Architecte ou designer avant d'être dessinatrice ou scénariste, Anna Mill et Luke Jones signent Square Eyes, leur premier album, chez Delcourt. Retour sur la genèse de cette dystopie singulière où il est question de ville augmentée et de technologies de la virtualité.
En 2010, votre nouvelle est récompensée par le prix du nouveau graphique de l'Observer. En 2018, Square Eyes sort. Comment est né votre album et que s'est-il passé pendant ces 8 années ?
Anna Mill : Nous nous sommes rencontrés en école d'architecture et nous avons étudié ensemble dans un studio de Design qui se concentrait sur l'utilisation de l'imagination narrative et qui travaillait ses projets de manière innovante et peu conventionnelle. Notre collaboration s'est concrétisée à la fin de nos études. À cette époque, les gens commençaient à parler de réalité augmentée et nous avons pensé qu’il serait intéressant de considérer ses implications pour la ville, notamment cette capacité à dissoudre l'expérience spatiale conventionnelle en quelque chose d'étrange et de constamment changeant. Dans un sens, ce serait comme vivre à l'intérieur d'un ordinateur - avec des informations numériques qui viennent se superposer sur le monde réel, qui l’incrémente. Ceci est devenu le pitch d’une nouvelle dessinée, qui a donné ensuite Square Eyes.
Luke Jones : Lorsque nous avons participé au concours Observer, c’était en quelque sorte un projet […]