Au cœur des solitudes
Une BD de Lomig chez Sarbacane - 2023
07/2023 (06 septembre 2023) 158 pages 9782377318124 Autre format 479290
1867, une scierie tourne à plein régime dans un bruit effroyable quand soudain, des ouvriers courent secourir un homme à terre. Il s'est blessé gravement aux yeux. John Muir a déjà 29 ans et il est confiné dans une chambre obscure : il est probable qu'il restera aveugle. Mais miraculeusement, après des mois d'une convalescence quasi mystique, il recouvre la vue. C'est décidé, il va tout quitter et embrasser son rêve de toujours : partir plein Sud à la rencontre de la vie sauvage. Armé de son seul courage, de sa jeunesse, d'une loupe et d'une presse... Lire la suite
Je ne connaissais pas du tout John Muir qui est considéré comme le premier des écologistes et naturaliste moderne. Il est né en 1838 en Ecosse puis ses parents ont émigré aux Etats-Unis plus précisément dans une ferme du Wisconsin durant la fameuse conquête versl’Ouest.
Il a eu une enfance assez difficile marqué par le travail à la ferme puis dans une menuiserie où il a un grave accident de travail entraînant une cécité qui sera fort heureusement guérie après de longs soins dans un hospice spécialisé. C’est d’ailleurs pendant cette période de convalescence que débute cette BD.
Il prend alors une décision assez radicale à savoir parcourir son pays afin de rejoindre l’Amérique du Sud à pied. On le suivra dans son périple partant d’Indianapolis jusqu’en Floride où il prend un bateau pour Cuba. Atteint de paludisme, il doit renoncer à l’Amérique du sud pour aller jusqu’en Californie et la fameuse vallée du Yosomite qu’il rêvait de voir.
Il pratique ce qu’on pourrait appeler l’université sauvage à savoir un voyage initiatique de découverte de la nature. Il s’intéresse d’ailleurs à la botanique tout particulièrement. Il commence à se forger une idée précise sur la destruction de la nature engendrée par la quête du profit de l’homme. Il mènera par la suite un combat pour la préservation de la nature.
Avant d’en arriver là, cette œuvre se concentre sur ce périple en particulier qui va forger progressivement son esprit au gré des rencontres qu’il fait. J’ai encore une fois beaucoup aimé grâce à une qualité d’écriture hors norme et des dessins à couper le souffle.
Je retiens que l’auteur n’est autre que Lomig dont j’avais pu admirer déjà « le cas Fodyl » sorti en 2017 dont le thème était une société totalitaire et « Magic Dream Box » sorti en 2013 sur la condition humaine entre folie et solitude. On peut affirmer que c’est un autodidacte qui ne sort pas beaucoup d’œuvres mais celles qui sortent sont de réelles qualités. On voit qu’il y a un véritable travail de recherche et que ce n’est pas une conception à la va-vite !
Je mets presque la note maximale car sur la forme, j’aurais sans doute aimé avoir une œuvre plus colorée quand le choix de l’auteur se porte sur le noir et blanc. Cependant, rien à redire sur son style graphique semi-réaliste qui met en valeur les magnifiques paysages américains.
Bref, nous avons là une magnifique portrait d’un homme qui fut un pionnier de l’écologie et dont les résonances sonnent encore de nos jours car l’histoire de la destruction de la nature n’est malheureusement pas finie.
Plus encore, ce qui est véritablement magistral, c’est de nous avoir fait ressentir ce lien invisible entre l’homme et la nature dans une sorte de méditation contemplative. C’est une lecture qui m’a éveillé et qu’il s’agit pour vous de découvrir, si ce n’est déjà fait.