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    Blue boy Le 21/08/2022 à 16:47:29

    « Utilisez vos outils de diffusion et racontez que nous, les Selk’Nams, nous sommes toujours vivants. C’est comme ça que vous pouvez nous aider ». Ces paroles de Margarita Maldonardo, l’une des représentantes de cette communauté aujourd’hui au bord de l’extinction, ont sans doute constitué un argument déterminant pour inciter les auteurs à nous offrir ce documentaire. Un documentaire captivant en forme de puzzle, mâtiné de fiction et de poésie, sur cette communauté ethnique de Patagonie qui fut victime à la fin du XIXe siècle d’un génocide, reconnu comme tel par le gouvernement chilien en 2003.

    Si le terme « Selk’Nams » n’évoque rien pour la plupart d’entre nous, les images représentant des êtres au corps peints de motifs géométriques ou revêtus d’étranges accoutrements feront peut-être émerger du plus profond de notre mémoire une vague sensation de familiarité. Ces personnages, on pourra sans nul doute les retrouver sous forme de poupées dans les échoppes touristiques des régions proches de la Terre de feu, à l’extrême sud du continent sud-américain. Triste destin pour un petit peuple qui vivait en toute liberté avant que les colonisateurs blancs ne viennent les exterminer pour mieux s’approprier leurs terres qu’ils prétendaient désertes…

    Ainsi, il pourrait paraître difficile d’évoquer avec justesse ce peuple « sauvage » (dans le bon sens du terme) et magnifique, a fortiori dans une bande dessinée de 140 pages, peuple dont il ne nous reste que des récits fragmentés, des clichés jaunis et des témoignages oraux par de très rares descendants qui vivent désormais à l’occidentale. C’est ce que se sont efforcés de faire Carlos Reyes (chercheur, enseignant, scénariste et éditeur de BD !) et Rodrigo Elgueta, dessinateur, tous les deux déjà co-auteurs des Années Allende, album phénomène traduit dans le monde entier. On peut dire que l’objectif est atteint et que l’ouvrage constitue un superbe hommage à ces mystérieux Selk’Nams, dont la disparition brutale et l’ « omerta » qui a longtemps prévalu sont inversement proportionnelles au regain d’intérêt qu’ils suscitent aujourd’hui.

    Il ne suffit pas de se donner bonne conscience en s’intéressant à leur culture comme on assisterait avec une fausse bienveillance à une danse folklorique ou comme on lirait un livre d’Histoire, non. Il serait judicieux de comprendre comment, au-delà des légendes caricaturales qui alimentaient l’aura des navigateurs au long cours et faisaient rêver les foules d’Europe, ces hommes et ces femmes arrivaient à vivre en parfaite osmose avec les éléments. Un monde perdu qui s’éloigne du nôtre à la vitesse des galaxies, de notre monde qui, lui, a perdu ses racines, et c’est sans doute en partie ce qui provoque cette fascination et cet intérêt renouvelé.

    Les deux auteurs chiliens nous aident à entamer ce processus, et y parviennent, malgré une narration dense et prolixe pour les passages historiques et documentaires, mais entrecoupée de passages plus silencieux (une telle culture où la transmission était orale ne peut en effet se limiter à des mots) pour tenter de retracer sur un mode fictionnel et poétique l’état d’esprit d’une communauté dont les mœurs se situaient à des années lumière de la prétendue civilisation européenne lors du premier contact. Considérons les propos de Sandra Rogel, cette jeune femme chilienne « poétesse de terre de feu », qui en tant que petite fille ignorait tout des indigènes de son propre pays — et pour cause. A un moment du livre, celle-ci affirme que, contrairement à l’aspect intellectuel qui motive aujourd’hui la curiosité croissante envers les peuples originaires, ce sont l’empathie et l’émotionnel qui lui ont été indispensables pour aborder l’univers des Selk-Nams, dont la vision du monde était fondée sur des mythes primordiaux ainsi qu’une spiritualité complexe et ritualisée. Des notions dont nous éloigne chaque jour un peu plus chaque jour notre technologie informatique addictive. Mais il semblerait que les esprits des Grands Anciens ne veulent pas mourir et cherchent désormais à se faufiler dans les canaux de communication moderne pour faire entendre leur voix, « eux, les Selk’Nams », et à l’évidence, cette bande dessinée en est un. Alors que le monde est au bord du gouffre, la spiritualité ne serait-elle pas notre planche de salut, si toutefois il n’était pas déjà trop tard ?

    Sur le plan du dessin, Rodrigo Elgueta n’hésite pas à alterner des styles variés pour distinguer les différents modes de récit. Plus académique et réaliste pour la partie documentaire ou historique, plus esquissé et plus imprécis pour les passages « fictionnels » concernant notamment la mythologie Selk’Nam. Ou encore, lorsque par exemple il évoque « l’Odyssée de Magellan », le dessinateur s’inspire du style Renaissance des gravures d’époque représentant les grandes expéditions maritimes… Elgueta possède une maîtrise certaine du noir et blanc, et son approche un rien disparate est un compromis parfait entre méticulosité et liberté.

    Nous, les Selk’Nams est une lecture certes exigeante dans le sens où elle peut sembler touffue et aller dans tous les sens, mais l’on est facilement captivé par ce récit riche d’enseignements, et pas seulement historique. Il s’agit là d’une œuvre de transmission destinée à éveiller les consciences face à la léthargie généralisée, une œuvre témoignage qui n’a pas vocation à dormir dans une bibliothèque scrupuleusement rangée. Pour les Selk’Nams – et pour tous les autres peuples amérindindiens et aborigènes en voie d’extinction ou dénaturés – que nous, l’Homme soi-disant civilisé, n’avons pas su écouter il y a un siècle, serions-nous disposés à faire amende honorable en mettant la pression sur la zone empathique de notre cortex ? Chacun réagira évidemment à cette question en son ÂME et CONSCIENCE, la première étape avant de se prononcer étant peut-être de découvrir cette bande dessinée très enrichissante…