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Les derniers avis postés sur les albums de la série

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    Erik67 Le 19/01/2023 à 07:41:48

    C'est le genre de récit autobiographique qui fait figure surtout de pansement pour son auteur Glenn Head. En effet, ce dernier raconte l'expérience de sa vie d'enfance dans un pensionnat où il fut abusé sexuellement au début des années 70 à savoir le fameux manoir de Chartwell. C'est une véritable thérapie dont il s'agit avec des blessures dont on ne peut guérir totalement mais il faut apprendre à vivre avec.

    Une question légitime peut se poser. Avons-nous, en qualité de public, la volonté et le courage de partager ces moments de vie désagréables avec l'intimité d'un auteur ? La BD n'est pas que distraction. Elle peut emprunter d'autres voix...

    Il est vrai qu'avec un tel titre, on peut penser qu'on lit une histoire féerique ou même horrifique se passant dans un manoir. La couverture assez enfantine est assez trompeuse sur l'objet et le sujet.

    Bref, il s'agit d'être tout simplement en phase avant d'entamer cette lecture qui ne fera pas dans le réconfort. L'auteur est passé par des milieux assez glauques avant de terminer ce récit bouleversant.

    Le manoir de Chartwell est un pensionnat pour garçons situé dans le New Jersey dirigé par un expatrié anglais voulant faire régner la discipline par une bonne fessée et un soi-disant code de l'honneur. Bref, il n'y a pas que les prêtres qui sont des pédophiles. On découvrira toute l'horreur d'un tel système scolaire.

    Evidemment, on ne peut que compatir pour ce que ces jeunes garçons ont subi de la part d'un adulte obscène et pervers. Le récit est sur un mode authentique et sincère. La crudité de certaines situations peut choquer surtout à l'heure où il y a une véritable chasse aux sorcières contre certains auteurs comme Bastien Vivès par exemple.

    L'absence de dialogue concret entre la victime et ses parents qui auraient permis de débloquer la situation est absolument manifeste. Certes, cela se produira une fois que les faits seront passés mais la réponse de la mère ainsi que du père ne sera pas adéquate, bien au contraire. Comment peut-on fermer les yeux sur son passé et avancer comme si de rien n'était ? Faire avec ne suffit pas !

    J'ai trouvé ce comics underground parfois un peu trop long surtout dans sa seconde partie. Pour autant, c'est une lecture qui constitue un témoignage poignant d'un phénomène de société hélas trop courant.

    On en retire que beaucoup de vies peuvent être gâchées pour avoir subi de telles choses immondes lors de sa jeunesse et qu'il convient d'être particulièrement prudent afin de protéger les siens de tous ces prédateurs sexuels.

    Blue boy Le 02/07/2022 à 12:13:43

    Avec ce récit autobiographique dont la couverture évoque davantage un conte gothique horrifique, Glenn Head relate son adolescence passée dans ce pensionnat lugubre du New Jersey mais à la réputation prestigieuse, « à la manière britannique », Le Manoir de Chartwell. Cet établissement avait pour objectif de repêcher les élèves en difficulté. Alors que Glenn était peu doué pour les études, ses parents avaient décidé de l’y envoyer afin de faire de lui un élève modèle. Mais le vernis va très vite se fissurer, car il y a décidément quelque chose qui ne tourne pas rond chez Lynch, le directeur de l’établissement, qui a pour lubie de se faire appeler « Monsieur ». Car « Monsieur » aime les jeunes garçons, au-delà du raisonnable. Mégalo et adepte des châtiments corporels, de l’humiliation publique et de la manipulation mentale, cet odieux personnage souffle le chaud et le froid. Quand sa main ne manie pas le bâton, elle se fait baladeuse et - un peu trop - caressante avec ses jeunes pensionnaires, qui pour la plupart en manque d’affection, s’accommodent de ces pratiques libidineuses ou préfèrent en rigoler pour mieux masquer, sans doute, leur malaise.

    Glenn Head, en opérant ce retour sur lui-même, nous révèle combien ces quelques années ont laissé des traces dans sa psyché, souvent de façon inconsciente. C’est une véritable descente aux enfers que l’auteur va traverser dans les longues années qui vont suivre, entre alcool et défonce, addiction à la pornographie et fréquentation des prostituées. Une façon suicidaire de fuir les fantômes de ce passé qui le conduisaient à croire que le sexe était une chose sale et honteuse, qui ne pouvait se vivre que dans le secret. Et si le jeune Head, comme beaucoup de garçons de son âge, venait d’une famille où les tabous religieux étaient puissants, le répugnant Monsieur Lynch n’aura fait assurément qu’amplifier le problème, par ses doctrines scabreuses auxquelles il associait l’honneur ou des pseudo-discours bibliques où le diable tentateur se nichait partout.

    Après des années d’égarement dans une débauche sans lendemain, l’auteur aura, presque miraculeusement, réussi sa traversée du Styx. Mais le constat est peu réjouissant : Lynch, qui purgea finalement des peines de prison, toujours allégées d’une remise en liberté conditionnelle et au final peu sévères au regard des préjudices infligés, physique et moraux – aura entraîné dans son chaos mental nombre des camarades de Glenn Head et probablement beaucoup d’autres durant les quinze années où il fut à la tête de l’établissement. Aucun des trois garçons qu'il connut là-bas n’en est sorti indemne, tous étant marqués d’une manière ou d’une autre dans leur chair et leur mental, lestés d’un poids qui a gravement compromis leur épanouissement social.

    Le dessin noir et blanc de Head, très influencé par l’école de la BD alternative U.S., est totalement en phase avec ce récit hallucinant. Sombre et nerveux, rageur et acéré, son trait laisserait presque penser que cette autobiographie tumultueuse a été produite sous acide. L’auteur ne nous épargne rien, c’est souvent « trash » et les âmes les plus sensibles devront se préparer psychologiquement à pénétrer cet univers cauchemardesque. La pédophilie y est abordée frontalement, à travers le personnage de Lynch, mais sans voyeurisme et de manière suggérée, un délicat exercice d’équilibriste que Glenn Head accomplit parfaitement pour mieux dénoncer l’hypocrisie de certaines institutions qui préfèrent fermer les yeux sur la question. Paradoxalement, le dessin recèle une étrange beauté graphique, partagé entre un côté cartoonesque et azimuté évoquant un certain Crumb (qui ne manque pas de dire tout le bien qu’il pense de l’ouvrage en quatrième de couverture), et une dimension noire et surréaliste qui n’est pas sans rappeler Charles Burns.

    Inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, l’auteur new-yorkais publie ici sa première œuvre à destination du public francophone. A l’évidence, il s’est beaucoup remué les tripes pour accoucher d’un tel récit — et d’ailleurs on y vomit pas mal —, et peu avant lui ont évoqué si abruptement un sujet aussi douloureux. Lorsqu’on n’est pas concerné, on imagine mal que derrière les lourdes portes des institutions les plus réputées, nombre de jeunes gens voient leur vie brisée par des individus pervers arborant le masque de la respectabilité, dans le silence complice de leur hiérarchie et de leurs collaborateurs. Mais désormais, les langues se délient et fort heureusement, l’impunité n’est plus de mise (comme on a pu le voir, l’Eglise catholique en a fait récemment les frais !). Une œuvre à lire d’urgence qui décrit parfaitement les ravages induits par ces âmes sordides.