Bartleby, le scribe
Une BD de
Jose Luis Munuera
chez Dargaud
- 2021
Munuera, Jose Luis
(Scénario)
Munuera, Jose Luis
(Dessin)
Sedyas
(Couleurs)
Montésinos, Éric
(Lettrage)
Maubille, Geneviève
(Traduction)
Melville, Herman
(Adapté de)
02/2021 (19 février 2021) 61 pages 9782505086185 Format normal 413830
New York City, quartier de Wall Street. Un jeune homme est engagé dans une étude de notaire. Il s'appelle Bartleby. Son rôle consiste à copier des actes juridiques. Les premiers temps, Bartleby se montre irréprochable. Consciencieux, efficace, infatigable, il abat un travail colossal, le jour comme la nuit, sans jamais se plaindre. Son énergie est contagieuse. Elle pousse ses collègues, pourtant volontiers frondeurs, à donner le meilleur d'eux-mêmes. Un jour, la belle machine se dérègle. Lorsque le patron de l'étude lui confie un travail, Bartleby... Lire la suite
J'ai adoré cette fable philosophique, (je l'ai considérée ainsi) entre deux visions de la société que tout oppose. Bartleby serait-il la conscience de son employeur qui doute? Cet autre homme avec qui le patron échange souvent sur ces "vils" employés serait-il son démon intérieur?
Tous ces antagonismes sont servis par un dessin qui est juste magnifique. Les habits, les décors, tout ce fond parfaitement dans l'esprit de moment à part de la vie.
Je ne connais pas la nouvelle dont est tiré ce roman graphique, aussi je ne sais pas dans quelle mesure elle a été suivie. Mais l'ensemble est cohérent, interpellant.
Herman Melville qui a écrit le célèbre « Moby Dick » s'est également penché dans une courte nouvelle sur un employé de Wall Street à savoir Bartleboy. Il voulait dénoncer les conditions de travail et proposer une certaine forme de désobéissance civile.
Ce dernier a en effet un dicton principe lorsqu'on lui demande d'accomplir une tâche particulière: je ne préférerais pas. Il est clair que si on répond cela à notre chef, on se voit flanquer par un licenciement en bonne et due forme. On est au travail pour l'accomplir sans avoir ses préférences. C'est la dure réalité du marché.
Il est vrai que le patron de Bartleboy est un vrai humaniste qu va tout faire afin de lui faire entendre raison. Mais rien ne pourra faire obstacle à la détermination de Bartleboy ce qui aura incontestablement une issue fatale. J'ai eu un peu de peine à la fin de ce récit tout comme ce patron bienveillant.
La moralité de ce conte urbain et professionnel est d'une logique implacable. Il faut se couler dans le moule ou sinon gare ! Il est vrai que beaucoup d'individus l'accepte sans se poser de questions. Cependant, ce n'est pas le cas de tout le monde et j'ai envie de rajouter le mot « heureusement ».
Bref, cette lecture ne nous laissera pas de marbre.
« ……….. !! » Voilà ma première impression lorsque j’ai vu les premières planches de cet album. Bouche bée devant tant de beauté, je me suis réjoui de plonger dans le nouvel album de Munuera. Je ne connais pas la nouvelle d’Hermann Melville et je découvre cette histoire avec les yeux grands ouverts : Les personnages sont remarquables, les couleurs ternes sont épatantes d’a propos, les pleines pages sont bluffantes, les cadrages sont ingénieux…. C’est beau !!
Je découvre donc cette histoire… bien plus complexe qu’il n’y paraît… la préface et l’épilogue m’ont d’ailleurs aidé à mieux saisir l’impact philosophique et sociologique de cette histoire.
Bartleby et sa rébellion passive questionne notre rapport au travail, à la société, mais aussi notre rapport aux autres et à nous-mêmes. Il pousse à la réflexion. Quel rôle ai-je envie de jouer dans ce monde ? Suis-je soumis ? Est-ce que je peux faire preuve de libre arbitre ?
Même si l'album est effectivement d'une beauté graphique absolue, la nouvelle de Melville est essorée pour n'en garder que la partie, sinon la moins intéressante, en tout cas la moins littéraire.
Bartleby, héros du Rien, incarnation du Vide, pouvait difficilement être représenté en bande dessinée, et il faut bien dire que Munuera pouvait difficilement faire mieux. Si la satyre sociale y est bien présente, le principal intérêt de la nouvelle originale, objet éminemment littéraire bien plus que social, parodique, satyrique... n'est pas là.
Ceci étant dit, on peut très bien s'en tenir là, ça reste un album fort agréable à lire.
Cette œuvre sociale est importante et vous devriez vous y plonger au cours de votre vie de lecteur et d'Homme.
L'album est beau et la postface est d'une grande qualité.