde aussi le Kiku No Seku (fête du Chrysanthème), la tradition des Sumos, les secrets de l'Iki (code des Geishas basés sur séduction, énergie spirituelle et renoncement), le statut social des Burikamin (caste inférieure japonaise)... en alternant hommages oniriques et anecdotes de vie ou de travail... On découvre ainsi que la collaboration d'Igort avec l'éditeur Kodansha a donné naissance à Yuri, un personnage "sempaï" (mignon) adulé par la population locale. On part également à la rencontre de Miyazaki (Mon voisin Totoro), Tanaka San (Gon), Ozamu Tezuka (Astro le robot) qui ont durablement marqué le dessinateur. Et puis, Igort partage également toutes ces choses qui lui ont appris à évoluer dans l'empire des signes et qui font de ces cahiers, un trésor de lecture, un merveilleux voyage en somme...