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Les derniers avis postés sur les albums de la série

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    pokespagne Le 23/01/2018 à 11:30:29

    Oui, on devait être en 1968... même si mes souvenirs de mes 10 ans sont forcément approximatifs. J'avais déjà lu la majorité des Tintin publiés, quand je fis la connaissance d'Alexandre qui me révéla l'existence d'un "Tintin au Pays des Soviets" que son oncle possédait. D'abord incrédule, puisque l'album ne figurait pas dans la "liste officielle" des Aventures de Tintin et Milou affichée au dos de mes albums (et que je parle d'une époque où il n'existait pour un tout jeune provincial aucune manière d'avoir accès à ce genre d'informations...), je ne fus convaincu de la réalité de ce véritable fantasme que quand je le tins entre mes mains fébriles...

    La déception fut terrible. Ce livre me sembla une véritable horreur, : mal dessiné, ne racontant rien de sensé, à mille lieues du glorieux personnage de Tintin que j'adorais... Je rendis l'album poussiéreux à Alexandre, sans d'ailleurs en avoir jamais soupçonné la valeur marchande. Et je ne relus jamais "Tintin au Pays des Soviets" jusqu'à ce jour, tant avait été violente cette déception de lecteur, peut-être la première de ma vie.

    Que dire aujourd'hui de cette première apparition du personnage le plus important de la BD franco-belge ? Que, à l'évidence, ses aventures à la découverte de l'horreur bolchévique restent toujours aussi illisibles ? C'est à peu près indiscutable, tant le récit est erratique, tant les péripéties en sont absurdes, tant les personnages manquent de la moindre consistance (j'allais dire profondeur, mais on n'en est même pas là...), et surtout tant il est impossible d'y prendre vraiment du plaisir, disons "au premier degré".

    Ce qui ne signifie pas qu'il ne faille pas lire "Tintin au Pays des Soviets", parce que, au delà d'y assister à la naissance, même improbable, d'un mythe, le lecteur attentif pourra déjà noter le dynamisme, l'énergie du dessin du débutant qu'était encore Georges Rémi. Parce que, au lieu de se lamenter du grand n'importe quoi auquel a recours Hergé pour tirer son héros de situations impossibles, on peut au contraire s'amuser du surréalisme absurde de ses inventions, du scaphandre qui traîne par hasard dans une cellule de prison à l'hélice taillée (deux fois) au canif dans un arbre, en passant par les balles en papier mâché du peloton d'exécution. Et surtout parce que, si moi qui était élevé dans un milieu "de gauche", j'avais été à l'époque moins sceptique quant à la description faite ici, que l'on sait aujourd’hui tragiquement réaliste, de la vie en URSS, je ne me serais pas moi même égaré du côté des communistes pendant mon adolescence...

    Sans doute est-ce finalement ce témoignage naïf (on sait que Hergé était surtout influencé par la propagande du milieu très conservateur dans lequel il travaillait, et il n'est pas sûr qu'il ait lui-même voulu transmettre un vigoureux message politique !), mais de première main, d'événements-clé dans l'histoire du XXème siècle qui fait de "Tintin au Pays des Soviets" un livre important, dépassant aisément ses limites de roman feuilleton populaire, commercial et amateur.

    pokespagne Le 22/11/2017 à 08:14:26

    1983. Nous sommes à une époque sombre où le monde devient laid : le capitalisme financier étend sa domination sur la planète et délimite les murs de notre réalité pour longtemps. Et nous baissons tous les bras. Dans ce monde-là, il n'y a plus de place pour Tintin. D'ailleurs Hergé meurt d'une horrible maladie de sang et nous laisse tous orphelins (de Tintin, pas de lui, car Hergé n'a jamais rien eu d'un père...). Fanny l'implacable, avant de prendre la seule décision honorable, qui est qu'il n'y aura jamais, elle vivante, d'autres Tintin, vacille et laisse publier cet abominable "Alph-Art", nouvelle tache sur l'Oeuvre après la pantalonnade des "Picaros".

    Car "l'Alph-Art" est une horreur... D'abord il n'existe que dans les imaginations les plus perverses : qu'est-ce qu'une bande dessinée sans dessins ? Alors que "l'oeuvre", non pas inachevée (il y a des livres ou ds films inachevés passionnants) mais avortée, se réduit à quelques pauvres dialogues assemblés à la manière d'un fascicule sur une médiocre pièce de théâtre, en face de quelques gribouillis où il est impossible de trouver la moindre trace du génie d'Hergé ? Pire, ce Tintin-là, s'il était sorti, aurait été un effondrement de plus, impardonnable cette fois : l'intrigue est inepte, entre courses poursuites répétitives et poussives, intrigue policière à la noix et réapparition (nooooon !) de Rastapopoulos après une chirurgie esthétique.

    Le Hergé à bout de souffle qu'on discerne derrière cette dernière tentative fait littéralement pitié : lui, le maître de la figuration narrative, s'est essayé sans succès à la peinture abstraite et, peut-être dépité, ébauche un pamphlet simpliste contre l'escroquerie de l'Art Moderne. Oui, si "l'Alph-Art" avait existé, il aurait marqué le nouveau Tintin - jeans et vélomoteur - du sceau indélébile de la médiocrité...

    Alors ? Alors on peut rêver de ce qui serait peut-être arrivé si Hergé avait persévéré dans l'élaboration de son "Un jour dans un aéroport", projet conceptuel absolu qui aurait pu faire basculer - ou non - Tintin vers un vrai modernisme. On peut aussi décider d'oublier "la trahison des images", et de repartir aux sources, "Chez les Soviets". Quand tout était neuf, possible, et que la BD était encore un rempart possible contre la laideur du monde.

    pokespagne Le 19/11/2017 à 10:37:53

    ... Et nous voilà déjà en 1976 : je suis majeur et vacciné, et Tintin est désormais loin de mes passions. Les filles bien sûr, le rock'n'roll et toute cette sorte de choses. Hugo Pratt et son beau Corto me semblent désormais incarner bien mieux qu'un petit reporter belge le souffle de l'aventure. Du coup, et c'est une chance en fait, je loupe la déroute affligeante qu'est "Tintin et les Picaros" : oh je le lis, mais distraitement, et une fois seulement avant de le ranger au milieu des cartons de mon enfance désormais refermée alors que mes parents déménagent. Tout a changé, et il me paraît logique de ne plus trouver grand intérêt à Tintin : je n'ai pas réalisé que Tintin avait changé, et bien plus que moi.

    2017 : je rouvre pour la première fois le dernier album (achevé) d'Hergé, et la consternation m'envahit... Mais qu'est-ce que c'est que ce dessin bâclé, maladroit, grossier, qui semble l'oeuvre d'un faussaire peu talentueux ? Même les aspects "Bob de Moor de "Vol 714 pour Sydney" restaient peu ou prou dans les canons de l'oeuvre... ici on est dans l'approximatif, le n'importe quoi, le vraiment pas beau ! Et ces gros plans exagérant les émotions caricaturales des personnages ! Et ces sourcils en zigzags déformant les traits de nos héros jadis adorés ! Et cette mèche tombante d'un Tintin qui n'a plus aucune prestance avec ses jeans et sa mobylette ! L'histoire même des "Picaros" est inepte, sans intérêt, écoeurante même quand Hergé se pique de nettoyer la Révolution de son aspect sanguinaire : au pays de "L'Oreille Cassée", on ne fusille même plus !

    D'un autre côté, maigre consolation pour le lecteur accablé, Hergé n'est pas totalement dupe de ce monde moderne où il tient désormais tant à inscrire ses livres : les indiens d'Amazone sont devenus de tristes alcooliques, et la jungle n'est plus qu'une destination pittoresque pour les touristes européens. Quant à la révolution castriste, elle est une illusion cruelle, mélange d'incompétence et de mépris souverain pour le peuple au nom duquel on prétend combattre (cette fameuse dernière vignette, honneur tardif du livre, sur les bidonvilles inchangés...) : il est d'ailleurs amusant de se souvenir que la presse des années 70 avait vilipendé Hergé pour son manque d'empressement à célébrer le culte du "Che", y voyant la preuve à rebours de son soi-disant collaborationnisme d'antan... alors qu'on ne peut que louer, avec le recul, la lucidité d'Hergé.

    Dernier clou enfoncé dans le cercueil de l'un des plus beaux héros du siècle, il y a... l'humour des "Picaros"... ou plutôt ce qui en tient lieu : c'est gros, c'est lourd, c'est grotesque. Pire encore, c'est - comme dans l'album précédent - inutilement méchant (pensez au personnage de la femme d'Alcazar !) : ce n'est pas, non vraiment pas Tintin...

    "Tintin et les Picaros" se vendra par centaines de milliers d'albums, et Hergé continuera son ascension vers la gloire, récoltant les fruits d'une vie de travail inspiré : il se mariera enfin avec Fanny. Rétroactivement, on aimerait lui souhaiter une vieillesse comblée et heureuse, loin du monstre qu'il a créé et qui l'a dévoré. Mais on sait bien qu'il n'en sera rien.

    pokespagne Le 14/11/2017 à 08:08:20

    "Vol 714 pour Sydney", avec son beau titre conceptuel puisque constituant les parenthèses de l'histoire contée par le livre, est un "Tintin" hautement symbolique pour moi : il fut le premier à m'être contemporain. J'avais 11 ans â sa sortie, et mes parents me l"offrirent "tout neuf", avec sa tranche de couverture verte et carrée qui le distinguait de tous les autres, un peu poussiéreux et racornis, dont j'avais seulement "hérité". Et puis, il parlait d'extra-terrestres, un sujet alors gravement à la mode, tout en étant "réaliste" dans sa narration si éloignée des pérégrinations intensives de l'ex-reporter / aventurier. Bref, je l'adorais...

    Le temps a été moins clément néanmoins avec "Vol 714..." qu'avec les albums antérieurs d'Hergé, peut-être parce que son inscription nette dans une époque qui me fut contemporaine l'empêcha de devenir un classique : certes, les références à Berger (le "passeur" et co-auteur du "Matin des Magiciens", que je lirai deux ans plus tard) et à Dassaut se sont perdues, mais il reste cet enracinement dans la modernité des années 60 (l'avion à géométrie variable, les armes systématiquement utilisées) et ce découpage de l'action, pour la première fois cinématographique, avec ses gros plans expressifs et ce dynamisme de la narration, qui en font un "Tintin" très différent. Aujourd'hui, les puristes regrettent la bouffonnerie générale qui désacralise des personnages essentiels de l'oeuvre, comme Tournesol - bien loin ici du scientifique génial de "Objectif Lune" - ou Rastapopoulos, qui n'est plus que la caricature de l'implacable et mystérieux génie du Mal qu'il fut : on peut supposer que ce jeu de massacre fut volontaire de la part d'un Hergé, qui vivait mal le succès concurrent d'Astérix, même si l'on peut soupçonner l'influence de ses collaborateurs des Studios...

    Bref, la fin est désormais proche avec cette indéniable trivialisation du mythe, mais l'enfant que j'étais alors - et que je reste - ne résistera pas à l'énergie des dernières scènes du livre, la fuite fascinante de Tintin et ses compagnons au sein du volcan en éruption, qui font pardonner beaucoup des faiblesses qui ont précédé.

    pokespagne Le 09/09/2017 à 08:52:22

    Il est inutile de dire que la lecture des "Bijoux de la Castafiore" quand on a à peine dix ans et qu'on est fan absolu des incroyables aventures de Tintin à travers la planète, voire dans l'espace, s'apparente à une terrible désillusion, et que l'incompréhension est totale. Bien entendu, une fois atteint l'âge adulte, et peut-être influencé par les critiques généralement dithyrambiques sur cet album "adulte" de Hergé - le seul véritablement "expérimental" dans son œuvre -, on apprend à, sinon apprécier, du moins comprendre ce que son créateur a voulu faire ici : peindre un monde (déjà) devenu trop petit, d'où l'Aventure et le mystère ont quasiment disparu, repoussés par la trivialité des médias, de l'affairisme égoïste, et surtout du désintérêt croissant manifesté par l'être humain envers son semblable. On peut aussi lire "les Bijoux de la Castafiore" comme la matérialisation de la dépression qui fut le fardeau de Hergé durant la majeure partie de sa vie : on ne communique plus, même au sein de "sa famille", on traîne à longueur de temps une vague tristesse qui pèse de plus en plus, on tourne en rond, et le moindre objet devient un obstacle au fonctionnement minimum de la vie quotidienne, voire même un danger. Dans "les Bijoux", si on tombe, on peut - pour la première - fois se casser le pied, et être condamné à la damnation de l'immobilité, qui empêche d'échapper à ses bourreaux. Tout cela serait déjà culotté de la part d'Hergé s'il ne nous proposait en outre une approche furieusement conceptuelle de la narration, puisque l'énigme policière est désamorcée en permanence, n'advient jamais au fil de fausses pistes et de coups de théâtre misérables, jusqu'aux dernières pages, où elle sera rapidement résolue et se révélera d'une trivialité absolue. Au milieu de cette Bérézina, Tintin reste une figure exemplaire, mais ici curieusement touchante, s'accrochant à la fois à la raison et à l'intuition, mais également à une position légèrement en retrait du chaos ambiant pour survivre au milieu des embûches répétées qui menacent tous les habitants de Moulinsart (sans même parler du fait qu'il brise le quatrième mur sur la couverture, mettant ainsi en perspective les pauvres péripéties d'une vie qui, quelque part, se termine... !). Bref, les "Bijoux de Castafiore" est un remarquable OVNI, qui ne fournit certes pas beaucoup de plaisir à son lecteur, mais lui offre par contre des abimes de réflexion. Quant à la morale de cette non-histoire, personnellement, je l'adore : "les oiseaux sont des salauds !".

    pokespagne Le 23/07/2017 à 08:38:59

    L'histoire est désormais connue : Hergé, lors de sa première séance d'analyse où il venait traiter le sentiment de culpabilité qui le rongeait du fait de son adultère, s'entendit dire "qu'il fallait qu'il tue le démon de la pureté en lui". Un conseil auquel, comme tout artiste d'envergure, il s'employa immédiatement à appliquer dans le livre sur lequel il travaillait, "le Museau de la Vache" (un joli titre malheureusement jugé anti-commercial par Casterman, qui imposa un "Tintin au Tibet" beaucoup plus passe-partout)... et qu'il trahit évidemment, le "démon de la pureté" faisant intimement partie de lui depuis toujours ! Tintin, surnommé "Coeur Pur" par les moines tibétains va en effet réussir, envers et contre tout - et surtout contre l'opinion de ses amis comme des experts de l'Himalaya - son ascension vers les sommets (qui venaient juste à l'époque d'être vaincus, rappelons-le) et sa quête d'un ami perdu. Fidèle à ses engagements, ne cédant jamais à ses sentiments intimes s'il les juge faibles, Tintin est ici un "héros absolu", l'antithèse de ce que Hergé pense de lui-même. "Tintin au Tibet", tentative de psychanalyse ratée (encore que, le transfert a-t-il eu lieu, quelque part ?), est l’œuvre la plus personnelle d'Hergé, délaissant de manière stupéfiante les ressorts habituels des Aventures de Tintin... hormis bien sûr l'avalanche constante de gags qui incombent cette fois totalement au Capitaine Haddock puisque ni les Dupondt, ni Tournesol ne sont du périple. Il a souvent été considéré par les exégèses comme le chef d’œuvre d'Hergé, une opinion à mon sens discutable : plus adulte, oui, plus émotionnel sans doute (comptez les larmes qui coulent, il y en a plus que dans tout le reste des albums de Tintin), mais pas toujours le plus passionnant. On peut ainsi trouver que les 20 premières pages de l'album, hormis bien sûr l'introduction stupéfiante avec le rêve prémonitoire et les "Tchang" explosifs, sont un peu longuettes (on peut aussi y trouver certaines similitudes avec le parcours du "Temple du Soleil"). Il est néanmoins indiscutable que quand "l'action" se met en place, avec l'arrivée dans les plus hautes altitudes et l'apparition du Yéti, "Tintin au Tibet" frôle la perfection : la mort rôde, le désespoir est perceptible, le sacrifice ultime est une option, la montagne est magiquement recréée par Hergé et ses collaborateurs. Et la fin est superbe, prenant acte que l'amour de son prochain (ou l'amour paternel / fraternel) ne saurait être circonscrit à l'espèce humaine. Ou bien, si l'on creuse la veine psychanalytique, que "l'Autre" en nous-même n'est pas un monstre. En 1960, Hergé était arrivé lui aussi à un sommet. Il quittait sa femme, emménageait avec Fanny, mais - et nul ne s'en rendait alors compte - après ce triomphe, artistique comme commercial d'ailleurs, Tintin, ce ne serait plus jamais pareil.

    pokespagne Le 16/07/2017 à 10:16:23

    Il y a fort à parier qu'un lecteur novice de 2017 s'étonnerait que le traffic auquel s'adonnent les (nombreux) "méchants" de "Coke en Stock" ne soit pas celui de cocaïne... l'usage du charbon comme combustible ayant disparu de nos contrées... A douze ans, j'avais adoré cet album de Tintin, en grande partie pour son épisode maritime qui permet à Haddock de retrouver un (court) instinct son noble métier de capitaine, qui multiplie les naufrages et les dangers dans une ambiance "de guerre" unique dans l'oeuvre d'Hergé (le commentaire du commandant du "Los Angeles" page 54 - "la guerre est finie, non ?" - est d'ailleurs à mon sens la seule référence apparaissant jamais dans "Tintin" à la Seconde Guerre Mondiale...). En relisant "Coke en Stock" en 2017, je me rends compte que j'en ai oublié les péripéties - qui sont, de fait, peu mémorables - à l'exception de cette petite trentaine de pages maritimes (la moitié du livre quand même) qui restent elles-mêmes absolument parfaites. C'est que "Coke en Stock" souffre d'un scénario marabout-de-ficelle incroyablement laxiste, qui se contente surtout de faire réapparaître sans véritable raison un grand nombre de personnages des albums antérieurs : l'on sait que Hergé avait décidé de copier ce truc dans la "Comédie Humaine" de Balzac, on comprend moins le j'menfoutisme de la narration, puisque Hergé était dans les années 56 à 58 sorti de sa dépression, et qu'il pouvait se consacrer totalement à un Tintin dont le succès international explosait... A moins de supposer que son nouvel amour pour la jeune Fanny ait eu un moment priorité sur sa fameuse conscience professionnelle ! Bref, "Coke en Stock" est un album qui divise le lecteur, entre magie et ennui - encore une histoire de déambulations au Moyen Orient ! Les gags fastidieux autour des farces d'Abdallah (l'un des personnages les moins intéressants de la saga), la régression absurde de Tournesol, rétrogradé de grand ponte de la conquête spatiale à inventeur de patins à roulettes motorisés, la froideur croissante du personnage de Tintin lui-même, ont malheureusement le dessus sur la pertinence de la dénonciation de la traite d'esclaves au Moyen-Orient, et surtout sur la noirceur très réaliste de la conclusion du livre : les "méchants" se tirent aisément d'affaire, comme dans la vraie vie (même s'il s'agissait sans doute pour Hergé d'avoir la possibilité de les faire revenir plus tard !).

    pokespagne Le 10/07/2017 à 10:21:42

    Après l'anticipation du diptyque "... Lune", "l'Affaire Tournesol" confirme l'arrimage des "Aventures de Tintin" dans une forme de fiction à la fois plus adulte - on est loin désormais de la fantaisie débridée des débuts - et plus moderne... même si ce modernisme peut faire courir le risque à terme d'un déficit d'intemporalité (... qui ne s'est toutefois pas matérialisé à date, je dois l'avouer...). Encore de la technologie d'avant-garde, donc, placée cette fois au coeur d'un thriller marqué par la guerre froide que l'on pourrait presque qualifier d'hitchcockien ! Le résultat est sans doute l'un des Tintin les plus passionnants, au rythme irrésistible et aux péripéties annonçant les grands thrillers cinématographiques de notre époque (Tintin serait-il ici un lointain ancêtre de Jason Bourne ?). Il me semble d'ailleurs me souvenir que "l'Affaire Tournesol" était considéré dans les années 60 comme une sorte de nec plus ultra de l'aventure policière pour enfants... au moins dans la cour de récréation de mon école ! Bien sûr, ce qui lui a permis de résister aux outrages du temps, au delà de sa "mise en scène" au timing impeccable (relisez les quelques pages dans la loge de la Castafiore, elles sont éblouissantes...), c'est l'efficacité d'un humour à la fois conceptuel (le gag récurent du sparadrap est digne du meilleur Tati) et pour la première fois "social" (avec l'apparition de l'insupportable Lampion, c'est le triste chaos et la trivialité consumériste de notre monde inculte et sans gêne qui fait irruption chez Tintin...). Finalement, devant ce presque chef d'oeuvre, on ne peut avoir qu'un seul regret : que Hergé ait cru nécessaire de faire se dérouler une partie de l'action de "l'Affaire Tournesol" dans un pays imaginaire tel que la Bordurie, mélange mal équilibré de dictature typique de l'avant-guerre et de communisme à la Yougoslave... Une "Affaire Tournesol" se déroulant en RDA ou en Yougoslavie, justement, aurait quand même eu une autre gueule !

    pokespagne Le 30/06/2017 à 11:33:58

    La relecture systématique des "Aventures de Tintin" réserve finalement plus de surprises que ce à quoi on pourrait s'attendre, si l'on songe qu'on en est bien à la trentième lecture depuis nos 13 ans ! Dans le cas de cet "Objectif Lune", album "monstrueux" au sein de l’œuvre d'Hergé pour sa portée emblématique, grâce principalement à l’intuition géniale que fut la création de la fusée à damier rouge et blanc, le choc vient du sentiment de rupture complète avec les albums précédents. C'est que "Objectif Lune", fruit du travail des nouvellement créés "Studio Hergé" plutôt que d'un artiste, désormais hanté par des crises dépressives de plus en plus profondes, atteint une perfection presque impensable, tant graphiquement que narrativement. Pensez simplement à cette pleine page qui dévoile la fusée et le site de lancement - a priori due au talent du jeune Bob de Moor -, soit l'un des grands moments d'émotion dans la vie de toute lecteur de BD. Ou encore relisez ces pages extraordinaires, véritable apogée de l'album, narrant la furie absurde d'un Tournesol traité de "zouave", puis son amnésie et le "traitement" offert par le Capitaine Haddock, et dites-moi s'il y a la moindre manière d'améliorer le rythme, la fluidité, l'imagination du récit. Le "problème" est évidemment que ce "nouveau Tintin", à la perfection qu'on a le droit de trouver froide, naît sur les décombres d'un Tintin antérieur, qui nous était devenu tellement cher, et qui ne réapparaitra plus jamais. L'humanité est désormais totalement déléguée au Capitaine Haddock, représentation parfaite d'un lecteur un peu perdu au milieu de cette démonstration technique, faisant écho à la description quelque peu formaliste des avancées de la science au début des années 50 : de l'uranium comme combustible atomique au guidage des fusées, tout passionne Hergé, et du coup, le souffle du romanesque est étouffé par le souci de la vraisemblance descriptive : de la même manière que le joyeux farfelu qu'était le Professeur Tournesol est devenu - inexplicablement - un savant mondialement reconnu, Tintin adopte ici un sérieux assez redoutable (... et une balle dans la tête pour Tintin !). Heureusement, cette introduction à l'ahurissant "On a Marché sur la Lune" se termine sur un suspense particulièrement bien construit, soit un mécanisme lui aussi inédit chez Hergé, qui conforte notre sentiment que, avec "Objectif Lune", Tintin est définitivement devenu "autre chose".

    pokespagne Le 30/06/2017 à 11:31:45

    "On a marché sur la Lune" est sans doute l'un des Tintin les plus unanimement aimés à travers le monde. Et le relire en 2017 permet de confirmer le niveau de maîtrise graphique et narrative auxquels sont parvenus Hergé et son "Studio", mais surtout de retrouver un vieux plaisir, enfantin mais pas que... : rempli de péripéties tour à tour hilarantes et angoissantes, certaines joliment "visionnaires" (la dérive de Haddock dans l'espace qui reste une sorte de mètre-étalon des scènes de ce genre au cinéma), d'autres gentiment farfelues (la glace sous la surface de la lune, extrapolation hardie de Hergé), "On a marché sur la Lune" garantit notre content de sensations fortes, sans doute au delà de ce que les albums précédents nous ont offert. Je sais bien que les gens "sérieux" ont relevé pas mal de points techniquement erronés, voire d'aberrations (l'absence de soleil, les instruments d'observation inutiles, l'usage du lasso dans le vide, etc.), mais honnêtement, cela a-t-il jamais posé un problème à un quelconque lecteur ? Je préfère quant à moi me pencher sur le duo mal assorti de "méchants", le nazi implacable et le traître rongé par la culpabilité et par la honte, qui introduisent un niveau d'ambiguïté et une absence de manichéisme inédits dans l'oeuvre d'Hergé. On verra d'ailleurs l'un mourir d'une balle sous nos yeux et l'autre se suicider, c'est dire combien Hergé décide ici de reconnaître le passage à l'âge adulte de sa création. Les larmes du Capitaine Haddock témoignent alors d'une émotion nouvelle, une humanité qui va s'épanouir dans la dernière partie de l'oeuvre d'Hergé. Avec son final magnifique au cours duquel la mort des héros semble vraiment possible, "On a Marché sur la Lune" nous a marqués durablement, et continue de nous enchanter plus de 60 ans plus tard, alors que plus personne ne marche encore sur la Lune.

    PS : A noter quand même un point sur lequel Hergé a manqué d'intuition, celui de la médiatisation d'un tel événement, qu'il a complètement ignoré, préférant jouer la carte du "secret militaire", caractéristique de ces années de Guerre Froide.

    pokespagne Le 04/06/2017 à 11:46:05

    Longtemps je n'ai pas aimé "Tintin au Pays de l'Or Noir", que je n'ai jamais ni "compris" ni vraiment trouvé intéressant. C'est d'ailleurs le seul Tintin que j'ai dû lire moins de 5 fois, comparé aux dizaines de fois pour les autres. Il faut aussi dire qu'il ne faisait pas partie de la collection familiale dont j'ai hérité dans mon enfance, et que je l'ai donc découvert tardivement, dans une édition dont je comprends aujourd'hui qu'elle est à éviter puisque, au début des années 70, les Anglais avaient demandé à Hergé d'expurger de "l'Or Noir" toute référence à la situation palestinienne des années 40... ce que le Studio Hergé s'est empressé de faire, salopant définitivement, tant narrativement que graphiquement, un livre ayant déjà souffert de sa difficile genèse. Interrompu par l'invasion de la Belgique et repris presque dix ans après alors que Tintin avait dramatiquement évolué (son apparence, sa personnalité et surtout son intégration dans une "famille" avec Haddock et Tournesol...), "l'Or Noir" s'avère plus intéressant dans sa version "1950". Le contexte y est clairement politique, pour la première fois depuis le "Lotus Bleu" : "guerre" entre les groupes activistes juifs et arabes, menace de conflit mondial clairement évoquée et importance stratégique du pétrole, Hergé avait lancé en 1939 "l'Or Noir" sur des sujets pour le moins sérieux ! La reprise dix ans plus tard n'est néanmoins pas parfaite : si Hergé a soigné la transition graphique entre ses deux époques (la rupture se fait lors de la tempête de sable), et s'il a réussi à inclure le Capitaine Haddock et le Professeur Tournesol dans son histoire - d'une manière peu convaincante mais qui nous offre quand même le seul moment "méta" de toute l’œuvre d'Hergé, cette étonnante conclusion qui voit le Capitaine Haddock lui-même refuser d'expliquer la raison de sa présence -, "l'Or Noir" souffre terriblement d'un scénario inconsistant, ennuyeux, qui répète des situations déjà vues maintes fois dans les albums précédents, quand il ne délègue pas complètement la poursuite de l'action aux Dupondt (Faut-il mettre cette débandade sur le compte d'une nouvelle dépression dans laquelle a sombré Hergé ?) ! Il faudra attendre les toutes dernières pages, et la savoureuse libération de l'inénarrable Abdallah pour retrouver un peu de la "magie Tintin". C'est décidément bien insuffisant !

    pokespagne Le 12/05/2017 à 19:33:32

    La guerre est finie, les collaborateurs autour de Hergé sont poursuivis, condamnés, et même si lui-même est - assez logiquement - acquitté, il a senti le vent du boulet. Il faut reprendre une existence "normale" alors que le monde est toujours au fond du trou. Hergé trompe sa femme avec une très jeune fille. Il perd l'appui du fidèle Jacobs, dont la propre carrière décolle. Hergé déprime, il envisage de partir vivre en Argentine. Justement, il a donné suite à l'énigme fantastico-policière des "7 Boules de Cristal" sur ce même continent sud-américain, où Tintin retrouve des vieux réflexes de ses années d'errance de "reporter" : feu sur tout ce qui bouge, traversée à toute allure et sans provisions de jungles et de montagnes, la routine, quoi ! Tintin, Haddock, les Dupondt, et même Tournesol sont protégés de la laideur du monde, enfermés dans un univers bigger than life où les civilisations disparues ne le sont pas vraiment, où le soleil obéit au doigt et à l’œil, bref où le fantastique est plutôt merveilleux. En fait, la première partie du "Temple du Soleil" est un peu rasoir, on a du mal à accrocher, avec le côté "boy scout" d'un Tintin définitivement plus adulte qui protège "le petit renard" des salauds, mais déjà loin des relents de colonialisme qu'on trouvait encore dans les premiers albums. Tout cela est un peu propret, surtout que le Capitaine Haddock boit bien moins, il se contente de s'hydrater le visage au crachat de lama - l'un des gags les plus célèbres de toute l’œuvre de Hergé, et que Milou a cessé depuis longtemps d'être intéressant. Et puis, en franchissant le miroir (le rideau de la cascade), Tintin pénètre "ailleurs", et Hergé nous offre vingt pages que je considère personnellement comme les plus puissantes, les plus dépaysantes, les plus... parfaites de tous ses albums : l'irruption dans le "monde perdu" (cette fabuleuse planche 47), le jugement de l'Inca, l'attente de l'exécution, et puis la célébrissime et merveilleuse scène de l'éclipse... l'un des sommets indiscutables, stylistiquement et narrativement, des "Aventures de Tintin". On pense quand même à boucler l'histoire des pauvres scientifiques envoûtés, dont,curieusement, le lecteur n'a plus grand chose à faire, et on referme ce chef d’œuvre, en se disant que Hergé aurait bien pu sombrer dans la dépression et tirer un trait sur tout cela, que tout n'aurait pas été perdu pour nous, les jeunes de 7 à 77 ans.

    pokespagne Le 22/04/2017 à 08:47:30

    Lorsque l'on me demande de citer mon "Tintin" préféré, c'est la plupart du temps "les 7 Boules de Cristal" qui me vient à l'esprit. Pourquoi ? Pas facile de discerner pourquoi ce 13ème album des aventures du petit reporter (qui ne l'était plus, visiblement) me marqua autant à l'époque : ou plutôt si, il y a une raison évidente, qui s'appelle Rascar Capac, momie cauchemardesque qui déclencha, alors que je devais avoir moins de dix ans, ma future passion pour le fantastique. Pour le reste, une re-lecture récente de cet album oscillant entre thriller dépressif en avance sur son temps (la malédiction à laquelle il est impossible d'échapper, quoi qu'on fasse) et accumulation de gags spectaculaires (tournant pour la plupart autour du statut de nouveau riche du Capitaine Haddock, qui endosse ici les habits mal seyants d'un châtelain un tantinet prétentieux) en montre les limites : si sa construction fait écho à celle du "Secret de la Licorne", avec l'ouverture finale qui arrive comme un grand bol d'air frais vers l'aventure, le grand large, on ressent la "perte d'innocence" de Hergé. Alors que la guerre, toujours totalement hors champ chez Tintin, touche à sa fin, que les dernières batailles font rage entre Nazis et Alliés, puis que survient la Libération de la Belgique, Hergé doit faire face aux conséquences de son choix de travailler au "Soir", journal volé à ses propriétaires et symbole de la collaboration : "les 7 Boules de Cristal" sera interrompu pendant 2 ans, avant que Hergé ne le reprenne une fois lavé des accusations qu'il affrontait, mais on imagine bien que l'ambiance autour de sa création n'était pas des plus favorables. Il faut toutefois souligner que Hergé se sera appuyé pour cet album sur l'imagination littéraire de son ami Van Melkebeke, sans doute responsable du "sérieux" de l'énigme policière très réussie, et sur le talent éblouissant de Jacobs, qui était en train de devenir le génie de la BD qu'on connaît. Mais, en tout cas, on se rend compte aujourd'hui combien l'impact des "7 Boules de Cristal" va être rétrospectivement multiplié par le "Temple du Soleil" qui nous ramènera le Tintin aventurier que l'on préfère.

    pokespagne Le 20/03/2017 à 10:14:15

    Oh, qu'il est bizarre, ce "Trésor de Rackham le Rouge" ! Le premier Tintin sans aucun méchant, sans course poursuite, sans en fait tout ce qui faisait l'essence de l’œuvre de Hergé jusque là. On pourra justifier ce pas de côté, un peu déstabilisant pour le fidèle lecteur, par l'ambiance anxiogène de l'époque (les Allemands enregistraient leurs premières défaites et l'occupation se crispait ; Hergé lui-même avait trop facilement travaillé dans des journaux de "collabos" pour ne pas craindre pour son avenir...), ou bien au contraire, positivement, par une formidable intuition, qui allait révolutionner "les Aventures de Tintin" : Tintin n'allait plus être seul, il se formerait autour de lui une "famille recomposée", et il aurait même une "maison", ce mini-Cheverny du Plat Pays appelé le Château de Moulinsart. Et tout serait différent, pour toujours. L'apparition sublime du Professeur Tournesol, grand sujet du "Trésor de Rackham le Rouge", la cristallisation géniale du langage du Capitaine Haddock dont l'alcoolisme deviendrait un tantinet moins gênant, la transformation des Dupondt en side kicks burlesques, tout cela relevait du pur génie, on s'en rendrait compte dans les albums suivants. Ici, on rit beaucoup (pour oublier la guerre et le malheur ?), comme on riait chez Chaplin : on rit des chutes, des gaffes, des maladresses, comme dans un retour inespéré de la magie du cinéma muet au sein de l'Art de la BD. Oui, "le Trésor de Rackham le Rouge" est un livre qui distrait, non, qui rend heureux. Qui donne aussi envie de plonger, d'explorer la mer, de se battre contre des requins à coup de bouteilles de rhum. D'ailleurs, quand j'ai été "grand", le premier sport qu'il m'est venu à l'esprit de faire de moi-même fut la plongée sous-marine... comme quoi ! Tiens, ce Tintin-là me fait penser au merveilleux film de Wes Anderson, "la Vie Aquatique" : même équipe de bras cassés, qui peuvent quand même devenir efficaces par miracle, même quête inutile qui ne mènera à rien, sinon à la construction d'une famille. Et même conclusion "merveilleuse", la récompense de toute cette souffrance étant la certitude qu'on a gagné un chez soi. Oui, Wes Anderson a lu Tintin, et je crois bien qu'il l'a mieux compris que l'ami Spielberg !

    pokespagne Le 26/02/2017 à 15:14:45

    Avec "le Secret de la Licorne" commence le temps des chefs d’œuvre. On connaît le contexte : la Belgique occupée, Hergé qui se concentre sur son travail, tout en évitant tout ce qui pourrait fâcher les autorités, et qui progresse à une vitesse confondante vers la maîtrise, tant de son dessin qui atteint une éblouissante maturité, que de la narration, ici pour la première fois irréprochable. Premier album dans lequel Tintin ne voyage pas hors de Belgique, premier récit policier à l'intrigue finalement assez complexe - plusieurs sujets de superposant, entre la recherche des origines du Capitaine Haddock, la poursuite du pickpocket diabolique, le mystère des maquettes de la "Licorne" -, et surtout premier pas vers l'élargissement de l'univers du jeune Tintin, ex-globe trotter solitaire passablement hystérique, qui va désormais adopter / être adopté par une bande de personnages, bande au sein de laquelle sa personnalité définitive se formera. Mais quand on a dit tout cela, qui est bien connu, on n'a rien dit sur ce livre stupéfiant, cette pilule de plaisir concentré, cette merveille de rythme et d'humour qu'est "le Secret de la Licorne" : les mystères, les rebondissements, les bagarres, les chocs et les coups - on est toujours à la frontière du burlesque chez Tintin - s'enchaînent à toute allure. Haddock n'arrive plus à porter un verre à ses lèvres, tant la volonté de l'auteur s'oppose maintenant à ce que son alcoolisme brutal le consume, il lui faut s'élever lui aussi vers son destin de héros, même paradoxal : l’extraordinaire, le visionnaire flashback central, qui dédouble le combat entre Haddoque et Rackham le Rouge par une scène de destruction domestique, est la marque indiscutable du génie de Hergé, et c'est au Capitaine Haddock qu'il doit d'être aussi inoubliable, aussi parfaitement cinématographique, aussi profondément troublant. "Tintin" quitte ici le domaine innocent des "petits mickeys" pour enfants, et devient une œuvre adulte, dont on va pouvoir, des décennies durant, analyser les motifs sous tous les angles possibles, et bien entendu - c'est malheureusement inévitable - avant tout psychanalytiques. Lisez, relisez mille fois chaque page du "Secret de la Licorne", vous ne pourrez qu'être ébloui par la perfection de la composition, des mouvements, du récit. Déjà, en 1942, au delà du petit monde de l'édition bruxelloise, malgré la Guerre, malgré les pénuries, la rumeur enfle, les ventes des albums s’accélèrent : quelque chose de monstrueux est en train de se passer autour de Tintin. Et ce n'est que le début.

    pokespagne Le 20/02/2017 à 10:37:02

    Je garde depuis ma tendre enfance, et ma première lecture de "l'Etoile Mystérieuse", une tendresse particulière pour cet album qui n'apparaît pourtant pas - en général - dans le Top 5 des meilleurs "Tintin" établi par les experts de tout poil. C'est que l'ambiance fantastique qui règne dans les quelques dix premières pages du livre (la fin du monde proche, le dérèglement du quotidien sous la chaleur grandissante, la folie qui contamine les personnages, puis la délivrance du tremblement de terre) n'a pas d'équivalent me semble-t-il dans l’œuvre d'Hergé, et a marqué durablement mon inconscient. Si l'on ajoute la toute dernière partie du livre, quand l'effet du métal extraterrestre sur la nature se traduit en visions délirantes de champignons géants explosifs et d'insectes cauchemardesques, on se rend compte combien "l'Etoile Mystérieuse" est un livre singulier, qui marque d'ailleurs l'apparition d'une note de fantastique dans l'œuvre d'Hergé (que l'on retrouvera bien entendu dans "les 7 Boules de Cristal"). La partie centrale, décrivant - signe des temps puisque le livre date de 1942 - une course maritime entre un navire affrété par l'Europe de l'Axe (les bons) et un autre, américain, financé par un juif au nez crochu (les méchants, prêts à toutes les fourberies pour triompher) est la plus faible... sans même vouloir reparler du dérapage politique d'Hergé, vite corrigé certes mais qui entachera durablement son image ! Tout cela reste toutefois très amusant grâce à l'accumulation de gags très "slapsticks" (chutes, chocs, etc.), à un Milou ne suivant que son estomac, et à un Capitaine Haddock à l'alcoolisme joyeux, célébré cette fois avec une allégresse bien éloignée du politiquement correct actuel.

    PS 1 : Il est intéressant de relever un détail qui achève de distinguer stylistiquement "l'Etoile Mystérieuse" des autres "Tintin", la présence d'ombres portées dans les pages 6, 7 et 8, qui accentuent le caractère expressionniste de ces scènes angoissantes.

    PS 2 : "L'Etoile Mystérieuse" fut le premier "Tintin" à être publié originellement en couleurs, et bénéficie de teintes ocres plus douces que celles de la palette habituelle des albums d'Hergé, ce qui ajoute un certain charme aux scènes maritimes et à l'exploration de l’aérolithe.

    pouetepremier Le 03/02/2017 à 21:59:02

    la 18ème position des meilleurs livres du XXème siècle....ce genre classement va décidément nous rendre encore plus stupide.... Quant a cette N éme édition collection papier triple épaisseur encore plus doux et parfumé ...je lui trouverais bien une place de choix au petit coin.

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:11:51

    1938 : l'Europe tremble devant les bruits de bottes. Hitler annexe les Sudètes et ridiculise la Tchécoslovaquie, pendant que Franco élimine la jeune république espagnole et que Mussolini s'empare de l'Albanie. La France, modèle de lâcheté politique qui marquera le siècle, abandonne définitivement son rôle de puissance internationale. Le petit royaume "enchanté" de Belgique mobilise. L'Horreur est pour demain, les Européens ne veulent pas l'admettre, mais dans le fond, ils le savent.

    Flash forward : 1970... J'ai douze ans et je découvre un à un les "Tintin et Milou", et le "Sceptre d'Ottokar" devient l'un de mes préférés. Totalement ignorant quant aux événements dramatiques dont Hergé se fait l'écho avec ses deux pays imaginaires (la Syldavie balkanique et salve, curieux mélange magnifiquement "documenté", pour la première fois dans l'oeuvre d'Hergé, la Bordurie et son fascisme à l'italienne), je me délecte d'une enquête policière plus complexe qu'à l'habitude (les conspirateurs aux belles bacchantes mais prêts à tout, la métamorphose d'Halambique, le mystère de la disparition du sceptre de la salle close du trésor... etc.), qui forge certainement mes goûts futurs. Je le lis et le relis sans m'en lasser, ce "Sceptre d'Ottokar", qui introduit pour la première fois un certain réalisme dans la course folle de Tintin... et qui a l'idée géniale de doubler cet éternel mouvement horizontal par une course contre la montre. Je me régale devant les décors raffinés - je ne sais pas encore que c'est au génial Edgar P. Jacobs qu'on doit cette sophistication -, ces costumes d'opérette mais tellement élégants, cette scène impressionnante (plus "jacobsienne" qu'autre chose, me semble-t-il) où Tintin crashe son Messerschmitt après avoir subi les tirs de la DCA ennemie... bref, j'adore ce livre, sa première partie haletante en Belgique (ah, la scène du restaurant syldave !), la course de Tintin à travers la montagne bordure, etc. etc. Je crois que je n'oublierai jamais les péripéties de ce livre enchanteur.

    Flash forward : 2017. Première relecture vraiment "appliquée" du "Sceptre d'Ottokar", histoire de mieux comprendre les secrets de cette œuvre tellement lumineuse conçue en des temps aussi sombres. Je remarque pour la première fois la rupture de style à partir de la fameuse "brochure touristique", et le décalage entre le Tintin pré-guerre des pages 1 à 19, avec le Tintin post-guerre des pages suivantes. J'ai envie de lire la version originale en Noir et Blanc, que je ne connais pas. Mais je n'ai pas changé d'avis devant l'émerveillement que fait naître en moi ce beau livre. La suite sera une autre histoire, moins solitaire pour Tintin, mais c'est justement... une autre histoire !

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:11:13

    "L'Ile Noire" a une place à part dans mon enfance : alors que j'avais "hérité" (de qui, je ne sais plus...) d'une collection quasi complète des "Tintin et Milou" publiés à l'époque - on était à la moitié des années 60 -, cet album, ô horreur, n'y figurait pas ! J'ai donc attendu quelques années en bavant devant la superbe couverture de la réédition (celle avec Tintin - vêtu d'une tenue écossaise ! - et Milou découvrant la sinistre Ile Noire depuis leur barque) qui laissait présager une aventure "gothique" lourde de sens. Je fus un peu surpris (déçu ?) en lisant enfin ce livre tant désiré par la relative neutralité de la longue course poursuite précédant cette fameuse arrivée, à travers le plat pays flamand, puis une campagne plus anglaise que réellement écossaise... même si le long combat final dans le château entre Tintin et les faux monnayeurs, avec un maxi-gorille (ou un mini-King Kong, comme on veut) au milieu, m'avait paru des plus réjouissants. Découvrir en 2016 la version "originale" - mais colorisée - permet de réévaluer cet album certainement un peu mineur au sein de l’œuvre d'Hergé : mieux aimée par les aficionados, cette version bénéficie en effet d'une rondeur, d'un dynamisme, d'une vitalité, un peu dilués dans les deux versions ultérieures, plus parfaites techniquement, mais plus froides (eh oui, il y a eu pas moins de trois versions différentes de "l'Ile Noire" : est-ce le signe d'une certaine insatisfaction d'Hergé vis à vis de sa création ?). Si les péripéties qui arrivent à un Tintin en perpétuel mouvement (en perpétuelle fuite ?) renvoient aux premières aventures du petit reporter, et que, du coup, certaines d'entre elles, peu vraisemblables commencent à être usées, il y a heureusement assez d'originalité pour sauver l'album : les multiples chutes, blessures et accidents de Tintin (envoyé deux fois à l'hôpital !), l'alcoolisme de Milou, qui se fera battre (!) par son maître, les acrobaties aériennes des Dupondt, le long gag des pompiers à la poursuite de la clé de leur garage, tout cela fait de "l'Ile Noire" un petit plaisir un peu régressif, qui pallie largement à un imaginaire beaucoup plus riquiqui qu'à l'habitude. Pour conclure, faisons - comme tout le monde l'a fait - la triste constatation que, après s'être attaqué au bolchévisme, au capitalisme, à l'impérialisme japonais et au chaos sud-américain, il est triste que Hergé n'ait pas dirigé ses canons plus directement contre le national-socialisme dont la menace se faisait terriblement concrète (on sait que cette histoire de faux monnayeurs est inspirée d'un fait réel de fausse monnaie commandité par le IIIème Reich... mais c'est quand même bien peu !).

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:10:35

    L'amoureux de l'Amérique du Sud que je suis ne peux qu'apprécier cette "Oreille Cassée", qui n'est pas par ailleurs très aimée des lecteurs en général : après le réalisme politique du "Lotus Bleu", on reproche souvent à Hergé d'avoir cédé à la pression et d'avoir retranscrit la "gué-guerre" frontalière entre Bolivie et Paraguay dans un pays imaginaire ! Pourtant, l'intérêt fictionnel de ce San Theodoros un peu carnavalesque certes, c'est qu'il permet à Hergé d'y concentrer nombre de situations passionnantes, pittoresques ou "amusantes" : les révolutions incessantes et coups d'état sanglants caractéristiques du Mexique de l'époque, la découverte des tribus amazoniennes avec leurs rituels savoureux (fléchette au curare, réduction des têtes…), et, du côté politique, magouilles des sociétés pétrolières cherchant à s'approprier de nouveaux champs d'exploitation, et bien entendu, une chose qui n'a pas changé, ventes d'armes de destruction à tous les belligérants dont on encourage les conflits. Finalement, "l'Oreille Cassée" est un pamphlet plutôt chargé, dont on ne perçoit pas forcément la pertinence du fait de la grande et belle légèreté de la narration, en net progrès par rapport aux albums précédents. Que ce soit la partie policière, une fois de plus endiablée, ou la partie "exploratoire" quand Tintin et Milou se perdent en Amazonie, le plaisir de lecture est total, Tintin conservant ici cette franche gaîté, cette exubérance déjà repérée dans "le Lotus Bleu", et qu'il perdra par la suite. Bref, "l'Oreille Cassée" est un livre drôle, dynamique, clairement sous-estimé au sein de la première partie de l’œuvre d'Hergé : à redécouvrir donc par tous ceux qui estiment qu'il s'agit d'un album mineur !

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:09:59

    Je n'ai pas un rapport facile avec "le Lotus Bleu", souvent pourtant considéré comme l'un des tous meilleurs Hergé (et apparemment classé - en France - à la 18ème position des meilleurs livres du XXème siècle) : je me souviens que, enfant, j'avais été surpris en le découvrant par le graphisme "originel" qui n'avait pas été modernisé (mis à part pour les toutes premières pages, ce qui créait un effet de rupture déstabilisant) et tranchait avec le reste de mes "Tintin"… Mais j'avais surtout été "choqué" par le réalisme de nombreuses scènes (la guerre d'invasion des Japonais, les inondations meurtrières, et même la menace répétée de voir le cou de Tintin tranché !), sans même parler de la personnalité de Tintin, très extraverti - ces sourires, ces explosions d'émotion, cette violence dans les combats (hors champs) à mains nues…

    Évidemment nombre de ces "défauts" constituent la singularité de ce "Lotus Bleu" et concourent à en faire aujourd'hui l'un des livres les plus respectés d'Hergé : bien documenté quant à la situation chinoise - Hergé ayant souhaité rompre avec la vision simpliste des civilisations "autres" qui était la sienne jusqu'alors -, mais surtout prenant fermement parti (contre les idées généralement défendues en Occident à l'époque…) des victimes chinoises du racisme européen comme de l'impérialisme nippon, "le Lotus Bleu" est clairement la première étape conduisant à la maturité d'une Bande Dessinée qui va devenir au cours des années suivantes l'une des œuvres majeures du Xxème siècle. Du point de vue narration, Hergé développe pour la première fois un grand récit "policier" cohérent - même si pas exempt d'invraisemblances - et relègue l'humour à sa portion congrue (les rudes Dupontd étant à eux seuls chargés d'incarner la part grotesque de ce récit plutôt sombre, voire souvent cruel…).

    Finalement, le problème qui demeure aujourd'hui avec ce "Lotus Bleu", une fois qu'on a intégré la part historique et aussi la part auto-biographique du récit (l'amitié avec Chang, qui deviendra, tout le monde le sait, le cœur du fameux "Tintin au Tibet", bien des années plus tard…), on peut quand même se sentir un peu perdus en suivant tous ces allers et retours effrénés de Tintin, qui semble passer son temps ballotté entre les nombreux personnages - bons ou méchants - de cette intrigue complexe, et faisant paradoxalement du surplace jusqu'au dénouement assez surprenant. Finalement, la vraie faiblesse du "Lotus Bleu", c'est que Hergé manque encore de savoir faire dans la construction de ses scénarios, une faiblesse qui sera rapidement corrigée dans les tomes suivants.

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:08:40

    "Les Cigares du Pharaon", dans la version redessinée et coloriée, fut certainement durant une bonne partie de mon enfance mon "Tintin et Milou" préféré, tant ces aventures rocambolesques au rythme trépidant me semblèrent une sorte de parangon du genre : mêlant sans complexes la malédiction de Toutankhamon, Lawrence d'Arabie, les enquêtes d'Albert Londres sur le trafic d'opium, Henri de Monfreid (… dont je rappelle qu'un feuilleton mémorable de l'ORTF célébrait la vie dans les années 60, feuilleton qui me faisait également rêver…), Hergé poursuit sa peinture d'un monde encore inconnu, incroyablement périlleux, mais également joyeusement déréglé.. Où tout est possible à son héros, même ceinturer un tigre féroce et l'enrouler dans une camisole de force, à mains nues, même parler aux éléphants à l'aide d'une trompette taillée dans un arbre, etc.! Le pouvoir de fascination des "Cigares du Pharaon", en dépit de l'invraisemblance totale de nombreuses situations, et de l'incohérence d'une intrigue soumise aux seules lois du coup de force, reste aujourd'hui tout-à-fait intact : bien supérieur aux précédentes tentatives d'Hergé, qui s'enlisaient comme on le sait dans la simplification politique ou même raciste, "les Cigares du Pharaon" nous raconte un monde fondamentalement mystérieux où s'affrontent pour notre plus grande joie maharadjahs, politiciens, savants fous, crapules capitalistes, fakirs, sectes encapuchonnées, tribus enturbannées. Un monde où tout était encore possible, aventure de rêve ou cauchemar, folie ou raison… mais où l'on peut désormais lire les prémisses de la part la plus obscure du Xxème siècle : intolérance, obscurantisme, superstition, peur de l'autre, racisme, cupidité, nationalisme… Même si d'aucuns font aujourd'hui la fine bouche sur une technique narrative encore balbutiante, sur des personnages aux personnalités encore mal définies, ce livre puissant prouve qu'Hergé avait déjà la capacité de synthétiser mille faits d'actualité, de s'inspirer de mille personnages réels ou légendaires, et de construire un parfait objet de plaisir, mais également une véritable légende du siècle.

    pokespagne Le 03/02/2017 à 09:01:15

    1940 : les Nazis envahissent le petit royaume de Belgique, et le monde s'écroule autour de Hergé. Commencent les années grises, qui verront Hergé assumer des positions discutables pour survivre... même si, en cela, il ne différera pas de 95% de la population belge ou francaise. "Le pays de l'Or Noir" mis de côté car trop "politique", Hergé crée ce célèbre "Crabe aux Pinces d'Or" qui montre un Tintin isolé (protégé) de la noire réalité du monde, vivant une petite aventure convenue où Hergé bégaye par rapport à ses précédents albums. Mais, si le lecteur pourra tirer une certaine frustration de cette prudence vaguement lénifiante, "le Crabe aux Pinces d'Or" est une oeuvre charnière, donc capitale, dans l'histoire de ce monument qu'est l'oeuvre de Hergé. D'abord, le graphisme y atteint un premier palier de qualité époustouflant, nous offrant un nouveau Tintin qu'on pourrait qualifier de "pré-classique", certes moins humain que sa version antérieure, mais littéralement imparable. Ensuite, la narration devient réellement fluide, et le rythme frénétique se ralentit : certaines pages nous donnent envie pour la première fois de nous arrêter pour les savourer, les contempler... l'âge des chefs d'œuvre n'est plus très loin. Et enfin, coup de génie absolu, Hergé crée le Capitaine Haddock, personnage "bigger than life" dont l'alcoolisme sauvage et catastrophique est le seul véritable vecteur de fiction ici. Le livre alterne donc entre des scènes dantesques de delirium tremens qui traumatiseront bien des enfants (qui aura pu oublier quand il avait 10 ans les efforts de Haddock pour arracher la tête de Tintin qu'il croit être un bouchon de champagne ?), et les moments presque intimes, qui scellent la naissance d'une amitié exceptionnelle. Par rapport à ce miracle littéraire, les nombreuses faiblesses du "Crabe aux Pinces d'Or" nous paraissent finalement bien peu importantes.

    PS : j'ajoute à titre personnel que, pour moi qui suis né à peu près où elles se déroulent, dans le Sahara frontalier entre Maroc et Algérie, les belles scènes de désert du livre m'ont toujours paru enchanteresses..

    jeweuser Le 14/06/2016 à 12:07:14

    J'ai acheté toute la série "Archives Hergé" auprès des Editions Atlas.
    Malheureusement les 4 titres suivants en noir et blanc ne m'ont pas été envoyés, à savoir : Les cigares du pharaon - Le lotus bleu - L'oreille cassée et Le crabe aux pinces d'or. Après l'avoir signalé, on m'a répondu que la collection était épuisée et qu'il n'y aurait pas de réédition. Je trouve scandaleux que les Editions Atlas vous fassent acheter presque toute la série et ne livrent pas les 4 exemplaires manquants. N'y aurait-il pas obligation de les fournir ??? Je trouve ces pratiques scandaleuses. Je crois que se sera ma dernière commande auprès de cette firme.

    Hugui Le 28/10/2010 à 18:08:48

    Vu le prix promotionnel où il est offert, ne vous privez pas de ce volume, même si vous possédez déjà toutes les éditions du Lotus bleu. En effet, les pages de présentation décrivant le contexte historique de l'époque, la vie et l'activité d'Hergé et ses sources d'inspiration sont passionnantes. La comparaison entre les photos et la réalité, le rappel de l'histoire de Chang et la rectification de quelques erreurs des précédents ouvrages sont très intéressants.
    J'ai particulièrement apprécié d'apprendre que Hergé est allé à contre courant de l'opinion de l'époque qui prenait le partie japonais alors que sous l'influence de Chang il va montrer la réalité de l'attitude des étrangers (japonais ou européens) sur le territoire chinois.
    Du coup on relit l'histoire avec un plaisir renouvelé.

    watchman Le 28/10/2010 à 14:35:56

    J'ai fait le choix de me restreindre sur d'autre achats pour me faire cette collection, bien que j'aie déjà en fac similé dos toilé toute la collection. Mais là, c'est trop beau. Superbe édition avec le double de pages, papier de qualité, cartonné et dos toilé. A l'intérieur une mise en parallèle avec le contexte historique de l'époque. Et un coté plus en rapport avec la bd en elle même.
    Bref, que du bonheur personnellement. A regretter qu'un tel objet grimpe rapidement en prix à partir du troisième numéro, mais c'est le lot de toute collection de prestige de ce type, qui plus est hors librairie. Les à coté (statuette et carte, etc) ne sont pas fondamentaux pour moi. Mais c'est cool.