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Les avis de - toine74

Visualiser les 31 avis postés dans la bedetheque
    toine74 Le 07/04/2012 à 19:33:07
    Stéphane Clément - Tome 1 - Le guêpier

    Cette série est très attachante, d'abord sorte de fuite vers l'est façon baba-cool des années soixante-dix, elle s'est transformée en une sorte de blues du voyageur face à la (dure) réalité du monde moderne. Stéphane voyage donc, d'abord pour fuir une réalité trop "quotidienne" et, au fil de son périple, il croise industriels peu scrupuleux, villages bhopalisés, femmes perdues et exploitées, trafiquants d'art et d'organes... Pas très gai comme itinéraire, mais en même temps il rencontre des gens, des acteurs locaux qui luttent et résistent comme ils peuvent face à ces évènements. Les victoires, quand elles arrivent, ne sont pas du style "happy ending" et encore moins définitives. Une série réaliste au premier sens du terme.

    Ceppi a appris a la BD au long des premiers albums et ça se sent. Le trait “amateur” se transforme très rapidement devientt plus solide et plus posé. On n’est pas dans le réalisme photographique mais plutôt dans une sorte de ligne claire précise.

    En résumé, une série atypique mais passionnante servit par un dessin en totale adéquation avec son propos. Vivement conseillée à tous les amateurs de voyage (le vrai voyage pas le club Med’).

    toine74 Le 18/04/2011 à 21:36:30
    Gilles Roux et Marie Meuse (Les Aventures de) - Tome 1 - La molaire de Mindanao

    Gilles Roux et Marie Meuse, série des années 80 parue durant le dernier souffle du Journal Tintin, un environnement qui n'a pas dû être facile à vivre. La BD avait grandi durant les années 70 et la BD Rock de Métal Hurlant menait la danse. Tintin se modernise donc, le manichéisme à la Greg (Bruno Brazil, Bernard Prince) ne passe plus très bien, l'heroic fantasy balbutie (Thorgal commence son ascension), que faire pour attirer le lecteur ? Un néo-baba environnementaliste vaguement reporter (on est dans Tintin que diable), une femme forte et une dose de fantastique (on ne sait jamais). Le programme est un peu étrange mais au final les quatre albums sont plutôt réussis. Le trait de Magda est classique mais précis, il peut rappeler celui de Francq mais avec en plus une légèreté très agréable. Les histoires de Lamquet sont bien ficelées, le côté fantastique reste le plus souvent latent et documenté à la Jacobs avec de la pseudo-science "presque" possible.

    Le meilleur album est pour moi le tome 4 "La sève du maïs", histoire de manipulations génétiques sur le maïs qui tournent mal et dont la multinationale propriétaire essaye de cacher les conséquences à tout prix. A l'heure de la prolifération des OGM, cette histoire de 1988 prend des allures de prémonitions inquiétantes...

    Sans être la série du siècle, les aventures de Gilles Roux et Marie Meuse se lisent encore très bien. Une série parue à une "charnière" de l'histoire de la BD, coincée entre la fin des hebdomadaires classiques et le début de la BD en albums "à cycle".

    toine74 Le 26/01/2009 à 16:20:02
    Yoko Tsuno - Tome 9 - La fille du vent

    Yoko alerté par un mystérieux message à propos de son père se rend, avec Pol et Vic, au Japon via Honk-Kong. Elle va se retrouver au milieu d'un conflit industriello-scientifique. L'honneur de la famille, du Japon et la stabilité géopolitique régionale sont en jeu...

    Neuvième album de la série, ce tome est un de mes préférés. L'intrigue de Roger Leloup est très bien construite, il y montre parfaitement la dualité du Japon, d'un côté la modernité et le développement technique de pointe et de l'autre, le très fort rôle de la tradition. Le thème majeur, mainte fois utilisé dans le reste de la série (cf. L'orgue du Diable, La Frontière de la vie, la Proie et l'Ombre, le Feu de Wotan, Le Dragon de Honk Kong), la science et ses utilisations (positives et négatives) y est très bien développé aussi bien sur le plan moral que sur le plan économique. Leloup nous fait aussi fait plonger dans le passé de Yoko, jusqu'à l'heure japonaise émigrée en Europe, dans son enfance, dans ses racines; ces éléments nourrissent le personnage et le rend encore plus attachant. Il y est aussi question d'honneur (thème japonais par excellence), de retour sur un passé douloureux (le Japon et la guerre), du pouvoir des méga-entreprises et des catastrophes naturelles. Un album très riche donc, on se demande comment autant d'éléments tiennent en 44 planches sans compter qu'il y a plusieurs scènes d'action (le final est une réussite du genre). Reste le sort de Pol et Vic, leurs rôles y sont tellement inexistants qu'on se demande pourquoi Yoko les a emmenés avec elle...

    Au niveau graphique, c'est excellent également. Evidemment c'est un dessin classique. Le style de Leloup est parfaitement en place et sa ligne claire est superbe : c'est léger et dense en même temps. La mise en page est dynamique malgré un manque de place sur certaine page, on rêve de grandes illustrations hors-page par moment.

    Il faut relire les classiques ! Cet album est vraiment superbe tant sur le plan graphique que sur le contenu, même si ce style n'est pas votre tasse de thé (vert évidemment) ça vaut la peine de s'y plonger.

    toine74 Le 31/12/2008 à 16:16:37
    Lucien (et cie) - Tome 9 - Toujours la banane

    Un nouveau Margerin ça me titille, c'est un nouveau Lucien je fonce !

    30 ans plus tard, Lucien retrouve ses copains et, malgré les kilos et les galères de chacun, reforme Ricky et les Riverains pour l'honneur des quinquagénères : rock'n'roll will never die !

    Margerin prend le pari de faire vieillird ses personnages fétiches, c'est risqué tant les lecteurs (dont moi) s'attachent à leur "amis" de papiers. Et quand je dis vieillir, c'est carrémment 30 ans que Lucien, Ricky, Gilou prennent dans les dents. Sans trop dévoiler le sort qu'a réservé Margerin à ses héros, je peux dire qu'il n'a pas été trop tendre, son approche est réaliste et tout à fait honnête (se sont des gens normaux, pas des super-héros botoxés). Les cheminements de vie imaginés par Margerin sont tout à fait concevables pour chacun de ses protagonistes; ils sont très bien remit en piste et doivent faire face à leurs responsabilités d'aujourd'hui.

    Le résultat fonctionne pas mal du tout (c'est un peu bavard par moment à cause de toutes les nouvelles informations nécessaires à combler le hiatus de 30 ans). Cet album est une longue histoire, format dans lequel Margerin n'excelle pas; il a toujours été plus à l'aise dans les histoires courtes, espérons que sa venue dans Fluide lui permettra de retourner à ce format. Aux pinceaux, il est à son top et les couleurs sont vraiment très résussies nettement plus nuancées que celle des albums aux Humanos.

    Au final, sans être très original (gags classiques face aux nouvelles technologies, décalage parent/enfant), cet album est très bon et remplit d'humour. Pari tenu pour Margerin, vivement le suivant !

    toine74 Le 23/12/2008 à 15:48:48

    Années 60, Villerupt (Meurthe et Moselle), nous sommes à la Saint Sylvestre et Hervé (dit Baru) et ses potes ont une mission : faire la fête, boire des coups (à l'oeil c'est mieux) et draguer les filles. De plus, un pari a été fait : Hervé doit perdre son pucelage dans les trois jours. S'en suit la tournée des bals, bistros et autres baltringues de troisième catégorie (passé une certaine heure on est plus trop regardant sur la qualité des établissements).

    Quequette Blues dont Roulez Jeunesse ! est l'intégrale est une oeuvre de jeunesse de Baru. Bien avant la mode des biographies/autofictions, Il nous raconte donc un épisode de sa jeunesse. Plus que l'anecdote qui sert de fil rouge au récit, c'est la fresque sociale décrite par Baru qui est formidable. La bande de potes dont chaque membre est issu de l'imigration de l'époque (italien, polonais, kabile), le décalage entre cette jeunesse et les parents (rock versus valse), le racisme latent qui profite du plus petit incident pour surgir et l'usine. Cette usine, qui hante toute l'histoire (on est jamais bien loins des haut-fournaux), c'est le véritable personnage pivot de l'histoire; à la fois salvation (elle emploie toute la région) et enfer (le travail est dur et sans répit). Tout le monde finit à l'usine d'une façon ou une autre, quand on sait le sort qu'a reservé l'histoire à la sidérurgie dans cette région on ne peut que frémir au devenir de ces populations.

    Plus de 40 ans sont passés depuis les faits racontés et le propos de cette BD est encore totalement d'actualité aujourd'hui. Pas beaucoup de choses ont changé, les jeunes veulent toujours faire la fête, leur parents ne les comprennent pas, les cons sont toujours cons et l'avenir professionnel noir comme le charbon. Le récit de Baru est exemplaire, il va au-delà de ce qu'il raconte rendant la lecture de cette BD passionnante. Petit bémol néanmoins sur le dessin très brouillon par moment (la mise en couleur n'aidant pas). C'est une oeuvre de jeunesse et sa ce voit, malgré tout on décèle déjà tout ce qui va faire de Baru un très grand auteur : l'urgence du trait, la peinture sociale sans concession et la finesse de ses personnages.

    A lire absolument.

    toine74 Le 16/12/2008 à 16:28:14
    Le petit Christian - Tome 2 - Le petit Christian 2

    [BD]79262[/BD]

    Dix ans après le tome 1 (et une augmentation du prix de 50%) et le récit de sa tendre enfance, Blutch passe aux choses sérieuses et aborde une période plus troublée de son existence : l'adolescence ! Comme toujours, le petit Christian peut compter sur des alliés de poids. Steve McQueen et Marlon Brando prennent la place du Docteur Justice et de Lucky Luke pour dompter cette nouvelle émotion qui arrive en ville : l'amour. D'anecdotes en souvenirs, Blutch nous raconte avec beaucoup d'humour et de finesse ce moment nébuleux de la fin de l'enfance, la fin du monde des illusions et des héros imaginaires. Au niveau réalistion, c'est du Blutch classique (donc très bon) avec en prime des touches de couleurs (du rouge évidemment, la couleur de l'amour) tout à fait à propos.

    Une excellente suite au premier tome (lui aussi un must), fortement conseillé à tous les bédéphiles qui ont eu un jour 14 ans :wink: .

    toine74 Le 20/10/2008 à 16:09:32

    Campagne française 1920, Ange-Marie, ancien combattant traumatisé par la guerre, essaye de fuir ses démons par la fuite en avant. Acceuillit dans une famille, il va se reconstruire et constater que ceux qui sont restés derrière ont aussi des blessures à panser.

    Eric Stalner et Aude Ettori nous propose une histoire forte très bien réalisée. Ce n'est pas une BD "facile", les thèmes abordés (traumatisme de la guerre, sentiments passionnés et destructeurs, apprentissage à la dure de la vie) sont ambitieux mais parfaitement amenés et développés. J'ai particulièrement apprécié le récit d'Ange-Marie, très peu de BD (ou même de roman) ont montré le dur retour à la vie civil des combattants de 14-18. Les anciens combattants n'aimaient pas parler de leurs expériences des tranchées (Tardi montre pourquoi dans ses histoires) et beaucoup se sont enfermés dans le mutisme face à ces horreurs. Ange-Marie a un "ami-caporal" imaginaire pour se décharger, pour parler; cette trouvaille scénaristique montre parfaitement les luttes intérieures du personnage.

    Les dessins sont somptueux, on reconnait bien la patte d'Eric Stalner (Fabien M); son traitement en couleurs directes (aquarelle) est impressionnant. Les textes narratifs alourdissent un peu la lecture, ils sont, à mon sens, pas tous indispensables car le récit est presque toujours suffisant pour comprendre ce qui se passe.

    Par les thèmes abordés et l'époque je n'ai pu faire le rapprochement d'Ange-Marie avec Zoo de Frank et Bonnifay. On retrouve beaucoup de points communs entre ces deux histoires : le rapport à l'art (sculpture), la verrière avec ses animaux exotiques, la "violence" romantique du récit et certains personnages. Je pense que les amateurs de l'une aimeront l'autre histoire et vice-versa.

    toine74 Le 19/10/2008 à 15:45:44
    Le peuple des endormis - Tome 1 - Tome 1

    Le peuple des endormis raconte l'itinéraire du jeune Jean, artiste et empailleur, qui, à la mort de son père, s'embarque sous les ordres du fantasque Monsieur de Dunan pour l'Afrique... Nous sommes au XVIIème siècle et Louis XIV règne... L'histoire originale est un roman de Richaud que Tronchet a adapté en BD. C'est un récit initiatique classique (Jean, tel Candide, découvre la réalité de la vie et le monde).

    Qui dit adaptation dit choix, car il est impossible de retranscrire l'intégralité d'un roman en images. Le résultat ici est une BD un petit peu bancale, la narration souffrant beaucoup du passage de l'écrit au mode BD, par moment on a un peu l'impression d'avoir affaire à une succession de moments plutôt qu'à un récit suivit.

    Mis à part cette observation, Le peuple des endormis est une excellente BD. Tronchet a eu visiblement beaucoup de plaisir avec ces personnages. Jean s'ouvrant à la triste réalité du monde (annonçant les Lumières), Moïse le garde-du-corp sénégalais hilare et surtout Monsieur de Dunan, une espèce de Munchausen coureur de jupon n'hésitant de pas à inculquer les principes de Vauban à un roi sénégalais pour se protéger d'un mari en colère. C'est drôle, grinçant et terriblement sombre en même temps. Pas étonnant que cette histoire ait séduit Tronchet tant elle reprend d'éléments cher au créateur de l'illustre Raymond Calbuth (l'explorateur en appartement) : l'enfance innocente car coupée de l'extérieur, l'illusion de la grandeur (et le ridicule de ceux qui la pourchasse) et le rire ce premier et dernier rempart face à l'horreur du quotidien passé ou présent.

    Au dessin, tant l'Afrique de Là Bas était lumineux tant Le peuple des endormis est sombre. Ce traitement renforce le ton grave de l'histoire. Le trait caractéristique de Tronchet est efficace (Tronchet c'est Tronchet on aime ou on n'aime pas à chacun de voir :wink: ).

    Mise à part une narration un peu spéciale (adaptation oblige), le Peuple des Endormis est un excellent dyptique qui mérite entièrement sa place chez Aire Libre.

    toine74 Le 12/09/2008 à 15:51:39

    Monsieur le Volumeur est chargé de cataloguer les collections d'un mystérieux musée (tellement mytérieux qu'on en a oublié le nom). Cette histoire est un extrait de son journal lors de sa longue expertise des coins et recoins de cet immense édifice.

    Marc-Antoine Mathieu est en pleine forme ! Cette BD est phénoménale (comme à peu près tous ses bouquins :wink: ) d'inventions, de thématiques et d'humour; il ne faut pas oublier l'humour très fin de Mathieu qui se cache sous un dessin sombre. On sent que Mathieu, qui est également scénographe d'exposition, s'est fait réellement plaisir dans cette histoire de musée sans fond. Au fil des chapitres, il passe en revue les entrailles de l'essence du musée : les réserves qui prennent la poussière depuis des lustres, les ateliers de restaurations où d'étranges spécialistes de techniques oubliées s'agitent sans que le profane n'y comprenne grand chose et enfn de compte la futilité du cataloguage, tâche ingrate et sans fin (comment cataloguer la création ?).

    Au niveau BD, c'est du Mathieu classique pourrait-on dire. Du N&B et gris très beau (associé avec une impression et du papier de qualité, merci Futuropolis) qui renforce la profondeur des sous-sols. La scène de voyage dans le temps au fond des réserves est phénoménale : tout y est noir avec juste un soupçon de gris pour les dessins (jolie prouesse technique d'impression qui joue sur la densité des encres). Comme dans les Julius, Mathieu nous offre une petite surprise technico-BD dont le grand Fred n'aurait pas renié (je n'en dis pas plus pour la surprise).

    L'histoire en elle-même n'est très originale, un peu répétitive (chaque chapitre = nouveau niveau) et la chute est très prévisible mais ce n'est que très secondaire car l'intérêt de cette BD se situe ailleurs. Les situations, les questions philosophiques soulevées combinées à une réalisation parfaite grâce au talent de Mathieu forment un tout très dense et diablement passionnant. Co-édité par le Louvre, dont l'histoire et la taille ont surement servit d'inspiration à Mathieu, c'est plus un hommage de tous les musées du monde qu'il s'agit. Une très bonne BD sur un très bon sujet.

    toine74 Le 08/09/2008 à 20:59:21
    Choucas (Les Tribulations du) - Tome 2 - La brousse ou la vie

    Le Choucas est engagé par un couple pour retrouver leur fils disparu depuis peu. Un petit détail, le garçon est d'origine malienne et une ambiance malsaine règne sur la ville car des "incidents" racistes se sont multipliés ces derniers temps. Fugue, kidnapping ou bavure ? Le Choucas, flanqué de Gabin le fidèle taximan, enquête et suivant une piste se retrouve au Mali ou les choses sont plus compliquées qu'elles ne paraissent.

    J'ai été un peu déçu par cette histoire, qui sur un fond d'actualité très intéressant (racisme, rapport pays pauvre/pays riche), s'enlise un peu dans la latérite. Les divers éléments du récit se suivent d'une façon un peu forcée rendant la narration quelque peu chaotique. Les tenants et les aboutissants de l'intrigue à peine posé qu'on se retrouve en Afrique sans trop savoir comment, une poursuite mouvementée sur la piste arrive et la conclusion abrupte et fleur bleue clôt l'histoire. Le propos de Lax mériterait au moins deux volumes pour s'épanouir, ici il y a trop d'éléments, d'explications, pour permettre vraiment au récit la chance de se développer.

    Graphiquement c'est très bon (comme d'habitude avec Lax), Lax a parfaitement su rendre la riche lumière africaine. La chaleur, la poussière et la transpiration des pistes assomment les hommes. Et pire que ça, avec la température la bière est tiède...

    Après le Choucas en Amérique (tome 6) et Le Choucas au Tibet (tome précédent), ce Choucas au Congo me semble être celui de trop. Lax dans une interview récente (Bodoi 118) dit qu'il a l'impression d'avoir fait le tour du personnage, on ne peut que lui donner raison. De plus, déraciné de sa ville, le Choucas n'est vraiment pas à son aise. Alors plutôt qu'un Cigare des Pharaon, un Les gauloises du président serait plus de mise.

    toine74 Le 13/08/2008 à 17:07:43
    L'auberge du bout du monde - Tome 1 - La fille sur la falaise

    (avis sur les trois tomes)

    L'auberge du bout du monde est un très bon récit "lovecraftien" breton. Un petit village accroché à ses falaise est victime de disparitions étranges et d'une épidémie d'une maladie inconnue... Est-ce que celà proviendrait de la conserverie et de son sombre patron, de la belle Iréna qu'on dit avoir pactisé avec le malin et que ce passe-t-il sur cette île au large (on dit qu'une sorcière y vit) ?

    Sur une trame classique du récit d'épouvante Oger a tissé une histoire très dense et somme toute logique (dans le cadre d'un récit fantastique évidemment :wink: ). En même temps, et c'est ce qui donne la force au récit, il a su laisser suffisamment de zones d'ombre pour maintenir une dose de doute dans l'esprit du lecteur. C'est très fait comme on dit, néanmoins certaines révélations du tome 3 (c'est le tome le plus faible à mon avis) sont un peu trop téléphonées.

    Donc une bonne histoire bien menée, pour les dessins c'est également excellent. Prugne réalise là un sans faute. Sa palette de couleurs (c'est de la couleur directe) s'adapte à tous les besoins; des scènes nocturnes et pluvieuses aux rares moment de soleil (on est en Bretagne :mrgreen:), tout fonctionne parfaitement. La mise en page est aussi impressionnante avec de nombreuses grandes cases en plongée et contre-plongée de toute beauté.

    Histoire classique superbemment réalisée, L'auberge du bout du monde ne révolutionne pas le genre mais fait passer un très bon moment de BD.

    toine74 Le 28/07/2008 à 15:44:21

    Oeuvre de jeunesse de Zep, Amanite Bunker est une histoire satyrique sociale très drôle. Un ministre voulant redorer son image ordonne une action sociale de grande envergure. Les gentils assistants sociaux proposent donc à Kradok, keupon asocial sans espoir, de monter un projet qui lui tient à coeur... Ce sera une salle de concert underground. A celà s'ajoute des néo-nazis en chasse de l'âme soeur pour engendrer la nouvelle générations de petits soldats, des égoûts en mauvais état et les célèbres Rustik Butchers, le groupe de rock qui désosse. Pour la petite histoire, le récit, alors en prépublications dans un hebdomadaire de la place, s'était vu censuré à 7 pages de la fin. Humour trop gras, nazis trop cons ? Personne n'a jamais su le fin mot de cette décision.

    Le dessin de Zep est très chargé et rempli de détails (qui, d'un côté, alourdissent la lecture et, de l'autre rajoutent souvent une couche de gags).

    Indispensable ? Peut-être pas, cet album est néanmoins jouissif et hilarant et représente un jalon (avec Victor n'en rate pas une) de l'évolution d'un auteur devenu phare dans le monde de la BD.

    toine74 Le 16/07/2008 à 18:25:15

    Lax qui adapte Westlake, c'est un peu la dream team polaro-BD :wink:. Nous suivons les (més-)aventures de John Dortmunder, cambrioleur jamais à court d'idée, sur la piste d'une émeraude aussi évasive que convoitée... De chapitre en chapitre, l'équipe de Dortmunder, mandatée par le Major Iko, se retrouve à monter un nouveau coup pour mettre enfin la main sur le fameux caillou. Les rebondissements sont nombreux, cocasses et la cambriole osée.

    Graphiquement Lax est au top et nous propose un travail très poussé (acrylique, couleurs directes et textures travaillées aux couteau et à la brosse) presque trop dense pour le format. Ce traitement rend le New-York de Lax grouillant et presque vivant.

    Malgré tout cet album me laisse un petit goût d'inachevé, les chapitres (appelée phase) et donc les "coups" de Dortmunder se succèdent un peu trop rapidement, presque machinalement : phase I, rencontre avec Iko, montage du coup, plantage du coup, phase II rencontre avec Iko, montage du coup, etc. Quelques passages de transition n'auraient pas de trop pour donner un peu de respiration au récit.

    Pierre qui roule reste une bonne BD de polar, le traitement graphique et l'histoire sont très bons : humour, action et rebondissements. Il ne lui manque pas grand chose (plus de pages, un plus grand format) pour qu'elle ne soit une grande BD tout court.

    toine74 Le 11/07/2008 à 15:51:07

    Je ne pouvais pas manquer un nouveau Baru (c'est pour vous dire que je suis objectif en parlant de cet album :siffle: ). Baru en adaptant ce roman de Pierre Pelot pour la nouvelle collection Rivages/Noir/Casterman nous offre (16.5 euros quand même) un nouveau très bon album à sa production.

    Plus qu'un polar pur jus c'est plus, comme d'habitude avec Baru, une étude de personnages en décalage, de pauvres hères échoués par les courants froids de la vie, ici, c'est dans les Vosges que ça se passe. Ils ne sont pas très malins, pas trop honnêtes et plutôt imbibés les zhéros de cette histoires, les vrais méchants se cachent derrière leurs fonctions et le poids de la routine. Ils se débattent, croient aux miracles (et aux petits hommes verts) et s'écrasent à la fin comme ils se doit car on ne sort pas du cercle vicieux de cette vie. Aux pinceaux Baru fait étalage de tout son métier : cadrages, compositions, couleurs. Tout semble couler de source.

    Réalisation en béton pour un propos fissuré.

    toine74 Le 03/06/2008 à 16:04:30
    R97

    Faire le tour du monde en bateau, qui n'a jamais rêvé de réaliser un tel périple ? L'état français "offre" cette possibilité aux apprentis marins qui souhaitent s'engager dans la marine de guerre (la Royale). Christian Cailleaux raconte ce voyage en se basant sur les souvenirs de Bernard Giraudeau (de la classe '67).

    A bord de la Jeanne d'Arc, Théo, jeune matelot, s'embarque pour un périple aussi bien initiatique que formatif. D'un côté nous suivons l'évolution (l'éducation) de ce jeune matelot de 17 ans qui découvre la vie et de l'autre nous suivons la Jeanne d'Arc au fil des escales. Comme le rythme de la navigation cette BD avance à sa propre "vitesse". En mer, on a le temps de réfléchir, de voir les choses arriver. Sur terre c'est différent, l'escale est courte et on doit profiter de chaque minute. Outre les histoires de marins, de femmes et de boissons, on découvre surtout la beauté du monde et de ses habitants.

    Le trait de Cailleaux, directement dans la lignée de Christophe Blain, décrit parfaitement cette ambiance un peu floue du voyage au long court. C'est plus une histoire d'impressions qu'un guide de voyage. Le dessin ne décrit pas minutieusement le voyage, il offre des clefs d'une version possible du monde.

    Une BD pour les amoureux du voyage et tout ceux qui aiment rêver devant un atlas ouvert.

    toine74 Le 31/05/2008 à 16:31:34
    La guerre d'Alan - Tome 3 - La guerre d'Alan 3

    Après 2 tomes de très grandes tenues, ce nouvel épisode de la vie d'Alan Cope par Emmanuel Guibert était attendu depuis longtemps. Pour rappel, Guibert et Cope s'étaient lié d'amitié il y a quelques années, passionné par la vie de cet américain Guibert avait décidé d'en faire une BD. Après la formation et la guerre (tome 1 et 2), nous retrouvons Alan démobilisé à tous les sens du terme : peu ou pas de boulot et errance géographico-philosophique. En fait, ce dernier (?) volume raconte tout le reste de la vie de Cope : son retour raté aux USA, ses rencontres importantes et son encrage définitif en Europe. Cope raconte à sa manière ses souvenirs et Guibert les transfigure de façon très subtil grâce à sa plume.

    Ce troisième tome de la Guerre d'Alan est le plus faible de la série. D'un récit universel (la guerre, le soldat, l'apprentissage, le doute) on passe à une histoire plus personnelle; Cope face à ses choix et ses doutes. J'ai eu un peu de peine à me sentir totalement concerné par le parcours d'Alan. Il a eu des épisodes heureux, malheureux, il a fait des rencontres ordinaires et extraordinaires, il a évolué et s'est trouvé. Cope est toujours honnête et raconte sans fard les hauts et les bas de son existence. Une vie parmi des millions, intéressante parfois, ordinaire souvent.

    Guibert a fait de son mieux pour retranscrire tous ces souvenirs mais on le sent un peu gêné aux entournures. Il aime beaucoup son "personnage" tant qu'il se ballade et se construit par les rencontres, cela donne de très belles pages fortes (forêt, montagne).Avec l'âge Cope ne bouge plus beaucoup et devient bavard, le résultat sont des pages surchargées de texte qui étouffent la narration délicate qui a fait la force des deux premiers volumes.

    Tout n'est pas à jeter dans cette BD, et de loin ! Mais 120 pages pour 45 ans de vie, les deux premiers tomes (200 pages) se déroulent sur 3-4 ans, ce n'est pas assez, c'est trop condensé. Le système narratif basé sur l'anecdote ne fonctionne plus aussi bien.

    toine74 Le 28/05/2008 à 15:01:37

    Diptyque d'espionnage et de vacances grecques. Un trio d'amis tiennent un hôtel à Rhodes : apéro et farniente. Christian s'est fait larguer, Nicos est plus doué pour la sieste que pour bosser, heureusement que la brave Ponette fait tourner la baraque. En parallèle au Tibet, un bonze s'échappe d'un monastère sous surveillance chinoise; il a une mission à accomplir... Le moine débarque à Rhodes et s'installe à l'hôtel de nos nouveaux amis, il émet le souhait de rencontrer l'ex de Christian... Dans l'ombre, les services secrets chinois et anglais surveillent la situation.

    L'histoire sans être très originale est bien pensée (je ne raconte pas la chute), c'est plutôt sa construction qui donne à l'ensemble une drôle d'impression. Boisset a décidé de laisser le lecteur dans le mystère et amène son récit par petits morceaux (alternance entre un Tibet ultra-violent et Rhodes la sereine, le yin et le yang quoi) mais trop de mystère tue le mystère. Je me suis un peu perdu en conjectures au milieu de tous ces éléments éparses. Les personnages ne nous aide pas beaucoup car ils ne sortent pas vraiment des rôles dont on les a affublés (le comique, l'angoissé et la brave Ponette). Résultat à partir de la moitié du second tome on a droit à une liste de révélations nécessaire pour boucler l'histoire. Et encore, je suis resté sur ma fin, il reste beaucoup de questions sans réponses : pourquoi Rhodes (l'île elle-même ne joue aucun rôle, l'histoire aurait pû se passe n'importe où ailleurs), pourquoi les service secret anglais, quid de l'ex et qu'arrive-t-il aux chinois ?

    Heureusement, il y a le dessin de Béhé, j'aime beaucoup Béhé :wink:. Cet auteur a su développer un langage graphique très personnel très beau et très efficace : mise en page recherchée et un trait nerveux toujours très lisible. Le tout est associé à une très belle mise en couleur.

    Cette BD me fait penser à ces bandes-annonces de films alléchantes remplies d'action, de belles images et de répliques cinglantes... ça fait envie mais à la fin on se retrouve déçu par le film en entier. Tous les éléments d'une bonne histoire sont présents mais petit à petit le projet s'enlise. Reste le dessin de Béhé...

    histoire 3/10, dessin 8/10

    toine74 Le 15/05/2008 à 16:04:14
    Le feul - Tome 1 - Valnes

    [avis basé sur les deux premiers tome]

    Heroic fantasy + Soleil... voilà deux arguments qui au premier abord ne prêchent en faveur de cette série (je suis méchant il y a beaucoup de bons albums chez Soleil). De plus, comme beaucoup de séries ses jours-si les couvertures en jettent un max, situation qui a trompé plus d'un bédéphile :wink:. Une fois passé ces premières appréhensions, Le Feul m'a séduit et même passionné.

    Une maladie étrange (le feul) décime les habitants d'une petite communauté au bord du fleuve... Evidemment la cause ne peut que venir que de l'amont chez les barbares qui servent de voisins. La situation se corse quand ses même voisins, également au prise avec ce mal, pensent la même chose. Face à ce nouvel adversaire les petites différences sont oubliées et une expédition se met en place pour aller à la source de ce mal qui, en fait, semble toucher tous les habitants de ce monde.

    Le ton de la série est basé sur la fraternité et le respect d'autrui, par moment c'est presque un peu trop pédagogique, deux messages toujours d'actualité. L'avancée de l'expédition est double, les personnages apprennent à se connaître et se respecter et apprenne à comprendre le milieu (nature, animaux) dans lequel ils vivent. Comme lecteur, nous sommes au même niveau que les héros, cette situation rend la lecture très prenante. Le récit m'a fait beaucoup pensé à Aldébarran de Léo, aussi bien sur le plan de l'invention (faune et flore très précise) qu'au niveau du graphisme. Le dessin de Peynet est moins épuré que celui de Léo, on y décèle néanmoins une parenté de style (finesse du trait, personnage). Le Feul c'est un peu Aldébarran rencontre Le Seigneur des Anneaux :wink:.

    Héros attachants, fil conducteur fort et construction pleine d'invention...vivement la suite !

    toine74 Le 12/05/2008 à 15:39:00

    De Binet, tout le monde connait les Bidochon, une des premières BD dont le succès a su trouver un public en dehors du monde des bédéphiles. L'œuvre de Binet ne se limite pas à cette seule série : Poupon la peste, Kador (d'où sont sorti les Bidochon), Monsieur le Ministre (une des meilleure satire politique sur le marché), Propos irresponsables, ... Au milieu de cette grande production à l'humour acide se trouve une perle, à mon sens le chef d'œuvre du bonhomme : L'institution. Bien avant la mode de la BD autobiographique, Binet raconte son passage chez les "bons" pères, 9 ans d'internat condensé en un album. Au premier abord on retrouve le style acide et l'humour de l'auteur mais en même temps une immense tendresse pour ces gamins est perceptible à chaque page. Ces enfants, qui dès 6 ans, sont embarqués dans un monde glacial et où tout est construit pour imposer la rédemption par l'église. La discipline est dure et les récompenses rares, malgré tout nous sommes en présence d'une bande de gamins, de garnements près à tout pour contourner les règlements et la vigilance de leurs gardiens. Le génie de Binet est là, montrer ce mini-monde où tout est possible malgré l'oppression aveugle des gardiens. Binet ne juge pas, il est néanmoins devenu un non-croyant pratiquant, il se contente de montrer l'absurdité de ce genre d'établissement (qu'on espère disparu) et celle de ces maitres qui ne pensaient que bien faire. Le résultat est un grand album d'humour et de sincérité, car oui c'est hilarant (et effrayant en même temps) et l'auteur, plus que dans tout autre de ces albums, se livre sans réserve.

    A lire et relire.

    toine74 Le 05/05/2008 à 15:56:40

    Le récit se déroule en Russie à la veille de la révolution bolchevique, Moscou et ses habitants sont en effervescences. Le héros, Alexandre étudiant en médecine, doit se faire "oublier" de la milice tsariste et accepte un poste de médecin dans une petite clinique dans une région reculée... Arrivé sur place, il doit commencer à se faire accepter des habitants et faire face à une "bête" qui rôde dans les bois... Trame classique pour un récit qui n'arrive pas à décoller.


    Le dessin est bon et Jaime Martin joue avec les couleurs d'une façon très efficace, atmosphère bleue, rouge et grise qui colle à l'action. Pas de doute c'est très bien réalisé. C'est plutôt au niveau du récit que cela pêche. Le contexte historique, largement expliqué au début, ne joue plus aucun rôle une fois hors de Moscou (page 17 jusqu'à la fin). On pourrait être dans n'importe quelle campagne reculée du monde, la bête du Gévaudan est partout la même. La suite du récit suit les canons du genre sans beaucoup d'originalité (la chute finale est très prévisible), j'ai eu une impression de déjà lu page après page. C'est très bien fait mais le scénario manque d'originalité et d'ambition.


    Ce premier album en français du jeune auteur Jaime Martin dans la collection Aire Libre pâlit un peu de la comparaison avec les autres titres de cette collection d'excellence. La majorité des titres de la collection sont le fait d'auteurs posés à qui on donne un espace de liberté, cela a donné et donne encore des albums d'une grande qualité. Dommage pour Ce que le vent apporte car Jaime Martin a du talent mais la décision de le publier directement dans Aire Libre n'est peut-être pas une bonne idée.

    toine74 Le 21/04/2008 à 15:15:02
    Légende - Tome 1 - L'enfant loup

    Après le western spaghetti et les vampires, Swolfs s'attaque au récit moyenâgeux et sa "Légende" m'a profondément déçu (pour être poli). Ca fait longtemps que je n'ai pas lu une aussi mauvaise BD : poncifs que même Van Hamme n'oserait pas, dialogues en dessous de tout et intrigue de pochette surprise. On se croirait dans une BD de gare des années 50 : le duc faible et "contrôlé" par un ministre tendance sataniste à barbichette et regard torve , un héritier au-cœur-pur spolié éduqué par un ermite druidesque, les brigands rudes-mais-au-grand-cœur et quelques femelles vaguement habillées. Comme on est au moyen-âge les dialogues sont truffés d'expressions ampoulées vaguement archaïques qui ferait rougir même Jacques Martin, étrangement toutes les couches sociales parlent avec le même registre. Il n'y a que le dessin qui surnage dans ce gâchi, mais malgré son métier et son art du découpage (merci Derib) Swolfs n'arrive pas à donner un quelconque intérêt à ce triste récit. J'oubliais le côté triste, on ne trouve aucun humour et aucun second degré (ou alors c'est du masochisme) dans cette histoire.

    Je ne suis pas souvent aussi catégorique dans mes avis, mais là je ne vois rien à sauver. Tout y a déjà été vu et revu des milliers de fois, il n'y a pas une idée originale; c'est une BD vulgaire et vide. A fuir.

    toine74 Le 11/04/2008 à 19:03:32
    Long John Silver - Tome 1 - Lady Vivian Hastings

    C'est toujours délicat de donner un avis sur un tome 1 d'une série qui commence (ici c'est prévu en 4 volumes). Comme c'est souvent le cas, ce tome 1, Lady Vivian Hastings est une longue introduction au récit à venir. Il y est question de pirate (le célèbre Long John Silver de l'île au Trésor), d'une Lady (Lady c'est vite dit), de différents margoulins (de bonnes familles et d'origines variées), d'une expédition lointaine et d'une carte au trésor évidemment. Trame des plus classique donc avec un "casting" solide; chaque personnage a sa petite histoire et ses grosses blessures secrètes qui enrichissent le propos. Le tout est servit par le bon dessin de Mathieu Lauffray, sa mise en page est très variée (pages "classiques", scènes ouvertes qui se déroulent sur 2 pages, jeu de "caméra" ) qui donne à l'ensemble beaucoup de dynamisme.


    Déçu ? non. Surpris ? non-plus. Envie de lire la suite ? Oui, donc c'est que ça marche !

    Je mets seulement 6/10, l'avenir (les 3 autres tomes) nous en dira plus...


    Rendez-vous pour le tome 2 :wink:

    toine74 Le 09/04/2008 à 15:34:40

    Grandiose ! Après plus de 30 ans de carrière Tardi commet un chef-d'œuvre monumental. On connaît l'histoire : la Commune, ses excès, ses massacres. Sur une base "historique", les auteurs (Vaurin le romancier, Tardi l'adaptateur) sont venus greffer une série de petites intrigues qui font traverser les protagonistes à travers ces évènements tragiques. Résultat, une galerie de gueules cassées, d'âmes blanches, grises et noires et beaucoup de sang et de sueur. La construction est complexe avec des changements de narration osés (changement du sens de lecture et de point de vue), parfois bavarde quand Tardi se fait pédagogue et militant (le quatrième tome est pratiquement à charge contre les versaillais). Malgré ces tics, il y a un vrai souffle épique qui traverse ces 4 tomes noirs de charbon. Ce n'est pas un document historique, c'est de la grande BD tout simplement.

    toine74 Le 05/04/2008 à 17:28:42
    Bleu Lézard - Tome 1 - Mortelles retrouvailles

    [avis sur toute la sérieJ

    'ai beaucoup de peine à situer cette série, thriller, polar, marine à voile ou alpinisme ? Les déboires d'Ellen l'infirmière peintre sont vraiment étranges; tour à tour témoin, victime ou complice elle traverse les pires épreuves comme si de rien n'était. Ironiquement je pense que c'est la présence de cette héroïne qui fait que la mayonnaise ne tient pas en place. Les intrigues en soit ne sont pas mauvaises et feraient sans doute de très bonnes enquêtes de l'inspecteur Machin. A la place d'un affable pandore on a droit à cette infirmière qui se retrouve "incrustée" dans le récit d'une façon un peu artificielle. Ellen est bien brave et joue bien son rôle mais ça sonne faux. Pris séparément chaque album est passable mais mis ensemble il y règne un manque d'homogénéité criant à cause du rôle ambigu d'Ellen dont la personnalité semble être remise à zéro entre chaque histoire.


    Le dessin est passable, ce n'est pas le meilleur mais il y a aussi bien pire. Les scènes de montagnes sont très réussies. La construction est ambitieuse (flashback dans le flashback...) mais bien tenue et on suit bien le fil des histoires.


    En tout six tomes certainement pas indispensables mais à qui on n'a pas grand chose à reprocher (ce ne sont pas des daubes mais il manque quelque chose). Série à emprunter à sa bibliothèque/médiathèque.

    toine74 Le 30/03/2008 à 16:05:50
    Léna - Tome 1 - Le long voyage de Léna

    Christin + Juillard, voilà une combinaison qui attire l'œil du bédéphile en maraude...


    Christin nous offre une histoire politiquo-morale alambiquée limite surnoise. Pour résumer : Léna, une jeune femme dont on ne sait rien, se "transporte" d'un coin à l'autre de l'Europe et du Proche-Orient livrant à des quidams plus ou moins louche les morceaux d'un plan dont tout le monde ignore le but, et ça jusqu'à la page 41 (l'album en compte 56); 41 pages plutôt bavardes (je me suis crû par instant dans un vieille histoire de Charlier), vaguement remplies d'images plus ou moins touristiques pour se situer. Les 15 dernières pages nous offres un semblant d'explication (sur le passé de Léna, le tenants et les aboutissants du "plan" ) et laissent un nombre de questions non répondues; tout ça sur un fond bien pensant mais limite nauséabond. (Je ne développe pas pour éviter de dévoiler le nœud de l'histoire). Christin, qui a construit une partie de sa gloire (méritée) avec des récits politiques durs sur les mouvements extrêmes (cf. les histoires avec Bilal), semble avoir un peu de peine avec la réalité d'aujourd'hui ou alors il s'est aigri méchamment. Il avait déjà réalisé une histoire un peu semblable, quoique moins ambigüe, avec Ceppi (La nuit des clandestins) et ce n'était déjà pas ça.


    L'autre partie de l'équation : Juillard. Juillard fait du Juillard, mais sans grande passion. Peut-être paralysé par la quantité de texte, il reste très plan-plan. Le côté voyage de l'album en souffre beaucoup, on reste figé sur Léna sans voir grand chose des régions qu'elle traverse. Juillard s'en sort grâce à son immense talent mais ça reste quand même pas très excitant au niveau graphique.


    Donc, un résultat final qui n'égale la somme de ces deux talents. A l'instar d'autres associations "forcées" (je pense à Lune de guerre du duo Hermann/Van Hamme), l'association de deux univers forts et bien en place est très difficile à réaliser.

    toine74 Le 25/02/2008 à 22:32:41

    Hausman, l'un des plus grand conteur de la BD, nous offre là une superbe histoire d'une autre époque. Je m'explique, la source d'Hausman pour cet album n'est autre que sa grand-mère qui lui racontait, alors petit enfant, des légendes paysannes qu'elle même tenait de son enfance... Nous avons donc à faire à un témoignage direct de la culture populaire du XIXème siècle sous nos yeux, aujourd'hui au XXIème siècle !


    Que nous offre la mamie au grand René ? Une histoire remplie de vagabond-rebouteux, d'échange de bébé au berceau, de lutins et de paysans bêtes et butés. Il n'y a pas beaucoup de place pour l'amour et la grâce quand on est paysan, la vie est dure et la terre ingrate sans compter que les forces surnaturelles ne sont pas de notre côté. Le récit d'Hausman avance morceau par morceau et l'histoire prend forme page après page à son rythme (et celui des saisons :wink: ). Chaque page, chaque case est un tableau en soit, un petit détail qui nourrit cette histoire tragique. C'est un vrai conte, pas une grande épopée remplie de fougue, une histoire qui prend son temps comme à l'époque où faire les choses prenait du temps.


    Le tout est servit par la plume et les couleurs généreuses d'Hausman. Il n'a pas son pareil pour les scènes animalières, un trait inimitable et grouillant de vie.

    toine74 Le 25/02/2008 à 22:11:20
    Le photographe - Tome 1 - Tome 1

    Un très bon moment de très bonne BD documentaire. Lefèvre, le "héros" photographe, couvre une mission de MSF dans l'Afghanistan en lutte contre les soviétiques (nous sommes en 1986). La BD est construite en parallèle entre les superbes photos de Lefèvre et les dessins de Guibert. Cet amalgame peut paraitre étrange mais au fil des pages le récit sublime cette différence de média et la fusion des genres devient logique. Les photos offrent des fenêtres sur la "réalité", le dessin fait avancer le récit et, de par la nature même du média, condense et résume le propos. C'est le genre de BD dont le sujet (les conséquence de la guerre, les victimes innocentes) est fort, presque trop fort et on pourrait tomber dans un traitement misérabiliste ou larmoyant. Les auteurs, par leur talent, ont évité cette situation et en fait de pitié pour les victimes on se retrouve à admirer ces personnes (car on parle de vrai personnes pas de personnages de papier) : le courage des Moudjahidines, l'abnégation des civils (femmes, enfants, vieillards) et le travail exemplaire des médecins.


    Est-ce que ça fait une bonne BD ? Oui, le récit marche bien et la narration, malgré les arrêts sur "image", est fluide. On peut partager l'histoire en deux parties : un côté documentaire (découverte de la situation, le pays, la guerre, MSF) qui se retrouve dans les 2 premiers tomes, un côté aventure "solo" de Lefèvre dans le troisième tome. Personnellement j'ai préféré la "première" partie que je trouve plus passionnante : on est dans l'action, il y a une espèce de tension entre découverte d'une réalité et l'urgence de la situation. La deuxième partie est moins tendues, on est plus dans récit de voyage "classique". C'est pleins d'aventures et d'anecdotes intéressantes en soit mais il manque un peu de la tension de la première partie.

    toine74 Le 14/02/2008 à 15:20:08
    Les amis de Saltiel - Tome 1 - L'homme qui n'aimait pas les arbres

    Premières série d'Etienne Davodeau parue dans la défunte mais très bonne collection Génération Dargaud, collection qui avait objectif de faire connaitre des nouveaux artistes (elle révéla également Félix Meynet).

    Le triptyque que forme les Amis de Saltiel est une très bonne mise en abime de l'œuvre de Davodeau : la bande d'ami, la réussite sociale et un certain contexte militant. Tout ce qui va suivre dans les albums de Davodeau se trouve ici d'une façon ou d'une autre.

    Tout au long du récit, nous suivons Saltiel, photographe professionnel, et ses amis. Le premier tome, L'homme qui n'aimait pas les arbres (quel titre extraordinaire !) tourne autour d'un artiste traumatisé par la guerre d'Algérie dont les œuvres tourmentées et brillantes attirent toutes les convoitises. Règlement de compte sur fond de lâcheté et crimes de guerre. Dans la deuxième histoire, Les Naufrageurs, nous retrouvons Saltiel et ses potes en villégiature dans une vieille baraque au bord du fleuve. Chronique sur l'amitié qui bascule vers la perception de la célébrité quand on apprend qu'une star du cinéma aurait loué un villa sur l'île... Enfin, le troisième tome, Faux-Frères, une superbe trouvaille scénaristique permet de clore cette trilogie de façon magistrale : la star de cinéma rencontrée dans le tome 2 décide de faire un film sur l'histoire de l'artiste maudit du premier tome ! Tous les éléments du récit se rencontrent et s'entrechoquent.

    Graphiquement Davodeau est encore en apprentissage (la progression du trait entre le tome 1 et le tome 3 est impressionnante), il y a des hauts et des bas, pour l'amateur de dessin, c'est intéressant de voir un style en formation.

    Une série indispensable aux amateurs de Davodeau.

    toine74 Le 29/01/2008 à 20:52:36
    Mémoires de l'Élan - Tome 1 - L'élan n'aura jamais d'album

    Curieux et étranges petits albums du plus canadien des héros du Journal de Spirou. L'Elan est né en page 2 de l'hebdomadaire et pendant quelques années il y a fait son nid (vous ne saviez pas que les élans avaient un nid ?). Dans ces gags format "strip" américain, Spirou écoute les états d'âmes de l'Elan, héros hors-format (2 mètres au garot) incompris et trop sensible. C'est à la fois drôle, absurde et attendrissant. Le tout est servit par la plume animalière de Frank (Brousaille, Zoo).

    toine74 Le 29/01/2008 à 20:42:03
    Fabien M. - Tome 1 - Le cavalier noir

    Une histoire de vengeance familiale à l'ombre d'une société secrète marquée par les pièces de l'échiquier dans la France du début du XXième siècle. Intrigue et style très classique mais très bien tenue en main par les frères Stalner. Il est indispensable de lire les albums en ordre chronologique car il s'agit en fait d'une seule grande histoire remplie de coup de théâtre et autres trahisons.

    toine74 Le 24/01/2008 à 16:46:55

    Très bon récit de guerre sur le mode intime et nettement plus réaliste que le dessin le suggère. La vraie guerre ici, c'est-à-dire l'attente, le doute, la peur et l'ignorance des évènements. Le héros, Giorgio Chiesura, comme la majorité des troufions de toutes les armées se retrouve baladé au gré des derniers hoquets de la guerre. Vaguement consciencieux, le vernis militaire ne cesse de se craqueler au fil des pages pour arriver à la conclusion qu'on finit toujours par se retrouver face à soi-même même après avoir traverser les pires épreuves.