Cher lecteur de BDGest

Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.

Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.

Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :


  • de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
    Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".

  • d'acquérir une licence BDGest.
    En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.


Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe
AD

Les derniers avis postés sur les albums de la série

    Pour poster un avis sur un album de cette série, rendez vous sur la page de l'album correspondand.

    zemartinus Le 19/04/2008 à 02:23:12

    Avec Ultra Heaven, préparez-vous à entrer dans un trip graphique
    psychédellique qui vous emmènera très loin sur les voix du Manga.

    Le pitch est simple : l'histoire se déroule dans un futur proche où la drogue a
    été légalisée, et produite en conséquent par des centres pharmaceutiques qui
    redoublent d'effort pour offrir à leurs clients un panel de sensations toujours
    plus important. Se droguer est ainsi devenu une norme (mais pas sans une
    règlementation stricte).
    C'est donc dans cet univers qu'évolue Kab', jeune homme complètement
    accroc aux drogues, toujours à la recherche de sensations plus extrême et en
    constante infraction à la "règlementation" de la défonce.

    Ne vous attendez pas ici à lire un récit d'anticipation à proprement parlé, car
    au final on ne sait que très peu de choses du monde où se déroule l'intrigue.
    Même architucteralement on ne nous montre que peu d'images véritabelement
    futuristes (mais cela peut donner de très beaux dessins lorsque c'est le cas).
    On pourrait alors penser que le récit sera simplement une suite de trips, une
    sorte de guide pratique du toxico de demain. Mais il ne s'agit pas de cela, et la
    réflexion de l'auteur ne se limite pas au simple monde de la drogue mais
    prend au fil de l'histoire une tournure bien plus métaphysique sur (entre
    autres) la perception du monde qui nous entoure, à grands renforts de délires
    plus dingues les uns que les autres.

    Au départ, on pense qu'on aura quelquechose d'assez carré. Une publicité
    explicite pour nous faire comprendre la place de la drogue dans la société. Un
    toxico qui cherche à se défoncer dans un "bar à pompes". Un trip. Ce même
    toxico le lendemain qui voit un pote et se défonce encore un peu... bref des
    tranches de vie ponctuées de passages de délire. Mais assez rapidement des
    scènes viennent se superposer, s'imbriquer les unes dans les autres, avec des
    mises en abyme complexe qui donnent au déroulement de l'histoire une
    impression de gros bordel assez emmêlé. Pourtant, arrivé un certain moment
    on remarque que certains éléments se recoupent, et on se dit alors que tout
    était peut-être pensé et non pas simplement improvisé comme on pouvait le
    croire au départ.
    Comme le dit si bien Charles-Louis Detournay (du site actuabd.com) : "on perd
    graduellement le peu de repères posés par le début de l’histoire et par une
    trame initialement basique ; on tombe dans une suite saisissante de tableaux
    alternant onirisme et réalisme sans pouvoir distinguer avec certitude l’un de
    l’autre. Malgré cette déstructuration du récit, on suit l’ensemble avec frénésie,
    devenant même accro pour tenter de percevoir le vrai du faux, pour autant
    que la chose soit possible".

    On a ainsi, de quelques sortes, une dualité du scénario : d'une part les scènes
    réalistes, avec découpage classique et apparente normalité, et d'autre part les
    trips fous du héros. Mais ces scènes réalistes ne le sont parfois qu'en
    apprence et cachent l'illusion, tandis que les trips peuvent nous rapprocher de
    la vérité... Cette aspect des choses s'accentue au fur et à mesure qu'on
    avance dans l'histoire et donne un amalgame complexe entre réalité et illusion
    (et c'est la base même de la réflexion de l'auteur sur la perception de ce qui
    nous entoure et la conception que l'on a de l'espace spatio-temporel).

    Ce qui nous emporte littéralement dans ce manga, qui nous absorbe
    entièrement, ce sont bel et bien les "trips" du héros, véritables nébuleuses,
    tableaux sensoriels saisissants. Keichi Koike destructure complètement ses
    planches, courbe ses cases, partage ses page en stries, en vagues, en
    diagonales, mélange texte et dessin, complexifie son découpage... Il met des
    éléments en abyme, sort d'une scène pour mieux partir vers une autre, nous
    offre un "enchâssement d'images brusques" (dixit aaapoum), laisse un libre
    court total à son imagination et invente des images toutes plus folles les une
    que les autres. "Un amalgame d'images figurant l'incohérence sensorielle du
    héros" (C-L Detournay again).

    Ces scènes complètement psychédelliques, qui font toute la particularité de ce
    manga, peuvent d'ailleurs parfois devenir fatigantes. Mais le schéma du
    scénario est ainsi : l'histoire va au rythme des montées et descentes brutales
    des trips. En ce sens Keichi Koike a une impressionante capacité à nous
    communiquer les impressions sensorielles et psychiques de son héros :
    émerveillement, extase, sursauts, palpitation, excitation, mais aussi
    épuisement mental, sentiments éprouvants, perte de repères, dégoût,
    angoisse... On "sent" au sein même de la lecture tous les aspects du trip, de la
    phase ascendante au contre-coup désagréable, de l'exaltation à l'épuisement.

    Le tout est porté par un dessin absolument jouissif (oui parce qu'avec tout ça
    on a même pas parlé du dessin lui-même). Il y a une influence évidente de
    Moebius (Arzach, L'Incal, et compagnie...) et d'Otomo (l'auteur d'Akira, qui
    concidère lui-même Moebius comme son maître à dessiner). C'est assez
    épuré, l'auteur maîtrise son trait et semble le laisser glisser sans difficulté,
    donnant l'impression de dessiner instinctivement (mais il serait très étonnant
    que ce soit véritablement le cas). À la manière très marquée de Moebius on a
    tout un tas de hachures et de suites de traits savamment placées qui viennent
    se superposer sur les dessins, figurant les ombres et donnant une touche si
    particulière (là où en Manga les applats de noir sont plus habituels). Les
    personnages, dans leurs postures, leur morphologie, leur visage, leurs
    manière de s'habiller, leur apprence générale, tiennent eux d'Otomo (la
    ressemblance de Kab avec le Kensuke de Akira est frappante), même si
    Moebius n'est pas loin du tout.



    Malheureusement pour nous lecteurs (parce que tout ne peut pas être parfait
    dans un manga), la série est en arrêt au Japon. Le tome 2 est sortit voilà 6
    ans au pays du Soleil Levant, et toujours pas de suite en vue. Cet arrêt brutal
    n'est évidemment pas voulue tant Koike semble avoir encore beaucoup de
    choses à dire. Et c'est bien dommage, car la construction de l'histoire semblait
    très ambitieuse, et on ne pourra pas en saisir toute l'étendue (tous les
    éléments étaient-ils réellement connectés comme on pourrait le croire? tout
    était-il pensé dès le départ?). Certes cette suite de trips qu'était devenue le
    tome 2 pouvait par moment être fatigante, mais force est de constater qu'on
    en était devenu accroc. Alors peut-être est-ce un coup de génie de l'auteur,
    qui a voulu pousser son concept jusqu'au bout : nous rendre totalement
    dépendants le temps d'une lecture, nous faire vivre au plus proche du resentit
    sensoriel les effets des drogues hallucinogènes, nous faire resentir les phases
    ascendantes et desendantes d'un trip, pour finalement mieux nous montrer ce
    que tout drogué resent un jour : le manque... Et quel manque!