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Les avis de - shudhakalyan

Visualiser les 7 avis postés dans la bedetheque
    shudhakalyan Le 16/02/2014 à 21:13:40
    Transmetropolitan (Urban Comics) - Tome 1 - Année un

    Un « comic d’auteur » de la fin des années quatre-vingt-dix, qui déblatère sa haine du monde et de ses vices, dans un rythme endiablé qui laisse la place à l’émotion et aux sursauts de vie. Ce premier tome de Transmetropolitan écrit par Warren Ellis et dessiné par Darick Robertson, est puissant. On connait la vision sordide et complaisante des auteurs américains qui dépeignent un monde pourri, fait d’ambiances de bas-quartiers new-yorkais, de chambres poubelles, de trottoirs jonchés d’ordures et de putes, de cigarettes tordues par des fumeurs accros, de visages convulsés par des désirs obscènes, par la misère, par la cupidité, par la violence ou par l’ennui, dans un décor vaguement futuriste, prétexte à exacerber les excès morbides de nos sociétés urbaines. Mais quand s’y adjoint un trait précis dont la tendance à la surenchère baroque ne cède en rien au sens du détail, à l’expressivité vivante et au lyrisme de quelques grandes scènes bien situées et inattendues ; quand s’y adjoint en outre un texte ample, généreux, qui ne craint ni la crudité ni la pénétration intellectuelle, capable de commenter des situations silencieuses avec la liberté d’une voix off campant un personnage principal féroce, solitaire, anarchiste et éthique, capable aussi de donner à chaque individu une voix propre qui sonne juste et qui vibre avec force de sa tonalité propre, le « comic » atteint au grand art.

    Ce premier tome de Transmetropolitan, publié il y a près de quinze ans déjà, campe un écrivain-journaliste subversif, acerbe, violent, tendant à la misanthropie et isolé des hommes depuis cinq ans, qui, suite à un contrat d’édition que lui a valu un essai politique à succès avant son retrait du monde et à de sérieux ennuis financiers, se voit contraint de redescendre en ville pour écrire, et décroche, grâce à d’anciennes relations qui ont réussi à se faire une place et grâce à un nom dont la notoriété n’a pas été oubliée par tous, un emploi de journaliste pour vivre dans la métropole. Un court préambule nous offre le contraste de la maison montagnarde retranchée avec la technocratie urbaine et ses bains de foules, puis la métamorphose du personnage principal qui passe d’une dégaine d’ermite pourvu d’un visage engoncé dans une chevelure et une barbe immenses au style tranchant d’un citadin au crâne rasé, aux lunettes délirantes (un verre large circulaire de couleur rouge pour l’œil gauche et un rectangle étroit de couleur verte pour l’autre, sur une monture minimaliste de couleur cuivrée), vêtu d’un pantalon et d’un veston noir sur lequel pend une sacoche en cuir brun et qui s’ouvre sur son torse nu couvert de tatouages. Ces lignes néotribales qui couvrent l’ensemble de son corps, et le désordre ordurier de son intérieur garantissent néanmoins qu’il s’agit du même homme, dont le nouveau style est rehaussé par l’araignée tatouée sur l’avant-droit de son occiput désormais chauve. La métropole aux allures new-yorkaises dans un futurisme quelque peu daté grouille d’une ambiance complexe qui fait alterner les buildings, les vitrines et les panneaux publicitaires blinquants avec la diversité contrastée de la foule populaire et la misère des bas-quartiers. À peine retourné en ville, Spider Jerusalem, notre anti-héros narrateur attentif à tous les canaux de communication qui lui permettent de veiller à l’actualité la plus brulante, est confronté à un conflit qui déchire une partie de la métropole, suite à la sédition mal préparée des « transitaires » dans le quartier d’Angels 8, nouvelles formes de vie générées par des hommes qui ont métamorphosé leur métabolisme génétique et corporel pour atteindre un état humanoïde entre leur ancienne espèce humaine et une espèce extra-terrestre dont le lecteur ne sait encore rien. Le paroxysme de ce premier album a lieu dans la violente répression des transitaires par le « Centre civique », doté de super flics ultraviolents qui foulent de leur bottines militaires les visages ensanglantés de ces mutants. Ce n’est pas l’émeute elle-même et sa violente répression qui font le cœur battant du récit, mais le compte-rendu vibrant, écorché, haineux et radicalement éthique qu’en donne Spider Jerusalem, au péril de sa vie, sorte de justicier critique armé d’une cigarette et d’un ordinateur portable-machine à écrire dont il se sert comme d’un flingue pour tirer dans une « rotule du monde », au cœur même des combats sanglants. Élevant son visage vers le ciel alors qu’il est perché sur un toit surplombant le combat qui fait rage, comme pour humer les effluves de la violence arbitraire qui verse le sang de victimes manipulées en contrebas, Spider s’apprête à écrire, entouré par quelques stripteaseuses désœuvrées de l’immeuble dans lequel il s’est réfugié : « Je n’ai jamais pu écrire ailleurs que dans la ville. Mais quand j’étais là et que je m’y mettais, j’explosais n’importe quelle rotule. »

    Ce solitaire violent qui s’immerge une nouvelle fois dans la jungle urbaine, la technologie légèrement futuriste à moitié dépassée par l’époque actuelle, et le vice humain qui s’incarne dans mille détails épais et pesants, tout cela donne à l’atmosphère du récit un charme sombre et vivant, qui imprègne le lecteur plongé dans ce spectacle grouillant et dans cette humanité persistante. Le rythme soutenu du récit et la traversée obstinée de Spider dans les dérives hypocrites de la ville dégagent une énergie stimulante aux antipodes de la complaisance au sordide à laquelle on aurait pu s’attendre. Une grande histoire, en somme, là où on ne l’attendait pas, telle qu’on n’a d’autre désir, une fois sorti du premier opus, que de la poursuivre sans délai.

    shudhakalyan Le 23/12/2012 à 22:36:59

    /Les Melons de la colère/ m'ont fait l'effet d'une promesse non tenue. L'intensité de la rencontre entre le genre de la bd érotique irrévérencieuse et la maestria de Bastien Vivès semblait magnifiquement incarnée dès le titre : à la fois dramatique, intense, jouant d'intertextualité (/Les raisins de la colère/), parodique (puisque les "melons" ne sont autres que les seins de l'héroïne, Magalie) et poétique par leur évocation d'une histoire d'érotisme et de vengeance, dans un cadre rural obscurantiste, naïf, sanglant et familial à la fois. Seulement voilà, si l'on peut retrouver dans ce récit très superficiel un peu de tout cela à la fois, rien n'y est vraiment avec un minimum de présence, de prégnance, bref d'intensité.

    L'érotisme explicite, rapide et convenu, n'exploite ni le suspense dramatique si précieux en la matière, ni la poésie de l'implicite ou du suggestif. Il n'est pas intense par ses provocations ou par ses transgressions qui restent sans surprise. Il ne joue d'aucun des effets de contraste et d'accélération dont Vivès a démontré sa maitrise dans sa série chez "Shampooing", notamment dans le volume sur /La Famille/ qui exploite précisément des situations belles, violentes et déroutantes qui auraient pu être exceptionnelles ici. Le récit lui-même, croisant scènes muettes, ellipses et élucidations explicites avec dénouements brusques, n'arrive, malgré ces procédés, pas vraiment à prendre avec ne serait-ce qu'une once de la poésie et de l'art de la surface, des personnages et des relations dont l'auteur avait si subtilement fait montre dans /Polina/.

    Même le dessin et les dialogues produisent un effet de facilité et de rapidité que l'auteur virtuose a si soigneusement évité dans d'autres albums. Je pensais découvrir une bd où Vivès lâchait la bride à son talent, profitant d'un genre affiché comme "pornographique" (collection "BD Cul") pour franchir ses propres limites, mais c'est tout le contraire qui se produit : l'auteur n'a pas "lâché" sa puissance narrative et descriptive, par les touches maitresses de son crayon, mais il s'est simplement relâché comme cela arrive si fréquemment à tant d'autres. C'est pour cette raison même qu'on ne songera pas à lui en tenir rigueur, ce qui serait d'ailleurs une drôle d'idée, pas plus qu'on en voudrait à Manara pour ses bds les plus médiocres (comme /Le Kamasutra/), prétexte à quelques situations sexuelles faciles, lors même qu'il est l'auteur des /Aventures de Giuseppe Bergman/ ou du grandiose /Voyage à Tulum/.

    Nulle fascination érotique ou dramatique, donc, dans ce petit récit, à ne parcourir que par curiosité pour ceux qui, débarrassés des attentes d'une association a priori prometteuse, veulent tout de même voir ce que Vivès a produit dans ce genre. Une fois le livre fermé, je ne peux que souhaiter que Vivès reviendra de ce côté en donnant cette fois, dans le one shot érotique, la vraie mesure de son talent.

    shudhakalyan Le 18/04/2012 à 00:41:03
    Transmetropolitan (Panini Comics) - Tome 0 - retour dans les rues

    Un « comic d’auteur » de la fin des années quatre-vingt-dix, qui déblatère sa haine du monde et de ses vices, dans un rythme endiablé qui laisse la place à l’émotion et aux sursauts de vie. Ce premier tome de Transmetropolitan écrit par Warren Ellis et dessiné par Darick Robertson, est puissant. On connait la vision sordide et complaisante des auteurs américains qui dépeignent un monde pourri, fait d’ambiances de bas-quartiers new-yorkais, de chambres poubelles, de trottoirs jonchés d’ordures et de putes, de cigarettes tordues par des fumeurs accrocs, de visages convulsés par des désirs obscènes, par la misère, par la cupidité, par la violence ou par l’ennui, dans un décor vaguement futuriste, prétexte à exacerber les excès morbides de nos sociétés urbaines. Mais quand s’y adjoint un trait précis dont la tendance à la surenchère baroque ne cède en rien au sens du détail, à l’expressivité vivante et au lyrique de quelques grandes scènes bien situées et inattendues ; quand s’y adjoint en outre un texte ample, généreux, qui ne craint ni la crudité ni la pénétration intellectuelle, capable de commenter des situations silencieuses avec la liberté d’une voix off campant un personnage principal féroce, solitaire, anarchiste et éthique, capable aussi de donner à chaque individu une voix propre qui sonne juste et qui vibre avec force de sa tonalité propre, le « comic » atteint au grand art.

    Ce premier tome de Transmetropolitan, publié il y a près de quinze ans déjà, campe un écrivain-journaliste subversif, acerbe, violent, tendant à la misanthropie et isolé des hommes depuis cinq ans, qui, suite à un contrat d’édition que lui a valu un essai politique à succès avant son retrait du monde et à de sérieux ennuis financiers, se voit contraint de redescendre en ville pour écrire, et décroche, grâce à d’anciennes relations qui ont réussi à se faire une place et grâce à un nom dont la notoriété n’a pas été oubliée par tous, un emploi de journaliste pour vivre dans la métropole. Un court préambule nous offre le contraste de la maison montagnarde retranchée avec la technocratie urbaine et ses bains de foules, puis la métamorphose du personnage principal qui passe d’une dégaine d’ermite pourvu d’un visage engoncé dans une chevelure et une barbe immenses au style tranchant d’un citadin au crâne rasé, aux lunettes délirantes (un verre large circulaire de couleur rouge pour l’œil gauche et un rectangle étroit de couleur verte pour l’autre, sur une monture minimaliste de couleur cuivrée), vêtu d’un pantalon et d’un veston noir sur lequel pend une sacoche en cuir brun et qui s’ouvre sur son torse nu couvert de tatouages. Ces lignes néotribales qui couvrent l’ensemble de son corps, et le désordre ordurier de son intérieur garantissent néanmoins qu’il s’agit du même homme, dont le nouveau style est rehaussé par l’araignée tatouée sur l’avant-droit de son occiput désormais chauve. La métropole aux allures new-yorkaises dans un futurisme quelque peu daté grouille d’une ambiance complexe qui fait alterner les buildings, les vitrines et les panneaux publicitaires blinquant avec la diversité contrastée de la foule populaire et la misère des bas-quartiers. À peine retourné en ville, Spider Jerusalem, notre anti-héros narrateur attentif à tous les canaux de communication qui lui permettent de veiller à l’actualité la plus brulante, est confronté à un conflit qui déchire une partie de la métropole, suite à la sédition mal préparée des « transitaires » dans le quartier d’Angels 8, nouvelles formes de vie générées par des hommes qui ont métamorphosé leur métabolisme génétique et corporel pour atteindre un état humanoïde entre leur ancienne espèce humaine et une espèce extra-terrestre dont le lecteur ne sait encore rien. Le paroxysme de ce premier album a lieu dans la violente répression des transitaires par le « Centre civique », doté de super flics ultraviolents qui foulent de leur bottines militaires les visages ensanglantés de ces mutants. Ce n’est pas l’émeute elle-même et sa violente répression qui font le cœur battant du récit, mais le compte-rendu vibrant, écorché, haineux et radicalement éthique qu’en donne Spider Jerusalem, au péril de sa vie, sorte de justicier critique armé d’une cigarette et d’un ordinateur portable-machine à écrire dont il se sert comme d’un flingue pour tirer dans une « rotule du monde », au cœur même des combats sanglants. Élevant son visage vers le ciel alors qu’il est perché sur un toit surplombant le combat qui fait rage, comme pour humer les effluves de la violence arbitraire qui verse le sang de victimes manipulées en contrebas, Spider s’apprête à écrire, entouré par quelques stripteaseuses désœuvrées de l’immeuble dans lequel il s’est réfugié : « Je n’ai jamais pu écrire ailleurs que dans la ville. Mais quand j’étais là et que je m’y mettais, j’explosais n’importe quelle rotule. »

    Ce solitaire violent qui s’immerge une nouvelle fois dans la jungle urbaine, la technologie légèrement futuriste à moitié dépassée par l’époque actuelle, et le vice humain qui s’incarne dans mille détails épais et pesants, tout cela donne à l’atmosphère du récit un charme sombre et vivant, qui imprègne le lecteur plongé dans ce spectacle grouillant et dans cette humanité persistante. Le rythme soutenu du récit et la traversée obstinée de Spider dans les dérives hypocrites de la ville dégagent une énergie stimulante aux antipodes de la complaisance au sordide à laquelle on aurait pu s’attendre. Une grande histoire, en somme, là où on ne l’attendait pas, telle qu’on n’a d’autre désir, une fois sorti du premier opus, que de la poursuivre sans délai.

    shudhakalyan Le 17/04/2012 à 16:39:57

    Un dessin primesautier et des gags qui ne manquent pas de fraicheur, bien que l'ensemble demeure assez conventionnel. En outre, quelques allusions parodiques aux styles d'autres auteurs comme Mourier ou Walthéry. Un seul vice de forme regrettable... Tout est raconté du point de vue des "nanas", mais ne vous y laissez pas prendre, c'est écrit et dessiné par des mecs...

    shudhakalyan Le 22/12/2011 à 10:38:24
    Okko - Tome 3 - Le cycle de la terre I

    Sur les trois premiers cycles, soit sur les trois quarts de la série, cet ouvrage est celui que je préfère. La plupart des critiques qu'il reçoit sont issues d'un malentendu. Ici, Hub s'élève à une dimension supérieure du récit. Les fils s'y tissent plus patiemment, dans une ample lenteur, avec beaucoup d'attentes frustrées (la succession des monastères), dans un cadre narratif plus complexe et plus large (la vie du narrateur plus tendue et plus dense, la voix off plus grave, l'arrière-fond des guerres qui déchirent le royaume entre les familles du Pajan et du Bashimon). Ceux qui regrettent une action plus rythmée et plus satisfaisante sont en fait ceux qui s'intéressent avant tout à l'action. Le tome suivant les dédommagera bien. Mais dans celui-ci, pour une fois, l'action n'était pas le tout du récit, et c'est clairement ce qui place ce volume au-dessus des autres et non en dessous.
    La complexité, la diversité et la richesse des lieux avec leur atmosphère, et des personnages avec leurs interrelations, atteignent aussi un niveau sans précédent dans la série, et malheureusement peut-être aussi sans suite. Le passage du fort de Montagne qui fait le lieu de la narration, à la cité de mineurs en liesse, aux paysages de la Montagne, puis à chacun des différents monastères, jusqu'à la vallée de la samouraï isolée alternent les sensations les plus contrastées et les mieux agencées. Entre la franchise et la brutalité de la guide Fauche-le-vent, et l'attitude altière de la jeune samouraï de haute lignée qu'est Setzuka, une tension vive, qui met avec bonheur les femmes à l'honneur, entre en interaction avec le groupe de héros familiers et a surtout pour effet de faire encore mieux ressortir l'ambigüité du statut de rônin de Okko, méprisé mais nourri de sa propre éthique. Que le puissant Noburo soit neutralisé pendant la première partie du voyage, que le moine soit si souvent impuissant sans faire preuve de moins d'habileté et de ressources qu'auparavant, que Tikku, son jeune apprenti, prennent tant d'initiatives aux conséquences désastreuses, tout cela enrichit fortement l'intensité dramatique du récit.
    Enfin, les deux Moines obscurs à blason de corbeau qui font le déclencheur de la quête et constituent l'ennemi à dévoiler et à abattre, apportent aussi une dimension toute neuve. Pour une fois, cet ennemi a véritablement un visage à la fois obscur, énigmatique, mystique et menaçant. Ces mystérieux hommes, mi-revenants, mi-sorciers, qui épient continuellement le héros, comme un véritable couple de corbeaux porteurs de mauvais présage en bordure de la quête des héros, qui commandent aux puissances occultes alors qu'ils ne semblent être que des émissaires d'un mouvement autrement plus vaste, incarnent une opposition autrement redoutable que le couple de démons du précédent cycle.
    Bref, déceptive si l'on ne s'attache qu'à l'action ou si l'on attend d'en savoir plus sur l'histoire individuelle des personnages qui composent l'attachante compagnie d'Okko, cette équipée qui démarre par une confrontation intense dans un cadre palpitant pour ensuite s'épandre avec langueur dans une quête subtile, ravira ceux pour lesquels l'univers d'Okko avait jusqu'ici fait désirer une autre dimension narrative, ce quelque chose qui tient à l'atmosphère et à ce qui passe des paysages aux personnages, puis à l'expérience du lecteur.

    shudhakalyan Le 16/12/2011 à 21:36:24

    Un bel album, tant par son thème exceptionnel que par le traitement magistral qu'en donne, une fois de plus, Marc-Antoine Mathieu. Seul un auteur de tout premier plan peut aborder de front un thème tel que la venue de "Dieu en personne" sur terre dans une société moderne saturée d'images et livrée à la surconsommation, sans y perdre des plumes... L'auteur ne se contente d'ailleurs pas d'en sortir mais nous offre une bande dessinée de haut vol, qui compte parmi ses plus grandes réussites, ce qui n'est pas peu dire. On peut surtout apprécier à quel point ce thème paradoxal et intraitable, Dieu en personne et en bande dessinée, offre à Marc-Antoine Mathieu l'occasion de renouveler ses obsessions sur un mode inédit et plein de fraicheur, aux antipodes des astuces qui font la singularité de la série des Acquefacques. Ici, c'est avec sobriété que l'auteur traite, excusez du peu, de Dieu, avec les composantes de son univers si fascinant : pédantisme intellectuel, questions existentielles et métaphysiques, humour de l'absurde, mises en abyme, autocommentaires et mises en scène narratives renversantes. Il y a même une sorte de suspense palpitant très particulier à voir ainsi évoluer Dieu dans les sphères de l'humanité, sans pouvoir décider du déroulement d'une telle intrigue. L'ouvrage cependant oscille entre un récit et un recueil d'épisodes, en parvenant habilement à prélever au passage les avantages des deux modes de narration sans devoir faire les frais d'un tel entre-deux. Ceux qui ont le gout des histoires regretteront seulement que le ludisme formel des narrations qui se jouent du lecteur et des fins qui ne veulent pas conclure prévalent encore ici, alors qu'on était si bien parvenu à s'attacher à cet enjeu de taille... C'est de Dieu, tout de même, qu'il est ici question ! Par ailleurs, l'album est aussi une fable mi-malicieuse, mi-cynique sur les dérives d'une société qui ne jure que par la communication, carrefour de la consommation et des médias de masse. De ce point de vue, l'interrelation entre la question de Dieu, les sciences tant humaines qu'exactes, et la communication omnipotente est d'une richesse incomparable, même si l'on regrettera là aussi que la critique sociale un peu caricaturale l'emporte au bout du compte sur la finesse vertigineuse de l'intrigue.

    shudhakalyan Le 16/12/2011 à 21:13:46
    La nuit de l'inca - Tome 1 - La nuit de l'inca - Tome 1

    Décevant, tant l'écart entre le potentiel de ce récit en deux volumes et l'histoire effectivement racontée est grand. Le dessin, à la fois précis et suggestif, rectiligne et sauvage, rugueux et pastel, est d'une grande beauté, plein de caractère et de poésie. Les personnages et leurs relations sont riches de puissance narrative : Maki, le manchot persécuté mais subtil, à la fois stratège et sincère, lâche et volontaire ; Cuzquinô, l'enfant attaché à Maki, franc, vif et curieux ; le gardien des esprits du village, jaloux de son pouvoir et pourtant fidèle à son devoir. L'intrigue et les situations, avec le peuple Inca, la disparition du Soleil, les enjeux de pouvoir dans la cité principale du souverain dont le trône est convoité par son grand prêtre, sont dignes d'un grand récit. Mais l'ensemble est narrativement trop rapide, sans consistance, bâclé et peu attachant. Peut-être le tort de ce récit qui aurait pu être si beau est-il d'hésiter entre une narration sur le mode de la vraisemblance réaliste ou de la parabole fantastique, sans parvenir à choisir son camp, ce qui fait qu'il reste frustrant, tant dans sa féérie que dans sa crédibilité. Bref, une histoire que je ne recommande pas mais de deux auteurs qui m'ont donné envie de les suivre, même si j'aimerais que le scénariste parvienne à faire s'épanouir ce potentiel qui n'a d'égal que... la frustration que j'ai éprouvé à lire cette histoire pleine de promesses qui n'ont pas éclos.